Anthologie Provencale - Poesies Choisies Des Troubadours
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xxxxxxxx
ANTHOLOGIE PROVENALE
ANTHOLOGIE PROVENALE
POSIES CHOISIESDES TROUBADOURSDUX
AU
XVe SICLE
AVEC LA TRADUCTION LITTRAIRE EN REGARDPRCDES D'UN ABRG DE GRiUMAiRE PROVN(UE
L'ABBAVECUiNE
A.la
BAYLEFacult de Thologie d'Aix
Professeur d'loquence Sacre
NOTICE SURJ.-B.
L' AUTEUR
PAR
SARDOU
AIXA.
MAKAIRE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE THIERS
,
2
LEIPZIG OTTO HARRASSOWITZ BUCHHANDLUNG,
30,
QUERSTRASSE'4879
30
PC
NOTICE SUR I/ABB BAYLE
L'abb Marc-Antoine Bayle naquit Marseille le 24 mai 1825. Il puisa de bonne heure, au sein d'une famille chrtienne et plus tard auprs d'un saint prtre, frre de sa mre, qui l'initia aux premires notions de la latinit, le got et la pratique de la vertu. Sa vocation se dessina ds ses plus jeunes ans et se dveloppa au Petit-Sminaire de Marseille, dont cet enfant de bndiction devint bientt la gloire et l'honneur. Un rare talent pour la posie l'y dsigna au choix de ses condisciples pour prsider et diriger les travaux d'une jeune Acadmie dans cet, tablissiement. L'acadmicien en a enrichi les archives^ de plus d'un fable charmante et de plus d'un pome qui prsageaient une brillante carrire littraire. On peut en juger par les morceaux publis en 1841 dans le 1" volume des Souvenirs du Petit-Sminaire de Marseille. L'Universit exigeait alors pour l'obtention du grade de bachelier que les candidats fissent leurs tudes de rhtorique et de philosophie dans un collge de l'Etat. C'est ce qui amena le jeune Bayle au Lyce de Marseille, oii il remporta le prix d'honneur en philosophie, le3i aot 1842. Aprs avoir pass quelque temps dans le monde, afin d'prouver sa vocation, en 1843, il entra au Grand-Sminaire de Marseille pour y faire ses tues thcologiques.
VIII
M. Freppel, aujourd'hui vque d'Angers, le plus jeune des concurrents. Parmi les juges de ce concours (1) se trouvait l'abb Sibour, vicaire gnral, prsident du jury; il fut le premier sanctionnerqu'il tait avec
de son suffrage le talent naissant de l'abb Bayle. Prfrant le sjour de sa ville natale celui de Paris, l'abb Bayle donna, au bout d'un an, sa dmission de chapelain de Sainte-Genevive et fut nomm second aumnier du Lyce de Marseille, par arrt ministriel du 2 novembre 1853. Il devint premier aumnier par arrt du 5 octobre 1855, en remplacement de l'abb Gautier, dmissionnaire. En septembre 1864, il fut promu la premire classe de son titre par le ministre de l'instruction publique.octobre 1859, l'abb Bayle fut reu docteur en thologie la Sorbonne. 11 subit ses actes et soutint sa thse avec clat. Le sujet de cette thse tait une tude sur Prudence, pote chrtien du iv sicle, considrtour tour au point de vue littraire, thologique et archologique. Les confrences de Saint-Franois-Xavier, fondes en
En
1847 par
par la tobre 1856 sous
Tabb Julien, longtemps interrompues force des circonstances, furent reprises le 26 ocfeula direction
de l'abb Bayle.
de Marseille ont connu cet orateur toujours disert, jamais vulgaire, souvent loquent il excellait surtout dans ce genre oratoire qu'on appelle
Toutes
les chaires
;
MM. Eautain , Les autres membres du jury taient DeLecourtier, archiprlre de Notre-Dame guerry, cur de la Madeleine lamon, cur de Sainl-Sulpice le Pre Flix, jsuite Duquesle Pre Souail lard, dominicain nay, chanoine, doyen de Sainte-Genevive.(1):
vicaire-gnral
;
;
,
;
;
;
IXles
sermons de circonstances. L se dveloppait l'aise son talent aussi fertile dans l'invention qu'ingnieux dans ses moyens. Le 21 novembre 1861, le Pre Lacordaire mourait Sorrze.
Unen
service funbre fut clbr Marseille
,
le 1
9 d-
cembreeffet,
suivant, dans l'glise de Saint-Joseph. C'est l,
que,
le
10 janvier 1848,
le
clbre dominicain
avait parl en faveur des pauvres visits par les confrences de Saint-Vincent-de-Paul, l'unique fois qu'il ft donn Marseille d'entendre cette voix loquente.
L'abb Bayle fut choisi pour prononcer l'oraison funbre du pre Lacordaire. Il s'en acquitta d'une manire remarquable la satisfaction de l'immense auditoire qui s'tait empress d'assister cette crmonie. Le 23 juillet 1863, l'abb Bayle prononait, dansl'glise
de
la
Trs-Sainte-Trinit,
un sermon de
charit
pour
les blesss polonais.il
En 1863,tropolitaine.
prcha le carme Aix dans l'glise mL'Echo des Bouches-du- Rhne s'expri:
mait ainsi sur notre compatriote ne se
Le style de ce jeune orateur est d'une puret qui dment jamais, et d'une simplicit pleine de charme; il ne s'lve et ne s'meut que lorsque la pense s'meut et s'lve d'elle-mme. La forme, tout agrable qu'elle est, laisse an fond toute la saillieet tout le relief qui convient
au solide enseignement de la doctrine chrtienne. La morale de Jsus-Christ est assez belle par elle-mme pour n'avoir pas besoin de ces ornements d'loquence humaine, de ces gestes expressifs, de ces clats de voix, de ces apostrophes violentes qu'on chercherait en vain dans le sermon sur la montagne, o la parole du Sauveur est la
fois douce comme la charit et persuasive raison divine.
comme
la
Les sermons de l'abb Bayle sont plutt des conf renes que des discours. Tantt il dveloppe, dans une homlie touchante, le saint Evangile du jour;
tantt il dgage le sens mystique d'une parabole, mais toujours sa parole instruit et touche la fois. .
.
Son loquence tait populaire a dit un de ceux qui l'ont le mieux connu (I), c'est dire qu'elle tait,
minemment chrtienne, et on croyait entendre avec lui saint Jean Chrysostme, ou saint Augustin. Mais, l'exemple de ces deux grands orateurs, il tait litt raire, et sa phrase tait soigne, mme dans ses allo cutions familires. Ce n'tait pas l'imptuosit de Bossuet, mais le charme, la douceur et le got ex quis de Massillon. Il nous reste de lui des homlies qu'il n'a faites qu'une fois, mais que d'autres ont pr-
ches avec fruit pour l'dification des mes. Un jour, il entra dans une cathdrale au moment o le prdi cateur tait en chaire. A son grand tonnement, c' tait une de ses homlies que l'on prchait. Aprs le sermon,il alla baiser l'anneau de l'vque qui avait prsid l'office. En voyant l'abb Bayle, l'vque sou rit et lui dit Mon ami, ce n'est pas la premire fois qu'on prche ici vos homlies; quand je n'ai pas le plaisir de vous voir, j'ai celui de vous entendre. Marseille, Aix, Arles, Paris, entendirent ses prdi calions. Mais il ne ddaignait pas les plus humbles:
villages qu'il tait heureux d'vangliser.
En 1867,
le
ministre crait la Facult de thologie
(1)
L'abb Magnan
,
Le Citoyen
,
24 mars iSll.
XI
d'Aix une chaire d'loquence sacre. L'abb Bayle, d'abord charg de cours, en devint le titulaire par dcret du 5 dcembre 1869. 11 n'en continua pas moins de rsider Marseille o Mgr Place, juste apprciateur du
minent professeur, le nomma chanoine honoraire aux applaudissements des nombreux amis et des admirateurs non moins nombreux du savant ecclsiastique. Son installation eut lieu le 7 novembre 1869. Au 28 janvier de la mme anne, l'abb Bayle avaittalent de cet
ouvert la Facult des sciences de Marseille un cours annexe d'loquence sacre rcemment institu par arrt ministriel. Ce cours n'a cess d'tre suivi avec une sympathie croissante par un public d'lite. La salle tait chaque fois trop troite pour contenir l'auditoireavide d'entendre la parole loquente
du professeur.
L'abb Bayle, malgr une maladie qui le minait deet, disons-le, malgr certaines contradictions auxquelles le vrai mrite est souvent enpuis quelque temps,butte, tenait
beaucoup
faire ce cours.
8 janvier 1 877, il nous donnait sa dernire leon au milieu d'une foule mue de son zle et enthousiaste de son talent. 11 eut de la peine rentrer chez lui et ne
Le
1
sortit plus.
Ce bon prtre ne pouvait se consoler d'tre priv de clbrer la sainte Messe. 11 ne cessa qu'avec la vie de rciter son cher brviaire. Le 17 mars suivant, l'abb Bayle rendait son me Dieu. Sji mort, qui a t une perte des plus sensibles pour l'Eglise et pour les belleslettres, excita les
o
plus vifs regrets Marseille et Aix, pas perdu le souvenir de ses doctes leons. Ses obsques eurent lieu le 19 au milieu d'un grand concours d'amis.l'on
n'a
XII
Voici la
liste
des ouvrages publis par l'abb Bayle
:
Les Chants de r Adolescence, recueil de posies religieuses. Marseille, Chauffard, 1846, 1 vol. in-8. Ce livre, publi sous le pseudonyme de Thoti me tait ddi Louis Veuillot. Le Conseiller catholique, du 15 juin 1850 au 15 juin 1 852. Marseille, Chauffard, deux annes, 4 vol. in-8^ Petites Fleurs de Posie, hymnes et cantiques pour le mois de mai. Marseille, Chauffard, 1853, 1 vol. in-
,
.
18.tor,
Anonyme.
Vies des Saints de l'Eglise d Marseille, saint Vicsaint Srnus. Marseille, Chauffard, 1855, 2 vol.
in-18.
Vie de saint1
Vincentla
F errier.jeune
Paris, Bray, 1855,
vol. in-8.
Marie au Cur del'italien,
Fille, ouvrage traduit
prcd d'une introduction. Marseille de Le mme, 2 dition Chauffard, 1855, 1 vol. in-32!. revue, 1861, Paris, Bray. Vie de saint Philippe de Neri. Paris, Bray, 1 859, 1 vol. in-8^
du Cathemericon, traCet duit et annot. Paris, Bray, 1860, 1 vol. in-8". ouvrage est ddi Mgr de Mazenod. Oraison funbre du R. P. H. Lacordaire. Paris, Bray, 1861, brochure in-8'*. Paris, Bray, Les derniers Jours du Chrtien. vol. in-32. 1861,1 Robert, pisode de 1848. Paris, Casterman, 1861, Ce roman a paru pour la premire fois in-12.
Etude sur Prudence,
suivie
Marseille, dans le Conseiller Catholique, sous le
nom
'Angle au
lieu
de Robert.
XIII
Le Christianisme et V Eglise V poque de leur fondation, parle docteur Dllinger, traduit de l'allemand. Paris, Casterman, 4861, in-12. UEglise et les Eglises, par le docteur Dllinger, traduit de l'allemand, prcd d'une introduction. Paris, Casterman, 1862, 1 vol. in-12, le premier seulement. Gloire et Martyre de la Pologne. Marseille, Chauffard, 1863, broch. in-8^ Manuel du Plerinage Notre-Dame de la Garde. Marseille, Eugne Michel, 1864, 1 vol. in-18. Scnes et Rcits. Pans, Casterman, 1865, 1 vol.in-12, anonyme.
Homlies sur les Evangiles. Tournai, Casterman, 4865, 2 vol. in-12. Ouvrage ddi l'archevque d'Aix, prcd d'une lettre approbative de Sa Gran-
deur.
mand.
Csonia, par Lettmann, ouvrage traduit de l'alleParis, Casterman, 1865, in-12. (Collection de
Fabiola.)
Sermons sur Notre-Seigneur Jsus-Christ et la Sainte Vierge, par S. E. le cardinal Wiseman, traduits de l'anglais et prcds d'une tude biographique. Paris, Lethielleux, 1866, 1 vol. in-12. Massillon, tude historique et littraire. Paris, Bray,1867,1vol. in-8.
La Perle d'Antioche,Paris, Lethielleux,
1869,
1
tableau de l'Orient chrtien. vol. in-12.1
Thalle, l'arianisme et le Concile de Nice,in-12.
vol.
Le Pieux Communiant du R. P. Baker, traduit de,
l'anglais,
1
vol,
in-32.1
Lucien de Seillan. Paris, C. Dillet, 1870, in-12, sous le pseudonisme de A. Marc.
vol.
XIV
La Posie provenale au Moyen-Age.4876, 1 vol. in-12. de Tanne 1 875-76 seille.
Ce volumela
Aix, Makaire,
contient son cours
Facult des Sciences Mar-
Saint Basile, archevque de Csare,. cours d'loquence sacre (1869-1870). Avignon, Seguin, 1878, 4 volume in-8''; ouvrage posthume publi par M. A. Blanchard, neveu de l'abb Bayle. Un Avent et divers sermons indits de l'abb Bayle sont publis dans VEncyclopdie de la Prdication contemporaine. Marseille, J. Mingardon, libraire-diteur, 1878,2 vol. in-8^ Anthologie provenale, ou Choix des Morceaux des Potes provenaux, du xi^ au xv^ sicle, avec la traduction en regard. Aix, Makaire, 1879, 1 vol. in-12. Cet ouvrage posthume a t publi par M. Makaire, libraire Aix. La mort a empch l'abb Bayle d'y mettre le glossaire annonc dans la prface. En 1856, l'abb Bayle ditait les uvres choisies de Paul Reynier, prcdes d'une notice biographique sur ce pote marseillais, enlev sitt au bel avenir qui s'ou-
vrait devant lui.
En 1 864,
il
publiait
une notice sur
la vie et les
u-
vres ^ Camille Allard, docteur en mdecine, n Marseille en 1832. Elle se trouve en tte des Souvenirs
d'Orient, Echelles du Levant, parle docteur Allard. Paris, Leclre, 1864, 1 vol. in-12. En 1874, il composait la prface d'un ouvrage d'Hippolyte Matabon:
Aprs
la Journe, posies. Marseille,la posie
Camoin, 1 vol. in-12. L'abb Bayle cultivait aussipubli des pices dans
provenale.
Il
a
Armana Prouvenaou.
On
lui doit
plusieurs articles insrs dans divers jour-
XV
nauxgion,
et revuesle
:
la
Gazette du Midi,la
VAmi
de la Reli-
Contemporain,
tienne, le Spectateur Marseillais,seille, le
Revue d'Economie chrla Revue de Mar-
Plutarque Provenal, le Citoyen, le Bulletin Catholique. Il a crit dans le Messager de la Semaine des Causeries littraires qui sont signes du pseudonyme A. Marc. La mort a empch l'abb Bayle de terminer sa traduction de la Sainte Bible avec commentaires, par M. l'abb Drach. Quatre volumes ont t publis par lui.Paris, Lethielleux,
1871-1878. Le Lis de saint Joseph, posie (imprimerie Olive), a t sa dernire production pendant sa maladie. L'abb Bayle a laiss en manuscrits des travaux importants sur la Liturgie, ainsi qu'une srie d'tudesetc.,
sur Cassien, sur Salvien, imprims.
qui mriteraient d'tre
Puissent ces quelques notes, simples souvenirs d'un condisciple, inspirer un autre ami de notre cher et jamais regrett dfunt la pense d'crire cette vie si pleine de mrites devant l'Eglise de Marseille, et si glorieuse pour les annales littraires de notre Provence.
J.-B.
SARDOU,
Membre de
la Socit franaise d'archologie.
PREFACE
Noire Anthologie Provenale n'est pas unvant;
livre
sa-
c'est
un
livre lmentaire.
Il
pourra tre utile la
ceux qui veulent commencer l'tude deliltrature des Troubadours.dit.
langue
et
de
la
Nous ne publions
rien d'in-
Nous n'avons dchiffr aucun manuscrit, aucun pomepermettra, croyons-nous, de s'ini-
inconnu. Les rudils ne trouveront donc rien de nouveau
dans ce recueil, maistier la
il
connaissance du vieux provenal sans recouriretfort
aux ouvrages rares
coteux de Raynouard, et
sans se procurer grands frais des livres allemands.convient-il pasla
Ne
que
les
Provenaux, dsireux de connatrepas.
tengra,
tenria,
tendria; imper, te; partie.
tenen, tenent; partie, pass, iengni, fm. ten-
guda.1
4" Traire, trayre, trair, tirer, conduire.i^^
Indic,tras,
prs,
pers.
trai,
tray,
trag,
trac,;
5 pers.
5 pers, trai. Ira, plur. 5 pers. trazonzia;
imparf. tra3^ pers.
parfaitplur.
V pers.T pers.;
trais, 5;
pers. trayssist,
trais,
traissetz
subj. prs, traja, traga,irB\i,
tragua, tray.i
partie, pass,
trag,
trach, fm.
traita, tracha.
15 Tolre, ter prendre.tolh, tuelh, 5* pers.toiles,
Indic. prs.3^ pers.toi,
V^ pers.plur.
tolh,
30
'
GRAMMAIRE
3^ pers. tolon, tollon, parfait 3^ pers. tolc, futir, iolrai;
subj. prs,;
toi ha,
tuelha, lola,toit,
toilla,
imparf.
tol-
gues
partie, pass, tolgut,
tout.
16. Valer, valoir,
Indic.fut.;
prs,
V^ pers.
vahl,
5per5. vales, 3^ pers. ydX^plur. 3^ pers. valon, valo;parfait 3^ pers.
yc\
valrai;
suhj. prs, valha,
vailla; mjoar/". valgues
condit. valgra, valria; part,
pass, valgut.
47 Venir.venc,
Indic.;
prs.
Z""
pers.
venh, vein,
Tpers.
vens, ves, vencs, 3^ pers.
ve ven, plur.
5 pers. venon, venen gui,
parf. /" pers. vinc, venc, vnit,
T pers.;
venguist,
5 pers.;
venc, veng, plur.
3^ pers. vengron, vengondrai
futur, venrai, vendrai, vin-
subj. prs, venha, veigna, venga, vena, imparf.;
vengues, venghs, vegaesdria;partie, prs,
condit. vengra, venria, ven-
venen, venend; partie, pass,
vengut.i
8 Vezer, veser, veder, veire, veir,4^^
vere, voir.
vi,
Indie. prs.
pers. vei, vey, veg, vec,
T
pers. ves,
3^ pers. \e,plur.
P^ pers. vezem,
2^ pers. vesetz, veez,
3^ pers. vezon, vezo; imparf. vezia; parf. 4^^ pers. 2^ pers.vist, S'^
pers.
vi, vie, vit,
plur. V^ pers. vimviro,
;
T pers.y\i7.,\\s,parf. vezes, vis;
vistes,;
5 pers. viron,
viren;
futur, veirai, verai
subj. prs, veja, veya, vea;;
im-
condit. vira, veiria
imper,
ve, vejatz;
PROVENALEpartie. prs, vezen, vezent; partie, passeza;
34vis,
fm. vi-
vist,
vegut, vezut, veut.
i
9 Vieure, vivre.
Indic. prs. 5 pers. viu, vieu;5w6;.
par/ai^ 5 joers. visquiei, 5 pcr^. visquet;parf. visques;
im-
partie, pass, viscut.
20 Voler, vouloir.voill, voly,
Indic.;
prs,
i^^
pers. volh,
vuelh, velh, vulh,
Tpers.
vols,
S*pers. vol,vuelc, vol-
plur. 3^ pers. volon, volengui, volgi,
parf.
V^ pers,
T pers.
volguist, 3^ pers. vole, volg; plur.
3^ pers. volgron, o; futur, voirai, voldrai; subj.prs. volha, voilla, vuelha,
vulha,
velha; iinparf.;
volgues,
volges
;
condit. volgra, volria, voldria
partie, pass,
volgut.
MORCEAUX DE PROSEUne traductionlittrale
de ces morceaux serait inutile; quelques notessuffiront.
XV
SIECLE
Extrait d'une traductiou de VA*bfe tes
JBaiaiiies de Honor Bonnet.
Homcit
sab ben que lo rey de Fransa e lo rey d'Angla-
terra an tt jorn guera ensemble. Si es vengut
un
licen-
de
la ciutat
de Londres per estudiar Paris e per
estre mestre
en davetz o en teulegia; un fransesl'a apre-
sonat e
la
questio ven perdevant lo rey. So ditz lo licen-
cit qu'elsi
no deu pas
far finansa
ny
esser presonier,
e
fonda sa oppinio en dreyt, disen qu'el a cas espres de
ley per sa partida, la quai
dona previlegi
fort grant als
escolasplaser,
^
e
si
deffent
que hom no
lor fassa;
greu
ni des-
mas
tota
honor e reverensiael
e
vec vos la raso
que
dit la lei,
quai sera? Ditz
a
tais
hommes
:
que
non aura merce d'unsaviesa aquerre,
escola lo quai, per saber e per
ha layssat riquesas e sos amix carnalss'es
e son pays, e
si
mes en paubretat,
e
si s' es
fayt ba-
1
Aux. tudiants.
34nir entre autra gent?li
ANTHOLOGIE
Ben
sria descortes aquell'a
faria.:
Mas Tome d'armas que:
que mal
apresonat tantost
respon
mes amix, entre nos Franses non avem curalas
de vostras leys ni de l'emperayre quelo licencit replicasira,
ha
faytas.
E
fayt el, leys
non sont
altra
causa que dreytas rasos ordenadas segon sabiesa. Si vos
non avetz cura de
las leys, ja
per so non es que los sen-
hors de Fransa non
amen
raso en las causas rasonablas.^
Elo
d'autra part quant Charle-Mayne Tesludi
guasanhec,
quai hera a
Roma, de
la volontat del
papa remudec
a Paris.das de
E per aquela via f.nmenec lo Roma mestres escolas de totasel
reys de las partilenguas.
E donc
per que non poyria
venir seguramen,
puys qu'els
foron asseguratz per lo rey?
Sira, so ditz l'ome d'ar-
mas, supausat que totz escolas fossan asseguratz, depuys
que guera gnerai
foc
jutghada per
lo
rey de Fransa
contra aquels d'Anglaterra, nuls Angles no deu venir
per estudiar ny per autra causa. Car per color d'estudivos poyriatz venir en aquesta vila,elie
poyriatz escriuredel rea'^.
mandar
los secretz del rey c lolo
aseguramen
ime a SOS enemix, dont
rey poyria aver dapnatghe
1
L'cole.
On
attribuait
Charlemagne
la
fondation de l'Uni-
versit de Paris.2
Dommage.
,
PROVENALE
35
XIV SIECLE
Extrait d'une hi4toire abrge de la Bible.
En
aquel temps era costuma envolia obezir,
Roma queels
cant
r.l
ii-
na terra non lurdonavancert
que
y enviavan
est, e
temps ad aquel que anava'n cap del
osl
^
que d'enfra aquel cert temps agues conquistat,
la terra
on anavan,nava elos
e
si
en aquel tempslo
el
avia conquistat el tor-
Romans
recebian an grant honor, ayci quedel
rompian xv brassas
mur de Roma
e
li
trazian
una
carrela d'aur e acetavan lo sus e enayci
intravan dinsCezar,esde-
Roma. E en aquel temps quevencsi-
vivia Jnlius
que agron adenviat ad una terra que
lui
era
desobedient, e fes tant
Pompieu que Julius Cezar, sonhome, masli
suegre, que era cavalier e bon
el
era paure,
que
el
annet cap del ost e doneron
cert temps, segonlerra.los
que era costuma, que agues preza aquellaaitalli
E
fo
aventura, qu'el traspasset
lo
temps quela
Romans
avian donat, e non ac ren fach, e
gent s'en volian
1
Arme.advint que.
^ Il
36
ANTHOLOGIE
tornar, dizen qu'els avian servit lur temps.lius
Dys lur Ju-
Csar
:
amicx,
si
tornar vous en voles, tornatz vous a degun que per lur cortezia
en en bona hora, e
si n'i
vuelhan demorar ayci, faran lur bontat e lur ensenhament, e yeu prometi lur que yeu partiraytostemps so que yeu auray.-
amb
els
Que
sia cert a
vos autrassi,
que yeu per dengun temps non tornaray en Roma,ieu
non fach aquo per que ieuen partidala
sa suy trames.
Eel
sobre
aisso s'en tornet
gent e en partida y restefo
ron,
mas non
totz.
E pueys
aventura que
amb
aquels que eran restatz, acaberon so per que la era annatz au batalhas e an grans combatemens de villas et decastels,
ancara qu'el gazanhet tota la terra.
i
Je partagerai.
,
PROVENALE
37
XUPExtrait de:
SICLE
Eins vitas tteMs t*obafioi*8.
Lo rek Henrics d'Engleterra side Born dedins Autafort,e'I
tnia assis
^
En Bertran^
combatia ab sos edeficisel
que molt
li
volia
gran mal, car
crezia
que
Iota
la
guerra qu'elIrans lail
reis joves sos fillz l'avia faicha,faita far, e^.
qu'En Ber-
agues
per so era vengutz denantE'I reis
Autafort per lui desiritarl'ost del rei
d'Aragon venc en
Henric denant Autafort. E cant Bertran ol'ost,
saub,
si fo
molt alegres, qu'el reis d'Aragon era en
per so qu'el era sos amies especials.si
E
'1
reis
d'Aragonli
mandet sos messatges dinse vin e carn;
lo castel
qu'En Bertranassatz.
mandet pan
et el sielsi
Ten mandetlos
Eli
per lo messatge per cui
mandet
presens, el
mandet preganficis
qu'el fezes
qu'el fezes
mudar
losil
ede-
e far traire en autra part, qu'el*.
murs onrei
ferionli
era tt rotztt se
et el, per
gran aver del
Henric,
dis
qu'En Bertranmtre dels
l'avia
mandat a
dir.
E
'l
reys
Hen-
rics si fes
edificis
en aquela part on saub
1
Assig.
2
Machines de guerre.dpouiller.
^1
Rompu.
38qu'el
ANTHOLOGIE
murs era;
rotz, e fon le
murs per
terra e
'1
castelal
prs
e 'N Bertrans ab tota sa gen fon'1
menatz
pa'1
baillon del rei Henric; ereis
reis lo
receup molt mal; e
Henrics
si
'1
dis
:
Bertrans, Bertrans, vos avetz dig
que anc5
la meitatz del vostre sen
no vos besognet nulls
temps, mas sapcbats qu'ara vus besogna ben totz.Seingner, dis Bertrans,dissiel es
ben vers qu'eu o:
dissi, et
me benfailliz.
vertat.
E
'I
reis dis
eu cre ben qu'el
vos sia aras
faillitz.
m'es
Elo
Seingner,corn,'1
dis
En
Bertran,
ben
dit lo reis?
Seingner, disfillz
Enreisfill,
Bertran,
jorn qu'el valons jove reis vostesaber e la connnoissensa.li
mori, eu perdi lo sen e
E
'1
quant auzi so que En Bertranvencsli
dis,
en ploran, delsi
granz dolor
al
cor de pietat et als oills,
que noel
pot tener qu'el non pasmes de dolor.el
revenc de pasmazon,
crida e dis
E quant En en ploran:
Bertran, vos avetz benavetz perdut lo sen per
drech e es ben razos,
si
vos
monet
fdl,
qu'el vos
volialui
meils
que ad homela
del
mon'1
;
eu per amor de
vos quit
persona e l'aver ee la
vostre castel, e vos ren la
mia
amor
mia
gracia, e vos
don cinc cenz marcs d'ar-
gen persi'1
los
dans que vos avetz receubutz.li
En
Bertrans
cazec als pes, referren
gracias e merces.
5
Que jamais
la
moiti de votre sens ne vous fut ncessaire.
PROVENALE
39
Xn SICLE.
Charte de 1174.Aus tu Adelbert,fil
de Maria, bispe
^
de Nemse, d*afilz
questa hora adenant, eu Bernartz d'Andusa,laiz, tos fidelz serai
d'Aza-
sens engan
,
con
om
deu esser de
son segnor, e ton cors non requerrai ab forfag ni sensforfag, e aitoris'-^
ti
serai
contre totz ornes, eissetz de
mos
ornes naturals, que a dreg te poirai aver.
E
qui
la
gleisa de sancta
Maria de Nemse ni
las
maisons avescals,de San Mar-
ni la claustra dels cannonegues, nil castelzal, ni la villa
de Garonz
om
te tollia, aitoris t'en serai
per totas
las
sadons que m'en comanras per te o per
ton messatgue, ni
non esquivarai que non poscaengan
esser
somons per
te o
per ton messatgue, per aquestz sanzaisi t'o atendrai.
evangelis, per fe e sens
E regocastel
nosc que tenc a feuBlonpesatel castel
^
del bispe deei
Nemse
lo
deel
de Lecasal
castelal
de San Bonet
segnorieu que pertangcastel, e la
castel et
mandamentai el
del
garda eel
la
defension qu'eu
monestier
de Tornacai ni
raolin de
Magal e
totz los
mases que eu
om
a de
me
en Salaves et en Andusenc, que lu
trobas en tas cartas antigas.
i
Evoque.
2 Aide.i Fief.
40
ANTHOLOGIE
XP
SIECLE.
Extrait d^uue traduction de rEvangile
de
iSaint-.Ieau.
FchaJudas
la cena,
cum
diables ja agues^
mes en cor que
lo trais,
sabens que lo paer
li
doneth totas chauvai, leva
sas e sas mas, ela
que de Deu
eissit
he a Deu
de
cena e pausa sos vestimens.
E cum
ac presa la toalala
preceis s'en.
D'aqui aprs mes Taiga enlos pes
concha
^
e
enqueth a lavartoala de
deus disciples e esterzer ab l
que eratu
ceins.
Dune venc
a Sain Peire e dis
li
Peirdiss
:
Dom,:
me:
lavas los pes ?
Respondet
li
Jsus e
li
zo que eu faz tu non sabs aora,li
mas
pois o so-
bras. Disslili
Peir
ja
no
me
lavaras los pes. Respondet
JsusPeir:
:
si
eu not lavarai non auras part ab me. Disslos
Dom, no solamen^.
pes
mas neeps
las
mas
e
lo
chap
Diss
li
Jsus
:
cell chi es lavt
non a besoinvos esz nepte
que lau mas
los pes,
mas
toz es neptes.
E
1
Le Pre.
^
Le
bassin, ettte.
commena
laver... et les essuyer
3
La
PROVENALE
il
mas nozo diss
tuih.:
Car
sabia cals era chi lo trairia;
per
non
esz tuih nepte. Pois
quesi
lor
ac lavt los
pes e ac prs sos vestimens,diss a
euai
m
fos asis, des
chap
*
eux
:
sabez que vos
faith ?
Vos me appellazsoi;
raajestre e
dom,
e dizet o be, carai
eu o
e per zo, si
eu vostre dons e majestre, vos
lavaz los
pes,
e vos
devez Tus l'autre lavar los pes.
^
Derechef.
F O s 1 E3 s
XV
SICLE.
I.
Madaue de TilleneuTe.Vers adresss
aux mainteneursen 1496(1).
des jeux floraux
Quand
lo printensflorit
acampat a
las nivas
E queVos
tenen lo
mes de
raay,
offrizetz a
mahns
dictators gay
Del gay saber5
las flors
molt agradivas.
Reyna d'amor, poderosa Clamensa,
A
vossi
me clamde vosla flor
per trobar lo repaus.dictatz
Que
mos
an un laus
Aurey
que de vos pren naysensa.
(l)
V. pour cette pice et les
deux suivantes Lasjoyas del gay saber.
I>
OSIES
XV
SIECLE.
I.
Madame deVers adresss
Villeneuve.des jeux floraux
aux mainteneurs en n96.
Quand le printemps a chass les nuages, Que nous tenons le fleuri mois de mai, Vous offrez maint joyeux pote (diseur, dicteur).
Du6
gai savoir les fleurs trs-agrables.
Reine de posie (d'amour), puissante Clmence,
A
vous j'en appelle pour trouversi
le
repos,
Que
de vous mes vers
(dits, dicts)
ont une louange,
J'aurai la fleur qui de vous prend naissance.
44
POSIESJotz lo mantel d'una verges sacrada
La
flor
nasquet per nostre salvamen,flor
Dosseta
donla
lo
governamen
Nos portara5
patz que molt agrada.
Baysar
la flor,
fons de tota noblessa
Sera tostems
mon
sobiran dsir,
E
se dei cel podi
me
far ausir
Mitigara del pecat la rudessa.
Tornada.iOMaire del Christ que sus totas etz puraDonatz,si
us platz, poder d'estre
fizel,
Gitatz nos len del gran serpen cruzel,
E mostras nos
lo
cami de dreytura.
XVSousle
SICLE
^^5
manteau d'une vierge sacrepour notre salut,le
La
fleur naquit
Doucette fleur dont
gouvernementqui fort agre.
Nous portera5
la fleur
Baiser la fleur, source de toute noblesse,
Sera toujours
mon
souverain dsir.
Et
si
du
ciel je
puis
me
faire entendre,
Elle mitigera la rudesse
du pch.
Envoi.10
Mre du Christ, qui tes pure par dessusDonnez-nous,s'il
toutes.fidles.
vous
plat, le
pouvoir d'tre
Jetez-nous loin du grand serpent cruel
Et montrez-nous
le
chemin de droiture.
46
POSIES
IL
Brenger de
rilpital.lo
Planh de la Crestiandat contra4471.
gran Turc.
YTan5leu
a pas lonc temps, dedins Jhrusalem
Vigui porar del
munde
la plas bla
plangia fort qu'om l'auzia de Bellem,
Se lasseran e rompen sa gonela.
amI
gran dol lui dyssi
:
domaysela
LasI
qu'avetz vos que tan vos plangetz haut.enfan, dissec parlan azaut,
Ha monQue4
eu, paubra,
soy crestiandat la mesquinasia
res
que
no
me
ven en azautgen sarrasina.
Tan m'a gran maleusoli'
fait la
aver Judia gran e menor
Per molt gran part dejost
ma
senhoria,
E15
d'aquest
mon
soli'
esser la major;
Quays
tnia tt Persa, Meda, Suria
Solet govern era d'Alexandria
E
del tan fort Constanti noble bel
;
Boerais, Grecs
me
tenian Inr joyel,
Emperairitz era de Trapazonda,
Regina gran de Negrepon
fisel
20
Aras o ten lo Turc que Dieu confunda.
XV' SICLE
47
n.
Brenger de rHpital.Plainte de la Chrtient contrele
grand Turc
U71.n'y a pas longtemps, dans Jrusalem
Il
Je vis pleurer la plus belle du monde,Elle se lamentait si fort qu'on l'entendait de Bethlem
Se lacrant et dchirant ses vtements.5Moi, avec une grande douleur, je lui dis:
Damoiselle,
Hlas
!
qu'avez-vous que vous lamentezenfant dit-elle gracieusement,je suis
si
haut
?
Ha
!
mon
Pauvre moi,
Chrtient la mesquine
Et qui que ce soit au monde ne-10
me
vient au secours,
Tant m'a
fait
grand mal
la
gent sarrazine!
Je solais (1) avoir la grande et la petite Jude,
En grandeEt
partie sous
ma
seigneurie
je solais tre la plus
grande de ce monde,
Je tenais presque toute la Perse, la Mdie, la Syrie,
15
J'tais le seul
gouvernement d'AlexandrieConslantinople.
Et de
la toute forte et belle
Bohmes
et
Grecs
me
tenaient pour leur joyau.
J'tais impratrice de
Trbizonde,Ngrepont,le
Grande reine duiO
fidle
Maintenant tient tout cela
Turc, que Dieu confonde.
(1)
Ce vieux mot traduit mieux que
:
j'avaii coutume d'avoir.
^8
POSIKSleu ay perduts quatre patriarcatz,
Jherusalem,
ma
plus nobla garlanda;
El gran muralh d'Antiocha, rnalvatz
M'an 5
fait
layssar e trastota sa landa.
Plus ieuPresala
mon aym'an
Alexandria granda
la sarrasina gen;
Encaras plus, molt rigorosamen
De say10
vingt ans m'an prs Costantinoble,
Temples, hostals, pihats vilanamen
E mes
a mort quasi trastot
mon
poble.
Tt ay perdut seno que
lo
papat
Y
aquel n'a pas trastota sa clauzura,lo gran Turc,
Quar
en julhet, l'an passt
Prs Negrepon en maniera molt dura,i
5
E cumE
tiran
enemic de naturafes trepir
Las fennas prens a chevals
los enfans estranglar e murtrir;
Vilanamen, entrels bras de lur mayre
Joynes e20
viels, trastotz
y
fes
morir
Els petits filhs tuar davant lo payre.
E
vengut es
el
mes
passt de mars.isla,
Als Venecians per destrusir lor
Menant tant naus que fay brogir
las
mars,
E25
cas e Turcs trs o quatre cens mila,setiat
Ez ha
Ragosa bla
vila
De neyt
e jorn grans assauts luy donan.>
Gitan dedins foc gresle flamejan
E30
fort batensi
am
totz engens
la
plassa
;
Certas
en breu los paubres secors n'an
De
crestians morts sera molt granda trassa.
XV* SICLEJ*ai
49
perdu quatre patriarcats,
Jrusalem,
ma plus
belle guirlande
;
El la grande muraille d'Antioche, les mauvais
Me5
l'ont fait
abandonner
et tout
son territoire.
Je n'ai plus Alexandrie la grande,
La gent sarrazine me
l'a
prise
;
Plus encore, trs-rigoureusement,
DeIls
a vingt ans,
ils
m'ont pris Constantinope,
ont pill horriblement les temples et les autels
40
Et mis mort presque toutJ'ai tout
mon
peuple.(le papat),
perdu except
l'Etat
du Pape
Et celui-ci n'a pas toute sa clture.
Car
le
Grand Turc, en
juillet l'an pass,
A45EtIl
pris
Ngrepont d'une manire trs-dure,tyran ennemi de la naturepar les chevaux les femmes enceintes.
comme una afait fouler fait
Il
trangler et meurtrir les enfantsles bras
Horriblement entreJeunes et vieuxil
de leur mre.fait
les a
tous
mourir
20
Et tuer les petits enfants devant le pre.
Et
il
est venu,
au mois de mars pass, pour dtruire leurle.
Vers
les Vnitiens
Menant25Et
tant de navires qu'ils font bruire les mers,et
Et de chiensil
Turcs
trois
ou quatre cent milleville,;
;
a assig Raguse la belle
Lui donnant grands assauts de jour et de nuitJetant dedans feu grgeois flamboyant
Et battant fort la place avec toute sorte d'engins.Certes,si
en peu de tempsil
les
pauvres n'ont pas de secours
30
De
chrtiens morts
y aura une grande trace.
50 Ha1
POSIESquai pietat, dos payre Jhesu Crist,
Sens nul secorsleu perdi tt
hom me bat e me frapa mon sen e mon avist,mos joyelsarrapa,
;
Lo Turc5
cruzel totz
E
jurt a qu'el desfara
mon papaostals.la
AE
grans tormens e totz los cardinalssi
rompra temples, gleysas,
Tans gens tuan qu'om non saubra
soma,
Sostrir la crotz e manjar sos cheval s
10
Desus l'autar de sanct Peyre de Roma.
Ha Payre!
sanct perdray ieu
mon
pais ?
Defalhira ta mayre, ta mestressa ?
Murtriran
me
los cas e sarrazis
15
Me desquissan en si vila rudessa? Hal reys crestians deu morir tal princessa?Layssaretz vos mas donzelas forsar,
Renegar Dieus e^
mon
cor lasserar?
Tan rudamen a falsa gen pagana Deual
jorn d'uey
mon
paubre cors finar
2C
dfaillir la sancta fe crestiana?
RevelhaQu'as a
te,
Caries de gran
renom;
ma
ley Europa conquistada
Leva-te sus Godofre de BilhomQu'oltra la
mar amens gran armada,!
25
E
sieysant' ans as tengut subjugada
Jherusalem, ondran la sancta cros Et tu Lois, armate,
mon
filh
dos
Fay30
al
Gran Turc mortal
e forta guerra.
Ajuda me, coma
sanct Lois pros,
Me
deffenden e per
mar
e per terra.
XVAh;
SICLE
51
quelle piti,
doux Pre Jsus-Christ,
Sans aucun secours onJe perds tout
me
bat et
me
frappe.;
mon
sens et
ma
raison
Le Turc5
cruel arrache tous
mes joyauxpapetous les cardinaux,
Et
il
a jur qu'il dtruira
monet
Avec de grands tourments,Qu'il brisera les temples,
les glises, les autels.
Tuant tant de gens qu'on n'en saura40
la
somme.
Il fera arracher la croix et manger ses chevaux
Sur
l'autel
de Saint-Pierre de Rome.
Ah
1
saint pre perd rai -je
monme
pays
?
Dfaillira-t-elle ta
mre
et ta
souveraine?meurtriront-ils.?
Les chiens et
les
Sarrazinssi
45
Me Ah
dchirant avec une1
honteuse rudessetelle
rois Chrtiens,
uns
princesse doit-elle mourir ?filles,
Laisserez-vous violer mes jeunes
Renier Dieu et lacrer
mon
corps
Si rudement par la fausse gent payenne ?Doit-il aujourd'hui
monfoi
pauvre cur finir?chrtienne?
20
Et dfaillir la sainte
Rveille- toi, Charles de grand
renom
Qui a conquis l'Europe
ma
loi,
Lve-toi sus, Godefroi de Bouillon
Qui outre-mer amenas grande arme.25Et as tenu soixante ans subjugueJrusalem, honorant la sainte croixI
Et
toi
Louis arme-toi,
mon doux
fils,
Fais au Grand Turc une forte et mortelle guerre,
Aide-moi,
comme
saint Louis le preux,
30
Me
dfendant et par mer et par terre.
5^
POSIESplanhs Cridant molt haut, fasia d'autres grans Rompia SOS pels e gran dolor menava,
Baten son cors fasia crltz molt estranhs sonara totz los sanctz et las sanetas5
E De gen belMas degun
;
cop
amb
ela se plorava,;
no savia dar confort De S9y e lay ela fugia la mort Fasen regarts en form 'espaventosa.d'els
Adonquas4
ieu
me
botiey en lo port
E torney
dins la cieutat de Tolosa.
Tornada.Trs dossaPrega tonflor
de tt
fisel
conort
filh,
que per nos
sosfric mort,;
Que do socors a la gen Quar se non a de nos paubres1
doloyrosa
recort,
5
Leu
engoissosa. fenira Crestiandat
XV' SICLKCriant trs haut elle faisait d'autres grandes plaintes,
53
Rompait ses cheveux
et
menait grande douleur.
Battant son corps elle faisait des cris fort tranges,
Et appelait tous5
les saints et les saintes.
Beaucoup de gens pleuraient avec
elle
Mais aucun- d'eux ne savait donner rconfort.
De
et de l elle fuyait la mort
Faisant des regards d'une faon pouvantable,
Alors moi je10
me mis
dans
le
port
Et retournai dans la cit de Toulouse.
Envoi.Trs-douce fleur de tout fidle encouragement,Prie tonfils,
qui pour nous souffrit la mort,;
Qu'il porte secours la gent douloureuse
Car15
s'il
n'a pas souvenir de nous, malheureux,finira bientt.
La Chrtient pleine d'angoisse
54
POtSlES
III.
Thomas
Loiil.
Sirvente contre ceux qui manquent de chariti
1465Dels mas que vey en aquest
mon comprendre
D'un sirventes bastir son desirans,
E5
de bon cor volgra cascuns aymansCrist hi rolgues
De Jhesu
ben attendre.
Car es prils que la vertut divina
En breuQuaril
de temps se venge d'alqus
fort,
non an defar
lui alcun recort
Mas en mal
troban tt jorn aysina.
Am-10
gran engenh, que de rodar no fina
Le greus peccat d'avareza cruzels
Rgna
tt jorn
am
fort
malvat simbels,
45
En tropas gens, don lor voler s'inclina En amassar d'aquest mon la riquesa E lor prepaus hy meten de bon cor No reguardan si caritatz se mor:
Dieus no vol pas que versCaritat vey a servitut
tal
gen sia mesa.
someza
E mortaLa neyt20
chais donte'I
li
malvat avar,
jorn,
no finan de sonjarla
En aur y
argen per
gran avareza.trop no s'avansa
Mas vos promet que pas
XY* SICLE
55
ra.
Thomas
Louis.
Sirvente contre ceux qui manquent de charit.
4465.Des maux queje vois s'tendre
en ce monde
Je suis dsireux de btir
un
sirvente.
Et de bon cur je voudrais que chaque amant
De Jsus-Christ5
s'y voulut bien appliquer;
Car il y a danger que la vertu divine En peu de temps se venge fort d'aucuns,
Car
ils
n'ont de lui aucun souvenirils
Mais mal faire
trouvent toujours aisance.
Avec grand engin qui ne cesse de roder40
Le
grief pch de cruelle avaricefort
Rgne toujours avec
mchant appeaule
En nombreuses gens dont
vouloir s'incline
A45
amasser de ce mondeils
la richesse
Et
y mettent de bonsi
coeur leur propos,:
Ne regardant pas
charit se meurttelles
Dieu ne veut pas que vers
gens elle soit mise.
Je vois la charit soumise servitude,
Et morte elle
git, c'est
pourquoi
les
mchants avares,
La nuit20
et le jour
ne cessent de songer
A
l'or et
l'argent par leur grande avarice.
Mais je vous promets qu pas trop ne s'avance
56Los
POSIESfols volers a bastir hospitals:
Gleizas. convens, n'y autres obratges tais
D'umplirSi le ries
lo sac
han
sol lor esperansa.
homsa
es casutz de poyssansa,
Qu'es devengutz paubres en aquest
mon
E vergonhaus(Quar
demandar cofay humil
fon,
may
l'y
play sostenir gran oltransa)
Ez en aquels
el
demanda
Per sostenir son cors ben passient.1
Lo
fais
malvat respon cobertamen,el
Qu'en autras partz
ha coyta mot granda.
Donc be son
fol
qui so que Dieu comanda
Volen passar e perdre paradis
E1
caritat
meten bas en
avis,
5
Tant
le digs
crim en lur testa s'abranda.
Quar l'omsContra'1
perfeytz pot guazanhar Victoria
satan quant los sieus bes partis;
Als paubres nutz
e
Dieus aquels noyritz
E
los avars gitara de
memoria.
Tornada.20Palays d'onor, tostemps visca per gloria
Le noble rey
al
prsent dit Loys.la flor de lis
Tant que de patz crescaQu'a totz endreitz
hom
reconte l'historia.
XV' SICLE
57
Leur faux vouloir btir hpitaux,Eglises, couvents, ni autres ouvrages semblables:
D'emplir
le
sac
ils
ont seule leur esprance.
Si
l'homme richequ'il est
est
tomb de puissance,qu'il a t (1),
5
Si bien
devenu pauvre en ce monde,
Et honteux de demander aprs (comme) ce
(Car mieux lui plait endurer grande outrance), Et ceux-lfait
une humble demande.souffrant,
Pour soutenir son corps bien10
Le faux mchant rpond mots couvertsQu'en autre partil
a besoin trs-grand.
Donc bien sont
fous ceux qui ce que Dieule paradis.
commande
Veulent omettre et perdre
Et mettent bas en leur estime
la charit,
io
Tant
ledit
crime en leur tte s'allume.parfait peut gagner victoireil
Car l'homme
Contre Satan quand
partage ses biens
Aux
pauvres nus
;
et
Dieu nourrit ceux-l.de sa mmoire.
Et rejettera
les avares
Envoi.20Palais d'honneur,
que toujours vive avec gloire
Le nobleSi bien
roi appel prsent Louis,la
que de paix croisse
fleur
de
lis
Dont en tous endroits on raconte
la gloire.
Lditcur des Joyas del Gay saber traduit comme ils font, ils (1 ont fait. Ce n'est pas clair. D'ailleurs ne faudrait-il pas dans le texte fan ou feiron ?:
^^
POSIES
XIV SICLEI.
Pragmeiitd'une paraphrase des litanies des saints(1)
Api
vers 1325
Heuf forfacha creaturaC'ai laisatz
mon
creator
E5
segut senes mesuralas falsas honors,el
Del mont
Vuelh ad
mercerequerrefolors
Que mi perdon mas
E mon
cor plus dur que ferre
Passa mol per sa dossor
Mayre, Dona que yest reyna1
De
tt cant
Dieu a sotz
si
ADe45
mi, Verges, tu inclinalo
Per
gran ben qu'es en
ti.
mi, caytieu tan endignelafi
Merce aias
El tien car Fil tan bnigne,
Ti plasa, pregues per mi
Senher sant Johan Baptista
QueLa20(1)
fust per
Dieu marturiatz
tieu testa fon requista
El tieu sanc fon escanpatzTexte publi par M. Lieutaud, conservateur dela
bibliothque de
Marseille.
XlV SICLEXIY SICLEI.
9
Fragmenl;d'une paraphrase des litanies des saints.
AptHlasI
vers 1325.
coupable crature
Qui
ai
abandonn mon crateur
Et suivi sans mesure
Du monde5Je
les
faux honneurs
I
veux
lui requrir misricorde
qu'il me pardonne mes folies, mon cur plus dur que le fer Qu'il le rende mou par sa douceur.
Pour
Et
Mre, Dame, qui es reine
10
De
tout ce que Dieu a sous soi,
Vers-moi, Vierge, iacline-toi
Pour
le
grand bien qui est enchtif si indignela finfils si
toi.
De moi,45
Aie piti
Et ton cher
bnin
Qu'il te plaise de le prier
pour moi
Seigneur saint Jean-Baptiste
Qui fus pour Dieu martyris
Ta20
tte fut requise,
Et ton sang fut vers
,
60
POsrESPer conselh de Rodiana
Per cobrir sa malvestat.
Tu
a
m'arma qu'es tan vanasos pecatz....
Fay pardonar5
Sant Laurens qu'en la graylhaPer Jhesu-Crist fust raustitz,
Ben mi daria meravilhaS'ara non era eysauzitz,
40
Et a
Tu que nasquiest en Espanha Roma fust nuyritzGuarda mi dela
companha
Dels malignes esperitzVerge,
Dona
santa Clara
Digna de totas honos4
5
Gloriosa ta m'apara
Et mi tramet ton socos.
Lo mieu
cor tu elumena
Et eysauses los mieus pk)s
Tu que20
fust de vertutz plena
E de
totas resplandos
Senher mieu, Jhesu salvayre,Car totz los sans ay pregat
Que per mi, caytieu25.
pecaire
Davant tu sian avocatzPlasati
que lur preguierata pietat
Eysauces per
Que
ieu en totas manierasafiatz
Puesca venir
XlV SICLEParle
64
conseil d'Hrodiade
Pour couvrir sa mchancet,Toi,
mon me
qui es
si
vaine
Fais pardonner ses pchs.
5
Saint Laurent, qui sur le gril
Pour Jsus-Christ fusCeSi
rti,
serait
(me donnerait) bien merveilleje n'tais
maintenant
pas exauc.
Toi qui naquis en Espagne10 Et
Romeesprits
fus nourrila
Prserve-moi de
compagnie
Des
du malsainte Claire
Vierge,
Dame
Digne de tous honneurs, 15Glorieuse protge-moi
Et m'envoie ton secours,Illumine
mon cur
Et exauce mes pleurs,
Toi qui fus pleine de vertus
20
Et de toutes splendeurs.
Mon
Seigneur, Jsus sauveur,j'ai
Puisque
pri tous les saints
Afin que pour moi, pauvre chtif,Ils
soient avocats devant toi,
25
Qu'il te plaise
que leur prire
Tu
exauces par ta bont.
Pour que de toute manireJe puisse devenir plein de confiance.
62
POSIES
IL
Pons de PrinhacVers qui gagnrent la violette d'oren 1345.Dins un bel prat compassat per mesura
aux jeux floraux
Una
flors nays, qu'ieu say,
en pauc de femps
E can ve lay que rgna lo gay temps En son jhoven pren gaya noyridura;
5
Etz en aprs, quar es f revols e tenra
Lo vent, E pueys
tt jorn,le freytz,
en vantant
la
decay
;
que
la fa
tornar lay
Als femps poirir, del cal davan s'engendra.
Per
le
bel prat,lo
on
la florsfols
pren naysensa
40
Es entendutz
mons
quens enpenh
A
far baratz
;
quar alvestat nos fenhns tolhla
So que non
es, e
conoysensa;
Tant que noNi
vei
que milhcJrem de vida
sol pensar
no volem d'on nasquem
15
E
per so, crey, tt le mais que sufrem
Nos dona Dieus, quar malvestat nos guida.Comparar vuelh Nos qu'enestla flor, per semblansa, lo
mon prenem
nayssamen.
Que de prumier avem gay noyrimen20
Tro l'enemicx en peccatz nos avansa,Per que Dieus fay de paradisla vista als uelh,
Com
la flors pot,
segon
quem par
Per que n'es pexs qui leva gran erguelh,El quai,si
mor, layshara l'arma
trista.
XIV SICLEn.
63
Pons de PrinhacVers qui gagnrent la violette d'oren 1345.
aux jeux
floraux
Dans un beau pr compass par mesureUnefleur nat,
que
je sais,le
dans un peu de fumier
Et quand voil que rgne
beau temps,;
En5
sa jeunesse elle prend gaie nourriture
Et aprs, parce qu'elle est faible et tendre
Le vent, toujours en ventantEt puisle froid,
la renverse
qui la
fait
retourner
Pourrir au fumier duquel auparavant elle s'engendre.
Par4(
le
beau pr o
la fleur
prend naissance,
Est entendu le
monde faux qui nous poussemchancetla
A
faire fraude, car la
Nous
feint ce
qui n'est point et nous te
connaissance,vie.
Tellement que je ne vois pas que nous amliorions notre
Nous ne voulons pas seulement penser d'o nous naissons45Et pourcela, je crois, tout lele
mal que nousla
souff'rons
Dieu nous
donne parce que
mchancet nous guide,
Je veux comparer la fleur, par ressemblance,
Nous, qui en ce monde prenons
la naissance,
Qui tout d'abord avons gaie nourriture 20Jusqu' ce que l'ennemi nous pousse aux pchsC'est;
pourquoi Dieu
fait
voir
(fait la
vue)
le
Paradis,l'il,
CommeDans
la fleur peut, selon qu'elle
m'apparait
C'est pourquoi fou est celui qui
montre grand orgueil
lequel
s'il
meurt
il
laissera l'me triste
64Pel femps
POSIES
don naysle
la flors,
que nos
fa
brusca.
Es entendutz
lims del quai nasqueclos payres engendre
damx que pueys5
Del quais prenem nostra captiva rusca.
E pueys cercam haut pueg E
e
m an ta
tomba
Per nostres hops, don sufrem gran trebalh,can morem, tt l'aver nos defalhtots nutz dedins lala flor
Tant que nos met
tomba.venta
Le cruzel vent qu*en torn de40
Die yeu, de
sert,
quez es cobeytaz granslo
Quens fay bayssar
cap e far engans,
Don cug per so qu'a vol gen nos turmenta. E le grans freytz que pueys la flor ne portaDie qu'es4
la
mort greus laquai,sieu, a'1
fais
companh,
5
Quens fay tornar
meilhor guazanh,es morta.
En
terra vil
quan nostra carn
Tornada.
Mos ferms governs, bon
espers
me
conorta:
De20
venir lay on lunh bes no defalh
Per que us sopley
nom
tengatz per estranh,
Can me veyretz prs
la divinal porta.
,
\l\* SICLE
65qui nousfait
Par
le
fumier d'o natle
la fleur,
rameau
Est entendu
limon duquel naquitles
Adam, qui ensuite engendra5
pres
Des quels nous prenons notre chtive corce.Et puis nous cherchons haut pic et mainte valle
Pour nos besoins, dont nous souffrons grande peineEt quand nous mourons tout l'avoir nousSi bienfait dfaut,
;
qu'on nous met tout nus dans
la
tombe.
Le cruel vent qui autour de40
la fleur vente,
Je dis, pour sr, que c'est la convoitise grande
Qui nous
fait
baisser la tte et faire des tromperies
D'o je pense que pour cela mchante gent nous tourmenteEtle
grand froid qui ensuite emporte
la fleur,
Je dis que c'est la mort terrible, laquelle, faux
compagnon
io
Qui nous
fait
revenir siens, a le meilleur profit,vile notre chair est
Lorsque en une terre
morte.
Envoi
Mon
ferme gouvernail,\k
le
bon
espoir, m'encourage
AC'est
parvenirje
o nul bien ne
fait dfaut,
pourquoi
vous supplie que vous ne
me
teniez pas
pour
Quand vous me verrez
prs de la divine porte,
[tranger
66
POSIES
in.
Fragmentsde la vie de sainte Enimie,fille
de Clovts
II,
I.
Dbut du Pome.
Ad honor d'unaQue5fo Eniraia
gloriosa
Verge sancta, de Crist esposanominada,
De Fransa dePer Rima,si
rehal linhadalati,
Trais aquest romans de
com
es aysi,
Maistre Bertrans de Marselha
Ab40
gran trehalha et ab velha.
Car qui sab be e non l'essanha
Segon
la ley
de Dieu non renhamastre Bertrans
;
Per que
trais
De
lati totz
aquel romans.
E noQuei
us cuides qu'el
ho
fezes
lauzor de segle n'agues,car fo preguatz caramenpart lo prior el coven,si
5
Ans
Daus
Mas majormen,fes
com say yieu
ha
la
lauzor de Dieu,
^0
de mi dons sancta Enimia De cui vos vuelh comtar sa via.
XIV* SICLE
67
m.Frajmeiitide la vie de sainte Enimie,fille
de Clovis II
I.
Dbut du Pome.
A
l'honneur d'une glorieuse
Vierge sainte, pouse du Christ
Qui
fut
nomme
Enimie,
De5
France, de ligne royale
A
tir ce
roman du
latin est ici,
Par rime,
comme il
Matre Bertrand de Marseille
Avec beaucoup deCar qui4
travail et de veille
sait le bien etloi
ne l'enseigne pas
Selon la
de Dieu ne rgne pastir
Voil pourquoi matre Bertrand a
Du
latin tout ce
roman.qu'il l'ait faitsicle.
Et ne pensez pas
Pour en avoir louange du45
Au contraire car il fut pri chrement De la part du prieur du couvent,Mais surtout,
comme
je le sais,
^
Il
le fit
la
louange de Dieusainte Enimie,la vie.
Et de
ma Dameje
O
Dont
veux vous raconter
C8
POSIESII.
Sainte Eaimie, dans sa grotte de Burle, ressuscite un petit enfant.
Altra ves s'esdevenc
un
dia
Que una pro femna
issia
D'un mas que ha nom Masmurta
E menet son5
efan pel ma..affar,
Mas, no say ges per cal
La pro femna vole Tarn passar,
E
cant fo ins
el
miey
del gua
Sos
filhs l'escapa
de la
ma
Aqui40
eus l'aygua lo trestornaal
Et entro ins
fons l'entorna.
La mayreCant nevi
prs a udolar
son efan intrar,:
E vayDieus4!
per la ripa cridan
que faray de
mon
efan
!
5
Lassa caitiva coni
soy morta1
Que Que Que20
l'ayguala
mon
efan ne portae tan crida
Tan vay
femna
son efan troba a ribal'aygua l'ac gitat defors,fo ges el cors.
Mas l'arma noCantla
femna vec son
filh
mort
Adonc ac doble desconort. Clama25se caitiva e lassa
Pueis leva l'efan en sa brassa
E
vai s'en, ploran e plangen
Ayssi
com
poc, gran dol fazen,
Vas
la sancta verges de
Dieu
.
XIV' SICLEII.
69
Sainte Enimie, dans sa grotte de Burle, ressuscite un petit enfant.
Un
autre fois
il
arriva
un joar
Qu'une brave femme
sortit
D'un mas quiEt5elle
a
nom Masmurtaenfant par la main.quelle affairele.
mena son
Mais
je
ne sais pour
La brave femme voulut passerEt quandelle fut
Tarn
au milieu du gula
Son10
fils lui
chappa dele fait
main.
Voil que l'eau
tournoyer
Et l'entrane jusqu'au fond.
La mre
se prit hurler
QuandDieu15
elle vit
son enfant s'enfoncer:
Elle va par le rivage criant!
.
que
ferai-je de
Malheureuse, chtive,L'eau emporte
mon enfant comme je suis morte!!
mon
enfant
Tant va
et tant crie la
femme
Qu'elle trouve son enfant sur le rivage,
L'eau
l'a
rejet en dehors,n'tail
20
Mais l'me
plus dans le corps.
Quand
la
femme
vit
son
fils
mort
Elle eut double dsolation.Elle crie la pauvre et malheureuse
Puis lve l'enfant dans ses bras
85
Et va pleurant et se lamentant
Comme
elle peut, faisant
grande dolance
Vers la sainte vierge de Dieu
JOTuchboyer e
POSIESPer so quelh reda loli
.
filh sieu.
li
pastor
Gant auson
lo gran
doLe plor
Desamparo5
tt liir aflFayre
E
segon
la
caytiva mayre,
Per vezer
la
miracle bla
Que
fara la sancta pieuzela
A40
la
balma
es ja
vengudaet
La femna am plor
am bruda
E prega am gran remestori De la verge son adjutori.
Verge sancta
ret
mi monjamays?
filh
!
Sinon tostemps soy en perilb.
Quei
faray, lasseta,
5
Car re non avia y eu mays.
Ren
lo mi,
Dompna, ren
lo
mi
!
Sinon yeu remanrai ayssi
E morray davan mon20
efan,
Lassa, ab plor e ab affan.
Et entretan la femna baissa
Et en terra cazer
si
laissa
E playnh e gaymenta e E prega la verge et ora.Que25sos filhsli
plora
sia redutz,
Per las soas sanctas virtutz.
Gant la verges vi
la dolor
De
la
femna
e l'estranh plor
Ploret de pietat fortmen
E tuch30
cilh
que hi eron presen.
Pueis dins sa cela s'en intret
XTT' SICLE
74
Pour
qu'elle lui rende sonles
fils.
Tous
bouviers et les ptres
Quand5
ils
entendent la grande douleur et
les pleurs
Quittent toute leur occupation
Et suivent la pauvre mre
Pour voir
le
beau miracle
QaeDj
fera la vierge sainte.elle est
venue
la
baume,avec bruit
La femme avec10Etelle prie
pleurs
et
avec grande instance (reprise) la vierge son aide.
Et demandea
Vierge sainte rends-moije suis
monI
fils
Sinon toujours
en pril
Que45Car
ferai-je
jamais, pauvrette
je n'avais rien
de plus.
Rends-le-moi, Dame, rends-le-moi,
Sinon je resterai
ici
Et mourrai devant
monla
enfantet
Malheureuse force de pleurs20Et en
de douleurs,
o
mme
temps
femme
flchit (baisse)
Et en terre se laisse choir.
Et se plaint
et se
lamente
et pleure,
Et prie la vierge et supplie
Pour que sonSJ5
fils lui
soit rendu,
Par ses saintes vertus.
Quand
la vierge vit la
douleur
De
la
femme
et ses tranges pleurs,
Elle pleura de compassion fortement
Et tous ceux qui taient prsents
30
Puis
elle
entra dans sa cellule
72
ponsiESEt aqui Jhesu-Grist preget
Que per
la
soa pietat
Ressuscite l'eifan negat.
Gant ac orat,5
la
domayzela
Leva sus
et ieys de sa cela
Et es venguda lay defors
On
eron trastuch ab
lo cors
Que
era pausat en lo solpetit planiol.fo aqui
Aqui en uni
Gant Enimia
El planiol assetet si...
Gant
la verges se fo
pausda
Aqui on45
s'era assetada
Prs l'efantet pel
ma
e crida
:
VayEl
sus, efas, recobra vidatost, el
Leva sus
nom
de Dieu
;
nom
de luy t'apele y eu.hi ac plus
Aqui mezeis non
Que20
l'efas se
leva viens sus,
Don
foro tuch miravilhan
Silh que eran aqui ist,
E deron essemps
gran lauzor
A
Jhesu Grist nostre Senhor
XIV* SICLE
73
Et
l elle pria Jsus-Christ
Pour que par sa grande misricordeIl
ressuscite l'enfant noy.elle a pri, la
Quand5
damoiselle
Se lve et sort de sa cellule Et elle est venue l dehors
OQui
ils
taient tous avec le corps
tait
pos sur
le sol
L sur uni
petit endroit aplani
Quand Enimie QuandL o
fut l,
Elle s'assit sur l'endroit aplanila vierge se fut
pose
elle s'tait assise
Elle prend l'enfant par la
main
et crie;
:
ib
Lve-toi, enfant,
recouvre la vie
Lve-toi tout de suite auC'est en son
nom
de Dieu,
nom quequ'il
je t'apelle.ait
L mme, sans
y
plus
Voil que l'enfant se lve et vient sus
20
Dont furent tous merveills Ceux quiEtils
taient l assistants.
donnrent ensemble grande louange
A
Jsus-Christ Notre Seigneur.
74
POSIES
IV.
LeFragment d'une
Aliicainpi
vie de
Saint Trophime
leu ay auzit que gran devosion(Als Aliscamp) avien totas las gens del
mon,
E ben deSil
luen
si
fazien aportarla
que morien de sa outrasie,
mar.
5
Con aysoEls
demandas o
als viels
diran plus gent que ieu e miels.
Pero comtan que plus aut de Layon.
Encara mays plus aut que de MasconVenien mortz que avien elegit;
40
En
lur gage laissavan establitlas
ConMot
meses en un vayselh de fust
.
fort sarat e
que fosa ben
just.
Cant eran mort, los metian sos parens
Pueys metien45Encaras
lo
en
lo
Roze corrent
may
reconta e es verset de tt Carcasses.
Que de Tolzan
E de Franza
e de tota
Espanha
Foson en plan o foson en montanha,
Tant com tenian
los rgnes de la
mar,
XIY* SICLE
75
IV.
Le AliscampFragment d'unevie de Saint
Trophime
J'ai
entendu dire que grande dvotionavaient tous les peuples duils s'y
Aux AliscampsEt de bien loin
monde
fesaient apporterla
Ceux qui mouraient de par de5Qu'il en soit ainsi, demandez-leIls le
mer
aux vieux,
diront plus gentiment que moi et mieux.
Or
ils
content que de plus haut que Lyon,
Encore davantage de plus haut que Mcon,Venaient des morts qui l'avaient choisi. 40
DansQu'on
leur testament ils laissaient tabliles
mit dans un vaisseau de bois.
Trs-fort serr et qui fut bien juste.
QuandPuis
ils
taient
morts leurs parentsle
les
y
mettaient,
ils le
mettaient dans
Rhne
courant...
45
Hien plus, on raconte, et c'est Trai,
Que de ToulouseEt de France
et de
Carcassonne
et de toute l'Espagne
Qu'ils fussent dans la plaine
ou sur
la
montagne.la
Tous ceux qui tenaient
les
royaumes de
mer,
7^Cant eran mortz
POSIESsi
fazien portar
Et aviemtutz gran devosion
Los avesques
els
contes
el
baron,;
5
Que apenas alhors jaser volian Tan gran fe al cementeri avian.
E E
il
fazien tug los riez
embaymar
Et an cavalz o en carris portarli
paures que aver non aviensi
A1
lur parens promettre
fazien
Los salesan dedintre
e defors
E cant fora ben saonat lo cors Lo portesan en Arle soterrar, En Aliscamps,lo
quai vole Dieus sagrar.
XIV* SICLE
77
Quand
ils
taient morts, ils s'y faisaient porter
Et tous avaient une grande dvotion,
Les vques,
les
comtes et
les
barons(gire) ailleurs.
Si bien qu' peine voulaient-ils tre ensevelis5
Tant grandeEtils
foi ils
avaient dans
le
cimetire.
faisaient
embaumer tous
les riches
Et transporter avec des chevaux ou des chars Etles
pauvres qui n'avaient- pas de fortune
Se faisaient promettre par leurs parents 10Qu'ils les saleraient dedans et dehors
Et que lorsqueIls le
le
corps serait bien prpar (assaisonn)
porteraient Arles |?our l'ensevelir
Aux Aliscamps que Dieu
a voulu consacrer.
78
POSIES
V.
Lnnel de HontegDbut de l'Essenhamen del Guarso
^*.>'
Lautrier mentre ques ieuSolet fortment cocirava
m 'esta va
Dins en
mon
cor,for,
5
De mi dons quem fasia Que de lonc temps
No
avia volgut fossem essempsEntr* ambedos,
Estan en
aissi
cociros
Per un mati
40
Vi que tt drech venc en cami
Us bels guarsos
QueQuar15
foc azautz e gracios
A monal
semblan ;
desse
quem
fo
davan
Mi saludec,El capeyro del cap ostec
E
va mi dir
:
XIV* SICLE
79
V.
Lanel de MonfegDbut de V Enseignement du Garon
L'autre jour pendsnt que j'tais
Seul el songeais profondment
Dans mon cur,
De ma dame qui me5
bannissait (fesait dehors)
Car de longtempsElle n'avait pas voulu
que nous fussions ensemble
Rien que tous deux.Etant ainsi pensif
Par un matin10Je vis que tout droit vint en
mon chemin
Un beauQui
garon
fut poli et gracieux
A mon4
avis,
Car aussitt qu'il fut devant moi5II
me
salua
Et ta de Et
la tte le
chapeau
me
dit (va
me
dire]
80
'
POSIES Senher de
que avetz
cocir,
Ni com antz,Aissi
queSes
gentils
hom
siatz'
companho?
5
Es ren que tan cortes somo
? w
ComSaludeyla
el fe
miatressi,:
toi
E
dishi le
Companhs, ieu no dopti deSi sols
re
40
me
so,
Car companhos yeu auria pro
A monMas
plaser
;
a nhot can m'aniey jaserIeu fuy iratz,
4
5
Per que
my
soy plus Ieu levatzdportes
QuemE mos mais
plus tots
quem
laishes
QuemE20car tornar
te fort greu.
m'en poiria IeuCastel,
Dins naon
des
me
platz e m'es plus belsol anar;
Toi
Per que no volgra amenar,
Que25
fos iratz,
Home
Ihun, que mal companhatz
Fora de me. Es adoncasel
per merce
Mi preguet mot
Que30
si
m'avia dig degun motdesplagues
Quem
XlV SICLE Seigneur, de quoi avez-vous souci
81
Et
comment
allez-vous,
Quoique vous soyez gentilhomme,Sans compagnon5?*
Est-il rien qui excite si courtoisement ?
Comme
il
fit
moi
Je le saluai tout pareillement
Et je lui dis 4
:
Compagnon,
je ne redoute rien
Quand
je suis seul
Car j'aurais assez de compagnonsSi je voulais (
Mais celte
mon plaisir) nuit, comme j'allai me;
coucher
Je fus triste.
45
Voil pourquoi je
me
suis lev plus tt
Pour meEt pour que
distrairelaisse plus tt,
mon mal me
Car
il
m'occupe (me
tient) fort
pniblement.
Je pourrais bien m'en retourner vite
SO
Dans mon chteau.Maintenantil
me
plait, et ce
m'est plus beau,
D'aller tout seul.
Parce que je ne voudrais amener
Vu que je25
suis triste
Aucun homme,Il
car
mal accompagn
serait parlui,
moi.
Et alors
par merci.
MeS'il
pria beaucoup,
m'avait dit quelque
mot
30
Qui me dplut,
8Ques aperdonar
POSIESle vol gus.
SomEs adoncx
dish per Dieule
vauc dire ieu
:
Re nom desplatz5
Que
m'ajas dig, ans fort
me
platz.
E
preguit tropest tan
Qu'en est castel quens
prop
Anes
am
me,te
Es aqui tu dinnarasiO
En
trop bel loc.el,
Senher, dis
ieu vos die d'oc
Car solassar
Vos vuelh
es
am
vos trop parlar....
XIV SICLEQue11
83
je voulusse lui dit cela
pardonner.
me
par Dieu.:
Et alors
je lui dis (vais lui dire)
Rien ne5
me
dplatdit,
De
ce que tu m'as
au contraire tout
me
plat fort.
Et je
te prie
beaucoupsi
Qu'en ce chteau qui nous est
proche
TuEt 40
ailles
avec moi,
l tu dneras
En
fort
beau
lieu.
Seigneur,Je
dit-il, je
vous dis oui
Car vous consoler
veux
et avec
vous parler longtemps
(trop)...
84
POSIES
VI.
Prire h Ju'Chvit.
Senhor Dieus, Jhesu-Crist
QuiEt
cel e terra fist
el
mon
dessendiest
Per amor, e naquiest,
5
Per nos de peccat trayre.
De
la
vergena mayre,
Trauca
mon
cor e fen
Ab1
tal
regardamengardest sant Peyre
Que tuCan
se tire arreyre
Lo
tieu
nom
renegan;
Per paor ques hac gran Per so ques
am
dolor
Ami
lagremas e plorcontricio
5
De granEt
am
confessio
Me puescaPueys20fier
deneiar
Dels pecatz e lavar.
me
del estoc
D'aquel benezeyt foc
Del ver sant Esperit Del quai foronferit
XlV SICLE
85
VI.
Prire
Jrsins-hrit.
Seigneur Dieu, Jsus-Christ
Qui asEt dans
fait le ciel et la terrele
monderetirer
es descendu
Par amour5
et es n,
Pour nous
du pch,
De
la vierge
mre,
Perce et fends
mon curpareil
Avec un regard
A4
celui dont tu regardas Pierre,
Lorsqu'il se tira arrire,
Reniant ton nom,
Par
la
grand peur qu'il et,
Afin .qu'avec douleur,
Avec larmes15
et pleurs,
Avec grande contritionEt avec compassionJe puisse
me
nettoyer
Et
me
laver de
mes pchs.
Puis frappe-moi du glaive
20
De
ce feu bnitvrai Saint-Esprit,
Du
Par lequel furent frapps
86L'apostol e
POSIEStocat;
E fortmenEn t'amor5
abrazat
Per so ques ieu m'acazee m'abrazefe
Et en la vera
Que San ta
gleiza cre.
Vers Dieus que totz bes obras
Ts temps en bon as obrasPerseverar1
me dona
Am cosciensa bona,E pueis aprop ma rida
Dona En lo
m joya
complida
rgne del cels
Am
los autres fizels.
Amen.
XlV SICLEEt touchs les Aptres,
87
Et fortement embrassAfin que je
;
me
case
En5
ton
amour
et
m'embrase,
Et en
la vraie foi
Que
la sainte Eglise croit.
Vrai Dieu qui opres tous les biens,
Toujours en bonnes uvres
Donne-moi de persvrer\
Avec une conscience bonnePuis aprs
ma
vie
Donne-moiDansAvecle
joie
complteciel
royaume du
les autres fidles.
Amen.
88
POSIES
XIIP
SICLE
I.
lllatie
Erinengand de
Bzieri.
Fragment du Breviari d'Amor.
DeAls
las
Femnasu
homes
ai
mostrat assatz
Lur mais
astres e lur peccatzsi
Dels quais
devo confessar
;
Et a las femnas vuelh mostrar
5
Lurs peccatz
e lurs falhimens
De
quels devo far penedens.folia,
Las femnas, per lur
Se banhon en mainta guisa
En40
totz los set peccatz mortals
Segon los deziriers carnals.Per erguelh pecco malanien,
Quar pesson aver trop de senEt de lur paubre sen usan
Re qu'om4
lur cosselhe no fan,
5
Ni autra re no fan de grat
Mas
so
que lur es devedat.
Ni ja non auran pro botosNi vels, ni bendas, ni cordos
XUr
SICLE
89
XIIP SIECLE
I.
Hlatfve
Eriuengaad de Bzier.
Fragment du Brviaire d'amour.
Des Femmes
Aux.
hommesils
j'ai
assez montret leurs pchs;
Leur mauvais sort
DontJe
doivent se confesser
veux montrer aussi aux femmes
5
Leurs pchs et leurs manquements
Dont
elles
doivent faire pnitence.folie,
Les femmes, par leur
Se baignent en mainte faon
Dans tous\0
les sept
pchs mortels
Suivant leurs dsirs charnels.Elles pchent
gravement par orgueil,
Car
elles
pensent avoir trop de sens
Et usant de leur pauvre sensElles ne font rien de ce qu'on leur conseille
i5
Et elles ne font rien de bon grSi ce n'est ce qui leur est dfendu.Elles n'auront jamais assez de boutons
Ni de voiles, de bandes, de cordons.
90
POSIESNi auran pro fermalhamenNi garlandas d'aur ni d'argen
Ni de perlas ni senturasNi borsas ni frezaduras
5
Cadenas d'argen ni
tessels,
Ni gardacorses ni mantels,Capas, gannachas, gonelas
Ni folradaras pro blas
De40
vars, d'escurols, de sendatz,
Ni pro camias ni caussatz.Ni auran assatz gran trahi
De
ri ex
vestimens detras
si
;
Ni seran ja pro lavadas,
Ni penchans, ni afachadas,
45
Ni lur cabelh pro maestratNi pro bondit, ni rigotat;
E volun tans de vestimens. E tan diverses garnimensQue no sabo quai20si
prenho
Ni sabo cossis captenho.
E quan se son gen paradas E tt entorn remirads An tan d'orguelh et de folorQu'en obiido lur creator;
25
E
par be que Dieus las maldic,
Quar semble, son de l'ennemie.Apres d'aquelas vanetatzNais us autres mortals peccatz
So es a saber enveia30
;
Quar tantost femna que veia
XIIl*
SICLE
9^
Elles n'auront pas assez de boucles
Ni de guirlandes d'or et d'argent, Ni de perles, ni de ceintures.
Ni de bordures, ni de galons, 5 Ni de chanes d'argent, ni d'agrafes, Ni de gardecorps, ni de manteaux.
De De10
capes, de robes, de gonelles.
Ni de fourrures assez belles,vair, d'cureuil,
de
taffetas,
Ni assez de chemises et de chaussures.Elles n'auront pas assez grand train
De
riches vtements derrire elles.
Elles ne seront jamais assez laves.
Ni peignes, ni1
atifes.
Ni leur chevelure assez soigne,Assez bande, assezfrise.
Elles veulent tant de vtements
Et tant de garniments diversQu'elles ne savent quel prendre (se prennent).:20
Et ne savent comment se tenir. Et quand elles se sont gentiment paresEt regardes de tout ct,Elles ont tant d'orgueil et de folie
Qu'elles en oublient le crateur.
25
Et
il
parait bien que Dieu les maudisse
Car
elles sont la
ressemblance de son ennemi.
Ensuite de ces vanitsNat un autre pch mortel.C'est savoir l'envie.
30
Car aussitt qu'une femme voit
92
POSIESNoble vestimen a sa par
E
noble garnimen
portai',
Cossep en son cor desplazer,Si atretal
non pot aver
;
5
E si son en qualque plassa E ve que Vautra mais plassaqu'omli
fassa
mais d'onor
la lauze per belazor,
ve qu'om mais la remire,
40
si
au de
lieis
ben direlinatge
De bontat o de
A
gran mal en son coratge
Ta gran que non o pot soffrir E gran plazer quan n'au maldir.4
5
Apres nacs de lur enveiaIra mortals e peleia;
Quar
si la
una portar re
Arneis a Vautra sobra se
qualque divers paramen20
Quelh semble que
Vestie gea
Volran Vaver tantost semblan
E
s'il
marit ne la lur fan
Tantost lur
movon raynadesastrada,!
25
Ab lur E dizo
lengua serpentina,:
A
!
leu son ben, Dieu
adirada
Que non ayNi ay ges
aital
vestimen,
d' aital
paramen
!
Las autras
nom
volon vezer
30
Ni dexosta lor assezer
XUrUn noble vtement Porter, et
SICLEsa pareille
93
une noble parure,
Elle conoit en son coeur
du
dplaisir
Si elle ne peut avoir le pareil,
5
Et
si elles
sont en quelque endroit
Si
elle voit
que
l'autre plait davantage
Et qu'on lui fasse plus d'honneur
40
Ou qu'on la loue pour sa beaut, Ou voit qu'on la regarde davantage, Ou si elle entend bien parler d'elle,DeSi
sa beaut, de sa naissance (ligne),
Elle en a grand
mal en son cur,le souffrir
grand qu'elle ne peut
Mais grand plaisir quand4
elle
en entend mal
parler.
5
Aprs nat de leur envieColre mortelle et dispute;
Car
si
l'ane voit porter
A20
l'autre sur elle habits
OuQai
quelque diverse parurelui
va bien, ce qu'il lui semble,
Elles veulent aussitt l'avoir semblable,
Et
si les
maris ne la leur font pas
Aussitt elles soulvent une querelle,
Avec25
leur langue de serpent,:
Et disent
Ah
1
malheureuse
!
Dieu, je suis bien en colre
Car
je n'ai pas teltelle
vtementparure.
Et je n'ai pas
Les autres ne veulent pas
me
voir
30
Ni
me
faire asseoir ct d'elles.
94
POSIES
Quar me vezo mal vestidaMal paradae
mal garnida.noso pesset
Ane mos
paires
En5
aissi
quan mi maridet,
Quem
donet mil lieuras de dot,arlot,
Ez am donat ad un
Lo plus mal Que4
el
plus dezastrat
sia
en esta cieutatfar re far
Que non vol
que
deia.
Veus mesclada
la pileia
La plus mortalQuar melhor
qu'el
mon
sia,
estar faria
Et ab leos et ab dragos,
So
ditz lo savis
Salomos.
XIll'
SICLE
95
Car
elles
meet
voient mal vtue,
Mal pareJamais
mal
garnie.
mon
pre n'y pensail
A5
chose pareille quandil
me maria
CarEt
me donna
mille livres de dot,
il
m'a donn un goujat,le
Le plus mauvais,QuiCariOsoitil
plus misrable
en cette
ville,
ne veut pas
faire ce qu'il doit.
Voil mle la bataille
La plus mortelleCaril
qu'il
y
ait
au monde
ferait meilleur treles lions et les
AvecDit
dragons
le sage
Salomon.
96
POSIES
n.
Jacme Motte
d^Arlcfs
Sirvente adresse en 1291 Charles
II, fils
de Charles
d Anjou, lors de son passage Aix,
Non
es razon qu'ieu
dey aver pereza
Seinher pnnse de far un sirventes
Quar voluntatzPer quel faray,
s'esc'
dedins
mon
cor
meza
;
aras veg que luox es
DeNos
chantar qui talent n'auria
Car joy e prs e corteziarestauretz, seinher prinse, per ver
Lo premier jorn que nos vengest vezer
Morts era joys, solasi
et alegreza
En Proensa enans que say
fases
;
Aras nos a la vostra gentilezaRestauratz totz e cregutz de totz bes,
Car
tal ris
que plorar
solia;
E45
tal n'er rixs
que pauc avia
Per que trastut, seinher, devem averD'ostre venir sertas gaug e plazer.
Xlll*
SICLE
97
IL
JTacnieSirvente adresse en1
motte
d^ ArlesII, fils
29 1 Charles
de Charles
d^ Anjou, lors
de son passage Aix.
Il
n'est pas raisonnable
que
je doive avoir paresse,
Ssigneur prince, de faire un sirvente
Car
la volont s'est
mise dans
mon cury alieu
C'est
pourquoi
je le ferai, car je vois qu'il
De chanterVous nous
n'en et-on pas le dsir,et courtoisie
Car joie et valeur
restaurez, seigneur prince, pour vrai,voir.
Le premier jour que vous venez nous
Morte10
tait la joie et le
$oulas et l'allgressefussiez ici
En Provence, avant que vous
Maintenant votre gentillesse nous aRestaurs tous et accrus de tout bien
CarEt
tel rit
qui avait coutume de pleurer,
tel
est riche qui avait peu.
15
C'est pourquoi tous, seigneur, nous devons avoir
De votre venue certainement
joie et plaisir.
7
98Pervils
POSIEScasons, malvatz, plens de falseza,;
Siam
aunitz, vils tengutz e mespres
Suffert avetn
pron d'anct' e de vileza
Ben era5
d'ops, seinher
que
sai venises,
C'om nos raubava
e nos batia.
E Dieus com sofrir o podia? Que sill qu'eran pauzat per dreyEran permier atoire nostr'aver.
tener
Tostens dizon que bona gent corteza40
A
le seinhers
cant es
bon
e cortes
De mais
seinher vei sa gent ques aprezae
De mal a far E de selli
mal
dir totas ves.
qu'els sieus
non
castiasia
Cant sap que fan ren que mal5Creire post
hom
qu'el no
n
a desplazerfol voler.
Pos gentz sufre que son de
Si beus pensatz, seinher, la gran nobleza
D'ostre paire, nils fatz qu'en Poilla fes,
Per dreg deves aver valor conqueza
;
20
E
vostr'avi
coven que resemblesfazia;
Quel pros coms Berenguier
Tt so que a
fin prs tainhia
Per que es dretz que vos dejas valer
Sobre totz cels c'aras tenon poder.
XIII*
SICLE
99
Pour de
vils
coquins mchants, pleins de fausset,et mpriss,
Nous sommes honnis, tenus poar vilsNousIl
avons souffert assez de honte et d'humiliation,bien besoin, seigneur, que vous vinssiezici,
tait
Car on nous volait et on nous battait.Et comment Dieu pouvait-ille souffrir?le
Et ceux qui taient placs pour maintenir
droit
Etaient les premiers nous enlever notre avoir.
\0
On dit toujours que bonnes gens A le seigneur quand il est bon etAfaire
courtoisescourtois.
Et un mauvais seigneur voit ses gens qui sont appris
mal
et
mal
dire toutes les fois.
Et de celui qui ne chtie pas les siens
Quand15
il
sait qu'ils
ne font rien qui ne
soit
mal
On
peut croire qu'il n'en a pas dplaisir
Puisqu'il souffre des gens qui sont de volont folle.
Si vous pensez bien, seigneur, la grande noblesse
De20
votre pre et aux exploits qu'il
fit
en Pouille
Vous direz avoir par droit conquisII
la valeur.
convient que vous ressembliez vos aeux,faisait
Le preux comte Berenguier ToutC'est
ce qu'il regardait d'un prix excellent
pourquoi
il
est juste
que vous deviez valoirle
Plus que tous ceux qui maintenant ont
pouvoir.
400
POSIES
Ab
tener dreg ez ab far lialeza
Creison lo lur aquist seinhor franses
Esquivant tort e peccat e maleza
;
E5
vos, seinher, creiseres Ta pales
Car sertas
liai
seinhoria
Creiz a totz jorns e multiplia
E
sill
que fan
als sieus contra dever
Per lur e