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RAPPORT SUR L’ÉTAT DES CONNAISSANCES

Mark Johnston | Tim Williamson | Alison Munson | Aynslie OgdenMartin Moroni | Reg Parsons | David Price | John Stadt

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RAPPORT SUR L’ÉTAT DES CONNAISSANCES

Changements climatiques et aménagement forestier au Canada : conséquences, capacité et options d’adaptation

Mark Johnston, Saskatchewan Research CouncilTim Williamson, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêtsAlison Munson, Département des sciences du bois et de la forêt, Université LavalAynslie Ogden, Ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources, Gouvernement du YukonMartin Moroni, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêtsReg Parsons, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêtsDavid Price, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêtsJohn Stadt, Sustainable Resource Development, Gouvernement de l’Alberta

2010

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© Réseau de gestion durable des forêts, 2010*

* T. Williamson, M. Moroni, R. Parsons et D. Price © 2010 Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts et Réseau de gestion durable des forêts

Cette publication peut être reproduite en tout ou en partie à des fins non commerciales sans autorisation, sous réserve d’une mention complète de la source. La reproduction de cette publication en tout ou en partie à toute autre fin, y compris la vente ou la distribution commerciale, exige une autorisation écrite préalable du Réseau de gestion durable des forêts.

La valeur ou la pérennité des renseignements ou liens dans la présente publication ne font l’objet d’aucune garantie explicite ou implicite.

Les opinions, conclusions et recommandations exprimées dans la présente publication sont celles de leurs auteurs et ne doivent pas être interprétées comme étant celles du Réseau de gestion durable des forêts.

Référence : Johnston, M., T. Williamson, A. Munson, A. Ogden, M. Moroni, R. Parsons, D. Price et J. Stadt. 2010. Changements climatiques et aménagement forestier au Canada : conséquences, capacité et options d’adaptation. Rapport sur l’état des connaissances. 60 p. Traduit de l’anglais, titre original: Climate change and forest management in Canada: impacts, adaptive capacity and adaptation options. A State of Knowledge report. Réseau de gestion durable des forêts, Edmonton (Alberta).

Pour une version électronique du présent rapport, visitez le site Web du Réseau de gestion durable des forêts à http://sfmnetwork.ca.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Changements climatiques et aménagement forestier au Canada : conséquences, capacité et options d’adaptation : rapport sur l’état des connaissances / Mark Johnston ... [et al.].

Publ. aussi en anglais sous le titre: Climate change and forest management in Canada.

Comprend des réf. bibliogr.

Monographie électronique en format PDF.

Également disponible en version imprimée.

ISBN 978-1-55261-235-4

1. Forêts--Gestion--Canada. 2. Climat--Changements--Aspect de l’environnement--Canada. 3. Politique forestière--Canada. 4. Écologie forestière--Canada. 5. Foresterie--Canada. 6. Foresterie durable. I. Johnston, Mark H. (Mark Harvey), 1953- II. Réseau de gestion durable des forêts

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Imprimé au Canada

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Publié en juillet 2010

Photographie : Couverture avant (de haut en bas) : • Dave Locky • Dr. Ken Van Rees • Tyler Cobb

Arrière-plan : • Archives du RGDF

Couverture arrière : • Marlow Esau

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Le programme de l’état des connaissances a été lancé par le Réseau de gestion durable des forêts (RGDF) pour tirer profit du trésor de connaissances et d’idées que les gens ont accumulé et publié au cours de plus d’une décennie de recherches. L’objectif était de créer une base de connaissances actualisée sur laquelle des politiques, des pratiques et des recherches futures pourront être bâties. Le programme a appuyé des groupes de chercheurs qui collaboraient avec des experts des organismes partenaires du RGDF pour examiner la littérature scientifique et rassembler les avis des experts sur les enjeux importants pour l’aménagement forestier canadien. Les thèmes prioritaires du programme ont été suggérés par les partenaires du réseau en consultation avec les responsables des thèmes de recherche. Dans le cadre du programme de l’état des connaissances, chaque équipe a choisi une approche adaptée à son sujet. Les projets ont exigé un grand nombre de groupes de travail, de consultations, d’examens de documents publiés et inédits, de synthèses et d’activités de rédaction. Le résultat est une série de rapports qui, nous l’espérons, serviront à la création de nouvelles politiques et pratiques et aideront à orienter les recherches futures.

Le programme de l’état des connaissances a permis de démontrer clairement quels sont les défis à affronter pour produire un examen objectif de la littérature publiée et pour saisir l’essence des réflexions des experts orientées vers l’avenir. Nous tenons à exprimer notre gratitude aux divers chercheurs, auteurs, rédacteurs et réviseurs, ainsi qu’à l’équipe de production de cette publication, pour avoir investi leur temps et leurs talents dans ce programme et l’avoir mené à bien.

Jim Fyles Fraser Dunn Directeur scientifique Président du conseil d’administration

Avant-propos

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Nous tenons à exprimer notre reconnaissance au Réseau de gestion durable des forêts pour son aide financière. Du financement et de l’assistance supplémentaires ont été généreusement fournis par la Division des consé-quences et de l’adaptation liés aux changements climatiques de Ressources naturelles Canada, le Réseau canadien de forêts modèles, le Service canadien des forêts, la forêt modèle de Prince Albert, la Fondation BIOCAP Canada et le Conseil canadien des ministres des forêts. Nous souhaitons particulièrement remercier Magdalena Burgess, de l’Université McGill, qui a passé de nombreuses heures à réviser et à améliorer le document. Nous remercions les personnes suivantes pour leurs commentaires fortement utiles qui ont amélioré la qualité de ce rapport : David Spittlehouse, BC Ministry of Forests and Range; Paul Gray, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario; Elston Dsuz, Alberta-Pacific Forest Industries Inc.; Shelley Webber, Plan d’action sur les changements climatiques du Conseil canadien des ministres des forêts; Laird Van Damme, KBM Forestry Consultants; Peter Duinker, Dalhousie University; Elaine Wheaton et Virginia Wittrock, Saskatchewan Research Council; Michel Campagna, ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec; Jocelyn Baker, Manitoba Department of Conservation; Mike Bartlett, ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick. Nous tenons également à remercier les nombreuses personnes dont l’intérêt et l’enthousiasme ont aidé au lancement de ce projet depuis le début, incluant Samantha Song (Environnement Canada), Ben Rubin (University of Western Ontario), Amy Thompson (Gwich’in Renewable Resource Board), etc.

Remerciements

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Table des matières

3 Avant-propos

4 Remerciements

7 Résumé

9 1.0 Introduction9 1.1 Enjeux et objectifs

10 1.2 Cadre politique

12 1.3 Méthode

15 2.0 Constats15 2.1 Cadre théorique

16 2.2 Conséquences des changements climatiques sur le secteur forestier16 2.2.1 Conséquences sur les écosystèmes forestiers17 2.2.2 Aménagement forestier21 2.2.3 Répercussions liées aux marchés mondiaux22 2.2.4 Collectivités tributaires de la forêt : conséquences et vulnérabilité24 2.2.5 Biens et services publics et communs

25 2.3 Capacité d’adaptation de l’aménagement forestier canadien26 2.3.1 Sensibilisation et compréhension, perception de l’urgence26 2.3.2 Éventail de technologies27 2.3.3 Disponibilité des ressources économiques28 2.3.4 Institutions clés34 2.3.5 Capital humain et social (p. ex., compétences, éducation, réseaux)35 2.3.6 Information et gestion de l’information36 2.3.7 Gestion des risques

37 2.4 Options d’adaptation

37 2.5 Activités et programmes en cours dans l’ensemble du Canada

43 2.6 Études d’Europe et des États-Unis.

45 3.0 Recommandations45 3.1 Recommandations pour l’aménagement

46 3.2 Recommandations pour les politiques

47 3.3 Recommandations pour la recherche

49 4.0 Conclusions

51 5.0  Références

57 Annexe. Questions utilisées pour guider les discussions sur les changements climatiques avec les aménagistes forestiers.

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Liste des figures

23 Figure 1. Modèle conceptuel d’estimation de la vulnérabilité des collectivités tributaires de la forêt

Liste des tableaux

11 Tableau 1. Liste des organisations contribuant au Rapport sur l’état des connaissances au moyen d’entrevues et de discussions 39 Tableau 2. Résumé des options d’adaptation possibles pour l’aménagement forestier canadien

Liste des encadrés

17 Encadré 1. « Forêts insulaires » de la Saskatchewan19 Encadré 2. Changements à la possibilité annuelle de coupe (PAC) : l’exemple Vanderhoof20 Encadré 3. Répercussions sur les activités de récolte sur sol gelé24 Encadré 4. Étude de cas : évaluation de la vulnérabilité à Vanderhoof (C.-B.)29 Encadré 5. Exemples de plans d’aménagement forestier qui abordent les changements climatiques 31 Encadré 6. Certification pour l’aménagement forestier durable32 Encadré 7. L’aménagement forestier durable. Critères et indicateurs : le cadre du CCMF40 Encadré 8. Stratégie sur la forêt future de Kamloops

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Les changements climatiques affectent déjà les forêts du Canada et continueront de le faire dans un avenir prévisible. Les répercussions observées jusqu’ici comprennent des changements au régime des feux de forêts, des infestations d’insectes à grande échelle, des sécheresses dans le centre du Canada, de graves tempêtes dans la région de l’Atlantique et des périodes plus brèves de sol gelé. Les changements climatiques affecteront les taux de croissance des forêts, la réparti-tion des essences d’arbres, les taux des processus écologiques et la capacité à effectuer les opérations forestières. Ces répercussions affecteront à leur tour les collectivités dépendantes de la forêt, souvent de façon équivalente à ce qu’on a constaté dans le ralentissement industriel actuel.

Les aménagistes forestiers sont d’avis que les change-ments climatiques sont réels et qu’il s’agit d’un problème important dont il faut tenir compte. Certains ont déjà mis en œuvre des mesures d’adaptation à court terme, bien que souvent ces dernières ne s’attaquent pas aux changements climatiques futurs, mais tiennent compte uniquement de la variabilité climatique actuelle. Un petit nombre d’entreprises canadiennes ont également développé des plans d’aménagement forestier qui tien-nent compte explicitement des changements climatiques.

Le secteur forestier du Canada a généralement une capacité élevée à relever les défis de l’aménagement forestier par l’adaptation technique, en partie en raison du haut niveau de scolarité et de professionnalisme des aménagistes forestiers. Cependant, les compétences techniques et scientifiques associées spécifiquement aux changements climatiques varient considérablement et elles sont généralement faibles. Les aménagistes,

planificateurs et décideurs forestiers se sentent souvent mal équipés pour évaluer, planifier ou mettre en œuvre un plan d’action lié aux changements climatiques.

Parmi les contraintes majeures, citons le manque d’information appropriée sur les changements climatiques à une échelle pertinente pour le processus décisionnel et la planification. De plus, il y aura des seuils de changement au-delà desquels l’adaptation sera extrêmement difficile, et un défi majeur pour la recherche et l’aménagement est de définir ces seuils.

Les barrières institutionnelles sont souvent des contraintes considérables à l’adaptation. Les politiques forestières supposent généralement que l’environ-nement physique est constant, bien qu’il soit clair que cette hypothèse ne sera plus valable dans l’avenir. Les politiques forestières devront évoluer de façon à aider le secteur à affronter plus efficacement l’incertitude, les imprévus et les conditions nouvelles, incluant les effets des changements climatiques. De plus, les politiques actuelles empêchent souvent que les décisions soient prises localement de façon autonome, alors que l’adaptation se fait au niveau local. Les aménagistes forestiers seront confrontés à un futur incertain et au besoin de plus en plus grand de prendre des décisions innovatrices et localement pertinentes liées à l’adaptation aux changements climatiques.

L’adaptation anticipée et planifiée peut réduire les conséquences négatives potentielles des changements climatiques et permettre aux aménagistes de profiter des conséquences avantageuses. Des évaluations struc-turées peuvent aider à définir les zones de vulnéra bilité (ou d’occasions), ainsi que les mesures et les stratégies

Résumé

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d’adaptation possibles. Dans certains cas, les options peuvent être mises en place dès maintenant pour réduire la vulnérabilité au climat actuel tout en bâtis-sant notre capacité d’adaptation pour le futur (options « sans regret »).

La planification de l’aménagement forestier constitue un mécanisme logique pour l’inclusion des aspects relatifs aux changements climatiques dans la prise de décision. Les aménagistes doivent commencer à intégrer la préoccupation des changements climatiques dans les exercices de planification à long terme. Une approche efficace est celle désignée sous le nom de « science intégrée », où les scientifiques collaborent étroitement avec les aménagistes forestiers pendant toute la durée d’un exercice de planification pour intégrer les données scientifiques à la planification de l’aménagement forestier. Il a été démontré que, non seulement, cette approche est efficace, mais qu’elle est également enrichissante personnellement et profes-sionnellement pour ceux qui y participent. Elle peut également aider à renforcer les capacités des partici-pants. Les programmes d’éducation permanente offerts par les organisations professionnelles et industrielles peuvent également aider à renforcir les capacités.

La nécessité d’une vision d’avenir représente un défi pour l’intégration des changements climatiques dans la planification, notamment dans certains secteurs soumis à des changements climatiques rapides combinés à d’autres changements socioéconomiques. Des modèles d’aide à la décision et des projections fondées sur la science peuvent s’avérer utiles, mais sont souvent caractérisés par d’importantes marges d’erreur. Une approche complémentaire est la construction de scénarios, dans laquelle la question n’est pas « que va-t-il se passer? », mais plutôt « que feriez-vous si cela se passait? »

Les responsables des politiques doivent revoir la poli-tique d’aménagement forestier existante et déterminer sa capacité à réagir aux imprévus et à l’incertitude. Il faut prêter une attention particulière aux principes d’aménagement forestier durable (AFD) et à la façon de les modifier en fonction d’un avenir incertain qui comprend des changements climatiques. De même, les systèmes de certification forestière ainsi que les critères et les indicateurs d’AFD doivent être examinés et modifiés pour reconnaître les incertitudes associées aux changements climatiques et pour augmenter la capacité

d’adaptation des aménagistes forestiers. Finalement, des lignes directrices de planification doivent être conçues pour contribuer à intégrer les aspects relatifs aux changements climatiques dans les plans d’aménagement forestier.

Les priorités de recherche comprennent de meilleurs modèles de projection des conséquences sur les écosystèmes et sur l’approvisionnement forestier, plus de travaux sur la modification des zones de transfert de semences et la migration assistée des populations d’arbres mieux adaptées, une amélioration des modèles de projection de la répartition des espèces, et une meilleure compréhension de la façon dont les condi-tions de sol gelé changeront sous un climat en réchauffement. Nous devons élaborer des méthodes pour évaluer et améliorer la capacité de résilience à la pression causée par l’augmentation des perturbations. Il est nécessaire d’effectuer des recherches en sciences sociales dans les domaines de l’évaluation des retombées économiques, du classement préférentiel des consé-quences environnementales, de la perception des risques, de l’efficacité institutionnelle et de l’évaluation de la capacité d’adaptation. Avant toute chose, nous avons besoin d’une nouvelle approche transdisciplinaire qui tienne compte des conséquences cumulatives, des interrelations entre différents agents de changement, et de systèmes dynamiques et non linéaires.

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1.1 Enjeux et objectifs

On s’attend à ce que les zones forestières du Canada subissent davantage les répercussions des changements climatiques que bon nombre de régions du monde (Field et coll. 2007). Les conséquences qui inquiètent le plus les aménagistes forestiers canadiens sont :• l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des

feux (Flannigan et coll. 2005), • l’augmentation des infestations d’organismes

nuisibles comme les insectes et les maladies (Johnston et coll. 2006),

• l’augmentation de la fréquence des sécheresses menant au dépérissement des forêts, notamment à la lisière sud de la forêt boréale (Hogg et Bernier 2005), et

• les changements de la croissance et de la quantité de bois exploitable (Johnston et Williamson 2005, Girardin et coll. 2008).

L’évaluation de la capacité d’adaptation peut aider à définir et à tenir compte des sources de vulnérabilité des struc tures sociales et des systèmes économiques qui dépendent de la forêt.

Nous avons déjà observé ces conséquences biophysiques potentielles parmi d’autres, mais dans plusieurs cas, il nous manque les détails nécessaires pour définir les options d’adaptation pertinentes (Johnston et coll. 2006).

Les moyens par lesquels les institutions d’aménagement forestier doivent s’adapter à ces conséquences sont mal compris, bien qu’ils soient essentiels à la réussite de l’adaptation aux changements climatiques.

L’adaptation aux changements climatiques doit faire partie de l’aménagement et de la planification forestière au Canada. Nous devons évaluer davantage la capacité des entreprises d’aménagement forestier du Canada à s’adapter aux conséquences des changements clima-tiques, c’est-à-dire leur capacité d’adaptation (Johnston et Williamson 2007). L’évaluation de la capacité d’adaptation peut nous aider à définir et à tenir compte des sources de vulnérabilité des structures sociales et des systèmes économiques qui dépendent de la forêt. Cette information pourrait aussi nous aider à préparer des politiques pour améliorer la capacité d’adaptation des intervenants du secteur forestier et à les appuyer pour identifier des options d’adaptation réalistes.

Ce rapport tient compte à la fois des conséquences relatives aux changements climatiques et de la capacité d’adaptation de l’aménagement forestier, en se concen-trant un peu plus sur cette dernière, étant donné que ces conséquences ont été décrites dans plusieurs études récentes (par exemple, Johnston et coll. 2006, Lemmen et coll. 2008, Lemprière et coll. 2008, Williamson et coll. 2009). Nos objectifs étaient les suivants : • examiner la compréhension actuelle des

conséquences des changements climatiques sur les forêts et l’aménagement forestier au Canada;

• évaluer la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers et des institutions d’aménagement forestier au Canada;

1.0 Introduction

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• établir ce que l’aménagement forestier doit modifier pour s’adapter efficacement aux changements climatiques (adaptation).

Un objectif particulier était d’obtenir et de présenter les connaissances des aménagistes forestiers canadiens et d’autres professionnels. Bien que la littérature scien-tifique couvre en grande partie les conséquences des changements climatiques, les données sur la capacité et les activités d’adaptation sont rares dans le domaine de la science forestière. Même si des activités d’adaptation ont lieu, elles ne sont généralement pas documentées et, par conséquent, il est indispensable d’en discuter avec les professionnels qui commencent à les envisager. Pour ces raisons, nous avons investi beaucoup de temps à discuter des conséquences des changements climatiques, de la capacité d’adaptation et des options d’adaptation potentielles avec les profes-sionnels (voir Tableau 1).

1.2 Cadre politique

Au Canada, la plupart des ressources forestières appartiennent à la Couronne. Les gouvernements provinciaux et territoriaux administrent les terres forestières de la Couronne en vertu de la législation qui prescrit les responsabilités des organismes de réglementation provinciaux ou territoriaux et de l’industrie forestière.

Les plans d’aménagement forestiers présupposent habituellement un environnement physique et politique constant, bien que le climat puisse changer considérablement au cours de la révolution des peuplements actuels.

Les droits de récolte du bois sont accordés aux compagnies forestières en vertu d’ententes sur la mise en valeur des ressources forestières ou autres. Ils stipu-lent les niveaux de récolte et les obligations que les entreprises doivent remplir (p. ex., soumission de plans d’aménagement forestier; reboisement des zones récol-tées; protection de l’habitat aquatique et faunique). En

général, les compagnies forestières doivent établir au moins une usine consommatrice de bois pour utiliser le bois de construction récolté dans les zones d’entente d’aménagement forestier. Ainsi, les entreprises gèrent à la fois les paysages forestiers et les installations industrielles. Les autorités chargées de la réglementa-tion supervisent les compagnies forestières en exigeant des plans d’aménagement forestier à long terme (p. ex., 20 ans), ainsi que l’application des règlements en vertu de la législation sur l’aménagement forestier.

Les politiques actuelles d’aménagement forestier au Canada présupposent généralement un environne-ment relativement constant. Par exemple, les analyses de l’approvisionnement forestier à long terme peuvent être effectuées sur un horizon temporel de 200 ou 300 ans où la dynamique des peuplements forestiers est représentée, mais où on suppose qu’un climat est stable. Les plans d’aménagement forestier supposent normalement un environnement physique et politique constant. Néanmoins, les observations scientifiques démontrent de plus en plus que le climat peut changer considérablement au cours de la rotation des peuplements forestiers existants (50 à 100 ans). Ces changements doivent être envisagés et introduits immédiatement dans la planification à long terme. De plus, des travaux récents ont démontré que les institu-tions responsables des politiques forestières peuvent manquer de flexibilité pour faciliter l’innovation exigée par les changements climatiques (ou autres) au cours des décennies futures (Haley et Nelson 2007, Johnston et coll. 2010).

Généralement, l’adaptation n’est pas une priorité élevée dans les politiques climatiques au Canada.

Les politiques sur les changements climatiques au Canada ont mis l’accent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (c’est-à-dire l’atténuation), beaucoup plus que sur les conséquences et l’adaptation aux changements climatiques. De même, l’aide fédérale et provinciale accordée pour les changements climatiques a été principalement orientée vers les efforts d’atténuation, avec relativement peu de soutien

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Tableau 1 Liste des organisations contribuant au Rapport sur l’état des connaissances au moyen d’entrevues et de discussions 1

Colombie-Britannique British Columbia Ministry of Forests and Range

Alberta Alberta-Pacific Forest Industries Inc. Millar-Western Ltd. Gouvernement de l’Alberta, Sustainable Resource Development

Saskatchewan Mistik Management Domtar Saskatchewan Independent Forest Operators of Saskatchewan Gouvernement de la Saskatchewan, Saskatchewan Environment, Forest Service Saskatchewan Environmental Society Council of Saskatchewan Forest Industries

Manitoba Louisiana-Pacific Tembec Manitoba

Ontario Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario

Québec Abitibi-Consolidated, Grand-Mère Ministère des Ressources naturelles et de la Faune Abitibi-Consolidated, Baie-Comeau Université Laval

Nouveau-Brunswick Forêt modèle de Fundy AV Nackawic Inc. (anciennement St. Anne Nackawic Pulp Mill)

Île-du-Prince-Édouard Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard, Department of Natural Resources

Nouvelle-Écosse Forêt modèle de la Nova Forest Alliance Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts (forêt acadienne) Bowater Mersey Paper Company Federation of Nova Scotia Woodland Owners StoraEnso Port Hawkesbury Gouvernement de la Nouvelle-Écosse, Department of Natural Resources Pictou Landing First Nation Confederacy of Mainland Mi’kmaq (conseil tribal)

Terre-Neuve-et-Labrador Forêt modèle Western Newfoundland Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, Department of Natural Resources, Forest Resources Branch Kruger (Corner Brook Pulp and Paper) Abitibi-Bowater Grand Falls Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Canada

Yukon1 Champagne and Aishihik First Nation Alsek Renewable Resource Council Gouvernement du Yukon, Department of Energy, Mines and Resources, Forest Management Branch Gouvernement du Yukon, Department of Environment Environnement Canada, Service canadien de la faune Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts Parcs Canada Yukon Conservation Society Canadian Parks and Wilderness Society (Yukon) Kluane Ecological Monitoring Project Yukon College Council of Yukon First Nations Northern Climate ExChange Réseau canadien de recherche sur les conséquences climatiques et l’adaptation

1 Toutes les discussions au Yukon se sont faites dans le cadre d’un projet de doctorat entrepris par Aynslie Ogden et supervisé par John Innes à la University of British Columbia.

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pour les activités associées à l’adaptation (certaines exceptions sont examinées à la section 2.5 ci-dessous). Cependant, lors de la Conférence sur les changements climatiques des Nations Unies en 2007 à Bali, le besoin d’adaptation a retenu davantage l’attention, ce qui a entraîné beaucoup plus de travaux dans ce domaine récemment. Puisque les conséquences des changements climatiques deviennent de plus en plus claires, l’adaptation deviendra vraisemblablement une priorité beaucoup plus importante. Les rapports comme celui-ci aideront à augmenter la compréhension des aménagistes forestiers en ce qui concerne le besoin de commencer à songer à l’adaptation.

1.3 Méthode

Le projet a utilisé deux approches complémentaires. La première était une revue de littérature, principale-ment axée sur les conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers et la capacité de l’aménagement forestier à s’adapter à ces consé-quences. En grande partie, la composante sur les conséquences est inspirée d’un nouveau rapport par Williamson et coll. (2009), qui est un rapport complé-mentaire à celui-ci. La composante de la capacité d’adaptation se fonde grandement sur un projet récemment complété par la Division des impacts et de l’adaptation liés aux changements climatiques de Ressources naturelles Canada, où la capacité d’adaptation des intervenants du secteur forestier dans l’écozone de la plaine boréale a été évaluée au cours d’entrevues et de discussions de groupe (Johnston et coll. 2008). Nous nous sommes également fondés sur d’autres travaux récents sur les changements climatiques et l’aménagement forestier. Ils comprennent un rapport sur les changements climatiques et l’aménagement forestier préparé pour le programme d’intégration de la recherche de BIOCAP Canada (Johnston et coll. 2006), les travaux d’Aynslie Ogden et de ses collègues au Yukon sur les changements climatiques et sur la planification de l’aménagement forestier (Ogden et Innes 2007a, b; 2008), et l’évaluation nationale des changements climatiques au Canada (Lemmen et coll. 2008). De plus, nous avons obtenu certains résultats préliminaires d’un projet national actuellement entre-pris sous l’égide du Conseil canadien des ministres des forêts qui examine les conséquences des changements climatiques sur les forêts canadiennes, ses effets sur

l’aménagement forestier, une évaluation des capacités d’adaptation et des recommandations pour les respon-sables des politiques.

En plus d’une revue de littérature, nous avons tenu près de 60 rencontres avec des aménagistes forestiers à travers le Canada (Tableau 1). Ils ont partagé leurs observations sur les conséquences des changements climatiques, sur le degré auquel ces changements climatiques font partie de leurs activités d’exploitation et de planification, sur leur vision de leur capacité de réussir à s’adapter aux changements climatiques, et sur les obstacles à l’adaptation qu’ils perçoivent. Nous avons utilisé une liste de questions (voir Annexe) qui servent généralement à guider ces discussions, mais sans empêcher quiconque de suggérer d’autres points connexes. En établissant ces consultations, nous avons souvent eu recours aux personnes-ressources et professionnels connus des organisations et universités partenaires du Réseau de gestion durable des forêts. Dans certains cas, ces organisations ont été consultées dans le cadre d’autres projets ou activités, et les résul-tats pertinents ont aussi été inclus dans ce rapport.

Nous avons généralement mené les discussions avec des groupes de cinq à huit personnes, puisque nous avons constaté que les entrevues individuelles semblent trop officielles, particulièrement en raison du caractère nouveau des idées relatives aux changements climatiques. De plus, notre expérience a démontré que les réunions en petits groupes permettent aux idées de se développer au cours des discussions, alors qu’une idée en fait jaillir d’autres parmi les membres du groupe. Notre but n’était pas d’enregistrer les détails de la contribution de chaque personne, mais plutôt d’en extraire les points généraux et de distinguer les thèmes communs parmi les aménagistes. Nous avons pris soin de n’attribuer aucun aspect de la discussion à un individu, une entreprise ou une agence gouvernemen-tale en particulier.

Nous étions principalement intéressés par les conclu-sions générales qui semblent pertinentes à tout le secteur forestier canadien. Nous souhaitions également comparer et faire ressortir la perspective de l’industrie en général et celle du gouvernement sans en préciser l’identité. Des discussions ont été enregistrées avec l’autorisation écrite des participants, purement dans le but de les retranscrire plus tard. Le texte et les détails

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des discussions ne seront pas publiés. Bien que toutes les administrations n’aient pas été examinées explicite-ment, nous croyons que nos constatations offrent un échantillon représentatif des organisations d’aménagement forestier, de l’industrie forestière et des organisations non gouvernementales forestières à travers le pays.

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Constats2.02.1 Cadre théorique

L’évaluation de la vulnérabilité d’un système aux changements climatiques peut être une étape utile pour anticiper et planifier des mesures en fonction des risques et des conséquences, qu’ils soient positifs ou négatifs (Williamson et coll. 2007). Par conséquent, une approche d’estimation de la vulnérabilité a été adoptée comme cadre théorique sous-jacent pour ce projet. Cette approche de l’examen des conséquences et de l’adaptation aux changements climatiques a été conçue par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dans son troisième rapport d’évaluation en 2001 (Smit et Pilifosova, 2001), et adaptée au contexte de l’aménagement forestier par Johnston et Williamson (2007).

L’évaluation de la vulnérabilité d’un système aux changements climatiques peut aider à anticiper et à planifier des mesures en fonction des risques et des conséquences, qu’ils soient positifs ou négatifs.

La vulnérabilité d’un système aux changements climatiques est reliée aux conséquences1 des change-ments climatiques sur le système (p. ex., un écosystème forestier ou le secteur forestier en général) et la capacité d’adaptation du système. La capacité

d’adaptation est la capacité d’un système naturel ou humain à s’adapter aux conséquences des changements climatiques. Dans les systèmes biologiques, la capacité d’adaptation est basée sur le potentiel d’adaptation génétique, d’ajustement physiologique, de migration, etc. Pour les systèmes humains, la capacité d’adaptation est déterminée par des facteurs comme l’accès aux technologies, la disponibilité des ressources, le capital social et humain et la gestion de l’information (Moser et coll. 2008).

La vulnérabilité peut être évaluée dans le contexte de scénarios des conditions climatiques actuelles ou futures. Des mesures d’adaptation peuvent ensuite être identifiées pour diminuer la vulnérabilité en réduisant les conséquences négatives potentielles ou en améliorant la capacité d’adaptation.

Les sections suivantes allient une revue de la littérature récente aux résultats de discussions avec des aménagistes forestiers dans plusieurs régions du Canada. Nous tenons compte de plusieurs aspects des conséquences des changements climatiques et de l’adaptation :

• conséquences des changements climatiques sur les forêts et sur le secteur forestier;

• capacité d’adaptation des organisations ou des individus œuvrant en aménagement forestier, c’est-à-dire capacité à mettre en œuvre des options d’adaptation;

• options d’adaptation que les aménagistes forestiers peuvent considérer lors de la planification en vue des changements climatiques;

1 Les conséquences des changements climatiques sont reliées à l’exposition aux conditions climatiques (p. ex., température et précipitation) et à la sensibilité du système, ou son degré de réponse, à l’exposition (p. ex., la sensibilité de la forêt à la sécheresse).

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• activités et programmes actuels concernant la foresterie et les changements climatiques;

• Études menées en Europe et aux États-Unis.

2.2 Conséquences des changements climatiques sur le secteur forestier2

Les changements climatiques influent ou auront des répercussions sur un grand nombre de valeurs et de composantes associées au secteur forestier du Canada :

• aménagement et productivité de la forêt (p. ex., approvisionnement en bois et revenus, planification, exploitation, capacité à atteindre les objectifs),

• profitabilité de l’industrie forestière (c’est-à-dire capacité d’obtenir un rendement concurrentiel pour le capital investi),

• collectivités tributaires de la forêt (p. ex., emplois, revenu, bien-être social, liens sociaux et culturels avec le paysage forestier avoisinant), et

• biens et services publics que la société canadienne retire des forêts (p. ex., habitat faunique, lieux exceptionnels, air sain et eau potable, sols productifs, biodiversité, possibilités de loisirs et de tourisme et aspect esthétique).

Les conséquences des changements climatiques sur le secteur forestier sont plus difficiles à prévoir que dans le cas des écosystèmes forestiers.

L’ampleur et la nature des conséquences dans ces différents domaines seront différentes selon l’endroit et l’horizon temporel. Il est difficile de faire des prédic-tions précises et sans équivoque, particulièrement sur le long terme. Parce que l’incertitude s’accumule à chaque étape, les conséquences des changements climatiques sur le secteur forestier sont plus difficiles à prévoir que dans le cas des écosystèmes forestiers. Il est toutefois possible de s’y engager en inférant certaines conséquences pour le secteur forestier du Canada et en proposant certaines pistes importantes pour l’aménagement forestier.

Plusieurs publications récentes fournissent une évaluation régionale plus détaillée des conséquences des changements climatiques.

Dans cette section, nous fournissons un sommaire général des conséquences des changements climatiques sur les forêts et l’aménagement forestier au Canada. Plusieurs publications récentes fournissent une évaluation régionale plus détaillée des consé-quences des changements climatiques; consultez par exemple les rapports de Lemmen et coll. (2008), Lemprière et coll. (2008) et Williamson et coll. (2009).

2.2.1 Conséquences sur les écosystèmes forestiers

Les changements climatiques affectent déjà les forêts du Canada. Les effets actuels les plus visibles prennent la forme d’une modification de la fréquence et de la sévérité des perturbations comme les feux, les sécher-esses, les tempêtes violentes, les infestations d’insectes et les maladies.

L’infestation sans précédent du dendroctone du pin ponderosa qui sévit actuellement dans l’Ouest du Canada, la récente infestation du typographe européen de l’épinette au Yukon, l’éclosion de la brûlure en bandes rouges dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, le dépérissement du peuplier faux-tremble dans les Prairies, l’augmentation de la fréquence des feux dans la forêt boréale de l’Ouest et au Yukon sont liés, du moins en partie, aux récents changements climatiques.

Les conséquences sur les écosystèmes forestiers comprennent les changements de la fréquence et de la gravité des feux, de la sécheresse, des organismes nuisibles et des maladies.

2 Des parties de cette section sont extraites de Williamson et coll. (2009).

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Des effets beaucoup plus subtils ont aussi été observés. Par exemple, la saison de croissance s’allonge, le débourrement des érables à sucre se produit plus tôt, la période de floraison du peuplier faux-tremble est également plus hâtive et les limites forestières se déplacent en altitude.

Ces exemples démontrent que certaines conséquences des changements climatiques se font déjà sentir et qu’on peut s’en servir pour comprendre comment les changements climatiques à venir affecteront les forêts du Canada. Dans plusieurs cas, un éventail de facteurs vont converger pour affecter les paysages forestiers, comme dans les « forêts insulaires » de la Saskatchewan (Encadré 1).

2.2.2 Aménagement forestier

L’aménagement forestier fait référence à l’utilisation, la manipulation, la gestion et la modification des forêts et du territoire forestier pour atteindre des objectifs sociaux, économiques et environnementaux. Comme il a été mentionné, la plupart du territoire forestier au Canada est de propriété publique. L’aménagement de ce territoire pour la production de matière ligneuse est planifié et effectué par les compagnies forestières conformément aux directives provinciales (ou terri-toriales). L’aménagement forestier inclut généralement l’inventaire et la cartographie des forêts, l’estimation de la croissance et du rendement, les calculs de possibilité ligneuse et des autres ressources, la planification de

« Forêts insulaires » de la Saskatchewan

Les « forêts insulaires » du centre de la Saskatchewan sont des zones isolées de couvert forestier entourées de terres agricoles. Elles se manifestent généralement sur des dépôts de sable éolien dont l’élévation est un peu plus grande, ce qui leur permet de recevoir un peu plus de précipitations et d’assurer la subsistance d’un couvert forestier, principalement celle du pin gris. Un examen récent des conséquences combinées des changements climatiques et des agents de perturbation (Johnston et Williamson 2010) suggère que ces forêts pourraient déjà montrer des signes des conséquences des changements climatiques, et qu’elles seront probablement sévèrement affectées dans l’avenir.

Le nombre de jours ayant des températures minimales inférieures à -39 °C a décliné au cours des trois dernières décennies et il déclinera vraisemblablement davantage avec le réchauffement du climat. Cette température seuil limite la reproduction du dendroctone du pin ponderosa et du faux-gui, une plante parasite, deux organismes nuisibles au pin gris. Un autre facteur qui augmente la vulnérabilité de cette zone est l’âge de la forêt. Presque 60 % de la forêt a plus de 70 ans, et 24 % a entre 50 et 70 ans. Ces groupes d’âge sont les plus sensibles aux organismes nuisibles comme le faux-gui et le dendroctone du pin ponderosa.

Les forêts insulaires apparaissent généralement sur des sols ayant une faible capacité de rétention d’eau. On s’attend à ce que le climat futur soit plus sec qu’en ce moment, ce qui rend cette zone hautement susceptible à la sécheresse (Hogg et Bernier 2005). Ce facteur s’ajoute au déclin possible de la forêt en raison des organismes nuisibles et de la diminution de croissance des arbres. L’étude théorique des forêts insulaires a démontré que l’humidité disponible peut devenir semblable à celle du sud de la Saskatchewan actuellement (p. ex. Swift Current), et que la croissance des arbres pourrait diminuer jusqu’à 30 %. Finalement, les classes d’âge les plus élevées et l’augmentation de la probabilité de la sécheresse augmenteront la fréquence des feux de forêt de haute intensité.

Ces zones peuvent servir de « réseau d’alerte rapide » pour les premiers signes des effets des changements climatiques. Elles peuvent aussi servir de laboratoires vivants pour des travaux sur les conséquences des changements climatiques et les mécanismes d’adaptation.

ENCADRÉ 1

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l’aménagement du territoire et des forêts, le zonage, les consultations publiques, l’application de normes environnementales, l’évaluation et l’analyse d’arbitrage, la récolte, le reboisement et les autres activités sylvicoles et la protection des forêts contre les feux ou les insectes nuisibles.

Les changements climatiques et leurs conséquences empêcheront probablement les aménagistes forestiers du Canada d’atteindre leurs objectifs d’aménagement (Mote et coll. 2003, Ogden et Innes 2007b). Il s’ensuit qu’il faudra peut-être modifier les objectifs d’aménage-ment forestier et les moyens utilisés pour les atteindre.

Approvisionnement en matière ligneuse Les changements climatiques ont modifié l’approvision-nement actuel en matière ligneuse et continueront à le modifier dans l’avenir. L’approvisionnement peut changer en raison de l’augmentation des feux ou de l’activité des organismes nuisibles, des effets de la température ou de l’humidité sur la croissance des arbres et de l’effet des tempêtes de verglas ou des chutes de neige abondantes.

Les effets sur l’approvisionnement local en matière ligneuse peuvent être positifs ou négatifs.

À l’échelle locale, les effets sur l’approvisionnement en matière ligneuse peuvent être positifs ou négatifs, selon la région, la période de référence et l’adaptation humaine (Johnston et Williamson 2005). Plusieurs facteurs interdépendants détermineront l’effet net des changements climatiques sur l’approvisionnement en matière ligneuse. Ils comprennent l’effet des changements climatiques sur le territoire forestier, la croissance, les types de perturbations, les activités sylvicoles, le succès de la régénération, la composition forestière et les contraintes de la réglementation. Les changements de l’approvisionnement en matière ligneuse peuvent mener à des modifications à la rentabilité du secteur forestier et à ses modes de fonctionnement.

Les conséquences sur les revenus de récolte peuvent affecter la capacité de payer pour le reboisement et d’autres opérations sylvicoles.

Woods (2008) fournit un modèle conceptuel qui relie les conséquences des changements climatiques, la croissance des peuplements forestiers et les bénéfices économiques de la récolte de la matière ligneuse. Le volume de récolte final et, par conséquent, les revenus dépendent de la façon dont les changements climatiques (et d’autres facteurs) affectent la croissance au cours de la révolution. Les revenus, à leur tour, sont réinvestis dans le reboisement. La régénération peut être considérablement affectée par les changements climatiques tout comme la probabilité que les plants atteignent le stade de croissance libre. Au début du développement d’un peuplement, la capacité d’atteindre le stade de croissance libre est affectée par les changements climatiques qui, à leur tour, détermi-neront le développement futur du peuplement et le volume final au moment de la récolte. Ceci déteminera encore une fois les revenus disponibles pour le reboise-ment, etc. De cette façon, il est clair que non seulement les changements climatiques affectent le peuplement tout au long de sa rotation, mais également la forêt à plus long terme puisqu’ils déterminent les options d’aménagement et les bénéfices économiques, dont une portion financera l’aménagement forestier et la sylviculture.

Les paiements aux gouvernements par l’entremise des droits de coupe pourraient aussi être affectés, ce qui aura des répercussions sur les budgets de certains gouvernements.

De plus, la récolte de la matière ligneuse sur les terres publiques apporte des revenus d’exploitation aux gouvernements provinciaux et territoriaux sous forme de droits de coupe. Comme l’approvisionnement en

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matière ligneuse dépend directement de la santé des forêts, ces revenus sont aussi vulnérables aux consé-quences des changements climatiques. Ce problème préoccupe particulièrement les provinces et les terri-toires dont l’économie est moins diversifiée et dont les revenus dépendent fortement de la coupe pour offrir des programmes et des services au public (d’où les tentatives du gouvernement de la Colombie-Britannique de réduire les pertes d’approvisionnement en matière ligneuse causées par l’épidémie de dendroctone du pin ponderosa). La perte de revenus causée par les conséquences des changements climatiques sur l’approvisionnement en matière ligneuse peut affecter le grand public différemment des compagnies forestières et des collectivités dépendantes de la forêt. De plus, dans le cas des collectivités dépendantes de la forêt, la perte de revenus perçus par les gouvernements prov-inciaux et territoriaux peut accentuer leur position déjà vulnérable. 

L’amplitude des conséquences socioéconomiques résultant de changements à l’approvisionnement en matière ligneuse dépendra en partie de la rapidité avec laquelle ces changements se produiront. S’ils sont graduels, les aménagistes forestiers, l’industrie fores-tière et les collectivités tributaires de la forêt pourront sans doute s’adapter. Cependant, même des changements lents et graduels à l’approvisionnement en matière ligneuse deviendront certainement importants avec le temps et ils devraient être considérés aujourd’hui dans la planification de l’aménagement forestier.

Les effets socioéconomiques seront plus durement ressentis dans le cas des modifications soudaines de l’approvisionnement en matière ligneuse.

Pour l’industrie, un aspect clé est le niveau auquel ces changements à l’approvisionnement en matière ligneuse mettent en danger les immobilisations. Si, malgré les changements climatiques, l’approvision-nement en matière ligneuse continue de satisfaire les besoins d’une scierie au cours de sa durée de vie utile, les conséquences nettes peuvent être relativement

faibles, en supposant que les coûts de transport du bois n’augmentent pas considérablement. Il sera donc possible d’adapter les technologies et les actifs immobilisés aux nouvelles conditions forestières.

Les effets socioéconomiques seront plus durement ressentis dans le cas des modifications soudaines de l’approvisionnement en matière ligneuse. L’expérience du dendroctone du pin ponderosa en Colombie-Britannique démontre que certains effets provoqués par le réchauffement climatique peuvent en très peu de temps contribuer à un changement radical de l’approvisionnement (Encadré 2). De telles fluctuations de l’approvisionnement local en matière ligneuse, et les bouleversements qui en découlent dans la production et l’emploi dans un laps de temps relativement court, peuvent engendrer des défis considérables pour les collectivités, les compagnies forestières et les revenus perçus par les gouvernements provinciaux et territoriaux.

Changements à la possibilité annuelle de coupe (PAC) : l’exemple Vanderhoof

La possibilité annuelle de coupe dans le district forestier de Vanderhoof, dans la zone forestière de Prince George, est passée du niveau habituel d’environ 2 millions de m3 autour de l’an 2000 à environ 6,5 millions de m3 pour favoriser la récupération du pin tué par le dendroctone (Pederson 2004). Selon le scénario de projection le plus défavorable, la récolte dans ce district pourrait chuter à environ 1 million de m3 par an d’ici 2020 (une fois la phase de récupération terminée), puis augmenter graduellement jusqu’à 1,75 million de m3 en 2070 (Pederson 2004).

ENCADRÉ 2

Aménagement durable des forêts Les effets des changements climatiques sur la capacité du Canada à réaliser ses objectifs d’aménagement durable des forêts sont préoccupants. Par exemple, les changements climatiques provoqueront presque certainement la modification de la composition forestière

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et de la répartition des espèces au fil du temps; la conservation des espèces, des écosystèmes et de la répartition des classes d’âge que nous connaissons actuellement ne sera probablement pas réalisable (Hebda 1998). Les changements climatiques affecteront la capacité à long terme des écosystèmes forestiers de maintenir leurs fonctions et processus écologiques; le secteur forestier pourrait avoir besoin d’approches fondamentalement nouvelles pour résoudre ce problème (Hamann et Wang 2006).

Les changements climatiques ont déjà provoqué le raccourcissement de la saison de récolte hivernale. Cela pourrait obliger à construire plus de routes forestières ou à augmenter la récolte sur sol dégelé, ce qui pertur-berait la qualité des sols et de l’eau.

Cependant, les augmentations prévues des perturbations (p. ex., feux et insectes) à grande échelle pourraient provoquer l’émission dans l’atmosphère d’importantes quantités de carbone actuellement stockées dans les écosystèmes forestiers (p. ex., Kurz et coll. 2008).

Opérations forestières

Les hivers plus chauds et les saisons plus courtes de sol gelé affecteront sans doute la récolte, le débardage et d’autres opérations forestières. La flexibilité du calen-drier des activités de récolte jouera un rôle de plus en plus important alors que les conditions de sol gelé deviennent moins fiables et que les manifestations météorologiques extrêmes (p. ex., précipitations abon-

dantes, inondations) empêchent l’accès à certains sites. Les changements aux activités de récolte saisonnières sont déjà importants dans certaines régions (Encadré 3).

Les compagnies forestières disposent de peu d’options pour réagir à la diminution des périodes de gel du sol. À court terme, on peut exploiter davantage les secteurs accessibles l’été, mais à la longue les stocks de bois s’épuiseront dans ces secteurs. Certains ont suggéré de construire des chemins plus permanents, mais ce genre de projet est coûteux. De plus, les politiques provinciales d’aménagement forestier dans plusieurs régions visent à réduire au minimum la construction de chemins permanents et à restaurer les chemins temporaires une fois la récolte terminée. L’équipement spécialisé (p. ex., les pneus à grande portance) est disponible, mais cher, et ne sert que lors de courtes périodes chaque année. De plus, certains de ces équi-pements exigent un entretien supplémentaire, ce qui augmente encore les coûts.

Remarques d’ordre général Étant donné la vulnérabilité des forêts et le potentiel des conséquences généralisées sur tout un éventail d’avantages que les forêts procurent à la société, il faut commencer dès maintenant à tenir compte des facteurs liés aux changements climatiques dans tous les aspects de l’aménagement forestier au Canada (Mote et coll. 2003, McKinnon et Webber 2005, Lazar 2005, Ogden et Innes 2007b).

Répercussions sur les activités de récolte sur sol gelé

Selon des discussions avec des compagnies forestières de la Saskatchewan, les changements aux opérations de récolte saisonnières sont déjà importants. Durant l’hiver 2005-2006, les conditions de sol gelé n’ont commencé qu’au mois de janvier. Les activités de récolte normalement prévues sur sol gelé (« secteurs d’hiver », c’est-à-dire les sites humides, ceux qui sont sujets au compactage des sols ou qui sont inaccessibles durant l’été) ont été remplacées par d’autres qui se font sur des sites plus secs (« secteurs d’été »).

Les projections nous présentent des hivers plus chauds avec davantage de précipitations (à noter que les chutes de neige précoces isolent le sol et limitent le gel); on peut donc prédire que la période favorable aux travaux sur sol gelé continuera de se rétrécir (Barrow et coll. 2004). La diminution des conditions de sol gelé est potentiellement un problème d’envergure dans plusieurs régions de la forêt boréale, particulièrement les zones fortement maré-cageuses qui sont inaccessibles en été (Johnston 2007).

ENCADRÉ 3

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Une des premières choses à faire serait d’accroître notre capacité à estimer des conséquences futures et d’en tenir compte dans les plans à long terme et le calcul de possibilité ligneuse.

Une des premières choses à faire serait d’accroître notre capacité à estimer des conséquences futures et d’en tenir compte dans les plans à long terme et le calcul de possibilité ligneuse. Deuxièmement, étant donné que les changements climatiques ont des conséquences majeures sur notre capacité à atteindre les objectifs d’aménagement forestier actuels, le secteur de l’aménage-ment forestier doit commencer à réviser ses objectifs, de même que les moyens à privilégier pour les atteindre. Ogden et Innes (2007b) font un examen approfondi des options que les forestiers pourraient envisager.

2.2.3 Répercussions liées aux marchés mondiaux

On a déjà mentionné les incidences des changements climatiques sur l’approvisionnement en matière ligneuse et les opérations forestières. Nous allons cette fois examiner de quelle façon l’industrie forestière canadienne pourrait être affectée par les changements que pourraient subir les marchés mondiaux des produits forestiers en raison des changements climatiques.

Les changements climatiques peuvent mener à une augmentation nette de l’approvisionnement forestier mondial, mais ils peuvent réduire les avantages des producteurs de l’Amérique du Nord.

Le Canada est le premier exportateur mondial de produits forestiers. Les produits forestiers sont d’importantes marchandises d’exportation pour le

Canada et revêtent ainsi une grande importance pour l’économie du pays; le secteur forestier a apporté 31,5 milliards $ au PIB canadien en 2007 (Ressources naturelles Canada 2008).

Sohngen et Sedjo (2005) sont d’avis que les changements climatiques vont accroître la possibilité ligneuse mondiale. Car, si dans certaines régions du monde les forêts peuvent décliner, elles augmenteront dans d’autres régions. On prévoit donc généralement qu’il se produira une augmentation de l’approvision nement mondial de produits forestiers, laquelle amènera dans son sillage une restructuration du commerce international. Certains pays y gagneront plus que d’autres, et ce sont donc les avantages comparatifs des pays exportateurs qui détermineront l’ordre nouveau.

Sohngen et Sedjo (2005) concluent que les changements climatiques réduiront nettement les avantages économiques pour les producteurs nord-américains. La réduction des avantages sera importante dans la première partie du XXIe siècle en raison d’un déclin des prix relatifs et de la part de marché relative des producteurs nord-américains. Les producteurs de l’hémisphère sud seront probablement avantagés par les changements climatiques et cet avantage persistera durant tout le XXIe siècle.

Les producteurs canadiens de produits forestiers sont particulièrement vulnérables à la restructuration des marchés en comparaison avec leurs homologues ailleurs dans le monde.

Perez-Garcia et coll. (2002) ont fait pour divers pays des prédictions des conséquences des changements climatiques sur les marchés d’ici 2040. De tous les pays compris dans l’analyse, le Canada est le seul où les producteurs subiraient des effets négatifs. Qui plus est, ces conséquences négatives devraient être considérables. Les analyses nous amènent à penser que les producteurs canadiens de produits forestiers sont particulièrement vulnérables à la restructuration des marchés en comparaison de leurs homologues du reste du monde.

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Les changements structurels qu’entraîneront les chan-gements climatiques se produiront parallèlement à toute une étendue d’autres changements qui affecteront simultanément le marché des produits forestiers. Les changements technologiques, les différends commer-ciaux, les variations des taux de change et des taux d’intérêt ainsi que les changements de goûts et de préférences des consommateurs ne sont que quelques exemples. Il pourrait ainsi être difficile d’isoler les effets des changements climatiques des autres forces qui s’exercent sur les marchés. Il pourrait s’avérer difficile de développer et d’implanter des mesures d’adaptation particulières en réaction aux seuls effets des change-ments climatiques sur les marchés.

La part de marché du Canada dans les catégories tradi-tionnelles de marchandises a, dans certains cas, déjà commencé à diminuer pour des raisons étrangères aux changements climatiques, par exemple, coûts de la main-d’œuvre et du bois plus élevés. Les mêmes pays dont les produits remplacent les produits canadiens sur les marchés internationaux devraient être ceux qui bénéficient le plus des changements climatiques (c’est-à-dire les pays de l’Amérique du Sud et de l’Océanie) (Perez-Garcia et coll. 2002). L’adaptation doit donc, dans ce cas, tenir compte de l’effet combiné des changements climatiques et des autres facteurs touchant les marchés.

Il pourrait être nécessaire d’augmenter la capacité d’adaptation des entreprises canadiennes en identifiant, en abolissant ou en réduisant les barrières institution-nelles qui limitent la capacité du Canada de s’adapter et d’être compétitif sur les marchés mondiaux. Les mesures suivantes ont été proposées : favoriser la mise au point de nouveaux produits à valeur ajoutée, déve-lopper des marchés dans des créneaux spécialisés, améliorer le rendement et réduire les coûts. Chacun de ces aspects nécessitera des engagements fermes en termes de développement technologique et d’innovation. Ils exigeront également un engagement ferme visant à détecter et à réduire les barrières institutionnelles qui ralentissent la capacité de production de l’industrie forestière à un coût concurrentiel, et qui l’empêchent de s’adapter et d’évoluer en réaction aux changements des conditions du marché (Haley et Nelson 2007).

2.2.4 Collectivités tributaires de la forêt : conséquences et vulnérabilité

Les conséquences des changements climatiques n’affectent pas uniformément la société canadienne. Certaines parties de la société font face à des risques plus élevés à cause de leur localisation, de leur association avec des environnements vulnérables au climat et de leurs caractéristiques économiques, politi-ques et culturelles (Davidson et coll. 2003, Williamson et coll. 2007). La situation des collectivités rurales tributaires d’industries axées sur les ressources naturelles est particulièrement inquiétante (Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts 2003).

Les collectivités tributaires des forêts doivent affronter le même type de conséquences et de risques associés aux changements climatiques que les autres collectivités. Ces conséquences incluent les effets potentiels sur la santé, les conséquences sur les infrastructures et l’ex-position aux phénomènes météorologiques extrêmes. Cependant, les collectivités tributaires des forêts font face à plusieurs facteurs additionnels qui contribuent à augmenter leur vulnérabilité générale aux changements climatiques (Williamson et coll. 2007), notamment

• leurs liens étroits avec le paysage forestier environnant sensible à ces changements,

• la hausse des risques en raison de l’augmentation de la fréquence des feux de forêt (en certains endroits),

• la modification de l’approvisionnement forestier local et

• de la position concurrentielle des entreprises locales.

Ces derniers facteurs peuvent avoir d’importantes conséquences sur l’économie locale, particulièrement quand elle est fortement dépendante du secteur des produits forestiers.

Davidson et coll. (2003) ont déterminé cinq facteurs socioéconomiques additionnels qui contribuent aux niveaux accrus de vulnérabilité des collectivités canadiennes tributaires des forêts :

• les contraintes à la capacité d’adaptation (p. ex., petites économies non diversifiées et main-d’œuvre locale hautement spécialisée dont les compétences ne se transfèrent pas à d’autres secteurs);

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• la possibilité d’une réaction à une échelle plus large des institutions devant la problématique des changements climatiques et qui affectera en fin de compte les petites collectivités rurales tributaires des industries axées sur les ressources naturelles;

• l’absence de la prise en considération des change-ments climatiques dans les décisions d’aménagement forestier et des institutions forestières, ce qui pourrait aboutir à une aggravation des conséquences à l’échelle des collectivités;

• la possibilité d’une perception erronée des risques associés aux changements climatiques; et

• une augmentation des risques, qui seraient multiples, interdépendants et simultanés (p. ex., changements climatiques et baisse du marché).

Les collectivités tributaires des forêts sont plus vulnérables que d’autres aux changements climatiques.

Les possibilités récréatives liées aux forêts se modifieront en fonction des changements dans la disponibilité en eau, de la répartition de la faune et de l’enneigement, en causant des difficultés économiques dans certaines collectivités. La capacité des communautés autochtones à effectuer leurs activités traditionnelles changera également alors que les types de forêts et les plans d’eau qui les entourent sont altérés.

L’effet combiné d’une plus grande incidence prévue et d’une plus faible capacité d’adaptation signifie que les collectivités tributaires des forêts sont plus vulnérables que d’autres aux changements climatiques; les communautés autochtones, notamment, peuvent être particulièrement vulnérables (p. ex., voir Lemmen et coll. 2008).

L’évaluation systématique et structurée de la vulnéra-bilité à l’échelle des collectivités peut aider les individus et les collectivités à percevoir les principaux facteurs contribuant à leur vulnérabilité ou pouvant y contribuer dans l’avenir (Williamson et coll. 2006).

Williamson et coll. (2007) présentent un cadre de travail et une approche à cette fin (Figure 1); ils notent que ces approches devraient être adaptées pour chaque communauté.

Définir les conséquences potentielles

sur la communautéScénarios

Évaluer les conséquences sur les écosystèmes forestiers

Évaluer le climat passé et futur

Impliquer la communauté et élaborer le contexte

Choisir la méthode d'évaluation

Définir les domaines de vulnérabilité et les

perspectives

Planifier et mettre en œuvre des mesures

d'adaptation

Marchés mondiaux

Évaluer la capacitéd'adaptation

Figure 1. Modèle théorique d’estimation de la vulnérabilité des collectivités tributaires de la forêt. Adaptation de Williamson et coll. (2007).

Une étude de cas examinant les conséquences biophy-siques et socioéconomiques éventuelles des changements climatiques, pour la collectivité tributaire des forêts de Vanderhoof au centre de la Colombie-Britannique, a été décrite par Williamson et coll. (2008). L’étude de cas de Vanderhoof (Encadré 4) met en relief les mécanismes par lesquels les collectivités tributaires des forêts sont exposées, sensibles et ainsi potentielle-ment vulnérables aux changements climatiques.

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Le cas de Vanderhoof démontre que les effets des changements climatiques sont parfois immédiats et importants. Un autre facteur de risque pour les collec-tivités qui sont tributaires de l’industrie forestière pourrait être la diminution de la rentabilité des produits forestiers traditionnels en raison des modifi-cations de la possibilité ligneuse mondiale que les changements climatiques devraient entraîner (voir section précédente) et des possibilités réduites de récolte en hiver. L’évaluation du niveau de vulnérabilité des collectivités face aux changements climatiques serait une première étape fort utile.

QUESTIONS CLÉS POUR LES COLLECTIVITÉS TRIBUTAIRES DE LA FORÊT

Voici certaines des questions que les collectivités tributaires des forêts devraient considérer :

• Comment le climat local change-t-il? Quels sont les types de changements climatiques attendus dans la région?

• Quelles sont les possibilités régionales de manifestations météorologiques extrêmes et d’autres dangers comme les feux de forêt et les inondations?

• Étant donné les changements prévus en ce qui concerne le risque de catastrophes, les mesures d’urgence en place sont-elles adéquates?

• Sur quels types d’actifs manufacturiers (bâtiments, équipement, infrastructure) et d’actifs naturels (forêts, agriculture, eau) repose actuellement l’économie locale?

• Comment ces actifs seront-ils affectés par les changements climatiques et par l’évolution de l’économie mondiale?

• La collectivité peut-elle modifier la composition des avoirs dont elle dépend pour réduire sa vulnérabilité aux changements climatiques (p. ex., diversification, substitution du capital naturel à des formes de capital moins vulnérables)?

• La collectivité possède-t-elle les capacités lui permettant de s’adapter?

• Comment la collectivité peut-elle renforcer ses capacités d’adaptation?

2.2.5 Biens et services publics et communs

Les biens et services publics et communs liés aux forêts comprennent :• de l’air pur et une eau propre, • des sols productifs, • la faune, • la protection et la préservation de la biodiversité, • la valeur d’existence (c’est-à-dire savoir que des

espèces ou écosystèmes continuent d’exister), • la valeur de legs (c’est-à-dire savoir que nous

préservons le capital naturel pour les générations futures),

Étude de cas : évaluation des conséquences des changements climatiques à Vanderhoof (C.-B.)

Vanderhoof est actuellement touchée directement par l’infestation du dendroctone du pin ponderosa qui affecte la Colombie-Britannique. Cette infestation s’explique en partie par les récents changements climatiques. Le dendroctone du pin ponderosa a un effet considérable sur le capital forestier naturel sur lequel repose l’économie de Vanderhoof dans une bonne mesure. Dans l’immédiat, il en résulte une importante augmentation de la récolte locale, car on s’affaire à récupérer les arbres tués par le dendroctone. On prévoit cependant que la récolte va diminuer en deçà du niveau historique de la région une fois la récupération terminée.

Pour évaluer la situation à long terme, une approche d’analyse des scénarios a été retenue. Quatre scénarios ont été développés, reposant sur différentes hypothèses entourant le climat et les conditions socioéconomiques à venir. Les résultats indiquent qu’à long terme (jusqu’en 2050), la productivité forestière augmentera selon les scénarios climatiques envisagés pour Vanderhoof même si la récolte ne revient pas aux niveaux de 2000. Cependant, le risque de feu dans la région de Vanderhoof devrait aussi augmenter d’ici 2050, ce qui pourrait réduire une partie des gains de productivité attendus.

ENCADRÉ 4

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• les panoramas esthétiques, et • les possibilités d’activités récréatives en plein air.

Les biens et services publics et communs fournis par les forêts sont vulnérables aux changements climatiques parce qu’ils sont étroitement liés à la santé des forêts.

Les activités récréatives en plein air sont un important service forestier. Les Canadiens ont passé 225 millions de jours en diverses activités de plein air en 1996 (Duwors et coll. 1999). Les zones forestières y repré-sentaient 195 millions de journées-utilisateurs (86 %) (Williamson et coll. 2002). Les activités récréatives de plein air dépendent du climat (Johnston et coll. 2006). Par exemple, Browne et Hunt (2007) ont établi que les changements climatiques auront probablement un effet positif sur les activités de plein air qui se dérou-lent en été en Ontario, notamment à cause de la saison qui sera plus longue et des températures plus élevées. Les activités hivernales, toutefois, devraient diminuer en raison du raccourcissement de la saison.

La biodiversité comprend la diversité des espèces, la diversité génétique et la diversité des écosystèmes (Gray 2005). Les changements dans la diversité écolo-gique auront des conséquences socioéconomiques importantes. Bon nombre des valeurs psychologiques de non-usage de la forêt (p. ex., valeur d’option, valeur de legs, valeur d’existence, valeur intrinsèque) sont associées à la biodiversité et à la diversité écologique ou ont un lien étroit avec ces réalités (Hauer et coll. 2001). La diversité écologique changera probablement considérablement au cours du siècle en réaction non seulement aux changements climatiques, mais aussi aux activités humaines comme la modification de l’occu-pation du territoire et sa fragmentation (Gray 2005).

Varrin et coll. (2007) se sont penchés sur les effets des changements climatiques sur les espèces représenta-tives en Ontario. Ils ont noté que les risques varieront en fonction de chaque espèce, de leurs traits spécifi-ques et de la nature des changements des interrelations entre les espèces. Les risques les plus élevés concernent les espèces avec une petite aire de répartition géogra-phique, avec une faible population, exigeant un habitat spécialisé, à faible variabilité génétique et une capacité de dispersion limitée, ainsi que celles dont la limite sud de l’aire de répartition est située au Canada.

POINTS CLÉS Conséquences des changements climatiques

• Les conséquences des changements climatiques varieront à travers le pays, soulignant le besoin d’effectuer des estimations de la vulnérabilité par région et localité.

• La productivité forestière s’altèrera à mesure que les changements climatiques affecteront les écosystèmes forestiers. La productivité peut augmenter ou diminuer en fonction de facteurs locaux, de la composition forestière et des interventions d’aménagement potentielles.

• À court terme, la modification du régime de perturbation, particulièrement les feux de forêt et les infestations d’insectes, pourrait avoir des répercussions plus importantes que les changements de productivité et de composition forestière.

• Il est essentiel que l’estimation de la vulnérabilité et la planification de l’adaptation soient effectuées dans le contexte de l’aménagement durable des forêts.

• L’estimation de la vulnérabilité doit être menée à bien avec et pour les collectivités tributaires de la forêt, dont les communautés autochtones, tout comme pour l’aménagement forestier.

2.3 Capacité d’adaptation de l’aménagement forestier canadien

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Smit et Pilifosova 2001), la capacité à s’adapter aux changements climatiques est établie par :

• la sensibilisation au problème et la perception de l’urgence;

• l’éventail de technologies à la disposition des décideurs; • les ressources économiques; • les facteurs institutionnels (p. ex., conception et

structure, flexibilité, capacité à répartir efficacement les ressources pour l’adaptation, degré d’autonomie quant aux choix d’adaptation à faire);

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• le capital humain et le capital social des acteurs de l’adaptation : compétences, éducation, expérience, réseaux;

• les connaissances et l’accès à l’information; • et la capacité à gérer le risque.

Dans cette section, nous définissons et discutons des caractéristiques, des atouts et des facteurs institutionnels qui influencent (positivement et négativement) la capacité des aménagistes forestiers canadiens à s’adapter aux changements climatiques. Cette section se base surtout sur des discussions avec des aménagistes forestiers et d’autres intervenants du secteur forestier (Tableau 1). Nous incluons plusieurs constatations présentées d’abord par Johnston et coll. (2008), confirmées ou complétées par nos observations dans l’ensemble du Canada.

2.3.1 Sensibilisation et compréhension, perception de l’urgence

Le secteur forestier canadien a un niveau de compré-hension généralement élevé des changements climatiques et les considère comme un problème grave. Les aménagistes forestiers sont extrêmement conscients de l’exposition aux changements climatiques et de la sensibilité des forêts au climat actuel et à la variabilité du climat. Les aménagistes ne contestent pas la réalité des changements climatiques, mais se deman-dent plutôt ce que seront les conséquences locales et les mesures d’adaptation qui devraient être prises.

Souvent il manque l’information qui serait nécessaire pour la planification de l’aménagement forestier et les opérations forestières.

Il faut dire que l’information sur les conséquences n’est pas toujours disponible aux échelles spatiales et tempo-relles nécessaires pour la planification et l’exploitation. Une réduction d’échelle des données sur le climat et des techniques de modélisation de l’écosystème pourraient partiellement combler le besoin de cette information. Cependant, cela nécessite une expertise assez poussée et de grandes incertitudes y sont associées.

De plus, les changements climatiques ne sont que l’une des sources de modifications affectant le secteur forestier. Les autres comprennent les variations démographiques de la population rurale, les effets des forces des marchés mondiaux sur l’industrie forestière, les changements politiques à l’échelle locale ou nationale, et les change-ments des attentes de la société quant aux valeurs et aux avantages offerts par la forêt. L’intégration des changements climatiques à ces autres agents de chan-gement est un défi pour les aménagistes forestiers, étant donné le haut niveau d’incertitude, l’instabilité écono-mique actuelle et les conditions précaires du marché.

2.3.2 Éventail de technologies

Les aménagistes forestiers ont généralement accès à une technologie qui est suffisante et adaptée aux conditions actuelles. Les aménagistes croient également que les changements climatiques futurs peuvent être gérés par la technologie actuelle jusqu’à un certain seuil de changement au-delà duquel l’adaptation serait difficile voire impossible, si les conséquences des chan-gements climatiques continuaient. Un défi majeur pour les chercheurs est d’établir quels sont ces seuils, d’autant plus que leur nature variera géographiquement, selon les différents aspects de l’aménagement forestier (p. ex. conséquences des perturbations, changements des aires de répartition des espèces, changements des conditions d’exploitation, etc.).

La technologie moderne peut être en mesure de traiter les changements climatiques jusqu’à certains seuils de changement, et ces seuils sont difficiles à établir.

Des discussions au niveau international ont identifié une étendue de variations de température qui représentent des points de bascule au-delà desquels de graves répercussions peuvent se produire (p. ex. Ramanathan et Feng 2008). Une valeur souvent citée est une augmentation de 2 °C de la température annuelle moyenne, ce qui entraînera probablement la fonte rapide et irrévocable de la calotte glaciaire du Groenland (Lenton et coll. 2008). Cependant, il est extrêmement

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difficile d’établir la façon dont ces changements à grande échelle influenceront localement les écosystèmes forestiers et l’aménagement forestier au Canada.

Lors des discussions sur le rôle que toute technologie supplémentaire ou différente peut jouer dans l’adapta-tion, la principale inquiétude exprimée était son coût par rapport à son utilité. Par exemple, des pneus à grande portance sur les débusqueuses permettraient l’exploitation en conditions de dégel dans certains cas (Lemmen et coll. 2008). Les aménagistes forestiers s’inquiètent néanmoins du fait que cette option soit onéreuse, qu’elle exige davantage d’entretien, et qu’elle ne puisse être nécessaire que sporadiquement. Par conséquent, les coûts peuvent être difficiles à justifier.

Les coûts sont également une grande préoccupation au niveau de l’utilisation des modifications génétiques pour créer des variétés d’arbres mieux adaptées aux conditions futures. Particulièrement pour la région boréale, étant donné le lent taux de croissance et le faible rendement du capital investi pour cette technologie. L’acceptation du public des organismes génétiquement modifiés (OGM) est encore un problème pour l’agriculture et la foresterie, et la plupart des entreprises ne poursuivront pas une politique qui mène à des controverses sociales et politiques.

La modification des zones de transfert de semences présente un intérêt considérable.

Par ailleurs, les organismes de réglementation gouver-nementaux s’intéressent à la modification des zones de transfert de semences qui stipulent la source (la provenance) des semences utilisées pour la régénéra-tion. Le concept actuel est de limiter l’utilisation des semences aux zones d’où elles proviennent. Les aménagistes commencent maintenant à examiner les zones de semences pour établir le positionnement de futurs emplacements convenables pour faire concorder les semences avec les futures conditions climatiques. Le BC Ministry of Forests and Range a récemment modifié sa politique sur les zones de transfert de semences pour augmenter les limites d’élévation pour les semences en zones montagneuses en prévision de conditions plus chaudes (BCMoFR 2008b). Un

important besoin de recherche est l’amélioration de l’utilisation des données de tests de provenance existantes pour développer des zones de transfert de semences des essences commerciales basées sur le climat. De plus, de nouveaux tests de provenance devraient être établis pour les espèces qui n’ont pas été testées (McKenney et coll. 2009).

La technologie pourrait jouer un rôle important en permettant l’emploi de nouvelles essences pour les produits forestiers. On s’attend à ce que les aires de répartition des essences se déplacent avec l’évolution des changements climatiques (Hamann et Wang 2006, McKenney et coll. 2007), conduisant au remplacement des espèces commerciales traditionnelles par de nouvelles espèces. Dans certains cas, les changements pourraient être considérables, comme le remplacement des conifères par des essences feuillues dans un avenir où les feux seront plus fréquents (p. ex. le remplace-ment du sapin par le peuplier faux-tremble dans les peuplements de la forêt boréale mixte, Williamson et coll. 2009).

Les entreprises qui peuvent mettre en œuvre une nouvelle technologie pour fournir de nouveaux produits auront une capacité d’adaptation améliorée. Toutefois, l’investissement dans le secteur forestier est actuelle-ment faible (APFC 2007a). Il est peu probable qu’on investisse dans de nouvelles installations et de nouveaux équipements en prévision de la disponibilité de nouvelles espèces, étant donné que les dépenses en immobilisations sont élevées et qu’il y a beaucoup d’incertitude.

2.3.3 Disponibilité des ressources économiques

La disponibilité des ressources pour l’adaptation, particulièrement les ressources financières, est extrê-mement limitée dans le secteur forestier canadien d’aujourd’hui. Des dizaines de milliers d’emplois du secteur forestier ont été perdus au cours des 10 dernières années et plusieurs scieries ont fermé à travers le pays (Ressources naturelles Canada 2008). Nos discussions ont clairement établi que la plupart des aménagistes forestiers en industrie doivent se préoccuper de leur survie quotidienne et n’ont pas le temps de considérer les changements climatiques et l’adaptation, même quand ils savent que cela sera important dans l’avenir.

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L’un des sous-produits du ralentissement économique est le manque d’investissement en innovation. Qui plus est, les investissements privés au Canada en recherche et développement sont inférieurs à la moyenne des autres pays de l’OCDE (Industrie Canada 2007). L’in-dustrie forestière au Canada a également été victime des taux de change élevés, de la concurrence des faibles coûts des producteurs étrangers et de l’augmen-tation rapide des coûts de l’énergie, ce qui a réduit sa capacité à s’adapter aux futurs changements climatiques (APFC, 2007a). Finalement, la plupart des installations de produits forestiers ont une longue durée de vie et exigent de très grands investissements de capitaux, ce qui rend difficile l’adaptation rapide aux changements de l’environnement naturel ou politico-économique.

2.3.4 Institutions clés

Nos discussions indiquent incontestablement que les facteurs institutionnels sont l’élément le plus important limitant la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers. Bien que la situation financière de l’indus-trie forestière soit également importante, l’opinion générale est qu’il s’agit d’un problème temporaire qui fait partie d’un cycle économique. Par contraste, les barrières institutionnelles sont considérées comme un problème à long terme inhérent à la structure et à la gouvernance du secteur forestier, ce qui les rend diffi-ciles à modifier. De plus, les solutions sont perçues comme nécessitant des changements politiques pouvant les rendre plus difficiles à mettre en œuvre.

Nos discussions indiquent que les facteurs institutionnels sont l’élément le plus important limitant la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers.

Plusieurs institutions peuvent ou jouent un rôle dans le renforcement des capacités du secteur forestier du Canada à s’adapter aux changements climatiques : • institutions associées à l’industrie,• autorités chargées de la réglementation

(p. ex., gouvernement),• organismes non gouvernementaux,

• organismes multisectoriels, et• établissements de recherche.

Nous discutons de certains de ces organismes ci-dessous.

Organismes représentant les intérêts des compagnies forestières Les gestionnaires de l’industrie ont indiqué que les organismes les représentant sont pour eux une source d’information crédible importante. L’Association des produits forestiers du Canada (APFC) a été mentionnée particulièrement comme leur « premier arrêt » dans la recherche d’information. L’APFC collabore avec les entreprises pour faciliter le dialogue et entreprendre des réformes dans le milieu des affaires (taux de change, restructuration de l’industrie et politiques de la concurrence, milieu de la réglementation, etc.) et de l’environnement (qualité de l’air, études de suivi des effets sur l’environnement, changements climatiques, espèces en péril). De plus, l’APFC collabore avec le gouvernement pour développer des systèmes plus effi-caces pour le commerce international, la simplification des exigences réglementaires et l’amélioration des investissements. Elle collabore également avec les organisations non gouvernementales de l’environne-ment à la création de plans de conservation à grande échelle, par exemple l’Initiative boréale canadienne.

Collaborer avec l’APFC pour rassembler de l’informa-tion pertinente à l’industrie sur les conséquences des changements climatiques et les options d’adaptation serait un bon moyen d’informer les entreprises à partir d’une source à laquelle elles font confiance. Un exemple d’une initiative antérieure réussie est la grande quantité de travaux que l’APFC a effectués pour aider les entre-prises à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’industrie forestière du Canada a réduit ces émissions de 44 % depuis 1990 en dépit d’une augmentation de la production de 20 %, grâce en bonne partie à l’utilisa-tion de la cogénération basée sur les résidus forestiers (APFC 2007b).

Plans d’aménagement forestierLa plupart des juridictions canadiennes exigent certains types de plans d’aménagement forestier à long terme. Notre expérience dans d’autres projets et nos discus-sions avec les gestionnaires de l’industrie démontrent que l’étape de la planification de l’aménagement forestier offre un excellent intermédiaire pour considérer les

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conséquences des changements climatiques et les adaptations. Ces plans ont un horizon temporel relati-vement long (p. ex., 20 ou 25 ans) et généralement un caractère stratégique. C’est-à-dire que les changements climatiques peuvent être considérés à des échelles spatiales et temporelles compatibles avec l’état actuel de compréhension des conséquences des changements climatiques. De plus, ces plans sont exigés par la plupart des législations provinciales; il s’agit donc d’une activité que les entreprises exécuteront de toute façon et non pas d’une activité distincte qui ajouterait des frais supplémentaires à leurs activités.

La planification de l’aménagement forestier offre un excellent intermédiaire pour considérer les conséquences des changements climatiques et l’adaptation.

Il s’agit donc d’un exemple important d’intégration de l’adaptation aux changements climatiques, comme le recommande la récente évaluation des changements climatiques nationaux canadiens (Lemmen et coll. 2008). Smit et Wandel (2006, p. 285-286) notent l’importance de l’intégration dans le passage suivant :

[TRADUCTION] « L’une des constatations fondamentales de ce travail est qu’il est extrêmement improbable que n’importe quel type de mesure adaptative soit pris à la lumière des changements climatiques seuls (...) Les initiatives pratiques d’adaptation aux changements climatiques sont invariable-ment intégrées avec d’autres programmes et souvent leur but est d’améliorer la capacité d’adaptation. »

Trois exemples de plans d’aménagement forestier ayant inclus des éléments d’effets et d’adaptation aux changements climatiques sont notés ci-dessous (Encadré 5). Chacun de ces plans a été soumis à des autorités chargées de la réglementation.

Exemples de plans d’aménagement forestier qui abordent les changements climatiques

• Louisiana-Pacific au sud-ouest du Manitoba : des scénarios concernant l’activité future des feux, la productivité forestière et des budgets de carbone forestier ont été développés par un groupe de scientifiques du gouvernement et des universités collaborant étroitement avec la compagnie. Le plan incluait également un éventail d’études scientifiques supplé-mentaires dont une analyse de diversité biologique spatialement explicite avancée en fonction de plusieurs scénarios de récolte future (Louisiana-Pacific 2009).

• Mistik Management au nord-ouest de la Saskatchewan : le plan incluait des analyses sur la productivité forestière, l’activité des feux et la probabilité d’avoir des conditions de sol gelé en hiver en fonction de plusieurs scénarios de conditions climatiques futures (Mistik Management 2009).

• Millar-Western : plusieurs scénarios futurs ont intégré les effets des changements climatiques, du développement de l’exploitation pétrolière et gazière et des changements démographiques dans leur zone d’entente sur l’aménagement des ressources forestières au centre de l’Alberta (Van Damme et coll. 2008).

ENCADRÉ 5

Bien que ces efforts aient été un succès pour l’intégra-tion de considérations sur les changements climatiques au plan final soumis, chacun a été effectué de façon ad hoc sans directives générales; il n’existait aucune cohérence entre les efforts et aucun accord commun sur la meilleure façon d’aborder les conséquences des changements climatiques et l’adaptation.

Nous recommandons l’élaboration de lignes directrices de planification qui pourraient être utilisées dans toutes les juridictions pour aider à intégrer les conséquences des changements climatiques et l’adaptation dans nos

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plans d’aménagement forestier. Elles seraient nécessairement d’ordre général pour tenir compte de la variabilité entre les juridictions et les conditions biophysiques, mais on pourrait les développer de façon à aider à la fois les planificateurs de l’industrie et du gouvernement.

L’approche de la « science intégrée » peut aider les aménagistes forestiers et les planificateurs à intégrer les analyses scientifiques dans les plans d’aménagement forestier. Des directives générales doivent aussi être développées.

Nous soutenons également le concept de la « science intégrée » (Van Damme et coll. 2008). Dans le cadre de cette approche, les scientifiques du gouvernement ou du monde universitaire collaboreront étroitement avec les dirigeants et les planificateurs des compagnies à intégrer des analyses scientifiques dans les plans d’aménagement forestier. Cette collaboration est établie au début du cycle de planification pour que la direction et l’approche utilisées par les scientifiques soient développées en collaboration avec les chercheurs et les pratiquants puisqu’elles ont plus de chances de soutenir les objectifs du plan. La capacité scientifique et l’intérêt pour un tel arrangement varient considérablement selon les compagnies, il ne faut donc pas s’attendre à ce que cela réussisse dans tous les projets de planification. Mais lorsque l’intérêt et la capacité existent, l’expérience peut être très enrichissante pour les scientifiques et le personnel de l’industrie (p. ex. Van Damme et coll. 2008).

Les effets des décisions prises aujourd’hui persisteront pendant de nombreuses décennies, ce qui représente un défi particulier en matière d’aménagement forestier. C’est particulièrement vrai dans les régions forestières à croissance lente (p. ex. la forêt boréale). Par contraste, dans le domaine de l’agriculture, les décisions sur les cultures à planter ou les pratiques de gestion à suivre peuvent se faire annuellement et quelquefois plus fréquemment. Le résultat des décisions d’aménagement forestier est difficile à prévoir même en employant les hypothèses actuelles de climat stable. Il sera encore

plus difficile à prévoir étant donné la forte probabilité de l’apparition d’un climat différent au cours des prochaines décennies. L’incapacité à prendre la décision correcte à long terme limite la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers. Elle indique également le besoin de modèles de croissance des arbres sensibles au climat pour aider les aménagistes à prévoir les conditions forestières futures (Girardin et coll. 2008).

Culture organisationnelle et capacité d’adaptation Une relation intéressante a été observée entre la culture organisationnelle et la capacité d’adaptation (Van Damme 2008). Certaines caractéristiques des entre-prises, comme la force de la direction, la volonté d’innover et d’avoir des orientations futures au lieu de maintenir le statu quo, peuvent augmenter la capacité d’adaptation aux changements climatiques. Ces carac-téristiques varient considérablement d’une compagnie à l’autre. Dans plusieurs cas où ces qualités sont évidentes, elles sont le résultat de l’influence de certains individus et elles reflètent leurs valeurs personnelles. Bien qu’ils soient positifs, ces attributs peuvent dispa-raître lorsqu’un individu quitte l’entreprise. L’enjeu consiste à remplacer le rôle d’individus particuliers par l’institutionnalisation de ces attitudes progressistes et l’intégration à la culture organisationnelle.

L’enjeu est de découvrir comment intégrer les attitudes progressistes (la volonté d’innover, le choix d’une orientation future) à la culture organisationnelle.

Autorités chargées de la réglementation

Comme nous l’avons indiqué plus tôt, la plupart des lois concernant la foresterie au Canada sont établies et appliquées par des organismes d’aménagement forestier provinciaux et territoriaux qui règlementent les a ctivités de l’industrie forestière sur les terres forestières de la Couronne.

Les barrières institutionnelles à la capacité d’adapta-tion parmi les autorités chargées de la réglementation sont liées à des politiques forestières qui supposent

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habituellement que la forêt demeurera substantielle-ment la même au fil du temps. Les politiques sont généralement basées sur ce qui a réussi dans le passé plutôt que sur l’anticipation de ce qui surviendra probablement dans l’avenir. Voilà donc un problème de taille en ce qui concerne les changements climatiques étant donné l’incertitude des conditions futures. Il peut être difficile pour les autorités chargées de la régle-mentation d’accepter les idées innovatrices proposées par les aménagistes forestiers et les planificateurs, particulièrement si les nouvelles solutions proposées s’éloignent considérablement des pratiques acceptées.

Les conditions futures sont incertaines. La réglementation doit permettre de la flexibilité et de l’innovation.

Actuellement, il y a également beaucoup de discus-sions dans le secteur forestier à propos du besoin de changer les modes de tenure forestière. Les ententes à long terme peuvent réduire la capacité d’adaptation de l’industrie et des autorités chargées de la réglementa-tion par le « blocage » du niveau de récolte ou d’autres aspects de l’aménagement forestier, et peuvent prévenir l’adoption des options d’adaptation (Haley et Nelson 2007). Les pratiques d’aménagement forestier innovatrices peuvent être difficiles à appliquer étant donné l’inflexibilité relative des ententes de tenure.

De même, les ententes qui portent à la fois sur des usines de transformation du bois et sur l’aménagement de vastes paysages forestiers peuvent réduire la capacité d’adaptation des compagnies. Celles-ci sont alors forcées de maintenir plusieurs spécialistes et du personnel pour une scierie et pour l’aménagement forestier, au lieu de se concentrer sur un seul aspect. Une entente de tenure qui est spécifique au paysage forestier, au lieu de nécessiter l’aménagement forestier et la gestion d’une scierie, occasionnera probablement des accords avec des entreprises qui se spécialisent en aménagement forestier, car il est plus probable que celles-ci puissent allouer les ressources pour entre-prendre une adaptation efficace.

Finalement, les aménagistes forestiers exigeront plus de flexibilité pour prendre des décisions locales en

fonction de leurs besoins d’adaptation. Cette flexibilité n’est pas toujours possible en vertu de la réglementa-tion et des modes de tenure actuels. Les aménagistes forestiers de l’industrie ne sentent pas qu’ils ont l’auto-rité requise pour modifier les pratiques d’aménagement à l’échelle locale en prévision des effets locaux des changements climatiques. En effet, on peut dire que les approches innovatrices ne sont vraiment pas encoura-gées car on craint que ces dernières sortent du cadre des normes actuelles et qu’elles soient rejetées par les autorités chargées de la réglementation.

Organismes et normes favorisant l’aménagement durable des forêts Plusieurs organismes non gouvernementaux qui soutiennent les principes et l’application de l’aménage-ment forestier durable (AFD) sont apparus. Les organismes de certification forestière ont développé des normes pour l’aménagement forestier qui stipulent la façon d’accomplir l’AFD et certifieront les produits d’une compagnie qui proviennent d’une forêt aménagée de façon durable (Encadré 6).

Certification pour l’aménagement forestier durable

Le Canada a trois normes de certification pour l’aménagement forestier durable : • Forest Stewardship Council (FSC), • Sustainable Forestry Initiative(SFI), • Association canadienne de normalisation (CSA).

Plus de 134 millions d’hectares de terres fores-tières ont été certifiés (APFC 2007c.). La certifica-tion est souvent exigée par les acheteurs de produits forestiers (p. ex. IKEA, Home Dépôt), et est de plus en plus recherchée par les consom-mateurs au niveau de la vente au détail. L’industrie forestière considère maintenant que la certification est essentielle pour maintenir l’accès continu aux marchés. La norme CSA actualisée pour l’aménagement forestier durable (Z809-08, CSA 2008) comprend une discussion sur la façon d’intégrer les changements climatiques dans le cadre des critères et des indicateurs.

ENCADRÉ 6

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Bien que les normes de certification encouragent l’aménagement forestier durable, on ne sait pas dans quelle mesure elles soutiennent ou aident à développer la capacité d’adaptation aux changements climatiques. En général, elles présupposent que la forêt est relative-ment stable et elles tendent à soutenir la protection et le maintien des espèces existantes et des habitats. Les normes ne donnent guère d’indications sur la façon dont les forêts peuvent changer ou dont les pratiques devraient s’adapter à de nouvelles conditions.

Les normes d’aménagement forestier durable devraient prendre en compte les changements climatiques.

Nous recommandons l’intégration des aspects liés aux changements climatiques dans les normes de certifica-tion forestière. Cela se fera sans doute à un niveau plutôt général, mais les entreprises pourraient malgré tout obtenir des conseils sur la façon de répondre aux ques-tions essentielles sur les conséquences, la vulnérabilité et les options d’adaptation. Certaines mesures ont déjà été prises en ce sens. Par exemple, la nouvelle version de la norme CSA pour l’AFD (Z809-08, aménagement forestier durable) comporte des dispositions pour explorer les conséquences des changements climatiques et l’adaptation (CSA 2008).

L’aménagement forestier durable au Canada se conforme au cadre des critères et des indicateurs (C&I) défini par le Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF 2003). Ce cadre est généralement employé comme instrument de rétrospection, c’est-à-dire comme une liste de contrôle ou un bulletin pour indiquer la méthode que l’aménagement forestier a employée pour maintenir les valeurs représentées par les critères (Encadré 7). Aucun des critères rédigés ne se préoccupe des changements futurs affectant l’environnement naturel ou socio-économique.

Nous croyons que le cadre du CCMF pour l’AFD pourrait être adapté pour fournir un vecteur déjà accepté servant à identifier les conséquences biophysiques des changements climatiques, les conséquences socioéconomiques et la capacité d’adaptation.

7

L’aménagement forestier durable. Critères et indicateurs : le cadre du CCMF

Le Conseil canadien des ministres des forêts a développé un cadre qui définit l’aménagement forestier durable et qui fournit une base pour mesurer son évolution (CCMF 2003). Ce cadre se base sur six critères, chacun étant associé à plusieurs indicateurs. Les critères de base sont :

1) la diversité biologique, 2) la condition et la productivité de

l’écosystème, 3) le sol et l’eau, 4) le rôle des forêts dans les cycles

écologiques mondiaux, 5) les avantages économiques et sociaux, et 6) la responsabilité de la société.

Les changements climatiques risquent potenti-ellement d’affecter chacun de ces critères (Ogden et Innes 2007b).

ENCADRÉ 7

Un excellent exemple de cette approche est offert par Ogden et Innes (2007b). Ils utilisent les critères du Processus de Montréal qui diffèrent quelque peu de ceux adoptés par le CCMF. Pour chaque critère, ils proposent une étendue des conséquences des change-ments climatiques et des options d’adaptation qui peuvent être adoptées au niveau stratégique ou opéra-tionnel. Cette approche pourrait être adaptée au cadre du CCMF. Le cadre pourrait alors être utilisé dans la planification de l’aménagement forestier à travers le pays, augmentant ainsi la capacité d’adaptation du secteur forestier.

Stratégies forestières nationales Plusieurs stratégies forestières nationales canadiennes ont été créées depuis 1983. Elles ont évolué au cours des 20 dernières années, mettant de plus en plus l’accent sur l’aménagement forestier durable et le besoin de communautés et d’écosystèmes forestiers durables. En 2008, le CCMF a publié « Une vision pour les forêts du Canada : 2008 et au-delà » (CCMF

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2008). Cette publication était basée sur les documents de travail de la Coalition pour la stratégie nationale sur la forêt et des consultations à grande échelle dans l’ensemble du pays. Cette vision reconnaît deux thèmes clés : la transformation dans le secteur forestier, et les conséquences des changements climatiques et l’adap-tation. Nous le soulignons parce que nous croyons que c’est la preuve que le problème des changements clima-tiques est fermement ancré parmi les intervenants du secteur forestier. Les changements climatiques seront hautement prioritaires alors que la discussion se tournera vers la mise en œuvre de la vision stratégique. Ceci devrait permettre d’améliorer considérablement la capacité d’adaptation du secteur forestier.

La question des changements climatiques semble être fermement établie parmi les parties prenantes du secteur forestier.

Forêts modèles Le Canada est connu internationalement pour ses programmes de forêts modèles, qui sont le résultat du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, en 1992. Une forêt modèle est un partenariat avec les collectivités, structuré autour du désir de développer et d’appliquer des pratiques d’aménagement forestier durable. Le partenariat identifie les enjeux locaux, développe des pratiques d’AFD innovatrices et pertinentes locale-ment, et fournit un forum pour partager les résultats, résoudre les conflits et assurer l’égalité des avantages parmi les partenaires (Gilbert 2008). Le programme de forêts modèles a commencé au Canada, où il existe maintenant 14 forêts modèles. Le Réseau international des forêts modèles a été fondé au milieu des années 1990 et comprend maintenant environ 50 forêts modèles sur tous les continents sauf l’Antarctique.

Le programme de forêts modèles est bien placé pour appuyer et développer la capacité d’adaptation parmi les intervenants du secteur forestier.

Depuis plusieurs années, les changements climatiques sont devenus une priorité absolue pour le système des forêts modèles, à l’échelle nationale et internationale. Plusieurs forêts modèles canadiennes ont maintenant des projets locaux traitant des changements climati-ques et le Réseau canadien de forêts modèles a financé bon nombre d’initiatives nationales qui tiennent compte des changements climatiques dans plusieurs forêts modèles. Le Réseau international des forêts modèles a récemment tenu une réunion avec plus de 160 participants provenant de 33 pays et représentant toutes les forêts modèles dans le monde. Grâce à un exercice d’établissement des priorités en groupe, les participants ont établi les principales thématiques où ils souhaitent travailler en partenariat; les change-ments climatiques figuraient dans les trois premières. Le programme de forêts modèles est bien placé pour aider à appuyer et à développer la capacité d’adapta-tion parmi les intervenants du secteur forestier, à la fois au Canada et dans d’autres pays.

Établissements de recherche Dans un domaine à évolution rapide comme les chan-gements climatiques, l’accès aux résultats de recherche et l’intégration des chercheurs et des experts techniques sont essentiels. Les experts techniques reconnaissent la valeur de la recherche mais, généralement, ils n’ont pas le temps ou la capacité d’examiner les publications revues par un comité de lecture. Il a été démontré que le concept de la science intégrée (Van Damme et coll. 2008) est un modèle très réussi pour l’intégration des scientifiques et des experts techniques par le biais de la participation aux plans d’aménagement forestier. Les experts techniques se familiarisent avec les méthodes scientifiques et constatent en direct les résultats de la recherche. Les scientifiques obtiennent une compréhension des besoins des experts techniques et des contraintes du monde réel qui limitent souvent la recherche à des questions appliquées et ciblées.

Des organisations comme le Réseau de gestion durable des forêts, le Groupe de travail sur les changements climatiques du CCMF et d’autres où les chercheurs interagissent avec les décideurs sont également impor-tants pour établir les priorités de recherche. Nous promouvons également la création d’un centre d’excel-lence national virtuel sur les changements climatiques et l’aménagement forestier. Les experts techniques ont besoin d’un « guichet unique » reconnu où ils peuvent

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accéder à des résultats fiables de science appliquée, associée aux conséquences, et à des lignes directrices d’adaptation. En particulier, la recherche qui intègre la biophysique et les sciences sociales est nécessaire pour supporter la prise de décision en aménagement forestier.

La collaboration et la communication entre les chercheurs et les experts techniques sont indispensables. L’interaction avec les décideurs est également importante.

2.3.5 Capital humain et social3 (p. ex., compétences, éducation, réseaux)

La profession forestière a une longue histoire au Canada, ses premières écoles professionnelles étant fondées au tout début du XXe siècle. La profession jouit d’un bon encadrement sous la forme de corpora-tions professionnelles dans pratiquement toutes les provinces, certaines ayant les droits légaux d’approba-tion des plans d’aménagement et d’autres activités d’aménagement forestier. Les corporations profession-nelles appliquent des normes pour l’éducation et les pratiques conformes à la déontologie et fournissent des mesures incitatives pour la formation continue. La recherche en science forestière et en aménagement forestier est effectuée dans les écoles professionnelles et les organismes gouvernementaux dans l’ensemble du Canada. Il en résulte que nous disposons d’une des communautés d’aménagement forestier les plus avancées et techniquement perfectionnées au monde. Le domaine forestier au Canada a développé un fort ensemble de principes pour l’aménagement forestier durable. Au niveau de base de l’aménagement forestier, la capacité d’adaptation des professions du domaine forestier au Canada est élevée.

Bien que la capacité d’adaptation de la profession forestière soit généralement élevée, le manque de compétences scientifiques est une contrainte importante pour la planification en matière de changements climatiques.

Dans certaines régions du pays (p. ex., les plaines boréales), des discussions avec des aménagistes de l’in-dustrie et du gouvernement ont indiqué que le manque de connaissances était une contrainte impor-tante pour la planification en fonction des changements climatiques. L’expertise des entreprises forestières et des organismes d’aménagement varie considérablement; certains emploient un grand nombre de scientifiques ayant un doctorat, alors que d’autres n’ont que très peu de compétences scientifi-ques avancées. Un fait qui exacerbe le manque de compétences scientifiques est l’indisponibilité d’une information actuelle sur les conséquences des change-ments climatiques aux échelles spatiales et temporelles pertinentes pour la planification de l’aménagement forestier et les opérations.

Dans les organisations ayant les compétences scientifi-ques, l’information disponible peut être modifiée (p. ex. en réduisant l’échelle des résultats des modèles mondiaux, en utilisant des modèles de simulation d’écosystèmes) pour la rendre plus pertinente. Cepen-dant, la plupart des organisations auront besoin d’une expertise externe pour ces types d’analyses. De plus, les agences gouvernementales qui manquent de compétences scientifiques peuvent être incapables d’examiner les plans d’aménagement forestier conte-nant des analyses sur les changements climatiques.

3 Le capital humain est une mesure des compétences, de l’éducation, de l’expérience et des connaissances des individus et des groupes. La somme collective

du capital humain d’un groupe est une importante mesure de la capacité de ce groupe à s’adapter à certains changements externes.

Le capital social mesure la dimension, la densité et les caractéristiques du réseau d’un individu ou d’un organisme. Un capital social élevé peut faciliter l’accès à l’information, aux mesures et aux réponses collectives et aux ressources qui ne seraient pas disponibles autrement à un individu ou un organisme. La confiance est une importante caractéristique des réseaux fonctionnels.

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Les autorités chargées de la réglementation qui manquent de compétences scientifiques peuvent être incapables d’examiner les plans d’aménagement forestier contenant des analyses sur les changements climatiques.

Nous avons également appris que les compagnies, et plus particulièrement les autorités chargées de la réglementation (gouvernement), sont chroniquement à court de personnel; cette situation réduit encore davantage leur capacité d’adaptation. Dans certains cas, les aménagistes forestiers travaillent pour de petites entreprises en régions rurales isolées, ce qui réduit encore plus leur accès à une information pertinente sur les conséquences et l’adaptation.

Finalement, la plupart des compagnies forestières aujourd’hui se concentrent sur leur survie en raison du ralentissement économique, de l’augmentation de la concurrence des producteurs étrangers et des restructurations à grande échelle dans l’industrie. Même les compagnies qui prennent les changements climatiques au sérieux et qui ont les compétences scientifiques adéquates déclarent qu’il est difficile d’en tenir compte quand la survie quotidienne est leur préoccupation première.

Les organisations forestières peuvent fournir de l’information et des programmes de formation continue.

Le capital social offre d’autres façons d’améliorer la capacité d’adaptation (Williamson et coll. 2007). Les aménagistes forestiers de l’industrie considèrent que l’APFC est une organisation importante qui fournit le soutien technique et politique aux compagnies; l’infor-mation obtenue de l’APFC est considérée comme crédible et pertinente. Comme il a été mentionné, ceci suggère que l’APFC est un bon partenaire pour motiver

et instruire l’industrie forestière sur les conséquences des changements climatiques et sur l’adaptation.

Les associations forestières professionnelles provin-ciales et l’Institut forestier du Canada (IFC) offrent des programmes de formation continue qui pourraient jouer, ou qui jouent, un rôle dans la communication de l’information sur les changements climatiques pertinente au secteur forestier. Le programme innova-teur de l’IFC sur le Web (« webinaire ») a déjà mis en évidence les changements climatiques et inclura davantage de séances à ce sujet dans l’avenir. La plupart des associations professionnelles provinciales exigent que leurs membres suivent un programme actif de formation continue; ces programmes sont essentiels pour maintenir leur capacité d’adaptation.

2.3.6 Information et gestion de l’information

Disponibilité de l’information La disponibilité et l’interprétation de l’information pertinente affectent clairement la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers, planificateurs et décideurs. Ailleurs dans ce rapport, nous avons abordé la produc-tion et l’accessibilité de l’information.

La disponibilité et l’interprétation de l’information pertinente sont essentielles.

Nous récapitulons quelques points ici, avec quelques observations supplémentaires :

• Beaucoup d’information existe sur les changements climatiques (p. ex., rapports d’évaluation du GIEC, évaluation des changements climatiques nationaux, autres sources), mais...

• Il manque souvent d’information à des échelles utiles pour la prise de décisions au niveau local.

• Certains renseignements pourraient être obtenus en réduisant l’échelle des données existantes sur le climat, mais cela exigerait une expertise très avancée et impliquerait beaucoup d’incertitude.

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• La modélisation peut aider, mais elle a aussi ses limites.

• Le manque de compétences scientifiques peut quelquefois limiter la capacité des planificateurs à interpréter et à utiliser les données existantes.

• La « science intégrée » peut aider à produire et à partager l’information pertinente.

• Nous devons élaborer des directives générales pour aider à intégrer des considérations sur les changements climatiques dans les plans d’aménagement forestier.

• Certaines structures déjà en place pourraient être adaptées pour aider à tenir compte des changements climatiques, explicitement dans la planification de l’aménagement forestier et les opérations forestières (p. ex., normes de certification forestière, cadre d’AFD du CCMF).

Rôle de la modélisation Il y a généralement un haut niveau d’incertitude concernant la direction, l’amplitude et le synchro-nisme des conséquences des changements climatiques (Spittlehouse 2005, Williamson et coll. 2006). Une adaptation efficace exigera l’utilisation de modèles qui simulent la façon dont les forêts peuvent être affectées par les changements climatiques futurs et peuvent répondre à diverses mesures d’adaptation. Nous devons améliorer ces modèles et intégrer leurs résul-tats dans les outils d’aide à la prise de décisions et à la planification de l’aménagement forestier (nous en discutons davantage à la section 3.3). Simultanément, nous devrons reconnaître les limites des modèles et le fait que les changements climatiques entraîneront probablement des événements qui ne peuvent pas être anticipés. Une approche complémentaire est la construction de scénarios, dans laquelle la question n’est pas « que va-t-il se passer? », mais plutôt « que feriez-vous si cela se passait? »

Partage de renseignements au sein des organisations et entre les organisationsLes plus grandes organisations ont généralement des mécanismes de partage de connaissance adéquats. Ils peuvent comprendre des séances de formation interne, des bulletins d’information et des réunions périodiques. Cependant, le système de partage des informations

varie d’une entreprise à l’autre. Certains dirigeants perçoivent la connaissance comme un pouvoir et ils ne souhaitent la partager qu’avec ceux qui ne pourront pas l’utiliser contre eux. Dans une culture qui accorde peu de valeur aux nouvelles informations ou aux nouvelles façons de penser, l’innovation sera entravée et la capacité d’adaptation sera limitée.

Plusieurs publications sont offertes sur Internet.

Plusieurs organisations (p. ex., CCMF, Service canadien des forêts/Ressources naturelles Canada, et ministère des Richesses naturelles de l’Ontario) ont produit ou produisent des rapports sur les conséquences des changements climatiques, la capacité d’adaptation et les options d’adaptation. Plusieurs de ces publica-tions sont aisément accessibles sur Internet. Nous nous attendons à ce que les renseignements pertinents sur le climat deviennent de plus en plus accessibles par diverses sources, comme l’APFC et d’autres organisa-tions industrielles, agences gouvernementales et réseaux de recherche.

2.3.7 Gestion des risques

Les compagnies forestières, comme toutes les autres, pratiquent la gestion des risques selon le cadre normal des affaires. Cependant, certains aspects de l’aménage-ment forestier rendent la gestion des risques plus difficile. Par exemple, l’engagement dans des décisions à long terme rend difficile le changement des espèces dans un peuplement forestier après qu’elles ont été implantées. Si une infestation d’insectes se manifeste, des traitements onéreux après coup sont habituellement la seule option viable (pulvérisation de pesticides, récolte de récupération), au lieu d’effectuer le rempla-cement de ces essences par des espèces moins vulnérables. En ce qui concerne les effets des change-ments climatiques, le rythme d’évolution prévu d’après les scénarios de conditions climatiques futures dépassera probablement la période de révolution de plusieurs essences commerciales.

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La diversification peut aider à gérer les risques.

Une approche de base de la gestion des risques en entreprise est de diversifier le portefeuille des actifs détenus. Dans un contexte forestier, ceci pourrait signifier la diversification du mélange d’essences ou des provenances employées. Cependant, les aména-gistes forestiers sont contraints par l’environnement

naturel (c’est-à-dire que seules certaines espèces peuvent pousser dans un lieu donné). Ils sont égale-ment limités par les politiques qui stipulent habituellement que toute espèce récoltée doit être replantée. Ces contraintes peuvent limiter la capacité de diversifier le mélange d’espèces dans le paysage. De plus, certains aménagistes ne s’intéressent qu’à ce qui a réussi dans le passé sans se soucier de planter des espèces différentes. La diversification des familles de produits pourrait être une autre stratégie, comme nous l’avons mentionné plus tôt.

POINTS CLÉS

Capacité d’adaptation de l’aménagement forestier canadien

• L’importance de la sensibilisation aux changements climatiques dans le cadre de l’aménagement forestier augmente au Canada, bien que les conséquences sur un site particulier et leurs options d’adaptation ne soient pas toujours bien comprises.

• La disponibilité des options technologiques d’adaptation est variable; le coût est souvent un facteur limitant.

• L’investissement dans l’innovation dans le secteur forestier canadien est généralement faible, limitant ainsi la capacité de développement de solutions innovatrices aux conséquences des changements climatiques. De plus, les ressources manquent souvent pour appuyer les estimations de la vulnérabilité et la planification de l’adaptation.

• Les barrières institutionnelles limitent considérablement la mise en œuvre des options d’adaptation. Les analyses de la politique actuelle pourraient aider à définir les points qui entraveront probablement l’adaptation.

• L’aménagement forestier canadien dispose d’un nombre d’institutions qui augmentent la capacité d’adaptation, p. ex. l’APFC, le réseau des forêts modèles, les programmes de certification forestière, la stratégie forestière nationale, les associations professionnelles, et d’autres.

• La capacité de la recherche portant sur l’aménagement forestier est élevée au Canada, mais jusqu’ici elle n’a pas étudié les changements climatiques dans son ensemble. La mobilisation de cette capacité au moyen d’un effort concerté de la recherche sur les conséquences des changements climatiques et sur l’adaptation offrirait des avantages considérables pour le secteur forestier du Canada.

• Il existe un manque de compétences scientifiques pour la compréhension et la façon d’aborder les changements climatiques dans le secteur forestier canadien, et il manque également d’information à des échelles spatiales et temporelles pertinentes pour la planification et la prise de décisions en matière d’aménagement forestier.

• Les nouveaux outils de modélisation aideront à mieux comprendre l’effet des changements climatiques et le rôle d’interventions d’aménagement potentielles dans les activités d’adaptation.

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2.4 Options d’adaptation

Le secteur forestier du Canada sera confronté à des changements climatiques dont le rythme et l’ampleur des conséquences n’ont pas de précédent historique. Il devra donc s’adapter (Lazar 2005, McKinnon et Webber 2005, Lemprière et coll. 2008) et il devra le faire sans pouvoir bénéficier d’une expérience antérieure.

Certains principes directeurs ou stratégies d’adaptation utiles comprennent ce qui suit (tiré de Peterson 2008) :

1. Augmentation de la diversité des paysages;2. Conservation de la diversité biologique;3. Planification de l’aménagement après une

perturbation, comme le reboisement;4. Application de la détection précoce et

de l’intervention rapide;5. Gestion pour l’obtention de résultats réalistes

(établir la priorité des projets ayant une forte probabilité de succès; abandonner les causes désespérées);

6. Intégration des changements climatiques dans la restauration (réduire l’accent mis sur les références historiques; réduire l’utilisation de directives basées sur des relations statiques, p. ex., les associations végétales);

7. Conception de réglementations et de politiques axées sur le climat;

8. Anticipation de grandes surprises (il faut s’attendre à des sécheresses plus longues, des feux plus vastes, des disparitions d’espèces, des changements majeurs dans les fonctions des écosystèmes; utilisation de la conception de scénarios pour développer des interventions potentielles).

Quelques exemples d’options d’adaptation possibles sont énumérés au tableau 2. Pour plus d’éclaircissement, consultez par exemple Spittlehouse et Stewart  (2003) et Ogden et Innes (2007b). Notez que les recommandations d’adaptation générales doivent être personnalisées en fonction de conditions d’opérations et de paysages forestiers particuliers.

2.5 Activités et programmes en cours dans l’ensemble du Canada

La section suivante propose une vue d’ensemble des activités et des programmes en cours ayant trait aux conséquences des changements climatiques et à l’adaptation dans différentes régions du Canada.

Bien que les changements climatiques ne soient généralement pas reconnus dans les politiques et planifications forestières au Canada, il existe cependant quelques exceptions notables. Le programme provin-cial le plus avancé est possiblement la Future Forest Ecosystem Initiative (Initiative des écosystèmes forestiers de l’avenir) de la Colombie-Britannique décrite ci-dessous. Quelques compagnies forestières ont aussi intégré des considérations sur les changements climatiques dans leurs plans d’aménagement forestier, comme il a été mentionné, bien qu’en général ces efforts se trouvent à un stade préliminaire.

Le Ministry of Forests and Range de la Colombie-Britannique (BCMoFR) a établi la Future Forest Ecosystem Initiative (FFEI) en 2005. Ce programme élabore des scénarios de changements climatiques, analyse les conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers, et examine la politique actuelle pour établir ce qui doit être modifié pour faciliter l’adaptation (Spittlehouse 2008). Les projets individuels comprennent une évaluation de la vulnérabilité à l’échelle de la province (Don Morgan, communication personnelle) et des projets locaux comme la Stratégie sur la forêt future de Kamloops (Kamloops Future Forest Strategy) (Encadré 8).

Les analyses du climat et de l’écosystème de la zone d’approvisionnement forestier de Kamloops sont terminées. Les spécialistes des ressources (matière ligneuse, conservation de l’eau, faune, etc.) font maintenant l’interprétation de ces conséquences en ce qui concerne leurs effets sur les ressources forestières (BCMoFR 2008a).

Finalement, le BCMoFR a récemment mis à jour les directives de transfert de semences pour augmenter les limites d’altitude dans les zones de transfert des semences de 100 m à 200 m en prévision des effets du réchauffement des environnements montagneux. Ces directives sont entrées en vigueur le 1er avril 2009 (BCMoFR 2008b).

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Tableau 2 Résumé des options d’adaptation possibles pour l’aménagement forestier canadien2

Planter des génotypes de remplacement ou de nouvelles espèces en prévision du climat futur si les données sont disponibles pour supporter la décision

S’entendre sur des scénarios climatiques normalisés pour analyse

Modifier les zones de transfert de semences pour reconnaître les changements climatiques potentiels

Développer des technologies pour utiliser le bois selon ses nouvelles qualités et dimensions ainsi que des espèces non traditionnelles

Consentir à augmenter les coupes de récupération en réponse à l’augmentation du nombre de feux et d’infestations d’insectes

Tenir compte des variables du climat dans les modèles de croissance et de rendement, et incorporer les effets des changements climatiques dans les calculs de possibilité ligneuse à long terme et dans les plans d’aménagement forestier

Tenir compte des changements climatiques dans l’utilisation du territoire et les plans d’aménagement forestier et envisager des modifications d’affectation à certains endroits (forêt contre agriculture, et vice versa)

Raccourcir la période de révolution

Développer des pratiques de prévention des feux (de type intelli-feu) pour les paysages et les communautés

Gérer le paysage afin de diminuer la prolifération d’insectes et de maladies

Adopter des principes d’évaluation des risques et des principes d’aménagement adaptatif

Diversifier l’éventail des actifs forestiers de la société

Mettre au point et implanter des systèmes et des pratiques de récolte de remplacement

Prendre en considération les changements climatiques dans la planification, la construction et le remplacement des infrastructures

Se préparer à un approvisionnement en matière ligneuse marqué par les variations

Engager un dialogue avec le public sur les valeurs forestières et l’aménagement forestier en période de changements climatiques

Maintenir la connectivité dans un paysage diversifié et dynamique

Exercer une surveillance pour connaître la nature et le moment des changements

Restructurer les institutions, ou en mettre de nouvelles en place, qui favorisent les mesures d’adaptation économiquement rentables et efficaces et qui fournissent aux aménagistes forestiers les outils nécessaires pour atteindre les objectifs d’aménagement

Modifier les objectifs d’aménagement forestier durable et les moyens de les atteindre

Se préparer à la réduction de la récolte en hiver

Se préparer à l’augmentation de la fréquence des feux de forêt

2 Adapté de Williamson et coll. (2009).

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L’Alberta est sur le point de compléter une analyse provinciale de vulnérabilité aux changements climatiques. Elle comprend de l’information sur les conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers et un examen de la capacité d’adaptation et des options d’adaptation. Le Alberta’s Sustainable Resource Development ministry (SRD) collabore avec l’Alberta Forest Genetics Resources Council et le BC Ministry of Forests and Range pour analyser les données de tests de provenance historique afin d’identifier les populations qui sont résistantes à la sécheresse et aux organismes nuisibles. Les travaux en cours se concen-trent sur l’épinette blanche (Rweyongeza et coll. 2007a) ainsi que sur le pin tordu latifolié et le pin gris (Rweyongeza et coll. 2007b). Ils envisagent de modifier la zone de transfert de semences pour s’adapter aux effets des changements climatiques futurs et ils prépa-rent un programme de conservation génétique provincial (Leonard Barnhardt, communication personnelle).

La Saskatchewan finance une analyse préliminaire des conséquences des changements climatiques. Elle pourrait décider d’effectuer davantage d’analyses sur les options d’adaptation dans l’avenir. Une partie de l’analyse des conséquences inclura de l’information existante sur les conséquences affectant les écosystèmes forestiers de la province.

Le gouvernement du Manitoba a établi plusieurs nouvelles initiatives qui favoriseront l’adaptation aux changements climatiques (Jocelyn Baker, communica-tion personnelle). Le nouveau Forest Health Protection Act (Loi sur la protection de la santé des forêts) permettra le développement d’une réglementation et de stratégies d’aménagement pour tout nouvel organisme nuisible potentiel qui pourrait migrer dans les forêts du Manitoba en raison de changements climatiques (p. ex., l’agrile du frêne et le dendroctone du pin ponderosa). La Direction des forêts du Manitoba effectue des tests de provenance à travers la province, pour tester des sources de semences dans différents secteurs du Manitoba. Ces essais permet-traient la surveillance des conséquences des changements climatiques sur les tendances de crois-sance des arbres et pourraient jouer un rôle important dans le développement de stratégies d’adaptation appropriées, comme le déplacement des sources de semences méridionales plus au nord.

Le Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (OMNR) a établi un programme d’intervention et de stratégies sur les changements climatiques contenant neuf stratégies (OMNR 2006) :

Stratégie sur la forêt future de Kamloops

Cette initiative comporte une analyse détaillée des conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes et une analyse des politiques en vigueur dans les environs de Kamloops (C.-B.). La zone (approximativement 6 000 km2) comprend de nombreux objectifs d’aménagement qui se chevauchent, divers types d’écosystèmes, et des conséquences des changements climatiques anticipés considérables (BCMoFR 2008a). Les objectifs spécifiques comprennent :

• la clarification de l’intention et du chevauchement de plusieurs plans et stratégies pour la zone d’approvisionnement forestier de Kamloops;

• l’évaluation des options d’aménagement en fonction des conditions souhaitées dans le futur;

• l’offre d’options d’aménagement en fonction de scénarios de changements climatiques;

• l’atténuation des risques par rapport aux valeurs environnementales afin d’assurer que les objectifs pour la matière ligneuse et les autres valeurs ne sont pas mis en danger;

• la détermination des données manquantes et des incertitudes; et

• le développement d’un modèle d’aménagement pour des objectifs multiples dans un environnement changeant.

ENCADRÉ 8

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1. La collecte et l’utilisation de connaissances pour assister une prise de décision éclairée au sujet des changements climatiques. Ceci comprend la recherche sur les conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes et les ressources naturelles en Ontario.

2. L’utilisation de cadres spatiaux et temporels pertin-ents pour l’aménagement en fonction des change-ments climatiques. Le support pour déterminer les conséquences sera un système de classification des terres pour les écosystèmes de l’Ontario.

3. La collecte d’informations sur les valeurs du patri-moine naturel et culturel fait en sorte que les connaissances soient employées dans le cadre du processus décisionnel établi pour gérer les consé-quences des changements climatiques.

4. L’utilisation de partenariats pour organiser une intervention coordonnée aux changements climatiques.

5. L’assurance que la culture et les fonctions organisa-tionnelles (du MRNO) collaborent pour soutenir les efforts en vue d’affronter les changements climatiques rapides. Le ministère des Richesses naturelles soutient ceux qui sont engagés dans la gestion des enjeux causés par les changements climatiques.

6. L’établissement de programmes d’aménagement sur le site conçus pour planifier écologiquement, gérer des puits de carbone, diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et développer des outils et des techniques qui aident à atténuer les conséquences des changements climatiques.

7. La réflexion et la planification stratégiques pour se préparer en prévision de catastrophes naturelles ainsi que le développement et l’application de stratégies d’adaptation.

8. L’assurance que la politique et la législation répondent aux enjeux des changements climatiques

9. La communication. Le MRNO s’occupera d’accroître la compréhension et de la conscientisation du public envers les changements climatiques par des programmes d’éducation, d’éducation permanente et de formation.

En 2007, l’Ontario a créé le Comité d’experts sur l’adaptation au changement climatique, constitué de 11 chercheurs principaux et d’experts sur l’environne-ment. Le gouvernement a demandé au comité de présenter ses recommandations pour l’avenir.

Le programme de recherche et d’application sur les changements climatiques du Québec est réalisé par Ouranos, un consortium de 14 partenaires, dont le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral et de nombreux instituts de recherche universitaire. Ouranos est également le centre national de dévelop-pement des modèles climatiques régionaux pour le Canada, c’est-à-dire des modèles dont la résolution spatiale est de 40 à 50 km. Ouranos dispose d’un programme sur les conséquences et l’adaptation, dont un volet sur les ressources forestières. Il se préoccupe surtout de la productivité des forêts, des conséquences des changements dans les perturbations naturelles et des conséquences des changements climatiques sur les espèces feuillues et les sols forestiers. L’adaptation aux changements climatiques par des modifications à l’aménagement forestier entre également dans le cadre du programme (Ouranos 2008).

De plus, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec a entrepris en 2008 une étude de vulnérabilité sur les effets des changements climatiques dans la forêt et le secteur forestier. Au cours de la première année, des placettes-échantillons ont été établies sur le terrain pour mesurer les effets du réchauf-fement du sol et de l’arrosage d’arbres particuliers sur la croissance des arbres. Une autre étude sur le terrain comporte le déplacement d’échantillons de sol du Nord vers le Sud pour en étudier le comportement dans un climat plus chaud. L’examen de la documentation s’achève sur l’écologie de 40 essences pour identifier les facteurs clés de leur vulnérabilité au climat. Employant des données d’inventaire, une étude est en voie de réalisation sur la relation entre la croissance des arbres et le climat (Michel Campagna, communication personnelle).

Le Nouveau-Brunswick a un programme important traitant de l’atténuation des changements climatiques. Il introduit une politique de biomasse forestière sur les terres de la Couronne, examinant des options d’utilisation de terres agricoles abandonnées pour la séquestration de carbone en agriculture et en foresterie. Il collabore avec le gouvernement fédéral pour s’as-surer que les perspectives de crédits de compensation en fixation de carbone de l’aménagement forestier au Nouveau-Brunswick sont pleinement reconnues. Il collabore également avec le gouvernement fédéral et d’autres organismes sur la séquestration du carbone forestier et les puits de carbone. Pour ce qui est des

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conséquences et de l’adaptation, le Nouveau-Brunswick effectue l’analyse initiale de l’intégration des considérations des changements climatiques dans le plan d’aménagement forestier de 2012-2017. Il évalue également les perspectives d’amélioration de la surveil-lance et de la suppression des feux de forêt et des organismes nuisibles (Mike Bartlett, communication personnelle).

L’Île-du-Prince-Édouard effectue une étude des conséquences des changements climatiques sur les essences de l’île, en coopération avec Charles Bourke de la Faculté de foresterie de l’Université du Nouveau-Brunswick.

Le Yukon a achevé une étude des conséquences des changements climatiques sur les principales essences (Nitschke 2009). Davantage de travaux sur les consé-quences et l’adaptation sont en cours.

Les Territoires du Nord-Ouest effectuent un examen et une mise à jour de leurs politiques d’aménagement forestier et intégreront les considérations sur les chan-gements climatiques dans leurs nouvelles politiques.

Initiatives fédérales et pancanadiennesLe Conseil canadien des ministres des forêts a établi un nouveau projet sur les changements climatiques en mars 2008, en se basant sur la directive des premiers ministres provinciaux émise lors de la réunion du Conseil de la fédération en janvier 2008. Le projet comprendra une analyse nationale de la compréhension actuelle des conséquences des changements climatiques, de la capacité d’adaptation et des options d’adaptation du secteur forestier. Le projet est structuré autour de trois éléments :

• La phase 1 est une étude sur l’adaptation des essences. Elle comprend un examen de l’information actuelle sur les potentiels d’adaptation génétique et d’ajustements physiologiques, et de l’information sur les changements climatiques, les insectes et les maladies au niveau des essences.

• La phase 2 inclura une analyse des conséquences des changements climatiques, au niveau de l’écosystème, sur les processus de l’écosystème comme les perturbations à grande échelle, le cycle des éléments nutritifs, etc.

• La phase 3 se concentrera sur l’aménagement forestier et les politiques forestières en mettant l’accent sur l’évaluation de la capacité d’adaptation, le développement d’un cadre pour aider les aménagistes forestiers à effectuer des analyses de vulnérabilité et les orientations recommandées visant à augmenter la capacité d’adaptation et à établir des options d’adaptation.

Les phases 2 et 3 seront effectuées lors d’une évalua-tion de la politique d’adaptation décrite par Füssel et Klein (2006). Ces auteurs montrent le moyen de combiner les conséquences biophysiques, l’évaluation de la capacité d’adaptation et les orientations recom-mandées en une seule analyse intégrée pour fournir une base qui facilitera et qui mettra en œuvre des mesures d’adaptation. Le projet du CCMF devrait être complété vers la mi-2011.

Ressources naturelles Canada a récemment annoncé un nouveau programme pour établir des Initiatives de collaboration pour l’adaptation régionale (ICAR). L’objectif est de catalyser les interventions de façon à réduire la vulnérabilité aux changements climatiques, en faisant avancer la planification de l’adaptation et la prise de décisions (Ressources naturelles Canada 2009). Le programme ICAR supportera la collaboration au niveau régional entre le gouvernement, les organismes non gouvernementaux et les experts techniques pour faciliter la planification de l’adaptation et la prise de décision locale. Six initiatives régionales sont prévues. La responsabilité principale de l’organisation et de l’administration sera assumée par les administrations provinciales.

Le Réseau canadien de forêts modèles comprend 14 forêts modèles au Canada. Une forêt modèle est un partenariat avec les collectivités, structuré autour du souhait de développer et d’appliquer des pratiques d’aménagement forestier durable. Le partenariat établit les enjeux locaux, développe des pratiques innovatrices d’AFD pertinentes localement et fournit un forum pour le partage de résultats, la résolution de conflits et l’assurance de l’égalité des avantages parmi les partenaires. Plusieurs forêts modèles canadiennes ont des projets locaux ayant trait aux changements climatiques, et le Réseau des forêts modèles du Canada a financé plusieurs initiatives nationales qui tiennent

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compte des changements climatiques dans plusieurs forêts modèles, p. ex. un projet sur les changements climatiques et les collectivités tributaires de la forêt a été achevé en 2007 (Williamson et coll. 2007).

Le Programme de conservation des ressources géné-tiques forestières du Canada (CONFORGEN) a été fondé en 2006. CONFORGEN a pour but d’augmenter la collaboration sur les ressources génétiques forestières entre les différentes provinces du Canada. Ces dernières bâtissent un site Web où de l’information sur l’état de la conservation génétique des essences du Canada sera disponible.

2.6 Études d’Europe et des États-Unis

Nous pouvons également acquérir des connaissances des activités et des programmes provenant de diverses régions du monde. Par exemple, une évaluation paneuropéenne appelée « SilviStrat » (Kellomäki et Leinonen 2005) a exploré les conséquences des chan-gements climatiques sur la productivité forestière, la séquestration de carbone et la biodiversité. En général, ils ont découvert que la productivité forestière et la séquestration de carbone augmentaient en Europe septentrionale et centrale, mais qu’elles diminuaient en Europe méridionale en raison de l’effet de la sécheresse. Comme stratégie d’adaptation, ils recommandent de planter de nouvelles espèces qui sont tolérantes à la sécheresse et résistantes au gel. Ils recommandent également l’augmentation de l’intensité des éclaircies dans les zones où la productivité augmentera probable-ment. En général, ils ont découvert que les politiques environnementales actuelles soutenaient l’adaptation sauf dans les cas où la politique limitait la capacité d’introduire de nouvelles essences.

Une évaluation pan-européenne a recommandé de planter des arbres qui sont tolérants à la sécheresse et résistants au gel.

Une autre étude, le projet ATEAM (Advanced Terrestrial Ecosystem Analysis and Modelling, analyse et modéli-sation avancées de l’écosystème terrestre), a examiné

l’effet des changements climatiques sur les écoservices dans toute l’Europe en utilisant un cadre formel d’esti-mation de la vulnérabilité (Schröter et coll. 2005). Parmi bien d’autres services, l’étude a considéré la production forestière et la séquestration de carbone. Ils ont trouvé que la croissance forestière et la séquestration de carbone devraient augmenter vers le milieu du XXIe siècle, mais qu’elles diminueront par la suite en raison d’une augmentation de la respiration des sols, bien que cela dépende du scénario climatique considéré. Ils ont également trouvé que les activités d’aménagement forestier comptaient pour 60 à 80 % des changements dans le matériel sur pied entre les exercices 2000 et 2100, les changements climatiques expliquaient 10 à 30 % de la différence, et les changements dans l’affecta-tion du territoire avaient la plus faible conséquence avec 5 à 22 %.

Le U.S. Climate Change Science Program produit actuellement un large éventail de rapports sur les conséquences des changements climatiques et l’adap-tation. L’une de ces études se préoccupe des effets des changements climatiques sur l’agriculture, les ressources foncières, les ressources en eau et la biodi-versité (Backlund et coll. 2008) et elle contient une section sur les forêts. Les conséquences sont résumées comme suit :

• Les changements climatiques ont fort probablement augmenté la taille et le nombre des feux de forêt, d’infestations d’insectes et de mortalité des arbres dans le centre Ouest, le Sud-ouest, et l’Alaska, et continuera de le faire.

• Une hausse du CO2 augmentera probablement la photosynthèse des forêts, mais cette augmentation n’accroîtra probablement que la production du bois dans les forêts jeunes sur sols fertiles.

• Les températures plus élevées et les dépôts d’azote ont très probablement augmenté la croissance des forêts où l’approvisionnement en eau n’est pas limité et continueront de le faire dans l’avenir.

• Les effets combinés de l’augmentation attendue de la température, du CO2, des dépôts d’azote, de l’ozone et des perturbations forestières sur les processus des sols et la séquestration de carbone dans le sol restent vagues.

Un autre rapport traite des options d’adaptation pour les écosystèmes et les ressources sensibles au climat

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(Julius et West 2008). Ils résument leurs recommanda-tions pour l’aménagement forestier comme suit (« Agence » fait référence au U.S. Forest Service) :

• l’intégration des considérations liées aux changements climatiques à tous les niveaux de planification de l’Agence;

• la reformulation du rôle de l’incertitude dans l’aménagement du territoire : l’aménagement pour le changement;

• soigner et cultiver le capital humain à l’intérieur de l’Agence;

• la conception de partenariats pour améliorer l’aménagement des ressources naturelles en fonction d’un climat changeant;

• l’augmentation d’une collaboration efficace dans tous les paysages aménagés par le gouvernement fédéral;

• l’établissement de priorités pour aborder les changements potentiels aux populations, espèces, abondances des communautés, structures, compositions et étendues, incluant la disparition et l’extinction potentielles d’espèces en raison des changements climatiques;

• la réduction des facteurs de stress actuels (p. ex., pollution de l’air);

• le développement de systèmes de détection précoce des conséquences des changements climatiques et de réponse rapide en vue de l’aménagement après perturbation.

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Recommandations3.03.1 Recommandations pour

l’aménagement

Les changements climatiques ont des conséquences pour les aménagistes forestiers et les planificateurs de l’industrie et des organismes gouvernementaux. Les points clés et les recommandations sont indiqués ci-dessous.

Analyse de la vulnérabilité Les aménagistes forestiers peuvent apprendre beaucoup à partir de l’analyse des vulnérabilités relatives au climat actuel. Des approches structurées de l’estimation de la vulnérabilité existent (Smit et Pilofosova 2001, Johnston et Williamson 2007). En employant ces cadres et en adoptant une approche collaborative (« science intégrée ») avec des scientifiques, les aménagistes forestiers peuvent accomplir des progrès considérables pour comprendre et réduire leur vulnérabilité actuelle, tout en se positionnant eux-mêmes de façon à mini-miser les conséquences négatives des changements climatiques futurs.

Application d’options « sans regret »Les aménagistes forestiers doivent définir et appliquer des options « sans regret » adaptées à leur région, c’est-à-dire des mesures qui seraient avantageuses, même si les changements climatiques ne se produisaient pas. Ces activités, comme la réduction du risque de feu autour des communautés et des infrastructures importantes (pratiques de prévention des feux) ont été largement adoptées par plusieurs juridictions, et elles fournissent une protection contre les feux aujourd’hui de même qu’une réduction du risque de feux dans les conditions

climatiques futures. La mise en place de nouveaux tests de provenance et l’analyse des données des tests existants aideront à connaître quelles provenances peuvent bien réagir aux changements climatiques. Les aménagistes peuvent songer à planter de petits peuple-ments d’espèces exotiques, ou non indigènes, pour observer leur réponse aux changements climatiques au cours des prochaines décennies. Bien sûr, il faut tenir compte des politiques actuelles de biodiversité et des préoccupations connexes.

Renforcement des capacités – apprentissage des changements climatiquesLe renforcement des capacités associées aux conséquences des changements climatiques et des options d’adaptation disponibles doit être soutenu par l’industrie et le gouvernement. Des organismes comme l’Institut forestier du Canada, les associations professionnelles provinciales, l’Association des produits forestiers du Canada et autres ont des programmes éducatifs qui pourraient être utilisés pour former les aménagistes en matière de changements climatiques. L’approche de la science intégrée peut également présenter un avantage supplémentaire, soit le renfor-cement des capacités permettant aux aménagistes et scientifiques de travailler côte à côte.

L’utilisation de pratiques d’aménagement forestier durable; considération des changements climatiques Les aménagistes et les responsables des politiques doivent prendre soin de réviser les principes d’aména-gement forestier durable (AFD) et vérifier qu’ils sont bien mis en pratique. Dans la mesure où ces principes

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sont intégrés aux activités quotidiennes, les aménagistes forestiers seront en meilleure posture pour commencer la planification en fonction des changements climatiques. Les aménagistes peuvent alors employer l’AFD pour développer des renseignements plus détaillés sur les conséquences des changements climatiques et les options d’adaptation. Un besoin particulier serait d’augmenter la surveillance des écosystèmes forestiers pour détecter les premiers signes des conséquences des changements climatiques.

Intégration des considérations sur les changements climatiques (dans les activités normales) Les aménagistes devraient considérer les moyens d’intégrer les considérations sur les changements climatiques dans les pratiques d’aménagement forestier existantes. Les exemples associés à la planification de l’aménagement forestier esquissés ci-dessus ont démontré leur efficacité, en dépit du manque d’appro-ches et de lignes directrices pour la réalisation des analyses. D’autres perspectives d’intégration compren-nent l’intégration des préoccupations des changements climatiques dans les programmes d’amélioration géné-tique des arbres, l’implantation et la construction des routes, les passages de cours d’eau et autres.

3.2 Recommandations pour les politiques

Les politiques doivent évoluer pour tenir compte de l’incertitude; la flexibilité est nécessaire.

Accommoder l’incertitude – encourager l’innovation et l’adaptation Les changements climatiques exigeront de l’innovation en aménagement forestier, sous des formes non prévisibles pour l’instant. Dans cet environnement, les politiques d’aménagement forestier doivent être flexibles pour mieux répondre à l’incertitude et à l’imprévu. Des politiques flexibles permettront aux aménagistes forestiers de prendre des décisions locale-ment selon leur expertise et leur jugement. Les approches de règlementation de la planification trop centralisées et trop normatives ne réussiront pas dans un environnement où l’adaptation est effectuée locale-ment. De plus, les responsables des politiques doivent comprendre la façon dont l’innovation se manifeste ainsi que le moyen de soutenir et d’encourager le dévelop-pement et l’adoption de nouvelles techniques pour l’aménagement forestier durable.

Permettre plus de flexibilité dans la réglementation; encourager la collaboration Les discussions en cours sur la réforme des politiques de réglementation doivent également tenir compte du besoin de faciliter les changements environnementaux pour introduire de nouveaux concepts dans les systèmes d’aménagement forestier. Un important aspect de ces discussions devrait porter sur les moyens d’accroître la collaboration entre les aménagistes forestiers de l’industrie, du gouvernement et des organisations non gouvernementales. Une grande incertitude existe autour des changements climatiques et leurs conséquences potentielles peuvent être graves. Tous les membres du secteur forestier doivent coopérer de près pour créer des solutions dans un environnement collaboratif.

Développer des lignes directrices pour aider les planificateurs à considérer les changements climatiques Des lignes directrices de planification devraient être développées de façon à aider à l’intégration des consi-dérations sur les changements climatiques dans les

POINTS CLÉS

Recommandations pour les aménagistes

• Analyser et aborder les sources de vulnérabilité. • Appliquer des options « sans regret » – p. ex., pratiques

intelligentes de prévention des feux, tests de provenance. • Renforcer les capacités – apprentissage des

changements climatiques. • Encourager la collaboration – p. ex., l’approche

de la « science intégrée ».• Mettre en place des pratiques d’aménagement

forestier durable.• Inclure des considérations sur les changements clima-

tiques dans les activités courantes (intégration), p. ex. : – plans d’aménagement forestier – activités d’amélioration génétique des arbres

forestiers – planification des routes.

• L’avenir nous réserve bien des surprises; nous devons nous positionner pour pouvoir les affronter (flexibilité, innovation, adaptation).

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plans d’aménagement forestier. Elles seraient nécessai-rement d’ordre général pour accommoder la variabilité entre les juridictions et les conditions biophysiques, mais elles peuvent être développées de façon à aider à la fois les planificateurs de l’industrie et du gouvernement.

Réviser les principes et les critères d’aménagement forestier durable Les principes généraux de l’AFD ont été définis et adoptés par presque toute la communauté de l’aménagement forestier. Cependant, il n’existe pas de compréhension exhaustive de la façon de modifier l’AFD pour aider les aménagistes à s’adapter aux changements climatiques. L’AFD suppose généralement un climat stable; bien qu’on ne sache pas de quelle façon le climat changera dans l’avenir, il est clair que cette supposition sera erronée. Les responsables des politiques doivent réviser les principes de l’AFD et se demander ce qui doit se faire différemment dans un futur incertain qui comprend des changements climatiques. De même, les systèmes de certification forestière ainsi que les critères et les indicateurs de l’AFD doivent être examinés et modifiés de façon à reconnaître les incer-titudes associées aux changements climatiques et aider à appuyer l’amélioration de la capacité d’adaptation des aménagistes forestiers.

3.3 Recommandations pour la recherche

Étant donné les incertitudes associées aux conséquences des changements climatiques et aux options d’adapta-tion potentielles, de multiples besoins se font sentir pour la recherche. Certains des besoins les plus urgents sont mentionnés ici.

Amélioration des modèles – climat, processus écologiques, perturbationsL’information sur les conséquences des changements climatiques n’est en général pas disponible à une échelle temporelle et spatiale pouvant servir à la prise de décisions. Les progrès récents en modélisation climatique régionale (p. ex. Plummer et coll. 2006) et la réduction d’échelle des données sur le climat (p. ex. McKenney et coll. 2006) contribuent à une meilleure compréhension des changements climatiques locaux.

Cependant, les modèles de processus écologiques sont nécessaires pour traduire l’information sur les change-ments climatiques en des conséquences telles que les changements dans la croissance, les effets sur la dispo-nibilité de l’eau et les changements de la répartition des espèces. De plus, les modèles traitant de perturbations à l’échelle du paysage (p. ex., feux de forêt, insectes) sont essentiels.

Modélisation des effets climatiques sur la croissance et le rendement Une question importante associée aux changements climatiques est leur effet sur la croissance et le rende-ment. La recherche actuelle est ambiguë sur ce point, indiquant généralement que cela dépend de paramè-tres climatiques régionaux, et de la disponibilité de l’eau et des éléments nutritifs (p. ex., Johnston et Williamson 2005, Girardin et coll. 2008). Davantage de travaux sont requis pour étudier les modèles de croissance et de rendement de plantes sensibles au climat, puisque les approches actuelles supposent un climat constant.

Compréhension des effets du climat sur la répartition et l’adaptation des espèces végétalesDavantage de travaux sont requis pour la modélisation de l’enveloppe climatique pour la répartition des espèces (McKenney et coll. 2007) et sur la modification des unités de classification écologique du territoire dans le paysage (Hamann et Wang 2006, Schneider et coll. 2009). L’utilisation de modèles dynamiques de la végétation mondiale aidera à produire un panorama complet de la façon dont les processus écologiques et la végétation peuvent changer en fonction du climat futur (Neilson et coll. 2005).

Les premières tentatives de changement des politiques de transfert de semences sont en cours (BCMoFR 2008b) et des recherches sont effectuées sur l’utilisation des données de test de provenance pour élaborer des approches potentielles de migration assistée. Cependant, ces travaux sont à une phase préliminaire et il reste encore beaucoup à faire. L’établissement de nouveaux tests de provenance et l’analyse des données de tests existants produiront beaucoup d’information utile sur l’adaptation des espèces aux futurs changements climatiques.

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Identification des seuils biotiques et abiotiquesLa mise en œuvre d’options d’adaptation réduira l’effet des changements climatiques jusqu’à un certain degré. Cependant, il y aura un niveau de changements clima-tiques au-delà duquel l’adaptation sera de plus en plus inefficace. Le défi majeur de la recherche est de définir les seuils au-delà desquels l’adaptation ne réussira plus. Ces seuils comprendront vraisemblablement des aspects biophysiques et socioéconomiques et, dans plusieurs cas, ils seront difficiles à définir.

Enquêtes sur les changements abiotiques – p. ex., durée des conditions de sol geléEn plus de la modélisation écologique, il faut explorer la façon dont l’environnement abiotique peut changer dans l’avenir. Une inquiétude particulière des aména-gistes forestiers au Canada est l’effet d’un climat qui se réchauffe sur la durée des conditions de sol gelé. Dans plusieurs régions du pays, les opérations forestières sont effectuées sur un sol gelé, soit pour protéger le sol des perturbations soit parce que les sites sont trop humides en été pour y accéder. Si la durée des conditions de gel est considérablement plus courte, il se produira un effet majeur sur l’accès aux sites et le calendrier des activités de récolte. Cependant, puisque très peu de recherches ont été effectuées à ce sujet, il serait extrê-mement judicieux de planifier l’expansion des études.

Promouvoir la collaboration sur l’aménagement forestier et les changements climatiques; envisager la création d’un centre national d’excellence La formation d’un centre national d’excellence pour l’aménagement forestier et les changements climatiques pourrait faciliter une compréhension plus vaste des conséquences des changements climatiques et de l’adaptation. Il pourrait s’agir d’un institut « réel » ou « virtuel » où les scientifiques et les aménagistes colla-borent au partage d’informations, à la création de cadres analytiques et à la réalisation d’analyses conjointes entre l’industrie et les juridictions de tout le pays.

Inclusion de la recherche en sciences sociales; développement d’une approche transdisciplinaireLa recherche en sciences sociales est nécessaire dans les domaines de l’évaluation des retombées économi-ques, du classement préférentiel des conséquences

environnementales, de la perception du risque, de l’ef-ficacité institutionnelle et de l’évaluation de la capacité d’adaptation. Avant toute chose, nous avons besoin d’une nouvelle approche transdisciplinaire qui tienne compte des conséquences cumulatives, des relations dans une étendue de facteurs de changement, et de systèmes dynamiques et non linéaires (p. ex., Pohl 2005).

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Conclusions4.0Nous fournissons les conclusions suivantes de nos discussions avec les aménagistes forestiers de l’ensemble du Canada :

• Les changements climatiques affectent les paysages forestiers du Canada et continueront de le faire dans l’avenir. Les aménagistes forestiers sont d’avis que les changements climatiques sont réels et qu’il s’agit d’un problème important dont il faut tenir compte.

• Les répercussions observées jusqu’ici comprennent des changements au régime des feux de forêts, des infestations d’insectes à grande échelle, des sécheresses dans le centre du Canada, de graves tempêtes dans la région de l’Atlantique et des périodes plus brèves de sol gelé en hiver. Ces conséquences affecteront les taux de croissance de la forêt, la répartition des essences, les taux des processus écologiques et la capacité à effectuer les opérations forestières.

• Les conséquences sur les écosystèmes forestiers affecteront à leur tour l’industrie forestière et les collectivités tributaires de la forêt, de façon similaire à ce qu’on observe dans le ralentissement industriel actuel.

• Certaines adaptations à court terme sont déjà appliquées par les aménagistes forestiers, bien que dans la plupart des cas il ne s’agisse que de mesures prises pour répondre à des événements météorologiques individuels plutôt qu’une adaptation en prévision des changements climatiques.

• La capacité d’adaptation du secteur forestier canadien est généralement élevée si l’on considère les adaptations techniques de l’aménagement forestier. Il existe un haut niveau d’éducation et de professionnalisme au sein des aménagistes forestiers, et les normes d’aménagement forestier durable (AFD) au Canada sont parmi les plus élevées au monde.

• Les compétences scientifiques et techniques associées aux conséquences des changements climatiques et à l’adaptation varient largement selon les organisations d’aménagement forestier; certaines sont de haut niveau, mais la majorité n’a que des compétences limitées.

• Le manque d’information pertinente sur les conséquences des changements climatiques est l’une des contraintes empêchant les aménagistes de mettre en œuvre des mesures d’adaptation. En général, l’information sur les conséquences des changements climatiques n’est pas disponible à des échelles spatiales et temporelles adaptées à la prise de décision et à la planification.

• Il y aura un seuil des conséquences de changements climatiques au-delà duquel l’adaptation sera extrêmement difficile, et un défi majeur pour la recherche et l’aménagement est de définir ces seuils.

• Les barrières institutionnelles sont un important problème limitant les mesures d’adaptation. Les politiques forestières supposent généralement un environnement physique constant, bien qu’il soit clair que cette hypothèse ne se vérifiera pas dans l’avenir. Les politiques forestières doivent évoluer afin de pouvoir affronter efficacement l’incertitude, les imprévus et les conditions nouvelles pour s’adapter aux changements climatiques.

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• L’adaptation se fait localement et les aménagistes forestiers doivent améliorer leur capacité à prendre des décisions innovatrices pertinentes localement dans un futur incertain. Dans la mesure où les politiques actuelles empêchent cette autonomie locale dans la prise de décision, elle sera inadéquate pour les changements climatiques futurs.

• Les instruments politiques qui définissent et guident l’AFD au Canada ont été largement adoptés par le milieu de l’aménagement forestier (p. ex., la certification forestière, les critères et les indicateurs de l’AFD, etc.). Cependant, ils sont généralement utilisés pour évaluer la performance des aménagistes (rétrospection) au lieu de servir de guide pour leur évolution dans l’avenir (projection). Étant donné leur acceptation et leur utilisation généralisées, ces instruments devraient être modifiés de façon à soutenir la planification future de l’adaptation aux changements climatiques.

• D’autres directives devraient être créées pour aider les aménagistes forestiers à intégrer les changements climatiques dans les plans d’aménagement forestier. Une initiative nationale pour la création de directives pour la planification des changements climatiques devrait être hautement prioritaire.

MESSAGES CLÉS

• Les changements climatiques affectent déjà les paysages forestiers au Canada.

• Les changements climatiques affecteront la productivité forestière, la rentabilité du secteur forestier, les collectivités tributaires de la forêt et la société en général.

• L’estimation de la vulnérabilité (p. ex., d’un secteur, d’une compagnie ou d’une communauté) peut aider à anticiper et à planifier en fonction des conséquences des changements climatiques.

• Les aménagistes forestiers savent qu’ils doivent tenir compte des changements climatiques, mais les capacités associées aux conséquences des changements climatiques et à l’adaptation varient considérablement.

• La capacité d’adaptation peut être améliorée par l’accès à une information et à de la formation pertinentes.

• Les barrières institutionnelles sont des contraintes considérables à l’adaptation; la flexibilité est nécessaire.

• Les politiques forestières doivent évoluer pour répondre au changement et à l’incertitude.

• Les politiques forestières doivent permettre l’autonomie locale dans la prise de décision.

• Des lignes directrices devraient être conçues pour aider les aménagistes forestiers et les planificateurs à tenir compte des changements climatiques.

• Les plans d’aménagement forestier et les normes d’AFD doivent considérer les conséquences des changements climatiques et l’adaptation.

• De l’information adéquate est nécessaire à des échelles pertinentes pour la planification locale.

• La communication et la coopération sont nécessaires entre les chercheurs, les gestionnaires et les planificateurs de l’industrie forestière et les responsables des politiques.

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Annexe

Questions utilisées pour guider les discussions sur les changements climatiques avec les aménagistes forestiers

Partie A. L’état de l’aménagement forestier au Canada Une des principales fonctions de cette étude est de comprendre les facteurs qui aident ou qui limitent la capacité de l’aménagement forestier et des aménagistes forestiers de s’adapter et de se préparer aux changements climatiques. Cependant, les changements climatiques ne représentent que l’un des nombreux enjeux qui affectent et affecteront l’aménagement forestier au Canada, aujourd’hui et demain. Tout d’abord, nous souhaitons vous poser des questions sur les événements ou les changements majeurs qui affectent votre aire d’aménagement forestier.

1. Quels sont les enjeux, les défis ou les changements majeurs qui affectent actuellement l’aménagement forestier dans votre région et au Canada?

2. Quels sont les enjeux, les défis ou les changements majeurs qui affecteront l’aménagement forestier au cours des 20 à 30 prochaines années?

3. À quel point êtes-vous soucieux des changements climatiques en comparaison des autres enjeux qui affectent l’aménagement forestier?

Partie B. Récents changements climatiques Pour aborder les discussions au sujet des changements climatiques futurs, il est utile de commencer par le climat actuel et/ou les tendances climatiques récentes et la façon dont les aménagistes forestiers se sont adaptés à ces changements précédemment.

4. Avez-vous l’impression que le climat de votre région a changé au cours des 20 à 40 dernières années et, dans l’affirmative, comment ces changements ont-ils influencé l’aménagement forestier dans votre région?

5. Est-ce que votre entreprise, votre organisme ou vous-même avez fait des modifications particulières pour vous adapter à ces changements et, dans l’affirmative, pouvez-vous les décrire?

Partie C. Conséquences des changements climatiques futurs sur les produits de la forêt et l’aménagement forestierLe but de cette section est de définir les facteurs des changements climatiques qui sont importants pour l’aménagement forestier et d’obtenir des renseignements sur la façon dont les changements climatiques pourraient affecter la forêt, les produits de la forêt et l’aménagement forestier dans votre région.

Remarque : les conséquences particulières sur l’aménagement forestier et les opérations forestières résultant des changements discutés dans cette section seront traités dans la prochaine section de questions.

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6. Veuillez indiquer les types de changements climatiques qui peuvent être particulièrement importants du point de vue de l’aménagement forestier dans votre région.Par exemple :• augmentation de la variabilité du climat • augmentation des conditions météorologiques extrêmes, notamment des vents violents • hivers plus courts • etc.

7. Quel sera l’effet des changements climatiques sur les forêts et sur les produits de la forêt dans votre région d’ici 2050? Quelles en seront les principales conséquences pour l’aménagement forestier? Par exemple :• augmentation (diminution) de la fréquence des feux de forêts et d’autres perturbations • échec de la régénération• changement au niveau de la quantité et de la qualité de l’approvisionnement forestier• augmentation de l’incertitude concernant l’approvisionnement forestier (augmentation du risque)• changements liés aux coûts de transport du bois• changement de la capacité à accomplir les objectifs d’aménagement forestier non ligneux• etc.

Partie D. Moyens que les aménagistes forestiers pourraient employer pour s’adapter aux changements climatiquesDans cette section, nous souhaitons que les répondants définissent et discutent de divers types de stratégies et de mesures qu’ils entendent prendre pour s’adapter aux changements climatiques dans leur contexte particulier. Ils ne doivent pas limiter les discussions aux seules mesures permises en vertu de leur accord de tenure actuel et ils peuvent se permettre de sortir des sentiers battus.

8. Quelles stratégies ou méthodes recommanderiez-vous ou penseriez-vous adopter pour réduire l’effet des changements climatiques futurs et, généralement, qu’est-ce que le milieu de l’aménagement forestier au Canada devrait faire pour s’adapter?

Partie E. Évaluer la capacité d’adaptation actuelle Le but de cette section est de définir et de discuter des caractéristiques, des atouts et des facteurs institutionnels qui influencent (positivement et négativement) la capacité des aménagistes forestiers canadiens à s’adapter aux changements climatiques. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la capacité à s’adapter aux changements climatiques est établie par :

• la sensibilisation;• l’éventail de technologies à la disposition des décideurs; • les ressources économiques (ou la richesse des décideurs); • les concepts institutionnels et les structures (c’est-à-dire flexibilité, capacité d’allouer efficacement les ressources

pour l’adaptation et degré d’autonomie des choix d’adaptation); • le capital humain et le capital social des acteurs de l’adaptation; • la capacité à gérer les risques; et • les connaissances et l’accès à l’information (adéquation entre les connaissances actuelles et la gestion des

nouvelles connaissances et informations).

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Sensibilisation et perceptions de l’urgence :9. Croyez-vous que les changements climatiques sont réels? 10. À quel point êtes-vous soucieux des changements climatiques et pourquoi?11. À quel point est-il urgent que les aménagistes forestiers commencent à tenir compte des changements

climatiques dans leur processus décisionnel et leur planification? 12. Estimez-vous que les effets locaux des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers sont bien

compris par les aménagistes forestiers dans votre région?

Science et technologie :Les changements climatiques impliquent une incertitude considérable. Le manque de connaissances ou d’outils sur les répercussions potentielles (par exemple, leurs effets sur la croissance et le rendement) peut limiter la capacité des aménagistes forestiers à s’adapter.

13. Est-ce que l’incertitude et le manque d’outils sur les répercussions futures vous empêchent, en tant qu’aménagiste forestier, de mettre en œuvre des modifications à l’aménagement forestier dans la perspective des changements climatiques à venir? Si oui, de quelle façon? (c’est-à-dire, quelles connaissances et quels outils vous manquent-ils pour commencer à vous adapter aux changements climatiques?)

14. Disposez-vous de capacités suffisantes (financement, compétences, chercheurs, etc.) pour développer et pour mettre en œuvre des méthodes innovatrices d’aménagement forestier en vue de répondre aux changements climatiques?

Ressources économiques, institutions et gouvernance : L’adaptation exigera du financement et des ressources financières. Elle exigera de plus que les aménagistes forest-iers, les entreprises forestières et les propriétaires de terres forestières (c’est-à-dire les provinces) soient motivés à investir dans l’adaptation. Les mesures incitatives sont habituellement définies dans le contexte des concepts institutionnels actuels. Les mesures incitatives peuvent prendre la forme de récompenses (par exemple, rendement financier) ou de sanctions (par exemple, pénalités pour ne pas avoir suivi un règlement particulier).

15. Selon vous, est-ce que la situation financière de l’industrie forestière canadienne limite ou entrave d’une façon quelconque notre capacité à nous adapter aux changements climatiques?

16. Que faut-il pour que les sociétés puissent justifier leurs investissements dans des mesures adaptatives?17. Les entreprises forestières exploitant les terres publiques ont certaines responsabilités en vertu de leur accord

de tenure. Quelles responsabilités seront touchées par des changements climatiques? 18. Est-ce que les entreprises ont la capacité de s’adapter, en vertu des modes actuels de tenure, sans que leurs

responsabilités en soient compromises? Quels sont les obstacles, le cas échéant?

Gestion des risques :Les changements climatiques entraîneront vraisemblablement une augmentation des risques concernant l’approvisionnement en matière ligneuse, l’infrastructure, les investissements en aménagement forestier (par exemple, les plantations) et d’autres objectifs (par exemple, la faune, les forêts durables et les usages multiples). L’augmentation des risques entraîne un coût économique. Cela signifie également que les forestiers peuvent avoir besoin de mettre en œuvre de nouvelles approches pour gérer les risques (par exemple, diversification, révolutions plus courtes, couverture, etc.).

19. De quelle façon les changements climatiques influencent-ils le risque relatif aux objectifs forestiers? 20. Avez-vous la capacité de gérer ce risque à l’intérieur de vos paramètres actuels? 21. Si vous pouviez mieux gérer les risques, quelles stratégies de gestion des risques utiliseriez-vous?

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Capital humain : Le capital humain est une mesure des compétences, de l’éducation, de l’expérience et des connaissances des indi-vidus et des groupes. La somme collective du capital humain d’un groupe est une importante mesure de la capacité de ce groupe à s’adapter à certains changements externes.

22. Les aménagistes forestiers canadiens possèdent-ils les connaissances, les compétences, l’éducation, l’expérience et les aptitudes générales pertinentes pour cette adaptation? Comment pourraient-elles être améliorées (par exemple, programmes éducatifs forestiers, vulgarisation de la foresterie, perfectionnement professionnel et formation)?

Capital social : Le capital social mesure la dimension, la densité et les caractéristiques du réseau d’un individu ou d’un organisme. Un capital social élevé peut faciliter l’accès à l’information, aux mesures et aux réponses collectives et aux ressources qui ne seraient pas disponibles autrement à l’individu ou à l’organisme. La confiance est une importante caractéris-tique des réseaux fonctionnels.

23. Veuillez définir et décrire les groupes, les associations et les organismes forestiers auxquels vous appartenez (par exemple, forestiers professionnels, IFC, association forestière, etc.).

24. En ce qui vous concerne, quelle est l’importance de ces réseaux pour résoudre les problèmes associés à l’aménagement forestier?

25. A-t-on besoin d’un réseau dédié aux changements climatiques et à la foresterie pour partager de l’information et des connaissances sur les conséquences des changements climatiques et la façon de s’y adapter?

Gestion de l’information : La gestion de l’information concerne l’efficacité des responsables des politiques, des organismes de réglementation, des entreprises, des organismes professionnels et des organismes de recherche à obtenir, à concevoir, à gérer et à communiquer l’information sur les changements climatiques. Une telle gestion comprend les processus par lesquels l’information est acquise, évaluée et communiquée. Cela permet d’augmenter la sensibilisation aux changements climatiques, la fiabilité des processus décisionnels et le niveau d’information des responsables des politiques.

26. Croyez-vous que les systèmes existants d’acquisition et d’évaluation de l’information sur le climat et les changements climatiques en aménagement forestier sont adéquats? Si vous n’êtes pas de cet avis, quelles modifications y apporteriez-vous?

27. Croyez-vous qu’il soit nécessaire de revoir les mesures et les indicateurs que nous utilisons pour évaluer l’aménagement forestier durable (p. ex., certification, critères et indicateurs)?

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CONSEILS SUBVENTIONNAIRES

• Réseaux de centres d’excellence du gouvernement du Canada

• Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG)

• Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH)

PARTENAIRES

Gouvernements• Gouvernement du Canada (Environnement Canada) (Ressources naturelles Canada,

Service canadien des forêts) (Parcs Canada, Direction de l’intégrité

écologique)• Gouvernement de l’Alberta (Advanced Education and Technology –

Alberta Forestry Research Institute)  (Sustainable Resource Development)• Gouvernement de la Colombie-Britannique

(Ministry of Forests and Range)• Gouvernement du Manitoba

(Manitoba Conservation)• Gouvernement de l’Ontario

(Ministère des Richesses naturelles)• Gouvernement du Québec (Ministère

des Ressources naturelles et de la Faune)• Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador

(Department of Natural Resources)• Gouvernement du Yukon (Ministère

de l’Énergie, des Mines et des Ressources)

Industries• Abitibi Bowater Inc.• Ainsworth Lumber Co.Ltd.• Alberta-Pacific Forest Industries Inc.• Canadian Forest Products Ltd.• Daishowa-Marubeni International Ltd.• J.D. Irving, Limited• Louisiana-PacificCanada Ltd.• Manning Diversified Forest Products Ltd.• Tembec Inc.• Tolko Industries Ltd.• Weyerhaeuser Company

ONG• Canards Illimités Canada

Premières nations• Heart Lake First Nation• Kamloops Indian Band• Kaska Tribal Council• Little Red River Cree Nation• Moose Cree First Nation• Ralliement national des Métis• Treaty 8 First Nations of Alberta

Universités• University of Alberta (établissement hôte)• British Columbia Institute of Technology• Dalhousie University• Lakehead University• Memorial University of Newfoundland• Mount Royal College• Royal Roads University• Ryerson University• Simon Fraser University• Thompson Rivers University• Trent University• Université Concordia• Université Laval• Université du Manitoba• Université McGill• Université de Moncton• Université de Montréal• Université du Nouveau-Brunswick• Université d’Ottawa• Université du Québec à Chicoutimi• Université du Québec à Montréal• Université du Québec à Rimouski• Université du Québec à Trois-Rivières• Université du Québec

en Abitibi-Témiscamingue• Université de Sherbrooke• Université de Winnipeg• University of British Columbia• University of Calgary• University of Guelph• University of Lethbridge• University of Northern British Columbia• University of Regina• University of Saskatchewan• University of Toronto• University of Victoria• University of Waterloo• University of Western Ontario• Wilfrid Laurier University

Membres associés• Association nationale

de foresterie autochtone• Forest Ecosystem Science

Cooperative Inc.• Forêt modèle du lac Abitibi• Forêt modèle du Manitoba• Fundy Model Forest• Institut canadien de recherches

en génie forestier• Institut forestier du Canada

Partenaires du Réseau GDFaoût 2007

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Réseaux de centres d’excellence

Réseau de Gestion durable des forêts www.reseaugdf.ca