C.E.R.A.P NOVEMBRE 2018 - WordPress.com · 2018. 12. 5. · dans le cloître, selon Eugène Grésy,...
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Cercle d’Etude et de Recherche de l’Abbaye de Preuilly C.E.R.A.P
www.abbayedepreuilly.blog photos : ©Antoine Poirier & RMN Lettre Nº30
NOVEMBRE 2018Quoi de neuf ?
900 ans d’histoires : Jean de Chanlay
Voici un résumé de la malheureuse histoire de Jean de Chanlay, telle que racontée par Dom Paul Piolin, au tome IV de son “Histoire de l’Eglise du Mans” publiée en
1858. (Texte intégral : cliquer ici)
❝Les dernières années du XIIIe siècle furent témoins d'une modification profonde dans
les idées qui gouvernaient le monde (…) Pendant que des tendances nouvelles cherchaient à se manifester de toutes parts, on vit un esprit de rivalité se déclarer entre les seigneurs féodaux et les membres du
clergé. Une discorde plus déplorable encore se montra entre les membres du clergé eux-mêmes. (…) ❞
[Les chanoines de l’Eglise du Mans ne parvenant pas à s’entendre pour élire leur
Evêque, la cause fut tranchée par le Pape Nicolas III qui nomma en 1279 Jean de Chanlay, issu d'une famille illustre de Bourgogne]
❝En arrivant au Mans, le nouvel évêque dut trouver tous les esprits prévenus contre lui. Les choix habiles qu'il avait déjà faits, ses formes gracieuses et polies, son commerce rempli d'agréments ne réussirent pas à lui
gagner l'affection de son troupeau.
Dès la première année de son épiscopat, Jean de Chanlay fut obligé de faire
emprisonner quelques fermiers d'Amaury de Juillé, qui avaient recueilli des dîmes, auxquelles il avait droit dans la paroisse de Saint-Victor. Le seigneur de Juillé, qui prétendait aussi des droits sur ces dîmes,
demanda l'élargissement de ses hommes, et blessé d'avoir été refusé, s'emporta contre l'évèque en paroles injurieuses. Le prélat fit arrêter le baron, et le retint captif
Le Louvre à Preuilly, Preuilly au Louvre
François Blary était à Preuilly mardi 20 novembre pour accueillir Pierre-Yves Le Pogam et Elisabeth Antoine, tous deux conservateurs en chef au Musée
du Louvre, en charge des collections médiévales, l’un, Pierre-Yves, responsable du département Sculptures, l’autre, Elisabeth, du département Objets d’art. Lors de leur intervention au colloque en septembre, ils avaient exprimé leur regret de ne jamais avoir visité Preuilly, c’est chose faite !
L’un et l’autre ont eu à s’intéresser à l’histoire de l’abbaye, car dans les collections dont ils ont la charge, figurent des œuvres provenant de Preuilly (accessibles au public). Commment sont-elles arrivées là ? Comme souvent c’est une affaire de hasard et de circonstances. La dernière acquisition est récente et date de 2014 :
Cercle d’Etude et de Recherche de l’Abbaye de Preuilly C.E.R.A.P
www.abbayedepreuilly.blog photos : ©Antoine Poirier & RMN Lettre Nº30
Jean de Chanlay (suite)
au château de Touvoye. Ce procédé violent et la rigueur avec laquelle furent traités les prisonniers, lui attirèrent la haine des
Manceaux, (…)
Pour tirer vengeance du prélat, i ls intéressèrent dans leur parti beaucoup de gentilshommes, leurs parents ou alliés, et (…) formèrent une petite armée, avec
laquelle i ls coururent la campagne, ravagèrent les terres de l’évêque, pillèrent ses maisons, mirent le feu à ses moissons, et firent prisonniers ses vassaux, ses serviteurs et ses fermiers. Ils minèrent et abattirent son
château de Ceaulcé, assiégèrent ceux d'Yvré-l'Évêque et de Touvoye, (…)
On voit du moins que les lois promulguées par saint Louis pour interdire les guerres privées, étaient alors mal observées dans le
Maine (…)
Quelque formidable que fût la ligue de la noblesse contre l'évêque Jean de Chanlay, ce prélat serait venu à bout de la dominer, et se serait maintenu dans son siège, si le
clergé n'eût formé contre lui une coalition beaucoup plus dangereuse. (…) quoique le Pape et l'archevêque de Tours, avec une partie de notre diocèse, traitassent ce prélat en évêque du Mans, quoiqu'il résidât dans
la ville et y remplît les fonctions de son ministère, les chanoines s'obstinaient à ne pas le reconnaître et vivaient ouvertement dans le schisme. Un grand nombre de chartes de ces années, rédigées au nom du
chapitre, sont datées “le siège vacant,”.
A la fin, la violence et la force des armes l'emporta, et Jean de Chanlay fut contraint de quitter son Église. Il se retira dans l'abbaye cistercienne de Prully, en Brie, au
diocèse de Sens. ❞
Pourquoi Preuilly ? Sans doute parce que la
famil le de Chanlay avait des l iens particuliers avec l’abbaye et comptait depuis près d’un siècle au nombre de ses bienfaiteurs.
Outre la tombe de Jean, Preuilly abritait
dans le cloître, selon Eugène Grésy, plusieurs tombes de ses ancêtres.
C’est un fragment de la dalle funéraire qui couvrait la tombe de Norbert,
abbé de Preuilly, mort en 1270. Pierre-Yves Le Pogam raconte qu’il a reconnu ce fragment en visitant, par curiosité, un entrepot qu’un antiquaire parisien souhaitait vider. Encore fallait-il le reconnaître !
L’existence de cette dalle funéraire était connue, car Georges Husson, fils d’Henri-Marie, qui avait fouillé le site en 1856 avait transmis des croquis et
des plans de ses découvertes aux sociétés savantes. Un an plus tard, dans sa “Notice sur l’abbaye de Preuilly” (Texte : cliquer ici), Eugène Grésy écrivait : “La tombe [de Norbert] se trouvait dans le chapitre, à gauche de celle de Pierre l'Ermite. Sur la dalle qui la recouvrait était représenté un bras tenant une crosse, dont le fer écrasait un dragon, avec cette épitaphe circulaire : +
HIC•JACET• DOMINUS • NORBERTUS • QUONDAM • ABBAS • PRULLIACI • ANIMA • EIUS • REQVIESCAT• IN• PACE • AMEN “ (Ici repose Norbert autrefois Abbé de Preuilly, que son âme repose en paix.)
Vous pouvez également voir au Musée du Louvre des ornements qui ont été découverts par Georges, en 1856 dans la tombe de Jean de Chanlay, évêque
du Mans, mort en 1291, à Preuilly, (où il avait trouvé refuge après avoir été chassé de son Evéché, voir ci-contre).
Il s’agit d’une crosse et d’une paire de petits émaux de plique (ornements que l’on cousait sur les gants ou la mitre ou sur les vêtements)
Dessin de 1893
Pourquoi ces objets ne sont-ils pas restés à Preuillly ? - C’est un mystère que l’on éclaircira peut-être avec le temps. Ce que l’on sait, c’est que Georges
Husson mourut en 1887 et que 6 ans plus tard, en 1893, ces objets étaient en possession de Jules Chappée, collectionneur érudit et frénétique, qui avait constitué un fonds d’archives considérable, connu sous le nom d’archives “du Cogner” (du nom de sa maison au Mans).
Jules Chappée écrit lui-même en 1896
dans la revue d’histoire du Maine avoir proposé en 1893 la crosse et les émaux au Musée du Louvre. Le Louvre acquit les émaux mais se désinteressa de la crosse “assez simple et beaucoup moins ornée
que la plupart de celles de cette époque”. La crosse entra pourtant dans les collections du Louvre, en 1971, et eut enfin le destin qu’elle méritait. Elle voyagea en 1996, avec les chefs d’œuvre
réunis pour l’exposition “L’œuvre de Limoges” organisée conjointement par le Musée du Louvre et le Metropolitan Museum of Art de New York. Comme l’explique Elisabeth Antoine, “c’est un des
six exemplaires les mieux conservés de l’art des émaux de Limoges à son appogée aux environs de 1200. “