Christian NOTTEAU Gynéco-obstétricien Praticien hospitalier CHR SO
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S
Les perturbateurs endocriniens de notre
environnement:
Quels conseils donner à la future maman pour limiter leurs impacts?
A propos d’une étude faite dans l’Audomarois.
Christian NOTTEAUGynéco-obstétricien
Praticien hospitalier CHR SO
Plan
I. DéfinitionII. Caractéristiques des perturbateurs endocriniens (PE)III. Principales substances identifiées comme PE et leurs
sourcesIV. Effets des PE sur l’organismeV. Etude sur l’imprégnation en BPA dans le Nord-Pas de
CalaisVI. Conseils à donner aux femmes enceintesVII. Conclusion
PREUVES CHEZ L’ANIMAL
Disparition des loutres en angleterre(1950) (dieldrine)
Fertilité des visons lac Michigan:PCB dans les poissons
Bébé alligator lac Apopka(1980):démasculinisation,stérilité
(dicofol)
Chez l’homme
Chez l’homme, de nombreuses observations ont permis de suspecter un lien entre produits polluants et pathologies induites:
Costa Rica: ouvriers agricoles exposés au chlordecone: troubles de la fertilité et cancers de la prostate
Explosion de l’usine herbicide à Seveso: contamination par la dioxine: augmentation des naissances de filles
Déclin de la qualité du sperme depuis 50 ans Polémique liée au Distilbène
I. Définitions
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle, étrangères à l’organisme.
Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants.
3 modes d’action différents:- effet mimétique- effet de blocage- effet perturbant
Le système endocrinien perturbé par des SPAM : les pertubateurs endocriniens
( PE)
II. Caractéristiques des perturbateurs endocriniens (PE) 1/2
• Dans l’eau, l’air, les sols, l’alimentation, les poussières.
Contamination: ingestion, inhalation, absorption transcutanée, transfert transplacentaire.
Lipophiles pour la plupart (contamination de la chaîne alimentaire).
Sang, tissu adipeux, lait maternel, liquide amniotique, sang du cordon, urines.
Présence de substances chimiques dans le sang du cordon.
80 à 90% des produits toxiques passent dans le lait maternel
II. Caractéristiques des perturbateurs endocriniens (PE) 2/2
Polluants organiques persistants (POPs) Relation dose-effet non linéaire: toxiques même à faible dose ,surtout si
la durée d’exposition est longue « C’est la dose qui fait le poison »: non adapté aux PE
Problème des doses-seuils: doses maximales autorisées Fenêtre d’exposition: sensibilité lors de la période de gestation et dans l’enfance Effets de latence: Temps entre l’exposition et les effets des pathologies
peut être long. Effets transgénérationnels: par effets épigénétiques. Effets synergiques et cumulatifs: potentialisent leurs actions. Effet
cocktail
III. Principales substances identifiées comme PE et leurs sources potentielles
Les phyto-oestrogènes (soja, houblon, luzerne) Les hormones de synthèse ( CO, THS et additifs
alimentaires) Les pesticides Les phtalates Le Bisphénol A (BPA) Les parabènes Les dioxines Les Polychlorobiphenyls (PCB) Les alkylphenols : antioxydants Les polybromobiphenyls: retardateurs de flamme Hydrocarbures aromatiques polycycliques : Benzopirène Les composés perfluorés : revêtements antiadhésifs (PFOA)
Les pesticides
- Produits phyto pharmaceutiques (agriculture)- Biocides: désinfection de surface et objets (hôpital, maison)France: 3ème consommateur au monde
1er par ratio quantité/surface90% eaux de surface / 60% des nappes phréatiques contaminéesNombreux pesticides AUTORISES ont des effets très nocifs:
- MANCOZEB :cancérogène multi actif retrouvés dans les 10 fruits et légumes les plus- CARBENDAZIMcontaminés (pommes, poivrons, fraises…)
- PROCHLORAZ ( études sur femmes danoises travaillants dans des serres)
Les phtalates
Fabrication des plastiques (PVC) Cosmétiques (parfums, déodorants, laque, gel, lotion après-
rasage…) Médicaments (capsules gastrorésistantes) Plombages dentaires Matériel médical (DEHP) : poche à perfusion, cathéters… Effets: troubles de la reproduction, malformations des organes
génitaux, obésité, puberté précoce , cancer du testicule…
Bisphénol A
Substance chimique utilisée depuis plus de 50 ans pour la fabrication des plastiques durs type polycarbonate, et des résines époxydes (boîtes de conserve)
Utilisation : récipients de conservation ou pour micro-ondes, bouteilles d’eau réutilisables, canettes , boîtes de conserve, film étirable… Non alimentaire: papier thermosensible d’impression, lunettes, CD, composites et ciments dentaires…
Interdit dans les biberons (canada:2008, France:2010) Mars 2013: interdit dans les contenants alimentaires pour enfants<3ans 2015: interdit dans tous les plastiques alimentaires L’ANSES a lancé le 9/4/2013 une mise en garde sur les effets du BPA sur la
santé , en particulier chez les femmes enceintes et les caissières
Bisphénol A
Contamination:- alimentaire 80%- transcutanée- air respiré
Effets:- modification de la structure de la glande mammaire chez l’enfant à naître, qui favoriserait le développement tumoral ultérieur.- cerveau, trouble de comportements- troubles métaboliques, obésité, diabète- troubles de la reproduction- cancer de la prostate
Parabènes
Conseils ExplicationsE320 pour le BHA et E321 pour le BHT
(son composé proche )Facile à repérer sur les étiquettes des produits alimentaires et cosmétiques.
E 310 Gallate de propyle Un antioxydant utilisés pour la conservation des denrées grasses ; et cosmétologie
E 214 à E219 indiquent la présence de parabènes
Dans les aliments, les cosmétiques et les médicaments. Il en existe aussi naturellement en très faible concentration dans les fruits pour assurer leur conservation.
Additifs alimentaires , également dans certains produits cosmétiques et médicaments : Ils sont utilisés comme conservateurs ou pour limiter les risques de dégradation des produits (antioxydants), mais ce ne sont pas nécessairement des produits anodins.
Choix des produits Explications
Eviter la consommation des matières grasses animales et plus particulièrement des viandes grasses, des charcuteries ; pas d’excès de consommation des poissons gras.
Les Dioxines (issus de la combustion de matières organiques et synthètiques )et les PCB ( polychlorobiphényl) ou pyralène , produits ininflammable autrefois utilisé comme isolant.Ces produits ont la caractéristiques de se stocker dans les graisses, tout comme les produits polybromés actuellement utilisés comme anti-feu
Dioxines et PCB
III. Principales substances identifiées comme PE et leurs sources potentielles
Les phyto-oestrogènes (soja, houblon, luzerne) Les hormones de synthèse ( CO, THS et additifs
alimentaires) Les pesticides Les phtalates Le Bisphénol A (BPA) Les parabènes Les dioxines Les Polychlorobiphenyls (PCB) Les alkylphenols : antioxydants Les polybromobiphenyls : retardateurs de flamme Hydrocarbures aromatiques polycycliques : Benzopirène Les composés perfluorés : revêtements antiadhésifs (PFOA)
IV. Effets des PE sur l’organisme
IV. Effets des PE sur l’organisme
Anomalies de développement de l’appareil reproducteur Anomalies chez le garçon : cryptorchidie, hypospadias, tr
fertilité Anomalies chez la fille : puberté précoce (favoriserait k du
sein) Anomalies transgénérationnelles : jusqu’à la 3éme génération
PE et troubles du neuro-développement: hyperactivité, agressivité PE et immunité : maladies inflammatoires intestinales PE et maladies métaboliques : diabète, obésité PE et cancers
ETAT DES LIEUX: Sans manger plus, l’exposition à certaines molécules…
PE et cancers
-Distilbène: cancer du vagin chez les filles de mères traitées
-Chlordecone (insecticide organochloré): augmente le risque de cancer de la prostate (Quenel 2011)
-Dioxines : cancérogène pour l’homme, groupe 1 augmentation globale du risque de cancer chez la femme ( sein,
lymphome mnh) augmentation de myélome chez les hommes
-Phtalates: tumeurs testiculaires
-Pesticides: augmentation des cancers lymphatiques chez les agriculteurs ( étude Agrican 2005)
- Chez l’enfant: rôle possible des pesticides dans les leucémies de l’enfant ; rôle crucial de la fenêtre d’exposition
V. Etude sur l’imprégnation en BPA dans le Nord-PDC (St
Omer)
OBJECTIFS:
Etudier l’imprégnation en BPA de la population
Evaluer la diminution de cette imprégnation par des changements de comportements alimentaires (Montrer que l’éviction de sources alimentaire de BPA permet de diminuer le taux d’imprégnation )
SUJETS VOLONTAIRES RECRUTES
48 adultes volontaires Recrutés dans deux centres: Somain (59) et St Omer (62) « Consommateurs de BPA »: (Score journalier >ou= à 3)
SCORE JOURNALIER ayant servi à sélectionner les sujets (inclusion nécessitant un score sup ou = à 3)
Source de BPA Score journalier de consommation de BPA
Canettes en aluminium(score:1 par canette)Bouilloire en plastique(score: 1 par bol d’eau)Conserve(score:1 par boite)Plat en plastique pour réchauffer les aliments (score:1 par plat réchauffé)Eau filtrée en carafe plastique(score:1 par verre d’eau)Profession(score de 1 si profession à risque: ex: caissière) Score total
PRELEVEMENTS URINAIRES
Entre 17 et 19 h (demie vie de 4 à 6h) Flacons de 125 ml en verre avec bouchon en polypropylène
rempli à moitié Réalisés à J1 et J7(+/- 2) après conseils d’éviction Congelés avec chaine du froid respectée (la date du
prélèvement n’a pas influencé les résultats résultats) Laboratoire SYNLAB UMWELTINSTITUT GmbH(Allemagne) L’analyse du BPA total (libre et ses métabolites) Technique LC-MS-MS après hydrolyse au ß-glucoridase/sulfatase
CONSEILS D’EVICTION
Eliminer les boissons contenues dans des plastiques identifiés sur la bouteille par un triangle (en général situé sous la bouteille) comportant le numéro 7, 6, ou 3 mais aussi en l’absence de toute numérotation sur la bouteille ou comportant les deux lettres : P. C.
Eliminer les canettes de boisson en aluminium. Ne pas manger de conserve alimentaire. Faire réchauffer les plats au micro-onde uniquement dans des
matériaux type verre ou terre cuite, jamais en plastique. Ne pas utiliser de bouilloire en plastique, en particulier, pour faire
chauffer de l’eau par exemple pour le thé ou la tisane. Ne pas utiliser de filtres à café en plastique ni de film alimentaire
plastique.
RESULTATS
V. Etude sur l’imprégnation en BPA dans le Nord-PDC (St
Omer)
DESCRIPTION DE LA POPULATION
Age moyen de 41 ans(16 à 63 ans) Poids:74kg (49 à 125 kg) Taux imprégnation :87,5%( > ou = à 0,5 µg/l):id Calafat « Pas d’effet centre »(p>0,05) Taux entre 0,5 et 11,2 µg/l Taux moyen de 2,9 µg/l :id Calafat et BEH 16 sujets n’apparaissent pas imprégnés AVANT l’éviction,15 APRES
éviction
QUELS SONT LES FACTEURS EXPLIQUANT LA PRESENCE DE BPA?
EXPOSITION ALIMENTAIRE: Score d’ingestion a « tendance »(p=0,07) à influencer la positivité du taux de BPA UNIQUEMENT avant éviction
MORPHOLOGIE: - Pas de corrélation entre taux de BPA ( moyen, avant ou après éviction) et le poids, la taille ou l’IMC (p >0,05) - Corrélation « limite » (p=0,05) entre le taux moyen de BPA et l’obésité (IMC>30) - Pas de corrélation entre positivité du taux de BPA et le poids, la taille ou l’IMC (p >0,05)
QUELS SONT LES FACTEURS EXPLIQUANT LA PRESENCE DE BPA?
AGE: aucun lien (p>0,05) SEXE (19M-29F) - Les femmes sont aussi imprégnées que les hommes - Pas de différence homme/femme des taux moyens de BPA avant ou après éviction au sein des 7 couples de l’étude (P>0,05) - Il existe un lien entre le taux APRES EVICTION alimentaire et le sexe féminin (p>0,05):les femmes sont plus imprégnées (sources de BPA spécifiques possibles)
QUELS SONT LES RESULTATS DES CONSEILS D’EVICTION SUR LES TAUX DE BPA?
6/48 ne sont pas imprégnés (<0,5 µg/l) et le restent
18/48 ont un taux qui baisse après éviction 24/48 ont un taux qui augmente après éviction Contrairement à ce qui était attendu, l’éviction
de l’ingestion de BPA en évitant les sources habituellement identifiées dans l’alimentation ne s’est pas traduite par une chute d’imprégnation (p = 0,17) pour tous les sujets.
HYPOTHESES
EVICTION NON SUIVIE ? : MAIS sujets motivés dont 4 médecins qui ont vu leur taux augmenter
ERREUR DE DOSAGE AU LABO ?: MAIS labo de réputation internationale ayant accepté de refaire certains dosages
LE BPA s’est ACCUMULE entre les deux prélèvements? La cinétique du BPA et sa faible absorption dans les graisses ne plaident pas en faveur de cette hypothèse (7).
D’AUTRES SOURCES DE BPA seraient elles aussi importantes que la voie alimentaire? Voie cutanée….
VI. Conseils à donner aux femmes enceintes
Comment identifier les plastiques?
VI. Conseils à donner aux femmes enceintes
Comment identifier les plastiques?
Conseils pour éviter les PE• A la cuisine
– Eviter les plastiques 3, 6, 7– Préférer les plastiques 2, 4, 5– Boissons: bouteilles en verre, pas de canettes– Conserves alimentaires: en verre, pas de métal– Eviter les aliments emballés dans du plastique– Eviter de mettre les aliments dans un film étirable– Micro-onde: pas de plastique, seulement verre ou porcelaine– Ustensiles: éviter le plastique (spatule, passoire…)– Casserole, poêle, moule: pas de revêtements antiadhésifs
(PFOA). Attention aux poêles abimées qui libèrent encore plus de téflon. Utiliser inox, céramique, fonte émaillée.
– Petit électroménager sans BPA ( cuit vapeur, bouilloire)
Comment éviter les PE • Dans la maison:
– Limiter le plus possible l’usage des produits chimiques– Bien ventiler toutes les pièces– Eviter les travaux de bricolage pendant la grossesse et dans la chambre de bébé
(solvants…).• Alimentation:
– Lors de la cuisson des viandes et poissons, ne pas consommer la graisse fondue (où se concentrent les POPs)
– Eviter de consommer des produits riches en graisse animale (charcuterie, viande grasse)– Pour limiter l’exposition aux pesticides, préférez les produits bios. Surtout pendant la
grossesse et chez les petits enfants (Fruits et légumes chargés en pesticides: laitues, concombres, tomates, pommes, fraises, poivrons , raisins…)
– Ne pas laisser les enfants mettre à la bouche des agrumes non pelés– Laver systématiquement les fruits et légumes. Peler ceux issus de l’agriculture
conventionnelle– Varier les fruits et légumes (éviter les mêmes pesticides)– Acheter des produits locaux ( limiter les conservateurs)– Les produits alimentaires spécifiques pour bébé sont plus sûrs (normes plus strictes)
Emballages
. Éviter de choisir des plastiques dont le chiffre dans le triangle (de recyclage) contient les chiffres 3-6 et 7 ( bisphénol A). Les plastiques les plus sûrs en l’état de nos connaissances:
les chiffres 2, 4 et 5.. Attention aux films étirables, lors du chauffage d’aliments gras au micro-ondes : risque de diffusion de phtalates dans les aliments.. Éviter les moules et mini-cocottes en silicone, il y a insuffisamment d’informations disponibles.
Ustensiles de
cuisine
Pas de revêtement anti-adhésif de poêle pouvant contenir des perfluorés (PFOA)... Réchauffer les aliments dans du verre. Attention aux ustensiles en plastique qui se dégradent pour certains dès 70°C.. Ne pas laisser chauffer les robots de cuisine. . Matériaux les plus sûrs qui peuvent être couramment utilisés car les interactions sont quasiment inexistantes :
- inox (acier)- verre-céramique (la vraie : normes NF)-fonte émaillée
Emballages plastiques et ustensiles de cuisines
Comment éviter les PE• Femmes enceintes et enfants:
– Pas de régime amaigrissant pendant la grossesse et allaitement (libération possible de PE stockés dans les graisses)
– Accessoires pour tire-lait: sans BPA– Si lait maternisé: plutôt formule poudre que liquide– Biberon en verre ou polyéthylène/prolypropylène (4,5)– Tétines sans BPA– Limiter l’usage des cosmétiques chez la femme enceinte et les
nourrissons– Ne pas laisser jouer les enfants avec des tickets de caisse et de
carte bleue.– Jouets: choisir plutôt des matériaux naturels (coton, bois brut..).
Peinture naturelle à l’eau, résistante à l’eau et à la salive.
S’il y a un moment dans la vie ou il faut consommer du bio c’est bien pendant la grossesse
La supériorité du bio pour le consommateur se situe à plusieurs
niveaux :
-Moindre exposition aux produits chimiques de synthèse, en sachant
que le 100% bio n’existe plus du fait de la pollution.
-Meilleure densité nutritionnelle
Comment éviter les PE
• En tant que médecins:– Dispositifs médicaux sans phtalate (cathéters,
poches à perfusion…) Surtout chez le prématuré et en nutrition artificielle.
– Soins dentaires: éviter les amalgames contenant mercure et BPA.
– Eviter le triclosan (dentifrice).
CONCLUSION
« La mise en évidence des PE ne doit pas être interprétrée comme une nouvelle anxiogène, mais comme une bonne nouvelle, car cela nous donne enfin des clés de compréhension pour agir sur la prévention de maladies graves et ainsi enrayer leur explosion, voire même les faire régresser. » André Cicolella, toxicologue, Président du Réseau Environnement Santé
CONCLUSION
MEILLEUR DES TRAITEMENTS
= PREVENTION PRIMAIRE
Sources