catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

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SOMMAIRE

ÉdItORIALBOuRgES 2012, vILLE d’ARt cOntEMpORAIn

5Serge Lepeltier

LA 6 e BIEnnALE dE BOuRgES 2012

8 - 11Dominique Abensour

LEnnOn BAtchELOR 14Galerie d’Essai — École nationale supérieure d’art

hERvÉ BEzEt 15Prieuré Saint-Martin et cour de la Salle Calvin

dAvIdE cAScIO 16Square Louis XI

gERARd-JAn cLAES & OLIvIA ROchEttE

17Galerie d’Essai — École nationale supérieure d’art

cOLLEctIf 1.0.3 18Médiathèque

EdIth dEkyndt 19Muséum d’histoire naturelle

pAOLA dE pIEtRI 20Musée du Berry

chLOÉ fRIcOut & JAvIER tOScAnO

21Hôtel de Ville

JuLIEn gASc 22Le Haïdouc

ISABELLE gIOvAcchInI 23Musée Estève

LAuREnt pERnOt 24Palais Jacques Cœur

pIERRE pEtIt 25Prieuré Saint-Martin

pAScAL pInAud 26Château d’eau

MIchAëL SELLAM 27Jardin des Prés-Fichaux

yvES tRÉMORIn 28La Box

JORIS vAn dE MOORtEL29Transpalette

BIOgRAphIES32 - 35

pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn

38 - 83Pavillon d’ Auron

cyRIL ABOucAyA38

MARIE AERtS38

cÉLInE AhOnd40

pIERRE-yvES BOISRAMÉ40

chRIStOphE BOuRSAuLt42

ÉLOdIE BRÉMAud42

RÉMy BRIERE44

cEEL MOgAMI dE hAAS 44

AMÉLIE dESchAMpS46

BEnJAMIn dufOuR46

JEnnIfER duJARdIn48

fRAnçOIS fEutRIE48

SIMOn fEydIEu50

nIcOLAS gAILLARdOn50

ALExAndRE gIROux52

nILS guAdAgnIn52

ÉLÉOnORE JOuLIn54

JÉRÉMy LAffOn54

fRAnçOIS MAzABRAud56

ARMAnd MORIn56

MARIAnnE MuLLER58

pIERRE pAuLIn58

MARIOn pEdEnOn60

fÉLIx pInquIER60

dELphInE pOuILLÉ62

LES fRèRES RIpOuLAIn,dAvId REnAuLt &MAthIEu tREMBLIn

62

BERtRAnd RIgAux64

guILLAuME vIAud64

LAuRE vIgnA66

AMÉLIE WEIRIch &fEdERIcO fIERRO

66

BIOgRAphIES 74 - 83

LIEux d’ExpOSItIOn

84 - 85

pLAn86 - 87

OuRS88

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BOuRgES 2012, vILLE d’ARt cOntEMpORAIn

C’est cette année encore un grand plaisir pour moi d’inaugurer une manifestation consacrée à l’art d’une telle envergure.

La 6 e Biennale d’art contemporain de Bourges se veut audacieuse et d’une qualité artistique de haut niveau. C’est pourquoi la Ville a missionné Dominique Abensour, commissaire d’exposition, pour coordonner l’ensemble du programme de cette manifestation.

Ce rassemblement répond à un de mes souhaits les plus chers, celui de rendre l’art accessible à tous les Berruyers en donnant toute leur place aux artistes d’aujourd’hui.

Le temps fort de la biennale, le Panorama de la jeune création, initié par l’École nationale supérieure d’art, offre de nouveau aux artistes émergents une vraie tribune d’expression. On peut y découvrir de multiples pratiques qui donnent à voir, entendre, expérimenter et débattre.

Outre les expositions d’artistes reconnus dans des lieux aussi éclectiques que sont les sites patrimoniaux ou les friches industrielles, les espaces urbains, à l’initiative des Conseils de Quartiers, deviendront des supports éphémères de la création artistique… Ceci grâce à des projets de résidences d’artistes. Avec un « off » de la biennale qui élargit encore l’horizon, l’art s’installe partout.

Partez à la découverte insolite de l’art… Vous en sortirez transformés.

Belle biennale à toutes et à tous !

— Serge LepeltierAncien Ministre Maire de Bourges

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LA 6 e BIEnnALE dE BOuRgES 2012

Pour la 6 e édition de sa Biennale d’art contem-porain la Ville de Bourges se mobilise avec de nouvelles ambitions. La capitale historique du Berry accueille cette année seize projets d’artistes européens dont la notoriété s’est affirmée sur la scène de l’art. Ils investissent des sites multiples de la ville tandis que trente artistes émergents exposent au Pavillon d’ Auron, composant un Panorama de la jeune création en France.

Une fois de plus, la programmation reven-dique son caractère collégial. Une collabora-tion active avec les lieux et les acteurs parte-naires de la biennale a présidé à sa construction. C’est dans cet esprit que les artistes du Pano-rama de la jeune création ont été choisis sur dossier par des jurys de professionnels du milieu de l’art. Le projet de la biennale trouve donc sa cohérence en étant partagé et en s’installant dans des espaces hétérogènes, au cœur d’une ville qui, riche d’un patrimoine architectural exceptionnel, vit pleinement au contemporain. 

Du Palais Jacques Cœur à la friche industrielle du Transpalette, de l’Hôtel de Ville ou du Muséum d’histoire naturelle à La Box — cube blanc découpé dans un bâtiment du XVII e siècle qui abrite l’École nationale supérieure d’art — des espaces très différents les uns des autres s’offrent aux artistes. Comment les œuvres contemporaines trouvent-elles leur inscription dans ces lieux de l’histoire, du savoir ou de la sphère sociale ? Comment com-posent-elles avec l’architecture et la fonction de ces espaces ? Ces questions ont largement gouverné une programmation qui a privilégié l’exposition personnelle.

un pARcOuRS dAnS LA vILLE Et dES œuvRES quI dIALOguEnt AvEc LEuRS LIEux d’ExpOSItIOn

Les rapports que les œuvres entretiennent avec leurs lieux d’exposition sont multiples.

Ainsi, Laurent Pernot utilise le potentiel fic-tionnel des salles du Palais Jacques Cœur, le plus bel exemple d’un édifice privé du Moyen Âge. Il y met en scène des installations oniriques qui invitent à la méditation. Animées par des images projetées, elles évoquent le monde terrestre et le monde céleste, un uni-vers visible et invisible où l’individu existe et disparaît, ou survit dans la mémoire person-nelle ou collective des vivants.

A contrario, au Transpalette, un lieu voué à l’art contemporain sur le site d’une friche industrielle, Joris Van de Moortel, ouvre un véritable chantier où les formes de l’art sont travaillées par des forces contraires. Entre construction et destruction, conservation et dispersion, ses œuvres se présentent souvent comme l’image arrêtée d’une activité intense dont elles conservent le potentiel énergétique. Sur le même site, Julien Gasc en résidence au Haïdouc, un espace de production et de dif-fusion des pratiques de la vidéo et du cinéma, transgresse les frontières des disciplines. Musique, art, cinéma et littérature participent de ses projets qui vont de la performance au programme de rencontres et aux portraits filmés.

Pascal Pinaud, quant à lui, investit le Château d’eau, un monument néoclassique du XIXe siècle qui doit sa dimension esthétique à des contraintes fonctionnelles et techniques. Il y déploie une photographie géante à l’échelle 1 de son atelier. Lieu de recherche, de production et de stockage, on y voit comment il réinvente les données de la peinture : sans toile ni pin-ceaux mais à travers de multiples pratiques tout en revisitant des moments de son histoire. À cet égard, une série d’Écrans, qui affichent des images de presse, témoigne du destin des œuvres exposées, tragique pour certaines lorsqu’elles sont victimes d’actes de vandalisme.

D’une construction plus ancienne, l’Hôtel Cujas, une demeure du XVIe siècle où s’est installé le Musée du Berry, accueille une série de photographies de Paola de Pietri. Ses

paysages grandioses, exposés non loin des collections archéologiques du musée, célèbrent la beauté intemporelle de la nature. En même temps, ces images témoignent des combats de la Première Guerre mondiale qui se sont déroulés dans les Alpes. Ces événe-ments dont les traces s’effacent ont, eux aussi, façonné le paysage. 

C’est au Prieuré Saint-Martin — un bâtiment du XIe siècle modifié à plusieurs reprises par la suite — que le projet de Pierre Petit trouve sa place. Dans un lieu aujourd’hui dédié à des réunions associatives ou politiques, il construit une installation de dessins exécutés sur des panneaux de Placoplatre qui doublent les murs anciens. L’œuvre aborde la ville et ses architectures sous leur double aspect, des espaces conçus et construits mais aussi perçus et vécus. Sur la mezzanine, Hervé Bezet déve-loppe une toute autre proposition. Il relance le débat sur le ready-made — un objet usuel élevé au rang de l’art — à travers deux vidéos. L’une présente des points de vue de commissaires d’exposition sur l’actualité de ce geste inauguré par Marcel Duchamp en 1913, l’autre retrans-met les images d’une caméra de surveillance. Placée dans la cour de la Salle Calvin sur le site de l’ancien Couvent des Augustins, elle dis-suade toute tentative d’appropriation des trois œuvres ready-made qu’Hervé Bezet expose à cet endroit sur des socles noirs : des presse-citrons conçus par un célèbre designer.

À La Box, un espace d’exposition construit sur le modèle du cube blanc moderniste dans l’enceinte de l’École nationale supérieure d’art, Yves Trémorin, présente une suite récente d’images fascinantes. Ce ne sont pas des pho-tographies mais des électronogrammes réalisés dans la chambre d’un microscope électronique de l’IUT de Bourges. Avec une objectivité de scientifique, il étudie des insectes. Loin de témoigner d’un monde familier, ses images révèlent une surréalité, un ailleurs qui semble appartenir au domaine de la science-fiction. Parallèlement, dans la Galerie d’Essai de l’École

d’art, Lennon Batchelor et le duo Gerard-Jan Claes & Olivia Rochette, jeunes lauréats des Bonnets d’Or — un prix porté par Bandits-Mages — montrent leurs films primés.

Le Musée Estève, situé dans l’Hôtel des Eche-vins construit au XVe siècle, consacre une exposition personnelle à Isabelle Giovacchini, artiste distinguée parmi ceux du Panorama de la jeune création 2010. En travaillant dans les angles morts de l’image, photographique et vidéo, elle donne à ces expériences sensibles et délicates toute leur indépendance au sein du musée.

L’Hôtel de Ville est également mobilisé. Deux commissaires d’exposition, Chloé Fricout et Javier Toscano, y installent un vidéoclub très particulier. Espace nomade dont l’agencement est à chaque fois renouvelé, ce dispositif donne accès à une collection de vidéos d’artistes, à l’origine des œuvres mexicaines, qui s’enrichit continuellement grâce à des sessions de troc. On peut donc échanger ses propres vidéos contre celles du fonds d’archives. Plateforme d’échange et instrument d’une distribution alternative, elle soutient des prises de position engagées à travers des pratiques audiovisuelles qui résistent à la puissance des médias de masse.

Au Muséum d’histoire naturelle, Edith Dekyndt poursuit une quête de chercheur en donnant une visibilité à des phénomènes physiques difficiles à percevoir. Une de ses toutes dernières vidéos, projetée sur grand écran, montre les effets surprenants de la fonte des grands glaciers d’Islande. A deux pas du Muséum, le Collectif 1.0.3 se glisse dans les activités de la Médiathèque. Leurs œuvres, un film d’animation, une sculpture de livres et un dispositif vidéo collaboratif, témoignent de leurs recherches sur les espaces de condition-nement et de circulation des savoirs, parmi lesquels la bibliothèque et l’ordinateur.

Enfin, dans l’espace urbain, outre la mise en scène des œuvres ready-made d’Hervé Bezet, deux artistes en résidence à La Box cette

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année, interviennent avec des propositions où les pratiques contemporaines se confrontent à des formes anciennes.

Davide Cascio a choisi le Square Louis XI, rue Moyenne, pour y implanter une sculpture monumentale en acier où l’on peut accrocher son vélo. Inspirée par les œuvres de deux grands artistes contemporains, Frank Stella et Franz West, elle voisine avec une sculpture en bronze de Jean Baffier destinée, en 1884, à célébrer le Roi Louis XI. 

Michaël Sellam, lui, s’intéresse à une autre sculpture du XIXe siècle. Il replace dans le Jardin des Prés-Fichaux la Diane surprise (1881) de Jules Blanchard, une sculpture conservée au Musée du Berry avec un avant-bras man-quant. Porteuse des valeurs d’une époque qui retourne aux canons de la beauté antique, elle est pourvue d’une sculpture ajoutée : une main munie d’un téléphone portable, prothèse indispensable aujourd’hui.

LE pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn Au pAvILLOn d’AuROn

C’est au Pavillon d’ Auron que se déploient les expositions des trente jeunes artistes du Pano-rama organisé par l’École nationale supérieure d’art de Bourges. Le bâtiment, où prend place l’événement, appartient à un vaste ensemble (Centre de Congrès et Parc d’expositions) accueillant de nombreux événements, les Rives d’ Auron, dont la Ville de Bourges s’est dotée. Polyvalent et modulable, cet espace de 2500 m2 est capable d’accueillir toute sorte d’événements, privés ou publics, à caractère culturel ou politique, festif ou commercial. La variété de ces activités sociales fait écho à la diversité des pratiques artistiques que le Pano-rama rassemble, ancrées dans la réalité de notre époque.

Ces jeunes artistes ont été sélectionnés sur dossier, parmi plus de 300 candidatures, par

des jurys de professionnels du milieu de l’art (artistes, commissaires d’exposition, critiques ou théoriciens de l’art, enseignants, directeurs de Frac ou de Centre d’art). Les lauréats ont reçu une bourse qui leur permet de financer leur projet de biennale.

À quelques exceptions près, ils sont français. Originaires de différentes régions de l’hexa-gone, beaucoup se sont installés dans des villes comme Lyon, Marseille, Lille ou Nantes après leurs études, cependant la moitié d’entre eux vit aujourd’hui à Paris. Ils ont entre 25 et 35 ans mais sont majoritairement nés dans les années 1980, une génération qui apparaît très tôt sur la scène de l’art entre 2007 et 2010.

Bien que leurs expositions soient réunies dans une scénographie collective, les artistes dis-posent chacun d’un espace individuel dont ils ont déterminé les dimensions. Leurs démarches sont multiples et hétérogènes. Sans vouloir chercher à les synthétiser, on peut cependant relever quelques traits saillants qui marquent ce Panorama 2012.

Une première remarque s’impose : rares sont ceux dont on pourrait identifier le travail à travers l’usage d’un médium unique. La plu-part recourent à un éventail de savoir-faire, parfois conséquent selon leurs projets. L’expé-rience, l’investigation et la recherche sont au cœur de leurs pratiques.

La réalité au quotidien est largement investie. À l’exploration des terres lointaines, les artistes préfèrent manifestement l’expérience des espaces de proximité qu’ils soient communs et familiers ou écartés et délaissés. Ils les par-courent, les arpentent et les habitent (Élodie Brémaud, Amélie Deschamps, Jennifer Dujardin, Les Frères Ripoulain). La marche, la performance, l’intervention in situ et l’appro-priation des formes qui modèlent notre envi-ronnement sont autant de stratégies déployées pour inaugurer de nouvelles manières de vivre et de penser l’ordinaire de notre quotidien. 

Se saisir de la réalité, c’est aussi l’interpréter, en proposer de nouvelles versions jusqu’à mettre en péril son authenticité (Céline Ahond). Capturée par l’image, elle peut perdre sa consistance. Doit-on croire ce que l’on voit ? Entre perception et interprétation, l’écart se creuse. Certains sèment le doute en attestant d’un monde à la fois tangible et artificiel où la banalité devient étrange (Bertrand Rigaux, Pierre-Yves Boisramé) tandis que d’autres entreprennent de documenter sérieusement des paysages inexistants (Armand Morin). Les images sont parfois trompeuses. S’il est vrai qu’elles sont toujours capables de témoigner (Marion Pedenon), force est de constater que dans un monde où elles prolifèrent, sans dis-tinction ni hiérarchie, leur sens est souvent pervertit ou neutralisé (Marianne Muller).

Est-ce à dire que la sculpture et l’objet échappent à l’équivoque et à l’ambiguïté ? Le poids de leur matérialité les rend-il plus francs et plus fiables ? Porteurs d’images que les artistes absorbent au quotidien mais avec les-quelles ils prennent leur distance (Nicolas Gaillardon), abstraits et paradoxaux (Rémy Briere), suggestifs et kinesthésiques (Félix Pinquier), métaphoriques et symboliques (Amélie Weirich & Federico Fierro), ou encore détournés et truqués (François Mazabraud), les objets entrent en concurrence avec l’auto-rité de l’image (Laure Vigna). Eux aussi sont à lire et à interpréter. À travers ces pratiques, les artistes donnent forme à une interrogation, impérieuse et insistante dans ce Panorama, sur les modalités de la construction du sens et sur nos modes d’appréhension des choses. 

Au contemporain, si l’art a renoncé à changer le monde, il reste un moyen de le questionner, de s’en ressaisir et de le réinterpréter. A cet égard, les artistes ne manquent pas de s’attaquer aux normes et aux standards qui le gouvernent. Ainsi, les outils de la normalisation, instru-ments de mesure et d’évaluation, classifications, statistiques ou tests, sont analysés, révisés ou utilisés à contre-emploi afin de repousser les

limites du monde et de sa représentation (Fran-çois Feutrie, Guillaume Viaud). Les formes d’organisation du savoir les préoccupent tout autant, qu’il s’agisse du réseau cognitif de l’en-cyclopédie (Ceel Mogami De Haas), des liens hypertextes de l’ordinateur (Pierre Paulin) ou des fonctionnements de l’internet et de ses communautés virtuelles (Éléonore Joulin).

Se ressaisir du monde, c’est aussi opposer des formes de résistance aux modèles dominants, aux attitudes normées et aux représentations convenues (Cyril Aboucaya, Marie Aerts, Christophe Boursault, Delphine Pouillé), quitte à recourir à l’humour, à la fantaisie ou à la poétique de l’absurde (Jérémy Laffon).

Au sein du Panorama, les artistes usent de stratégies multiples et spéculatives, des plus sérieuses aux plus loufoques. Mais c’est ainsi qu’ils ouvrent des espaces physiques et men-taux dont nous ignorons l’existence (Benjamin Dufour, Simon Feydieu, Alexandre Giroux, Nils Guadagnin) et donnent consistance à de nouvelles conceptions du monde.

— Dominique AbensourCommissaire d’exposition chargée de la coordination de la biennale 2012

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LEnnOn BAtchELOR hERvÉ BEzEt

dAvIdE cAScIO gERARd-JAn cLAES & OLIvIA ROchEttE

cOLLEctIf 1.0.3 EdIth dEkyndt pAOLA dE pIEtRI

chLOÉ fRIcOut & JAvIER tOScAnO

JuLIEn gASc ISABELLE gIOvAcchInI

LAuREnt pERnOt pIERRE pEtIt

pAScAL pInAud MIchAëL SELLAM yvES tRÉMORIn

JORIS vAn dE MOORtEL

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pRIEuRÉ SAInt-MARtIn & cOuR dE LA SALLE cALvIn

15 — 18 novembre

gALERIE d’ESSAI dE L’ÉcOLE nAtIOnALE

SupÉRIEuRE d’ARt15 — 18 novembre

hERvÉ BEzEt

Le champ artistique, très singulier, d’Hervé Bezet questionne la mise en scène de fictions conceptuelles. Comme celle, pour le moins inattendue, de scénariser une salle de com-mission du Centre national de la Cinémato-graphie ; pièce réalisée lors d’une résidence à Poitiers et première proposition sur les quatre œuvres présentées pour son projet Underline / Borderline, sous l’écran les images, avec Réseau de neurones dont le monolithe central projette les images tissées par la toile.

L’artiste interroge l’image qui lui ouvre tout un champ d‘exploitations et un contrechamp d’investigations, croisant des modes de pro-duction comme le multimédia, la peinture, la sculpture ou la photographie, pouvant géné-rer un scénario.

Ses mises en scène, avec ces différents modes de représentation et de production concourent à nourrir une intrigue autour du fake (faux), du constant retournement des choses, pile et face, du décor et des coulisses du décor, du champ et du contrechamp.

~Dans l’installation Ready Lemon, Hervé Bezet, tout en poursuivant sa démarche autour du fake, propose un nouveau champ/contre-champ plastique et filmique autour d’un ques-tionnement sur le ready-made et son appro-priation.

D’une part il réalise une mise en scène du presse-citron de Philippe Starck, produit par Alessi en 1990. Cet objet de design, pur recyclage du concept de Marcel Duchamp, installé dans la cour de la Salle Cal-vin, est placé sous un sys-tème de surveillance, large-ment éclairé, comme s’il était sous les feux de la rampe. Trois presse-citrons sont déposés

sur des socles noirs disposés en quinconce par rapport aux cubes noirs existants installés au milieu de la cour de la Salle Calvin.

D’autre part au Prieuré Saint-Martin sont diffusés des entretiens de commissaires d’ex-positions autour de la question du concept du ready-made et la suite de l’installation Ready Lemon.

Le dispositif dans ses deux composantes questionne le spectateur sur ce concept et, par sa mise en scène, interroge sa réalité et son appropriation en 2012. Les vidéos sont le contrechamp filmique de l’installation mise en place dans la cour Calvin.

L’installation Ready Lemon à été soutenue par l’entreprise installée à Saint-Doulchard, par L’École nationale supérieure d’art de Bourges et par la Ville de Bourges.

LEnnOn BAtchELOR

Lennon Batchelor s’est tout particulièrement intéressé aux films d’actualités et aux films dits « panoramiques » du premier âge du cinéma. Il a laissé ces figures empruntées au début du cinéma enrichir son processus de création au moment même où il réalise ses deux derniers films : Highway Gothic et STS-135 : The Final Flight of the Space Shuttle Atlantis.

Pour ces deux films, il a utilisé de longues prises de vue et la technique du « tourné-monté », une technique de réalisation cinéma-tographique qui consiste à tourner tous les plans d’un film en continuité, de sorte que le film n’ait pas besoin d’être monté ultérieure-ment. Littéralement, il est tourné « déjà monté ». Cette technique participe à l’effet hypnotique que ces films recherchent. L’enjeu pour Lennon Batchelor dans son procédé filmique est d’installer autant que possible un contexte « cinématique » dans l’espace d’expo-sition.

~Focus on the Family, 2011, vidéo, University of Central Florida, États-Unis, 6'36"

Deux personnes qui ont appris de la télé-vision tout ce qu’elles savent sur les valeurs humaines, per-mettent à l’enfant dont elles ont la garde de s’en aller... Intitulé d’après un éminent groupe de pression conservateur améri-cain, Focus on the Family est une critique des valeurs familiales populaires américaines au XXIe siècle.

Highway Gothic, 2011-2012, film Super 8 (sous réserve, en cours de réalisation)

Relatant la beauté de l’autoroute américaine tandis qu’une catastrophe imminente s’annonce sur les ondes de Radio AM, Highway Gothic explore les thèmes de la mort et de l’au-delà par l’intermédiaire du regard à travers la vitre.

STS-135 : The Final Flight of the Space Shuttle Atlantis, 2012, film Super 8, (sous réserve, en cours de réalisation)

Ce film documente le dernier vol spatial habité du NASA’s Space Shuttle Program, filmé depuis les rives de la rivière Indian à Titusville, en Floride. Filmé dans le style des actualités et entièrement tourné-monté, STS-135 est un chant du cygne pour le vol spatial habité amé-ricain.

Prix étudiant du festival Bandits-Mages, en partenariat avec la Ville de Bourges et l’École nationale supérieure d’art de Bourges. www.bandits-mages.com

Highway Gothic, 2011-2012 Super 8 transféré sur DVD Image extraite du film © Lennon Batchelor

Focus on the Family, 2011 Vidéo 6'36" Image extraite du film © Lennon Batchelor

Still life, 2010 Installation multimédia, dimensions variables Les futurs de l’écrit, Centre culturel de rencontre de Noirlac, 2011 Production Collège Marcel Duchamp — EMBA, Châteauroux / Photo © Hervé Bezet — ADAGP Paris 2012

Ready Lemon, 2012 Esquisse préparatoire du projet pour la Biennale de Bourges 2012, 21 × 29,7 cm

nÉ En 1985 à pEnSAcOLA, fLORIdE uSA

vIt Et tRAvAILLE à ORLAndO, fLORIdE uSA

nÉ En 1970 à BOuRgES fR

vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

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dAvIdE cAScIO

Les œuvres de Davide Cascio renvoient à une recherche sensible sur notre mémoire collective, instaurant des rapports subtils et singuliers entre la philosophie, les mathématiques, l’histoire des civilisations et l’architecture. Omniprésente dans son travail, l’architecture se donne comme métaphore de la participa-tion de chacun à l’histoire collective. Cascio chemine par rapprochement formel, ce sont des choix esthétiques et pas tant métho-dologiques (au sens de démarche historique ou scientifique) qui déterminent son corpus de références. Ces concepts, représentations du monde (abstraites ou symboliques) et uto-pies, sont articulés librement puis fondus dans l’érection d’une nouvelle forme.— Caroline Soyez-Petithomme, 2012

« Cette fille est partie, j’étais amoureux d’elle et elle me détestait, et voilà mon his-toire. Demande à la poussière sur la route. Demande au vieux Junipero Serra, sur la plaza, sa statue se dresse là-bas avec les traces de soufre à l’endroit où je grattais mes allumettes, fumais mes cigarettes et regardais l’humanité passer devant moi, [...] »— John FantePrologue à demande à la poussière, Grosse faim : nouvelles 1932-1959, Christian Bourgois Éditeur, Paris, 2001.

~Une sculpture monumentale 1 sur laquelle on peut accrocher notre vélo. 2

Inspirée par les œuvres Protractor de Frank Stella 3 et Étude de couleur de Franz West.4

1 Sculpture dans un espace public : l’espace public représente dans les sociétés urbaines, l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui est à l’usage de tous, soit qui n’appartient à personne, soit qui relève du domaine public. L’usage (conventionnel, normé) des objets que l’on trouve dans cet espace dé-limité,

quand il est permis, implique pour l’usager un sentiment d’appropriation et d’apparte-nance, même s’il est limité au temps de l’usage. À l’inverse, s’il l’est d’une façon non conventionnelle ou interdite par la loi, il peut être désigné comme acte de vandalisme. 2 Un système de vélo mis à disposition du public est installé pendant le vernissage de la biennale. 3 En 1967 Frank Stella commence sa série Protractor Series, dans laquelle les courbes, parfois recouvrantes, s’insèrent dans des carrés qui sont disposés à côté de cercles et demi-cercles peints en anneaux de couleurs s’entrecroisant dans ceux-ci. Ces peintures sont baptisées d’après les villes circulaires que le peintre a visitées lors d’un voyage au Moyen-Orient. 4 Franz West, Farbstudie (Étude de couleur), 1991, Skulptur. Projekte in Münster, 1997.

gERARd-JAn cLAES & OLIvIA ROchEttE

Because we are visual, un film éton-nant, témoignant déjà d’une grande assurance dans le traite-ment de la narration et de l’image, consiste en une compilation de séquences saisies sur les sites de partage de vidéos qui fleurissent aujourd’hui sur la toile. Associées les unes aux autres avec sensibi-lité par les deux artistes, ces séquences forment progressive-ment un récit qui confronte le spectateur à ce phénomène de société que l’on nomme désor-mais le vlogging — par référence au blogging qui était jusqu’alors fondé sur la dif-fusion de textes et de photographies — et qui voit des personnes issues des quatre coins du globe confier quotidiennement à leur webcam ou à leur caméscope numérique des réflexions de tout ordre allant des plus banales au plus intimes. Propos qui se trouvent bientôt livrés à la vue de tous par l’intermédiaire du réseau. — Yoann Van ParysUn miroir sans tain, extrait

~Because we are visual, 2010, vidéo 47'12", Konin-klijke Academie voor Schone Kunsten, Gand, Belgique.

Because we are visual initie le spectateur au phé-nomène des vidéoblogs publics. Dans un univers poétique, des pensées, des angoisses et des soucis partagés se fondent par l’inter-médiaire de la webcam. Ce documentaire fixe l’attention sur la solitude et l’expérience de la matérialité à l’intérieur de cet espace virtuel.

Prix étudiant du festival Bandits-Mages, en partenariat avec la Ville de Bourges et l’École nationale supérieure d’art de Bourges. www.bandits-mages.com

J’accroche mon vélo et je vais pisser, R. Mutt, 2012 Métal vernis, vélos, 300 × 225 × 225 cm © Photomontage Davide Cascio

Œuvre produite en collaboration avec le Frac Centre, dans le cadre d’une résidence à la Box — Ensa de Bourges, printemps 2012

nÉ En 1976 à LugAnO ch

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR Et LugAnO ch

Because we are visual, 2010 Vidéo 47'12" Image extraite du film © Gerard-Jan Claes & Olivia Rochette

nÉS En 1987 En BELgIquEvIvEnt Et tRAvAILLEnt à BRuxELLES BE

SquARE LOuIS xI 15 — 18 novembre

gALERIE d’ESSAI dE L’ÉcOLE nAtIOnALE

SupÉRIEuRE d’ARt15 — 18 novembre

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MuSÉuM d’hIStOIRE nAtuRELLE 15 — 18 novembre

MÉdIAthèquE 15 — 24 novembre

EdIth dEkyndt

Au cours des années 1990, Edith Dekyndt s’est engagée dans un travail sur la perception, une activité vitale qui fait appel aux sens et à l’esprit pour nous relier au monde.

Si l’idée d’élargir nos potentialités percep-tives a marqué l’histoire de l’art moderne, c’est avec les moyens d’aujourd’hui et en puisant dans un héritage conceptuel et minimal qu’Edith Dekyndt explore tout un pan de la réalité qui nous échappe. A travers la vidéo, la photographie, des installations d’objets ou des pièces sonores, elle cherche à saisir des phénomènes naturels immatériels, invisibles ou éphémères qui peuplent notre environne-ment. Le froid, la chaleur, le champ de gravité, les ondes magnétiques ou l’électricité statique font l’objet d’expériences multiples. Des plus communes, au sein de dispositifs dépouillés, elles sont lumineuses et délicates. Le visiteur est toujours surpris de percevoir toute l’inten-sité des minces événements qu’elle capte, les évolutions d’un fil de soie en apesanteur au-dessus d’un radiateur, la surface irisée et chan-geante d’une pellicule d’eau savonneuse, le mouvement du métal en poussière attiré par des aimants. Certes, une réelle dimension scientifique anime ses recherches mais elles sont gouvernées par une subjectivité affirmée qui transforme le dérisoire et l’insignifiant en une véri-table expérience esthétique.

~Au fil de ses investigations, l’artiste s’est confrontée à des questions difficiles telles que la perception du temps, du vide ou de l’absence. Elle s’est aussi intéressée aux différents états de la matière, liquide, solide ou gazeux et aux transforma-tions qu’elle subit. Breiðamer kurfjara Beach, une

vidéo tournée en Islande cette année, en témoigne. Elle trouve sa place au Muséum d’histoire naturelle.

Loin des images spectaculaires de cette « terre de glace » aux paysages grandioses, Edith Dekyndt resserre le cadre sur un énorme bloc de glace curieusement échoué sur une plage de sable noir. Comment est-il arrivé là ? Il provient du Breidamerkurjökull, un gla-cier émissaire du Vatnajökull – le plus grand d’Europe – qui glisse lentement sur une pente douce et se termine dans un immense lac glaciaire, le Jokülsarlon. Là, des icebergs se détachent, dérivent et certains rejoignent l’Océan Atlantique. Ces glaces – souligne l’artiste – sont faites des précipitations très anciennes qui ont formé la calotte glacière du Vatnajökull. Elles contiennent des bulles d’air qui ont le même âge que le glacier. En fondant sur le lac ou sur la plage au terme d’un long parcours, ces précipitations millénaires retournent dans le cycle de l’eau sur terre. — Dominique Abensour

cOLLEctIf 1.0.3

Depuis sa fondation en 2002, le Collectif 1.0.3 développe une recherche sur les formes de l’organisation humaine à travers différents projets, installations multimédia, interven-tions in situ, sculptures. Le trio d’artistes s’inté-resse en particulier aux espaces de condition-nement et de circulation des savoirs, parmi lesquels la bibliothèque et l’ordinateur. 

À l’occasion de la Biennale de Bourges, le Collectif 1.0.3 investit l’espace de la média-thèque pour y déployer deux œuvres qui jouent de l’intégration d’une forme de biblio-thèque dans une autre. 

~Roll’ywood, version Cover Speech, 2008-2012Décliné en différentes versions depuis 2002, Roll’ywood est un dispositif de roulettes vidéo, des boucles donnant accès à des collections d’images fixes qui défilent sur un rythme ellip-tique. Chaque nouvel opus de Roll’ywood s’appuie sur un contexte de collecte singulier.

Ainsi, les images de la version Cover Speech ont été récoltées lors d’interventions en médiathèques, centres de documentation et bibliothèques privées. Toutes empruntent au film de Jean-Luc Godard Une femme est une femme (1961), le mode de communication adopté par Anna Karina et Jean-Claude Brialy qui ne se parlent plus qu’à travers des titres de livres.

Dans une architecture éphé-mère de livres,1 une dizaine d’écrans accueille différentes séquences d’images photographiques au cadre serré sur les mains des participants. Les éléments narratifs ainsi récoltés ont inté-gré les roulettes du dispositif vidéo capable d’exhumer à vive allure une sélection de titres. Cette cadence infernale est contredite par des interruptions régulières, un dialogue en cut-up s’établit alors.

Planiscope, version Pierre Joseph, 2007Cartographie du contenu de l’ordinateur de Pierre Joseph, cette œuvre prend la forme d’un film d’animation. Composée de noms de fichiers et de dossiers, l’animation dévoile l’arborescence du disque dur informatique de cet artiste qui considère son ordinateur comme un atelier. Il s’agit, ici, d’explorer deux niveaux de lecture, celui des données informatiques qui définissent son utilisateur, mais aussi de découvrir la méthode selon laquelle les Planiscopes sont réalisés par le Collectif. Cette double implication a pour but de dévoiler le cheminement de pensée d’un sujet et d’inter-roger la relation que nous établissons avec ces assistants que sont devenus nos ordinateurs.

Ces deux réalisations s’appuient sur la persis-tance du mot dans nos modes d’organisation et témoignent de la manière dont le Collectif poursuit une œuvre inspirée de l’usage des technologies, une démarche marquée par trois termes omniprésents : conservation, conver-sion, conversation.

1 Installation produite par la Médiathèque de Bourges.

Planiscope, version Pierre Joseph, date de catalogage le 21.03.2007 Film d’animation flash, muet, 128'09" en boucle Diffusion depuis un MAC ou PC © Collectif 1.0.3

Breiðamerkurfjara Beach, 2012 Vidéo 38' © Edith Dekyndt

AnnE cOuzOn cEScA nÉE En 1978 à SAInt-JuLIEn- En-gEnEvOIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

ARnAud Et fRAnçOIS BERnuS nÉS En 1974 à EnghIEn-LES-BAInS fR

vIvEnt Et tRAvAILLEnt à pARIS fR

nÉE En 1960 à ypRES BE

vIt Et tRAvAILLE à tOuRnAI BE Et à StRASBOuRg fR

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MuSÉE du BERRy 15 novembre — 31 décembre

hôtEL dE vILLE 15 — 18 novembre

chLOÉ fRIcOut & JAvIER tOScAnO

VICO, vidéoclub en expansionDans le contexte médiatique mexicain, carac-térisé par la diffusion d’informations souvent partisanes et erronées, les individus prennent la parole grâce à la mise en ligne de leurs vidéos. Certaines de ces capsules, relayées par une communauté d’internautes toujours plus nombreuse, se propagent dans l’espace vir-tuel jusqu’à faire irruption dans le débat public et ouvrir de nouvelles discussions. La caméra devient l’œil du témoin, l’outil de l’engagement citoyen. L’art vidéo mexicain, marqué par ces phénomènes autant que par sa défiance des pouvoirs publics, s’inscrit dans un questionnement lié à la notion de document, de témoignage et aux possibilités narratives qui en découlent.

L’art vidéo mexicain, marqué par ces phé-nomènes autant que par sa défiance des pou-voirs de représentation, s’inscrit dans un questionnement lié à la notion de document, de témoignage et aux possibilités narratives. Dans un souci de mémoire et d’analyse, le VICO crée des archives dont les premières œuvres soulignent une attention singulière à notre époque conjuguée à diverses recherches visuelles. La multiplicité d’utili-sations de l’outil vidéo implique de ne pas s’en tenir uniquement au champ de l’art mais de renouer avec la perméabilité entre disciplines qui caractérise ce médium : lors de sessions de trocs, les visiteurs sont invités à acquérir l’œuvre du VICO de leur choix en échange du don de leur vidéo. Le VICO ne cesse d’enrichir ses archives de pièces souvent surprenantes, courtes et radicales qui présentent des environne-ments et des quotidiens au travers de visions désinhibées, subtiles, audacieuses ou provo-catrices. La présence de ces œuvres troquées

implique l’existence de flux parallèles, ouvre de nouveaux horizons et force le dialogue.

Le VICO expérimente les prémices d’une dis-tribution alternative basée sur un échange ouvert qui influe directement sur la réception et la compréhension des créations. Les artistes invités à participer, se sont engagés dans un projet où leurs œuvres sont diffusées selon des règles intermédiaires : elles ne sont ni sou-mises aux termes d’exclusivité du marché de l’art ni perdues dans le flot de la transmission massive.

Pour compléter l’activation de son dispo-sitif de troc, le VICO propose des expositions, des ateliers et des conférences performatives où les artistes proposent des dérives visuelles.

À l’occasion de la Biennale de Bourges, le VICO a confié sa scénographie aux étudiants de l’École nationale supérieure d’art pour présenter une sélection de plus de 50 œuvres réunies au cours de précédentes expositions du projet.

Les archives du VICO comptent plus de 120 vidéos, réalisées depuis 2004 et acquises au cours des sélections et des sessions de trocs réalisées au Mexique. Au sein du VICO, ces œuvres sont régies par la licence Creative Commons International.

pAOLA dE pIEtRI

Paola de Pietri utilise la photographie pour ses qualités propres de témoin et d’interprète de la réalité. Depuis les années 1990, ce médium est pour elle l’instrument d’un questionnement permanent sur la place de l’individu dans le monde et sa relation aux espaces qu’il habite.

Captures d’une réalité subjective, les images de Paola de Pietri sont nourries de références au cinéma et à la peinture ; elles ont souvent une double dimension, narrative et documen-taire. À travers une pratique du portrait et du paysage, l’artiste cherche — selon ses propres termes — « à donner une certaine épaisseur au présent, à l’ici et maintenant », lesté d’un passé qui l’a précédé et porteur d’un avenir.

À cet égard ses portraits sont éloquents. Précisément pensés et réglés, ils mettent en scène des personnes en transit, des voyageurs sur le départ, des émigrés dans leur nouvel environnement ou des femmes enceintes. Paola de Pietri a toujours marqué un intérêt pour les états provisoires de l’indi-vidu. En 2003, une suite de portraits, consacrés aux liens de filiation entre les mères et leur fils, est expo-sée au Palais Jacques Cœur. Photographiées en pied, dans la rue, près de chez elles, avec leur enfant dans les bras, chacune de ces madones contempo-raines apparait isolée et vulnérable dans l’espace urbain. Ensembles, ces photographies portent une interrogation sur l’héritage et la transmission.

~Lorsqu’elle aborde le paysage, naturel ou construit, Paola de Pietri s’attache, en toute logique, à des territoires vécus par l’homme. La série To Face 2008-2011 en témoigne.

Ces paysages grandioses sont ambivalents. Tandis que, dans une tradition picturale romantique, la photographie célèbre la beauté intemporelle de la nature, elle documente un moment douloureux de l’histoire de la Pre-mière Guerre mondiale dont sa famille lui a parlé. Pour confronter ce récit à une réalité, Paola de Pietri s’est rendue dans les Alpes et le Carso, sur la ligne de front entre l’ Autriche et l’Italie. Elle y a photographié les vestiges des combats qui s’y sont livrés pour la première fois à une très haute altitude. Casemates, tombes, cratères et tranchées attestent de la violence des événements qui, eux aussi, ont façonné le paysage et dont les traces s’effacent au fil du temps. Au Musée du Berry, cette série est exposée non loin des collections archéo-logiques du musée.— Dominique Abensour

nÉE En 1983 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Sans titre n° 2, extrait de la série To Face, 2008-2011 Impression jet d’encre sur papier coton, encadrée, 94 × 112,5 cm Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du Calvaire © Paola de Pietri

Œuvre produite par le Musée du Berry, Bourges

Sans titre, extrait de la série Here again, 2003 Impression jet d’encre sur papier coton, 108 × 135,5 cm Courtesy de l’artiste © Paola de Pietri

VICO, vidéoclub en expansion Dispositif d’archivage, de diffusion, d’analyse et de troc d’art vidéo Laboratorio Arte Alameda, Mexico, 2011 Photo © Laboratorio Arte Alameda

nÉE En 1960 à REggIO EMILIA It

vIt Et tRAvAILLE à REggIO EMILIA It

nÉ En 1975 à MExIcO Mx

vIt Et tRAvAILLE EntRE pARIS fR Et MExIcO Mx

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MuSÉE EStèvE 15 novembre — 31 décembre

LE hAïdOuc 15 — 18 novembre

JuLIEn gASc

C’est comme musicien que Julien Gasc est invité en résidence à Bandits-Mages pour investir un plateau vidéo et « parler de cinéma ».

Julien Gasc tend constamment vers un métis-sage des influences et des disciplines ; une recherche dans plusieurs directions et dans divers médiums. À l’intérieur même de cette recherche et de sa pratique, des connexions se créent continuellement avec des artistes contemporains et des cinéastes dans ce qu’il appelle avant tout des amitiés.

Il a travaillé et joué pour les films de Marie Losier, cinéaste et commissaire. Il a assisté les artistes plasticiens Bruno Persat et Julien Crépieux. Il entretient une forte rela-tion avec la Flux Factory, une plateforme alterna-tive et lieu de résidence fondé par un collectif d’artistes à New York. Jean Barberis, qui en est le directeur artistique, grand voyageur et adepte des pratiques collectives, participe lui aussi à la vie créative de Julien Gasc. Ces amitiés sont autant de rencontres esthétiques que d’in-fluences qui traversent l’ensemble de son parcours.

~Il propose de faire découvrir ses influences tout au long de sa rési-dence, tant l’aspect musical, cinémato-graphique, littéraire que celui de la création contemporaine.

Il réalise simultanément des portraits filmés. Il propose une programmation rétrospective de films réalisés par des femmes, et raconte à tra-vers elles une histoire particulière du cinéma.

Sa résidence est l’occasion de montrer que les pratiques peuvent être plurielles et complé-mentaires, qu’il n’est jamais bon de s’enfermer dans un ghetto des genres. Une performance musicale et une projection des films clôturent la première partie de sa résidence à l’occasion de la Biennale de Bourges.— Isabelle Carlier

ISABELLE gIOvAcchInI

À première vue, l’œuvre d’Isabelle Giovacchini peut paraître insaisissable. Protéiforme, décalé et singulier, jouant du langage comme d’une image ou des images comme d’un langage, son travail se joue constamment des codes de lecture traditionnels. Alors même que sa démarche semble se présenter au spectateur dans la continuité de l’art dit conceptuel, c’est pourtant de l’inverse qu’il s’agit, comme une tentative désespérée et louable d’en finir avec le discours en art pour réinvestir un certain espace du sensible. Mais il ne faut pas croire que ce soit chose facile, qu’il suffirait de se taire pour faire silence, de faire « œuvre » d’art pour se voir quitte ainsi du sens et laisser surgir un espace de perception authentique qui ne soit pas déjà rongé par le langage et les codes dis-cursifs. En toute lucidité, il importe pour Isabelle Giovacchini de faire l’épreuve de se confronter au conceptuel, afin d’expier par un geste spécifique ce qui vient paralyser le geste en général.

Ce qui hante ses pièces, ce n’est pas le dispositif tech-nique en lui-même, mais bien plutôt l’aberration qu’il produit lorsqu’il est contre-productif. Il ne s’agit pourtant pas de géné-rer du chaos. Ce n’est pas l’absence de code qui fait œuvre ici, mais le désœu-vrement de toute entre-prise de codification livrée à elle-même. Ainsi, lorsque comme ici dans ces pièces, l’accident n’est plus seule-ment accidentel mais devient l’essentiel du dis-positif, c’est toute la finalité du processus, qui, de traces en traces, de monstruosités en aberrations, se voit désavouée et anéantie. Dans une sorte

d’aristotélisme rendu fou, l’œuvre d’Isabelle Giovacchini libère les genres et les espèces, les finalités et les causes, les formes et les matières.

Travaillant toujours à la marge, dans la char-nière entre l’image et le langage, au plus proche de leur indifférenciation, exhibant des cosses vides, épaves, traces qui ne mènent nulle part, gestes paralysés ou accidentés, c’est moins l’échec initial de toute prétention artistique qui importe pour l’artiste que de restituer dans toute sa splendeur hypothétique un naufrage néanmoins certain, et d’autant plus certain qu’il reste hypothétique. Au même titre que l’on a pu autrefois invoquer des « natures mortes », il faut voir surgir ici plutôt des « tech-niques mourantes », hantées par la complétude et le désœuvrement. Il n’y a donc pas de fan-tôme dans les machineries de cette artiste ; ce sont les machines elles-mêmes qui deviennent fantomatiques.

Hyperclean festival Toulouse d’été, 2005 Photographie du concert Photo © Erick Gonzalez

L’aigle de la nuit, 2011 Portrait de Julien Gasc, dessin feutre et encre 29,7 × 42 cm Photo et dessin © Evelyne Stadium

Leçons de ténèbres, 2012 Vidéo-projection en boucle, dimensions variables, 2012 Courtesy galerie Espace À VENDRE, Nice © Isabelle Giovacchini

Vanishing points, 2010 Impressions digigraphiques sur papier Hahnemuhle, cadres en métal, 40 × 50 cm Courtesy galerie Espace À VENDRE, Nice © Isabelle Giovacchini

nÉ En 1980 à cAStRES fR

vIt Et tRAvAILLE à vALLESvILLES fR

nÉE En 1982 à nIcE fR

vIt Et tRAvAILLEEntRE nIcE Et pARIS fR

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pALAIS JAcquES cœuR 15 novembre — 16 décembre

pRIEuRÉ SAInt-MARtIn 15 — 18 novembre

pIERRE pEtIt

Le travail de Pierre Petit se joue des objets et des images pour faire monter à la surface de notre regard, le quotidien, le moment anodin, mais significatif, l’objet commun déplacé qui devient insolite. Dans L’invention du quotidien, Michel de Certeau démontre que les petites choses banales révèlent le monde que nous habitons, sa richesse, pour peu que nous y portions attention.

Pierre Petit croise en permanence l’imagi-naire et le réel, le vrai et le faux, le possible et l’impossible, le dessin et l’imprimé, l’objet et l’image, au gré des apports du déroulement de sa vie, entre souvenirs et rêves. « Les pou-belles qui bâillent au soleil de midi toutes pleines de bonnes choses à cueillir pour celui qui sait, comme l’écrit Queneau dans Courir les rues, composent mon quotidien. »

Curieux, chineur, bricoleur, il laisse libre cours à ses intuitions plus qu’il ne s’appuie sur un monde rationnel ; au contraire, il le bouscule avec ses facéties, ses jeux, ses téles-copages, ses associations gorgées d’humour, qui dégonflent toute emphase et font perdre prise à toute censure ou prétention de savoir ou de pouvoir. Il en résulte des histoires qui s’éparpillent, se connectent les unes aux autres et s’ouvrent au hasard et aux énergies du quo-tidien, pour façonner un espace poétique. Il regarde le monde avec une loupe, lui donne une perspective pour lui confé-rer une aventure. De tous ces moments, il exhume des choses qui parviennent à transformer l’objectivité du quotidien en poé-sie, pour permettre la poursuite de ses voyages.

~Brume d’un matin Flâner dans la ville au gré des différentes architectures qui s’opposent, s’épousent ou s’en-

trechoquent, portant leur jeunesse ou leur vieillesse sur leurs façades, est à l’origine de cette série. Pierre Petit trace son chemin sur le gris des plaques de Placoplatre qui sont, par excellence, le matériau de construction, aujourd’hui, le plus employé, avec ce gros crayon bleu qu’emploient les maçons et les architectes pour marquer l’espace, d’un mur, d’une annotation ou d’une esquisse de projet. La déambulation de sa main, marque les cou-leurs, les odeurs et les sons de cette traversée urbaine et en suit le déroulé poétique. Ces plaques, qui cachent le béton ou la surface en arrière, forment autant un faux mur qu’un vrai mur, celui que l’on voit, que l’on croit solide. En laissant apparent le montage qui supporte ces plaques, le décor devient plus apparent et la plaque, de support, devient surface, sur laquelle viennent s’inscrire les traces des villes qui se nourrissent des souve-nirs, des rêves de Pierre Petit. À l’intérieur, les plaques forment les murs, les façades sur les-quels les dessins prennent corps. Ils sont comme autant de graffitis qui balisent ses traversées urbaines. Ce mur est un habillage, comme l’œuvre habille ses souvenirs et ses rêves qui sont aussi les nôtres et qu’il nous invite à partager.

LAuREnt pERnOt

Laurent Pernot envisage ses œuvres comme « des satellites en orbite autour d’un monde ». Hétérogène, habité par d’innombrables constellations de questions, ses limites restent indéterminées. Aux zones claires et tranchées du savoir et de l’expérience, l’artiste préfère celles du doute et de l’incertitude, aux fron-tières du réel et de l’imaginaire.

De la conception d’installations à la pro-duction d’images fixes ou en mouvement, ses projets prennent des formes multiples à tra-vers lesquelles il explore les domaines de l’aventure humaine : la vie et la mort, les replis de la mémoire, les dimensions du temps, le visible et l’invisible. Énigmatiques et parfois spectaculaires, ses œuvres se nourrissent autant des recherches actuelles en anthropo-logie, en astrophysique ou en écologie que de références au cinéma, à la peinture et à la litté rature.

À travers des dispositifs métaphoriques et oniriques au fort pouvoir émotionnel, l’artiste met en lumière, en images et en sons quelques-uns des mystères de notre monde et révèle certaines ambiguïtés de notre existence et de notre conscience.

~Dans la démarche qu’il déve-loppe depuis 2004, les espaces d’exposition et la relation au spectateur sont des données déterminantes ; lieu de mémoire et d’histoire, décor de nombreux films tournés dans ses salles, le Palais Jacques Cœur est particuliè-rement propice à un déploiement de ses œuvres. Laurent Pernot en exploite le poten-tiel fictionnel en mettant en scène plusieurs installations. Certaines sont anciennes,

d’autres sont inédites et produites par le Palais Jacques Cœur à l’occasion de la biennale.

Rassemblées sous le titre de Phenomena, elles évoquent le monde terrestre et le monde céleste, les cycles temporels de la lune et du soleil, le passage du jour à la nuit, de l’obscu-rité à la lumière et au-delà un univers plus grand, sans bord et sans fin. La Fenêtre (2010) et For Ever (2004), quant à elles, appartiennent à la sphère de l’intime, elles parlent de l’exis-tence de l’individu, de sa disparition et de sa survivance dans la croyance ou le souvenir des vivants. Habitées par le songe, la mémoire ou l’imaginaire des sciences, Phenomena invite à la méditation.— Dominique Abensour

La fenêtre, 2010 Installation vidéo sonore, voiles blancs, ventilateur, projection 8' en boucle Courtesy Galerie Odile Ouizeman © Laurent Pernot

nÉ En 1980 à LOnS-LE-SAunIER fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Brume d’un matin, 2012 Installation, dessins sur panneaux de Placoplatre montés sur rails, 250 × 960 cm Photo © Pierre Petit

nÉ En 1949 à MILLAS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

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JARdIn dES pRÉS-fIchAux 15 — 18 novembre

châtEAu d’EAu 15 novembre — 16 décembre

pAScAL pInAud

L’œuvre de Pascal Pinaud s’inscrit résolument dans le champ de la peinture. Depuis le début des années 1990, il en investit les enjeux avec un appétit immodéré et une inventivité peu commune. Héritier d’une histoire qui a vu la vie de tous les jours entrer dans le domaine artistique, il s’attache à montrer comment les formes les plus élaborées de l’art habitent notre quotidien le plus ordinaire. Que ses œuvres prennent la forme de tableaux, de sculptures, de photographies, de dessins ou d’installa-tions, elles réinterprètent des modèles histo-riques de la peinture et donnent à son actua-lité de nouveaux horizons.

Ignorant les frontières entre art mineur et art majeur, entre culture populaire et culture savante, Pascal Pinaud aime à conjuguer des registres hétérogènes voire contradictoires. Toute sorte de matériaux usuels participent de ses pièces tandis qu’il recourt à de multiples pratiques, domestiques, artisanales ou indus-trielles. Broder, tricoter, laquer une automo-bile ou ouvrir un chantier dans l’espace urbain, la gamme des activités, dont l’artiste s’approprie les savoir-faire, est illimitée.

~Au Château d’eau, Pascal Pinaud investit un objet architectural impressionnant dont l’es-thétique est issue d’une logique fonctionnelle, économique et technique. En son temps, ce bâtiment a joué un rôle majeur dans la vie quo-tidienne de la cité et aujourd’hui, il persiste dans cette voie en mettant ses ressources au ser-vice de l’art.

Autour de sa colonne centrale, l’artiste déploie une photogra-phie géante, à l’échelle 1 de son atelier. Version contemporaine de l’ Atelier du peintre de Gustave Courbet, ce panoramique est à

parcourir. Il nous donne accès aux coulisses de la création, un lieu de travail, de recherche, de stockage et un espace intime qui révèle la nature des œuvres produites.

Sur le pourtour de la grande couronne du château, la série des Écrans 1 met à jour un autre des hors champ de l’histoire des œuvres, plus sombre et rarement montré. Sur des « tableaux » de grand format, des images de presse plutôt rares s’affichent. Pixélisées telles des photographies agrandies de paparazzi, elles documentent le destin tragique de certaines œuvres. Ici, une toile de Kasimir Malévitch a été taguée du « S » barré du dollar ; là, du bleu de méthylène a été vomi sur un tableau de Piet Mondrian ; plus loin, Le Cri d’Edvard Munch est embarqué dans le coffre d’une voiture, ailleurs d’autres œuvres ont été brûlées ou découpées au cutter… Célébré ou contesté, l’art a de tout temps suscité passion et débat, pour le pire et le meilleur.— Dominique Abensour

1 Trois nouvelles œuvres de cette série ont été produites par le Château d’eau dans le cadre de la Biennale de Bourges 2012.

MIchAëL SELLAM

Le travail de Michaël Sellam multiplie les réfé-rences au monde des loisirs populaires avec un intérêt particulier pour les pratiques ama-teurs et les formes de sous et de contre-cultures. Appartenant à une génération qui a intégré l’utilisation de l’informatique et des nouvelles technologies, il s’appuie sur ces instruments techniques en les mixant aux pratiques populaires pour produire des ren-contres monstrueuses et distordues. Ancrés dans une pratique régulière de la musique, ses projets appliquent aux objets et événements qu’il met en scène des processus d’amplifica-tions, de variations et de modulations.

~L’enjeu de l’intervention de Michaël Sellam est d’ajouter une sculpture Prothèse à une autre sculpture Diane Surprise, de Jules Blanchard, datant de 1881, afin d’opérer un aller-retour entre les formes anciennes de la sculpture clas-sique et les pratiques contemporaines de l’auto-publication sur Internet. Il n’est pas difficile de trouver ces dernières, dont le contexte est souvent le même, une salle de bain, un miroir, une jeune fille partiellement dévêtue, un téléphone portable avec fonction appareil photo. En se photographiant ainsi, en prenant la pose pour apparaître sous leurs plus beaux jours, les ado-lescents ne font que repro-duire une stratégie domi-nante de la représentation de leur corps, que les émissions de télévision et la presse véhiculent. Giorgio Agamben dans son livre Qu’est-ce qu’un dispo sitif ? pointe cette question : « Quelle stratégie devons-nous adopter dans le corps à corps quotidien qui nous lie aux dispositifs ? »

L’adjonction de la sculpture Prothèse à celle de Jules Blanchard, une main portant un télé-phone portable doit parfaitement s’adapter à la dynamique du corps de Diane Surprise qui, autrefois, placée au centre du bassin du Jardin des Prés-Fichaux à Bourges, se trouve aujourd’hui, conservée dans l’une des cours du Musée du Berry.

Effectivement, l’effet de tromperie dans un premier temps, comme si Diane avait retrouvé l’usage de sa main originale, s’évanouit dès que la main qui saisit le téléphone pour se photo-graphier apparaît. Le replacement de la statue dans le jardin des Prés-Fichaux avec cette pro-thèse, dénote d’un double anachronisme, celui de son emplacement retrouvé et celui de la date de la réalisation des deux sculptures. Cette opération et ce déplacement ne cherchent pas à modifier la sculpture initiale mais à en ampli-fier les paramètres afin de les faire dialoguer avec notre époque, dans une oscillation tem-porelle et spatiale rapide entre passé et futur.

Prothèse, 2012 Acier et silicone, 150 × 70 × 70 cm © Michaël Sellam

Œuvre produite dans le cadre d’une résidence à la Box — Ensa de Bourges, printemps 2012

nÉ En 1975 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

nÉ En 1964 à tOuLOuSE fR

vIt Et tRAvAILLE à nIcE fR

Écran n°3, 2000 Tirage numérique sur toile et armature aluminium 270 × 180 cm Photo © François Hernandez

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LA BOx 15 novembre — 15 décembre

tRAnSpALEttE 5 octobre — 18 novembre

JORIS vAn dE MOORtEL

Au Transpalette, il va construire un atelier temporaire tel une plateforme pour exercer ses activités qu’il présente comme une mise en scène pour son exposition ; par la suite en le découpant et en le transportant ailleurs dans d’autres espaces d’expositions, ces éléments résiduels se transformeront en d’autres œuvres... et ainsi de suite...

Aussi, la démarche de Joris Van de Moortel tient d’une obédience iconoclaste à la fois minimale et déconstruite. Pourtant, quand on regarde ses œuvres, nous ne trouvons aucune trace d’acte désenchanté. Elles le seraient sûre-ment si son travail n’était empreint de détour-nement et d’humour ce qui, par un renverse-ment poétique, le rapproche des postures de Marcel Duchamp et de Marcel Broodthaers.

À Duchamp, Van de Moortel a d’ailleurs rendu un superbe hommage par une pièce monumentale Le grand verre, Zelfs (2009) qui rejouait la fameuse valise portative contenant tout l’univers de l’artiste tout en résultant d’un accident d’accrochage tel un gisant sur le sol... La version du jeune flamand est une sculpture d’ordre architectural. La référence à la valise est immé-diate et drôle mais, ce qui frappe surtout, c’est la manière dont Van de Moortel repense la pièce en l’habitant, en s’y construisant un bureau, en faisant un espace d’atelier dans lequel il laisse trainer son propre abécédaire formel, tandis que la « sculpture-même » tente de se déployer en hauteur, elle semble brisée sur le sol par un accident survenu lors de l’accrochage et laissée telle quelle.

D’autre fois, il incita carrément au rejet, lors d’une présentation solo par sa galerie belge Hoet Bekaert à la foire Artbrussels en 2009, lorsqu’il agglomère toutes les pièces qu’il

avait auparavant déployées dans l’espace de la galerie en les attachant avec un énorme élas-tique, réfutant ainsi leur individualité et en nous interdisant toute lecture sereine de ses œuvres. Sorte d’agglomérat repoussoir, cela dénotait plus d’un manifeste protestataire et donc, du refus de la monstration, plutôt que d’une démarche consensuelle qu’implique un espace aussi marchand qu’une foire.

Il va sans dire que nous ne pouvons savoir réel-lement à l’avance ce que Joris Van de Moortel nous réserve lors de cette exposition person-nelle et c’est bien ce qui nous importe...— Jérôme Cotinet-Alphaize

yvES tRÉMORIn

Dès ses premières photographies au début des années 1980, Yves Trémorin exprime la néces-sité impérieuse de fouiller la réalité pour en accroître la visibilité et en exacerber le sens. D’emblée, il détermine les conditions de sa recherche, des dispositifs de prises de vue précisément pensés, un médium utilisé pour ses qualités propres, un travail sur ses proches et son environnement immédiat qu’il observe de près voire de très près.

Les genres traditionnels de la photographie sont investis mais la proximité qu’il entretient avec ses modèles, sa famille, les vivres de son repas, les plantes ou les objets, produit des images inattendues : des portraits aux figures dévisagées, des nus aux corps vécus examinés dans leur moindre repli, des natures mortes vraiment mortes. En privilégiant le détail et le fragment, l’artiste explore une part aveugle de la réalité que les gros plans mettent à jour et amplifient jusqu’à rendre très étrange l’ordi-naire des choses de la vie. C’est soudain un univers stupéfiant que nous découvrons où la vie et la mort, la beauté et l’horreur se côtoient sans cesse. Parfois brutal, effrayant et même repoussant, il est aussi grandiose, magique et cap-tivant. De manière para-doxale, c’est en scrutant la réalité avec la rigueur de l’ethnologue, de l’entomo-logiste, du botaniste ou du médecin légiste, qu’Yves Trémorin en révèle les dimensions symboliques.

~À la Box, Yves Trémorin utilise la neutralité de cet espace blanc et muet pour y exposer un ensemble de sa récente série de Soleils noirs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas des photographies mais des

électronogrammes réalisés dans la chambre d’un microscope électronique de l’IUT de Bourges 1 et capturés sur un écran. L’appareil n’utilise pas la lumière pour « voir » mais un faisceau d’électrons qui balaye l’objet étudié. Certaines particules produites par ce bom-bardement sont détectées, captées et interpré-tées pour construire une image. Fidèle à ses principes, c’est avec une objectivité et une précision de scientifique, que l’artiste observe des insectes, isolés de tout contexte dans un habitacle vidé de son air. Loin de témoigner d’un monde familier, ces images à très haute définition révèlent une surréalité, un univers tantôt cosmique, tantôt subaquatique, un ail-leurs en tous cas, qui semble appartenir au domaine de la science-fiction. — Dominique Abensour

1 Jean-Pierre Martin, alors directeur du Département Mesures physiques de l’IUT de Bourges, a accueilli et accompagné ce projet à l’initiative de Stéphane Doré, directeur de l’École nationale supérieure d’art de Bourges.

Électronogramme n°12, 2011, extrait de la série Soleils noirs, 2009-2011 Tirage chromogène lambda sur papier, encadré, 82 × 62 cm Courtesy galerie Michèle Chomette © Yves Trémorin — ADAGP

nÉ En 1959 à REnnES fR

vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

nÉ En 1983 à AnvERS BE

vIt Et tRAvAILLE à AnvERS BE

All bound rubber sound, 2010 Hoet Bekaert Gallery, Art Bruxelles, 2010 Courtesy de l’artiste et de la Hoet Bekaert Gallery

Le grand verre, Zelfs, 2009 Hoet Bekaert Gallery, Volta, Bâle 2009 Courtesy de l’artiste et de la Hoet Bekaert Gallery. Collection privée

Page 16: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

Collectif 1.0.3 Roll’ywood, version Cover Speech, 2009-2012 Images extraites de plusieurs vidéos, durées variables, en boucle © Collectif 1.0.3

Chloé Fricout & Javier Toscano VICO, vidéoclub en expansion Dispositif d’archivage, de diffusion, d’analyse et de trocs d’art vidéo MAC/VAL — Vitry-sur-Seine, France — mai/juin 2011 Photo © VICO

Laurent Pernot For Ever, 2004 Installation vidéo, 8' en boucle, robe au sol Courtesy galerie Odile Ouizeman © L. P.

Pascal Pinaud L’atelier, 2007

Impression numérique sur bâche plastique, 2 × 43 m

Vue de l’exposition Bienvenue chez moi, galerie Catherine Issert,

Saint-Paul, 2007 Photo François Fernandez

Courtesy galerie Catherine Issert

Yves Trémorin Électronogramme n°1, 2009, extrait de la série Soleils noirs, 2009-2011 Tirage chromogène lambda sur papier, encadré, 82 × 62 cm Courtesy galerie Michèle Chomette © Y. T. — ADAGP

Joris Van de Moortel Erratum musicale what for

and who for, I don’t know, 2012 Matériaux divers, bois,

métal, câbles, Plexiglas, sac de chantier, corde, rebus,

batterie, basse, platine et matériel sonore. Structure : 6 × 2 × 2 m

Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du Calvaire. Photo © Ismaïl Bahri

30 31

Paola de Pietri Sans titre n° 13,

extrait de la série To Face, 2008-2011 Impression jet d’encre

sur papier coton, encadrée, 134 × 161 cm

Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du Calvaire

© P. d. P.

Page 17: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

3332

Cesca, Arnaud et François Bernus, tous issus d’un post-diplôme à l’École des beaux-arts de Genève en 2003. Ils ont participé ensemble à des manifestations importantes comme la Force de l’art à Paris en 2009 ou les Biennales d’art contemporain de Lyon (2007) et de Rennes (2008). Plusieurs expo sitions personnelles leur ont été consacrées à la galerie de Noisy-le-Sec en 2005, à la galerie In situ de Fabienne Leclerc en 2008, et à la galerie Sandra Nakicen à Lyon en 2011 ainsi qu’au Magasin à Grenoble. Entre 2007 et 2010, ils ont été membres actifs de Glassbox à Paris.

EdIth dEkyndtnÉE En 1960 à ypRES BE

vIt Et tRAvAILLE à tOuRnAI BE Et à StRASBOuRg fR

www. edithdekyndt.beAprès des études en commu-nication visuelle à l’École des Beaux-Arts de Mons, Edith Dekyndt concentre sa réflexion sur l’espace environnant et ses parti cularités. En 1995, elle collabore avec des architectes comme Olivier Bastin et en 1999, elle crée une structure de recherche, Universal Research of Subjectivity. Depuis, son œuvre se développe entre art et science. Elle a régulièrement exposé en Europe et aux États-Unis, et notamment en 2011 au S.M.A.K à Gand, au Casino Luxembourg, au Printemps de Toulouse et au Moma à New York (qui a acquis plusieurs de ses œuvres). Des expositions personnelle importantes ont eu lieu au BPS

22 à Charleroi (2004), au Witte de With à Rotterdam (2009), au Mac’s / Grand Hornu (2009), au Kiosk à Gand (2010), et à la Synagogue de Delme (2011).

pAOLA dE pIEtRInÉE En 1960 à REggIO EMILIA It

vIt Et tRAvAILLE à REggIO EMILIA It

Depuis 1994, les œuvres de Paola de Pietri ont fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en Italie et en Europe. Parmi elles, la Biennale de Venise (1997 et 2010), la Galerie d’art moderne de Bologne (2001), le Musée de la photographie à Winterthur (2005), le Musée d’art contemporain de Shanghai (2006), le Musée de la photographie contemporaine Cinisello Balsamo à Milan (2007), la Fondation de la photographie à Modène (2010), Le Bal à Paris (2011) et le MAXXI, Musée national des arts du XXI e siècle à Rome (2012). Ses œuvres se trouvent dans plusieurs collections publiques et privées à Bologne, Turin, Milan, Montréal et Londres. À Paris, l’artiste est représentée par la galerie Les Filles du Calvaire.

chLOÉ fRIcOutnÉE En 1983 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Co-commissaire avec Javier Toscano du VICO, vidéoclub en expansion, Chloé Fricout conçoit des projets d’exposition et de médiation liés à l’art contem-porain mexicain, l’espace urbain et l’art vidéo. Diplômée d’une maîtrise d’histoire de l’art à l’Uni versité Paris I et d’un master en politiques publiques

de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, elle a été coordinatrice de projets artistiques et commissaire de Casa Vecina-Espacio Cultural (Mexico, 2008-2010). Elle est notamment la commissaire de Glorieta, exposition d’art vidéo sur la ville (Museo Ex Teresa Arte Actual, Mexique, 2007), de Translaciones, une exposition d’art et d’archi-tecture in situ (Casa Vecina, Mexique, 2009) et de Mexico customisé, un programme de films et de vidéos (Festival Travelling, Rencontres internationales du Cinéma Latino et Traverse Vidéo, France 2011).

JuLIEn gAScnÉ En 1980 à cAStRES fR

vIt Et tRAvAILLE à vALLESvILLES fR

www. discogs.com/artist/Julien+Gascaquaserge.com Julien Gasc obtient un Deug de musicologie à l’Université Paul Valéry de Montpellier en 2001. Dès 2000, il forme le trio de jazz Dozen Fratzen puis, en 2003, il rejoint le groupe Hyperclean et crée le groupe Momotte. En 2005, il crée le groupe Aquaserge avec Julien Barbagallo et Benjamin Glibert d’Hyperclean. Il est à Berlin en 2007 où il chante en solo avec claviers et, en 2008, il rejoint le groupe Stereolab. En 2009, il écrit et produit l’album d’ April March et Aquaserge. En 2010, il joue avec April March et est musicien de session pour Bertrand Burgalat (My Little Princess, film d’Eva Ionesco). En 2011, il se produit en concert avec April March au Centre

LEnnOn BAtchELORnÉ En 1985 à pEnSAcOLA uSA

vIt Et tRAvAILLE à ORLAndO uSA

www. lennonbatchelor.tumblr.comDiplômé en études cinéma-tographiques de l’Université de Floride en 2012, Lennon Batchelor entend poursuivre ses recherches dans le cadre d’un programme d’études post-universitaires. Parmi l’ensemble de ses productions vidéos, Focus on the Family (2012) a été exposée dans de nombreux pays (États-Unis, France et Suisse notamment) et distinguée par une mention de l’Onion City Film Festival de Chicago.

hERvÉ BEzEtnÉ En 1970 à BOuRgES fR

vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

www. hervebezet.comHervé Bezet, alias RVB, est un artiste pluridisciplinaire qui investit les pratiques du cinéma, de l’image, de la mise en scène et d’Internet. Après deux licences en arts du spectacle (cinéma et théâtre) à l’Université Paris-III et une maîtrise en arts plastiques à l’Université-Paris VIII, il est diplômé de l’École nationale supérieure d’art de Bourges en 1990. Depuis la fin des années 1990, il a participé à différentes expositions de groupe, récemment, en 2011, à l’ Abbaye de Noirlac à Bruère-Allichamps et cette année au Lycée Jean Hyppolite à Jonzac (Frac Poitou-Charentes).

Ses travaux ont aussi fait l’objet d’expositions personnelles, entre autres, à l’ ABC (Association Bourguignonne culturelle) à Dijon en 2004, à la galerie Art Tension à Bourges en 2005, à L’appart à Poitiers en 2008, et à la Galerie Marcel Duchamp à Châteauroux en 2010.

dAvIdE cAScIOnÉ En 1976 à LugAnO ch

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR Et LugAnO ch

www. davidecascio.com Après des études à l’ Académie des Beaux-arts de Rome (1996-2000), Davide Cascio entame un parcours ponctué par des résidences (dont cette année à la Box, ENSA de Bourges et en 2010 au Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo à Paris). Plusieurs prix lui sont décernés (entre autres le Swiss Art Award en 2007 et 2008 et le Manor Ticino Award, Suisse 2007). Depuis 2003, il a participé à de nombreuses expositions de groupe : dont en 2009 à la Haute école d’art de Genève et au Zentrum Paul Klee à Berne, en 2011 à la galerie Von Bartha Garage à Bâle et à la galerie Golden Thread à Belfast et, cette année, au Frac Centre à Orléans et au Aargauer Kunsthaus (Aarau, Suisse). Son travail a aussi fait l’objet d’expositions personnelles, notamment au Kunsthaus Glarus (Suisse) en 2009 ainsi qu’au Kunstmuseum de Thun (Suisse) et à la galerie Xippas à Paris en 2011.

gERARd-JAn cLAES & OLIvIA ROchEttE

nÉS En 1987 En BELgIquEvIvEnt Et tRAvAILLEnt à BRuxELLES BE

www. claes-rochette.beOlivia Rochette et Gerard-Jan Claes ont fait des études de cinéma à la Hogeschool de Gand en Belgique où ils ont réalisé ensemble plusieurs courts métrages dont un documentaire, making-of du long métrage My Queen Karo de Dorothée Van Den Berghe en 2009. Après avoir tourné Because we are visual (2010), couronné de plusieurs prix (dont celui de Bandits-Mages en 2011), ils ont récemment poursuivi une collaboration initiée en 2009 avec la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker et sa compagnie de danse Rosas pour tourner un nouveau documentaire. Depuis 2008, leurs films ont été présentés dans de nombreux festivals en Europe (notamment au festival Hors pistes du Centre Georges et au 13e Festival des Cinémas différents et expérimentaux à Paris en 2011), au Japon et en Turquie. Ils ont, cette année, participé à la Semaine du documentaire de Hambourg.

cOLLEctIf 1.0.3AnnE cOuzOn cEScA nÉE En 1978 à SAInt-JuLIEn- En-gEnEvOIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

ARnAud Et fRAnçOIS BERnuS nÉS En 1974 à EnghIEn-LES-BAInS fR

vIvEnt Et tRAvAILLEnt à pARIS fR

www. unpointzeropointrois.tk Constitué en 2002, le Collectif 1.0.3 réunit Anne Couzon

BIOgRAphIES

Page 18: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

3534

Georges Pompidou et est musicien de session pour Drag City, deuxième disque de Laetitia Sadier. Cette année, un premier disque en solo a été produit. Il est intervenu au Plateau à Paris et est en tournée aux États-Unis avec Laetitia Sadier.

ISABELLE gIOvAcchInInÉE En 1982 à nIcE fR

vIt Et tRAvAILLE EntRE nIcE Et pARIS fR

www. isabellegiovacchini.com En 2006, Isabelle Giovacchini est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’ Arles après une licence en arts plastiques à l’Université de Provence Aix-Marseille I. Depuis, elle a participé à de nombreuses expositions de groupe : entre autres, en 2011 à la galerie Espace À VENDRE à Nice et à la galerie Maxence Malbois à Paris et cette année à l’Espace de l’ Art concret à Mouans-Sartoux. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées, en 2011, à la galerie Isabelle Gounod à Paris, à Reims à la Chaudronnerie/Frac Champagne-Ardennes et à l’ Agence Pomme Z, puis, en 2012 à la galerie www.chez-robert.com et à la galerie Espace À VENDRE à Nice.

LAuREnt pERnOtnÉ En 1980 à LOnS-LE-SAunIER fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www. laurentpernot.net Diplômé de l’Université de Paris VIII en 2002 (Maîtrise de Photographie et Multimédia) puis du Fresnoy – Studio

national des arts contemporains en 2004, Laurent Pernot poursuit depuis un parcours ponctué de résidences et d’expositions en France et à l’étranger. Son travail a notamment été présenté à la Fondation Miró de Barcelone (2005), à la galerie Sketch à Londres (2007), au Musée Alvar Aalto en Finlande (2006), au Palais des Arts de Belo Horizonte au Brésil (2009), et plus récemment au Lux, Scène nationale de Valence (2010), à l’Espace culturel Louis Vuitton à Paris (2010) ainsi qu’au Palais de Tokyo à Paris (2011) et au CAB de Grenoble (2012). L’artiste est représenté par la galerie Odile Ouizeman à Paris.

pIERRE pEtItnÉ En 1949 à MILLAS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www. pierre.petit.site.free.frDepuis sa première apparition sur la scène de l’art en 1977, Pierre Petit a participé à de nombreuses expositions principalement en France dont celles organisées aux Abattoirs à Toulouse (2003), à la Villa du Parc à Annemasse (2005), au Centre d’art de Saint-Fons (2006), à l’Espace Camille Lambert à Juvisy-sur-Orge (2007) ou au CAPC à Bordeaux (2008). Ces dernières années, il a notamment exposé au MAC/VAL à Vitry-sur-Seine en 2007, au Musée de l’Objet à Blois et dans plusieurs lieux à Châteauroux (Maison des Arts et traditions populaires du Berry, Musée Bertrand, Galerie du Collège Marcel Duchamp)

en 2008 ainsi qu’à la galerie Anton Weller à Paris en 2009.

pAScAL pInAudnÉ En 1964 à tOuLOuSE fR

vIt Et tRAvAILLE à nIcE fR

www. pascalpinaud.orgDiplômé en 1990 de la Villa Arson où il enseigne aujourd’hui, Pascal Pinaud s’affirme comme peintre mais aussi photographe, sculpteur, collectionneur et commissaire d’expositions. Il a participé à de nombreuses expositions en France et à l’étranger, notamment à Vienne (1999), New York (2001), Prague (2006) et Moscou (2010). Des expositions personnelles importantes ont marqué son parcours, parmi elles, le Mamco à Genève (2001 et 2011), le Musée d’art moderne de Saint-Etienne (2005) et bien d’autres dans les centres d’art. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées, en France et à l’étranger. Pascal Pinaud a également réalisé plusieurs œuvres dans l’espace public, entre autres pour le Tramway de Nice (2007) et celui de Paris (en cours). Il est représenté par les galeries Nathalie Obadia à Paris et Catherine Issert à Saint-Paul de Vence dans lesquelles il a exposé cette année.

MIchAëL SELLAMnÉ En 1975 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www. michaelsellam.comAprès des études à la Sorbonne, à Paris X-Nanterre, à l’École

nationale des arts décoratifs (Paris) et un post diplôme à l’École supérieure d’art et de design de Marseille, Michaël Sellam est diplômé du Fresnoy – Studio national des arts contem porains de Tourcoing en 2005. Depuis 2000, il a participé à de nombreuses expositions de groupe : dont en 2010 à l’Espace Niemeyer et au Centquatre à Paris ainsi qu’au Festival of Transitory Art de Ljubljana (Slovénie), en 2011 à la galerie Pascal Vanhoecke et à Plateforme à Paris. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées, en 2004 à la galerie Basemkamp à Philadelphie, en 2005 à Lagalerie (Paris), en 2007 à la galerie Pascal Vanhoecke (Paris), en 2009 à la galerie The Window 41 (Paris) et, en 2011, au 22, 48 m2 à Paris, à l’ENSA de Nantes, à la galerie de l’ESAD à Amiens et à la galerie de l’ERBAN à Nantes. Cette année, il a été en résidence à la Box, ENSA de Bourges.

JAvIER tOScAnOnÉ En 1975 à MExIcO Mx

vIt Et tRAvAILLE EntRE pARIS fR Et MExIcO Mx

www. lab060.orgCo-commissaire avec Chloé Fricout du VICO, vidéoclub en expansion, Javier Toscano est artiste, théoricien et commissaire d’exposition. Il est docteur en philosophie de l’Université nationale autonome de Mexico. En 2003, il est membre fondateur du Laboratorio curatorial 060, un groupe de réflexion et d’expérimentation qui obtient,

pour le projet Frontera, brouillon pour la création d’une société du futur (Chiapas, Mexique, 2008) le Prix des meilleures pratiques artistiques en Italie. De 2007 à 2009, il fait partie du Conseil de direction de Transitio_mx Festival d’arts électroniques et de vidéo (Mexique) et en 2009, il dirige le 6e Forum d’art public, Sala de Arte Público Siqueiros au Mexique. Entre 2009 et 2010, il est artiste résident à Berlin avec une bourse du programme DAAD tandis qu’il est rédacteur en chef du projet expérimental Nerivela et développe le Rotatorio, un projet d’art autogéré.

yvES tRÉMORInnÉ En 1959 à REnnES fR

vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

www. yvestremorin.wunderblock.comAprès des études supérieures de mathématiques à l’Univer-sité de Rennes I, Yves Trémorin se consacre à la photographie en 1980. En 1986, il fonde le groupe Noir Limite avec Jean-Claude Bélégou et Florence Chevallier. À l’origine de nombreuses manifestations, il se dissout en 1993. Depuis 1984, Yves Trémorin a contribué à de multiples expo sitions collectives, notamment, en 2011, au Centre d’art de Majorque en Espagne, au Musée des beaux-arts de Calais et à la Maison européenne de la photographie à Paris. Ses travaux font régulièrement l’objet d’expo -sitions personnelles en France et à l’étranger. Récemment,

La Dérivée mexicaine, suite photo graphique, a été montrée à Douchy-les-Mines, à Brest, à Caen et à Rennes en 2011 et cette année au Centre photo graphique d’Île-de-France à Pontault-Combault. Sa dernière série, Soleils noirs, a été exposée à la galerie Michèle Chomette à Paris. Ses œuvres sont largement présentes dans les collections publiques et privées en France.

JORIS vAn dE MOORtELnÉ En 1983 à AnvERS BE

vIt Et tRAvAILLE à AnvERS BE

www. jorisvandemoortel.euArtiste et musicien flamand, Joris Van de Moortel a fait ses études à l’École supérieure des arts de Bruxelles (2004-2007) et à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Gand (2008-2009). Lauréat du Prix de la Jeune peinture en Belgique en 2011, il est actuellement en résidence au Künstlerhaus Bethanien à Berlin. Depuis 2007, il a participé à de nombreuses manifestations en Europe, notamment au MAMA à Rotterdam (2008), au Musée des Beaux-arts d’ Anvers (2009), au Fort du Bruissin à Lyon (2010), au Mukha à Anvers (2011) et au Centraal Museum à Utrecht (2012). Plusieurs expositions personnelles ont eu lieu, entre autres à la galerie Hoet Beckaert (Gand, 2008 ; Bâle, 2009 ; Bruxelles, 2010 ; Marseille et Cologne, 2011) ainsi qu’à la galerie Michael Janssen à Berlin en 2010 et à la galerie Les Filles du Calvaire à Paris en 2012.

BIOgRAphIES

Page 19: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

JÉRÉMy LAffOnfRAnçOIS MAzABRAud

ARMAnd MORInMARIAnnE MuLLER

pIERRE pAuLInMARIOn pEdEnOn

fÉLIx pInquIERdELphInE pOuILLÉ

LES fRèRES RIpOuLAIn,dAvId REnAuLt &

MAthIEu tREMBLInBERtRAnd RIgAuxguILLAuME vIAud

LAuRE vIgnAAMÉLIE WEIRIch &

fEdERIcO fIERRO

cyRIL ABOucAyAMARIE AERtS

cÉLInE AhOndpIERRE-yvES BOISRAMÉchRIStOphE BOuRSAuLt

ÉLOdIE BRÉMAudRÉMy BRIERE

cEEL MOgAMI dE hAAS AMÉLIE dESchAMpSBEnJAMIn dufOuR

JEnnIfER duJARdInfRAnçOIS fEutRIE

SIMOn fEydIEunIcOLAS gAILLARdOn

ALExAndRE gIROuxnILS guAdAgnIn

ÉLÉOnORE JOuLIn

2012

Page 20: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

38 39pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

cyRIL ABOucAyA

Je fais des installations adaptées aux for-mats des lieux qui les accueillent. Elles se composent d’objets travaillés main, bien que singeant l’aspect industriel dans un certain état de surface. Ceux-ci rappellent l’habitat, mais proposent des formes de tombeaux assemblés en kit, ou de mobilier pour offrandes, en utilisant avec humour les matériaux bon marché présents massi-vement dans l’industrie de l’ameublement. Les apparats de ceux-ci pointent la volonté illusionniste et le comportement menson-ger desdites entreprises quant à leur résis-tance au temps ; finalement comme dans toute forme de représentation… J’utilise donc également différents protocoles pour traiter la surface apparente de chaque objet (ponçage, lissage, peinture ou recouvre-ment adhésif).

Les projets sont souvent réalisés à partir de moyens architecturaux, de prises de mesures, de maquettes et de modélisations 3D afin de répondre au terrain de mise en exécution. Mais la manœuvre reste flexible, car je réintègre parfois des pièces déjà réalisées ou redimen-sionnées. L’avenir de ce travail se concrétisera donc en fonction des invitations à activer des modules dans tel ou tel espace et en fonction d’une histoire donnée.

~Le contexte de modules dans le Pavillon d’ Auron sera donc propice à la fabrication d’un stand de sculptures-ameublement type magasin IKEA, en y glissant subrepticement des objets d’influence funéraire adoucis par une esthétique minimaliste et domestique. Mes intentions ne sont pas morbides mais tendent à proposer des formes de vanités sous le prisme du modèle industriel-économique dominant, comme une digression possible de celui-ci.

MARIE AERtS

J’ai créé un personnage en costume cravate, sans tête, figurant seul ou accompagné de ses clones. D’apparence humaine, cette entité échappe à la rationalité tout en composant avec les éléments du réel. Probable produit de nos sociétés contemporaines, la figure de L’ homme sans tête apparaît vide : vide de corps, vide d’identité, vide de décision, d’ambition, de désir, d’amour... Le pouvoir, notion fondatrice de mon travail, se manifeste comme mis à nu, qui n’a plus de visage, plus de signification, plus de but, mais dont la part menaçante demeure.

À travers différents médiums (performances, vidéos, photographies et dessins), je questionne les symboles de puissance et d’autorité d’une organisation, d’un groupe, et/ou d’un individu, en les annihilant ou en les transformant.

J’en arrive aujourd’hui à interroger la violence. Il semble en effet manifeste que cette notion est sousjacente à celle du pouvoir : la violence est l’action du pouvoir. Mes recherches actuelles s’orientent ainsi vers la violence qui entraine les sociétés humaines dans le tour-billon de leurs propres anéantissements, tout en sollicitant les valeurs des forces institution-nelles qui l’assoient et la sacralisent.

Ma démarche est à la fois une forme de résis-tance face au pouvoir invisible qui traverse toutes les strates de la société, et le présage d’une métamorphose de l’humanité face au chaos destructeur que nos sociétés contem-poraines ne cessent de nous promettre.

~Les cinq pièces présentées lors de la 6e Bien-nale d’art contemporain de Bourges sont les germes d’une observation des contradictions qui fondent notre monde. À travers le prisme de la notion du pouvoir, j’interroge notre rela-tion à l’histoire afin d’entrevoir les fondements de nos sociétés.

À l’image de l’iconogra-phie historique, le dessin Le conquérant et la photo-graphie La victoire sont le reflet de véritables épi-sodes de l’histoire. Telle une uchronie, ces deux pièces témoignent du souvenir héroïque d’un combat. L’homme sans tête incarne ici la figure d’un surhomme qui n’a plus de visage, s’éver-tuant encore à la conquête d’un territoire. L’installation Équilibre en souligne le point de départ. Évoquant l’esthétique propre à la figure de L’homme sans tête, et parmi les nombreuses valeurs symboliques associées au blanc et noir, ce drapeau constitue le symbole de l’identité de cette communauté de clones.

L’installation Être de ceux auxquels les hommes croient est le reflet d’un symbole détourné de la Révolution française. En effet, il avait été ordonné la destruction de la quasi-totalité des grandes statues de bronze royales, d’en récu-pérer le métal précieux pour en fondre des canons, abattant ainsi les symboles de la monarchie. Cette ins-tallation relève d’un constat de mise en danger de l’idée de société et de son auto-destruction. Que signifie encore le mot « révolution » aujourd’hui ? Question qui nécessite une introspec-tion dont la vidéo Trou noir peut faire l’objet. Hors de la réalité, L’homme sans tête pense, creusant instincti-vement dans son vide. Pris dans un cycle de vie bref et lent, la caméra avance puis se retire, laissant devant elle cet homme face à son propre destin.

nÉ En 1983 à SuRESnES fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

nÉE En 1984 à chERBOuRg fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Cyril Aboucaya Sans titre (all black), 2011 Projet en cours, meubles abandonnés revêtus de la couleur du deuil Photo © C. A.

Meuble exo-kit et Retable, 2011 MDF, ananas, noix de coco et charnières Photo © Laure Vigna

Marie Aerts Être de ceux auxquels les hommes croient, 2011 Vue de l’installation, sculpture (marbre, feuilles d’or et étain), 17 × 15 × 30 cm et vidéo DV, couleur, muet, 16/9e, en boucle Courtesy galerie l’Œil Histrion

Le conquérant, 2011 Graphite sur papier Canson, 186 × 150 cm (hors cadre) Courtesy galerie Dix9.

Photos © M. A.

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40 41pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

perdent consistance, les temps se disloquent et la notion même de circuit fermé audiovisuel (qui impliquerait une certaine vérification du temps / espace réel) est mise en doute. L’injec-tion de dispositifs de captation ou de subtils programmes informatiques modifient ce qu’on pourrait attendre des prises de vue en « direct » : ici il y a une étrangeté dans l’image, là une imperfection dans le reflet, plus loin un déca-lage dans le temps, un silence pas tout à fait normal, une ombre pas à sa place…

Perception et interprétation n’arrivent pas à trouver une synchronicité… le spectateur doit entrer dans un terrain pour lequel il faut un temps lent.

Les trompe-l’œil et les anamorphoses propo-sés par Pierre-Yves sont le résultat d’une ana-lyse minutieuse des espaces d’exposition (qui souvent génèrent l’œuvre) et d’une mise en scène calculée des spectateurs (leurs corps mouvants, leurs présences, leurs temps d’apprivoisement de chaque proposi-tion).

Une caractéristique des dernières expériences de Pierre-Yves Boisramé est le fait de montrer clairement tous les ingrédients techniques qui construisent le mirage. Toute la machinerie pour pro-duire « l’illusion » est là… mais quand même, comme spectateurs, on a du mal à ne pas croire au simulacre. Le « processus didac-tique » mis en place semble nous dire : « Ne crois pas ce que tu perçois… ne crois pas ! » Mais malgré tout on y croit ; on est au XXIe siècle n’est-ce pas ? — Francisco Ruiz de Infante

~Mon travail prend forme en étroite relation avec l’architecture du lieu auquel il est destiné. Le contenu se révèle par l’habitation d’un espace contingent que mes dispositifs intègrent et détournent.

L’espace d’exposition de la biennale, étant dédié à chaque œuvre par sa compartimenta-tion et neutralité, met mon travail dans la

cÉLInE AhOnd

Céline Ahond joue sur les interstices entre les images et les mots. Ses performances et confé-rences ironiquement professionnelles mêlent récits en tous genres et informations plus ou moins véridiques tout en s’appuyant sur des projections et des mises en scènes d’objets. Pour élaborer et transmettre ses histoires, Céline Ahond multiplie les images qu’elle fabrique ou récolte, utilise des accessoires de démonstration, s’adjoint la participation d’un traducteur en langue des signes... Que ce soit sur la place publique ou dans un espace dédié à l’art, prendre la parole, pour Céline Ahond, c’est tracer le chemin d’une pensée en construction. Dans ses visites guidées elle s’attache à matérialiser le processus de fabri-cation d’une image ; la réalité environnante et les micro-événements qui se produisent sont décrits, cadrés, montrés, et participent de l’écriture d’un film du quotidien. Tout le contexte bascule alors dans la fiction.

~Dessiner une ligne orangeCe film-performance a été élaboré comme une performance à l’échelle de la Communauté de Communes du Pays Mélusin et dans le cadre d’une résidence d’artiste. Les territoires de créa-tion sont toujours déterminants et mes projets trouvent leurs nécessités dans l’inconnu des rencontres. La constitution d’une équipe tech-nique (Thierry Charlier pour l’image et Philippe Roy pour le son) a été un élément nouveau qui n’a pas empêché l’aspect perfor-matif du tournage. Ce film existe parce qu’il traverse les lieux qui l’accueillent ; cette traver-sée le nourrit et le charge d’une histoire à racon-ter qui révèle d’une mise en scène de la vie et joue de la vraissemblance.

Cette table de camping Toute une collecte visuelle imprimée est pré-sentée sur la table de camping servant de décor à Dessiner une ligne orange. Cette matière hété-

roclite et manipulable devient le support d’une parole pour échanger et répondre à la néces-sité de l’adresse : elle prépare l’entrée dans la projection du film. Cette installation est une expérience de circulation dans les images ; d’abord les images d’une réflexion puis les images de paysages dans lesquelles une ligne orange se dessine. Mettre en jeu cette vraisem-blance entre un moment de réalité, la scène d’un film et une performance c’est questionner plus largement la mise en situation de docu-ments et leur transmission orale par le récit.Céline Ahond remercie : Olivier Noc l’homme qui connaît le chemin, Jean-Yves Tanché l’homme qui a per-du son portable, Bertrand Perrinaud le preneur de son, Francis Thimo-thée l’homme qui attend, Angéline Savarre la femme de la maison verte, La Compagnie de théâtre des Halles, des affichages publicitaires Dyna-

mique, du Conseil général — Direc-tion des Routes, des conducteurs des véhicules orange, le karting de Rouillé, le Centre des Monuments Nationaux — site Gallo-Romain de Sanxay, le Lycée agricole de Venours, l’entreprise Art de Bâtir, la Nouvelle République Centre Presse, France bleue Poitou-Charentes.

pIERRE-yvES BOISRAMÉ

Paysage avec figures / Paysage sans figures. Les vibrations d’une réalité suspecte. Les paradoxes perceptifs sont au cœur des réalisations de Pierre-Yves Boisramé. Réel ? Réalité ? Fiction ? Où sommes-nous ?

Dans chaque nouvelle installation des dua-lités se superposent et créent un tissu com-plexe de constructions, déconstructions, annulations et soulignements des espaces et des temps. Les notions de avant / après, visible /invisible, recto / verso, dedans / dehors, face /dos, sont prises souvent comme moteur pour expérimenter une déstabilisation des espaces, des temps et des présences.

Dans tout son travail une poésie métaphy-sique se dégage. Une poésie inquiétante qui provoque une perte de repères, une sensation de temps rallongé artificiellement, une sen-sation d’immatérialité.

Dans plusieurs de ses œuvres les « réalités »

Pierre-Yves Boisramé Sans titre (L’arbre), 2011 Vue du dispositif / Installation vidéo HD et son stéréo, 12' en boucle Production Le Fresnoy

I’m here right now, 2009 Hollywood boulevard Montage photographique, 60 × 40 cm

Photos © P.-Y. B. 

Céline Ahond Dessiner une ligne orange, 2011 Vidéo-performance 14' Photos de tournage © C. A. 

nÉE En 1979 à cLERMOnt-fERRAnd fR

vIt Et tRAvAILLE à MOntREuIL-SOuS-BOIS fR

nÉ En 1982 à cLAMARt fR

vIt Et tRAvAILLE EntRE pARIS fR

Et ROuBAIx fR

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chercher la caméra qui la filme (À contre-courant, 2009).

Puisant dans l’imaginaire de l’expédition et du record spor-tif, Élodie Brémaud s’intéresse à la logique de la spectaculari-sation qui l’accompagne, repre-nant le motif du monument commémoratif, du panneau informatif, de l’objet-souvenir dont elle bouscule sans cesse les codes et les usages. Sur la stèle qui témoigne de son exploration des Alpes, elle fait graver les coordonnées GPS de son parcours, subs-tituant au langage emphatique de la célébra-tion, une écriture abstraite et illisible.

Athlète obstinée, l’artiste pousse jusqu’à l’absurde les mécanismes de la performance. Elle s’impose par exemple des mois d’entrai-nement drastique pour un objectif aussi rébar-batif que physiquement exigeant : faire chaque jour pendant un mois le tour de l’île d’Yeu. De cette préparation physique, elle rend compte dans des séries de schémas aux critères d’éva-luation complexes, qui dressent le tableau cryptique de ses performances quotidiennes.— Devenir un hérosProgramme d’entrainement quotidien, 2012

~Pour Bourges, dans une même dyna-mique de performance maximum, Élodie Brémaud conçoit une unité d’habitation mobile autonome et non-polluante pour une personne (370 kg d’indépendance, 2012), qui semble résoudre l’inconciliable désir du mar-cheur de bénéficier dans ses pérégri-nations du confort moderne sans impact sur son environnement, à ceci près que la densité des matériaux agréés haute qualité environnemen-tale rend l’habitation trop lourde à déplacer. Cet objet impossible, soumis à la logique du double bind, se pose alors comme une invitation à réévaluer nos critères de performance.— Hanna Alkema

situation d’être installé dans un espace qui se définit uniquement par son contenu. L’instal-lation sera mise à l’abri de sa relation au conte-nant, de sa propre installation dans l’espace.

chRIStOphE BOuRSAuLt

À travers une production plastique protéi-forme Christophe Boursault pose les bases d’un travail sans concession. Dans ses vidéos, il réinterprète et combine les langages (ses jargons), les attitudes normées (les postures, les tics) et pose un regard précis et parfois inquiétant sur les mécanismes de représenta-tion en cours dans la société. Il s’agit pour lui d’adopter l’idiotie comme une « philosophie de la compréhension, attentive à l’expérience immédiate » (J.-Y. Jouannais), il élabore ainsi un espace critique. Sa peinture et ses dessins rejouent infiniment la question de la figure, de la représentation, du masque, ils sont liés à cette expérience corporelle qui donne à ce travail sa force expressive. Lieu d’un télesco-page obsessionnel entre le langage et le corps, l’œuvre de Christophe Boursault se construit comme une chorégraphie à la violente poésie. Elle se donne à voir dans sa cohérence avec intégrité et radicalité.— Guillaume Mansart documentsdartistes.org

~comment j’ai atteint la performance artistique au plus haut niveau en 2012 grâce au team lagardere thug life

comment se peindre se délimiter se tacler se rater

comment glissent les identités sur nos visages

comment des corps des bouts des seuls

comment l’acrylique sert de mascara à nos espaces

comment son portrait sa publicité à l’infini des noms des noms je veux des noms

comment je suis produit comment j’ai hérité paca signé paca respire cher

comment je garde mon espace d’exposition parce que mon galeriste c’est moi

comment je guette je surveille comment je fuis comment je mens

comment les attributs du Peintre dévoilés en toute transparence à Bourges

comment je suis en com comment les éléments de langage bouchent

ÉLOdIE BRÉMAud

Élodie Brémaud aime les défis, ceux qui lui servent de prétexte à arpenter de nouveaux territoires, à pied de préférence. En digne héritière des pataphysiciens, elle entreprend de retrouver le Mont Perdu, de ramasser tous les cailloux d’un chemin (Chemin faisant, 2009), de ramener à son lieu d’origine un grain de sable trouvé dans le lit d’une rivière (À contre-courant, 2009), etc.

L’artiste s’aventure toujours seule sur les chemins, unique spectatrice de ses pas et de ses découvertes. Sa pratique obsessionnelle de la marche sert alors de prétexte à une réflexion sur les formes du témoignage. Devant l’évidente impossibilité de capter sur le vif l’expérience vécue, les documents issus de ses explorations mettent en scène la super-cherie nécessaire à rendre compte de ses exploits, voire parfois à les enjoliver. Elle montre ainsi en vidéo cette épuisante gym-nastique qui consiste à s’éloigner et à revenir

nÉ En 1977 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

nÉE En 1985 à BRESSuIRE fR

vIt Et tRAvAILLE à nAntES fR Élodie Brémaud

Office des désoccupés : Un été à Lindre-Basse, 2011 Kiosque et barrières en bois, 135 × 135 × 235 cm

Photo © Olivier-Henri Dancy

Plan/ promenade interdite : Un été à Lindre-Basse, 2011

Impression laser, dessin à l’encre invisible n’apparaissant qu’à la lumière du kiosque

Édition, 20 exemplaires, 42 × 42 cm

Christophe Boursault Team Lagardere Thug Life, 2011 Vidéo 15'

Sans titre, 2011 Peinture, 130 × 162 cm

© C. B.

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de la vie […] ». Ce que je trouve intéressant, c’est le rapprochement que fait Schefer entre le projet encyclopédique inachevé (et inache-vable) de Novalis et le traité d’esthétique de Baudelaire. Connaissance et esthétique s’entre-mêlent et s’entr’évanouissent l’une dans l’autre : Le Brouillon devient sensible, plastique, c’est alors une matière qui peut accueillir une forme.

C’est en 1951 qu’ Armand Schulthess quitte son poste au Département Fédéral de l’Économie Suisse pour se rendre dans sa propriété au Tessin, plus précisément dans le village d’ Auressio, dans la vallée d’Onser-none. Là, il travaille jusqu’à sa mort à son encyclopédie dans les bois (sa Silva Rerum), aussi appelée jardin encyclopé-dique : un gigantesque réseau cognitif, repre-nant les desseins de l’encyclopédisme (plutôt à la manière d’un Athanasius Kircher) mais en trois dimensions, qu’il réalise sur le terrain juxtaposant sa maison. Ces deux hommes sont des bibliothèques renversées qui anti-ciperont, chacun à leur ma nière, notre rela-tion contemporaine au savoir.

Autoportrait en bibliothèque renversée 3, le travail présenté pour le Panorama de la jeune création à Bourges, se situe en quelque sorte entre le brouillon et le jardin : un vaste bricolage de données réassemblées pour former un pay-sage à la limite du dehors et du dedans (la langue anglaise, plus nuancée, distingue land-scape et inscape).

1 Terme opposé à celui d’installation employé par Bart de Baere pour souligner le caractère mouvant, transformatif et réticulaire de l’œuvre.

2 Philibert-Joseph Le Roux,  in Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial, Z. Chastelain (Amsterdam), 1750.

3 C’est sous ce titre que sont rassemblées les notes très hétérogènes que prit Novalis entre 1798 et 1799 en vue de réaliser son « encyclopédistique ».

RÉMy BRIERE

Un geste synthétique, qui ouvre un troisième espace est significatif des recherches de Rémy Briere. En effet, ce jeune artiste qui développe essentiellement un travail de sculpture opère des rapprochements conceptuels, séman-tiques et plastiques qui débouchent souvent sur la production de formes abstraites para-doxales, nées d’une transition ou d’une hybri-dation entre deux plans, deux usages ou deux réalités. Ainsi Le coq (2009) est au croisement de la reproduction d’un geste et d’une citation. Un lé de moquette verte, partiellement déroulé au sol, recouvre impeccablement l’oblique supérieure d’un volume géométrique en plâtre. Le geste reproduit ici est celui des jar-diniers qui roulent le gazon quand ils le changent, technique observée par l’artiste dans le jardin Le Coq à Clermont-Ferrand. La forme verticale et aigüe évoque quant à elle l’idée du Coq de Brancusi, ramenée au sol. Le résultat obtenu, étrange, reste ouvert à l’interprétation.

Plus qu’essayer de démêler le vrai du faux, Rémy Briere les confronte. Ce faisant, il pro-duit une tension qui produit un écart et nous invite à regarder et penser dans cet espace entre les choses. Aussi ses objets, maquettes, images, mobiliers semblent-ils tous à leur manière, en adressant des hypothèses, parler à l’endroit de la fiction.— Elfi TurpinExtrait du texte paru à l’occasion de l’exposition Les enfants du Sabbat XII, CAC le Creux de l’enfer, 2011

~L’installation présentée au Panorama de la jeune création de Bourges réactive des formes autour d’une contradiction entre temps et espace.

Les archives muettes, fossilisées par le mou-lage du plâtre évoque une information gelée, inaccessible, intemporelle et se matérialise par le standard administratif d’une ramette de papier A4.

La collection de Charbons taillés, reproduit une ellipse temporelle. Si l’on considère que le diamant est issu de la lente transformation du carbone, la taille précieuse du charbon (qui est carbone) produit alors une contraction tem-porelle où se côtoie directement un état premier et sa finition, éludant le temps géologique.

Enfin, le diptyque Debout assis genoux tailleur, comme une fenêtre dont la vue reste incer-taine, ouvre un nouvel espace, entre abstrac-tion et narration.

Par le médium de la sculpture, l’espace implique un temps suspendu, entre ici et là-bas.

cEEL MOgAMI dE hAAS

À travers des ensembles,1 des performances et un travail d’édition, Ceel Mogami de Haas remet en question sa relation au savoir et notamment à l’encyclopédisme. Son travail peut être lu comme un contre-système poé-tique qui propose une méthode de composi-tion basée sur le (re)montage, l’appropriation, le sampling, le collage ou encore le piratage.

~« Bibliothèque. On dit par métaphore d’un homme savant et qui a beaucoup lu, c’est une bibliothèque vivante. De même d’un homme savant, mais qui sait mal, et dont les idées sont confuses, c’est une bibliothèque renversée. » 2

Le renversement produit un désordre qui amène à un réarrangement et une réinterpré-tation du savoir : lorsque l’on renverse la biblio-thèque pour l’effacer (tabula rasa), c’est autour de ses pieds que tout (re)commence.

Dans l’épigraphe de son texte introduisant Le Brouillon Général de Novalis, Olivier Schefer cite un extrait des Curiosités Esthétiques de Baudelaire : « La variété, condition sine qua non

Ceel Mogami De Haas A Horse With No Name, 2011 Image trouvée et modifiée, imprimée sur papier, 278 × 180 cm © C. M. D. H.

Sans Titre, 2011 Dernier paragraphe du roman inachevé de Franz Kafka, Le Château, traduit de l’allemand par J. A. Underwood. Imprimé sur papier, 14 × 20 cm

Rémy Briere Archives muettes, 2010

Plâtre, acier, 70 × 30 × 23 cm

Le coq, 2009 Plâtre, moquette,

200 × 75 × 50 cm

Photos © R. B.

nÉ En 1987 à BEAuMOnt fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

nÉ En 1982 à SELEBI phIkWE BW

vIt Et tRAvAILLE à gEnèvE ch

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46 47pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

fasciner. Nous ne pouvons l’appréhender sans consi-dérer sa dimension tem-porelle : un début, une durée, une fin. Tout comme la matière, ou l’espace, le temps est une condition ultime, et bien plus que le son, il est insai-sissable. On attribue au temps une échelle, une unité, une mesure, une vitesse, un sens ; autant d’outils pour le rendre intelligible : une heure, c’est un laps de temps intelligible pour quiconque. Mais à l’usage, nous oublions souvent qu’il s’agit d’un concept, d’une abstraction. On ne lui connaît pas d’origine. On n’en a qu’une notion vague, fonction de nos rythmes biologiques, subjectivement. On ne peut même pas affirmer s’il a une vitesse ou s’il n’a qu’un seul sens. Lorsque l’on parle de temps, on ne parle que d’un modèle. Il nous est impossible de l’envisager dissocié de l’espace, ou même de la matière. Il nous est impossible d’imaginer le temps seul, sans rien autour.

Nous employons donc une abstraction pour appréhender l’intangible.

~L’exposition conçue pour le Panorama de la jeune création met en scène un duel épique de joueurs d’échecs, un métronome chao-tique, la conversa-tion discrète entre un haut-parleur et une caisse claire, des fils à haute-tension et un livre de parti-tions, autant de ten-tatives pour appré-hender le son par le temps et la matière.

AMÉLIE dESchAMpS

Le travail d’ Amélie Deschamps a la particula-rité de ne s’attacher à aucun médium en par-ticulier. Qu’elle utilise la vidéo, le son, la sculp-ture, la parole ou la performance sportive, chacun de ses projets est une expérience inattendue de l’ Autre, des us et coutumes de contrées parfois lointaines et parfois très proches, un déboussolement ludique et dis-tancié, non dénué d’humour.— Marcelline Delbecq

~Amélie Deschamps s’exerce à faire du dépla-cement la source même de son travail ; s’appro-priant des usages, des coutumes, des sports, des langues, des musiques, des traditions — constituants fondamentaux d’une société — elle les transporte à travers le temps et le ter-ritoire pour les reconfigurer. Ce mouvement s’apprécie principalement grâce à la perfor-mance, mais également l’installation, le jeu, la sculpture, voire juste un simple tee-shirt… Ponctionnant lors de ses voyages les para-mètres signifiants qui seront autant de matières premières, elle les compile, les malaxe, les sculpte dans un syncrétisme joyeux. Le regard occidental est un prisme au travers duquel elle s’exerce à loucher, et offre alors une autre vision au strabisme divergent.

Tap’Ok’Tap reprend ainsi la discipline maya à l’origine du basket et fait s’affronter deux équipes, mais chaussées de claquettes, tandis que l’arbitrage se fait douteux voire carrément injuste. Le Gruauphone est un instrument de musique imaginé avec Carlotta Bailly Borg suite à un voyage au cœur du métal païen en Finlande, parfaite fusion entre tradition mythologique (construite de toutes pièces par une nation en mal de folklore) et mondialisa-tion inéluctable. Amélie et Carlotta créent un instrument de musique qui permet ainsi de concilier idéalement ces deux antagonismes. C’est d’ailleurs cette pièce qui attira mon atten-

tion lors de l’exposition Cargo Culte à La Vitrine de l’École nationale supérieure d’ Arts de Paris Cergy en novembre 2010 alors que j’y prenais mes fonctions. Réalisé avec l’aide d’un luthier, cet instrument déstabilise par son caractère familier et pourtant parfaitement étranger ; entre guitare électrique d’ ACDC et harpe déli-catement posée sur une corne de narval, le tout en bois de récupération.

Le voyage est fondamental dans sa pratique, son humour et son regard acerbe y trouvent un terrain de jeu créatif. La rencontre, le travail en collaboration, l’échange, sont autant de paramètres essentiels dans le travail d’ Amélie qui se développent en ramifications, per-mettent l’exploration d’autres cultures en s’y immergeant, confrontant l’ailleurs fantasmé au réel. — Sophie LapaluChargée de l’Ensapc Ygreccommissaire et critique d’art indépendante

BEnJAMIn dufOuR

Le son, éphémère, impalpable, est un élément que l’on peut considérer dans sa matérialité. Son support, que ce soit celui de l’enregistre-ment (bande, disque, etc.) ou celui de la pro-pagation (matériaux entrant en vibration comme l’air, l’eau, le bois, etc.) lui garantit cette qualité. À partir de ce postulat, travailler le son devient un geste architectural prenant diverses formes (partitions, vidéos, sculptures, installations, etc.) et convoquant les éléments les plus variés : pigeons, caisses claires, pro-jecteurs, boxe française, nombres premiers, explosifs, métronomes, clips musicaux, jeu d’échecs, truites, fils électriques, granulats...

Le son demeure néanmoins insaisissable, intangible et cette singularité continue de me

Amélie Deschamps Tap’Ok’Tap, 2010 Performance : 2 équipes de 2, chaussures de claquettes, un arbitre, une balle, un cercle de métal, scotch, spots, craie orange. Terrain de 4 × 5 m (modulable), règles à la liberté de l’arbitre Photo © Kyrill Charbonnel

Le Gruauphone, 2010 Bois, métal, 125 (h) × 40 × 70 cm Réalisé en collaboration avec Carlotta Bailly-Borg Photo © Aurélien Mole

nÉE En 1980 à cAEn fR

vIt Et tRAvAILLE à LyOn fR

nÉ En 1984 à MEtz fR

vIt Et tRAvAILLE à JOLIvEt fR

Benjamin Dufour Blitzkrieg, 2012 Son stéréo, encre de chine, dimensions variables, 42'10" Photo © D. Delpoux

Métronome, 2012 Métronome, moteur, électronique, etc., 10 × 10 × 20 cm Photo © B. D.

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48 49pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

~La NatureQuatre étapes d’analyse graphique de la 1re et de la 4e de couverture de la revue La Nature, n°1747. Cette publication est une revue des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l’Industrie, publiée en 1906 par Masson et Cie. Les reconstructions finales de la couverture de la revue représentent chacune un phare. Elles font échos à la même image de bord de mer, présente sur la couverture de tous les exemplaires de La Nature.

Un espace d’expositionÀ l’aide d’une classification scrupuleuse des éléments le composant, l’espace d’exposition de la galerie du Centre culturel Colombier à Rennes, où a été spécifiquement conçue cette proposition, est méthodiquement mis à plat, disséqué, analysé puis reconstruit.

Refugio urbano est la construction d’un abri urbain sur le toit du Complejo Cultural Chávez de la Rosa, dans le centre-ville d’ Are-quipa au Pérou. Cette installation propose une forme globale brute à géométrie complexe basée sur le triangle. Elle est réalisée avec 220 grandes branches d’eucalyptus, utilisé locale-ment pour réaliser des abris protégeant du soleil les terrasses des habitations.

Module lunaire est une installation in situ construite avec les matériaux trouvés sur place. Les objets la composant sont d’anciens décors de pièces de théâtre ou de concerts qui ont eu lieu dans la salle de spectacle de l’Espace culturel de l’Uni-versité d’ Angers, et du mobilier usagé présent auparavant dans ce même lieu. L’installation propose une réactualisa-tion de ces artéfacts par leur mise en valeur sur la scène, leur mise en lumière sous les projecteurs, et leur assemblage et rangement particulier sous la forme d’un module lunaire revisité ou LEM

JEnnIfER duJARdIn

Un potentielLa vidéo ouvre des champs libres, vacants et disponibles The empty space 1 toujours à expé-rimenter, en devenir.

Une vidéo qui parle d’elle-mêmeJ’utilise la vidéo comme un espace en mou-vement, évoluant selon le contexte ou le mode d’exposition. J’invente, je joue et rejoue avec des vidéos déjà existantes. La vidéo devient une entité de la narration. Le propos ou le contexte initial est détourné et les vidéos constituent un répertoire qui peut sans cesse être remanié, elles sont assemblées entre elles ou visibles seules.1 L’espace vide, Peter Brook, éditions du Seuil, 1977.

~Cette présentation est une partie intrinsèque de l’œuvre d’art que Jennifer Dujardin vous propose de découvrir lors de cette Biennale 2012. Chaque image, mot, expression, élément de ponctuation et de mise en page et aussi chaque faute d’ortographe et/ou de grammaire et/ou de conjugaison, sont soigneusement choisis en fonction du message que l’artiste souhaite vous faire partager lorsque vous visi-tez son lieu d’exposition. Il est tout à fait natu-rel de ne pas saisir l’intégralité du concept pour le moment. Néanmoins...

Avez-vous envie de vivre une expérience cognitive et sensorielle hors du commun ?Avez-vous envie de voir une œuvre d’art en dehors du champ de conscience convention-nel de la biennale ?Avez-vous envie de palper l’impalpable et de toucher l’essence même de cet océan mysté-rieux qu’est la créativité ?Avez-vous envie de vivre une expérience que vous n’allez pas comprendre tout de suite... et qui va... suscitez un état d’attention seconde... ou (where)... la simple intention de ne pas com-prendre... comment... l’artiste suggère que... vous

vivez cette expérience incompréhensible au départ... en dehors du domaine de la conscience ordinaire... et... vous amène à... entrez... par une porte imaginaire... dans un état modifié de cette dernière... qui permet de transcender l’œuvre et... qui la rend compréhensible ?

Et c’est à la relecture ou en repensant simple-ment à cette quatrième question que vous n’avez peut-être pas compris... car elle peut... portez à confusion ; que vous... permettez à la partie de vous... qui l’a... comprend... incon-sciemment... de... favorisez... l’émergence d’un état de concentration différent de celui que vous vivez habituellement... et permet de... préparez et transeportez... votre point d’attention... dans l’état d’esprit nécessaire pour que vous... vivez cette expérience pleinement et agréablement...

À la manière d’un amuse bouche avant de déguster un excellent repas gastronomique... ces lignes que vous lisez... créent et intro-duisent... profondément... un bon avant goût de ce qui vous attend à table...— Pierre BelétantPraticien en hypnothérapie

fRAnçOIS fEutRIE

Ses expositions dévoilent un univers construit autour de sa passion pour les normes et les standards graphiques et sociétaux tels que les représentations visuelles des statistiques, les classifications et les modes d’emploi.

Ses productions interrogent le rapport corps, architecture et espace en y intégrant une part de poésie et de transformation du réel. Qu’elles soient sous la forme graphique, éditoriale ou en volume, elles fonctionnent comme un système proposant différentes variations de l’objet, de l’espace ou du lieu sur lequel il travaille.

Jennifer Dujardin Left over, 2012 Vidéo 5'38" Collaboration Dujardin & Pain

La non demande en mariage, même, 2011 Vidéo 6'16" Collaboration Dujardin & Pain © J. D.

François Feutrie Module lunaire, 2011 Vue de l’installation réalisée avec Caroline Guittet, espace culturel de l’Université d’ Angers. Divers objets, meubles et décors surélevés sur une scène, 4 × 5 × 2 m

La Nature, revue La Nature, n°1747, 2011 Vue d’exposition. Six lavis, peinture acrylique et dessin au feutre sur papier Renovmur, 49 × 72 cm Deux modules : sculptures représentant deux maquettes de phares, bois medium MDF.

Photos © F. F.

nÉE En 1985 à pLESSIS-tRÉvISE fR

vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

nÉ En 1983 Au MAnS fR

vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

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50 51pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

~La NaineLa tour naine de surveillance est l’image du mirador. Son échelle réduite, à la taille quasi-humaine, lui confère une apparence mesquine qui ne lui permet plus de dominer son environnement. Pour être plus efficace, elle est au cœur du paysage. Si le mirador ne punit pas, il surveille froidement, autorise les déplacements dans l’espace et nous emprisonne par son champ de lumière.

Nous sommes face à l’image de la sentinelle menaçante, qui exerce néanmoins une pres-sion psychologique en nous donnant un pos-sible sentiment de culpabilité si notre esprit venait à vouloir s’évader.

L’observation contrôle.

Faux-fuyantL’embarcation est dotée d’un accastillage rudi-mentaire qui, néanmoins, montre un souci du détail, preuve d’un certain optimisme.

Dépourvu de voile et échoué, le radeau de fortune et de survie arbore un pavillon noir auquel nous pouvons prêter différentes inter-prétations. Sa forme, ainsi que les matériaux simples utilisés, nous promènent à travers les romans d’aventures, de pirateries avec son drapeau noir « Jolly Roger », et d’autres imagi-naires possibles.

Mais le drapeau ne flotte pas. L’échappa-toire n’est qu’illusion.

The sky is blue, où le reflet du ciel bleu dans une flaque d’eau polluée par quelques enjeux du monde, Proof le refuge sensuel, Revolucio et l’oscillation de l’équilibre, pour ne citer qu’eux font partie d’une série de dessins qui participent à une réflexion sur mon environnement. Il s’agit de porter et de révéler un regard poétique pour mieux révéler notre monde.

dans lequel on peut s’introduire. Le Lunar Excursion Module, est un véhicule spatial utilisé dans le cadre du programme spatial américain Apollo, de 1961 à 1972, pour débarquer des hommes sur la lune.

SIMOn fEydIEu

Je m’emploie à revisiter des techniques et des matériaux propres au milieu du bâtiment en les réinjectant dans des œuvres plastiques monumentales. Celles-ci perturbent la déam-bulation et l’accès dans les lieux que j’investis et ouvrent de nouvelles hypothèses d’aména-gement ayant trait à l’architecture d’intérieure et extérieure ou domestique. Entre bâti et modélisme, un jeu d’échelle s’opère et l’entre-mêlement de matériaux bruts et d’objets col-lectés ou empruntés crée une vibration entre un protocole de fabrication et une réalisation empirique. Le lieu d’accueil détermine l’échelle des réalisations. J’entremêle des pra-tiques manuelles inhérentes au montage d’espaces d’exposition et de la rénovation de l’habitat avec des usages de commissaire et de collectionneur. Ces allers-retours entre ce qui relève du musée et ce qui relève de l’espace domestique nourrissent l’impulsion qui hybride mon lexique de formes.

~De la cohérence du manipulateurUn mur doit tenir debout. Pour mériter le nom de mur, un assemblage de briques tenues par du mortier doit être cohérent. C’est ce qui le différencie des matières premières ou de la ruine. Le mur construit par Simon Feydieu en travers de la galerie Néon, et qui réduit l’espace d’exposition à un triangle rectangle, est bien constitué de briques, mais ce sont des fruits écrasés qui font office de ciment (raisins

et figues). Le choix du cocktail de fruits pour remplacer le mortier peut paraître exotique mais c’est pourtant bien ce mélange et ses caractéristiques (glissant puis collant) qui tiennent le mur, qui font sa cohérence. À la logique de construction issue du bâtiment se substitue une logique de manipulation des matériaux au deux sens du terme. Car en asso-ciant la maçonnerie improbable de son ouvrage au lustre démantibulé de Daniel Firman, Simon Feydieu fait aussi cohabiter ironiquement la figure de l’artiste ouvrier avec celle de l’artiste mondain.— Hugo PernetTexte paru dans Zéroquatre n°8, 2011

nIcOLAS gAILLARdOn

Mon travail consiste à fabriquer des images. Mon inspiration émerge des événements et des débats qui animent notre société. Les symboles, les signes, sont autant de repères issus du paysage médiatique sur lesquels je porte un regard attentif. Les images que je crée semblent habitées par une certaine vio-lence. Mais en jouant avec les codes, les maté-riaux, ou encore la question du réel et de l’illusion, cette violence se désamorce, laissant place à la supercherie pour mieux en extraire l’essence.

Cette essence trouve naissance dans mes dessins, schémas, croquis. Ils mettent en lumière les attributs essentiels constituant le fil de ma pensée. Les dessins témoignent des errances de l’esprit. Ils sont la retransmission de ce qu’il absorbe au quotidien.

La vision que je propose est métaphorique, fantasmagorique, bien qu’un brin provoca-trice. Je donne à voir les images que je perçois du monde qui nous entoure au travers de ces multiples fenêtres.

Simon Feydieu Bossanoïa (détail), 2010

Bossanoïa, 2010 Raisin blanc, figue, citron vert, carreaux plâtre, 660 × 250 × 5 cm et Up down, 2007 Lustre de Daniel Firman. Photos © Jean Alain Corre. Néon 2010

Nicolas Gaillardon The sky is blue, 2011 Aquarelle, crayon, 20 × 29 cm

Faux-Fuyant, 2010 Bois, tissus, acier, 184 × 91 × 95 cm

Photos © N. G.

nÉ En 1984 à pESSAc fR

vIt Et tRAvAILLE à LyOn fR Et BORdEAux fR

nÉ En 1983 à ORLÉAnS fR

vIt Et tRAvAILLE à LILLE fR

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qu’il agence sans hiérarchie établie afin que des passerelles puissent être créées au delà du champ de l’art.

~Pour sa participation au Panorama de la jeune création, Nils Guadagnin propose un ensemble de pièces gravitant autour d’une certaine idée du vide et déve-loppe une réflexion qui évolue entre espaces construits et phénomènes immatériels. Faisant appel aux notions de présence et d’absence, sa sélection d’œuvres revisite les éléments qui com-posent notre environnement.

Par un jeu de déconstruction, l’artiste questionne notre perception des situations préétablies où chaque proposition pointe une approche pos-sible de l’espace et du vide tout en explorant sa contradiction. L’œuvre d’art résultant de cette réflexion n’est alors plus que l’artefact nécessaire qui permet-tra de révéler le questionnement développé.Ainsi, les structures qu’il construit délimitent et valorisent l’espace vide, révélant ce matériau qui subsiste comme élément central de la réflexion.

Flottant dans les airs par un procédé de lévitation, les objets présentés tels que Ghost révèlent ce même espace de par leur simple présence, laissant apparaître la fine couche de vide qui les sépare de leurs socles.

Sa série photographique Oblivion monument aborde la notion de Gestalt. Revisitant l’aspect des formes et objets tels que nous les per-cevons dans le champ de la vie quotidienne, ce travail aboutit à leur quasi disparition.

Au travers son installation, l’artiste se joue de nos percep-tions pour en interroger les limites et nous laisse entrevoir un ensemble de possibilités renouvelées.

ALExAndRE gIROux

Les arts plastiques comme moyen d’appré-hension du monde. C’est ainsi qu’ Alexandre Giroux parle de sa pratique. Les arts parce qu’il serait absurde d’utiliser le singulier, plastiques parce qu’il est bien question de donner une forme à de l’informe pour, justement, mieux se saisir du monde.

Refusant tout systématisme et toute iden-tité formelle, l’artiste fait feu de tout bois en créant, par exemple, sa galerie d’art sur les galeries de toit de sa voiture, la galerie Fiat Panda.

La pratique d’ Alexandre Giroux, proche de la philosophie, s’en départit par ceci qu’elle ne l’oblige pas à trancher dans le sens. En ren-voyant dos à dos des conceptions différentes, nous voilà contraints de penser autrement notre rapport au monde et comment nos conceptions découpent le réel.

~Refaire le Monde. Le journal Le Monde s’en-tend. Une copie entièrement faite à la main, au stylo Bic plus exactement, puis rééditée au plus proche du quotidien. Et si le choix de l’édition copiée s’est dirigé vers une actualité pauvre c’est parce que pour reprendre les mots de Borges « un journal s’écrit pour l’oubli, délibérément pour l’oubli ».1

Un autre exemple de ce saisissement du monde est à l’œuvre avec Vision de Suarez Miranda : là, c’est la vue surplombante des photographies aériennes de l’IGN qu’ Alexandre Giroux utilise pour les agran-dir jusqu’à leur taille réelle. Les pixels deviennent des carrés de moquette de cin-quante centimètres de côté et le spectateur peut évoluer à la fois dans le lieu et sur l’image du lieu où il se trouve, sans distinction.

Cette vision surplombante est aussi employée dans Die Modell !, maquette du Bauhaus de Dessau construite selon des mesures prises sur une image du bâtiment

(donc vue en perspective linéaire) et s’ap-puyant sur une documentation datée de 1957. Après guerre, les murs de verre, caractéris-tiques de cette architecture ayant été détruits, la municipalité de Dessau les remplace par des murs de briques ouverts par de petites fenêtres, excluant, faute de moyens, de ses préoccupations la vision architecturale de Walter Gropius. Die Modell ! est un objet para-doxal, indécidé entre l’image et le volume, entre le projet et le témoignage, entre l’his-toire et l’anecdote donnant une définition de ce qu’est une image : une surface, une coquille vide venant témoigner d’un rapport à un objet préexistant.— Ramon Russell

1 Jorge Luis Borges, Ernesto Sabato, Conversations à Buenos Aires, trad. Michel Bibard, Bibliothèque 10/18, 2004

nILS guAdAgnIn

Nils Guadagnin concentre sa pratique sur l’utilisation que nous faisons de l’espace aussi bien physique que mental. Au travers de ses recherches, il s’intéresse aux différents élé-ments des lieux et contextes de monstration qui révèlent la réflexion artistique et lui per-mettent de subsister en tant que telle.

Développant principalement son travail au travers de la sculpture, il use toutefois du plus large choix de médiums pour explorer les notions qu’il aborde.

Soucieux de placer le spectateur au centre de sa démarche, il construit un langage visuel mixte, empruntant aussi bien à l’histoire de l’art qu’aux cultures contemporaines.

Les différents niveaux de lecture contenus dans ses réalisations lui permettent de confondre les outils conceptuels et plastiques

Nils Guadagnin Oblivion monument, 2012

Photographie numérique contrecollée, 122 × 92 cm

Wild cube (extrait), 2011 Vidéo 8'05"

Photos © N. G.

nÉ En 1980 à fOntAInE-LES-dIJOn fR

vIt Et tRAvAILLE à nîMES fR

nÉ En 1985 à tOuRS fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Et gLASgOW gB

Alexandre Giroux Duplo lego, 2011 Briques de construction, ø 10 cm environ

Instant quelconque à Woolsthorpe, 2011 Broderie, 300 × 30 cm

Photos © A. G.

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54 55pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

de la sculpture, du dessin, de l’instal-lation, de la vidéo ou encore de l’objet, on peut déceler dans ces œuvres l’ex-pression d’un savoir-faire accompli dans le registre du contre-emploi, procédé qui réinvestit sur un plan matériel les ressources du paradoxe. Insistons sur ce point : la pratique de Jérémy Laffon n’est pas simplement un art du jeu de mot, qui opérerait par simple déplacement, inversion ou effet de sens, mais une poétique profondément plastique et maté-rialiste qui fusionne l’idée et le métier, exploi-tant littéralement la matière symbolique de ses ingrédients par un travail patient de trans-formation du matériau qu’alimente une cer-taine énergie du défi. La poétique de l’absurde n’est pas seulement un ressort comique, mais aussi le levier d’une dynamique créative : elle met en suspens les limites du bon sens qui déterminent communément la valeur d’un projet en fonction du rapport entre le temps, l’énergie et les compétences qu’il nécessite au regard de l’intérêt supposé du résultat obtenu.— Camille Videcoq

~La vidéo Alone in the studio [Exercices] semble vouloir représenter cette part manquante du faire et du temps perdu, le moment privé de l’atelier. Une fois encore, Jérémy Laffon se joue de nous et nous offre une expérience « docu-mentaire » toute autre que didactique sur la mythique « solitude de l’atelier.

Alone in the studio donne à voir un simulacre de vidéo-surveillance délirante où on voit l’artiste en apprenti sorcier défier les lois du réel. La création artistique n’est pas qu’une gymnastique intellectuelle, c’est aussi une performance contre-nature. Le spec-tateur devient un voyeur de l’intime magie où se dévoileraient les tours de l’artiste. Ce savoir et ce contrôle ne sont en réalité qu’illusion. Le « prestige » est intact.— Luc Jeand’heur

ÉLÉOnORE JOuLIn

La reproduction des œuvres d’art a transformé notre accès au patrimoine. À partir du moment où ces objets sont représentés, ils s’altèrent et se détachent de leur originalité.

De manière sensible ou évidente, j’opère ces déformations, en dissimulant ou en supplan-tant des éléments, afin de créer des images hermétiques, chargées d’une atmosphère impénétrable, mais certainement étrange et calme. Ce qui m’intéresse dans ces manipula-tions est de proposer l’intuition que j’ai de la culture : des objets achevés, facilement intel-ligibles, dont la simple évocation ouvre les champs de l’imagination.

Cette possibilité de reproduire passe aussi par la photographie ou, par extension, la caméra. Nous pouvons sauvegarder ce que nous voyons et en exprimer quelque chose d’émotionnel.

Dans une autre approche de mon travail, j’interroge la pratique de la photographie ou du film amateur. Ces images se composent souvent de la même manière car ce geste de « sauvegarder » est social, et c’est en quelque sorte un geste rassurant. « La photographie est devenue l’un des principaux procédés mis en œuvre pour vivre les choses, pour donner une impression de participation ». 1

Avec Internet, ces sauvegardes ont quitté la sphère privée pour converger sur une plate-forme publique. Et, ce que nous pouvions, avant, conserver dans un but personnel est dorénavant partagé avec toute une commu-nauté. 1 Susan Sontag, Sur la photographie, trad. française Christian Bourgois éditeur, 1982

~Il est souvent dit qu’Internet dénature les relations humaines, en opposant le monde virtuel au réel, alors que certaines manières de communiquer y ont trouvé un nouvel

essor. L’anonymat est partiel, ou total, et le rapport à l’autre n’est pas immédiat ; il paraî-tra, pour certain, plus accessible.

Le site Doctissimo est un exemple de cette accessibilité : le patient ayant avec son médecin un échange limité à la consultation trouvera sur ces forums le réceptacle d’informations impudiques. D’un autre côté les « traqueurs de stars » qui se prennent en photo avec des célébrités, trouveront, eux, une forme publique d’expression et de valorisation de soi par l’appropriation de l’image d’un autre. Enfin les jeunes ados qui entretiennent un journal vidéo trouveront sur Youtube le terrain de leur distinction : elles cherchent à attester leur appartenance à un milieu social, tout en affirmant ce qui constitue leur singularité.

Les pièces présentées lors du Panorama de la jeune création sont autant d’exemples de com-munautés virtuelles qui, pour la plupart, ne se revendiquent pas comme telles ; mon travail est, en quelque sorte, de mettre en exergue ce qui constitue le geste social sur Internet.

JÉRÉMy LAffOn

Au premier abord, les œuvres de Jérémy Laffon chatouillent l’imaginaire du spectateur par un sens de l’absurde manié avec légèreté, images concises et formes simples qui explorent le potentiel évocateur de leurs éléments consti-tutifs : objets liés à des activités de la vie ordi-naire tels que balles de ping-pong, toupies, annuaire du téléphone, douilles de carabine, chewing-gum... et autres ustensiles ou acces-soires qui ne renvoient pas tant à l’univers du jeu à proprement parler que plus largement à un certain type d’activités qu’on situerait quelque part entre la catégorie des petits tra-vaux et celle des hobbies. Qu’elles participent

Jérémy Laffon Alone in the studio [Exercices], 2010-2011 Vidéo DV 5'10"

Fiction, 2011 Vidéo, couleur, muet, 14'

© J. L.

nÉE En 1987 à pARIS fR vIt Et tRAvAILLE à BRuxELLES BE Et pARIS fR

nÉ En 1978 à LIMOgES fR

vIt Et tRAvAILLE à MARSEILLE fR

Éléonore Joulin The Chernobyl Cloud (Le Nuage de

Tchernobyl) et The Goldielocks Principle (Le Principe de la Terre Rare), 2011

Installation : 4 photographies, 4 cartels et une édition,

dimensions variables

The Wreck of Titanic (L’Épave du Titanic), 2011

Vidéo, son, couleur, 17'

Photos © E. J.

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56 57pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

événements ou des périodes. Ils proposent une rencontre en plusieurs temps avec leurs sujets, multipliant les ambiguï-tés, les allers-retours. J’utilise le document en cherchant à dépasser sa fonction objective en le manipu-lant. Ainsi, depuis un point de vue documen-taire, ces vidéos s’éloignent du réalisme pour glisser lentement vers le récit. Le paysage se réinvente alors, prend une forme plus fantas-tique et élastique. Il s’agit de mentir un peu, montrer ce qui n’est pas là en associant des images.

Mes sculptures synthétisent aussi ces expé-riences liées au paysage et aux loisirs. Leur forme les rapproche du mobilier ou d’élé-ments architecturaux mais leurs matériaux rappellent des espaces exotiques ou des époques passées.

Ce sont des réminiscences de promenades, elles rejouent déplacements et vitesses. Ainsi, certains éléments évoquent un mouvement, un véhicule, une destination. D’autres sug-gèrent un déplacement dans le temps : un morceau de temps géolo-gique, un style daté, une vision moderniste ou futuriste caduque. Et paradoxalement, cette notion de mobilité se confronte directement aux composantes phy-siques des sculptures, leur construction, leur masse et leur immobilité.

~Le projet pour le Panorama de la jeune création mêle des travaux existants et des formes nou-velles. Il s’agit de mêler, jusqu’à la confusion objets, lieux et images, de perdre la notion de support ou d’échelle en multipliant ceux-ci. L’espace d’exposition est considéré comme une zone de traversée, balisée de points de vues, de percées derrière les surfaces.

fRAnçOIS MAzABRAud

Depuis quelques années, mes préoccupations artistiques se sont davantage tournées vers l’évo-cation de formes provenant de l’histoire des flux, de l’étude des distances et des frontières.

Dans mon travail le plus récent, il m’arrive d’utiliser des sujets sensibles comme prétexte pour faire intervenir la dimension du secret, dans des objets ou mobiliers transformés en sculptures aux fonctionnalités trahies.

Dans toutes les pièces récentes — que ce soit Calibri, ligne composée de vrais ou faux silencieux d’armes, Waste of Secret, poubelles publiques coffres-forts inspirées des marchés truqués des déchets de Naples, Zones d’ombre ou encore Border Line — le détournement de l’utilité première de l’objet et l’irrégularité du geste façonnent une forme de fragilité sérieuse, à la limite du burlesque.

Dans certaines sculptures, la forme revêt une apparence plus majestueuse et on retrouve l’importance de la notion de travail dans Les dessous-de-table et Zones d’ombre car ce sont deux sculptures qui proviennent de recherches historiques précises et d’objet que l’on peut qualifier d’« hyperfonctionnel » (les plans reliefs militaires français utilisés par les généraux sous Louis XIV et Napoléon, une table de notaire avec un seul tiroir traversant utilisé au XVIIIe siècle pour faire passer de l’argent secrètement, ou encore prochaine-ment une longue vue censée permettre de voir plus loin…).

En bref, dans les sculptures ou ready-made aidés que je construis, j’essaie de composer une forme de paysage à la fois grave et espiègle, gardant à l’esprit cette phrase d’Edgar Morin, « C’est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l’ombre. »

~Dans la pièce présentée à la 6e Biennale de Bourges, il est question de distance de regard

et d’exotisme. Il s’agit d’une sculpture-vidéo, d’une longue-vue, contenant un écran minia-ture inséré comme « un trompe-l’œil » sur lequel défile une vidéo que j’ai créée. Les spectateurs s’approcheront dans l’idée de regarder loin devant eux à travers le télescope avant de comprendre que ce qu’ils observent n’est présent qu’à deux centimètres de leur yeux et qu’il s’agit de la trace vidéo d’une action secrète réalisée dans un observatoire situé sur la frontière entre la Corée du Nord de la Corée du Sud.

ARMAnd MORIn

On peut commencer en faisant le touriste. Choisir une destination et partir en excursion, à la foire exposition d’à côté ou dans un désert iconique. On fait des images, on achète des souvenirs.

L’industrie des loisirs exploite le concept de paysage sans jamais l’épuiser, en reproduisant des mondes absents. J’aime naviguer dans ces images d’Épinal, retracer l’histoire de leur émergence.

Dans les mondes sans épaisseur que sont les espaces de loisirs, la géographie se resserre à une vitesse vertigineuse pour correspondre à la démarche du visiteur. Les êtres vivent dans un décor et sont sans cesse en train de produire leur propre représentation, comme au zoo.

Les méthodes de fabrication du paysage par le monde des loisirs sont à la fois devenues un sujet de recherche et ma propre méthode de travail. Depuis ces observations, je travaille par collage et analogies pour évoquer ces lieux absents ou impossibles. Que ce soit pour des sculptures, des installations ou des vidéos, j’utilise donc des techniques de montage.

Mes films vont superposer des lieux, des

nÉ En 1982 à LIMOgES fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

nÉ En 1984 à nEvERS fR

vIt Et dE tRAvAILLE à vIERzOn fR Et MAcAO cn

François Mazabraud Hidden Landscape, 2012 Télescope modifié, escalier, mini écran HD. Vidéo 6'47" en boucle, muet. 157 × 35 × 35 cm Photo © F. M.

Zones d’ombre, 2011 Structure modulable, bouleau, hêtre, loupe de peuplier, sycomore Courtesy de la galerie de Roussan

Armand Morin Panneaux de particules, 2012 Bois pétrifié réduit en poudre et résiné, panneau de médium, acier, morceaux de bois pétrifié et de corail blanc, cadres diffusant une vidéo en boucle, 200 × 130 × 60 cm

Panneaux de particules (détail), 2012 Détail du corail blanc, 200 × 130 × 60 cm

Photos © A. M.

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58 59pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

de mon travail, engage une utilisation de techno-logies antérieures à l’émergence d’Internet permettant ainsi de don-ner corps à mes investiga-tions. En émergent des œuvres hétéroclites, dont l’aspect semble bien éloi-gné d’une vision ration-nelle et pragmatique que l’on serait en droit d’attendre d’une navigation sur le web.

~Les pièces présentées s’ar ti culeront autour d’une navigation dans ma bi bliothèque. C’est une suc cession de pages scannées sur les-quelles je rédige un texte s’étirant de docu-ment en document. Ce que j’appelle « écrire l’hypertexte ».

En informatique, un lien hypertexte est basé sur un principe associatif permettant de pas-ser automatiquement d’un document consulté à un autre document lié. Dans cette naviga-tion, le texte évolue dans ma bibliothèque et mes archives, comme de liens en liens entre références, souvenirs et interrogations.

MARIAnnE MuLLER

Dans la jungle d’images post-post-modernes où rien n’a de valeur plus qu’autre chose, Marianne Muller fait semblant de chercher des connexions, de retrouver ou de créer — d’inventer — du sens. Mais un sens de paco-tille, des connexions qui fonctionnent mal et corrompent les relations entre signifiant et signifié. Le spectateur s’aperçoit qu’il adhère malgré lui à ces rapprochements bru-taux : lui aussi trouve que cette fraise res-semble à une grenouille, que cette cheminée d’usine ressemble à une femme… Et que c’est donc, d’un certain point de vue, la même chose. Le scandale de ce flagrant délit de com-plicité avec le monstre du « tout se vaut », ce timide signe égale, fait naître et grandir le doute : ce que je regarde vaut-il d’être regardé, et pourquoi au juste ? Brouillage des catégo-ries, étrange moyen terme entre rire et malaise, entre émotion esthétique et intel-lectuelle, labyrinthe dangereux dans lequel on veut toujours s’aventurer un peu plus loin et qui ne finit jamais.

~Pour cette édition du Panorama de la jeune création, Marianne Muller présente diffé-rentes pièces produites entre 2007 et aujourd’hui, avec notamment une série de collages de 2012 : Cadavres exquis.

Pour cette série comme pour de nombreux travaux, l’artiste s’appuie sur la règle d’un jeu — ici le puzzle ou le cadavre exquis — pour créer une continuité formelle, un glissement, une fusion, entre des images qui n’ont rien à voir à priori.

Alors que dans la série des Diptyques, cette fusion se fait en pointant du doigt une forme commune à deux images — presque comme s’il s’agissait d’une illusion d’optique, d’une persistance rétinienne — la série Cadavres exquis va plus loin en proposant au spectateur

une composition harmonieuse, tendant vers l’abstraction, faite de plusieurs images qui s’opposent symboliquement.

Des images historiques, politiques, voient leur sens brutalement neutralisé par un pro-cessus de sélections et d’assemblages exclu-sivement plastiques (forme, couleur).

La forme, qui parait être un critère arbitraire pour associer ces images, est en même temps ce qui les constitue et c’est précisément à cet endroit que se fait entendre le grincement.

Les images s’attirent et se repoussent comme les pôles d’un aimant, créant des rapproche-ments à la fois évidents et aberrants, convo-quant un sentiment de reconnaissance agréable mais parasité par la force des conno-tations qui résistent et ressurgissent, qui se confrontent les unes aux autres pour générer des sens nouveaux. — Benjamin Abitan

pIERRE pAuLIn

Ma pratique artistique ne se développe jamais très loin de mon ordinateur. Captivé par la navigation Internet, j’aime comparer le sys-tème d’imbrication des liens hypertextuels à une forme de montage vidéo traversant l’His-toire de façon anachronique. L’enjeu de mon travail pourrait dès lors se résumer en cette interrogation : comment rendre tangible des éléments (images jpeg, fichier pdf, liens, etc.) qui, bien que concrets car visuellement pré-sents sur l’écran de l’ordinateur, évoluent dans l’esprit de l’utilisateur comme autant de concepts aux statuts plus ou moins flottants. Ce questionnement, sous-tendant l’ensemble

Pierre Paulin Input, 2012 Captures d’écran, vidéo 3'

nÉE En 1981 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à MOntREuIL fR

nÉ En 1982 à gREnOBLE fR

vIt Et dE tRAvAILLE à pARIS fR

Marianne Muller Sans titre, 2012

Poster, peinture ancienne sur bois

Diptyque n°2, 2011 Tirages couleur sur papier

brillant, cadre à double vue

Photos © Marianne Lecareux

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60 61pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOn 15 — 18 novembre

L’objet du silence ou L’inversion du problème

Je ne cherche pas à fabriquer des objets acoustiques. Je ne cherche pas à produire des illustrations musicales.Je ne cherche pas non plus à établir un système de correspondances sonores.En fait, je ne cherche pas à associer d’une part des sons et d’autre part des objets.

Enfin, je cherche à penser le son par son contraire.Sa présence par son absence.Aussi, mes objets sont silencieux.

Tenter de représenter le son par un objet ou une image silencieuse est toujours une sorte d’échec. Car le son est immatériel et que l’évocation du son par la vue exclura toujours l’ouïe. Autrement dit un objet ou une image qui tente de représenter une sonorité, devient involontairement la représentation de son absence.

Mes objets sont des énigmes sensorielles. Ils sont comme des notations qui n’ont pas d’équivalence. Les formes, les matières et les volumes sont lisibles mais leur hypothèse sonore est insaisissable.

La lecture de la partition est bloquée parce que le mouvement est arrêté.Les formes sont solidifiées.

Pourtant, roulements, craquements, battements, accents, alternances, échos et réverbérations émanent de ces objets.Il émerge une dimension imperceptible capable de décrire le silence. Les sculptures étendent leurs pouvoirs d’évocation. Les images mentales se font.

Une nouvelle sphère de perception apparaît.

MARIOn pEdEnOn

Montrer ces personnes, ces voisins de paliers, ces inconnus qui voyagent à côté, ces commer-çants de quartiers afin de se rendre compte de leurs incroyables particularités.

Je ne dresse pas un inventaire de person-nalités, j’essaye tout simplement de mettre en avant les singularités de tous ces gens autour de moi, qui ont comme seul point commun de vivre côte à côte au quotidien. Ces per-sonnes m’inspirent. Leurs histoires m’enri-chissent.

Ouvrir les yeux sur les autres et ne pas passer à côté d’eux. Voilà l’objectif que je me fixe.

~Georges, 97 ans. Clotilde, 90 ans.64 années de mariage...Lorsque j’observe mes grands-parents aujourd’hui, je constate de la douleur, phy-sique et morale.

Le manque d’autonomie, la souffrance dans certains gestes et surtout une attente.

L’attente des personnes âgées, pas celle de mourir mais celle de partir.

Malgré cette véritable vieillesse, je retiens une longue vie commune, une dépendance qui les lient tous les deux, les nombreux désac-cords puis l’affection rare mais persistante, les rituels de chaque jour...

TUBELondres, à Old Street Station pendant les heures de pointe. Les escalators sont très longs et inclinés.

Ce projet montre une situation où des inconnus sont serrés, proches. Une proximité quelque fois gênante, claustrophobique.

Malgré le réflexe de laisser une marche de séparation, ces anonymes ne peuvent pas être invisibles puisque qu’ils sont notre champ de vision. Je suis confrontée à leurs dos et à l’arrière de leurs têtes. Cette position est à la

limite de l’intime, nous pouvons même sentir l’odeur de la personne en face de nous ou voir ses pellicules.

Ce projet témoigne la singularité de chacun pendant ces heures de pointe.

fÉLIx pInquIER

Je suis fasciné par l’idée de synesthésie, ce phénomène neurologique par lequel plu-sieurs sens sont associés. Dans certaines formes de synesthésie, des stimuli visuels se traduisent par des réponses auditives. Le corps indique une réponse sonore à des signaux visuels.

La lecture est une certaine forme de synes-thésie. Il y a dans la lecture, un espace mental qui s’ouvre, une profondeur qui dépasse les simples lettres imprimées en noir sur blanc. Si je dis cela, c’est que la lecture des objets et leurs capacités de suggestion mentale est importante dans mon travail.

J’invente mes objets au moyen d’écritures schématiques où se combinent et s’associent les références à la musique, aux sons, à la sculpture, aux mathématiques, au dessin, à la poésie, à la typographie…

Ce que l’on voit ne sera jamais ce que l’on entend et pourtant, comme avec les phéno-mènes synesthésiques, on sait que les sensa-tions ne sont pas exclusives.

Je propose pour le Panorama de la jeune créa-tion un ensemble intitulé Relâche. Un espace où les objets sont des signes qui constituent une syntaxe singulière. Une lecture qui ouvre le champ des possibles.

~

Marion Pedenon TUBE, 2010 Série de 16 photographies numériques, Londres 75 × 50 cm

Georges / Clotilde, 2011-2012 Série de 20 photographies numériques, 60 × 48 cm

Photos © M. P.

nÉE En 1985 Aux LILAS fR

vIt Et tRAvAILLE à StRASBOuRg fR

nÉ à pARIS En 1983 à pARIS fR

vIt Et tRAvAILLE à gEntILLy fR

Félix Pinquier Modulation, 2011

Plâtre, tissu, acier

Plateforme et Dynamo, 2010 Vue de l’installation

École nationale supérieure des beaux-arts de Paris

Photos © Tom Courant

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d’abandon et de dégradation, d’expression autonome et spontanée, de langage cryptique et de désobéissance civile.

David Renault utilise la ville comme terri-toire d’expérimentations visuelles et sonores et s’inspire des pratiques nomades, sauvages et anonymes pour transposer avec des moyens rudi mentaires les silences et désordres propres aux terrains vagues et autres délaissés urbains.

Mathieu Tremblin met en œuvre des dispositifs d’ i n te r ve n t i o n s g ra -phiques et s’inspire des pratiques et expressions anonymes, autonomes et spontanées dans l’espace urbain pour questionner les systèmes de législation, de représentation et de symbolisation de la ville.

~Cercueil graffitique est une peinture murale dont le principe reprend celui du cercueil d’alcool déplacé sur le champ du graffitique et du pictural. À l’issue d’une fresque dans un terrain vague, les graffiteurs ont coutume d’abandonner leurs bombes aérosol en fin de vie et, comme un jeu d’enfant, de les per-cer pour faire « gicler » les reli-quats de gaz et de peinture. David Renault et Mathieu Tremblin se saisissent de ces rebuts et trans-posent ce geste d’achèvement en un geste pictural dont le motif polychrome est contraint par le bricolage-recyclage de l’outil graf-fitique par défaut que constitue la bombe de peinture aérosol.

dELphInE pOuILLÉ

Il n’y a pas de seconde nature dans le travail de Delphine Pouillé : sa chair est hybride, ignorante des espèces et des intentions uni-voques, gonflée de croisements des vocabu-laires et des pratiques, irrévélée et pourtant chargée de significations qui en éclatent les contours. La douceur de ses matières est assu-rément une menace insidieuse, la rondeur de ses lignes, un étouffement à venir et l’à-plat de ses dessins, la complexe genèse d’un débor-dement.

Thrums qui champignonnent sur les murs ou sur les plafonds d’espaces d’expositions, cagoules, minerves et protubérances textiles que l’artiste photographie portées par des acteurs dans des environnements urbains : les objets de Delphine Pouillé deviennent eux-mêmes dans leur mise en contexte. Ils prennent sens à travers les lieux où ils proli-fèrent, les silhouettes qu’ils embrassent et absorbent, les espaces dont ils troublent les perspectives […]. Dessins et objets déve-loppent ainsi une métaphore de la domination sans stridence. Leurs courbes pleines, l’évo-cation de leurs effleurements et les éventuelles connotations infantiles de ces peluches impro-bables laissent flotter les sentiments et les mémoires de la douceur et du confort. Mais c’est pour aussitôt les identifier avec le langage du sadisme qui se cristallise dans le recours aux entraves, aux enchaînements et aux aveu-glements. L’artiste construit par ces assimila-tions inattendues la narration d’une oppres-sion qui insinuerait son emprise dans une invisibilité cotonneuse.— Jérôme Lefaure

~Des Thrums, sculptures suspendues dont le nom désigne un fragment, une extrémité, ou encore un jarret de porc, ponctuent l’espace, proposant un environnement dans lequel le

spectateur est invité à pénétrer. Constitués de mousse polyuréthane que

j’injecte dans une poche en tissu, certains Thrums conservent leur enveloppe d’élas-thanne parfois doublée de polaire, d’autres sont détroussés, leur peau a été retirée.

Leur forme procède à la fois de déborde-ments hasardeux ou apprivoisés et d’opéra-tions contrôlées quasi chirurgicales.

Les vidéos Cagoules animées, plus anciennes, présentent des corps affublés de joyeux ins-truments de torture. Conçues pour être portées aussi bien lors de mises en scène photogra-phiques ou vidéos que lors de performances, les Cagoules et les Bouées contraignent, per-turbent la marche, occultent la vision, et relient parfois les êtres au point de les plonger dans une interdépendance où s’évanouit toute forme d’individualité.

LES fRèRES RIpOuLAIn

dAvId REnAuLt MAthIEu tREMBLIn

En duo sous le pseudonyme des Frères Ripoulain, David Renault et Mathieu Tremblin privilégient des formes de créations contex-tuelles dont le mode opératoire se rapproche de celui des travailleurs de la ville et en témoignent par le biais d’espaces de consul-tation inspirés des bureaux d’étude où ils explorent sur le mode de l’enquête de terrain et du work in progress les relations entre urbanité et urbanisme.

Ils œuvrent dans les espaces en jachère de la ville et développent des protocoles d’action urbaine autour des notions de contre-façon,

dAvId REnAuLt ESt nÉ En 1979vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

MAthIEu tREMBLIn ESt nÉ En 1980vIt Et tRAvAILLE à ARLES fR

nÉE En 1979 à cLERMOnt-fERRAnd fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Les Frères Ripoulain, David Renault Mathieu Tremblin Requiem, David Renault, 2012 Installation, CD noirs, fil de nylon, arbre mort, ø 400 × 500 cm Production Art4Context

Le spectacle est terminé, Mathieu Tremblin, 2012 Installation, guirlande électrique, bois, 600 × 180 cm Production Art4Context.

Photos © M. T.

Delphine Pouillé Bouée n°2, 2009 Tissu et mousse Production Casino Luxembourg

Thrums, 2011 Matériaux divers, dimensions variables Serre des jardins de l’hôtel de Ville de Mayenne Production Nuit Blanche Mayenne Le Kiosque Mayenne.

Photos © D. P.

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Mon travail se construit autour du corps comme outil sensible et sur la compréhen-sion du paysage comme matière de la fiction.

~Specimen est une réinterprétation de la série des tests de Rorschach.

Empruntant son langage à la fois à l’entomologie et à la psychanalyse, des compositions symétriques d’élé-ments industriels sont déployées sur des surfaces blanches à la façon de dessins en bas-relief. Comme une collection d’insectes, Specimen se répète tout en se différenciant pour former un cabinet de curiosités.

Les frontières invisiblesCet outil de représentation du territoire in visible propose de tracer un itinéraire sans points de repère.

Premier élément d’une série non exhaustive de cartes routières peintes en blanc, Les frontières invisibles est un travail de recouvre-ment des légendes et signes conventionnels.

Comme une remise à zéro des codes de repré-sentation du paysage, Les frontières invisibles nous invitent à imaginer de nouvelles trajectoires.

Body Building associe des éléments iconiques de deux univers distincts, celui de la muscu-lation et celui du bâtiment pour exprimer de façon allégorique l’idée d’un corps-objet aliéné par le travail et le désir, tiraillé entre le devenir-machine et le devenir-spectacle.

Victoire symbolique est une accumulation érec-tile de coupes récompensant autant de vic-toires anonymes et oubliées qui se pose comme allégorie de la vacuité du culte de la performance.

BERtRAnd RIgAux

« […] Le concept de temps, sans doute le plus imprécis et le plus protéiforme à la fois, a considérablement évolué au cours de l’his-toire des hommes. L’imaginaire plastique qu’il attise n’en est que plus profus, plus insaisissable. Un personnage du romancier américain de science-fiction Rober t Sheckley 1, perdu sur une planète lointaine, s’entend conseiller, pour trouver quelqu’un qu’il recherche, de s’asseoir là où il se trouve et d’attendre. Dès cet instant, l’épaisse cohorte des gens qu’il connaît, de près ou de loin, grand-père ou concierge, va se mettre à défiler devant lui, au fin fond de l’espace et loin de la Terre natale.

Il en est aussi ainsi du spectateur des œuvres de Bertrand Rigaux, qui reste immobile dans le présent, devant ces vidéos énigmatiques, puisqu’on sait bien que le temps est orienté et qu’il coule du passé au futur. À travers tout. »— François Bazzoli

1 La dimension des miracles, collection Ailleurs et demain, éditions Robert Laffont.

~

Quelques œuvres disposées dans un espace, soit plus précisément quelques dessins comme des reprises évidées, une ou deux vidéos presque immobiles et toujours silen-cieuses, et un objet transparent. Rien de neuf sous le soleil. Sous, et soleil. Justement, il sera question de lumière et de visibilité, de réduc-tion et de minimalisme. Les œuvres lumi-neuses permettant de voir les autres, comme un ensemble autonome, peu coloré si ce n’est noir et blanc, assez vide, petit monde en creux où les choses s’effacent, se suspendent ou s’éloignent. Il y aurait peu à dire, peut-être plutôt à percevoir (ainsi, l’on finira ici ce texte).

guILLAuME vIAud

Prenant l’espace public comme territoire d’expérimentation, mon travail pose la ques-tion de la perception et de la représentation du monde.

Ce travail de perception se traduit par un ensemble d’expériences reflétant la spécificité des lieux dans lesquels j’interviens. Tel un arpenteur, je me mets en scène, équipé « d’ob-jets-espace » révélant le caractère complexe des lieux que je traverse.

Placé au centre du dispositif, mon corps devient alors activateur de ces différents « objets-espace » dont les réactions sont enre-gistrées par la photographie et la vidéo.

La représentation du monde se traduit quant à elle par un travail basé sur la réappro-priation d’outils de mesure ou d’objets indus-triels. Proposant à la fois une vision relative de la mesure et une utilisation onirique des objets, ce travail de mise en espace dessine les contours d’un territoire mental où chacun est invité à se projeter.

nÉ En 1978 à MâcOn fR

vIt Et tRAvAILLE Aux LILAS fR

nÉ En 1983 à BERnAy fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

Bertrand Rigaux Les Monotonies, 2011 Vidéo projection, dimensions variables

L’irruption, 2010 Feutre sur papier, 80 × 80 cm

Photos © B. R.

Guillaume Viaud Specimen (n° 11), 2011 Installation, carénage, peinture acrylique et fixations en laiton chromé, 220 × 100 × 30 cm

Les frontières invisibles, 2010 Carte routière et peinture aérosol, 104 × 98 × 15 cm

Photos © G. V.

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LAuRE vIgnA

Au plein, l’artiste préfère le vide, préservant ces espaces de représentation de toute inter-prétation univoque. Une manière aussi pour elle de se concentrer sur les qualités intrin-sèques des matériaux utilisés — des feuilles de papier ou de placages en bois le plus souvent — des matériaux à la fois supports et sujets de représentation.

Ainsi elle gratte, ponce, froisse, découpe, déchire. Elle creuse une matière qui excède rarement deux ou trois millimètres d’épaisseur et en décompose les différentes couches internes. Parfois jusqu’au point de rupture. Un geste un peu trop appuyé et le support craque. À travers ces actions répétitives, Laure Vigna tente de reproduire des processus natu-rels dont celui de l’érosion qui, par là même, dessine le territoire. Car c’est bien là, la nature de cette recherche, la traduction du caractère mouvant du paysage — à travers cette matière qui cède peu à peu de sa substance.

La matière n’est plus transformée mais juste utilisée telle quelle. Une intervention a minima, qui reconsidère et rejoue en perma-nence les conditions d’apparition des formes, même les plus ténues. Laure Vigna déjoue les effets de surface. Ses paysages vibrants émergent ainsi dans l’espace de l’entre-deux — entre plan et volume, entre les éléments eux-mêmes. Dans un temps ne se figeant jamais.— Solenn Morel Extrait du texte publié dans le catalogue d’exposition de la 9e Biennale de la jeune création à Houilles, 2012.

~Présentation d’un « cabinet de recherche » avec plusieurs pièces faisant partie d’un même ensemble : des cadres, des vitrines, des sculp-tures-tables, mettant en avant le dispositif muséographique et appuyant sur différents niveaux / strates d’installation.

Laboratoire de recherche sur la mise en valeur de la géologie des matériaux employés, leurs surfaces, leurs topographies (la matière est un terrain où se passe l’intervention).

AMÉLIE WEIRIch

fEdERIcO fIERRO

Manipulant et explorant un grand éventail de médiums, les artistes élaborent leurs œuvres autour d’interrogations sur les limites de l’être et de l’objet dans leur temporalité, dans leur contexte quotidien. Agissant par interférences, par effacements, par inversions, leurs proces-sus mettent à contribution les traces de ces gestes pour reconstruire peintures, sculptures ou dessins.

Leurs œuvres fonctionnent souvent tel un dialogue, dans lequel le dispositif ou l’individu communiquent pour tenter de participer à la construction du sens, du paradoxe sémantique ou de la dynamique du jeu visuel. Ces œuvres jouent parfois à reproduire ou à expérimenter des interrogations et problématiques comme celles de l’individu face au corps social et à ses symboles.

Leur travail teste des déroulements ludiques ou métaphoriques, qui interrogent autant le support, le positionnement de l’inter-prétant que les possibilités ou les limites d’interprétation. L’idée de la beauté, le quoti-dien, les rapports humains, sont des théma-tiques récurrentes de leur production et per-mettent d’expérimenter des fluctuations formelles qui continuent à se réactualiser dans un jeu sans fin renouvelé.

nÉE En 1984 à SAInt-RÉMy fR

vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

AMÉLIE WEIRIchnÉE En 1980 à nIcE fR

fEdERIcO fIERROnÉ En 1979 à pOpAyAn cO

ILS vIvEnt Et tRAvAILLEnt EnSEMBLE à pARIS fR

~Nuancier est une série de mono-chromes faits de produits de beauté couvrant les pages de publicité desdits produits. L’in-terférence entre les médiums interroge ici une certaine idée de la Beauté. De la même manière, Black Beauty, qui est le nom d’un magazine, joue avec le contenu imprimé qui est effacé à l’aide d’un dissol-vant et d’un tissu, lequel a été monté sur châssis. Les magazines vidés de leur contenu sont empilés pour former un volume blanc, transférant la beauté noire du volume vers la peinture.

En mélangeant les pourcentages exacts des trois couleurs officielles du drapeau français les artistes obtiennent une proposition de drapeau. Bleu + Blanc + Rouge explore les rela-tions que tissent les hommes avec l’idée de communauté ou d’appartenance à ses sym-boles. L’installation Welcome est composée du dessin d’un paillasson fait en poussière et d’un miroir. L’ensemble de l’installation joue des inversions, que ce soit celle de la nature et de la fonction du paillas-son ou de la lisibilité du mot welcome, pro-voquant ainsi une distorsion entre l’em-placement de celui qui accueille et de celui qui est accueilli.

Toujours dans cet esprit de dualité, Perfect Lovers, faisant allu-sion à l’œuvre du même titre de l’artiste Félix González-Torres, est un collier de perles et corde à pendre à deux.

Laure Vigna Sans titre, 2010 Feuille de placage, tréteaux, 91 × 70,5 × 74 cm

Contre cadrer, 2011 Cadre, feuille de placage, 72,5 × 102,5 cm

Photos © Peter D. Hartung

Amélie Weirich Federico Fierro Black Beauty, 2011 Installation, 21 × 27 × 27 cm (magazines) et 150 × 110 cm (peinture). Magazines dissous à l’acétone, encre sur tissu en coton

Bleu + Blanc + Rouge, 2010 Drapeau, 180 × 50 × 70 cm Tissu, mât, corde, fixation murale Photos © A. W. & F. F.

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Cyril Aboucaya Furniture and offerings for the living, 2010 Installation Photo © C. A. 

Céline Ahond Dessiner une ligne orange, 2011 Vidéo-performance 14' Photo de tournage © C. A. 

Pierre-Yves Boisramé Sans titre (L’arbre), 2011 Installation vidéo HD et son stéréo, 12' en boucle Production Le Fresnoy Photo © P.-Y. B. 

Amélie Deschamps Cargo Culte, 2010 Édition de multiples, boîte Cargo 25 ex., 11 artistes Photo © Aurélien Mole

Benjamin Dufour Sans-titre (caisse claire), 2011

Dispositif enceinte et caisse claire, son mono, 45',

dimensions variables Photo © B. D.

Élodie Brémaud Entrainement n°#1: Devenir un héros, 2012 Prospectus, podium creusé à la pioche, 150 × 60 × 70 cm 2 h 30 d’action, Le Fresne sur Loire, chemin de halage en direction de l’aval

Rémy Briere Charbons (A-Z), 2011 Charbon de bois, verre, dimensions variables Photo © R. B.

Christophe Boursault La procure, 2011

Peinture, 130 × 97 cm Photo © C. B.

Marie Aerts Être de ceux auxquels

les hommes croient, 2011 Détail de l’installation,

sculpture (marbre, feuilles d’or et étain)

17 × 15 × 30 cm et vidéo DV, couleur, muet,

16/9 e, en boucle Courtesy galerie l’Œil Histrion.

Photo © M. A. Ceel Mogami De Haas Toutes les meules, çà et là, flambaient

comme des volcans — au milieu de la plaine dénudée, dans le calme

du soir, 2011 Image trouvée et transformée,

imprimée sur papier, dimension variable

© C. M. D. H.

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François Feutrie Refugio urbano, 2011

Installation réalisée avec Caroline Guittet, Arequipa,

Pérou. 220 branches d’eucalyptus, 3 bobines de

corde de jute, 5 × 18 × 6 m Photo © F. F.

Jennifer Dujardin Merci de m’avoir regardé, 2011 Vidéo 2'29"

Simon Feydieu Bossanoïa, 2010 Raisin blanc, figue, citron vert, carreaux plâtre, 660 × 250 × 5 cm et Up down, 2007 Lustre de Daniel Firman © Jean Alain Corre. Néon 2010

Alexandre Giroux Le Monde 19 septembre 2006, 2007

600 exemplaires d’une copie manuscrite de l’édition

du 19 septembre 2006 du journal Le Monde, 40 pages,

47 × 32 cm fermé Photo © A. G.

Nils Guadagnin Ghosts, 2012 Résine polyester, électro-aimants et bois, dimensions variables Photo © N. G.

Éléonore Joulin Google Maps, 2009 Installation, photo graphies au sol, dimensions variables Photo © É. J.

Jérémy Laffon Alone in the studio [Exercices], 2010-2011 Vidéo DV 5'10" © J. L.

François Mazabraud Un balcon sur l’ A86, 2011 Trace photographique du balcon après sa restauration, 40 × 30 cm Photo © F. M.

Armand Morin Reconstructions, 2011

Vidéo HD 4'45" © A. M.

Nicolas Gaillardon La Naine, 2010

Techniques mixtes, 200 × 106 × 106 cm

Photo © N. G.

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Marianne Muller Diptyque n°10, 2011 Tirages couleur sur papier brillant, cadre à double vue Photo © Marianne Lecareux

Les Frères Ripoulain David Renault Mathieu Tremblin Empty Sign, David Renault, 2012 Installation : bois de palette, 700 × 250 cm Production Art4Context Photo © M. T.

Guillaume Viaud Specimen n°1, 2010

Modèle réduit, peinture aérosol et capot acrylique transparent,

35 × 35 × 6 cm Photo © G. V.

Laure Vigna Plan Relief, 2012 Bois, vitre, papier rocher, 75 × 88 × 6 cm Photo © L. V.

Amélie Weirich Federico Fierro Perfect Lovers, 2010 Installation 20 000 perles, nylon, bois, 150 × 50 × 30 cm Photo © A. W. & F. F.

Pierre Paulin Input, 2012

Captures d’écran, vidéo 3'Bertrand Rigaux

Les Lendemains, 2011 Boule de cristal, 16 cm

Photo © Éric Pasquiou

Marion Pedenon Georges / Clotilde, 2011-2012

Série de 20 photographies numériques, 60 × 48 cm

Photo © M. P.

Félix Pinquier Parcours , 2010 Acier, caoutchouc, 170 × 180 × 40 cm Photo © Tom Courant

Delphine Pouillé Thrums nains, 2010-2011

Mousse polyuréthane, 20 × 50 × 50 cm chacun Exposition au Hublot,

Ivry-sur-Seine Photo © D. P.

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BIOgRAphIES

La Box, École nationale supérieure d’art, Bourges

2010~ Chemin faisant ... A Walk Around the Block � Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson, Noisiel

2009~ Une en deux, exposition personnelle � La Boîte, Centre d’art de l’Onde, Vélizy-Villacoublay

2006~ DNSEP avec les félicitations du jury � École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg

pIERRE-yvES BOISRAMÉ

nÉ En 1982 à cLAMARt fR vIt Et tRAvAILLE EntRE pARIS Et ROuBAIx fR

2011-2012~ Panorama 13 et 14 � Le Fresnoy � Studio national d’art contem porain, Tourcoing~ Pontoon effect, projet collectif pour la Nuit Blanche � Metz

2010-2012~ Le Fresnoy � Studio national d’art contem porain, Tourcoing

2010~ Mouvement Relatif � Galerie l’ Accélérateur de Particule � Strasbourg~ DNSEP � École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg

2009~ Lacunia Gallery, Projection vidéo � Boston, États-Unis~ Wro media Art biennale � Wroclaw, Pologne~ School of Museum

of Fine Arts, Boston, États-Unis

chRIStOphE BOuRSAuLt

nÉ En 1977 à pARIS fR vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

www.documentsdartistes.org/artistes/boursault

http://ensbat.blogspot.com

2012~ Festival de poésie sonore Sans Titre (mais poétique) � Hall des Chars, Strasbourg

2011~ Programme vidéo de Documents d’artistes, Duelles � Menton ~ Peintre Patent Paré, exposition personnelle � Galerie Porte-Avion, Marseille

2010~ Bushwick Schlacht, exposition collective de peintures � New-York, États-Unis~ Facettes, Façonnent, Factice, exposition personnelle � Galerie Polad-Hardouin, Paris

2009~ Festival Intants Vidéos, Marseille

2008~ Marseille Artistes Associés, exposition collective au MAC � Marseille~ Lauréat du prix de peinture Mourlot � Marseille

2004~ DNSEP avec les félicitations du jury, École Nationale Supérieure d’ Art � Villa Arson, Nice

ÉLOdIE BRÉMAud

nÉE En 1985 à BRESSuIRE fR vIt Et tRAvAILLE à nAntES fR

www.elodiebremaud.com onpeutoujourschercher.com

2011~ Jeune Création 2011 � Exposition internationale d’art contemporain � 104 � Paris~ Résidence Lindre- Basse � Centre d’art contem porain, La Synagogue de Delme

2010 ~ Postgrade CAS � ALPes � Haute École d’ Art et de Design � Genève, Suisse~ PDF — Porte de France � Action pour l’espace public � Gaillard~ Plaine /off, à l’appartement � MAMCO � Musée d’ Art Moderne et Contemporain � Genève, Suisse~ Plaine /off — 1 � Fonds Municipal d’ Art Contemporain � BAC � Genève, Suisse

2009 ~ DNSEP � École Supérieure des Beaux-Arts d’ Angers ~ Cut Up remix � Musée des Beaux-Arts � Angers~ Comme le soir tu fais lorsque derrière l’ � Château d’Oiron —

cyRIL ABOucAyA

nÉ En 1983 à SuRESnES fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

http://cyrilaboucaya.free.fr

2012~ 57e Salon de Montrouge~ Édition IBG 2011 � Galerie de Multiples, Paris~ Plomber, exposition collective � Le 6b, Saint-Denis

2011~ Formation d’archi tecture intérieure et logiciel Autocad, Epsaa � Ivry-sur-Seine~ Céleste Im Berg, workshop et exposition � Die Bäckerei, Innsbruck, Autriche~ Concept Store (pompes funèbres), exposition personnelle � Galerie Intuiti, Paris

2010~ Garden /Art /Action, exposition collective � Stirling Gardens, Council House � Perth, Australie

2009~ Ein Koffer in Berlin, exposition collective � Institut Français de Berlin, Allemagne

2008~ Programme de recherche du DAAD, post-diplôme à l’UdK � Berlin, Allemagne~ Résidence à la Générale en Manufacture, Sèvres

2007~ Pression à Froid, exposition collective � Couvent des Cordeliers, Paris~ DNSAP � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris

MARIE AERtS

nÉE En 1984 à chERBOuRg fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.marieaerts.com

2012~ Et plus si affinité(s), résidence et exposition � AFIAC, Fiac (Tarn)~ Drawing Now Art Fair � Galerie Dix9, Paris

2011~ Prix du festival Bandits-Mages pour la vidéo Débarquement 3, Bourges~ Débarquement, exposition personnelle � Galerie Dix9, Paris~ Publication du texte Impasses du travail moderne. Critiques d’artistes, Raison Publique, revue de sciences humaines � Presses de la Sorbonne, Paris, dossier Le travail sans fin. Version numérique : www.raisonpublique.fr.2010~ Le pouvoir à rebours, exposition personnelle � Galerie Hypertopie, Caen, France~ L’homme sans tête, exposition personnelle � Studio Harcourt, Paris~ L’Homme sans tête au Studio Harcourt, Anne Cartel, in Art Press n°369, juillet-août 2010

2009~ Portraits, résidence � Collaboration avec Studio Harcourt, Paris 2007~ Watch your step, exposition collective � WHARF

Centre d’ Art Contemporain, Hérouville-St-Clair

2006~ DNSEP avec les félicitations du jury � École Régionale Supérieure des Beaux-Arts de Caen la mer

cÉLInE AhOnd

nÉE En 1979 à cLERMOnt-fERRAnd fR vIt Et tRAvAILLE à MOntREuIL-SOuS-BOIS fR

www.celineahond.com

En cOuRS~ Résidence ADVP, Porte de Vincennes, Paris~ Commande au titre du 1% artistique, collège Pierre de Ronsard, Mer~ Diplôme Supérieur de Recherche en Art, École supérieure d’ Art de l’ Agglomération d’ Annecy

2012~ Une conversation super concrète, performance avec Levent Beskardes � MAC/VAL, Vitry-sur-Seine

2011~ Ce qui est impressionnant ici c’est l’ensemble du paysage, performance, Piano Nobile, festival Who’s Afraid of Performance Art ? � Le Commun, Genève, Suisse~ Être là, visite � Performance au Centre Pompidou, Metz~ Un mètre, orange, un trajet, exposition personnelle � Project Room � Le Quartier – Centre d’art contemporain, Quimper~ Qui admirez-vous ? Exposition collective �

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BIOgRAphIES

d’un milieu � Publication CAC de Pougues-les-Eaux~ La Grande Ourse, résidence � CAC de Pougues-les-Eaux

2011~ A box is a box is a box, Galerie Florence Loewy, Paris

2010~ Cargo Culte, édition boîte multiples et exposition collective � Galerie La vitrine, Paris ~ DNSEP � École Nationale Supérieure d’ Art de Paris, Cergy

2009~ Dog Contest � Parties Prenantes, Bétonsalon, Paris~ Stage Broderie Inuit, Atelier Kittat � Nuuk, Groënland

2004~ Licence de Danois � France et Danemark

BEnJAMIn dufOuR

nÉ En 1984 à MEtz fR vIt Et tRAvAILLE à JOLIvEt fR

www.dufourbenjamin.com

En cOuRS~ Projet de commande publique 1% artistique, parking Mazelle � Metz

2011~ Édition Suite de 5 partitions, livre produit par Pollen � Monflanquin~ Création de La Mobylette � Toulouse~ Commissariat de l’exposition collective Videox à N’à qu’1 œil � La Mobylette, Bordeaux

2010~ Bourse de la DRAC Lorraine~ Résidence à Pollen, exposition Fire & forget � Monflanquin~ Commande publique du CNAP, présentée lors de l’exposition Listen to your eyes � Frac Lorraine, Metz

2009~ Premières collaborations avec Octave Cowbell à Metz et Castel Coucou à Forbach

2008~ Premières expositions de La Mobylette (collectif créé en 2007) � Bordeaux

2007~ DNSEP � École Européenne Supérieure de l’Image � Angoulême

1987 — 2002~ Formation musicale, saxophone, solfège, composition et arrangement

JEnnIfER duJARdIn

nÉE En 1985 à pLESSIS-tRÉvISE fR vIt Et tRAvAILLE à BOuRgES fR

www.jenniferdujardin.tumblr.com

2011~ DNSEP avec les félicitations du jury � École nationale supérieure d’art de Bourges~ Invite someone � Galerie Kunst- Zicht resto overpoort � Gand, Belgique~ A guichet fermé, exposition collective � Maison de la culture de Bourges~ Qui admirez vous ?, exposition collective � La Box, Bourges

~ Lauréate du prix Ivan Argote � La Box, Bourges

2010~ Ouvrir, Galerie 13 Sévigné � Paris

2009-2010~ Stage de 4e année � Sao Paulo, Brésil

fRAnçOIS fEutRIE

nÉ En 1983 Au MAnS fR vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

www.francoisfeutrie.com

2012~ Résidence, Baraka, Stanfordville � New York, États-Unis~ Résidence � Les Verrières, Pont-Aven

2011~ Cabanes et paysages ambulants en Amériques, résidence et exposition � Espace culturel, Université d’ Angers~ Cabanes et paysages ambulants en Amériques, projet international � 10 mois � États-Unis, Argentine, Bolivie, Pérou, Colombie

2010~ Aide à la création � DRAC Bretagne~ Étant donné un espace d’exposition, Centre Culturel Colombier, Rennes~ Exposition inter nationale Infographythm, Carré Rotonde, Luxembourg

2009~ Publication Étapes, n°173, éd. Pyramyd, Paris~ Connexion � Galerie 3e Porte bleue, Paris

in Curios & Mirabilia � Oiron

2008 ~ Arts Academy at Turku Uni versity of Applied Sciences � ART department � Finlande

RÉMy BRIERE

nÉ En 1987 à BEAuMOnt fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.remybriere.com

2012~ Un bégonia vaut mieux que deux tu l’auras, exposition personnelle � Le Courant / De La Charge, Bruxelles, Belgique~ Mulhouse 012, exposition collective � Mulhouse~ La vitamine est dans la peau, exposition collective � Galerie du 48, Rennes~ Publication dans La belle revue 2011, In extenso

2011~ Debout Assis Genoux Tailleur, exposition personnelle � L’Espace d’en bas, Paris~ In piedi Seduto in Ginocchio A gambe incrociate, exposition personnelle � Qasba Galeria, Brescia, Italie~ J’ai encore une chose à vous montrer, exposition collective � Le Grand Atelier, École Supérieure d’ Art, Clermont Métropole~ Les enfants du Sabbat XII, exposition collective � CAC Le Creux de l’enfer, Thiers

~ Tire-toi une bûche, exposition collective � La Générale en Manufacture, Sèvres~ Publication dans Les enfants du Sabbat XII, catalogue d’exposition CAC Le Creux de l’enfer, Thiers

2010~ Hors Cadre, exposition collective � Triennale Internationale d’estampes de Chamalières~ Scottish Sculpture Workshop, résidence � Aberdeen, Écosse~ DNSEP � École Supérieure d’ Art de Clermont-Ferrand

cEEL MOgAMI dE hAAS

nÉ En 1982 à SELEBI phIkWE BW vIt Et tRAvAILLE à gEnèvE ch

www.ceelmogamidehaas.blogspot.com

2010-2013~ Assistant à la Haute École d’ Art et de Design � Genève, Suisse

2012~ Participation à l’exposition de Pierre Bismuth, An Ocean of Lemonade. Or the Trouble with Living in Times of Fulfilled Utopias, Smart Space Project � Amsterdam, Pays-Bas~ HISK, Postgrade � Gand, Belgique

2011~ Lauréat Swiss Art Awards � Bâle, Suisse

~ Bourse HEAD (FCAC) � Genève, Suisse~ Festival Points d’Impact, Piano Nobile � Genève, Suisse~ CODEX de Pierre Leguillon, Live In Your Head � Genève, Suisse~ FIE, Le Printemps de Septembre � Toulouse

2010~ Object Lag, Cross-Reference, Nieuwe Vide � Haarlem, Pays-Bas~ BB4 Too early, too late, activating the present now � Bucarest, Roumanie~ Master en Arts visuels, Haute École d’ Art et de Design � Genève, Suisse

2009~ Doorgeefshow (invité par JoëlleTuerlinckx), NICC � Anvers, Belgique

2008~ Bachelor en Arts visuels, Gerrit Rietveld Academie � Amsterdam, Pays-Bas

AMÉLIE dESchAMpS

nÉE En 1980 à cAEn fR vIt Et tRAvAILLE à LyOn fR

2012~ Les Verrières, Centre d’ Art de Pont Aven, résidence � Projet Cargo Culte (Édition) avec Carlotta Bailly-Borg, Lauren Coullard et Sophie Lapalu~ D’échec en échec, sans perdre son enthousiasme, performance � Galerie Ygrec, Paris~ B.A.T � Symbioses, étude

Page 40: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

78 79

BIOgRAphIES

Montpellier / Skopje, Macédoine~ Le meilleur n’existe pas � Le Hangar, Liège, Belgique~ Résidence 10 � Münzstrasse, Berlin, Allemagne

2007 ~ Comedy relief, exposition individuelle � Mur Foster-Carré d’ Art, Nîmes

nILS guAdAgnIn

nÉ En 1985 à tOuRS fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR Et gLASgOW gB

www.nilsguadagnin.com

2012 ~ And no birds sing � Espace d’art contem porain de La Rochelle~ MFA international show � Künsterlhaus Bethanien, Berlin, Allemagne~ La Quinzaine Radieuse, Piacé~ MFA degree show, The Glue Factory, Glasgow, Royaume-Uni~ Master of Fine Art, Glasgow School of Art, Royaume-Uni~ The Invigilators � Mackintosh Gallery, Glasgow School of Art, Royaume-Uni

2011 ~ The Wonders of the Invisible World � Northern Gallery for Contemporary Art, Sunderland, Royaume-Uni~ My Ruin � Galerie MyMonkey, Nancy~ Born Designers Festival � Courchevel

2010 ~ Time Out � Centre d’art La Caserne, Joué-les-Tours

2009 ~ Build Up � Maison de l’architecture du Poitou-Charentes, Poitiers~ Bourse d’aide à la création, DRAC Centre~ Bourse d’aide à la création, Région Centre

2008 ~ The Rolling Stones won’t come..., Château de Chambord~ DNSEP avec les félicitations du jury � École Supérieure des Beaux-Arts de Tours

ÉLÉOnORE JOuLIn

nÉE En 1987 à pARIS fR vIt Et tRAvAILLE à BRuxELLES BE Et pARIS fR

www.eleonorejoulin.com

2012~ 57e Salon de Montrouge

2011~ DNSEP atelier d’Edith Dekyndt, Alain della Negra, Tessy Bauer � École Supérieure des Arts Décoratifs, Strasbourg

2009~ DNAP, communication visuelle, mention � École Supérieure des Arts Décoratifs, Strasbourg

JÉRÉMy LAffOn

nÉ En 1978 à LIMOgES fR vIt Et tRAvAILLE à MARSEILLE fR

www.documentsdartistes.org/laffonjeremylaffon.com

2012 ~ Vidéochroniques, exposition personnelle � Marseille

2011 ~ Exposition personnelle � Galerie Isabelle Gounod, Paris ~ Résidence au Lycée militaire d’ Aix-en-Provence, avec le FRAC PACA~ Exposition collective � Galerie Les Filles du Calvaire, Paris

2010 ~ Résidence à Astérides � Friche Belle de Mai, Marseille ~ Exposition collective � le bbb — centre d’art, Toulouse

2009 ~ Résidence et exposition personnelle � Centre d’art le LAIT, Albi

2008 ~ Exposition personnelle � École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg

2007 ~ DNSEP � École Supérieure d’ Art et de Design de Marseille

fRAnçOIS MAzABRAud

nÉ En 1982 à LIMOgES fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.françoismazabraud.com

2012~ 4e Biennale d’art contemporain du Havre, Le Havre~ Real DMZ Project, résidence et exposition collective, ArtSonge Center � Séoul, Corée du Sud~ Drawing Now � Carrousel du Louvre, Paris~ La part de l’ombre, exposition collective � Galerie de Roussan, Paris

~ DNSEP Communication graphique � École Régionale des Beaux-Arts de Rennes

2007~ Licence professionnelle Métiers de l’édition � Université Rennes 2

2006~ Licence Arts plastiques � Université Rennes 2

SIMOn fEydIEu

nÉ En 1984 à pESSAc fR vIt Et tRAvAILLE à LyOn Et BORdEAux fR

www.simon-feydieu.com

2012 ~ Fables Bérurières, commissariat � Greenhouse, Saint-Etienne~ Co-fondateur et co-directeur de Bikini, espace d’art contem porain associatif, Lyon

2011 ~ The Navidson Record, exposition personnelle � Galerie Ilka Bree, Bordeaux~ Links, commissariat � Institut Français de Lisbonne, Portugal~ Salon d’automne (Remix), commissaire : In extenso � L’ Assault de la Menuiserie, Saint-Etienne

2010 ~ Simon Feydieu & Daniel Firman, Chez Néon, Lyon

2009 ~ Alice Borgne, exposition personnelle � Galerie Ilka Bree, Bordeaux~ Namedropper � Irish Museum of Contemporary Art, Dublin, Irlande

2008~ L’Inconstance du Lépisme dans la Mastication de mes Contemporains, exposition personnelle � Chez Néon, Lyon

2007~ Quasiment Royale, commissaires : Pierre Joseph, Christian Gaussen et Yann Mazéas � École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier ~ And… and… and… , Sylvester Works, Sheffield, Royaume-Uni~ DNSEP avec félicitations du jury � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon

nIcOLAS gAILLARdOn

nÉ En 1983 à ORLÉAnS fR vIt Et tRAvAILLE à LILLE fR

www.nicolas-gaillardon.blogspot.com

2012 ~ Biennale de Mulhouse 012~ Bivouac #01 � Galerie Rezeda, Lille~ Foire européenne d’art contemporain � Lille~ Revolucio, exposition personnelle � La Malterie, Lille~ Faire Face, résidence et exposition collective � Galerie Contemporaine, Chinon

2011~ Nuit européenne des musées � Musée des beaux-arts de Tours

2010 ~ Réalités Augmentées � Galerie TALM, Tours~ DNSEP � École Supérieure des Beaux-Arts de Tours

2009~ Sauvegarde � Galerie TALM, Tours~ Bourse d’étude, États-Unis

2008 ~ CC Belgica Huis Van Winckel It’s not fair — Le monde est arbitraire � Dendermonde, Belgique

2003~ Baccalauréat Technologique STI Génie Civil � Lycée du Bâtiment Gaudier-Brzeska, Saint-Jean-de-Braye

ALExAndRE gIROux

nÉ En 1980 à fOntAInE-LES-dIJOn fR vIt Et tRAvAILLE à nîMES fR

www.alexandregiroux.info

2012 ~ Biennale de la jeune création, la Graineterie � Houilles~ Here you are, Fondation Bullukian � Lyon

2011 ~ LET, exposition avec J. A. Arzilier — Galerie Iconoscope � Montpellier~ Création de la Galerie Fiat Panda, Galerie mobile~ Résidence à L’Entreprise Culturelle � Paris

2010 ~ 55e Salon de Montrouge~ Réseau Curry � ESBA Aix-en-Provence

2009 ~ BJCEM � Carré Sainte-Anne �

Page 41: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

80 81

BIOgRAphIES

2011 ~ Historique > Visites récentes > M., exposition personnelle � Galerie Emmanuel Hervé, Paris

2010 ~ Exposition de la collection du Frac Basse-Normandie, Caen

2009 ~ DNSEP � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon

MARIOn pEdEnOn

nÉE En 1985 Aux LILAS fR vIt Et tRAvAILLE à StRASBOuRg fR

www.marionpedenon.com

2012 ~ Photographes en Alsace � La filature, Mulhouse~ Exposition au festival de la photographie Manifesto, Toulouse~ Publication de photographies dans Plateform Magazine ~ Prix du sénat lors du XXVIIIe salon René Clément Bayer, Samoreau

2011 ~ Monitrice de l’atelier photographique de l’Esad, Strasbourg ~ Art Dating � Conseil général du Bas-Rhin, Strasbourg

2010 ~ DNSEP � École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg

2009 ~ Échange Erasmus, College of arts of Camberwell, BA Photography, Londres, Royaume-Uni

fÉLIx pInquIER

nÉ En 1983 à pARIS fR vIt Et tRAvAILLE à gEntILLy fR

www.felixpinquier.wordpress.com

2012~ Relâche, exposition personnelle � Galerie la Ferronnerie, Paris~ Résidence Fondation Hermès~ Drawing Now � Présenté par la Galerie la Ferronnerie, Paris~ Promesses � Galerie la Ferronnerie, Paris

2011~ Eclats � Galerie la Ferronnerie, Paris~ Prix sculpture — installation, félicités des Beaux-Arts de Paris~ Le vent d’après, commissariat : Jean de Loisy � ENSBA, Paris~ Envirrons — Surroundings, commissariat : Richard Deacon � Les Tanneries, Amilly~ Crossing Over � Galerie Karima Celestin, Paris

2010~ Interstices, La QSP, Roubaix~ DNSAP avec les félicitations du jury, � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris~ Checkpoint � Galerie Karima Celestin, Paris

2009 ~ Phonography � Galerie Karima Celestin, Paris

2006 ~ École Supérieure d’ Arts de Rueil-Malmaison

dELphInE pOuILLÉ

nÉE En 1979 à cLERMOnt-fERRAnd fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.delphinepouille.com

2012 ~ AIR Taipei, résidence � Taipei Artist Village, Taiwan

2011~ Nuit Blanche � Mayenne~ Fluffy flavours � NextLevel galerie, Paris

2010~ Les Infiltrés � La Graineterie, Houilles

2009~ Nuit des Musées � Casino Luxembourg et MUDAM, Luxembourg~ Haut en couleur, galerie La Ferronnerie, Paris2008 ~ B-gallery � Bruxelles, Belgique~ Homesession, résidence � Barcelone, Espagne

2003~ DEA en arts plastiques � Université Rennes 22002 ~ DNAP � École régionale des Beaux-Arts de Rennes 

LES fRèRES RIpOuLAIn

dAvId REnAuLt ESt nÉ En 1979 vIt Et tRAvAILLE à REnnES fR

MAthIEu tREMBLIn ESt nÉ En 1980 vIt Et tRAvAILLE à ARLES fR

www.lesfreresripoulain.eu

d.R.signalfantome.eu

M.t.demodetouslesjours.eu

2011~ Résidence à La Générale en Manufacture, Sèvres~ Zones d’ombre, exposition personnelle � Espace jeune public, Centre Pompidou Metz~ SLICK PROJECT, exposition personnelle � Galerie de Roussan Stand I5, Paris~ Gambit, exposition personnelle � Ouverture de la Galerie de Roussan, Paris

2010~ Docks en ciel, exposition collective � Cité de la Mode et du Design, Paris~ 55e Salon de Montrouge � La Fabrique, Montrouge~ Prix Bechtlé Direct, 5e Biennale d’art contem porain « Mulhouse 010 »~ Master d’Histoire de l’art � Paris I La Sorbonne

2009~ DNSEP � École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris

ARMAnd MORIn

nÉ En 1984 à nEvERS fR vIt Et dE tRAvAILLE à vIERzOn fR Et MAcAO cn

www.vimeo.com/armandmorin/videoscollectifr.fr/reseaux/armand-morin

2010-2012~ Le Fresnoy, Studio national des Arts contemporains, promotion Micheal Snow

2012~ Panorama 14, le Fresnoy, Tourcoing~ 57e Salon de Montrouge, Montrouge

~ C’était pas gai mais pas non plus triste, c’était beau, exposition collective � Fondation Van Gogh, Arles

2011~ RN137 2, commissariat de Zoo galerie et 40m cube, Rennes ~ Panorama 13, commissaire Bernard Marcadé � Le Fresnoy, Tourcoing~ Colonial Jelly, commis sariat de La Mobylette � Lieu Commun, Toulouse~ RN137 1, commissariat de Zoo galerie et 40m cube � l’ Atelier, Nantes~ Projection de la vidéo Opa-Locka Will Be Beautiful � Festival Écrans Docu-mentaires, Arcueil ~ Projection de la vidéo Opa-Locka Will Be Beautiful � 28e Festival du docu mentaire de Cassel, Allemagne ~ Projection de la vidéo Climatic Fictions � Rencontres Inter nationales, Berlin, Allemagne

2008-2009~ Post-diplôme � École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes, groupe de travail Pensées Archipéliques ~ Lauréat du prix des arts plastiques de la ville de Nantes

2007~ DNSEP � École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes

MARIAnnE MuLLER

nÉE En 1981 à pARIS fR vIt Et tRAvAILLE à MOntREuIL fR

2012 ~ 57e Salon de Montrouge

~ La Nuit de l’Instant à La Traverse, Marseille

2011 ~ Programme de résidence Synapse, École supérieure d’ Arts de Rueil-Malmaison~ Exposition des Lauréats au Salon du Magasin-Cnac, Grenoble~ Last Minute au 6B, Saint-Denis~ Résidence de création chez « Oudeis, Association pour les Arts numériques, électro niques et médiatiques », Le Vigan

2010 ~ Exposition de Noël au Magasin-Cnac, Grenoble~ Lauréate du Prix Edouard Barbe, Exposition de Noël, Grenoble

2008~ Création de l’ Atelier WM avec Alexis Atger~ Tran(s)phère � Lieu-Commun, Toulouse

2007~ DNSEP � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon

2005~ Bredi-Breda à l’ Antenne du Plateau, Frac Île-de-France~ DNAP � École supérieure d’ Arts de Rueil-Malmaison

pIERRE pAuLIn

nÉ En 1982 à gREnOBLE fR vIt Et dE tRAvAILLE à pARIS fR

2011 ~ Détails d’un futur souvenir, exposition personnelle � Galerie Emmanuel Hervé, Paris

Page 42: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

personnelle � Domaine de Chaumont-sur-Loire~ 54e Salon de Montrouge

2008 ~ Résidence, Terra Summer Residency program � Giverny~ Pari Photo, exposition collective � Galerie Gabrielle Maubrie, Paris

2006 ~ Paysages, exposition collective � Centre d’art de Glenfiddich, Dufftown, Écosse

2005 ~ Jeune création, exposition collective � Galerie du Bellay, Rouen~ Voyage d’étude, Alliance Française, Mauritanie

2006 ~ DNSEP � École Régionale des Beaux Arts de Rouen

LAuRE vIgnA

nÉE En 1984 à SAInt-RÉMy fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.laurevigna.com

2012 ~ Résidence à la Cité internationale des arts de Paris~ Formation de typographie et mise en page � EPSAA, Ivry-sur-Seine~ 9e biennale de la jeune création � La Graineterie, Houilles

2011 ~ Programme inter national de résidence entre

la région Rhône-Alpes et le Land du Baden-Württemberg et bourse de séjour, Institut français de Stuttgart en collaboration avec la Kunststiftung Baden-Württemberg, Allemagne~ Aide individuelle à la création, DRAC Île-de-France

2010 ~ Résidence à Astérides, Marseille~ Résidence et exposition personnelle à La Générale en Manufacture, Sèvres

2008 ~ DNSEP � École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon

2007 ~ Concordia University, Montréal, Canada

AMÉLIE WEIRIch

nÉE En 1980 à nIcE fR

fEdERIcO fIERRO

nÉ En 1979 à pOpAyAn cO

ILS vIvEnt Et tRAvAILLEnt EnSEMBLE à pARIS fR

www.weirich-fierro.com

2012 ~ Le grand sommeil, galerie du Rutebeuf, Clichy-la-Garenne~ Festival 12 × 12 � Mairie du 12e, Paris~ E.xtatics, Nuit Blanche, Paris~ Résidence au 100, Établissement culturel solidaire, Paris

~ Heroes, workshop à Synesthésie, Saint-Denis

2011 ~ Biennale d’Issy- les-Moulineaux / Art Protects, galerie Yvon Lambert, Paris

2010 ~ Scènes / Through the looking glass, Nuit Blanche, Clichy-la-Garenne et exposition personnelle, Médiathèque de Sophia-Antipolis

2009 ~ Radar, exposition personnelle � Bayeux~ Workshop à l’Escola d’art i disseny de Rubí, Espagne

2008 ~ 53e Salon de Montrouge

2007 ~ DNSEP � École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (A.W.)

2006 ~ Maîtrise d’ Arts Plastiques � Paris I, Sorbonne (F. F.)

2002 ~ Maîtrise d’Histoire de l’ Art � Paris IV, Sorbonne (A.W.)

2001 ~ Maîtrise de Beaux-Arts � Université de Bogota Jorge Tadeo Lozano, Colombie (F. Fierro)

David Renault et Mathieu Tremblin se sont rencontrés en 1999 à l’université Rennes 2 et ont formé à l’issue de l’obtention de leur Master arts plastiques le duo les Frères Ripoulain en 2006. Ils intègrent en 2012 le réseau Documents d’ Artistes en Bretagne.

2012 ~ Nuit Blanche � Paris~ DIY or BUY � Galerie DMA, Rennes~ Chutier et Creapolis, Project Room � Centre d’art Le Quartier, Quimper

2011-2012~ Résidence « 1+1=1 1+1=2 » avec Art4Context, Quimper

2011 ~ Colloque Graffiti as psychogeographical map : the new European urban intervention, UIMP, Santander, Espagne~ Jeune Création, 104, Paris~ 56e Salon de Montrouge � La Fabrique, Paris

2010 ~ Outsiders � Centre Culturel Colombier, Rennes

2009 ~ Nuit Blanche, Metz~ Kilo � Galerie Octave Cowbell dans le cadre de Constellations, Metz

2008 ~ Résidence Correspondances citoyennes avec L’âge de la tortue, Rennes

2006 ~ Fondation du duo les Frères Ripoulain, Rennes

2006-2007 ~ Master Arts Plastiques à l’Université Rennes 2

BERtRAnd RIgAux

nÉ En 1978 à MâcOn fR vIt Et tRAvAILLE Aux LILAS fR

www.bertrandrigaux.net

2011~ Exposition personnelle � Galerie l’Histoire de l’Œil, Marseille~ Contre-façon � White Canvas Gallery, Nanjing, Chine~ Lauréat du Prix Talent d’argent, Fondation François Schneider

2010~ Salon du dessin Contemporain � Galerie Isabelle Gounod, Paris

2009~ Exposition personnelle � Galerie Primo piano, Paris~ Vous êtes ici, Musée des Beaux-arts, Dunkerque~ 777, résidence � Château de Kerpaul, Loctudy~ Résidence Cité Internationale des Arts, Paris

2007~ Marseille Artistes Associés � Musée d’ Art Contem porain, Marseille ~ Diplôme du Fresnoy, mention, le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Tourcoing

2006~ Videotheka, Kunsthalle, Vienne, Autriche

2008~ Résidence � Station Mir, Hérouville Saint-Clair

2005~ Résidence � Munzstrasse, 10 � Berlin, Allemagne

2004~ L’esprit du lieu � Vidéo-chroniques, Marseille

2003~ DNSEP avec les félicitations du jury � École Régionale des Beaux-Arts de Marseille

2001~ DNAP � École Supérieure d’ Art de Tarbes

guILLAuME vIAud

nÉ En 1983 à BERnAy fR vIt Et tRAvAILLE à pARIS fR

www.guillaumeviaud.infos.stguillaumeviaud.com

2012~ Atlas at last , exposition collective � Laboratoire de recherche Edith, ESADHaR, Rouen

2011 ~ La sortie est au fond de l’ espace, exposition personnelle � Sur une invitation de Yannick Miloux, Centre culturel Jean-Pierre Fabrègue, Saint-Yrieix~ La phrase… , exposition collective � La Générale en Manufacture, Sèvres~ Homme#Nature, exposition collective � Ferme des granges, Palaiseau

2009 ~ Flower Power, exposition collective � CRAA — Villa Giulia, Verbania, Italie~ Walking Piece, exposition

BIOgRAphIES

82 83

Page 43: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

1 châtEAu d’EAuPlace Séraucourt 18000 Bourges 02 48 67 04 18 www.ville-bourges.fr

15 novembre – 16 décembre~. 15 – 18 novembre 10 h / 19 h

. 20 novembre – 16 décembre 15 h / 19 h

Fermé le lundi

2 cOuR dE LA SALLE cALvIn 73, rue Mirebeau 18000 Bourges

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

3 gALERIE d’ESSAI dE L’ÉcOLE nAtIOnALE SupÉRIEuRE d’ARt7, rue Édouard-Branly 18000 Bourges 02 48 50 42 47

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

4 hôtEL dE vILLE11, rue Jacques-Rimbault BP 628 18020 Bourges cedex 02 48 57 80 13 www.ville-bourges.fr

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

5 JARdIn dES pRÉS-fIchAuxBoulevard de la République 18000 Bourges

15 – 18 novembre 10 h / 17 h 30

6 LA BOx9, rue Édouard-Branly BP 297 18006 Bourges cedex 02 48 24 78 70 www.ensa-bourges.fr

15 novembre – 15 décembre~. 15 – 18 novembre 10 h / 19 h

. 20 novembre – 15 décembre 14 h / 18 h

Fermé le dimanche, les lundis sur rendez-vous

7 LE hAïdOucFriche L’antre-peaux 24, route de la Chapelle 18000 Bourges 02 48 50 42 47 www.bandits-mages.com

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

8 MÉdIAthèquELes Rives d’ Auron BP 18 18001 Bourges cedex 02 48 23 22 50 www.mediatheque-bourges.fr

15 – 24 novembre~15 – 18 novembre salle d’exposition 10 h / 19 h

espace adultes – 1er étage . 15 novembre 12 h 30 / 20 h

. 16 novembre 12 h 30 / 18 h 30

. 17 novembre 10 h / 17 h 20 – 24 novembre . mardi et vendredi 12 h 30 / 18 h 30 . mercredi > 10 h / 18 h 30 . jeudi > 12 h 30 / 20 h . samedi > 10 h / 17 h

9 MuSÉE du BERRy4, rue des Arènes 18000 Bourges 02 48 70 41 92 www.ville-bourges.fr

15 novembre – 31 décembre~. 15 – 18 novembre 10 h / 19 h

. 19 novembre – 31 décembre 9 h 45 / 11 h 45 13 h 45 / 17 h 15

Fermé le dimanche matin et le mardi

10 MuSÉE EStèvE13, rue Édouard-Branly 18000 Bourges 02 48 24 75 38 www.ville-bourges.fr

15 novembre – 31 décembre~. 15 – 18 novembre 10 h / 19 h

. 19 novembre – 31 décembre 9 h 45 / 11 h 45 13 h 45 / 17 h 15

Fermé le dimanche matin et le mardi

11 MuSÉuM d’hIStOIRE nAtuRELLE Les Rives d’ Auron 18000 Bourges 02 48 65 37 34 www.museum- bourges.net

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

12 pALAIS JAcquES cœuR cEntRE dES MOnuMEntS nAtIOnAux

10 bis, rue Jacques Cœur 18000 Bourges 02 48 24 06 87 www.monuments-nationaux.fr

15 novembre – 16 décembre~. 15 – 18 novembre 10 h / 12 h — 14 h / 17 h Au tarif en vigueur du monument

. Accès libre 16 novembre > 17 h / 19 h 17 novembre > 17 h / 22 h 18 novembre > 17 h / 19 h

Au tarif en vigueur du monument . 19 novembre – 16 décembre 9 h 30 / 12 h - 14 h / 17 h

13 pAvILLOn d’AuROnLes Rives d’ Auron 18000 Bourges 02 48 57 80 13 www.lesrivesdauron.com

15 – 18 novembre~. 16 novembre > 13 h / 20 h . 17 novembre > 13 h / 22 h . 18 novembre > 13 h / 19 h

. Matinées scolaires 15 et 16 novembre 8 h 30 / 12 h

14 pRIEuRÉ SAInt-MARtInImpasse Saint-Martin 18000 Bourges 02 48 20 03 89

15 – 18 novembre 10 h / 19 h

15 SquARE LOuIS xI Rue Moyenne 18000 Bourges

15 – 18 novembre

16 tRAnSpALEttEFriche L’antre-peaux 26, route de la Chapelle BP 6003 18024 Bourges cedex 02 48 50 38 61 www.emmetrop.pages perso-orange.fr

5 octobre – 18 novembre~. mercredi au samedi 14 h / 18 h et sur rendez-vous

. ouverture exceptionnelle 18 novembre 14 h / 18 h

LIEux d'ExpOSItIOn

Nocturne, samedi 17 novembre

jusqu’à 22 h

84 85

Page 44: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

pLAn

12

1châtEAu d’EAu Place Séraucourt18000 Bourges

2cOuR dE LA SALLE cALvIn 73, rue Mirebeau18000 Bourges

3gALERIE d’ESSAI dE L’ÉcOLE nAtIOnALE SupÉRIEuRE d’ARt7, rue Édouard-Branly18000 Bourges

4hôtEL dE vILLE 11, rue Jacques-Rimbault 18020 Bourges cedex

5JARdIn dES pRÉS-fIchAuxBoulevard de la République 18000 Bourges

6LA BOx 9, rue Édouard-Branly18006 Bourges cedex

7LE hAïdOucFriche L’antre-peaux 24, route de la Chapelle18000 Bourges

8MÉdIAthèquE Les Rives d’ Auron 18001 Bourges cedex

9MuSÉE du BERRy4, rue des Arènes18000 Bourges

10MuSÉE EStèvE 13, rue Édouard-Branly18000 Bourges

11MuSÉuM d’hIStOIRE nAtuRELLE Les Rives d’ Auron18000 Bourges

12pALAIS JAcquES cœuRcEntRE dES MOnuMEntS nAtIOnAux

10 bis, rue Jacques Cœur18000 Bourges

13pAvILLOn d’AuROn Les Rives d’ Auron18000 Bourges

14pRIEuRÉ SAInt-MARtInImpasse Saint-Martin18000 Bourges

15SquARE LOuIS xI Rue Moyenne18000 Bourges

16tRAnSpALEttE Friche L’antre-peaux 26, route de la Chapelle18000 Bourges

1

1113

8

4

12

9 326 10

5

14

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15

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Page 45: catalogue biennale d'art contemporain Bourges 2012

OuRS

6 e BIEnnALE d’ARt cOntEMpORAIn dE BOuRgES 2012

ORgAnISAtIOn gÉnÉRALEDirection Culture, Tourisme, Patrimoine Jean-François Foucault

ORgAnISAtIOn du pAnORAMA dE LA JEunE cRÉAtIOnÉcole nationale supérieure d’art de Bourges, directionStéphane Doré

cOMMISSAIRE d’ExpOSItIOn, chARgÉE dE LA cOORdInAtIOn dE LA BIEnnALEDominique Abensour

pARtEnAIRES

Avec la collaboration de la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale du Cher

Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.Copyright © les auteurs, les artistes, la Ville de Bourges

© Google Maps, tous droits réservés (p. 87)

cOncEptIOn gRAphIquEClémence Michon et Antoine Stevenot

Achevé d’imprimer en octobre 2012par GDS imprimeur, Limoges

dÉpôt LÉgAL Septembre 2012

88 WWW.BIEnnALE-BOuRgES.fR