#7: Les Nouvelles Technologies au service du developpement

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Dans cette edition, l'equipe d'Inspire Afrika Magazine vous presente comment les nouvelles technologies de l'information et de la communication contribue au developpement de l'Afrique

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SOMMAIRE

1 EDITORIAL 2 INSPIR’ NEWS 4 COUP DE COEUR La CardioPad, Solution aux problèmes de santé

8 INSPIR’ ASSOCIATION Découvrez l’association USHAHIDI

12 INSPIR’ INTERVIEW Ismael Nzouetom vous présente SARA

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SOMMAIRE18 OSER INSPIRERRendez-vous avec les Kongossa Web Series !

23 INSPIR’ ECONOMICS Google en Afrique

30 INSPIR’ THOUGHTS Oumarou Barry partage son opinion sur les TIC en Afrique

32 4 QUESTIONS A Piamm Technologies, pour FINETA, outil comptable en ligne

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Délicieuses triplées africainesDroits d’images: 54 Kingdoms LLCPhotographe: Jonathan Bailey Photography (New Haven, CT)De gauche à droite: Samera Hamidu, Joey Iyalekhue, Ashanna Arthur

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2013. ANNÉE NUMÉRIQUE POUR LE CONTINENT ?

Njorku, VMK, Wontanara, CardioPad, Piamm Technolo-gies… Il ne s’agit pas simplement d’une liste de mots incom-préhensibles. Leur point commun ? L’innovation online.Depuis quelques années, le continent africain « croule » lit-téralement sous les initiatives entrepreneuriales sur le web. Bien que l’Afrique Anglophone dispose d’un temps d’avance, les francophones ne sont pas en reste non plus dans le do-maine. On constate donc tous les jours, et avec plaisir, que le continent regorge d’idées, toutes plus originales les unes que les autres.

L’arrivée et le succès fulgurant des nouvelles technologies sont à l’origine de ce pseudo boom. Pseudo boom car en eff et, les initiatives, ont toujours été présentes, mais les moyens de les met-tre en lumière étaient eux, quasi inexistants.Aujourd’hui, l’Afrique dispose d’un potentiel technologique impressionnant. Potentiel qui né-cessite, bien sûr d’être exploité à bon escient. En attendant, le continent est le plus consom-mateur de technologie mobile au monde. Additionnez ceci au déploiement rapide des Smart-phones sur place, et vous obtenez un accès à Internet plus rapide, plus diff us, simplifi é. Nous ne sommes donc qu’aux prémices de l’aventure technologique africaine.Résumons : un potentiel technologique présent, des jeunes entrepreneurs prêts à s’investir et des idées. BEAUCOUP d’idées. Dès lors, pourquoi à la fi n de la journée ne voit t-on qu’une infi me partie de ces projets se réaliser?Plusieurs facteurs pourraient expliquer cela, pourtant, je suis convaincue que le manque d’infrastructures reste notre talon d’Achille. En Afrique francophone surtout, les gouvernements traînent encore la patte. A quelques exceptions près comme AKENDEWA ou ACTIVSPA, le continent a désespérément besoin de Tech Hubs, d’incubateurs et autres parcs technologiques, pour accélérer la création et la mise sur pied de toutes ces Start up pourtant existantes sur le papier.Néanmoins, nous avons toutes les raisons d’être optimistes. Les entrepreneurs du web com-mencent à être pris en considération. La présence de Google sur le continent depuis 2011 par exemple, constitue un excellent moyen pour eux de faire connaître leurs projets.Vous découvrirez donc ce mois, une sélection de ces entrepreneurs d’un nouveau genre. Vous connaitrez leur identité, leur profi l, et leurs perspectives.Alors, 2013 année du numérique en Afrique ?Pour l’heure, toute l’équipe d’Inspire Afrika et moi même vous souhaitons une excellente année 2013 !

Bonne Lecture! Joan Y.

EDITORIAL

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INSPIR’ NEWS

SPEED AFRETIS

L’association AFRETIS a organisé le 7 Dé-cembre dernier à Paris, la première édi-tion du Speed Afretis. Un dîner convi-vial basé sur le concept du speed dating, au cours duquel les participants ont pu faire de nouvelles rencontres et étoffer le réseau relationnel. Une initiative origi-nale que nous encourageons vivement !

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INSPIR’ NEWS1,2,3, GO CIRKAFRIKA !

Le Cirque Phénix a choisi cette année de célébrer le continent à travers un spectacle riche et rythmé, autour d’une mise en scène de la découverte de l’Afrique. 45 artistes africains, des numéros tout aussi impressionnants les uns que les autres, plongez au cœur de l’Afrique et VOYAGEZ !Retrouvez Cirkafrika jusqu’au 13 Janvier à Paris, et en tournée dans toute la France, en Bel-gique et en Suisse. Pour plus d’infos, consultez www.cirquephenix.com

SUKAABÉ TVLa première chaîne de Télévision sénégalaise pour enfants

La Direction générale de la société de Productions Audiovisuelles pour Enfants, Sukaabé Média Services, a annoncé ce mardi 25 Décembre, jour de Noël, le lan-cement à Dakar, en janvier 2013, de la première chaine de télévision sénéga-laise exclusivement dédiée aux enfants. Selon les dirigeants de la chaîne, la créa-tion de SuKaabé TV contribuera à enra-ciner les enfants dans leurs traditions et leur cultures, dans un contexte où les médias et les NTIC participent fortement à les éduquer et à les socialiser.

Au programme sur SuKaabé TV (qui sera diff u-sée au Sénégal et sur Satellite) : Dessins animés, séries TV, journal des enfants, documentaires, jeux d’esprits, et bien d’autres surprises!Voilà une bien jolie façon de commencer l’an-née pour nos bouts de choux!

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Notre Rubrique Coup de Coeur n’a jamais aussi bien porté son nom. Arthur Zang, ingénieur en informatique et génie logiciel diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique du Cameroun a mis sur pied la Cardio Pad, une tablette d’un nouveau genre, puisqu’elle permet de faire des examens cardio vasculaires à distance.

D’ingénieur à Chef d’entreprise

Il y a 2 ans, Arthur Zang, était un jeune diplômé de polytechnique Yaoundé (Cameroun), où il est devenu par la suite chercheur en ingé-nierie biomédicale jusqu’en Mars 2012. Ses recherches lui ont permis d’identifier les prob-lèmes récurrents auxquels sont confrontés les populations. En effet, de nombreux Camerou-nais habitent dans des zones isolées, dépour-vues de centres de soins. Se faire soigner dans ces conditions relève dès lors du parcours du combattant, car ces populations doivent effectuer des milliers de kilomètres, à la re-cherche de traitements.

Pour remédier à cette situation, Arthur Zang

décide, – aidé par quelques ingénieurs et médecins – de créer la société Himore Medi-cal. « Himore Medical est une entreprise qui conçoit, développe des applications et fab-rique des systèmes embarqués à usage mé-dical» nous confie-t-il. Il continue en disant : « Notre mission est de trouver des solutions technologiques aux problèmes de santé pub-lique les plus dévastateurs en Afrique tels que les maladies cardio-vasculaires, la malaria et bien d’autres encore ». Cette compagnie, qui compte cinq employés et qui travaille en col-laboration avec le gouvernement Camerou-nais, se spécialise dans la confection de maté-riel médical permettant de faire des examens à distance.

COUP DE COEUR

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Un problème, une solution : La CardioPad

Le Cameroun est un pays de 20 millions d’habitants, ne comptant que 30 cardiologues inégalement repartis sur le territoire. En d’autres termes, on compte seulement 1 car-diologue pour plus 660 milles habitants. De plus, plus de la moitié des Camerounais n’ont pas les moyens de se rendre dans les grandes villes où se trouvent la majorité des hôpitaux équipés, et donc des cardiologues. Himore Medical a donc toute sa place dans un envi-ronnement tel que celui-ci. LA solution est par conséquent toute simple : Trouver un appareil pouvant faire des examens cardiaques aux cit-oyens vivants dans les coins reculés du pays. C’est de là qu’est née la CardioPad. Dévelop-pée depuis 2010 et assemblée au Cameroun, la CardioPad dispose de fonctionnalités bien particulières.

Comment ça marche ?

Tout d’abord, la CardioPad permet de réaliser des examens du type Electrocardiogramme. « Cette tâche consiste à acquérir le signal cardi-aque qui vient du patient, le numériser, le trait-er, l’afficher et l’imprimer en tant que rapport d’examen » nous explique Arthur Zang. Ce rap-port d’examen sera transmis par GSM au cardi-ologue se trouvant dans une ville différente. La CardioPad apporte aussi des éléments d’aide au diagnostic du Cardiologue en extrayant les informations nécessaires à présenter au car-diologue. Enfin, toutes les informations liées audit examen sont stockées dans la tablette et peuvent être réutilisées plus tard. La Cardio-Pad présente également d’autres avantages. D’après son créateur, ces avantages sont liés à « la possibilité d’effectuer plusieurs examens

simultanément. En plus, l’absence des câbles réduit le risque d’électrocution du patient et permet au patient de se déplacer sans inter-rompre l’enregistrement».

Une Réussite pas sans difficultés

Même si aujourd’hui le gouvernement finance les recherches d’Himore Medical à hauteur de 30.000 dollars, Arthur Zang a quand même rencontré quelques difficultés. D’après lui, « La difficulté majeure c’est de partager son idée. Au départ, lorsque j’ai rédigé le projet de la CardioPad, je l’ai soumis à plusieurs person-nes ainsi qu’à plusieurs entreprises en sollic-itant bien sûr un accompagnement financier. Malheureusement, beaucoup n’y croyaient pas ». En tout cas, le ministère de la santé pub-lique Camerounais lui, a fini par y croire, car il a offert à Himore Medical son premier con-trat, afin que celui-ci fournisse ses machines à quelques hôpitaux du pays. Comme tout jeune entrepreneur, Arthur Zang a également connu des moments de doute: « Il arrive un moment où votre famille se trouve en difficul-tés financières et là, vous êtes tentés de laisser votre projet pour chercher un emploi afin de subvenir aux besoins familiaux ». Mais Arthur n’a jamais cessé de travailler, car pour lui « Le prix de l’ambition c’est avant tout le temps qu’on est prêt à consacrer »

Chrys. N

COUP DE COEUR

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L'AFRIQUE�de�DemainEnsemble,�Dessinons

www.afrikarchi.com

AFRIKARCHI MAGAZINE AFRIKARCHI WEBRADIO

Très prochainement,

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On entend souvent dire que les nouvelles technologies et l’ère Internet ont démocratisé l’information. Pourtant, en y regardant de plus près, s’agit-il de la bonne infor-mation ? L’information capitale est-elle facile d’accès ? Sinon, quelles sont alternatives pour le citoyen de de-main ? C’est pour répondre en partie à ces questions que nous avons fait appel à Juliana Rotich, directrice exécutive de l’association USHAHIDI.

D’où vient le projet USHAHIDI?

Le projet USHAHIDI a commencé par un site internet mis sur pied en collaboration avec des citoyens kenyans, durant une période de trouble après les élections de 2008. Le but était de répertorier les incidents et la violence, mais aussi les efforts de paix à travers le pays. Pour cela nous nous sommes servis de rapports de nos correspondants sur le terrain, que nous relayions sur le site et sur les réseaux sociaux et mobiles. Le succès du site, _ qui a attiré plus de 45 000 utilisateurs au Kenya _ nous a fait comprendre que l’initiative était plus que per-tinente, et pourrait aussi avoir du potentiel en dehors du Kenya. Ainsi, nous avons créée USHAHIDI, l’entreprise. A travers elle, nous améliorons la plateforme web, notre outil principal en ce qui concerne le recueillement de l’information. Notre recette consiste à ana-lyser l’information de manière créative et dif-férente.

Quels types de services proposez vous et quelles sont vos valeurs?

Nous sommes spécialisés dans le développe-ment de logiciels de collecte d’information

gratuits, le maping interactif, la démocratisa-tion de l’information, etc. Nous avons diverses spécialités, mais nous souhaitons avant tout promouvoir la transparence et faire disparaî-tre les barrières qui empêchent tout individu de diffuser librement de l’information sur In-ternet. Ceci nous amène à travailler avec de nombreuses associations humanitaires, des ONG, des gouvernements, la société civile et tout individu qui se sent intéressé par le part-age créatif de l’information. Nous sommes en faveur d’une collaboration franche et ouverte avec tous nos partenaires.

Pouvez vous expliquer à nos lecteurs le con-cept du « crowdsourcing » ?

De manière générale, le « crowdsourcing » est l’utilisation du savoir-faire, et de la créativité d’un grand nombre de personnes dans la ges-tion des connaissances. Dans notre cas, c’est le fait d’avoir recours à des volontaires pour émettre de l’information à propos d’une situ-ation, d’un événement ou d’un phénomène. L’information, sa diffusion et son analyse re-pose sur des individus lambda. Ils sont des té-moins privilégiés, qui fournissent, rapportent confirment et améliorent l’information.

INSPIR’ ASSOCIATION

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Quelles sont les différences entre SwiftRiver, CrowdMap et La plateforme USHAHIDI ?

La plateforme USHAHIDI est une solution sim-ple et gratuite pour générer du crowdsourcing. Elle collecte l’information en prov-enance de diverses sources et média comme Twitter, les SMS, Les rapports audio, vidéo et écrits. La plateforme peut être customisée et dirigée à partir de votre propre serveur.

CrowdMap est un service hébergé par USH-AHIDI, qui permet de collecter des données en provenance d’un large public utilisant des applications, et des réseaux mobiles spéci-fiques, ou tout simplement des SMS. Il peut être considéré comme une version améliorée des fonctionnalités de la plateforme USHA-HIDI.

SwiftRiver est une initiative de USHAHIDI représentant la nouvelle manière de gérer et de diffuser l’information aujourd’hui. Elle a recours à un certain nombre d’algorithmes qui retracent les différentes interactions en-tre « crowdsourcers » afin de valider et de filtrer l’information au mieux. Elle permet aussi d’éviter aux entreprises de mieux gérer une quantité trop volumineuse de données. Elle peut être utilisée en même temps que la plateforme USHAHIDI, si l’on veut recouper les informations les plus pertinentes et les plus qualitatives.

Mais alors, d’après ce que vous dites, diffuser des informations librement semble être com-pliqué. Pourtant, nous avons l’impression qu’Internet a démocratisé l’information. Comme expliquez vous cela ?

La venue d’Internet a entraîné une confusion dans l’esprit de ses utilisateurs. Internet ne permet pas un égal accès à toutes les sourc-es d’information. Les organisations, les gou-vernements, ont, en fonction des pays, une réglementation stricte et bien précise en ce qui concerne le partage d’information. Très sou-vent, c’est lorsque l’on commence à chercher une information objective, non biaisée, que l’on se rend compte de la difficulté d’accès à la vraie information.

Chez USHAHIDI, nous sommes pour l’accès total et égal aux sources et aux données in-formatives. Il est évident pour nous que l’information à elle seule peut contribuer au développement d’une nation. Ainsi, nous

INSPIR’ASSOCIATION

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nous attelons tous les jours à améliorer l’interconnectivité et la transparence dans le domaine.

Les volontaires jouent apparemment un rôle important chez USHAHIDI. Quel est-il ?

C’est exact ! Les personnes volontaires ont l’opportunité de jouer un rôle crucial dans des organisations, où il est délicat d’avoir re-cours à de la ressource humaine permanente. Vous comprendrez donc que chez USHAHI-DI, leur contribution est nécessaire : les vo-lontaires confirmés sont assignés à former un collectif de reporters de confiance, qui seront à même de valider et de confirmer les divers-es informations que nous recevons au quoti-dien. Mais la liste de leurs missions est bien plus longue que cela, vous pouvez me croire. Sur quelles opérations travaillez vous ac-tuellement ? Quel est le futur de USHAHI-DI ?

En ce moment, nous soutenons activement Uchaguzi . Il s’agit d’une plateforme qui per-met aux citoyens Kenyans de rapporter des incidents liés au processus électoral dans le pays. Notre but final est d’appliquer une poli-tique de crowdsourcing compréhensive et ef-ficace lors des prochaines élections générales au Kenya en 2013. Concrètement, Uchaguzi fourni des chaînes TV web et mobiles permettant aux citoyens de dénoncer des violations électorales telles que les processus d’intimidation, les discours haineux, l’achat de voix électorales, la dés-

information, etc. Ces rapports sont ensuite envoyés aux instances de régulation des élec-tions pour préconisations. Uchaguzi met un point d’honneur à provo-quer l’action collective et individuelle en in-sistant sur la transparence et le respect du processus électoral.Sur le long terme, nous aspirons à nous con-centrer sur des « recommandations collabo-ratives » en fournissant aux individus plus d’outils leur permettant de contextualiser l’information qu’il reçoivent, dans le but de trouver, ensemble, des solutions aux diffé-rents problèmes dénoncés, en tenant compte bien sûr du tissu et du contexte local.

Joan. Y

INSPIR’ ASSOCIATION

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INSPIR’ ASSOCIATION

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Si vous êtes branchés technologies et que vous vivez en France vous avez surement entendu parler de I-Dispo, l’une des 15 start-up les plus prometteuses d’Europe selon Microsoft. A sa tête, un jeune entrepreneur Camerounais, Ismaël Nzouetom. Après avoir signé un partenariat avec la société de téléphonie mobile MTN, le jeune entrepreneur s’apprête à conquérir le marché des TIC en Afrique. Rencontre.

Peux tu te présenter à nos lecteurs ? Quel a été ton parcours ?

Depuis la classe de 3eme, je suis passionné d’électronique. J’ai obtenu mon baccalauréat dans cette filière. Apres avoir fait un DUT en génie de communication et réseaux à l’IUT de Bandjoun au Cameroun, j’ai décro-ché une bourse d’études de la Francophonie qui m’a permis d’aller continuer mes études d’ingénieur à Paris. Je quitte donc le Camer-oun en 2002, pour terminer mes études en 3 ans. Ensuite, j’ai travaillé dans plusieurs socié-tés de conseil en nouvelles technologies telles que Microsoft, où j’ai travaillé pendant 3 ans. Je quitte Microsoft en Octobre 2010, pour me consacrer à temps plein à I-Dispo.

En quoi consiste la plateforme I-Dispo ?

Pour faire simple, I-Dispo consiste à installer dans votre poche, dans votre voiture, dans votre ordinateur, un assistant virtuel person-nel qui s’appelle SARA. SARA est capable de vous aider à accomplir différentes tâches de votre quotidien. Il peut s’agir de tâches d’organisation ou de gestion du temps. Ainsi, vous pouvez chercher le meilleur prix d’un billet d’avion, prendre un rendez-vous avec un médecin, organiser un rendez-vous avec votre banquier, ou encore vérifier l’état d’avancement

d’un colis. Les taches sont très variées. En ré-sumé, c’est comme si vous aviez une secrétaire virtuelle que vous pouvez solliciter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Comment faites-vous pour synchroniser les disponibilités du particulier à celles du pro-fessionnel ? C’est complètement naturel car nos utilisateurs se servent plus souvent de la fonction mail. Si vous souhaitez prendre rendez-vous avec vo-tre médecin, vous écrivez à SARA en lui disant « Sara, je souhaite prendre rendez-vous avec mon médecin voici mes disponibilités ». Vous lui donnez vos disponibilités et elle se charge du reste. Soit SARA a déjà une relation avec le médecin et elle est capable d’envoyer un mail directement à ce dernier en lui disant « Chris-telle souhaite prendre rendez-vous avec vous, voici ses disponibilités, quels sont les vôtres? » Lorsqu’une disponibilité convient, les deux participants sont informés et le rendez-vous est planifié. Soit il n’y a pas encore de relation, et SARA va faire appel à un de nos téléconseillers, qui va être capable de prendre la demande et d’appeler votre médecin, afin de prendre ren-dez-vous et de lier une relation entre le

INSPIRE INTERVIEW

ISMAEL NZOUETOMLE PROCHAIN STEEVE JOBS?

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médecin et la plateforme I-Dispo. De cette façon, les transactions futures se dérouleront automatiquement.

Combien de temps faut-il pour que la tâche soit accomplie dès qu’un téléconseiller prend le relai?

D’une manière générale, nous nous enga-geons sur un retour dans les 24 heures. Mais, l’opération peut durer entre 10 minutes et une journée. Cela dépend de la rapidité des réponses des parties qui interviennent dans le traitement de la tâche.

Combien et quels types de professionnels utilisent votre plateforme aujourd’hui ?

Nous avons aujourd’hui une base de données d’environ 58 millions de professionnels dans 50 pays différents. Nous avons également plu-sieurs milliers d’utilisateurs, et notre ambi-

tion est d’arriver à un million d’utilisateurs en 2013 grâce aux partenariats que nous sommes en train de mettre en place, notamment ceux avec Renault et MTN.

Votre service étant gratuit, comment faites-vous du profit ?

Le service n’est pas entièrement gratuit. Il ex-iste une version très limitée qui est gratuite afin de permettre aux utilisateurs de tester la plate-forme. La version complète est disponible via un accès premium, pour 9,90 euros par mois. Il existe également une version VIP pour les personnes qui souhaitent avoir un traitement haut de gamme sur-mesure. Ce service est dis-ponible pour les entreprises et les particuliers qui souhaitent des prestations particulières.

INSPIRE INTERVIEW

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Comment fait-on pour convaincre des inves-tisseurs tels que Xavier Niel (PDG de Free, Ndlr) à investir dans un projet tel qu’I-Dis-po?

Ce que ces personnes nous ont toujours dit lorsqu’ils ont investi dans notre société, c’est qu’elles misaient d’abord sur les hommes. J’ai fondé cette entreprise avec 4 autres associés : Sylviane Kamga, Laurent Lecoeur, Abdou Diop et Nicolas Netgrouf. Je pense que ce qui les a convaincu, c’est la détermination de notre équipe. Ils avaient en face d’eux des personnes ambitieuses, résolues à révolu-tionner le traitement numérique des tâches en entreprise et chez les particuliers.Nous pensons vraiment que nous apportons une nouvelle manière d’interagir avec l’outil informatique. Plus besoin d’aller sur un mo-teur de recherche, plus besoin de prendre son téléphone pour effectuer un certain nombre de tâches. Un assistant polyvalent s’en charge pour nous. Le discours du service I-Dispo est de dire que si on met un assistant virtuel personnel dans la poche de chaque particulier partout dans le monde, on pourrait révolutionner notre manière d’utiliser le numérique. Et je crois que c’est cette vision et cette ambition qui ont séduit de nombreux entrepreneurs, car le produit i-Dispo a le potentiel pour de-venir, on l’espère, une révolution mondiale.

I-Dispo est disponible uniquement en Fran-çais aujourd’hui. Pensez-vous le rendre dis-ponible en d’autres langues et dans d’autres pays ?

Non, I-Dispo est disponible en Français et

en Anglais. Nous couvrons pour le moment l’Europe de l’Ouest, et nous avons démarré progressivement les Etats-Unis avec certains utilisateurs sous forme de parrainage. Nous sommes également en train de travailler sur un déploiement en Afrique courant 2013.

Le nom de votre application, « SARA » fait penser à celui de l’IPhone, « SIRI ». Coïnci-dence ou stratégie ?

Il est vrai que les concepts sont proches, et que généralement on fait la similitude entre les deux noms. Peut-être parce que nous cherchions aussi un nom à deux syl-labes, pouvant se prononcer dans toutes les langues. Et puis au-delà de cet aspect, il y avait ce que revêtait le prénom Sara. Il avait des valeurs qui étaient en phase avec celles que nous souhaitions transmettre avec cet assistant. Donc en effet, Sara et Siri se ressemblent, mais c’est une pure coïncidence. D’ailleurs, nous entretenons d’excellents rapports avec Apple. Nous sommes en pourparlers avec eux, pour voir quelles synergies pourraient éventuellement se créer entre les deux ap-plications.

INSPIRE INTERVIEW

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Un évènement. 2 dates. Le 03 au 04 Janvier derni-ers, Africa Link et Oser L’afrique ont réunit à Yaoun-dé, capitale du Cameroun, près de 200 participants autour d’un grand atelier d’échanges sur l’impact et le développement des nouvelles technologies en Af-rique.

L’INITIATEUR

FRANCK NLEMBA

Bonjour,Je suis Franck Nlemba, co-fondateur de l’association Africa Link. Je travaille dans le marketing digital dep-uis plusieurs années et j’aide les marques à améliorer leur visibilité en ligne : moteurs de recherche, réseaux sociaux, plateformes locales, etc.

L’association Africa Link?Africa Link fait suite à un constat sur la mauvaise qualité des sites internet en Afrique. En plus de cela, l’engouement sur les réseaux sociaux et l’évolution des sociétés africaines nous a amené à créer une organisation dont le but serait d’aider les entrepreneurs à trouver leur business model et à monter leurs entreprises via le web.

L’ÉVÈNEMENT, LA COOPÉRATION

KONGOSSA WEB SERIES, kesako?

Il s’agit d’un workshop constitué de conférences et d’ateliers sur le web en Afrique. Nous souhai-tons pendant 2 jours, donner la possibilité aux professionnels de rencontrer les entrepreneurs

du web, et aux étudiants de se projeter à travers les opportunités présentes sur Internet. L’Afrique est un continent qui change vite, la technologie pénètre toutes les couches de la société et nous voulons proposer aux professionnels, entrepre-neurs et étudiants les outils et les connaissances nécessaires pour réussir.

Quelle est la nouveauté pour cette 2ème édi-tion ?

Nous organisons cette 2e édition avec le collectif O.S.E.R L’Afrique. Nous croyons que les perspec-tives en Afrique imposent aux acteurs locaux de travailler ensemble. Donc, la première nouveau-té est de montrer que deux organisations ne se font pas concurrence, mais collaborent.

OSER INSPIREROSER L’AFRIQUE ET AFRICA LINK VOUS PRÉSEN-TENT: LES KONGOSSA WEB SERIES, 2ème EDITION

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Quel bilan dressez vous de l’édition qui vient de s’achever?

Le bilan est très positif. Nous avons eu la chance de chance d’avoir une belle représenta-tivité des entrepreneurs des 10 régions du Cameroun, notamment celles du Nord et du Nord Ouest, jusqu’ici peu représentées dans le domaine.Parmi les jeunes entrepreneurs présents, trois ont décidé de lancer leur Start-Up sur le mar-ché camerounais d’ici la fin de l’année. Globalement, l’évènement a été plus interac-tif que la fois précédente. On sentait le public particulièrement impliqué, ce qui nous donne l’envie de continuer et de proposer une théma-tique plus intéressante l’année prochaine.

D’où vous est venu l’idée du partenariat avec OSER? Que retenez vous de cette col-laboration?

L’envie de travailler ensemble et d’apprendre de cette expérience. O.S.E.R. l’Afrique est une organisation qui promeut l’implication de la jeunesse. Or, nous nous adressons à la même cible de façon complémentaire. Le partenari-at a parfaitement fonctionné, puisqu’OSER a une vision beaucoup plus large que la notre, qui sommes plutôt multimédia et web. Leur participation nous a permis de fédérer plus de personnes, ayant des parcours divers. De plus, OSER ayant une forte implantation dans les autres pays africains, l’évènement sera relayé de manière plus globale.

OSER INSPIRERQuels sont les objectifs de votre par-tenariat avec Oser l’Afrique sur le long terme?

Nous souhaitons saisir cette opportunité pour montrer que l’on peut réussir ensem-ble. L’autre message important c’est que lorsqu’on parle des nouvelles technologies, on ne s’adresse pas simplement aux « geeks » mais à tout le monde car le web est un outil de travail avant tout.

Karl. N

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TIDJANE DEME

Il a l’un des avenirs les plus prometteurs de sa génération. A même pas 35 ans, Tidjane DEME est à la tête de Google en Afrique Francophone. Une responsabilité d’autant plus stratégique que l’Afrique entre aujourd’hui dans l’ère du web. Tout le monde le reconnaît, le potentiel du continent en matière de NTIC est énorme, mais les moyens mis en jeu pour exploiter ledit potentiel sont encore faibles. Alors, quelle est la Mission de Google en Afrique? Monsieur DEME, vous avez la parole !Inspire Afrika: Quel est le rôle de Google en Afrique ?

Tidjane DEME: Comme vous devez le savoir, notre mission première est d’organiser l’information afin de la rendre utile et accessi-ble. La règle peut donc aussi s’appliquer au con-tinent Africain. Google s’emploie à y construire un écosystème riche, ouvert et viable sur Inter-net. De manière à rendre l’information Afric-aine utile et exploitable.

I.A: Comment procédez-vous pour mener à bien cette mission ?

T.D: Nous nous basons sur trois axes de travail.Tout d’abord concernant l’accès à Internet. Nous voulons contribuer à rendre Internet accessible à la prochaine vague d’utilisateurs, qui sont essen-tiellement des jeunes Africains vivant en milieu urbain. Nous rendons donc l’accès au service disponible, abordable, et qualitatif. Ensuite vient le contenu des informations. Nous voulons faire en sorte qu’il soit pertinent pour les utilisateurs africains. En d’autres termes, il faudrait mettre sur pied des contenus générés par les Africains, pour les Africains. Le troisième axe, mais non des moindres, concerne l’écosystème d’Internet. Un écosystème Internet exige avant tout que les gens soient éduqués. Si Internet doit être dével-oppé, les individus ont besoin d’acquérir des

compétences requises par ces technologies. De plus, il faudrait que les utilisateurs aient l’esprit d’entreprise car Internet se développe de la meilleure manière là où il y a une vraie culture entrepreneuriale poussant les individus à inno-ver, et par conséquent à mettre du contenu en ligne. L’écosystème d’Internet concerne aussi les aspects de règlementations et de qualité. Afin de se développer pleinement, Internet nécessite un environnement politique stable, ainsi qu’une certaine ouverture. C’est pour cette raison que nous travaillons avec les gouvernements, les acteurs civils et politiques, afin d’encourager la réglementation sur Internet. Nous essayons de rendre Internet utile dans la vie de tous les jours. Nous travaillons avec les entreprises pour les aider à grandir afin qu’elles adoptent les nou-velles technologies liées à l’utilisation d’internet.

I.A: Quels sont les challenges auxquelles vous devez faire face afin de faire progresser l’Afrique ?

T.D: Je parlerais plus d’opportunités que de chal-lenges, car en arrivant en Afrique, Google réal-ise que le continent est une terre d’opportunités pour la croissance d’Internet. Quand vous ob-servez la population dans les principaux pays africains, et le taux de pénétration de la télé-phonie mobile et des Smartphones, vous com-prenez

INSPIR’ ECONOMICS

«IL FAUDRAIT METTRE EN PLACE DES CONTENUS WEB GÉNÉRÉS POUR LES AFRICAINS ET PAR LES AFRICAINS»

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que tout ceci mis ensemble représente de grandes possibilités pour nous, pour les afric-ains, pour les start-up, ainsi que pour tous ceux qui souhaitent construire un écosystème fort et riche en Afrique.Oui, il y a des défis, car l’accès à Internet n’est pas encore démocratisé sur le continent. Certaines réglementations doivent être mises en place pour con-tribuer à la croissance d’Internet sur place. Dans l’ensemble, nous essayons d’amener les entrepris-es, les artistes, et les créateurs de contenus à parier sur la toile. « Venez travailler avec nous sur un continent où Internet est en pleine croissance ! ». Ils doivent être conscients des avantages qu’ils ont à investir dans le web aujourd’hui, même si le mar-ché n’est pas encore aussi vaste que ce que l’on pourrait souhaiter. C’est en cela que réside notre principal défi.

I.A: Google a-t-il un plan d’actions pour lutter contre la lenteur de la connexion Internet en Afrique ?

T.D: Tout dépend de ce que vous appelez lente connexion. Mais oui, bien sûr, nous souhaitons que tous les Africains aient un accès à Internet décent. Aujourd’hui sur le continent, les tech-nologies mobiles connaissent une croissance très rapide. Le rôle que nous voulons jouer est d’aider les développeurs et les entrepreneurs lo-caux à innover dans le contexte qui est le leur. Nous voulons les aider à mettre sur pied des applications qui peuvent fonctionner sur des écrans différents et dans des limites différentes. Nous veillons à ce que notre propre plate-forme fonctionne mieux dans cet environnement depuis que nous avons déployé à travers le con-tinent un ensemble de serveurs nous permet-

tant d’accéder plus rapidement à You tube. Ce que nous espérons, c’est de voir le maximum d’Africains créer une véritable communauté en ligne, créer une demande encore plus forte, afin que toutes les parties prenantes voient une op-portunité d’investir et de fournir une expérience nouvelle aux internautes Africains.

I.A: Quelles sont les activités menées par Google en Afrique ?

T.D: Google a un lien très fort avec l’éducation. Comme vous le savez, l’entreprise est née au sein d’une université. Donc, nous avons tout un pro-gramme pour aider les universités à êtreau sein d’une université. Donc, nous avons tout un programme pour aider les universités à être connectées, parce que les universités et l’environnement global de l’éducation sont géné-ralement des précurseurs en matière de consom-mation Internet. Nous consommation Internet. Nous souhaitons être en mesure de fournir aux étudiants et aux enseignants un libre accès à un contenu Internet de haute qualité. Ces derniers pourront tirer le meilleur parti de nos services avec des outils tel que « Google Ads for Edu-cation », afin qu’ils puissent faire ce qu’ils font le mieux, c’est-à-dire éduquer. L’idée ici, est de rendre l’enseignement en ligne accessible à tous. Nous voulons créer la demande, mais ceci en collaboration avec les gouvernements.

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En Septembre dernier, nous avons publié une étude sur les obstacles et les possibilités de crois-sance d’Internet au Sénégal. Nous avons essayé de montrer quelles y sont les opportunités, mais aussi quels ont été les obstacles au développement d’infrastructures adéquates lors de ces dix dern-ières années. À la lecture de cette étude, il ressort que l’absence d’une politique publique adéquate, le manque d’investissements adaptés et le manque de compétitivité sont les principales causes à la cherté de l’accès à Internet en Afrique.

I.A:Pouvez-vous nous donner des exemples con-crets de vos réalisations ?

T.D: Nous avons récemment lancé en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, un programme en partenariat avec quelques universités, afin de développer leurs infrastructures. Ces universités vont alors fournir un accès Internet à leurs étu-diants en utilisant les instruments que nous leur avons fourni. Nous sommes allés à l’Université de Lagos, mais aussi dans de nombreuses uni-versités du Ghana. Au Sénégal, nous travaillons avec l’Université de St Louis. Au Cameroun, nous n’avons pas encore commencé à travailler avec les universités. Cependant, nous y avons été présents pour organiser des Google Days, et y avons rencon-tré une communauté passionnée par les nouvelles technologies. Pour l’instant, nous nous limitons à y créer des évènements, en rassemblant à chaque fois la communauté high-tech, pour échanger et part-ager. Nous espérons pouvoir mettre en place très rapidement des projets plus importants dans cette zone de l’Afrique.

I.A:Qu’est-ce qu’un Google Day ?

T.D: Les Google Days sont des événements où nous réunissons les ingénieurs et développeurs Google dans un pays. C’est une sorte de confé-rence où les ingénieurs Google viennent former les développeurs locaux sur des outils bien spéci-

fiques. Les ingénieurs et dével-oppeurs sont exposés à la tech-nologie et à l’expertise de Google, tout en restant dans le contexte dans lequel ils travaillent. Ils échangent avec l’équipe Google à propos des difficultés auxquelles ils sont confrontés chaque jour dans le développement des ser-vices Internet. L’échange va dans les deux sens. Les concepteurs lo-caux sont inspirés par la présence et les conseils de nos experts, tan-dis que nos ingénieurs appren-nent beaucoup des locaux. Nous avons fait quelques Google Days en Afrique francophone : Séné-gal, Côte d’Ivoire et Cameroun. Nous en avons également fait au Kenya, au Ghana, et au Nigeria. Maintenant, nous voulons aller encore plus loin en organisant des Google Weeks comme nous l’avons fait cette année au Kenya.

I.A:Si je suis un jeune développeur Africain, quelle démarche dois-je suivre afin de travailler avec Google ?

T.D: Ce que j’aime dans votre question, c’est le fait de dire travailler AVEC Google, et non pas POUR Google. Je pense que c’est la bonne question à se poser. Ce que nous cherchons à faire, c’est donner aux développeurs africains l’opportunité de faire du profit grâce à leurs compétences. Une façon évi-dente de le faire, par exemple, est d’avoir recours à Google AdSense, pour développer leurs sites web. AdSense permet de monétiser et générer des rev-enus à partir des contenus en ligne. Vous pouvez utiliser Google Map API, pour accéder à toutes les cartes que nous avons développé en Afrique, dans le but de fournir des services géo localisés. Vous pouvez avoir recours à You Tube pour mettre des

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vidéos en ligne et monétiser leur contenu. Vous pouvez aussi vous servir d’Android, une des plates-formes d’applications mobiles les plus populaires aujourd’hui.

I.A: Travaillez-vous en collaboration avec les gouvernements pour lutter contre le cout élevé de l’accès à Internet ?

T.D: Le coût de la connexion est l’un des obstacles majeurs à l’accès Internet aujourd’hui en Afrique, c’est vrai. Cependant, ce cout ne dépend pas que d’un seul parti. Si les couts sont aussi élevés, c’est, comme je l’ai dit, en lien avec le degré de compéti-tivité sur le marché. Prenez l’exemple du Sénégal : En 2002, le Sénégal comptait 9 fournisseurs d’accès à Internet. Aujourd’hui, ce nombre a été réduit à 2, ce qui a forcément un impact sur les coûts d’accès à la connexion. Quand nous nous engageons avec les gouvernements, nous essayons d’abord de leur montrer comment Internet peut avoir un impact positif sur le développement économique et social

de leur pays. Nous partageons avec eux ce que nous savons, ce que nous avons vu dans d’autres pays en termes d’options, de solutions mais aussi de poli-tiques favorables a la croissance du web. Nous leur montrons également comment introduire la con-currence, les investissements et les infrastructures. Tout ceci parce que la demande est présente, forte et palpable.

I.A: Dans quelle mesure pensez-vous que les Nouvelles Technologies contribuent à la crois-sance économique ?

T.D: Je ne vais pas citer toutes ces études dont vous avez probablement déjà entendu parler, comme celle menée par McKenzie, sur l’impact de la pé-nétration des TIC sur l’économie et le PIB. Je vais plutôt partager avec vous la conversation que j’ai eue plus tôt aujourd’hui avec des étudiants au Sé-négal. Lors d’un déjeuner, nous avons discuté de l’emploi des jeunes au Sénégal. Nous avons fait une estimation très rapide sur le nombre d’emplois qui seront disponibles au Sénégal chaque année, en le comparant au nombre de personnes qui arrive-raient sur le marché de l’emploi, c’est-a-dire le nom-bre de personnes qui obtiendront leur diplôme. En-viron un quart des personnes qui obtiendront leur diplôme cette année seront en mesure d’obtenir un emploi. Ainsi, les trois quarts restant auront besoin de créer des emplois. Nous voyons les Technolo-gies de l’Information et de la Communication et de l’Internet comme un important pôle de création d’emplois. Un développeur ou entrepreneur afric-ain disposant d’un ordinateur, d’un accès Internet et de bonnes compétences, peut vraiment rivaliser sur le marché mondial, innover et générer des rev-enus et des emplois pour lui-même et d’autres per-sonnes autour de lui. Internet permettra de créer des emplois pour la prochaine génération de jeunes diplômés qui ne seront pas capables d’évoluer dans le secteur formel actuel.

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A la tête des émissions Business Africa et Initiative Africa, suivies par près de 30 millions de téléspectateurs dans le Monde, à 31 ans, Oumarou Barry représente la nouvelle vague médiatique en Afrique. Rédacteur en Chef et producteur exécutif chez People TV, c’est tout naturellement que nous l’avons sollicité pour qu’il réponde à nos questions sur l’évolution des TIC en Afrique, la rôle des média dans cette évolution, et la survie du métier de jour-naliste face au numérique.

La propagation d’Internet sur le con-tinent

La propagation d’Internet signifie simplement que l’Afrique entre de plain-pied dans le nou-veau monde. Un monde dans lequel tout va plus vite. Pour pouvoir suivre dans ce monde, il faut être connecté et avoir accès aux informa-tions en temps et en heure. Il faut également pouvoir disposer d’outils qui permettent de réagir assez vite à ces informations. En ce sens, je vois cela d’un œil assez favorable, même si la pénétration des nouvelles technologies n’est pas encore égale sur tout le continent.

Le déficit des chaines d’informations en Afrique

Je ne trouve pas qu’il y ait un déficit de chaînes d’information, car il y a de plus en plus de chaînes de télévision et d’information en Af-rique et ailleurs. Rien qu’en Europe, il existe des chaînes d’information à vocation panaf-ricaine telles que vox Africa ou Africa24. La présence de nouveaux acteurs notamment sur Internet est, à mon avis, de bonne guerre. Ils sont nécessaires. Cependant la quantité n’est pas toujours synonyme de qualité. Il faut donc mettre l’accent sur la qualité autant sur inter-

net que sur les medias traditionnels. C’est bien beau d’avoir un media, une chaîne de télévi-sion ou une radio. Mais si la qualité éditoriale et le traitement journalistique ne sont pas au rendez-vous, les gens ne vous suivront pas. Il faut donc mettre l’accent sur la qualité, mais aussi sur la formation des journalistes et des dirigeants de ces medias.

La production médiatique à l’étranger

La plupart des média ont leur siège basé à l’étranger, car au niveau des infrastructures et de la production, il y existe tout ce qu’il faut. Sur place, ils ont des correspondants sur le terrain qui remontent l’information. Ensuite, l’assemblage et la mise en conformité tech-nique et éditoriale peuvent se faire n’ im-porte où. Cependant à terme, il serait préfé-rable que tout le processus, de la production à l’assemblage, soit faisable directement sur le continent. Pour celà, il faudrait un accès haut débit à Internet, ainsi que des lisgnes télépho-niques fiables. Certains pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud sont déjà bien équipés. Pour le reste, la transition est encore difficile à mettre en place.

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OUMAROU BARRY REGARD SUR UNE NOUVELLE AFRIQUE

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La plus-value qu’apporte Internet au métier de Journaliste

Internet m’ouvre des horizons différents, car j’ai accès à plus d’informations. Internet peut néanmoins être un piège, car on a accès à tell-ement de contenu qu’il peut être difficile de faire la part des choses. J’ai pu découvrir des sujets potentiels pour mes émissions grâce à internet. J’ai également pu découvrir le tra-vail de correspondants en Tanzanie, en Af-rique du Sud, au Kenya et en Afrique Franco-phone grâce aux réseaux sociaux. A la fin de la journée, le plus important, c’est l’usage qu’on en fait. Il ne faut pas rester des heures dessus juste pour dire « j’ai accès à internet ». Moi je l’utilise parce que j’en ai besoin dans un cadre bien précis.

La disparition du métier de journal-iste à cause d’Internet

Je n’ai pas peur parce que je sais que tout le monde peut poster de l’information, mais tout le monde ne peut pas avoir le traitement et l’analyse journalistique. Tout le monde ne peut avoir un réseau de diffusion, ni vérifier

la véracité d’une information. Nous sommes par exemple diffusés sur une quarantaine de chaînes panafricaines en Français, en Anglais et en Portugais. Quand nous travaillons sur nos émissions, nous avons la certitude qu’elles seront diffusées, car elles sont crédibles. Par contre, je ne sais pas si l’information qui est sur le compte Twitter de Mr X est plus pertinente. Il faudrait essayer de trouver une complémen-tarité. Plusieurs média aujourd’hui font appel à des « citoyens journalistes ». Mais il faut faire un minimum de vérification et de tri : Qu’est ce qui est de l’information ? Qu’est ce qui ne l’est pas ? A la fin, c’est au public de décider, même si nous journalistes, devons nous adapter à ce nouveau mode de traitement de l’information. Nous devons apporter une plus-value pour pouvoir garder et conquérir un public plus large.

L’image de l’Afrique grâce aux nou-velles technologies.

Au moins grâce à ces nouveaux outils, on a la possibilité d’avoir plus de contenu en prov-enance d’Afrique. On aura donc une image un peu plus juste de ce qui s’y passe. Souvent à la télévision l’Afrique c’est la guerre, la cor-ruption et les coups d’états. On ne peut pas le nier, mais d’un autre coté, il existe l’Afrique dynamique, celle qui bouge, notamment pour changer les choses. A la même enseigne que les autres, nous avons des entrepreneurs, des avocats, des ingénieurs, des journalistes, etc. Il est important de mettre toutes ces personnes en avant. Le fait que l’Afrique rentre de plain-pied dans le monde de la communication à travers Internet, permettra aux Africains (de manière légitime) de raconter leur histoire, celle de l’Afrique.

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INSPIR’ START-UP

DE NOUVELLES SOLUTIONS POUR LES DÉVELOPPEURS AFRICAINS

Raindolf Owusu représente cette jeune génération de développeurs bourrés d’idées et de dynamisme, qui émerge en Afrique. Originaire d’Accra au Ghana, il gère depuis le domicile familial, Oasis Websoft, une start-up Africaine qu’il a mis sur pied pour résoudre les problèmes technologiques et logistiques que ren-contre les internautes africains.

Découverte.

Etudiant en Technologie de l’information à Methodist University College à Accra, Rain-dolf Owusu souhaite changer l’image de l’Afrique sur le plan technologique. D’après lui, l’Afrique a été trop souvent décrite comme « un continent agricole ». Avec l’émergence d’un nouvel environnement des affaires et de l’innovation, il est plus que temps selon lui, de prouver que le continent est tout à fait propice au développement des nouvelles technolo-gies. Il crée donc Oasis Websoft en 2011, afin de montrer qu’en Afrique « il existe des dével-oppeurs compétents, capables de travailler à l’échelle mondiale. » Raindolf travaille égale-ment avec deux partenaires, Jeffrey et Aaron, qui l’aident à identifier les différents prob-lèmes auxquels sont confrontés les utilisateurs d’Internet et des NTIC au Ghana.

Un nouveau moteur de Recherche : ANANSI

Quiconque ayant un tant soit peu vécu sur le continent, sera d’accord pour affirmer que d’une manière générale, le rapport qualité-prix de la connexion internet n’y est pas fameux. Les forfaits proposés sont très souvent élevés, pour une qualité de bande passante faible. De ce fait, la navigation est lente, et les télécharge-

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INSPIR’ START-UP-ments peuvent ainsi durer des heures, voire des jours. Pour répondre à ces problématiques, Raindolf crée ANANSI. Il s’agit d’un moteur de recherche adapté à la qualité de cette connexion Internet. « La particularité d’Anansi vient du fait qu’il est toujours possible de travailler sans connexion. Par exemple, vous pouvez prendre une photo avec votre webcam et la photo sera envoyée automatiquement dès que la connexion sera de nouveau disponible» nous confie le jeune homme. De plus avec ANANSI, il devient plus facile de télécharger des fichiers, notamment grâce à un manager de téléchargement qui y est mis à disposition gratuitement.

Une Plateforme pour les développeurs Afric-ains : AFRICAAP

Les développeurs Africains sont également con-frontés à un problème de distribution de leurs softwares. Comme le déplore Raindolf, « Nous, en tant que développeurs devons payer pour mettre nos programmes en ligne. Mais nous n’en avons pas toujours les moyens, et encore moins notre public». C’est pour cette raison qu’il lance AFRICAAP, qui est une plateforme spécialement dédiée aux développeurs créant des produits qui répondent aux besoins des usagers d’Internet sur le continent. Le fonctionnement d’AFRICAAP est très simple. Contrairement aux autres plate-formes, elle permet aux développeurs de mettre leur software sur la toile sans frais. De plus, grâce à des modules déjà intégrés à la plateforme, ils ont la possibilité de faire payer le téléchargement de leurs applications, à des prix abordables pour tous.

Une passion pour l’Afrique.

Si aujourd’hui le jeune étudiant en technologie a mis à disposition ANANSI et AFRICAAP gra-tuitement, c’est bien parce qu’il croit en l’Afrique

et en son potentiel. En effet, Quand on lui de-mande quelles sont ses motivations, il répond « C’est la passion pour mon métier et la convic-tion qu’on peut réussir en Afrique. Je crois en l’Afrique ». Pour se faire du bénéfice, il offre ses services à des entreprises basées en occident en créant pour elles des sites web ou des applica-tions. Raindolf ne veut pas se presser. Pour lui être un étudiant-entrepreneur est une grande chance : « Il y a des informations que je n’avais pas sur l’entreprenariat, ou sur le management des nouvelles technologies. Etre à l’université al-ors que je me lance dans les affaires est une ex-cellente chose. J’ai compris que de nos jours, être un développeur veut dire qu’il faut être à la fois capable de créer un software et de le vendre. »

Joan. Y

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Piamm Technologies est une jeune start-up togolaise qui a pour but de valoriser l’information financière en Afrique. A travers des logiciels et des services destinés aux professionnels de la finance et de la comptabilité, l’entreprise souhaite être une référence en matière d’outils de gestion de données comptables. Son directeur, ERIC KOMLAN AKPEDJE KEDJI, ainsi que toute l’équipe nous présentent aujourd’hui leur produit phare, FINETA.

Qu’est-ce que FINETA?

FINETA est un couteau suisse pour la ma-nipulation de données comptables, depuis la balance jusqu’aux états financiers. Il est des-tiné principalement aux auditeurs compt-ables, comptables et experts comptables d’entreprise de la zone OHADA FINETA permet d’analyser et de générer au-tomatiquement des états financiers, tout en corrigeant les anomalies d’une balance. A travers ces mêmes outils, il est également possible de comparer des balances et liasses comptables.

Pourquoi avoir créé FINETA?

FINETA est parti du constat que l’outillage de la comptabilité en Afrique à tendance à être pensé comme une adaptation – souvent approximative – des solutions comptables étrangères. Des opportunités offertes par la disponibilité croissante d’internet, telle que la collaboration fluide sur les dossi-ers comptables, restent encore inexploitées. De plus, le nombre de professionnels de la comptabilité étant très faible par rapport aux besoins, l’impératif d’automatisation se pose avec plus d’acuité que jamais. C’était donc le

moment de mettre FINETA à disposition.

4 QUESTIONS À

PIAMM TECHNOLOGIES : COMMENT GÉRER LES DONNÉES COMPTABLES EN AFRIQUE

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Les outils d’analyse de FINETA sont-ils gratuits ?

La plupart des outils d’analyse de FINETA (analyse de balance, comparaison d’états fi-nanciers ou de balances, etc.) sont gratuits. D’autres, comme la génération d’états finan-ciers et l’exportation (pour la déclaration fiscale à la direction des impôts) sont pay-ants, même s’il y a une évaluation gratuite disponible. Quant aux prix, nous proposons des contrats d’abonnement, suivant le nom-bre de dossiers et les fonctionnalités dont le client a besoin. Nous avons par exemple des formules à 75 000 F CFA / mois ($150/mois) pour 5 dossiers comptables ou moins.

Quelles difficultés rencontrez vous au quo-tidien ?

D’une part, nous rencontrons une réticence de la part des clients face aux applications web, vu le peu d’informations disponibles sur ce mode de mise à disposition de ser-vice informatique, relativement récent. Une bonne partie de nos efforts de communica-

tion va donc dans ce travail d’information sur les avantages des services informatique en terme de sécurité et de disponibilité des données comptables.

D’autre part, les professionnels de la compta-bilité qui ont déjà investi dans d’autres solu-tions comptables ont des difficultés à adop-ter FINETA, même s’ils ont besoin des outils additionnels que nous mettons à disposition. Ceci nous oblige à faire continuellement l’effort de rendre les fonctionnalités spéci-fiques de FINETA faciles d’accès à ceux qui ont les mains liées à leurs solutions compta-bles, en les mettant à disposition comme ou-tils indépendants (analyse de balance, com-paraison de documents comptables, etc.).

Retrouvez l’application FINETA sur https://fineta.piamm.com

4 QUESTIONS À

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Droits d’image: 54 Kingdoms LLCPhotographe: Jonathan Bailey Photography (New Haven, CT)Modèle: George RobertGeorge porte le Sweat UoA