Approche psychologique et sociale de la violence 1CREAI Rhône Alpes Copyright.
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Approche psychologique Approche psychologique et sociale de la violenceet sociale de la violence
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définitionsdéfinitions
Le Robert définit la violence comme:Le fait d’agir sur quelqu’un ou de le faire
agir contre sa volonté en employant la force ou l’intimidation
L’acte par lequel s’exerce la violenceUne disposition naturelle à l’expression
brutale des sentimentsLa force irrésistible d’une choseLe caractère brutal d’une action
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Définitions suiteDéfinitions suite
D’un côté des faits et des actionsD’un autre une manière d’être de la force,
violence de la passion ou de la natureD’un côté la violence s’oppose à la paix et
à l’ordreDe l’autre, c’est la force brutale,
déchainée, qui dépasse la mesure
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Reconnaître la violenceReconnaître la violence
Reconnaître le caractère passionnel de notre rapport à la violence est une condition préalable à toute réflexion sur elle
Socialement: en parler c’est être réduit à condamner la violence
Intimement: notre rapport à la violence est ambivalent, réprobation ou complicité selon les circonstances
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
Nos attitudes face à la violence sont partisanes:Nos convictions (sociales, politiques…) et nos
positions affectives nous rendent toujours solidaires soit avec la victime soit avec l’agresseur
Exemples: les violences dans les cités, les employés d’un site industriel qui ferme qui cassent la sous Préfecture, une révolte contre un tyran…
Dans le vécu individuel, la violence nous compromet
Dans le vécu social (ou collectif), la violence nous permet de condamner, de dénoncer
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
Tout homme sait la présence en lui d’une violence imaginaire: les enfants jouent à la guerre avant même de savoir qu’elle existe
Cette violence imaginaire est un élément spécifique du monde intérieur: les actes mis en scène ne se réalisent pas
La violence imaginaire n’est pas à confondre avec la violence réelle, mais…
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
Elle peut devenir bien réelle si des représentations sociales la soutiennent: exemple, le malade mental potentiellement dangereux, le SDF rencontré dans sa cage d’escalier, un groupe de jeunes sur le même trottoir tard le soir…
A une découverte réaliste se substitue une rencontre imaginaire
Il est donc tout à fait impossible de séparer la violence de la réponse qu’elle appelle ou induit, ou reçoit: réponse à la violence, ou violence de la réponse?
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
La violence ne s’inscrit pas dans une relation, elle est relation
Exemple: le Loup et l’Agneau de la fable, où le loup se cherche toujours un prétexte d’une violence antérieure pour exercer la sienne
A méditer: de dénoncer la violence est souvent un signe annonciateur d’une violence à venir…
Chacun est le violent de l’autre
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
Chacun est le violent de l’autreDans l’exemple de l’hôpital, la réalité
importe peu: l’équipe soignante calque son attitude sur une représentation de celle du patient
Il s’agit d’une duplication mimétique: le violent ne prétend que rendre ce qu’il a reçu!
Le violent n’agresse toujours qu’en tant que victime potentielle
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
La relation de violence est un couple où chacun est le violent-victime de l’autre: je l’agresse parce qu’il m’agresse
L’exemple des couples violents: l’alcoolique et la « guenon » la brute et la mégère
L’exemple de l’autodéfense
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
La violence est une relation qui vise la destruction d’autrui, parce que la violence assujettit totalement
D’habitude nous gardons la distance, et une réserve: nous ne nous livrons jamais à la connaissance entière de l’autre
Exemple de la fusion amoureuse au cinéma: l’empire des sens
Exemple du viol: le secret du désir est bafoué, dénié
Le viol réalise une dépersonnalisation
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
Au-delà de ces exemples extrêmes: des situations plus « anodines »
Les formes d’incarcération…Les oppressions familiales…
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Reconnaître la violenceReconnaître la violence
Se souvenir: la violence n’est pas vue par tous au même endroit
Si la prison est considérée comme un mal nécessaire, la violence qui s’y exerce ne nous scandalise pas
Le violent est rarement conscient de sa violence: toutes les violences ont leur légitimité et le violeur est convaincu de la provocation de sa victime…
L’exemple des travaux de S TOMKIEWICZ
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
La violence ne sert qu’à restaurer une différence ou une hiérarchie là où elles se croient menacées
Tout ce qui amenuise une différence traditionnelle engendre la violence:
L’adulte immature tyrannise l’enfantL’homme peu sûr de sa virilité brutalise sa
femmeUn régime conscient de son imposture
persécute ses opposants…
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Reconnaître la violence suiteReconnaître la violence suite
La violence est une misère de la pensée: sidération de la pensée caractéristique des explosions verbales ou gestuelles
La violence induit chez les témoins de l’impuissance à penser
Le témoin est toujours contraint de choisir son camp
Penser la violence, c’est d’abord se dégager de l’impuissance et de l’identification
Or, mettre des nuances, c’est se rendre suspect de complicité, de lâcheté ou de démission
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Reconnaître la violence finReconnaître la violence fin
Penser la violence, c’est se défaire de la terreur inhérente à la violence (« c’est lui ou c ’est moi ») qui fait régresser la pensée
L’exemple de la victime de tortures, ou de viol
Condamner ne suffit donc pas, il faut reconnaître la violence en soi, de ses effets, et en parler, ce qui réintroduit de la pensée
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Les systèmes violentsLes systèmes violents
Les travaux de psychologie sociale:L’expérience de ZIMBARDO (1972): le
syndrome du «kapo »Les expériences de MILGRAM et la
soumission ordinaire à l’autoritéLes travaux d’Hannah ARENDT sur la
« banalité du mal »
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De quoi avons-nous peur? Ou la De quoi avons-nous peur? Ou la peur comme envers de la violencepeur comme envers de la violence
Se souvenir que:La violence n’est que relation peu
importe de savoir qui a commencéChacun peut devenir le violent de l’autreD’où l’importance du problème de
l’escalade: l’objectif le plus important est de ne pas être pris dans l’escalade symétrique
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La société et le violent La société et le violent d’aujourd’huid’aujourd’hui
Une petite histoire de la famille (François de SYNGLY)
La famille traditionnelle…La famille moderne…La famille contemporaine ou « vivre
ensemble tout en se réalisant »Le consentement généraliséL’individualisme tout puissant, le narcissisme
« dégoupillé » et le besoin permanent de reconnaissance
Et la répression de la violence…
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La société et le violent La société et le violent d’aujourd’huid’aujourd’hui
Les conséquences dans la société d’aujourd’hui:
Déclin de l’autoritéMise en question des rôles sexués
traditionnelsLes médias dans la société et dans la familleLa temporalité La diminution des seuils de tolérance à la
souffrance et à la violenceL’évitement du conflit et la négociation
généralisée (le contrat et le projet)
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Le violent dans la société Le violent dans la société d’aujourd’huid’aujourd’hui
Autorité versus consensusDevoir versus hédonismeD’un modèle unique à la pluralité des modèlesD’une relation à l’autre qui va de soi à une
relation à l’autre problématiqueD’une réalisation du désir problématique à une
réalisation du désir peu conflictuelleDe statuts et rôles à l’intérieur d’une société
hiérarchique qui étayent l’identité à la question de l’identité devenue centrale (narcissisme: la fatigue d’être soi d’EHRENBERG ou l’ère du vide de LIPOWETSKI)
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Le violent dans la société Le violent dans la société d’aujourd’huid’aujourd’hui
L’exemple du MacDo pour les adolescents:
On mange quand on veutOn n’est pas obligé de rester assisOn mange avec ses doigtsLes saveurs sont réduitesOn peut zapperLa convivialité est évanescente
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Le violent dans la société Le violent dans la société d’aujourd’huid’aujourd’hui
La nouvelle personnalité de baseNarcissique et hédoniqueSes avatars: passivité-dépendance, ou
perversion narcissique, ou psychopathie latente
Ses troubles: attaques du corps, troubles du comportement, addictions
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Le violent dans la société Le violent dans la société d’aujourd’huid’aujourd’hui
Les problèmes pratiques: difficultés à faire respecter le cadre, le lien à l’autre est problématique, spécialement le lien duel, les délais sont mal supportés, les difficultés à supporter la frustration
Les propositions: importance d’un cadre contenant, approches centrées sur le groupe, médiations par l’activité, soutien narcissique, éviter la relation duelle en situation violente, séjours de rupture et travail en réseau, accompagnement au plus près
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En termes de bientraitance, En termes de bientraitance, l’usager difficile estl’usager difficile est
Quelqu’un dont personne ne veut: la patate chaude
Quelqu’un qui fait peur: l’escaladeQuelqu’un qui fait souffrir…Il est donc essentiel de réfléchir sur nos
contre-attitudes, notre cohérence, dans la gestion des conflits et rejets qu’il provoque
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Ne pas éviter le conflitNe pas éviter le conflit
Un sentiment difficile à mettre en mots: la peur
Elle reste dans le registre de l’intime et renvoie le professionnel à un sentiment de honte, de faute, de faiblesse, d’absence de virilité…
Elle est contagieuse
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Préférer l’affrontement à Préférer l’affrontement à l’arrangementl’arrangement
La relation d’aide contient toujours une part de violence, par la dépendance qu’elle crée
Chez l’usager: entre lutte, soumission ou fuite
Le don et le contre-don (M MAUSS)La violence y constitue une réponse à un
empêchement: ce peut être une non coopération sans fin
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De la violence au conflitDe la violence au conflit
Socialiser des pulsionsInscrire une relation dans un cadre, dans
un « plus que deux »Violence et peur entraînent un chaos
organisationnel (il n’y a plus rien entre lui et moi, il n’y a plus que lui et moi)
L’agressivité ne doit pas entraîner des pratiques régressives
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La peur n’est pas le contraire du La peur n’est pas le contraire du couragecourage
La violence n’est pas une relation mal conduite
De même la peur n’est pas l’absence du courage
Violence et peur doivent être approchés comme des risques fonctionnels (et non dysfonctionnels): d’où nécessité d’une analyse des risques
Anticiper les situations permet de mieux gérer la sidération quand la situation se produit: dans cette situation, que dois-je faire?
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Pour finir, 4 pistes de réflexionPour finir, 4 pistes de réflexion
Se détacher d’une approche accidentelle des faits
Introduire la réciprocité dans la relation d’aide
Travailler avec les émotions, les expérimenter
Proposer des cadres pour la prise en compte de la peur
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