Amicale nationale Natzweiler-Struthof BULLETIN 2012_1
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Transcript of Amicale nationale Natzweiler-Struthof BULLETIN 2012_1
Lemot
du présidentIl y a 67 ans, la libération rendait
la liberté aux survivants, à ceux que les
travaux surhumains, les sévices et le
manque de nourriture anéantissaient.
Pour que tant de souffrances et de sa-
crifices n’aient pas été consentis en
vain, nous avons un devoir moral.
Le devoir de mémoire, afin de faire
connaître ce que fut l’enfer de la dépor-
tation. Informer pour éviter que cela
ne puisse se reproduire.
Nous sommes encore
quelques uns qui ont la chance
de pouvoir encore témoigner,
merci à tous, mais il nous reste
peu de temps !…
En ce qui concerne notre
Amicale, la nouvelle généra-
tion prend de plus en plus de res-
ponsabilités, de nouveaux
membres nous rejoignent et selon
leurs disponibilités nous les intégrons
au conseil d’administration et au bureau.
L’adhésion de Valérie Drechsler à
notreAmicale, a été une grande satisfaction
pour tous. Nommée présidente déléguée,
Valérie me libère d’une grande partie des
tâches. Les objectifs du CERD et ceux de
l’Amicale étant presque toujours communs,
nous avons pris l’habitude d’une franche
collaboration, nous allons continuer.
De nouveaux problèmes se posent :
l’évolution desAmicales, la réalisation d’un
dictionnaire de la déportation, la conserva-
tion du camp.
L’Amicale doit continuer en envisa-
geant l’avenir avec sérénité et confiance.
C’est avec plaisir que nous avons ac-
cueilli Madame Frédérique Neau-Dufour,
nouvelle directrice du CERD.
Nos rapports sont excellents et
nous continuerons à participer,
selon nos disponibilités, aux
diverses manifestations orga-
nisées par le centre.
Nous aurons bientôt le
plaisir de nous retrouver à
notre assemblée générale.
Nous vous espérons nom-
breux.
Nous n’oublions pas ceux qui
souffrent de la maladie, de la solitude et
notre pensée va également vers tous ceux
qui nous ont quittés.
Amitiés à tous et à bientôt.
Le Président
Pierre ROLINET
Dès le 14 octobre 2011, l’association KZ-Ge-denkstätte Neckarelz e. V., présidée par Ma-dame Dorothee ROOS, proposait un
ensemble de rencontres, de visites et de commémo-rations, avant l’inauguration du nouveau Musée-mémorial, le dimanche 16 octobre.
L’entrée du nouveau musée, qui se trouve dans la cour de l’école primaire.
Un accueil privilégié fut proposé aux survivants
de Neckarelz et à leurs familles, venus parfois de très
loin. J’ai été très heureuse de revoir Monsieur Vassil
VOLODKO, rencontré au Struthof en 2006 -où il ac-
compagnait ses camarades revenant pour la première
fois depuis leur déportation en ce lieu-, et qui a tenu à
faire le voyage d’Ukraine à nouveau.
Pour tous, les rencontres furent chaleureuses et
l’organisation à même de satisfaire les attentes de cha-
cun, dans sa langue, puisque des visites du musée fu-
rent proposées en allemand, en polonais et en français.
«La mémoire et l’avenir ont besoin
d’une maison», comme devise du projet
Treize ans après l’inauguration du premier
musée, déjà à l’initiative de l’association présidée par
Madame Dorothee ROOS, le nouveau Musée-mémo-
rial offre au visiteur une vision tout à faire renouvelée
et originale de l’histoire de ce lieu et de son inscription
dans la «nébuleuse concentrationnaire» du KL-Natz-
weiler, comme nous allons le voir plus loin.
Et si ce musée existe en 2011, c’est bien grâce à
l’engagement, à la ténacité et au courage - il en fallait !
- d’une équipe d’enseignants, de chercheurs, bénévoles,
puis de quelques élus également, dont le Maire de Mos-
bach, pour mettre au jour une histoire et convaincre
qu’elle devait non seulement être mieux connue, mais
encore transmise au plus grand nombre, ici et au-delà
des frontières du Land de Bade-Wurtemberg.
Des partenaires attentifs et sensibles à la valori-
sation de ce patrimoine historique et mémoriel, des fa-
milles, des associations, des habitants de Mosbach se
sentant concernés, ont permis au projet d’aboutir grâce
aux dons en argent et souvent en temps bénévole !
Notre amicale a également participé, à hauteur
de 5000 euros, à la construction de l’édifice. Cette
contribution, au-delà de l’investissement financier, est
assurément une marque de notre intérêt majeur pour la
préservation de tous les lieux qui font l’histoire du KL-
Natzweiler.
Il est en effet essentiel de rappeler que sur les
52 000 déportés enregistrés sous un matricule KL-Na,
près de 35 000 ne passèrent pas au camp central ; d’au-
tres des 17 000 déportés passés au Struthof connurent
aussi pour beaucoup, ces camps annexes. C’est d’ail-
leurs ce que nous rappelle Serge LAMPIN, dont notre
ami Jean-Philippe, son fils, nous propose dans ce bul-
letin la synthèse du témoignage sur les camps de Daut-
mergen et de Schömberg.
Un nouveau Musée-mémorialsur le site du camp annexe
de Neckarelz
Le nouveau Musée à Neckarelz, dépendant de
la commune de Mosbach, - à quelques 220 km de Natz-
willer -, est le résultat d’un travail rigoureux, long et
d’une conviction partagée par ceux qui animent au-
jourd’hui son équipe.
Quel beau et
é m o u v a n t
week-end !
Le public était nom-
breux, de toutes gé-
nérations et de
diverses nationalités :
Allemands, Belges,
Luxembourgeois, Po-
lonais, Ukrainiens et
Français bien sûr.
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Le nouveau musée se présente en deux parties
principales, ne communiquant pas entre elles. Et c’est
voulu.
La vie, la mort
L’entrée «principale», dans la cour d’école, vous
conduit dans un vaste espace ajouré, ombre et lumière
jouant à travers les «lamelles de bois» de largeurs iné-
gales, formant dans leur ensemble comme un code-
barre, un matricule contemporain qu’il faut déchiffrer.
Ici se joue le message central du nouveau
musée-mémorial : lieu de mort/lieu de vie.
Dans l’espace, une baraque originale, remontée
pièce après pièce, est l’ancien Revier. Y sont montrés
objets, documents, contées biographies et arrêts de vie
pour tant de blessés et de malades parmi les déportés.
La mémoire du Dr Francis ROHMER, professeur de la
faculté de médecine de Strasbourg, repliée à Clermont-
Ferrand et où il fit partie de la Résistance. Arrêté le 8
mars 1944, il fut interné à Compiègne, avant d’être dé-
porté à Dachau puis transféré à Neckarelz, le 23 juillet,
puis Neckargerach en janvier 1945. Le Dr ROHMER
est décédé en 2008.
A côté de ce lieu très fortement chargé d’émo-
tion, nous découvrons de grands panneaux montrant les
transferts de et vers d’autres camps, l’évacuation (les
marches de la mort).
Ce sont, au-delà des faits, une évocation de la
sortie du camp qui, -maladie, transfert, marche- condui-
sirent certains vers un retour à la vie, et beaucoup d’au-
tres vers la mort, autre sortie du camp…
La mort est alors «matérialisée» par un livre de
métal gravé. Ce livre des Morts est «indestructible»,
portant le nom et la mémoire de l’ensemble des dispa-
rus du camp : l’oubli n’est pas possible.
C’est en levant les yeux que l’on comprend
qu’une autre sortie encore était possible, ou non. La na-
ture se déploie derrière l’enceinte de bois : permettait-
elle l’évasion par le rêve? Etait-elle d’une terrible
ironie, elle qui continuait de grandir à côté des déportés
affamés? Est-elle pour nous aujourd’hui une leçon de
vie continuée? Ou le rappel que le temps passe…
C’est alors que l’on découvre derrière nous un
ensemble de totems où sont sommairement fixés des ar-
ticles de presse… de 2009, 2010, 2011… Des articles
sur d’autres massacres, d’autres crimes, d’autres at-
teintes aux droits fondamentaux, d’autres discrimina-
tions, cette fois très proches de nous dans le temps.
Une invitation à réfléchir non seulement sur le
crime et la haine de l’autre, mais sur notre capacité à
les reconnaître, les dénoncer, à les combattre. Une ma-
nière également de s’interroger sur le rôle que l’on tient
dans la société, sur nos possibilités d’être des citoyens
Ici, la silhouette
du
matricule 9343,
puis
la biographie
d’Ernest GILLEN,
déporté
luxembourgeois
qui, de retour
de déportation,
réunit
un ensemble
considérable
de documents
sur ses camarades
déportés.
Il soutint
ardemment
le projet du CERD
et les travaux
de recherche
de Robert
STEEGMANN.
Dorothee
ROOS
fait visiter
le nouveau
musée
Le livredes Mortsen métal,posé àl’intérieurl’enceintedu musée,constituéedelamellesde bois.
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libres. Sans confondre les temps et les hommes, agir au-
jourd’hui, c’est aussi une façon de ne pas oublier le
passé.
Forts de ces informations historiques et de cette
«imprégnation», nous passons une porte qui mène vers
une grande salle remplie de silhouettes sans visage,
marquées d’un triangle, d’une lettre et d’un matricule.
Autour, nous découvrons l’histoire de ce lieu, -de
l’école transformée en lieu de détention-, et de ses dé-
portés : le long du mur, sur un grand livre de bois, nous
pouvons redonner à chaque silhouette son nom, décou-
vrir sa biographie.
L’enfer concentrationnaire
La seconde partie de la visite oblige à ressortir
du bâtiment, à reprendre son souffle, avant d’entrer, en
sous-sol, dans le quotidien infernal des déportés de
Neckarelz, des camps du Neckar, et plus largement de
l’ensemble du KL-Natzweiler.
Et c’est l’une des forces de ces salles constituées
de documents, objets, archives, photographies, matières
encore - pierre, métal - : on comprend ce que se passait
dans le Neckar, comment ces camps et Neckarelz s’ins-
crivaient dans un ensemble plus vaste, et comment a
évolué l’histoire de l’ensemble KL-Natzweiler et de son
camp central, au Struthof.
La visite est didactique, reprenant les incon-
tournables cartes de situation, photographies d’archives
des lieux du travail, photographies et biographies des
bourreaux. Elle prend aussi souvent le parti d’une
confrontation à l’échelle 1:1, voir plus, avec les images
et les objets. Mais ce n’est pas de la mise en scène. C’est
un accès «direct » aux faits et aux hommes.
Une salle entière est consacrée à l’histoire du
camp central.
Une convention avait d’ailleurs été signée entre
l’association de Neckarelz et le CERD pour le prêt, la
numérisation de documents pour compléter cette salle et
une subvention de 20000 euros. Un accord avait égale-
ment été passé pour fournir au nouveau musée la «borne
des 52 000 noms» des déportés du KL-Na, que les visi-
teurs peuvent désormais consulter et au Struthof et à
Neckarelz. L’accord express de Robert STEEGMANN,
auteur et propriétaire intellectuel de cette base de don-
nées, a permis de rendre possible ce très beau pont entre
les deux sites. Ce lien a également été complété d’un
don de la commune de Natzwiller à la commune de
Mosbach, de pièrres de l’ancienne carrière de granit. Un
relais symbolique mais très fort de sens pour la perpé-
tuation de la mémoire des lieux sur les deux rives du
Rhin.
Les échos sont si nombreux entre le musée de
Neckarelz et celui du Struthof, qu’on ne peut qu’en-
courager les sites, et d’autres kommandos annexes avec
eux, à tisser des liens solides, -rencontres, recherches,
visites pédagogiques- et perpétuer ainsi l’histoire et la
mémoire, tout en éveillant à une citoyenneté nécessaire,
vigilante et engagée.
Valérie DRECHSLER
Présidente déléguée
sources : www.kz-denk-neckarelz.de
photos : Valérie DRECHSLER
POINT D’HISTOIRE :
Les Kommandos
de la Vallée du Neckar
et la fin du camp central
au Struthof
Nous proposons pour cela de relire l’inter-
vention de Madame Dorothee ROOS, di-
rectrice du Musée-mémorial de Neckarelz,
prononcée devant la gare de Rothau, le 12 sep-
tembre 2009.
« Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de m’avoir donné l’honneur de
prendre la parole dans ce cadre solennel et émouvant.
Quelques mots sur ma personne :
Je m’appelle Dorothee Roos, je suis allemande
et la responsable du mémorial/musée du camp de
Neckarelz - dans le Baden -Württemberg. A Neckarelz
se trouvait l’un des plus importants kommandos exté-
Devant
les panneaux
décrivant
les lieux
du camp
central,
au Struthof,
André
ALICOT,
déporté
à Neckargerach
puis
à Dachau.
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rieurs du camp de Natzweiler-Struthof, et non seule-
ment un kommando extérieur, comme je vais vous l’ex-
pliquer maintenant.
Aujourd’hui, nous commémorons l’évacuation
du camp principal, qui s’est déroulée à partir du 1er
septembre 1944. A l’époque, plus de six mille déportés
du Struthof avaient été transportés à Dachau. Mais ce
n’était pas la fin du camp de concentration de
Natzweiler qui, en effet, exista encore jusqu’en
mars 1945. Permettez-moi de vous raconter,
en trois points brefs, le dernier chapitre
presque inconnu de l’histoire de Natzwei-
ler-Struthof.
1) Le camp a survécu par ses kom-
mandos extérieurs. Au début de septembre
44, il y en avait une trentaine, en Alsace,
en Lorraine, en Palatinat, en Hesse, au
Bade et au Württemberg .
Mais ce monde des kommandos a subi
un changement caractéristique qu’on peut dé-
crire comme «Décalage vers l’Est». Les 13 kom-
mandos situés sur la rive gauche du Rhin ont disparu
pendant l’automne 1944. Les kommandos de l’outre-
Rhin – par contre - ont augmenté : ils accueillaient des
détenus venant de l’Ouest, mais aussi de l’Est. En outre,
plus de 20 nouveaux kommandos ont été créés au fil des
mois, entre septembre 44 et janvier 45 - sur la rive
droite du Rhin, cela s’entend. D’ailleurs, plus de mille
détenus ont été retransportées de Dachau vers ces kom-
mandos extérieurs du Struthof.
2) Ce n’étaient pas seulement les kommandos
extérieurs qui ont subi ce décalage. A la fin d’une
époque transitoire, pendant laquelle une partie de l’ad-
ministration résida encore dans l’hôtel Struthof, une
autre, cependant, fut «hébergé» à Dachau, les princi-
pales structures centrales de Natzweiler-Struthof ont
trouvé une nouvelle place. C’étaient trois villages de la
région du Neckar - Guttenbach, Binau, Neunkirchen -
situés pas loin du kommando extérieur de Neckarelz,
qui furent désignés à les recevoir.
D’abord est arrivé le commandant SS Fritz
Hartjenstein avec son état-major principal SS (Haupts-
tab), puis la section des vêtements et des effets civils,
l’administration centrale du courrier (Häftlingsposts-
telle), de même l’état-major administratif (Verwal-
tungsstab), la section politique et aussi, en quelques
parties, la section médicale.
A partir du mois de novembre 1944, le com-
mandant SS Hartjenstein a réussi à réorganiser de
façon efficace ces structures centrales de commande-
ment, en profitant de la bonne infrastructure créée déjà
en printemps, par l’installation du camp de Neckarelz.
Pendant deux ou trois mois, l’administration fonctionna
bien. Résidant dans la région du Neckar, tout en gar-
dant toujours le nom de « Natzweiler », Fritz Hartjen-
stein a géré tous les kommandos extérieurs de
Natzweiler situés en Allemagne, dans lesquels se trou-
vaient encore presque 20 000 détenus.
3) A partir de février/mars 45, le SS Heinrich
Schwarz, dernier commandant de «Natzweiler» - entre
guillemets! il n’a jamais vu Natzweiler! - a orga-
nisé l’évacuation de toutes les structures KZ, y
compris la sienne. Dans les kommandos ex-
térieurs, les « marches de la mort » com-
mencèrent.
Mesdames et Messieurs, les quelques
faits, que je viens de vous exposer, forment
ce dernier chapitre de l’histoire de Natz-
weiler-Struthof dont j’ai parlé. Les histo-
riens ont commencé à s’y intéresser, mais
au niveau des mémoriaux, il s’agit encore
d’une histoire inédite.
Le petit mémorial de Neckarelz, qui, lui aussi, est
en train d’être restructuré, a pour but de raconter cette
histoire pour la première fois. Après sa reconstruction,
notre futur musée présentera une salle consacrée au
camp de Natzweiler et à son « Décalage vers l’Est ».
En plus, une coopération étroite avec le mémorial du
Struthof et le Centre Européen a été convenue ; et cette
coopération a déjà commencé.
Nous voulons aussi engager le dialogue avec les
amicales et les associations qui s’occupent du travail
de mémoire dans les différents pays européens.
Commençons toute de suite ensemble ! Tra-
vaillons ensemble, pour que toute l’histoire du camp ne
soit jamais oubliée.
Je vous remercie de votre attention.»
Les allocutions ont été entrecoupées de chants, hymnes de mé-
moire et de lien, au cours de la cérémonie d’inaguration le 16
octobre 2011, à Neckarelz/Mosbach.
A gauche, Dorothee ROOS.
° ° °
PAGE 4
Préface :
Entré dans la résistance dès l’âge de 16 ans, à Sainte-
Menehould dans la Marne, Serge Lampin devient, un
an plus tard, après avoir tenté de rejoindre Londres
via l’Espagne sans succès, chef d’un groupe de maquisards.
Fin 43, il rejoint avec ceux-ci un maquis plus struc-
turé, qui atteint de ce fait 30 hommes, avec qui ils mènent
de nombreuses actions jusqu’en juillet 44.
Le 18 de ce même mois, un détachement de l’armée
allemande attaque les quelques résistants présents dans une
maison forestière en forêt de l’Argonne, pendant que les au-
tres sont en opération.
Six de ses compagnons sont tués, lui-même est laissé
en vie, après que les prisonniers allemands qu’ils détenaient
depuis la veille, dont un sous-officier, l’aient dénoncé à leurs
« libérateurs » comme ayant mené lui-même l’assaut pour
les capturer avant d’effectuer, ensuite, leur interrogatoire.
Torturé par la gestapo de Châlons-sur-Marne, puis
mis en prison, il rejoint le Struthof le 25 août avant d’être
évacué le 2 septembre vers le camp de Dachau où il arrive le
4, dans l’après-midi.
Le séjour sera toutefois de courte durée, car avec 400
autres déportés belges, néerlandais, norvégiens et français il
rejoindra, dès le 22 septembre, le sinistre commando de
Dautmergen.
Dautmergen : L’extermination.
« Les coups s’abattent sur nous dès la descente du
wagon, nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous dé-
barquons, car après l’arrêt en gare d’Ulm, le train a roulé
toute la journée.
La nuit est d’encre, et seuls les SS avec leurs torches
agrémentent ce sinistre décor de quelques lueurs dansantes.
Ils nous frappent pour nous faire mettre en rang.
Nous traversons une bourgade endormie et prenons
une petite route pour parcourir environ cinq kilomètres avant
d’arriver au camp. En fait, un champ ceinturé de barbelés
qu’éclairent les projecteurs.
Nous y enfonçons jusqu’aux chevilles, et comme
nos claquettes y restent collées, nous devons les quitter pour
ne pas les perdre. Poussés toujours aussi hargneusement vers
l’intérieur de quelques tentes placées au centre du terrain,
nous butons sur les corps allongés.
Notre subite intrusion les dérange, et aux jurons
qu’ils prononcent, nous reconnaissons des Polonais ».
…
« A 4 h 30, le lendemain, nous sortons dans la nuit
froide pour aller nous aligner et subir l’inévitable appel. Un
Polonais, parlant le français m’apprend que l’endroit se
nomme Dautmergen et que je dois me méfier du Lagerälteste
(Chef de camp), l’un de ses compatriotes nommé Mundeck.
Nous attendons longtemps son arrivée. Il est de pe-
tite taille avec un léger embonpoint, chose déjà étonnante,
comme l’est son accoutrement : une tenue rayée, avec une
veste cintrée, une culotte de cheval et des bottes de cuir.
Assez stupéfiant.
Il tient un manche de pioche dont il ne sépare pas et
qu’il utilisera pour cogner à tour de bras.
PAGE 1
Photo prise devant l’entrée du camp lors de l’inauguration
du CERD, le 3 novembre 2005
Il était
le dernier
survivant
Il y a un peu plus d’un an, est décédé SergeLampin ancien déporté au camp du Stru-thof, mais aussi le dernier survivant de deux
de ses commandos : Dautmergen, puis Vaihin-gen.
C’est pourquoi il m’est apparu importantde transmettre son témoignage sur sa terribleexpérience.
Les textes entre guillemets sont issus deses mémoires rédigées à l’intention de ses en-fants et petits-enfants en 1984 sous le nom« L’adolescence en bandoulière ».
Jean-Philippe LAMPIN - Capitaine (H) et Chevalier
de l’O.N.M. - Membre du bureau de l’Amicale
Arrive ensuite le Rapportführer SS, celui qui comp-
tabilise les présents à l’appel, vivants ou morts, puisque nous
en verrons tomber définitivement plus d’un au cours d’in-
terminables pauses.
Il aime avant tout frapper et il porte pour cela, en-
roulée autour du poignet droit, une chaînette d’acier qui cin-
gle terriblement, j’en ferai la dure expérience ».
…
« Ayant reçu une louche d’un liquide tiède et une mi-
nuscule tranche de pain, nous devenons de suite terrassiers
car il faut dégager les emplacements pour les futurs blocks.
Il en existe déjà un, situé à droite de l’entrée, mais nous dé-
couvrons qu’il abrite certains privilégiés, les petits amis de
Mundeck, de jeunes garçons d’une quinzaine d’années qui
joueront les mouchards chaque fois que nous tenterons de
nous soustraire aux ordres ».
…
« Quand les trois blocks seront achevés et rempla-
ceront enfin les tentes, notre état va se détériorer de façon
rapide en raison de l’extrême dureté des Kommandos de tra-
vail. Pour ma part, je débute au numéro 4, celui de l’extrac-
tion de l’ardoise bitumineuse, utilisée pour la fabrication
d’un substitut de gasoil pour le groupe Wüste. Après avoir
marché une bonne heure, les SS nous placent l’un à la suite
de l’autre à intervalle d’une dizaine de mètres. Ordre nous
est donné de creuser une tranchée d’un mètre de largeur et de
profondeur.
Les premiers coups de pioche sont faciles, mais la
terre enlevée, le pic saute sur la roche et rebondit dans les
mains. La couche ne peut être retirée que par petites plaques
et c’est épuisant, d’autant qu’il nous faudra extraire 32 tonnes
de pierres pour qu’ils en obtiennent 1000 litres d’un ersatz de
gasoil ! ».
…
« Le pire est que nous ne sommes pas quitte. Sous
prétexte que nous n’avons pas assez travaillé, les châtiments
corporels se succèdent arrivé au camp. Les punis doivent se
placer à cheval sur une caisse et y recevoir de 10 à 50 coups
de nerfs de bœuf, qu’il faut énumérer un à un en allemand ».
…
« Notre solide camaraderie demeurera l’unique
moyen de lutte face à l’adversité présente sous des formes
diverses. Ainsi, quand un gros contingent de russes est ar-
rivé, les rendant majoritaires, ceux-ci nous sont tombés des-
sus pour nous arracher des mains gamelle, et pain. Nous
ferons ainsi l’apprentissage de la vie au milieu de la pire jun-
gle, celle peuplée d’humains devenus féroces ».
…
« Affecté à un nouveau Kommando, la besogne est
rude. Il s’agit de réaliser un embranchement de voie ferrée
sur plusieurs kilomètres. Des équipes sont formées par des
civils allemands qui agissent comme des acheteurs d’es-
claves, nous tâtant les bras et examinant nos dents. Lorsqu’il
s’agira de prendre les rails au bas du remblais et de les mon-
ter, nous manquerons de force et serons frappés ».
…
« La dysenterie est générale, et nous souffrons aussi
d’autres affections. Un matin je me hasarderai à tenter ma
chance pour me faire exempter par le Rapportfüher ne pou-
vant plus remuer la tête en raison d’une kyrielle de furoncles
sur la nuque et du pus qui me coule dans le dos. Pour toute
réponse, il me cinglera à toute volée avec sa chaîne et je serai
retrouvé, inanimé, le cou ensanglanté par mes amis ».
…
« Le travail sur la voie nous use peu à peu, quand ce
n’est pas une fin brutale qui survient comme pour le pauvre
Marcel Champion. Alors qu’il se trouve dans une tranchée,
il aperçoit la cigarette à moitié consumée d’un garde, par
terre. Il se hisse hors du trou, mais aussitôt une détonation re-
tentit et nous le voyons s’écrouler tout en découvrant une
PAGE 2
Mémorial de Schömberg-Dautmergen qui porte le nomde tous les déportés qui y sont décédés
sentinelle, le fusil encore épaulé. Ce drame criminel nous
choque profondément, d’autant que le jeune frère de la vic-
time était présent à nos côtés ».
…
« Nous allions avoir une autre occasion de constater
que pour nos tortionnaires tuer n’était rien. En rentrant au
camp nous découvrons deux rayés, menottes au poignet, avec
l’écriteau « Ich bin zurück ».
Sitôt rassemblés, une harangue nous est servie sur ces deux
évadés, mais le pire est à venir. Un Kapo vient leur peindre
sur la veste, au milieu du dos, un immense rond rouge avant
de les envoyer pour une corvée de nettoyage qui va se trans-
former en chasse à l’homme mortelle.
J’assisterai, un autre jour, au massacre d’un de mes
amis lyonnais par l’immonde Mundeck., la brute s’acharnant
sur lui et le tuant sous mes yeux avec son manche de
pioche ».
…
« Je témoignerai, avec quelques uns des 15 survi-
vants parmi les 1777 déportés de ce camp, au tribunal
siégeant à Rastatt, en décembre 1946. Il y sera condamné
à mort, ainsi que différents SS. Un châtiment qui s’im-
posait en regard de leurs monstrueux forfaits ».
…
« Nous somme maintenant au début de novembre
1944, alors qu’arrivent par trains entiers des matériaux des-
tinés à la construction d’une usine souterraine. Je ferai dé-
sormais un travail de forçat en étant affecté aux wagonnets
que nous devrons pousser, chargés de terre, en haut d’une
rampe pour en basculer le contenu, et ainsi, à longueur de
journée.
Pour nous protéger contre le froid, nous portons à
même la peau un sac de ciment vide, même si c’est interdit.
Toutefois, le cours des choses va se trouver modifié pour cer-
tains d’entre nous ».
…
« A la mi-novembre, le Lagerführer nous annonce la
venue d’une commission d’inspection et nous invite, sans
complexe, à lui faire bonne figure !
Le groupe attendu, constitué de 4 officiers allemands
et deux civils, se rend dans le block 4. Ils en ressortent en
gardant un visage fermé, renseignés par l’odeur infecte qui se
dégage du peu de paille qu’ils ont pu voir. Le responsable du
camp a perdu de sa superbe.
Quelques jours plus tard, arrive un major-médecin
devant lequel nous allons passer. Il va mettre de côté ceux
qui sont le plus atteints, dont je suis, pour nous envoyer dans
un autre camp, dit de repos.
C’est ainsi que je quitterai Dautmergen le 22 no-
vembre avec soulagement mais en y laissant d’excellents ca-
marades. Je ne retrouverai que deux d’entre eux à mon retour
en France ! ».
Vaihingen : Camp du dernier repos.
« Nous arrivons, de nuit, dans le camp, présenté
comme un havre de tranquillité, près de la petite ville de Vai-
hingen an der Enz, le 23 novembre. Le lendemain matin,
nous serons tous conduit vers un petit bâtiment à l’extérieur
du camp qui abrite les douches et une étuve.
Voilà près de trois mois que nous vivons dans la
crasse et cette douche nous fera grand bien, même si nos
frusques ne passeront pas assez longtemps à l’étuve pour en
détruire les poux ».
…
« Nous serons répartis dans deux blocks, en partie
occupés par des détenus juifs, originaires pour la plupart de
Radom en Pologne. Notre cohabitation se passera assez bien.
Nous ne partons plus en Kommando, car nous devons déga-
ger les routes environnantes de la neige. Nous souffrons
d’engelures. Mes plaies au cou continuent à suppurer et je
sens la glace commencer à s’y former. L’infirmier, un char-
cutier de métier, m’incisera alors avec une lame aiguisée ».
…
« Conserver le moral était difficile, mais indispen-
sable dans ce monde concentrationnaire. Nous arriverons
ainsi à la nuit de Noël dans le plus complet dénuement et je
prierai pour notre salut ».
…
« En janvier 45 notre santé se dégrade terriblement
en raison des efforts surhumains mis en œuvre pour effec-
tuer le moindre travail dans la neige. Or, la situation va de-
venir encore plus catastrophique avec l’arrivée du typhus. Le
boc va être transformé en un champ clos.
L’air chargé de miasmes devient épouvantable et,
vers le 20 février, je contacte à mon tour le typhus ».
…
« Après une période de complète inconscience, je
vais m’en tirer et retrouver deux camarades qui me diront
« voilà huit jours que tu es parti, et comme tu ne nous re-
connaissais pas, nous avons mangé ta part de pain ». Je com-
prends alors pourquoi je suis si faible, incapable de
descendre seul les marches du block. Je ne veux toutefois
pas rester sur la paillasse toute une journée, signe, d’une fin
inéluctable ».
…
« Les allemands qui ne pénètrent plus dans le camp
ont planté un panneau indiquant « Gefahr Typhus ». Un jour,
une entreprise civile arrive avec des grandes bouteilles du
genre Air Liquide et nous partons vers les douches, pour la
seconde fois seulement.A notre retour, nous découvrons une
haute pile de cadavres entassés à l’extrémité du couloir.
Même si nous avons perdu de notre sensibilité ceci nous
cause un sérieux choc.
Tous ceux qui n’avaient pu quitter leur place, ce que
seule m’a volonté m’avait fait réaliser, ont été gazés sans ré-
mission. Ils seront plus d’une cinquantaine à avoir péri ! ».
…
« A la fin mars, des chasseurs anglais viennent nous
arroser, mais les pilotes sont précis et se sont les baraques
SS qui prennent. L’échéance finale paraît se rapprocher, mais
la liberté nous sera refusée car c’est le chemin de Dachau
que les allemands vont nous faire prendre.
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Le dimanche de Pâques nous serons enfermés à 90
par wagon pour connaître le pire des transports. Nous rece-
vrons 2 rations de pain qui vont constituer notre seule nour-
riture pour 4 jours pendant lesquels nous serons enfermés.
Nous roulerons par à coups, restant à l’arrêt des heures du-
rant ».
…
« Au matin du deuxième jour nous avons déjà 10
morts, la soif devient atroce et ce seront trente morts que
nous compterons le lendemain. Ce nombre se serait sans
doute accru si nous n’avions eu la chance extraordinaire de
stationner à côté d’un convoi de prisonniers américains. Ils
découvriront, effarés, notre maigreur cadavérique et essaie-
ront de nous envoyer des boules de pain et des biscuits. Cer-
tains nous parviendront avant que les allemands, alertés par
le vacarme, ne s’interposent ».
…
« Le douloureux périple se termine le 4 avril et cette
fois-ci le train nous amène directement à l’intérieur du camp.
Nous retrouvons là quelques uns des amis quittés en sep-
tembre qui sont abasourdis en découvrant le nombre de dis-
parus et notre état pitoyable.
Nous terminons au block 20, très surchargé, où il
faut s’entasser à quatre par paillasse. Les moindres choses
sont mises en commun, à commencer par notre unique ga-
melle car les récipients manquent.
Nous mangerons donc en prenant le même nombre
de cuillérée, à tour de rôle ».
…
« Autrement, les journées sont très longues, étant de-
hors dès 5h du matin. Les poux sont aussi légion dans le
camp où le typhus sévi également.
Apartir du 25 avril, une grande excitation règne dans
le camp, des bruits fantaisistes circulent sur la libération,
mais nous recevons toutefois un colis. Revenant après la dis-
tribution, nous subissons l’attaque de tous les affamés. Des
légumes secs et des haricots tombent du mien. On aurait été
bien incapable de les faire cuire ! De nos quatre colis, arri-
vés dans la chambrée, il ne restera qu’un peu de chocolat, du
pain d’épices et … deux boîtes de sardines ».
…
« Le 28 avril des explosions secouent tout le camp.
Le 29, à cinq heures, un cri jaillit partout « les américains
sont là ». Sortant des baraques, nous voyons nos libérateurs
près de 7 ou 8 SS, morts au pied du mirador. Bien que libé-
rés, les barbelés vont demeurer infranchissables en raison du
typhus.
Nous n’aurons rien à manger jusqu’au lundi.
Comme si j’avais attendu la libération, je me sens
de nouveau très faible, et, après le défilé du 1er mai, je som-
bre dans une semi-inconscience. Je me réveillerai seulement
cinq jours plus tard dans un lit de fer de l’ancien camp SS qui
sert d’hôpital. Je ne pourrai être évacué, qu’après avoir at-
teint les …40 kilos, dans l’ultime groupe qui partira le 27
mai ».
Postface :
Le 7 juin, Serge Lampin, âgé de 19 ans et demi, ar-
rive à Malakoff, près de Paris, pour rejoindre sa mère. L’an-
née suivante, il rencontre Renée, une voisine âgée d’un peu
plus de 17 ans, qu’il épouse en 1947. En 1948, naît Jean-Phi-
lippe, en 1952 Hervé et en 1964 Brigitte.
Il est décédé le 5 février 2011, âgé de 85 ans,
quelques mois avant de fêter ses 64 ans de mariage et d’un
bonheur sans faille malgré les terribles cauchemars qui
avaient peuplé ses nuits et celle de son épouse. Ceci au mi-
lieu de très graves ennuis de santé récurrents.
Après avoir pris sa retraite, il avait animé, de 1982
à 1988, le « Centre national d’études Edmond Michelet » de
Brive, installé dans la maison familiale de ce grand résistant,
lui aussi ancien de Dachau.
Il s'était ensuite rendu régulièrement en Allemagne
pour y faire des conférences, afin d'y décrire - grâce à son
allemand courant - la vie réelle dans les camps. En ce sens,
le débat l'ayant opposé, en octobre 1991 à Erwin Dold, l’un
des responsables du camp de Dautmergen acquitté en 1946
pour y avoir - soi-disant - fait preuve d'humanité, restera dans
les mémoires.
Il est intervenu, au cours des vingt dernières années,
dans de nombreux établissements scolaires du Poitou pour
raconter sa terrible adolescence et inciter à une réflexion sur
les comportements humains. De même, ses conférences
concernant la résistance et la déportation données au sein de
l'Ecole de Gendarmerie de Châtellerault auront marqué des
dizaines de promotions et des milliers d’élèves gendarmes.
Membre très actif de l’association « Initiative Ge-
denkstätte Eckerwald », il avait œuvré au sein de celle-ci - y
compris financièrement – à partir de 2004 afin de faire réa-
liser, quelques années plus tard à Schömberg, le monument
en souvenir des déportés de Dautmergen.
Il était Officier de la Légion d’Honneur, titu-
laire de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre
avec une palme, ainsi que la Médaille de la Résistance
et de plusieurs autres décorations liées à la résistance
et à la déportation.
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Jean-Philippe Lampin avec ses parents
Là-haut
Quand je dis que mon père a été déporté, on mepose toujours les mêmes questions :
– Il était juif ?
– Non.
– Communiste ?
– Non. Il était résistant, et déporté NN au
Struthof.
Il faut alors expliquer le sens du sigle, et ce qu’était
le Struthof. Etonnant le nombre de français, aujourd’hui en-
core, qui ne savent rien sur ce camp. Un camp nazi situé sur
le territoire français ? Oui, en Alsace annexée. Ils n’en re-
viennent pas.
Etonnant, aussi, que j’ai attendu si longtemps
avant de me rendre sur les lieux. Sans doute parce
que chez nous, on n’en parlait presque jamais.
Les déportés, dit-on, se confient plus facile-
ment à leurs petits enfants qu’à leurs enfants.
A la fin de sa vie, tout de même, mon père
m’a laissé enregistrer nos conversations.
Et aujourd’hui que je connais la to-
pographie du camp, je “vois” mieux ce qu’il
me racontait, par exemple, sur la corvée de
glace.
“Il nous fallait casser la glace de la ferme
jusqu’au camp, pour que les camions puissent mon-
ter.
– Avec des piolets ?
– Avec les outils habituels. On n’avait pas trente-six
sortes d’outils : pelles, pioches et brouettes.
On attaque donc un lundi. En rang trois par trois et
on casse la glace. Pas de coups distribués jusqu’au moment
où l’on voit monter Fernandel.Arrivé à notre hauteur, il hurle
– Ah bande fainéants !Attendez, je vais me changer
et je reviens. Je vais m’occuper de vous”.
Le Lorrain, à côté de moi, servait de traducteur. En
moi-même je pensais, eh bien qu’est-ce qu’on va voir tout à
l’heure.
Effectivement. Quelques minutes après, il arrive en
tenue de combat, avec son berger allemand, le plus féroce de
tous les chiens du chenil. Premier geste - il faisait ça tous les
matins- il donne un coup, la pioche tombe, et il garde le
manche à la main. C’était des manches cylindriques, des
manches plus gros à une extrémité qu’à l’autre et là, il s’at-
taque au kapo, qui était un brave garçon, un luxembourgeois,
il lui tape dessus en gueulant. Comme ça n’allait toujours pas
assez vite, il lance son chien contre lui. Le chien lui chope les
parties sexuelles et le kapo roule en hurlant sur l’accotement.
Il ne se relèvera pas.
C’était un principe chez Fernandel : celui du milieu
était désigné automatiquement, c’était lui qui devait donner
la cadence. Le premier, au milieu, il le désigne pour rempla-
cer le kapo, et il fait serrer les rangs.
Celui du deuxième rang passe au premier, celui du
troisième au deuxième etc...
Le nouveau, c’était pas un costaud. Il lui fiche un
coup de manche de pioche sur son bras levé. Lui casse le
bras. Evacué sur le talus, également. D’un coup de pied, il a
fait éclater le foie d’un autre, qui s’était baissé. Allez, mort.
Lui non plus n’allait pas assez vite.
Il était bientôt midi, on approchait du camp...
On remontait donc. Fernandel tenait son chien en
laisse d’une main et de l’autre son manche de pioche qui lui
servait de canne. Un petit chemin, sur la gauche, menait au
chenil.Alors - chose qu’il ne faisait jamais - il décide de nous
laisser continuer seuls. Sous la surveillance d’un kapo, évi-
demment. Comme il voulait se débarrasser de son manche
de pioche, il le tend au gars qui était à côté de moi, mais le
pauvre ne comprenait pas, alors il lui en fout un bon coup sur
le nez. Nez cassé. Le massacre s’est arrêté juste avant moi.
La chance que j’ai eue...”
Le pèlerinage coïncidait, à quelques jours près, avec
le Solstice d’été. Il faisait un temps magnifique, et
devant la beauté du paysage on éprouvait un cu-
rieux sentiment de trouble mêlé d’incrédulité.
Comment une telle splendeur avait-elle pu
abriter une pareille barbarie? Sans doute un
paradoxe typiquement nazi.
La Veillée funèbre s’est déroulée dans la lu-
mière d’un soir de juin qui n’en finissait pas.
Le chant des Partisans et le Chant des Marais
prenaient toute leur ampleur en ce lieu
“chargé”, tout comme la sonnerie aux Morts, et
son écho au bas du camp et dans la Nécropole...Par
timidité, j’ai hésité avant de m’avancer pour prendre le flam-
beau et puis, quand je l’ai saisi, et surtout quand je l’ai passé,
j’ai compris que pour moi, et pour tous les enfants de dépor-
tés, c’était plus qu’un symbole. Transmettre la flamme est
devenu un devoir, et un devoir urgent.
Beaucoup aimé revoir “Au plus profond de la Nuit”
Je l’avais déjà vu à Chenôve, mais, au Struthof, j’ai eu l’im-
pression que le montage avait été resserré.
– Vous n’êtes pas la première à faire cette remarque,
me dit Jean-Marc Bordet, le réalisateur.
Evidemment, la première fois, le spectateur est tendu
dans la volonté de ne pas perdre un mot de tous les témoi-
gnages. Par la suite, il peut noter aussi la rigueur du mon-
tage, son mouvement de crescendo, jusqu’au cri de Robert
Salomon, qui vibrera longtemps dans nos mémoires.
– La déportation, elle est à nous !
J’ai vu et revu ce beau film, qui a pour moi un inté-
rêt supplémentaire : je peux enfin mettre des noms sur les vi-
sages, des visages sur les noms des déportés.
C’est une façon de faire, de loin, la connaissance de
Pierre Rolinet, Jean Boudias, d’Alex Lapraye, si bien que le
prochaine fois, au milieu d’eux, je me sentirai vraiment en fa-
mille ! Jacqueline Demornex
PS : Un grand merci à Max Marlot, (dont le père était unami du mien) pour avoir présenté ma candidature au Conseild’administration.
La casemate A du Fort de Queuleu saccagéeLa casemate A, qui abrite le musée de l’Amicale des anciens déportés du Fort de Queuleu à
Metz, a été la proie de vandales. Vitrines cassées, drapeaux brûlés et mannequins éventrés.
Les dégâts sont énormes. (Extrait du Républicain Lorrain en date du 12 mars 2012).
Ça n’est pas la première fois que l’on se faitvandaliser mais là, c’est la pire de toutes !» Encore sous le choc,Alphonse Canadas,
vice-président de l’amicale des anciens déportésdu Fort de Queuleu, et son épouse France, secré-taire de l’amicale, sont sous le choc.
Hier après-midi, alors qu’ils s’apprêtaient à ac-cueillir un groupe d’étudiants américains pourleur faire découvrir cette casemate, le vice-prési-dent et son épouse ont découvert que les lieuxavaient été vandalisés. Inscrite à l’inventaire sup-plémentaire des Monuments historiques en fé-vrier 1970, la casemate A abrite le musée del’Amicale des anciens déportés du Fort de Queu-leu à Metz.
Vision de désolation
Fort militaire de la première ceinture fortifiée deMetz, le « Feste Goeben » est construit entre1868 et 1870. Pendant la drôle de guerre, il ser-vit de poste de commandement pour les troupesde la ligne Maginot. Réinvesti par les troupes allemandes en juin 1940, il fut utilisé comme camp de détention nazi durantla Seconde Guerre mondiale. Entre 1 500 à 1 800 personnes y ont été internées, 36 prisonniers y sont morts et quatre ont pus’évader. Le 20 novembre 1977, un musée et un mémorial de la Résistance et de la Déportation y ont été inaugurés.
« J’avais à peine ouvert la porte quand j’ai immédiatement senti cette odeur de brûlé, ra-conte le vice-président. En descendant l’escalier, j’ai vu que des barrières avaient été ren-versées. » À l’intérieur du bâtiment, c’est une vision de désolation qui l’attend, lui et sonépouse. Mannequins éventrés, drapeaux français brûlés, panneaux arrachés, lampes etvitrines renversées et cassées. Rien n’a été épargné. Même les châlits (paillasses), venusdu camp de déportation du Struthof (Bas-Rhin), ont été saccagés.
«Le lieu a déjà été vandalisé à plusieurs reprises, mais jamais à ce stade-là, poursuit lecouple de bénévoles qui fait régulièrement visiter le site à des groupes. La dernière fois,c’était il y a sept ou huit mois. Apparemment, cette fois, ils sont passés par une coursivesur le côté nord de l’édifice. Nous avons découvert qu’un mur a été brisé à l’extrémité ».
« Du vandalisme pur ! »
Si aucun vol n’est à déplorer, apparemment, les dégâts sonténormes. « C’est du vandalisme pur de gens qui n’ont aucunrespect ! », lâche le vice-président la gorge nouée. Dans lapièce servant de musée, un poteau a même été descellé. « Ladernière fois que nous sommes venus, mardi dernier, il n’y
avait rien de particulier à signaler. Au premier étage, ils ont brûlé des archives de journaux dedéportés. J’en ai les larmes aux yeux en voyant tout ça. C’est vraiment terrible ». Dans un localservant d’entrepôt pour du matériel, le constat est tout aussi affligeant. Même l’huile de tronçonneuse a été renversée au sol.« Pourquoi agir de la sorte ? », s’interroge Alphonse Canadas. « Ils ont eu de la chance, renchérit le bénévole. En passantpar le premier étage, ils ont dû marcher sur le plancher qui est très vermoulu. Je n’ose même pas y passer tant le danger estgrand. » Un policier de l’identité judiciaire s’est rendu sur place pour procéder à des constatations et relevés en vue de l’en-quête. Une plainte a été déposée au commissariat de Metz. « Tout est brisé, c’est affreux ! J’aimontré aux étudiants américains, ce qui était encore un peu visitable, précise France Canadas.Ils ont vu que mon mari et moi étions très choqués à tel point qu’ils nous ontspontanémentproposé de venir nous aider à déblayer tout ça dans la semaine. » Et le vice-président deconclure : « Pour le moment, nous allons devoir annuler toutes les visites prévues. Il va falloirdu temps pour remettre les lieux en ordre, sans compter que certaines dégradations sont diffi-cilement réparables. Là, c’est le saccage de trop ! »
Delphine DEMATTE.
À l’intérieur de la casemate A du Fort de Queuleu, tout a été saccagé,brisé, cassé et renversé. Même les drapeaux français accrochés au muront été incendiés. Photo Gilles WIRTZ.
RAPPORTMORAL
ET D’ACTIVITES
Messieurs les Maires,
Monsieur le représentant de l’ONAC
Mesdemoiselles, mesdames, Messieurs, chers amis et camarades.
C’est pourquoi notreAmicale alliée à la municipalitéde CHENÔVE peut légitimement se féliciter du travail encommun, sous la férule de Jean-Marc Bordet réalisateur et deson Maire Jean Esmonin, pour la réalisation et la sortie dufilm : «Au plus profond de la Nuit » les derniers témoins ducamp de Natzweiler-Struthof. Belle création et réussite pourcontinuer à lutter contre l’oubli. Ce film présenté pour la pre-mière fois le vendredi 22 octobre 2010 devant 400 personnesà sa sortie à Chenôve à fait l’objet de compte-rendu élogieuxdans la presse. Il fut ponctué par le Chant des Marais fre-donné par Jean Villeret en générique de fin, et a laissé unlong silence envahir la salle au retour des lumières. Une ren-contre-débat s’en est suivie animé par Ivan Levaï avec la pré-sence de Pierre Rolinet notre président entouré de HenriMosson, Jean Boudias et Jean Villeret tous témoins dans cefilm.
Le lendemain 23 octobre une table ronde sur lethème « Résistance et Déportation, les enjeux de la Mémoire» avec Valérie Drechsler (directrice du CERD) ; Yves Les-cure (directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Dé-portation) ; François Marcot (professeur émérite desuniversités), auteur du « Dictionnaire historique de la Résis-tance » ; Robert Steegmann (professeur agrégé), auteur de «Le Camp de Natzweiler-Struthof » ; Serge Wolikow et JeanVigreux (professeurs des universités), auteurs de « Les Com-bats de la Mémoire : la FNDIRP de 1945 à nos jours » futd’une très grande tenue tant l’attention du public fut à la hau-teur des débats.
Depuis sa sortie, il fut de nouveau projeté à Lyonavec la participation de Robert Salomon et Jean Boudias.Puis en Côte-d’Or avec Henri Mosson. Il le sera à Chalon-sur-Saône le jeudi 10 novembre de cette année.Anous d’œu-vrer pour en faire un rendez-vous réussi qui restera marquédans les mémoires.
Tous les membres du Bureau présent à Chenôve cematin-là, se réunirent pour régler différents problèmes et enautre ceux relatifs aux subventions accordées à hauteur de2000 euros à l’Association Rodéo d’âme de Strasbourg.Groupe artistique consacré au devoir de mémoire, sa res-ponsable, Claire Audhuy, écrit, expose et met en scène plu-sieurs œuvres qu’elle présente à travers l’Alsace et même àParis.
Une année vient de s’écouler depuis notre dernière
Assemblée Générale et nous voilà réunis à nou-
veau pour perpétuer cette rencontre tant atten-
due des anciens survivants du Struthof et l’ensemble des
veuves, épouses, enfants, petits enfants et amis qui consti-
tuent sans nul doute, la grande famille de la Déportation.
Quelles joies partagées à nous voir tous réunis en celieu, au combien, chargé de funestes destins.
Et si dures que soit les souffrances endurées, commel’a dit cet immense écrivain et l’un des vôtres qui vient dedisparaître, Jorge Semprun : « Buchenwald avait été bâti sur
la colline de l’Ettersberg, où jadisrêvait Goethe » écrira-t’il 50ans plus tard. L’écrivains’est construit dans lalutte, l’exil, l’expérienceconcentrationnaire et larésistance au fran-quisme. Il fut ministrede la Culture et acadé-micien du Goncourt.Ces œuvres engagéeset sa figure morale, una-nimement respectée leplacent parmi les grandes
figures du XX siècle. Com-ment vivre « quand on revient du
néant » « et comment écrire à partir dece néant » la vie vaut d’être vécue aux paroxysmes de nos fi-bres, pour continuer à témoigner de ce que fut l’universconcentrationnaire nazi. Celui que vous avez enduré durantde longs mois dans le froid, la faim, la maladie, la peur, lamort qui rôde et survient à chaque instant pour bon nombrede déportés.
Vous seuls qui en êtes revenus, peuvent en témoi-gner. Et vous seuls peuvent attester de la véracité des faitspar le biais de vos écrits, de vos dessins, de vos récits orauxfigés pour toujours dans des moyens audio et vidéo, afin queles historiens, les jeunes générations, qui veulent compren-dre, analyser et être des passeurs de mémoires, puissent lefaire sans crainte d’être contredit demain, par les négation-nistes de tous poils.
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Puis une seconde subvention de 3000 euros pour laparticipation à la construction d’un musée, en cours de réa-lisation à Neckarelz, l’un des Kommandos du KL-Natzwei-ler situé à l’embouchure de l’Elz, dans le Neckar. L’Amicalesera présente à l’inauguration qui est prévue le samedi 15 oc-tobre. C’est dire aussi toute l’attention que nous portons autravail de mémoire dans des disciplines différentes mais ohcombien complémentaires.
Dans le même temps ou nous constatons une dispa-rition inexorable de nos déportés dû à l’âge, la maladie, nousenregistrons avec satisfaction la venue dans notre Amicalede filles et fils de déportés issues de la seconde, voir 3ème gé-nération.
C’est ainsi que nous accueillons aujourd’hui :
M. Jean-Philippe LAMPIN, fils de Serge LAMPINdéporté et récemment décédé.
Mme Jacqueline DEMORNEX, fille de déporté dé-cédé.
Et tout naturellement Valérie DRECHSLER que toutle monde ici à pu apprécier durant les 6 années passées à ladirection du CERD.
Si vous le souhaitez, et comme je le pressens, vouspourrez apporter vos suffrages à leurs candidatures sur la listedu nouveau Conseil d’administration, qui vous sera soumis,lors du vote à intervenir tout à l’heure.
Au mois de janvier est paru le bulletin de l’Amicaleenrichi d’un très beau texte d’une jeune étudiante JohannaJULE, étudiante de BTS Muc 1ère année du Lycée Charles-de-Gaulle de Vannes 4/2010. C’est une lettre commémorativeà la mémoire d’Eugène MARLOT, qui fut retenue et priméelors d’une manifestation à Paris et concrétisée par une céré-monie à l’Arc-de-Triomphe. Comme plus de 45000 partici-pants au Concours national de la Résistance et de laDéportation où cette année, Pierre Rolinet et moi-même fu-rent conviés à la cérémonie de remise des prix au MémorialCharles-De-Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises.
Bien sûr l’ensemble des membres du bureau ont, àquelque titre que ce soit, participé aux nombreuses cérémo-nies qui commémorent la résistance et la déportation et lesmultiples assemblées de nos Fédérations respectives, quesont l’UNADIF ou la FNDIRP. Et cela, tout au long de l’an-née, pour sans cesse témoigner, et témoigner encore. Mentiontoute particulière à nos deux Parisiens, Naftali Skrobek etJean Villeret présents autant que faire ce peu à toutes les ma-nifestations sur Paris. Qu’ils en soient publiquement et vive-ment remerciés, pour leur dévouement sans cesse réaffirméeà la cause de la déportation.
Mais que dire de ces innombrables dérapages ver-baux et prise de positions politiques pour réhabiliter le na-zisme, l’hitlérisme ? Et en atténuer la portée. J’en veux pourpreuve la montée des mouvements d’extrêmes droites dans
presque tous les pays de l’Europe. Dont la France naturelle-ment. Des faits marquants en un mois d’intervalle.
• Lars Von TRIER, réalisateur danois, lors du Festivalde Cannes au cours d’une conférence de presse pour la pré-sentation de son film en compétition : « Mélancholia » : cedit, comprendre Hitler, concluant la conférence avec cettephrase choc : « Ok je suis un nazi, je dis seulement que jecomprends l’homme. Il n’est pas vraiment un brave type (…)mais je sympathise un peu avec lui, avait-il déclaré « je suisavec les juifs bien sûr, mais pas trop parce qu’Israël fait vrai-ment chier » a-t’il enchaîné devant une assistance gênée.
• Un projet fait polémique en Belgique, sur l’amnistiedont pourraient bénéficier ceux qui ont collaboré avec l’oc-cupant allemand durant la deuxième guerre mondiale, ainsique leurs descendants. Notamment parce que le ministre dela Justice, Stéfaan De Clerck, à souligné, dimanche 15 mai,sur la chaîne publique francophone RTBF, qu’il fallait selonlui « être prêt à oublier » cette période. Il faut se comporteren adulte et considérer que c’est du passé. Ceci après la priseen considération d’une proposition de loi du Vlaams Belangparti nationaliste flamant d’extrême droite approuvée auSénat le 12 mai. « Amnistier n’est pas réconcilier, mais biennier le passé » c’est un désaveu de l’action et l’engagementde ceux qui au péril de leur vie, ont mené des actions de ré-sistance contre l’occupant et ont contribué à aider les vic-times du nazisme.
Au cours de l’hiver 2010/2011 des croix gamméessont tracées sur plusieurs habitations de personnes de cou-leur en Alsace.
Tentatives de concert nazi en Franche-Comté etLyon. J’en passe et des meilleurs.
Plus que jamais restons vigilants sur l’avancée duFront National, et menons les combats pour promouvoir lesvaleurs qui sont les nôtres : la Paix, les droits de l’Homme,la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie etla xénophobie. Le négationnisme est toujours renaissant.
Dans cette grisaille de faits stupéfiants il est bon desouligner qu’en janvier 2011, Angéla Merkel a commémoréle génocide dont furent victimes sous le IIIe Reich entre 205et 200 000 Roms et Sintis. En France on les chasse.
Il y aurait tant de choses à dire sur tous ces sujetshautement importants et d’actualité, mais le temps m’estcompté comme à vous tous qui prendraient la parole.
Je vous remercie de votre attention.
Le secrétaire :
Yves BOUDIAS
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Association des professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG)
Nous publions leManifeste des Etats généraux de l’Histoire et de Géographie qui a été adopté par
le Comité national de l’APHG le dimanche 30 janvier 2012. Nous demandons à nos adhérents de le
faire connaître auprès des élus, des syndicats, des parents d’élèves, des medias (presse écrite,
radios et TV) , des autorités académiques, des Associations de Résistants et de Déportés.
Le Bureau National de l’APHG
MANIFESTE DES ETATS-GENERAUX DE L'HISTOIRE-GEOGRAPHIE
Dimanche 29 janvier 2012
L'enseignement d'Histoire-Géographie à toutes les générations, de l'école élémentaire au
baccalauréat, est la fierté de la République. Les professeurs d'Histoire et de Géographie sont les
porteurs de cette mission que la nation leur a confiée. Le niveau de démocratie dans un pays se
mesure à la place qu'il réserve à l'enseignement de l'Histoire et de la Géographie pour les futurs
citoyens.
Réunis à l'appel de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie le samedi 28
janvier 2012 à Paris,
les Etats-Généraux s'insurgent contre
1. la suppression de l'enseignement obligatoire de l'Histoire et de la Géographie en terminale S à
la rentrée 2012 ;
2. la diminution continue de la place et des horaires de l'Histoire et de la Géographie , matières
fondamentales, à l’acquisition d’une culture républicaine ;
3. la mise-en-place de programmes qui ne permettent pas de maîtriser les repères fondamentaux
nécessaires à la poursuite des études supérieures et à l'insertion dans la vie professionnelle ;
4. la dégradation des conditions de préparation des étudiants aux concours d'enseignement ; la
quasi-disparition de la formation des professeurs débutants et de la formation continue.
L'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographe, en conséquence, exige
1. le rétablissement immédiat de l'enseignement obligatoire d'Histoire-Géographie validé par une
épreuve au baccalauréat en terminale S ;
2. des horaires nationaux décents à tous les niveaux ;
3. des programmes intelligibles, réalisables par tous les élèves et aptes à structurer leur
raisonnement ;
4. une formation réelle pour les professeurs débutants, incluant une année de stage ; le
rétablissement d'une formation continue pour tous les personnels, financée par l'Etat.
La satisfaction de l'ensemble de ces propositions répond aux exigences d'une école
républicaine et d'une éducation à la citoyenneté.
Plus de 5000 personnes ont visionné
ce très beau DVD
relatant la vie des derniers survivants
du Camp de Natzweiler-Struthof
En vente au CERD au prix de 15 euros
Chenove
Lyon
Chalon-s
ur-Saône
Santenay
Strasbou
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