Brun - Saint Augustin & Pascal
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7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
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Saint
Augustin,
ascal
et
notre
temps
Le seulrapprochementes nomsde saintAugustint dePascal
évoque
Port-Royal
t
l'atmosphère
'une
époque
où
domine 'ou-
vrage
de
Jansen. aire
l'histoire 'une telle
période
mpliquerait
que
l'on
abordât
es
délicats
roblèmes
héologiques
e
la
Grâce,
que
l'on étudiât 'influence
e saint
Augustin
ur
Pascal
et
que
l'on
accordât
ne
place
mportante
ux
critiques
e l'auteur es Pensées
qui,
on le
sait,
avait
écrit
u dos de
sa
Bible
«
Toutes
es fausses
beautés uenous rouvonsans aintAugustinntdes dmirateurs,
et en
grand
ombre. De nombreux
ravaux nt
été
déjà
consacrés
à
ces
questions
t il ne saurait tre
uestion
e les
reprendre.
ais
le
philosophe
eut
demander
l'histoire out autre hose
que
des
indications
ermettant
e
reconstitueres filiations 'influences
si,
comme
e
dit
Hegel,
en
regard
e ce
qui
est
l'essence
ntime
de la
philosophie
l
n'y
a
ni
prédécesseurs
i
successeurs
,
es diffé-
rents
emps u'affrontent
es
philosophes
ébouchent
urun
au-delà
des
périodes
urant
esquelles
ls ontvécu c'estencela
précisément
que
l'éternité e
la
pensée
d'Augustin,
omme elle
de
la
pensée
de
Pascal,
pénètre
ans cesse
dans notre
ontemporanéité.
our
différentes
ue
soient
es circonstances
ui
ont
présidé
ux
événe-
ments
marquants
e
la vie
de
ces
deux
philosophes,
eux-ci
emeu-
rentdes témoins
'un même
ontinent
nfoui celui
où
l'homme,
se
penchant
ur
sa condition
ar-delà
es coordonnées
istorico-
géographiquesui la limitent,e posele problèmee sonsenset,
par conséquent,
elui
du Sens ui-même.
Il
est,
certes,
oujours ossible
de trouver
uelque
biais
pour
rapprocher
es
époques
que
tout
sépare,
mais
l
demeure
difiant
de rechercher
omment
t
en
quoi
la
permanence
urgit
ans
cesse
dans
'historique.
'est
pourquoi
n
peut
dire
ue
le hasardde
leurs
naissances
espectives
fait
urgir
ugustin
t Pascal
à
deux
poques
qui présententiendespoints ommuns. uxive-ve iècles omme
au xviie
quelque
chose
meurt,
vec
tous
les
pénibles
oubresauts
qui
accompagnent
es
dislocations,
t
quelque
hose
'autre 'efforce
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396
REVUE
PHILOSOPHIQUE
de naître.
C'est
précisément
ntre ette
brisure
t
cette
gestation
que
vient 'insérer
'inquiétude
e
ces deux
témoins
e l'homme.
L'époque
de saint
Augustin
oitmourira Pax Romana
t
agoni-
ser le monde ntique Alaric, oi des Visigoths,rendRomeet
saint
Augustin
meurt
n
430 au
coursdu
sièged'Hippone
par
le
roi
des
Vandales. a
langue
recque, ui
constituaitn
des
aspects
les
plus
mportants
e
la
culture,
a tomber ans
'oubli
petit
petit
e
constitueront
es
cultures ationales
ans
cesse
menacées
par
es
Barbares. a dislocation e
'Empire
omain,
'oublidu
grec,
les
menaces
perpétuelles
es
invasions
onsommenta
rupture
du nomos t de la polis,tout un ordre ommence e s'effriter.
Mais,
travers
e
monde
ui
meurt,
n autre e dessine
l'Eglise
catholique
ortdes limbes t un
dogmatisme
cclesial
st en train
de se
constituer.
Lorsque urgit
ascal,
e
monde
ui
est
en voie de
désagrégation
est
précisément
elui
qui
était
né du
temps
e saint
Augustin
le
monde
e
la
catholicitéomaine
disloquée
ar
a
Réforme,
'Eglise
catholique
oit elle-même
ompter
vec
ses
propres rotestantsles jansénistes. n outreun nouveaudivorce ntre e nomos t la
polis
se
précise
ce
que
l'on
appellera
lus
tard
'Ancien
Régime
voit
es bases
menacées t 'idéed'un
nomos refaire
t
d'une nter-
nation
constituerinit
ar
prendre orps.
Si
le
grec
entre n
agonie
à
l'époque
d'Augustin,
n
assiste,
au
moment
ù écrit
ascal,
à
un recul
du latindevant es
langues
nationales,
andis
ue
l'autoritarisme
cclésial ommence e
céder
la placeà un dogmatisme'untypenouveau celuide l'autori-
tarisme
u vrai
où s'illustrerontes
Torquemada
u
concept
t de
la
logique
prenant
a relève
des
Torquemada
e la
théologie.
Ainsi
aint
Augustin
t
Pascal sont u
carrefour'un monde
n
agonie
t
d'un
univers n
gésine.
Mais
ls
demeurent
es
témoins,
non
des
témoins
ous ncitant
des
regrets
yriques
u
à des
espé-
rances
aciles,
mais
des
témoins e
ceci
que
l'homme,
n tant
que
créature,merge oujoursdes nappesde charriage e l'histoire
qui
veulent e
défaire
our
e refaire.
'œuvrede
saint
Augustin
et
celle
de
Pascal
constituent,
n
effet,
n seul
et
même
ri
celui
de
l'intériorité
ue
des
changements
e
coordonnées,
i
novateurs
qu'ils
oient,
e
peuvent
amais
refaire.
e cri
aillit
e a
profondeur
lancé
dans e
monde,
l
monte ers
une
verticalité.
Il
est
maintenant
ssentiel,
our
notre
propos,
de
préciser
en
face
de
quoi
retentit
n tel
cri t
de nous
demanderuelles ontles déchirures
ui
le motivent.
On sait
qu'une
nterprétation
omantico-hégélienne
e
la
civi-
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J.
BRUN.
-
SAINT
AUGUSTIN,
PASCAL ET NOTRE
TEMPS
397
lisation
recque
'attacha faire e cettedernièrea
manifestation
essentielle e l'unité e
quatre
notions le
νομός,
a
πόλις,εθος
t
la
φύσι£.
l
est certes
possible,
t
même
probable, u'une
telle
conception uised'abordses racinesdans une vision du monde
tendant fairede la
Grèce
e
pays
exemplaire
ar
excellence
il
n'en demeure
as
moins
ue
la
convergence
u
la
divergence
e
ces
quatre
otionsont u
principe
ême
e biendes
ignes
e
forces
déterminantes
événements
ulturels,
es
situations
écues t des
efforts
e
recherchese
la
plus
haute
mportance.
Nousavons
ouligné ue,
à
l'époque
de saint
Augustin
omme
celledePascal,un divorcentree nomos t a polis tait ncours e
consommation,
orsqu'il
n va ainsion
se
complaît
t
l'on
se
réfugie
volontiers ans
une
exploration
e l'horizontalité
n inventoriant
les relations
ntre
es
deux
autres
ermes
la
phusis
t Velhos. n
s'applique
lors éclairer
es mœurs
ar
a nature
partir
e trois
attitudes
celle de
la
constatation
eutre,
elle
de
l'approbation
confianteu
cellede
l'action
militante. n
se trouve
insien
face
de
formes
lus
ou
moins arvées
du
scepticisme,
'une
part,quiinsiste ur e caractère
multiple
t
fuyant
e la nature,ffirme
u'il
n'y
a
pas
de
vérité,
ous
nvite u
relativisme
t s'achève
insidans
unedéroute
ui
veut
e
faire
rendre
our
neroute
tune
agesse,
du
stoïcisme,
'autre
part,
enseignant u'il
faut uivre
a nature
qui
est bonne
t
providentielle,
ypostasiant
a nature
our
prêcher
un salut
par
e
savoir,
du
pélagianisme,
nfin,
ui
affirme
ue
les
mœurs
doivent
éformer
a nature
qui
elle-même
éformeraos
mœurs tqui proclameue le salutnepeutvenir ue des œuvres.
Saint
Augustin
t
Pascal
se sont
précisément
rouvés
ux
prises
avec
ces
perspectives
ésiduelles,
risonnières
'une
horizontalité
où
elles
s'aplatissent.
Saint
Augustin
onnaît
bien
le
scepticisme,
u'il
s'agisse
de
celui
remontant
Pyrrhon
u
de celui
de la
Nouvelle
Académie
de
Carnéade.
aint
Augustin
eproche
u doute
des
Académiciens
de nepasprendreonscienceelui-mêmear 'expérienceudoute
implique
nevérité
ur
e fond
e
laquelle
llese
définit
omme
ne
absence
«
Si tu
ne
vois
pas
bience
que
je
dis
et
si tu
doutes
de
la
vérité
e
mes
paroles,
emarque
u moins
ue
tu
ne
doutes
as
de ce
doute
et,
s'il
est certain
ue
tu
es en train
e
douter,
emande-toi
d'où
vient
cette
certitude.
...]
Tout
homme
ui comprend
u'il
doute
omprend
uelque
chose
de
vrai
et il est
certain
e ce
qu'il
comprend.l estdonc ertain 'unevérité (1).Augustinousmet
(1)
De vera
religione,
XL,
74.
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398
REVUE
PHILOSOPHIQUE
en
garde
ontree doute
dans des
ignes ue
Ton a souvent
appro-
chées
des Méditations
e
Descartes
«
Nous n'avons
pas
à
craindre
d'être
rompés
ar
quelque
vraisemblance,
ar il est certain
ue
celuiqui esttrompé it.[...] C'estparuneconnaissancentérieure
que
nous
savons
que
nous
vivons,
t
pas
mêmeun
Académicien
ne
pourrait
ire
«
Peut-être
ue
tu dors
ans e
savoir,
t
que
c'est
«
en
songe ue
tuvois
qui
gnore,
n
effet,
ue
es
visions u
sommeil
«
sont outà
fait emblables cellesde
la
veille
»
Mais
celui
qui
est
certain
e
savoir
u'il
vit ne
dit
pas
:
-«
Je sais
que je
veille
,
mais
«
Je
sais
que
je
vis.
»
Qu'il
dorme u
qu'il
veille,
l
vit. l ne
peutdansce savoir trevictime e songes car mêmedormir t
voir en
songe
c'est
le
propre
'un homme
ui
vit.
[...]
Que
l'on
objecte
mille
xemples
e visions
rompeuses
celui
qui
dit
«
Je
«
sais
que
e
vis
»,
l n'en
redouteraucune
uisque
même elui
ui
est
trompé
it
1).
Ainsi
qui
douterait
u'il
vit,
e
souvient,
omprend,
veut,
pense, git,
ait et
juge
car,
même 'il
doute,
l
pense
s'il
doute,
l sait
qu'il
ne sait
pas
s'il doute l
sait
qu'il
ne
faut
as qu'il
consente
la
légère (2).
Par
conséquent
e
sceptique
e
comprendpas le doute dont il est le
champion.
Une énormedifférence
d'allure emeurentre es
analyses 'Augustin
t
celles
e
Descartes.
Descartes
herche'évidence
ar
e doute t
veut
être
un héros
u
savoir
Augustin,
ui,
découvre'intérioritéù
viennent
'enraciner
la
présence
t
l'absence e Dieu.
L'expérience
u
doute
nous
mène
ainsi
à
comprendre
u'il
faut sortir
'une
série
pour
parvenir
saisir elle-ci
t sa raison
le doute
ébouche ur
a
découverte
'une
transcendancemmanente,'estpourquoia desperatioerumnve-
niendi ait
place
à la
certitude*
erum
nveniendi.
Quant
u
stoïcisme,
l
estune
orte e
scepticisme
nversé. éfinir
le
sage
commee savant
apable
de
vivre
onformément
la
nature
et assezfort
our
e suffire
lui-même
ansune
autarcie
ui
fait
a
force,
'est
penser
ue
la liberté
'a
pas
de
fondementt
que
pour-
tant
cette iberté st
fondement.
ci aussi
on
oubliede
sortir
e la
série t de poser e problème e l'origine, 'où la superbia t un
évident
ontentemente soi.
Je
veux,
ertes,
mais
e
ne
puis
vouloir
ce vouloir
je
ne
peux
vouloir
'origine
e ce
vouloir
ce
n'est
pas
à moi
que e
dois es
circonstances
e ma vie ni
moi-même
«
Quid
habes
uod
non
ccepisti
»
Dans
ma iberté
e
suis
'œuvre e
Dieu
et 'amour
ue 'ai pour
moi
n'est utre
hose
ue
de
la
perversion
«
Des bas-fonds
e
mon œur u as
dragué
a vase
de
la
corruption.
(1)
De
trinilale,
V, XII,
21.
(2)
Loc.
cit.,
X, X,
14.
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J.
BRUN.
-
SAINT
AUGUSTIN,
PASCAL
ET NOTRE
TEMPS
399
II ne mereste
lusqu'à
ne
plus
vouloir
e
que e
veuxet
qu'à
vouloir
ce
que
tu veux.
»
Enfin,
aint
Augustin
connu
a
grande
entation u
pélagia-
nisme laquelle, u fond,e stoïcismet l'autarcie,e stoïcismet
la
liberté,
e stoïcismet a maîtrise e soi conduisent
ndirectement.
On
peut
établir
ne filiationntre a notion 'autarcie
t
celle
de
libertas rbitrii
ffirmant
ue
l'homme
la
possibilité
e
pécher
ou de
ne
pas pécher, ue,
même
'il
a
envie e
pécher,
l
peut
revenir
en arrière
t ne
pas
pécher.
'il
en
était
ainsi nous n'aurions
lus
besoin
e la
Grâce
t l'homme
erait
apable
de faire on
salut
par
sonentendement,a volonté t ses actes.SaintAugustin e cessa
de lutter
ontre e
pélagianisme
pour
ui
l'homme
eut
faire e
malmais
non e bien
«
Le
bien
n
soi
estton
ouvrage,
on
présent
le
mal en
moi,
ma
faute,
a condamnation. Car
saint
Augustin
a vécu la douloureuse
t
significative
xpérience
e
connaître
a
loi et de
ne
pouvoir
'accomplir
saint
Paul
lui donna
à réfléchir
sur
cette
volonté
mpuissante
ans
des
termes
u'Augustin
e
pouvait ublier
«
Car e
ne fais
pas
le
bien
que e
veux
et
e
fais e
mal
que e
ne veux
pas.
Et si
e
fais e
que
je
ne veux
pas,
cen'est
plus
moi
qui
le
fais,
mais 'est
e
péché
ui
habite
n moi.
Je
trouve
donc n
moi ette
oi
quand
e
veux
faire
e
bien,
e mal
est attaché
à
moi.
Car
e prends
laisir
la loi de
Dieu
selon 'homme
ntérieur,
mais
e
vois
dans
mes
membres
ne
autre
oi,
qui
lutte ontre
a loi
de
mon ntendement
t
qui
me
rend
aptif
e
la
loi
du
péché
ui
est
dans
mesmembres
1 Ainsi
a volonté
esaurait
uppléer
la
Grâce
et il fautrecevoire que l'on nepeutdonnericiparconséquent,
la
psychologie
st
mpuissante
expliquer
uoique
ce
soit
«
Donne-
moi ce
que
tu
exiges
t
exige
ce
que
tu veux
»
(2).
Ce
n'est
donc
pas
à
la
Nature,
la
Loi ou
aux
Mœurs
ue
nousdevons
ous
ttacher
mais
la
Grâce
«
Ni la connaissance
e la
loi
divine,
i
la
nature,
ni
la seule
rémission
es
péchés
ne constituent
a Grâce
mais
elle
nous est
donnée
ar
Jésus-Christ
otre
eigneur
fin
ue,
par
elle, a loisoit ccomplie,a nature élivréet epéché aincu» (3).
Ce
n'est
pas
davantage
e la Cité
ue
nous
pourrons
ttendre
n
extraordinaire
ecours
«
Deux
amours
ntfait
deuxcités
l'amour
de
soi
usqu'au
mépris
e
Dieu,
a cité
errestre
l'amour
e
Dieu
jusqu'au
mépris
e
soi,
a cité
éleste.
'une,
dans
es chefs
t
à
pro-
pos
des
nations
u'elle
soumet,
st
dominée
par
la
passion
de
(1)
Epure
aux
Romains,
VII,
19-23.
(2)
Confessions,
X,
19,
40.
(3)
De Gratia
et
Libero
arbítrio,
XIV,
27.
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400 REVUE
PHILOSOPHIQUE
dominer
l'autre
voit ses chefs
décider t
ses
sujets
obéir
ou se
dévouant
es
uns
aux autres
ar
charité.
'une,
en ceux
qui
la
gou-
vernent,
imesa
propre
orce,
'autre
dit
à son Dieu
Je
t'aimerai
Seigneur,oiqui es ma force (1). Ainsidonc a Grâcen'implique
pas
quelque
autoritarisme
ncompréhensible,
lle
préserve
'homme
des
tyrannies
e l'action
ar,
en étant
erviteur e
Dieu,
'homme
devient e
serviteur
e l'autre.L'homme
eut
acquitter
u
amnis-
tier
mais
l
n'a
pas,
à
la
lettre,
e
pouvoir
e
faire
Grâce la
Grâce
nous
nvite insi devenir
n
témoin,
épositaire
'un
dépôt
acré,
et non
un
agent,
util 'une
puissance ui
ne
cherche
u'à
s'assouvir.
Onpeutdire uePascal vécutunesituationoisine e celle ueconnut aint
Augustin.
e
Nomos
t
a
Polis se
dissociaientt
Pascal
formulavec
ucidité e
que signifiait
ette
upture,
l la
provoque
même
pour
faire essortir
oute a
différence
ui
sépare
a
loi
des
hommes e la loi de Dieu.
C'est
ainsi
que
Pascal
prend
ien
soin
de
distinguer
es
grandeurs
'établissement
es
grandeurséelles,
et
il
le
faitd'une
façon
out
particulièrement
emarquable
ans es
Discours
sur
la condition
es
grands.
Une telle
distinction
e
double
d'uneautrenonmoins apitale cellequ'établitPascal entre a
condition
e
l'homme
t
son
état.
Qui
dit
conditionit
données
socio-historiques,
ui
dit
état it
situation
xistentielle
e
l'homme.
Or
tout e
drame e
l'homme
onsiste
prendre
a
condition
our
l'état,
à
oublier on
état en
s'attachant
sa
condition,
oublier
l'être
pour
ultivere
paraître.
n
confondant
es
grandeurs
éelles
et
es
grandeurs'établissement,
'état
t a
condition,
ous
prenons
la citédeshommes our a citéde Dieu,nousoublions ue le roi
n'est
qu'un
roi
de
concupiscence.
Et
nous
allons
retrouver
insi le
scepticisme,
e
stoïcisme
t
le
pélagianisme
maischez
Pascal ces trois
octrines
rennent
ne
dimension
ouvelle
due au
développement
e
la
science
t
à
la
naissance
'une
technique.
On sait
que,
dans
'Entretien
vec
M.
de
Saci,
Pascal a
insisté
surcette déeque le specticismevaiteu le tortdenevoirque la
faiblesse
e
'homme
commee
lui
avait
déjà
reproché
aint
Augus-
tin,
e
sceptique
e
prend
pas
conscience e
son
doute.
Or,
nous
disent
es
Pensées,
i
«
nous
avons
une
impuissance
e
prouver,
invincible
tout e
dogmatisme
nous
vons
une
dée
de
la
vérité,
invincible
tout
e
pyrrhonisme
(2).
Quant
u
stoïcismel
a
bien
vu la
grandeur
e
'homme
mais l
lui
manque
'avoir
u a
faiblesse
U)
La
citéde
Dieu, XIV,
28.
(2)
Pensées,
n°
395
(éd.
Brunschvicg).
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
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J. BRUN.
-
SAINT
AUGUSTIN,
PASCAL ET NOTRE
TEMPS 401
de celui-ci
en
prêchant
'autarcie
t
'autonomie
e
'homme
riom-
phant
il ne
s'apercevait
as qu'il
n'est
pas
en notre
ouvoir
e
régler
e cœur
(1),
le stoïcisme
st demeuré
ourd
u
problème
e
la Grâce.C'estpourquoil conduit une nouvelle orme epéla-
gianisme
on
sait,
en
effet,
ombien
e
stoïcisme eu
d'influence
sur la
pensée
de
Descartes,
r
il ne seraitnullement
xagéré
de
parler
'un
pélagianisme
artésien,
'ailleurs e
son
vivant,
Des-
cartes aillit tre a victime
'unetelle ccusation. e
pélagianisme
est
contemporain
e la
naissance e
a
science
t
de
la
technique ui
se
proposent
e
«
nous
rendre
omme
maîtres t
possesseurs
e la
nature ; etle moment 'estpas loinoù l'onpensera ue l'homme,
en modifianta
nature,
e modifie
ui-même
t
que,
en se
modifiant
lui-même,
l modifie
a nature.
e fameux
il
suffit
e bien
uger
pour
ien
aire
mplique
ue
a Grâce
it été
mise ntre
arenthèses
et
suppose
u'un
salut
par
e
jugement
t
par
les œuvres
oit
pos-
sible il n'estdonc
pas
exagéré
e
dire
que
nousnous trouvons
à
en
face
d'une
sortede
pélagianisme
ntellectualo-techniciste.
r
Pascal
ne cesse
de
dénoncer
a
«
superbe
e la
raison
,
non
pointau nom de
quelque
irrationalismeuspectmais
parce
qu'il sait
fortbien
que
«
l'homme
'agit
point
par
la raison
qui
fait
son
être
(2).
Par à
Pascal
nous
fait
oucher
u
doigt
e
grand
aradoxe
humain
il
est de la
nature
e
l'homme
e
ne
pas
être
conforme
à
sa nature
'être
aisonnable
t c'est
pourquoi
la raison beau
crier lle
ne
peut
mettre
e
prix
ux
choses
(3).
Ce
prix
'est
trop
souvent
'infrarationnel,
savoir
'imagination,
ui
l'impose
la
raisonmais,même i araison 'était asvaincue ar 'imagination,
le véritable
rix
des choses
ui
échapperait
ar celui-ci
'appartient
qu'au
cœur,
'est-à-dire
la Grâce.
Ainsi
'homme
st
non seulement
itué
ntre
eux
nfinis,
ais
il
peut
tre
la
fois e
sujet
de tous
es délires
t
le
dépositaire
'un
message
e venant
as
de
ui.
L'homme
st donc
une orte
e
mons-
tre
ncompréhensible
ue
Pascal
s'ingénie
vanter
t
à
abaisser
sans cessede façon le contredireoujours.Par conséquenta
nature,
u'il
s'agisse
e
celle
es
choses
u de celle
ui
nous
onstitue,
n'est
pas
uniquement
e
dont
nous
pouvons
nous
rendre
maîtres
et
possesseurs
«
La
nature
st
telle
u'elle
marque
artout
n
Dieu
perdu,
t
dans l'homme
t
hors
de
l'homme,
t une
nature or-
rompue
(4).
(1)
Loc.
cit.,
n°
467.
(2)
Pensées,
n° 439.
(3)
Loc.
cit.,
n°
82.
(4)
Loc.
cit.,
n° 441.
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
http://slidepdf.com/reader/full/brun-saint-augustin-pascal 8/12
402
REVUE
PHILOSOPHIQUE
Saint
Augustin
t Pascal se sont
insi
rouvés n facedu
monde
de l'extérioritét l'expérienceu'ils ont faite d'une intériorité
frustrée
ravite
utourd'un
cri,
toujours
résent
t
toujours
u,
le cri
fondamentale l'homme
ui
appelle
«
A
moi
»
Un tel cri
implique
n
refus,
u tout au
moins
ne
dénonciation
e
l'objec-
tivité et c'est bien
là
l'attitude
ue
l'on rencontre
hez saint
Augustin
t
qui,
chez
Pascal,
se
précise ar
une
critique
u ratio-
nalisme
artésien
ous
montrant
ue
la
connaissance es choses
extérieurese nous consolera as dans les moments 'affliction.
Ce
refus e
l'objectivité
t de
l'extériorité,
enues,
la
lettre,
our
insignifiantes,
e
prolongear
un
approfondissement
e 'intériorité
c'est de lui
que
naît ce
qu'il
est convenu
'appeler
«
angoisse
et
que
saint
Augustin
ésigne
u nom de
«
stupor
et
Pascal de
celui
d'
«
effroi. Dans unetelle
xpérience
e
questionnant
ui-même
est
mis n
question,
st
oumis la
question
c'estbien e
que
traduit
Augustin
ui
s'écrie
«
Je
suis
devenu
our
moi-mêmene
grandequestion. Toutes es interrogationsruciales ravitentutourde
ce moi
qui
s'interroge,
on
pour
se
livrer
quelque description
caractérologique
isant
préciser
a
condition,
ais
pour
pprofon-
dir
onétat
propos
es
nterrogations
ondamentales
Quisuis-je
d'où
viens-je
où
suis-je
où
vais-je
C'est
ainsi
que
Pascal,
dans
un
passage
rès
existentialiste
met es
questions
uivantes
dans
a bouche
d'un ibertin
«
Je
ne
sais
qui
m'a mis
au
monde,
nicequec'est ue emonde, iquemoi-mêmeje suisdansune gno-
rance
errible e
toutes hoses
je
ne
saisce
que
c'est
ue
mon
orps,
que
mes
ens,
ue
mon
me
et
cette
partie
même e moi
qui
pense
ce
que
je
dis,
qui
faitréflexion
urtout
et
sur
elle-même,
t ne se
connaît
non
plus
que
le
reste.
Je vois
ces
effroyables
spaces
de
l'univers
ui
m'enferment,
t
je
me
trouve
ttaché un
coin
de
cette
aste
étendue,
ans
que je
sache
pourquoie
suis
plutôt
lacé
en ce lieuqu'enun autre,ni pourquoi e peude temps ui m'est
donné
vivre
m'est
ssigné
ce
point
lutôt
u'à
un autrede
toute
Téternité
ui
m'a
précédé
t de
toute elle
qui
me
suit.
Je
ne
vois
que
des
nfinitése
toutes
arts,
ui
m'enferment
omme n atome
et
comme
ne
ombre
ui
ne dure
qu'un
instant
ans
retour. out
ce
que e
connais st
que
e
dois
bientôt
mourir,
ais e
que 'ignore
le
plus
est
cettemort
même
ue
je
ne
saurais viter.
Gomme
e
ne
sais
d'où
e viens,
ussi
e
ne
sais
où
e
vais
»
(1). L'effroiontnous
(1)
Loc.
cit.,
n°
194.
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
http://slidepdf.com/reader/full/brun-saint-augustin-pascal 9/12
J.
BRUN.
-
SAINT
AUGUSTIN,
PASCAL ET
NOTRE TEMPS
403
parle
Pascal
est
celui
que
connaît 'homme
ui,
réfléchissant
ur
son
état,
e
trouve omme
uelqu'un qu'on
aurait
porté
ndormi
dans
une
le
déserte
t
effroyable,
t
qui
s'éveillerait
ans
connaître
où il est, t sansmoyen 'ensortir (1). L'homme beau nterroger
le
monde,
'univers
este
muet t les
espaces
nfinise taisent
'un
silence
ternel.
aint
Augustin
vait
connu a même
xpérience
«
J'ai
questionné
e
ciel,
a
terre,
e
soleil
t a lune t
chacun isait
Je
ne suis
pas
ton Dieu
»
(2).
Pascal,
se
situant
ar-delà
e conflit
entre
e
géocentrisme
t
Γ
héliocentrisme
ffirme
«
Je
trouve
on
qu'on
n'approfondisse
as
l'opinion
de
Copernic
mais ceci...
Il importe toute a vie de savoir i l'âme est mortelle u immor-
telle
»
(3).
Ainsi,
face au
monde,
'homme e
peut
que
se sentir
injustifié
ar l
ne
sait
pas
«
par
'ordre t a
conduite
e
qui
ce lieu
et ce
temps
lui ont
été destinés
4).
L'effroit
le
cri
qui
le
prolonge
onduisent
un
approfondisse-
ment
de
l'intériorité
ontrant
aradoxalement
ue
celle-cinous
déborde les
coordonnées
e nos
îles laissent
aché
le
continent
perdu uquel
elles
ppartiennent
t
«
toutes hoses ont
des voiles
qui
couvrentieu»
5).
Telle taitbien
'expérience
uesaintAugus-
tin
vait
également
écrite
ans
es
Confessions
«
Je
ne
puis
conce-
voir
ntégralement
e
que
e
suis.
L'esprit
stdonc
rop
troit
our
e
contenir
ui-même
Alors
ù reflue
e
qu'il
ne
peut
ontenir
n ui?
Serait-ce
orsde
lui
et non en
lui ?
et
comment
e le contient-il
pas
?
Cette
pensée
me
confond
'étonnement
t
je
me sens saisi
d'une
tupeur
(6).
Ainsi
es coordonnées
e ituent
ansmedéfinir
et ma condition e me dit rien sur mon état. Par conséquent
l'hommest
lui-même,
la
fois,
'être
e
plusproche
t le
plus
oin-
tain
«
L'homme e sait
à
quel rang
e
mettre.
l est visiblement
égaré
ttombé
e son
vrai
ieu ans
e
pouvoir
etrouver.
l
le cherche
partout
vec
nquiétude
t sanssuccès
dansdes
ténèbres
mpénétra-
bles
7)
en ui
'amorce
e
qui
ne
'y
achève
pas
et
que
le
lien nter-
humain
e saurait
rocurer.
ous
nous
trouvons
onc
n face
d'une
« aborieuset haletanteénurie evérité 8)etnous ommes our
nous-mêmes
une
terre
e difficultés
t de sueurs
ccablantes
(9).
(1)
Loc.
cit.,
n°
693.
(2)
Confessions,
,
6.
(3) Pensées,
n°
218.
(4)
Loc.
cit.,
n° 205.
(5)
Lettre
Mlle de
Roannez,
ind'octobre1656.
(6) Confessions,,
8.
(7) Pensées,n° 427.
(8)
Confessions,
II,
6,
11.
(9)
Loc.
cit.,X,
16,
25.
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
http://slidepdf.com/reader/full/brun-saint-augustin-pascal 10/12
404 REVUE
PHILOSOPHIQUE
L'approfondissement
e l'intériorité
mplique
une soif
et
se
traduit
ar
un
cri,
récisément
arce
ue
celle-ci éborde anscesse
sur
ce
qu'elle
peut
rouvern
elle-même,
utrement
it,
u cœur e
l'immanenceît a découvertee la Transcendance.'est equedit
saint
Augustin
«
Tu
étais
plus
ntérieur
moi
que
monfonds e
plus
ntime,
lus
levé
ue
es
plus
hautes
arties
e moi-même
1).
C'est
aussice
que
découvre ascal
«
II faut imer
n être
ui
soit
en nous t
qui
ne
soit
pas
nous.
...]
Or
l
n'y
a
que
l'Etre
universel
qui
soit tel. Le
royaume
e
Dieu est en
nous
(Luc,
XVII,
29)
:
le
bien
universelst en
nous,
st
nous-mêmet n'est
pas
nous
(2).
Telleest a raison our aquelleAugustinous nvite la démarchesuivante « Ne
t'en va
pas
dehors,
entre
n
toi-mêmeau
cœur
de
la créature
abite a
vérité t une
fois
reconnue'instabilité
de ta
nature
dépasse-toi
ncore
oi-même
(3).
Ainsidonc aint
Augustin
t
Pascal
nous
ncitent
comprendre
que
l'intériorité
'a rien
voir
vec a
subjectivité,
ue
la véritable
dimensione
l'homme e
se
trouve
as
dans
ses
coordonnéesocio-
logiques
u
géographiques,ue
le
problème
'est
pas pour
ui de
découvrir es vérités u'il
comprenne
i de se soumettre des
vérités
ui
le
dépassent,
mais
que
la
grande
uestion
st
qu'il
ait
accès
des
vérités
ui
e
comprennent.
'est
pourquoi
aint
Augustin
nous
dit
«
Quand
tu
parviens
le
concevoir
l
n'est
pas
Dieu
»,
et
il
précise
«
Tout
peut
êtredit
de
Dieu et
rien
d'adéquat
n'est
jamais
ditde
Dieu.
»
Et
Pascal
proclame
son
tour
«
On
peut
bien
connaître
u'il
y
a
un
Dieu sans
savoir
e
qu'il
est.
»
Ainsi
'homme
plonge ansun sensqu'il décrypteans 'épuiser,ar c'est e Sens
qui
fait
'homme t
non
pas
l'homme
ui
fait
e
Sens. Dieu
se ren-
contre,
l ne
se
dévoileni
ne
se
prouve.
*
Un
regard
ritique
orté
ur
notre
poque
nous
montrerait
ue
nous
vivons
nous
aussi
dans
la
dislocation
u
Nomos, e VEthos,de la Phusis et de la Polis en outrenousavonsdénoncé e vers
quoi
Augustin
t
Pascal
faisaient
onverger
es
quatre
notions,
à
savoir
Dieu.
Différentes
ntreprises
xorcisant
es
arrière
mondes
nous
ont
conduit
liquider
'intériorité
de
plus
toutes
es
courses
visant
opérer
a
synthèse
u
frui
t
de
Vuti nt
eu
pour
orollaire
un
déferlement
'érotisme,
ne
perte
du
respect
e la
personne
(1) Loc. cit., III, 6, 11.
(2)
Pensées,
n°
485.
(3)
De
Vera
religione,
XXIX,
72.
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
http://slidepdf.com/reader/full/brun-saint-augustin-pascal 11/12
J.
BRUN.
-
SAINT
AUGUSTIN,
PASCAL ET
NOTRE
TEMPS
405
humaine t
une
réductione l'autre une
machine,
un
partenaire
ou à
un élément e
combinaisons.
ujourd'hui,
'interiort
le
supe-
rior
ont enus
pour
de
pseudo-notions
t
on ne
nous concède
lus
queceschamps istoriques,ociologiques,ulsionnels,inguistiques,
épistémologiques
ue
privilégient
es
différentstructuralismest
les
chantres u
«
ça
»
pour
nnoncer inalement
a
mort e l'homme.
De là
est née une sorte e
scepticismecientifique
e bornant
faire es nventairesu donné
naturel
ans
se
soucier e
rechercher
quelque
référence
émantique.
ne
telle
attitude a de
pair
avec
un
ludisme
rotique
ur
lequel
débouchent ous ces esthétismes
de l'inventaire1). D'où toutes esinvocations Sade ou à Sacher
Masoch enant esnouveaux
chorèges
e 'existence
pour
esquels
la
vie et
la
connaissance
e
proposent
mutuellement
es aventures
nouvelles.
e telles ttitudes
'accompagnent
'un
aplatissement
de la notion e modèle
2)
que
l'on réduit u
rôled'une
grille er-
mettant e
déchiffrerne
cryptographie
t de
préférer
u d'exclure
des ensembles
ans
que
cela
implique
u
nécessite n
jugement
de valeur
quelconque.
Derrière
e telles
conceptions
e retrouve
finalemente
sophiste
ue
pourchassait
latonet pour equelil
n'y
a ni vrai
ni
faux,
i haut
ni
bas,
ni
copie
ni modèle.
Ainsi ont
de
pair
les formalisations
onceptuelles
es
plus
abstraites
t les
fureurs
ionysiaques
es
plus
échevelées.
Pascal
nous
mettait
n
garde
ontre
e telles ttitudes
«
Les
logiciens.
l semble
ue
leur icence
oive
tre
ans aucunes
ornes
ni
barrières
oyant
u'ils
en
ont
franchi
ant
de si
ustes
et de
si
saintes (3).
Mais,
à
côté
des
scepticismes
sthétiques,
ous retrouvons
aujourd'hui
es
nouvelles
ormes
e
stoïcisme
t de
pélagianisme
que professent
nconsciemment
es
ingénieurs
e
la Polis. Faisant
du
sage
le
savant
qui
connaît
t
applique
es
lois de
l'histoire
t
qui
acquiesce
u
sensde
celle-ci,
ls attendent
n salut
des
œuvres
dont
a
technique
t l'histoire
ont
es artisans.
insi
'homme
st
agi,su,possédéparunNomos ui s'incarne ansla Polis et qui
donne
l'homme
ne
Phusis
ui
fabriquant
n
mondede
YEthos.
(1)
On
sait
que
Lévi-Strauss
e
plaît
à
dire
qu'il
étudie
es
hommes
omme
s'ils
étaient
des
fourmis
il
est
significatif
e
remarquer ue
saint
Augustin
reprochait
éjà
à Garnéade
e
franchir
n
tel
pas
:
«
En disant
qu'on
ne
peut
rien
avoir
n
philosophie,
n ne
pourrait
avoir
d'un
homme,
isait
Augustin,
s'il
est
un
homme
u
une
fourmi.
(2) On
trouvera
ne
interprétation
tructuralisante
u
modele
hez
Pascal
dans 'article e LouisMarin,Réflexionsur a notionde modèle hezPascal,
in
Revue
de
Métaphysique
et de
Morale,
1967,
n°
1.
(3)
Pensées,
n°
393.
7/23/2019 Brun - Saint Augustin & Pascal
http://slidepdf.com/reader/full/brun-saint-augustin-pascal 12/12
406
REVUE
PHILOSOPHIQUE
*
Saint
Augustin
t
Pascal nous
ont transmis
n
message ui
devrait ous nciter méditerur esscepticismes,es axismes,es
divertissements,
es
autoritarismest les
dogmatismes
ui
visent
guérir
'homme e
lui-mêmet
qui
ne
font
ue
le
dissoudre ans
es
frénésies,
es
planifications
ntellectuellest
les
océansde
tous es
opiums
ossibles.
aint
Augustin
t
Pascal
sont
des
penseurs
ra-
giquesqui
nous
nvitent
comprendre
u'il y
a
un
malheur
e la
consciencet
pas
seulement
es
consciences
alheureuses,
ue
par-
delàlessolutions écessairesemeurene nterrogationondamen-tale.
Aujourd'hui
outeses
entreprises
e
libération
ous
amènent
à
penser
ue
nous
pouvons
ous
dispenser
e
nous
demander
n
vue
de
quoi
nous
devenons
ibres. ar
là
elles
risquent
ort
e
devenir
aliénantes.
aint
Augustin
t
Pascal
font e
la
liberté
e
qui
doit
être
u
service e ce
qu'aucun
cte,
ucune
parole
ne
peuvent
aire
ni
dire,
ls
la
mettent
u
cœur
de
l'approfondissement
e
cette
détresse
ue
suscitent
e
«
que
faire
»
et
e
«
quisuis-je
».
Si
l'autre
et moi nousnous retrouvonsans un tel questionnement'est
parce
que
nous
sommes
ous
deux
en
chemin
ers
un
portque
le
Monde
ne
saurait
nousoffrir.
l
faut
ue
l'homme
oit
vaincu
pour
qu'il
accède,
ar-delà
es
conquêtes
ont
l
est
'artisan,
l'idée
même
de
Victoire.
Jean
Brun.