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2 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Le journal Burundi Eco est un hebdomadaire socio-économique gratuit et apolitique. Les matiÚres les plus traitées sont: économie, développement local et régional, intégration régionale, énergie, aménagement du territoire, environnement, fiscalité, mobilité, transports, sécurité routiÚre, emploi, éducation, formation professionnelle, finances publiques, management, bonne gouvernance des entreprises, marketing, urbanisme et développement urbain, commerce, téléphonie et communications, agriculture et agro-alimentaire, TIC, logistique, pollutions, collecte et traitement des déchets, hygiÚne et santé publique, tourisme, etc.

Le journal paraĂźt chaque vendredi. Il est imprimĂ© Ă  3 000 exemplaires par semaine et distribuĂ© dans les ministĂšres, les administrations publiques, les ambassades et consulats, les ONGs, les agences de voyages, les hĂŽtels, restaurants et brasseries, les paroisses et plusieurs universitĂ©s auprĂšs des Ă©tudiants en Master. On peut Ă©galement le trouver dans plusieurs magasins d’alimentation de Bujumbura.

Le journal est distribuĂ© Ă  l’intĂ©rieur du pays via le Centre Burundais de Lecture et d’Animation Culturelle (CEBULAC)

Il est Ă©galement accessible sur son site web www.burundi-eco.com, Facebook, Twitter.

Par ailleurs, il compte plus de 14 000 abonnés professionnels qui reçoivent chaque semaine la version numérique.

Si Burundi Eco a d’abord pour vocation l’information des citoyens, il a Ă©galement une ambition : celle de contribuer activement au dĂ©veloppement Ă©conomique du pays en apportant son soutien aux Ă©tudiants des universitĂ©s burundaises par la crĂ©ation et la production de supports pĂ©dagogiques et de revues documentaires.

Tout savoir, ou presque, Ă  propos du Journal Burundi Eco.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Benjamin Kuriyo

Le journal Burundi Eco vous prĂ©sente son troisiĂšme dossier pĂ©dagogique, il est consacrĂ© Ă  une thĂ©matique essentielle pour le dĂ©veloppement du pays : l’entrepreneuriat. Ce document arrive Ă  un moment opportun car, beaucoup trop de Burundais, Ă  majoritĂ© les laurĂ©ats des universitĂ©s, se bousculent sur le marchĂ© du travail. Or, il faut se rappeler que l’Etat reconnait lui-mĂȘme qu’il n’est plus en mesure de satisfaire toutes les demandes d’emplois.

Le dĂ©fi est de taille : il faut apprendre Ă  voler de ses propres ailes et prendre ses propres responsabilitĂ©s et les risques qui les accompagnent. La crĂ©ation de sa propre entreprise est l’un des moyens de s’engager soi-mĂȘme en Ă©vitant de se faire engager. Des jeunes sont parvenus Ă  crĂ©er l’emploi non seulement pour eux-mĂȘmes, mais aussi pour les autres. Certains d’entre eux sont prĂ©sentĂ©s dans ce dossier pĂ©dagogique. Ce dernier ouvre Ă©galement l’esprit sur la maniĂšre de crĂ©er son entreprise, d’élaborer un

S’engager et non se faire engager

plan d’affaire. Il formule des directives à respecter administrativement pour officialiser son entreprise. Sans oublier les conseils des experts en la matiùre.

Le grand dĂ©fi qui a toujours caractĂ©risĂ© les futurs entrepreneurs est la sous-estimation. En effet, les candidats au marchĂ© du travail nĂ©gligent ce qu’ils pensent ĂȘtre les petits emplois. CrĂ©er une entreprise demande beaucoup de volontĂ© et de pragmatisme, de plus, obtenir le capital pour dĂ©marrer est un obstacle hĂ©las trop souvent infranchissable.

Pourtant, ce n’est pas sorcier et personne ne nait entrepreneur. Il faut montrer de la dĂ©termination et de la persĂ©vĂ©rance.

Osez entreprendre et sachez qu’il n’y a pas de sot mĂ©tier. Ce dossier pĂ©dagogique n°3 vous propose les grandes orientations et les tĂ©moignages de ceux qui ont gagnĂ© le pari de rĂ©ussir dans l’entrepreneuriat.

Bonne lecture.

La rĂ©daction remercie l’ensemble des partenaires, les experts et les spĂ©cialistes pour leur aide et leurs conseils dans ces matiĂšres techniques et souvent complexes.

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4 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

SOMMAIREEntreprendre, c’est aussi une passion!

API et OBR, deux institutions administratives incontournables pour officialiser son entreprise

« Entreprendre c’est rĂ©flĂ©chir, apprendre et agir dans le moment prĂ©sent »

Exemple de plan financier conçu par un entrepreneur burundais

Light Award, tremplin pour les jeunes entrepreneurs ?

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11 Comment confectionner un Business Plan ?

BBIN-YAIN : Deux sources d’intĂ©gration entrepreneuriale

Les Pays-Bas font la promotion du secteur privĂ© via l’entrepreneuriat des jeunes

Entreprendre en agriculture : Un antidote pour le chÎmage des jeunes non scolarisés

L’universitĂ©, vivier d’entrepreneurs

Haguruka, une universitĂ© atypique active dans l’entrepreneuriat paysan

Chalk Chain Entreprise, une entreprise innovante

Les Etats-Unis d’AmĂ©rique prĂȘts Ă  accompagner les efforts de dĂ©veloppement

Banque d’Investissement pour les Jeunes : Les jeunes attendent impatiemment sa mise en place

Charbon Ă  base de rafles de maĂŻs : De l’écologie dans nos cuisines

L’art de la dĂ©coration, d’une simple passion Ă  la crĂ©ation d’une entreprise

Entreprise de fabrication des spaghettis : Pascal Hakuziyaremye a mis la main Ă  la pĂąte

NadĂšge Irakoze, la cordonnerie dans la peau

L’artisanat à la rescousse des jeunes chîmeurs

Bubanza : Les jeunes investissent dans le secteur piscicole

FIDA-YAIN : Une fructueuse insertion socio-Ă©conomique via l’entrepreneuriat des jeunes

Agricultural Light Company : Des jeunes décidés à combattre la pauvreté

« Smart Land Company » : De la roche à la fabrication des fertilisants organiques

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Pourquoi un dossier pĂ©dagogique sur l’entrepreneuriat ?

Dans un contexte oĂč le chĂŽmage atteint des proportions inquiĂ©tantes, il est judicieux de considĂ©rer l’entrepreneuriat comme une solution efficace Ă  ce phĂ©nomĂšne. L’Etat ne pouvant plus embaucher tous

les laurĂ©ats des universitĂ©s et ceux des Ă©coles fondamentales et post-fondamentales, le taux de chĂŽmage ne fait qu’augmenter. Une mini-enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en 2017 dans cinq provinces du pays par le consortium ADISCO-REJA donne une petite idĂ©e sur l’ampleur du phĂ©nomĂšne, 65 % jeunes n’ont pas d’emploi. D’emblĂ©e, l’Etat n’embauche plus depuis un certain temps sauf dans les secteurs de la santĂ© et de l’éducation. MĂȘme si c’était le cas, il serait difficile, voire impossible, de trouver des postes pour ces milliers de diplĂŽmĂ©s qui sollicitent des emplois chaque annĂ©e au niveau de la fonction publique. D’oĂč l’entrepreneuriat apparait Ă  la fois comme un antidote au chĂŽmage et un catalyseur du dĂ©veloppement du pays.

La troisiĂšme Ă©dition du dossier pĂ©dagogique revient longuement sur les Ă©tapes cruciales Ă  franchir pour lancer son entreprise, les apports des intervenants (universitĂ©s, incubateurs, organisations internationales, etc.) pour appuyer les initiatives des jeunes. Vous trouverez Ă©galement dans ce document l’avis des experts sur le dĂ©veloppement du secteur entrepreneurial au Burundi ainsi que plusieurs portraits de jeunes qui ont bravĂ© la peur de l’échec pour crĂ©er leurs propres entreprises.

A travers cette Ă©dition, nous sommes conscients que nous apportons une pierre Ă  l’édifice pour promouvoir l’entrepreneuriat, socle du dĂ©veloppement du pays. En ce sens, nous encourageons les jeunes Ă  s’intĂ©resser davantage Ă  l’entrepreneuriat pour dĂ©velopper le tissu industriel du pays. La rĂ©daction du Journal Burundi Eco remercie tous ceux qui ont contribuĂ© de prĂšs ou de loin Ă  la rĂ©alisation de cette Ă©dition consacrĂ©e Ă  l’entrepreneuriat des jeunes. Nous remercions Ă©galement tous nos interlocuteurs et surtout les jeunes qui ont acceptĂ© de partager leurs expĂ©riences professionnelles. Nous leur souhaitons plein succĂšs !

Dossier pédagogique réalisé par Benjamin Kuriyo, Jean Marie Vianney Niyongabo, Bonith Bigirindavyi, Mélance Maniragaba, Bonaparte Sengabo, Charles Gahungu, Dona Fabiola Ruzagiriza et Parfait Nzeyimana.

Mise en page par Jean de Dieu Mugisha.

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6 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Le plan d’affaire consiste Ă  Ă©laborer la stratĂ©gie de l’entreprise et la prĂ©paration d’un plan visant Ă  mettre en Ɠuvre cette stratĂ©gie. Il varie selon l’idĂ©e d’entreprise.

Les futurs entrepreneurs doivent maßtriser les questions-clés en matiÚre de stratégie, de planification et de budget.

Ils sont donc amenĂ©s Ă  maĂźtriser la description de leurs produits et services (leur valeur ajoutĂ©e), le plan marketing, les stratĂ©gies de fixation du prix, le plan organisationnel et opĂ©rationnel, le plan financier sans oublier l’étude du marchĂ©.

Trouver de l’emploi n’est pas chose fa-cile aujourd’hui. Pour faire face Ă  cette situation, la crĂ©ation de son propre emploi s’avĂšre nĂ©cessaire. Les spĂ©cia-listes en la matiĂšre estiment qu’avoir la dĂ©termination et l’esprit entrepreneu-rial priment sur l’argent contrairement Ă  ce que pensent les nĂ©ophytes en la

matiĂšre

« La premiĂšre chose Ă  prioriser pour pouvoir crĂ©er son entreprise c’est la dĂ©termination Ă  vouloir crĂ©er son

entreprise », explique Paul Niyunge-ko, directeur exĂ©cutif de l’Association des Formateurs GERME du Burundi (AFORGER).

Ensuite, fait-il remarquer, c’est la re-cherche d’une idĂ©e bancable compatible avec les caractĂ©ristiques psychologiques de l’intĂ©ressĂ© et le milieu dans lequel on travaille ainsi que les moyens.

« Entreprendre n’est pas un fait du ha-sard. Pour le faire, la premiĂšre Ă©tape importante est d’avoir un esprit entre-preneurial », abonde dans le mĂȘme sens

Entreprendre, c’est aussi une passion !

Euphrasie Bigirimana, coordinatrice du Centre Universitaire de Formation et Recherche en Entrepre-neuriat (CUFORE) : «Le futur entrepreneur doit aussi ĂȘtre formĂ© sur l’élaboration d’un plan d’affaire »

L’introduction de l’approche GERME dans le projet Emplois Jeunes Ruraux (EJR) a occasionnĂ© la crĂ©a-tion de 16 882 emplois permanents et 22 000 emplois saisonniers de 3 Ă  6 mois (Source : EJR)

Euphrasie Bigirimana, coordinatrice du Centre Universitaire de Formation et Re-cherche en Entrepreneuriat (CUFORE). De plus, continue-t-elle, le futur entre-preneur nécessite une sensibilisation.

Et de marteler : « Le futur entrepreneur doit par aprĂšs ĂȘtre formĂ© sur l’élabora-tion d’un plan d’affaire. C’est ce docu-ment, informe Mme Bigirimana, que le futur entrepreneur prĂ©sentera aux insti-tutions financiĂšres afin de contracter les fonds de dĂ©marrage de son projet.

Elle informe cependant que pour inclure une idĂ©e fiable dans le plan d’affaire, il faut faire une Ă©tude du marchĂ© et savoir ce qu’on amĂšne de nouveau aux clients.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

CrĂ©er son entreprise ne suffit pas. Pour Ă©viter les tracasseries, l’entrepreneur doit se conformer aux obligations ad-ministratives. L’API et l’OBR sont les deux institutions administratives les mieux indiquĂ©es non seulement pour crĂ©er son entreprise, mais aussi pour se conformer aux obligations fiscales

Selon LĂ©onard Sentore, directeur de l’Agence de Promotion des Investis-sements (API), le seul organe habi-

lité au Burundi pour la création des so-ciétés est le Guichet Unique de création des sociétés.

API et OBR, deux institutions administratives incontournables pour officialiser son entreprise

Que faut-il prĂ©parer Ă  l’avance ?

M.Sentore rappelle qu’il faut rassembler les documents requis et rĂ©unir les frais de registre de commerce fixĂ©s Ă  40.000 FBu.

« Le choix de la dĂ©nomination sociale de l’entreprise est primordial », explique-t-il. Ensuite, il faut avoir toutes les in-formations sur le siĂšge de l’entreprise. L’entrepreneur doit choisir la forme ju-ridique de la sociĂ©tĂ© en formation.

« Il doit identifier une ou plusieurs acti-vités clairement définies et licites à en-treprendre ».

Il lui revient Ă©galement d’avoir les infor-mations sur le capital social engagĂ© et sa rĂ©partition entre associĂ©s, avoir une pho-to passeport en couleur si on veut ouvrir une sociĂ©tĂ© unipersonnelle, avoir deux copies de la carte nationale d’identitĂ© pour les nationaux et deux copies d’un passeport valide pour les Ă©trangers ou une procuration notariĂ©e en cas de be-soin.

Ce qui est exigĂ© au Guichet Unique de crĂ©ation d’entreprise

Le patron de l’API informe que l’entre-preneur se prĂ©sente ensuite personnel-lement au Guichet Unique de crĂ©ation d’entreprise ou donne une procuration notariĂ©e en cas d’un associĂ© reprĂ©sentĂ©.

On procĂšde ensuite Ă  la vĂ©rification de la dĂ©nomination sociale et du sigle de l’entreprise. Le concernĂ© remplit le for-mulaire de crĂ©ation et la fiche de dĂ©cla-ration. Il doit faire confectionner des statuts-types par les agents de l’API. Les agents du tribunal de commerce ana-lysent le dossier. Suit le paiement des frais du registre de commerce, la signa-ture et la rĂ©ception du registre de com-merce ainsi que le reçu de paiement. Edition du NumĂ©ro d’Identification Fis-cale (NIF) par un agent de l’OBR. Rem-plir la lettre Ă  envoyer Ă  l’OBR.

Documents obtenus aprùs le processus d’inscription

Le directeur de l’API fait remarquer qu’aprĂšs inscription, l’entrepreneur obtient : les statuts de la sociĂ©tĂ©, le re-gistre du commerce, le NIF, le reçu de paiement des frais, la lettre pour passer Ă  l’OBR endĂ©ans 15 jours pour avoir les informations sur le paiement des impĂŽts et taxes.

Des inscriptions selon les sociétés ou les actionnaires

Les documents requis pour créer une société peuvent varier selon les sociétés. Celles-ci sont la société unipersonnelle (S.U), la société de personnes à responsa-

bilitĂ© limitĂ©e (SPRL), la sociĂ©tĂ© anonyme (S.A), la SociĂ©tĂ© en Nom Collectif (SNC), la sociĂ©tĂ© mixte, une coopĂ©rative. Ils va-rient Ă©galement selon les actionnaires. Ceux-ci sont de deux sortes, Ă  savoir : l’actionnaire personne physique et l’ac-tionnaire personne morale.

« Il en est de mĂȘme pour l’ouverture d’une succursale ou filiale au Burun-di, une inscription complĂ©mentaire au registre de commerce ainsi que la de-mande de duplicata ».

Quid des spécificités ?

LĂ©onard Sentore dit qu’une SociĂ©tĂ© Uni-personnelle ne peut pas crĂ©er une autre SociĂ©tĂ© Unipersonnelle. Il souligne que si l’actionnaire est mineur, il est reprĂ©-sentĂ© par son tuteur lĂ©gal. Cela sur prĂ©-sentation de l’extrait d’acte de naissance du mineur et de la piĂšce d’identitĂ© du tuteur lĂ©gal. L’autorisation d’exercer le commerce pour un mineur de moins de dix-huit ans est accordĂ©e par or-donnance du prĂ©sident du Tribunal de Grande Instance du lieu du domicile du mineur.

« Certaines sociĂ©tĂ©s doivent avoir des autorisations spĂ©cifiques prĂ©alablement Ă  l’exercice de leurs activitĂ©s. C’est le cas des sociĂ©tĂ©s miniĂšres. Celles-ci doivent avoir une autorisation de prospection, un permis de recherche et un permis d’exploitation », ajoute-t-il.

Pour les banques et établissements fi-nanciers, Il est exigé un capital mini-mum de dix milliards de FBu pour les banques et un capital minimum de six milliards de FBu pour les établissements financiers.

« Un Ă©tablissement de microfinance peut avoir la forme d’une SociĂ©tĂ© Anonyme, d’une CoopĂ©rative d’épargne et de crĂ©-dit, ou d’une Mutuelle d’épargne et de crĂ©dit ou d’un MicrocrĂ©dit. Le capital minimum exigĂ© diffĂšre selon la forme adoptĂ©e », informe-t-il avant d’annoncer que l’établissement de microfinance qui opte pour la forme d’une SociĂ©tĂ© Ano-nyme doit avoir un capital minimum de deux cent millions de FBu.

Pour celui qui opte pour la forme de coopĂ©rative d’épargne et de crĂ©dit ou de mutuelle d’épargne et de crĂ©dit, il n’y a pas de capital fixe exigĂ©. Il doit avoir au minimum 300 membres ayant souscrit et libĂ©rĂ© des parts sociales variables.

Les Ă©tablissements ayant optĂ© pour la forme de MicrocrĂ©dit doivent avoir un fonds de dotation. Les Ă©tablissements de microcrĂ©dit ne font qu’octroyer des crĂ©-dits. Ils ne font pas de collecte de fonds publics.

« Quant aux bureaux de change, ils

LĂ©onard Sentore, directeur de l’API : « La crĂ©a-tion d’entreprise est effectuĂ©e en 3 procĂ©dures en seulement 4 heures si tous les documents exigĂ©s sont prĂ©sentĂ©s »

Fonctionnel depuis janvier 2013, in-forme-t-il, il regroupe six institutions, Ă  savoir : l’API, le Tribunal du Commerce, l’Office Burundais des Recettes (OBR), l’Institut National de SĂ©curitĂ© Sociale (INSS), l’Inspection GĂ©nĂ©rale du Travail et la Banque Commerciale du Burundi (BANCOBU).

« La crĂ©ation d’entreprise est effectuĂ©e en 3 procĂ©dures en seulement 4 heures. A la condition que tous les documents exigĂ©s soient prĂ©sentĂ©s », fait remarquer M.Sentore. Avant la mise en place de cette procĂ©dure simplifiĂ©e, il fallait 14 jours et c’était fastidieux car il fallait se dĂ©placer auprĂšs des diffĂ©rentes institu-tions logĂ©es Ă  diffĂ©rents endroits. Main-tenant, le Guichet Unique de crĂ©ation d’entreprise est installĂ© Ă  l’API.

Et de renchĂ©rir : « Les coĂ»ts d’enregistre-ment d’une entreprise ont Ă©galement Ă©tĂ© drastiquement rĂ©duits. Ils sont passĂ©s d’un ratio de 117 % Ă  18,3 % du revenu par habitant ». Il rappelle que les frais de crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© sont fixĂ©s Ă  40.000 FBu pour toute nature de sociĂ©tĂ© et 5.000 FBu pour ajout ou modification au re-gistre de commerce.

M. Sentore indique que la procĂ©dure de crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© est la mĂȘme pour les investisseurs nationaux ou Ă©trangers. La prĂ©sence physique des actionnaires est requise sauf sur prĂ©sentation d’une procuration notariĂ©e.

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8 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

doivent avoir un capital minimum de cinquante millions de FBu ».

Le directeur de l’API prĂ©cise que les so-ciĂ©tĂ©s d’assurance sont constituĂ©es sous forme de SociĂ©tĂ© Anonyme ou de SociĂ©-tĂ© Mixte.

Les sociĂ©tĂ©s d’assurance qui exploitent les branches Dommages doivent avoir un capital minimum d’un milliard de FBu non compris les apports en nature.

Les sociĂ©tĂ©s d’assurance exploitant les branches Vie et Capitalisation doivent avoir un capital minimum de cinq cent millions de FBu.

« Aucune sociĂ©tĂ© d’assurance ne peut exploiter les deux branches en mĂȘme temps », insiste-t-il.

Les entreprises d’assurance, de rĂ©as-surance ou leurs dĂ©membrements ne peuvent commencer leurs activitĂ©s qu’aprĂšs avoir obtenu l’agrĂ©ment de l’or-gane de supervision et de rĂ©gulation des assurances.

L’agrĂ©ment est accordĂ© branche par branche et toute entreprise ne peut exer-cer que l’opĂ©ration pour laquelle elle a obtenu l’agrĂ©ment.

Le numĂ©ro 1 de l’API dit que les per-sonnes voulant faire de l’exportation ou de l’importation doivent avoir un code d’exportateur ou d’importateur. Il est de-mandĂ© au DĂ©partement du Commerce ExtĂ©rieur du MinistĂšre du Commerce.

L’OBR pour l’identification et le suivi

« Dans la crĂ©ation d’une entreprise, l’Office Burundais des Recettes (OBR) a le rĂŽle d’attribuer aux concernĂ©s le Nu-mĂ©ro d’Identification Fiscale (NIF) », dĂ©clare Stany Ngendakumana, directeur de la Communication et des Services aux Contribuables et porte-parole de l’OBR. Par aprĂšs, martĂšle-il, l’office fait un suivi afin d’aider Ă  amener le contri-buable Ă  se conformer aux devoirs et aux obligations fiscales.

API : - l’Agence de Promotion des Investissements a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par le DĂ©cret N° 100/177 du 19 octobre 2009 et est opĂ©rationnelle depuis Mars 2010. Elle a pour mission principale de promouvoir les investissements et les exportations au Burundi ; et notamment de :

a. Informer les investisseurs sur tout ce qui touche à la promotion de l’investissement et de l’exportation ;

b. Assister et appuyer les investisseurs en gĂ©nĂ©ral et les exportateurs en particulier, notamment dans l’obtention des documents et/ou l’accomplissement des formalitĂ©s exigĂ©es par la loi ;

c. Concevoir les rĂ©formes nĂ©cessaires Ă  l’amĂ©lioration du climat des affaires ;

d. Interpeller les administrations sur les cas de non application ou de mauvaise application de toute loi ou réglementation en rapport avec la promotion des investissements et des exportations.

L’API met un accent particulier sur l’accroissement des Investissements Directs Etrangers (IDE) et locaux, et s’emploie Ă  vendre l’image du Burundi et les opportunitĂ©s d’investissements grĂące Ă  son Service de Promotion des Investissements.

Par le biais du Service de Promotion des Exportations, l’agence assiste et appuie les opĂ©rateurs privĂ©s dans leurs dĂ©marches pour l’exportation de leurs produits. Cela afin qu’ils puissent vendre plus de produits de meilleure qualitĂ© respectant les normes internationales exigĂ©es par les marchĂ©s rĂ©gionaux ou internationaux.

A travers son Service des RĂ©formes et DĂ©veloppement du Capital Humain, elle travaille pour l’amĂ©lioration du climat des affaires au Burundi et le renforcement des capacitĂ©s de ses employĂ©s et des partenaires.

A travers le Guichet Unique de CrĂ©ation des sociĂ©tĂ©s de l’API, des entreprises de plusieurs types sont crĂ©Ă©es. L’API assiste et appuie les investisseurs dans l’obtention de diffĂ©rents documents et informations ainsi que les formalitĂ©s exigĂ©es par la loi.

-OBR : L’Office Burundais des Recettes (OBR) est un Ă©tablissement public semi-autonome de collecte des recettes publiques. CrĂ©Ă©e par la loi n°1/11 du 14 juillet 2009, le but gĂ©nĂ©ral de la crĂ©ation de cette institution est la rĂ©duction de la pauvretĂ©. Cela par le biais d’une collecte amĂ©liorĂ©e des recettes publiques ainsi qu’un environnement amĂ©liorĂ© des affaires au Burundi.

- La SociĂ©tĂ© Unipersonnelle (S.U) : est une sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e crĂ©Ă©e par une personne physique ou morale qui ne supporte les dettes de la SociĂ©tĂ© qu’à concurrence de ses apports. Le nombre d’actionnaires exigĂ©s en SU est une seule personne physique ou morale.

- SociĂ©tĂ© Anonyme (SA) : est une sociĂ©tĂ© dont le capital est divisĂ© en actions. Elle est constituĂ©e par trois personnes physiques ou morales au minimum qui ne supportent les dettes de la sociĂ©tĂ© qu’à concurrence de leurs apports. Le minimum d’actionnaires exigĂ© est de 3 personnes physiques ou morales.

- La SociĂ©tĂ© de Personnes Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e (SPRL) : elle est constituĂ©e par 2 personnes physiques ou morales au moins et cinquante au plus qui ne supportent les dettes de la SociĂ©tĂ© qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits ne sont transmissibles que sous certaines conditions.

- La SociĂ©tĂ© en Nom Collectif (SNC): est celle que crĂ©ent deux ou plusieurs personnes physiques ou morales qui ont tous la qualitĂ© de commerçant et remboursent indĂ©finiment et solidairement les dettes de la SociĂ©tĂ©. Le minimum d’actionnaires exigĂ© est 2 personnes physiques ou morales.

- La SociĂ©tĂ© CoopĂ©rative (SC) : est une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur l’idĂ©e d’union, de solidaritĂ© et d’entraide mutuelle. Les adhĂ©rents se sont volontairement groupĂ©s pour atteindre un but Ă©conomique et social commun et ont acceptĂ© d’assumer les responsabilitĂ©s particuliĂšres Ă  leur qualitĂ© de membre. Le minimum de personnes exigĂ©es est de 2 personnes physiques ou morales

- La SociĂ©tĂ© Mixte : est une personne morale crĂ©Ă©e par l’Etat, la commune, une ou plusieurs personnes morales de droit public en association avec une ou plusieurs autres personnes physiques ou morales de droit privĂ©. Elle est dotĂ©e d’un patrimoine propre, d’une autonomie financiĂšre et organique.

Stany Ngendakumana, directeur de la Com-munication et des Services aux Contribuables et porte-parole de l’OBR : « Dans la crĂ©ation d’entreprise, l’OBR joue un rĂŽle d’identification des contribuables et assure le suivi afin d’amener ceux-ci Ă  se conformer aux obligations fiscales ».

Pour plus d’informations, le Manuel d’Informations pour les crĂ©ateurs d’en-treprises ou de sociĂ©tĂ©s au Burundi peut ĂȘtre un guide fiable. Entreprise ou sociĂ©-tĂ© signifie la mĂȘme chose.

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Dossier pédagogique no 3

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Burundi Eco

Light Award, tremplin pour les jeunes entrepreneurs?Les jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ont du mal Ă  dĂ©-marrer Ă  cause du manque de finan-cement. L’UniversitĂ© LumiĂšre de Bu-jumbura (ULBu) en collaboration avec Spears Connect Group (SCG) ont mis sur pied la plateforme Light Award, un concours d’idĂ©es entrepreneuriales pour tenter de rĂ©soudre ce problĂšme

Lancé en 2018, Light Award sou-tient les jeunes étudiants vivant au Burundi qui ont des idées entre-

preneuriales prometteuses. L’ULBu a senti le besoin d’accompagner les jeunes Ă©tudiants qui souhaitent se lancer dans entrepreneuriat, mais qui rencontrent un problĂšme de moyens financiers. Elle a fait appel Ă  nous pour crĂ©er un pro-gramme qui rĂ©pondrait Ă  ce besoin, a in-diquĂ© Hans Martinien Assisa, Directeur des OpĂ©rations Ă  SCG.

Les 3 premiers projets des 3 catĂ©gories ont Ă©tĂ© primĂ©s. Il y a deux autres catĂ©go-ries de reconnaissances qui concernent ceux qui se sont dĂ©marquĂ©s par rapport Ă  ce qu’ils font et par rapport Ă  leur place dans la sociĂ©tĂ© », a fait savoir M. Assisa. On a travaillĂ© avec Jimbere, Akeza.net, Ingomag, etc. C’est ainsi qu’on a identifiĂ© les 20 femmes les plus influentes et les 20 jeunes les plus influents du Burundi, a soulignĂ© M.Assisa.

Des résultats probants

« On ne veut pas que les laurĂ©ats soient des symboles ou des figurants. A la 1Ăšre Ă©dition, sur 12 jeunes Ă©tudiants qu’on avait, les 3 finalistes se sont lancĂ©s. Pour l’édition 2019, on a en eu 13 en finale dont 7 se sont par la suite lancĂ©s. Ils ont leurs

Directeur des OpĂ©rations Ă  SCG : « Au dĂ©but, on a lancĂ© un formulaire pour s’enquĂ©rir des pro-blĂšmes que les jeunes Ă©tudiants qui ont des idĂ©es entrepreneuriales rencontrent. Plus 80% d’entre eux ont dit avoir des problĂšmes de fonds pour se lancer. Light Award a Ă©tĂ© comme une rĂ©ponse aux jeunes Ă©tudiants qui ont des idĂ©es entrepreneu-riales, mais ont du mal Ă  se lancer »

Kelly Nkurikiye, laurĂ©ate de Light Award, Ă©dition 2019 : « J’ai rĂ©cupĂ©rĂ© 400 mille FBu qui m’ont per-mis de commencer mon activitĂ©. J’ai entre autres achetĂ© de la peinture et des tee-shirts que j’utilise. Bien plus, grĂące Ă  la visibilitĂ© de Light Award, la galerie d’art Two Five and Seven m’a permis d’exposer dans ses locaux. Je n’ai pas encore rĂ©cupĂ©rĂ© la 2Ăšme tranche parce que je n’ai pas encore eu le temps d’écrire mon plan d’action, mais je le ferai bientĂŽt »

de ses produits, elle attendait les clients. Se dĂ©finissant comme artiste-peintre designer, Nkurikiye ĂągĂ©e de 23 ans est Ă©tudiante en Bac+3 Ă  Bujumbura Inter-national University. « Une semaine aprĂšs la compĂ©tition, j’ai rĂ©cupĂ©rĂ© 400 mille FBu qui m’ont permis de commencer mon activitĂ©. J’ai entre autres achetĂ© de la peinture et des tee-shirts que j’uti-lise. Bien plus, grĂące Ă  la visibilitĂ© de Light Award, la galerie d’art Two Five and Seven m’a permis d’exposer dans ses locaux. Je n’ai pas encore rĂ©cupĂ©rĂ© la 2Ăšme tranche parce que je n’ai pas encore eu le temps d’écrire mon plan d’action, mais je le ferai bientĂŽt », a indiquĂ© la jeune fille. Les commandes ont augmen-tĂ©. Avant, c’était autour de 2 ou 3 com-mandes par semaine, mais maintenant

80% des jeunes interrogés avaient un problÚme de financement de leurs pro-jets

« Au dĂ©but, on a lancĂ© un formulaire pour s’enquĂ©rir des problĂšmes que les jeunes Ă©tudiants qui ont des idĂ©es en-trepreneuriales rencontrent. Plus 80% d’entre eux ont dit avoir des problĂšmes de fonds pour se lancer. Light Award a Ă©tĂ© comme une rĂ©ponse aux jeunes Ă©tudiants qui ont des idĂ©es entrepreneuriales, mais ont du mal Ă  se lancer. Ce programme leur octroie un petit fonds pour se lan-cer. Si l’édition 2018 de Light Award concernait la seule catĂ©gorie de l’entre-preneuriat, celle de 2019 a travaillĂ© sur 3 catĂ©gories, Ă  savoir : l’entrepreneuriat classique, l’agribusiness et l’art crĂ©atif.

propres entreprises », a dĂ©clarĂ© M. Assis. Chaque laurĂ©at de Light Award bĂ©nĂ©fice d’un prix de 800 mille FBu. RĂ©cupĂ©rable en 2 tranches, la 1Ăšre tranche juste aprĂšs la compĂ©tition, la deuxiĂšme aprĂšs prĂ©sen-tation du plan d’action, d’aprĂšs le Direc-teur des OpĂ©ration Ă  SCG.

Kelly Nkurikiye, figure de proue de Light Award ?

Burundi Eco a retrouvĂ© un des laurĂ©ats de Light Award Ă©dition 2019, catĂ©gorie Art CrĂ©atif. Il s’agit de Kelly Nkurikiye qui fait des motifs artistiques person-nalisĂ©s sur des vĂȘtements ou des sacs. Elle Ă©tait venue Ă  l’Institut Français du Burundi (IFB) pour participer Ă  une ex-position-vente. Devant une table garnie

c’est au-delĂ  de 5 commandes. « Parfois j’ai plus de 30 tee-shirts par commande. Le tee-shirt coĂ»te 20 mille FBu piĂšce. Les affaires marchent plutĂŽt bien actuelle-ment grĂące la visibilitĂ© de Light Award », a affirmĂ© Mlle Nkurikiye.

Light Award, une initiative de l’ULBu et de SCG semble porter ses fruits. En plus du petit coup de pouce qu’il donne aux laurĂ©ats du concours en matiĂšre de fi-nancement, elle assure une certaine visi-bilitĂ© dont les entrepreneurs novices ont dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin. Mais vu l’effectif insignifiant des jeunes Ă©tudiants qui en profitent, il est comme une goutte d’eau dans un ocĂ©an.

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10 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

« Entreprendre c’est rĂ©flĂ©chir, apprendre et agir dans le moment prĂ©sent »Les dĂ©buts sont toujours difficiles. La plupart des entrepreneurs dĂ©bu-tants hĂ©sitent Ă  se lancer. Ils peinent Ă  se frayer un chemin dans un monde qui est trĂšs concurrentiel. Le coach et consultant en entrepreneuriat Stephan Doukhopelnikoff livre son analyse sur les premiers pas d’un entrepreneur. Il jette Ă©galement son regard sur le sec-teur entrepreneurial au Burundi. Pour conclure, il donne des conseils pour

réussir son projet

D’aprùs Stephan Doukhopelni-koff, coach en entrepreneuriat, la connaissance et la confiance en

soi sont les rĂšgles d’or d’un entrepreneur. « Avant de vous lancer dans l’entrepreneuriat comme dans chaque ac-tivitĂ© de la vie, il est im-portant de se connaĂźtre. Il faut dĂ©celer ses valeurs et sa passion. En outre, vous devez repĂ©rer ce que vous aimez faire. Ce que vous aimez, vous le faites mieux ! Quel est votre destin ? Quelle dif-fĂ©rence vous voulez faire dans le monde ? Qui vous voulez ĂȘtre dans 10 ans ? » explique le coach Doukhopelnicoff.

Ainsi, la rĂ©ponse Ă  ces questions dĂ©finit votre ĂȘtre. Le seul endroit oĂč on peut trouver tou-jours la force, c’est en vous-mĂȘme. « Si vous dĂ©pendez des choses ex-tĂ©rieures pour avoir de la force, vous ĂȘtes perdu d’avance ! », prĂ©vient-il. Cependant, il ne faut pas confondre cela avec la nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre aux be-soins des autres comme entrepreneur.

« Le monde des affaires est un monde de résultats »

Ce spĂ©cialiste de l’entrepreneuriat pri-vilĂ©gie le coaching de compassion, celui basĂ© sur l’intention du client. « Je dois d’abord connaĂźtre et comprendre le client. Ensuite, je dois vĂ©rifier si le client sait vrai-ment ce qu’il ou elle veut », dit-il. Le coa-ching de compassion est le seul coaching qui donne des rĂ©sultats satisfaisants Ă  long terme. Celui qui fait des activitĂ©s sous les commandes d’autrui n’est pas alignĂ© avec son ĂȘtre. Le monde des af-faires est un monde de rĂ©sultats. Or, on ne peut atteindre des rĂ©sultats que si on a la volontĂ© de rĂ©ussir. Bref, « vous pou-vez ĂȘtre ce que vous voulez ĂȘtre » conclut Doukhopelnikoff, en paraphrasant Paul Arden, l’auteur de cet ouvrage.

Les qualitĂ©s d’un bon entrepreneur

Un entrepreneur c’est quelqu’un qui se connait trĂšs bien. Il doit dĂ©tecter ses forces et ses faiblesses. C’est quelqu’un d’authentique, quelqu’un en qui on peut faire confiance. La confiance c’est la base de toute interaction entre les hommes. Une fois qu’on ne peut pas ou plus ins-pirer confiance, on perd toute crĂ©dibilitĂ©, prĂ©vient-il. Et le coach Doukhopelnikoff de prĂ©ciser qu’un des grands problĂšmes de l’entrepreneuriat local est qu’on se lance dans les affaires sans comprĂ©-hension ni prĂ©paration sur ce qu’on entreprend. En plus de se connaĂźtre soi-mĂȘme, un bon entrepreneur connait aussi les autres. Un Ă©lĂ©ment qui est souvent nĂ©gligĂ©, alors qu’avant tout un

entrepreneur rĂ©pond aux besoins des autres. C’est de lĂ  qu’il apporte de la va-leur ajoutĂ©e et gĂ©nĂšre des profits, ceux-ci Ă©tant l’oxygĂšne de la viabilitĂ© de toute organisation et entrepreneuriat.

Un des secrets de rĂ©ussite des bons entre-preneurs, c’est qu’ils sont maĂźtres de ce qu’ils font. La maĂźtrise va beaucoup plus loin que la connaissance. La maĂźtrise et l’action font la diffĂ©rence entre un entre-preneur qui rĂ©ussit et un intellectuel qui, dans son fauteuil ou derriĂšre son bureau, croit avoir beaucoup de savoirs. Le savoir n’est rien sans action. Et la sociĂ©tĂ©, mĂȘme si elle est en dĂ©veloppement, n’a pas besoin d’intellectuels seulement, mais aussi d’entrepreneurs authentiques, ex-plique le coach Doukhopelnikoff. Se-lon lui, entreprendre c’est rĂ©flĂ©chir, ap-prendre et agir dans le moment prĂ©sent. Les solutions se trouvent toujours dans le prĂ©sent et pas dans le passĂ©. L’histoire et le passĂ© bloquent souvent l’action et

la confiance dans le prĂ©sent. Le passĂ© et l’histoire donnent trop d’excuses pour ne rien faire, rien essayer et dans le pire pour rĂ©pĂ©ter le passĂ©. Trop de focus sur le passĂ© bloque le dĂ©veloppement.

Comment réussir dans un monde concurrentiel ?

Si le marchĂ© est concurrentiel, c’est parce qu’il est bloquĂ©, limitĂ©, saturĂ© ou qu’on n’a pas les compĂ©tences voulues. La so-lution est de se lancer dans une activitĂ© oĂč personne ne se lance avec les capaci-tĂ©s et les compĂ©tences requises et qui rĂ©-pondent Ă  un besoin. Par ailleurs, s’il est trĂšs difficile de pĂ©nĂ©trer le marchĂ©, l’en-trepreneur doit renforcer ses connais-sances et ses capacitĂ©s. Il faut avoir Ă  l’es-

prit que rien n’est facile dans la vie. D’ailleurs, aucun ĂȘtre humain n’a tout le savoir ni toutes les expĂ©riences. Ainsi, le risque, l’échec et la rĂ©ussite font partie du chemin d’un en-trepreneur. L’échec est lĂ  pour vous faire apprendre. Une per-sonne forte a la capacitĂ© de transformer un Ă©chec en une opportunitĂ© quand cela est possible. « Si ce n’est pas pos-sible, acceptez que ce soit un fait et continuez votre chemin. Ap-prenez, faites un dĂ©tour, sautez en avant, mais surtout, n’arrĂȘtez pas de poursuivre votre chemin de vie », propose le coach Doukhopelnikoff.

Chercher toujours Ă  faire la diffĂ©rence Un entrepreneur c’est quelqu’un qui a le courage de croire qu’il fait la diffĂ©rence. Et faire la diffĂ©rence, c’est crĂ©er de la valeur ajoutĂ©e.

C’est un des piliers de l’entrepreneu-riat. Vous trouverez les dix compĂ©tences essentiels d’un entrepreneur sur le site DOUTTI.com https://doutti.wordpress.com/francais-burundi/les-10-compe-tences-dun-entrepreneur/

Avant d’entreprendre, l’entrepreneur doit rĂ©flĂ©chir trĂšs bien lĂ  oĂč il peut faire la diffĂ©rence compte tenu de son propre ĂȘtre et de la personne qu’il veut devenir. « Ne perdez pas de temps Ă  espĂ©rer (une ex-cuse pour ne pas agir), mais soyez convain-cu, croyez et agissez ! », suggĂšre le coach Doukhopelnikoff. Il recommande de faire une analyse introspective. « RĂ©flĂ©-chissez Ă  ce qui vous manque (vos propres capacitĂ©s, connaissances, les capacitĂ©s et les connaissances des autres pour vous assister) pour arriver Ă  vos buts et faites le nĂ©cessaire dans le moment prĂ©sent pour adapter et cor-riger », dĂ©taille-t-il . Pour lui, ni le passĂ© ni l’incertitude du futur n’est une excuse pour ne rien faire.

Stephan Doukhopelnikoff, coach en entrepreneuriat : « La maĂźtrise et l’action font la diffĂ©rence entre un entrepreneur qui rĂ©ussit et un intellectuel qui, dans son fau-teuil ou derriĂšre son bureau, croit avoir beaucoup de savoirs ».

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

SchĂ©ma du plan d’affairesBusiness plan

Qui ĂȘtes VOUS ? Votre SERVICE ou

PRODUIT ?

Quel est votre

MARCHÉ ?

Votre ÉQUIPE ?

Votre prénom et nom

Votre cursus scolaire

Votre environnement

Forme juridique de l’en-treprise : en nom person-nel ou autre

Votre structure juridique.

Statuts, contrats, marques, licences?

DĂ©crivez le service ou le produit de votre future entreprise

A quels besoins votre entreprise répondra-t-elle ?

OĂč se situe la valeur ajoutĂ©e ?

Quel est le nom

de votre

entreprise ?

Le nom de vos services ou Produits ?

Vous connaissez votre marché ?

Qui sont vos Clients ?

Pourquoi seront-ils vos clients ?

Qui sont vos concurrents ?

OĂč est-ce que, vous et votre service ou votre produit, faites la diffĂ©rence par rapport aux produits exis-tants ?

Vous allez agir seul ou en Ă©quipe ?

Vous avez besoin de partenariats ? Lesquels ?

Quels genres de partenariats ?

Qui sont vos fournisseurs, vos bailleurs ?

Vos ressources humaines ?

Leaders in Results

www.DOUTTI.com

Africa | Great Lakes

Comment confectionner un Business Plan ?

Votre STRATÉGIE ? Plan FINANCIER ? Plan d’ EXPLOITATION Analyse de vos forces et faiblesses

SWOT

Quels sont vos objectifs ? SMART

Vous avez Ă©laborĂ© un plan d’action avec toutes les tĂąches, dates et Ă©tapes Ă  franchir ?

Vous avez une liste de choses encore à apprendre, des défis ?

Plan de vente et marketing.

Quel est votre positionnement ? 4P

Produit | Place | Prix | Promotion ?

Coûts de départ :

API | OBR


Coûts fixes.

Coûts variables.

Projection du chiffre d’Affaires.

Quels sont vos moyens propres ?

connaissance, expériences, machines, matériel, argent

Comment financer le solde ?

Vous avez besoin de matĂ©riel et d’équipement ? Besoin de nouvelles technologies ? Changement futur ?

Besoin d’un lieu pour loca-lisation ?

Vous avez besoin de RD : Recherche et DĂ©veloppement ?

Vos passions ?

Vos talents ?

Vos compétences.

OĂč faites- vous la diffĂ©rence ?

Vos faiblesses ?

Quoi faire ?

OĂč sont les dangers, menaces pour votre business ?

La confection d’un Business Plan est une Ă©tape trĂšs importante dans les prĂ©paratifs en vue de la crĂ©ation d’une entreprise. Burundi Eco remercie Stephan Doukhopelnikoff. Nous publions le schĂ©ma qu’il a conçu.

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12 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

PLAN D’ACTIONN

# Action Résultat attendu Date de réalisation attendue

Date de réalisation effective

Statut Commentaire

A MARKETING

1 Distribution de brochures potentiels clients convaincus jan, fév Réalisé

2 Distribution des échantillons potentiels clients convaincus jan, fév Réalisé

3 Conception site internet potentiels clients convaincus Réalisé

4 Publicité sur résaux sociaux notoriété jan Pas encore réalisé

5 Publireportages notoriété jan Réalisé

6 Autres notoriété jan, fév Pas encore réalisé

B ACTIONS COMMERCIALES

1 100 ménages à demarrer avec fidélité des premiers clients jan, fév Réalisé

C ACTIONS INTERNES

1 recruter deux agents marketing mesures marketing renforcées jan Réalisé

2 recruter un comptable suivi du bilan mensuel jan Réalisé

3 recruter un responsable logistique suivi des ventes et achats jan Réalisé

Exemple de plan financier conçu par un entrepreneur burundais

Le plan d’action consiste Ă  Ă©laborer les tĂąches que l’entrepreneur envisage d’éxecuter. Cela peut se faire avant ou pendant l’exercice. Il doit ĂȘtre actualisĂ© selon les besoins.

Les coûts directs sont intégrés au prix de revient du produit : matiÚre premiÚre, conditionnement (emballage), matériels, transport, etc. La marge brute : le bénéfice sur le prix de vente en pourcentage = 100%-(coût direct/prix de vente).

PREVISION DU CHIFFRE D’AFFAIRES

1. PRIX DE VENTE ET COÛTS DE REVIENT

Produits ou Services proposés

Unité Prix Coût de revient direct Marge Coeffi-cient

de de MatiĂšres Condition- Autre (1) Autre (2) brute CdR

Mesure vente premiÚres nement coût direct coût direct TOTAL

par unité par unité par unité par unité par unité par unité

BIF BIF BIF BIF BIF BIF % NA

Combustible 1 Kg 500 93 15 83 79 270 46% 2

PoĂȘle 1 PiĂšce 20 000 8 500 8 500 58% 2

0

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0

0

Burundi Eco publie pour la premiĂšre fois des extraits d’un plan financier conçu par un candidat entrepreneur. Il s’agit de quelques tableaux extraits du plan. L’entreprise dont il est question a pour but de fabriquer des combustibles et des foyers (poĂȘle, appareil de chauffage). Avant toute chose, il est important d’anticiper, de prĂ©voir, de calculer les coĂ»ts c’est-Ă -dire les dĂ©penses notamment. Mais il faut aussi un plan d’action qui s’inscrit dans le temps. Nous publions ci-aprĂšs diffĂ©rents tableaux illustrant les prĂ©visions.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

4. PREVISION DU CHIFFRE D’AFFAIRES (EXERCICES 2 & 3)

CA Evolution CA Evolution CA

2020 CA 2021 2021 CA 2022 2022

BIF % BIF % BIF

126 000 000 149% 313 800 000 69% 529 200 000

69 000 000 132% 160 100 000 65% 264 600 000

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3. PREVISION DU CHIFFRE D’AFFAIRES (PREMIER EXERCICE) Chiffre d’affaires

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Octobre Nov. Déc.

BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF

Combustible 4 500 000 4 500 000 5 400 000 6 300 000 7 200 000 8 100 000 12 000 000 13 200 000 14 400 000 15 600 000 16 800 000 18 000 000

PoĂȘle 3 000 000 3 000 000 3 600 000 4 200 000 4 800 000 5 400 000 6 000 000 6 600 000 7 200 000 7 800 000 8 400 000 9 000 000

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

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0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Total 7 500 000 7 500 000 9 000 000 10 500 000 12 000 000 13 500 000 18 000 000 19 800 000 21 600 000 23 400 000 25 200 000 27 000 000

2. QUANTITES VENDUES MENSUELLEMENTT

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Octobre Nov. Déc.

(Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité) (Unité)

9 000 9 000 10 800 12 600 14 400 16 200 24 000 26 400 28 800 31 200 33 600 36 000

150 150 180 210 240 270 300 330 360 390 420 450

9 150 9 150 10 980 12 810 14 640 16 470 24 300 26 730 29 160 31 590 34 020 36 450

Produits ou Services

(unité)

Combustible (Kg)

PoĂȘle (PiĂšce)

Total

Le tableau 3 (PrĂ©vision du chiffre d’Affaires premier exercice) correspond au prix de vente et coĂ»ts de revient (tableau 1) multipliĂ©e par la quantitĂ© vendue mensuellement (tableau 2).

Ce tableau (tableau 4) montre l’évolution en pourcentage par rapport au chiffre d’Affaires. La premiĂšre annĂ©e de fonctionnement, l’entreprise enregistrera 149% de recettes en plus sur le combustible tandis que la deuxiĂšme annĂ©e, elle enregistrera 69% de recettes en plus sur le mĂȘme produit. La variation est expliquĂ©e par le fait que l’entreprise part de zĂ©ro en terme de production. Pour le deuxiĂšme et troisiĂšme exercice, l’entreprise est stable et les quantitĂ©s vendues sont stables.

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14 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Le loyer Ă©quivaut Ă  nĂ©ant car l’entreprise est installĂ©e dans la propriĂ©tĂ© de l’entrepreneur. Certaines rubriques telles assurance et frais de poste n’ont pu ĂȘtre calculĂ©s en dĂ©but d’exercice.

Frais Fixes

(hors salaires)

Loyers

Charges locatives

Frais bancaires

Entretiens et réparations

Energie (eau, électricité, gaz)

Assurances (locaux, RC prof.)

Fournitures de bureau

Publicité

Frais de déplacement

Frais de poste

Frais de téléphone, fax et portable

Charges relatives aux véhicules

Honoraires (avocat comptabilité/conseil)

PiĂšces de rechange

TĂ©lecommunications/Internet

Total

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Octobre Nov. Déc.

BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF

NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant NĂ©ant

30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000 30 000

5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000

400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000

10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000 10 000

541 250 91 250 91 250 91 250 91 250 91 250 461 250 11 250 11 250 11 250 11 250 11 250

200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000 200 000

40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000 40 000

20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000

20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000

4 000 000 4 000 000

20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000

1 286 250 836 250 836 250 836 250 836 250 836 250 5 206 250 756 250 756 250 756 250 756 250 4 756 250

FRAIS FIXES HORS SALAIRE (PREMIER EXERCICE)

SALAIRES OU CHARGES DE PERSONNEL (PREMIER EXERCICE)

Charges de Personnel

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Octobre Nov. Déc.

BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF BIF

Directeur GĂ©neral 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000

Dir. Technique 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000

Comptable 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000 400 000

Logistique (2) 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000 700 000

Marketing 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000 350 000

Main d’oeuvre 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000 450 000

Total 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000 3 100 000

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Deux sources d’intĂ©gration entrepreneurialeLes formations en techniques managĂ©-riales et financiĂšres suivi par l’accom-pagnement effectuĂ©s par les centres d’incubation Burundi Business Incu-bator (BBIN) et Youth Agribusiness Incubator (YAIN) au profit des en-trepreneurs en herbe constituent un noyau de la promotion et de la crĂ©ation de l’emploi chez les jeunes. Toutefois, les fonds de base et le marchĂ© d’écoule-

ment des produits reste des défis

« Le problĂšme qui se pose c’est le manque d’emploi pour des milliers de jeunes qui sortent des universi-

tĂ©s ou des Ă©coles techniques. Donc le taux de chĂŽmage est trĂšs Ă©levĂ© » dĂ©plore Pierre Claver Nduwumwami, directeur du BBIN. Selon lui, ce sont les petites et moyennes entreprises qui donnent l’em-ploi. Et ces derniĂšres sont crĂ©Ă©es par les entrepreneurs. Des gens qui sont mo-

BBIN-YAIN

et managĂ©riales. Selon lui, pour fabri-quer un produit ou rendre un service, il faut avoir les compĂ©tences techniques requises. Il en est de mĂȘme pour pouvoir gĂ©rer une entreprise de façon efficace. Le deuxiĂšme type d’appui c’est l’accĂšs au marchĂ© parce que les jeunes entrepre-neurs ont besoin de vendre leurs produits ou services. Ils apprennent alors com-ment accĂ©der au marchĂ©. Le troisiĂšme appui, c’est l’accĂšs au financement. Le directeur du BBIN explique qu’un entre-preneur doit avoir un bon profil d’entre-preneur. Il doit aussi avoir un bon projet construit sur une bonne idĂ©e. Il souligne toutefois qu’il faut d’abord des fonds pour dĂ©marrer. «Pour grandir, le jeune entrepreneur a besoin de financements. C’est Ă  ce niveau que le BBIN intervient», rassure M. Nduwumwami.

Techniques managériales

Le BBIN se sert de trois modules pour

fessionnelle. Avec l’appui de ceux qui ont les moyens, les jeunes arrivent Ă  faire un mĂ©tier quelconque (exemple la couture), Ă  faire certifier leurs produits (farine pour bouillie, farine composĂ©e, etc.).

Financement des entreprises

Il y a plusieurs formes de financement des entreprises. Pour commencer, in-forme Nduwumwami, le jeune entrepre-neur doit avoir ses propres fonds, la pos-sibilitĂ© d’accĂ©der Ă  un crĂ©dit au niveau de la banque et la possibilitĂ© d’attirer un investisseur quelconque pour financer le capital. Selon lui, on peut penser Ă  des subventions qui sont octroyĂ©es par les partenaires. Le BBIN reçoit parfois des fonds pour donner un appui financier en nature. Il affirme qu’il y a des jeunes qui ont reçu des machines pour transformer la farine complĂšte et des motopompes octroyĂ©es par la BBIN Ă  Bubanza.

Comment trouver les financements ?

A travers le concours de plans d’affaires appelĂ© SHIKA, le BBIN fait la prĂ©incu-bation pour aider l’entrepreneur Ă  dĂ©-velopper son idĂ©e, Ă  la transformer en idĂ©e vendable sur le marchĂ© Ă  l’aide d’un plan d’affaire. Celui qui gagne le prix peut dĂ©marrer avec le BBIN pour essayer de mettre en Ɠuvre son plan d’affaire. Ainsi, avec le financement du FIDA via le Projet de DĂ©veloppement des FiliĂšres (PRODEFI), le BBIN a aidĂ© Ă  crĂ©er plus de 17.000 emplois dans quatre provinces. Aujourd’hui, il en est Ă  sept provinces (Kayanza, Ngozi, Bubanza, Muramvya, Gitega, Ruyigi et Karusi). La mission du BBIN c’est d’aider les jeunes Ă  s’orga-niser pour mettre en Ɠuvre leurs plans d’affaires mais aussi de stimuler l’esprit entrepreneurial. « Les jeunes savent qu’ils ne doivent pas attendre Ă©ternelle-ment que le gouvernement ou tout autre employeur leur propose un emploi. Ils savent trĂšs bien qu’ils doivent compter sur leurs propres forces pour crĂ©er leur propre emploi », se rĂ©jouit le directeur du BBIN.

Formation en petits métiers

Yain a commencĂ© par former les femmes et les filles mĂšres en Ă©levage des lapins. Aristide Ihorimbere, directeur de Yain explique que le lapin est un animal moins cher et de surcroĂźt accessible et moins couteux pour son alimentation. Selon lui, 25 personnes issues de 25 mĂ©-nages ont Ă©tĂ© formĂ©es en septembre 2018 sur les techniques d’élevage des lapins et les jardins de cuisine. Et, en novembre de la mĂȘme annĂ©e, 30 jeunes qui Ă©taient appuyĂ©s par le BBIN ont Ă©tĂ© formĂ©s dans l’apiculture au lieu de simplement vendre le miel, mais aussi d’autres dĂ©-rivĂ©s du miel (vin de miel, cire). En ma-tiĂšre piscicole et apicole, le Yain est en

Pierre Claver Nduwumwami, directeur du BBIN : « Pour fabriquer un produit ou rendre un service, il faut avoir les compétences techniques requises »

tivĂ©s Ă  crĂ©er quelque chose, Ă  proposer un produit ou un service sur le marchĂ© moyennant rĂ©munĂ©ration. Il prĂ©cise que ces entreprises ont besoin d’ĂȘtre appuyĂ©es par les structures qui en ont la compĂ©tence. Ce sont les incubateurs d’entreprises ou pĂ©piniĂšres d’entreprises ou des centres de dĂ©veloppement des en-treprises vers lesquels les entrepreneurs s’orientent pour un appui technique.

Appui sous trois dimensions

Le BBIN est lĂ  pour jouer ce rĂŽle d’ap-pui sous trois formes. Pierre Claver Nduwumwami Ă©voque d’abord le ren-forcement des compĂ©tences techniques

former les jeunes entrepreneurs qui sollicitent ses services. Il s’agit du mo-dule « GĂ©rer mieux votre entreprise », du module « Trouver mieux votre idĂ©e d’entreprise », et du module « CrĂ©er votre entreprise ». Avec ces modules, souligne-t-il, le jeune entrepreneur com-prend comment le marchĂ© est structu-rĂ©, comment vendre, comment faire le marketing, comment gĂ©rer le personnel, comment gĂ©rer le risque, etc. Au niveau des techniques de production et de ges-tion de l’entreprise, le BBIN ne dispose pas d’usines ou de machines. Il aide les jeunes Ă  faire des stages durant les pĂ©riodes de formation professionnelle dans les centres de formation socio-pro-

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16 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

train de former 70 jeunes (à Cibitoke) et 52 jeunes à Kirundo issus des associa-tions appuyées par Help Channel.

Une formation mensuelle intensive pour

les jeunes sur une filiĂšre de leur choix est organisĂ©e. Pour la premiĂšre semaine, on leur apprend le mĂ©tier (trois jours dans la salle et 2 jours de visite de terrain) et, pour la semaine suivante, c’est la for-

mation sur l’élaboration d’un plan d’af-faire. Puis suit l’accompagnement. Vingt jeunes formĂ©s en Ă©levage de poules se sont dĂ©jĂ  regroupĂ©s en une coopĂ©rative qui est enregistrĂ©e Ă  l’API. Ils sont Ă  la recherche d’un point de vente des Ɠufs. Le Yain accompagne les activitĂ©s de ces jeunes. Ainsi, il est facile d’approvision-ner un marchĂ© de 10.000 oeufs puisque les fournisseurs sont connus d’avance (Ă©tude du marchĂ©).

Perspectives d’avenir

Le programme de formation va ĂȘtre continuel Ă  travers les hubs jusque dans les provinces. Le hub sera aussi un centre de formation en pratiques agricoles. Il y aura un nombre important de poules et de niches d’abeilles. M.Ihorimbere a rassurĂ© que le YAIN a dĂ©jĂ  connectĂ© 18 entreprises aux points de vente locaux et internationaux (RD Congo, Kenya, Ou-ganda). Il s’agit des marchĂ©s pour le pi-ment, la bouillie, le miel et les fruits. On fait le marketing pour la promotion des produits locaux pour une consomma-tion locale et internationale. Toutefois, il a soulignĂ© comme dĂ©fis le manque de financement, les emballages et les outils de production comme les machines qui ne sont pas exonĂ©rĂ©es.

Aristide Ihorimbere, directeur de Yain : « YAIN a déjà connecté 18 entreprises aux points de vente locaux et internationaux (RD Congo, Kenya, Ouganda) »

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Entreprendre en agriculture

Un antidote pour le chĂŽmage des jeunes non scolarisĂ©sIls ne savent pas lire, ni Ă©crire, ni uti-liser l’ordinateur ou n’ont pas de di-plĂŽmes
Cependant, ils constituent une main d’Ɠuvre habile pour le dĂ©-veloppement Ă©conomique du pays. Soutenir les jeunes non scolarisĂ©s pour entreprendre dans une activitĂ© Ă  leur portĂ©e, pourrait ĂȘtre un Ă©lĂ©ment de lutte contre le chĂŽmage qui hante la jeunesse rurale

Selon la définition donnée par le Bureau International du Travail, le chÎmeur est celui qui est en ùge

de travailler (plus de 15 ans), privĂ© d’un emploi, en recherchant un et immĂ©dia-tement disponible afin de l’occuper. Si on ne dispose pas de statistiques sur le nombre des jeunes non scolarisĂ©s, on ne

Le Burundi est un pays agricole. Si on veut rĂ©sorber le chĂŽmage des jeunes non scolarisĂ©s, on doit les inciter Ă  investir dans l’agriculture

n’apporte presque rien Ă  cette jeunesse qui veut plus, qui attend plus de la vie .Ces jeunes ont besoin d’ĂȘtre formĂ©s sur la matiĂšre entrepreneuriale afin de pou-voir leurs propres emplois, exploiter des terrains qui sont encore vierges ou trans-former l’agriculture en une activitĂ© en-trepreneuriale gĂ©nĂ©ratrice de richesses et d’emplois.

Former avant d’entreprendre, une nĂ©-cessitĂ©

ADISCO est une ONG qui forme la po-pulation paysanne sur l’entrepreneu-riat et accompagne surtout les jeunes Ă  amĂ©liorer leur employabilitĂ© et Ă  dĂ©ve-lopper des innovations dans le domaine de l’agriculture. ADISCO met en place des formations en gestion et en organi-sation Ă  l’endroit des jeunes non scolari-

que ces jeunes ont besoin d’investir avec innovation. Il faut que les jeunes trouvent que ce qu’ils font en agriculture est intĂ©ressant, attrayant, innovant et lu-cratif. La rĂ©alitĂ© est qu’aujourd’hui, cette ONG a en son sein des jeunes qui sont des champions agricoles. Ils sont dĂ©sor-mais crĂ©ateurs d’emplois et gagnent des millions de BIF. Cependant, il prĂ©cise que ce n’est pas n’importe quelle acti-vitĂ© agricole. Ils entreprennent dans la culture des plantes qui rapportent beau-coup comme le maracuja, le gingembre, l’ail
Ce qui incite leurs collĂšgues Ă  en-treprendre dans d’autres domaines telles que la transformation, la commercialisa-tion, etc


Si l’entrepreneuriat ne se dĂ©crĂšte pas, encourager et accompagner les aspi-rations entrepreneuriales des jeunes

peut imaginer qu’il y en a beaucoup dans notre pays oĂč le taux brut de scolarisa-tion est de 6,16 % pour l’enseignement supĂ©rieur, 50,33 % pour l’enseignement secondaire et 126, 5 % pour l’enseigne-ment primaire en 2017. (Source : Unesco). La plupart de ces jeunes sont occupĂ©s par l’agriculture qui, malheureusement, ne peut les occuper tout au long de l’an-nĂ©e et encore moins leur vie durant. Et cette agriculture reste rudimentaire. Elle

sés pour les aider à améliorer leurs pra-tiques agricoles et sur la structuration paysanne.

Selon LibĂšre Bukobero, secrĂ©taire gĂ©-nĂ©ral de l’ADISCO, cette ONG veut construire et renforcer un mouvement paysan autonome. « Le Burundi est un pays agricole. Si on veut rĂ©sorber le chĂŽ-mage des jeunes non scolarisĂ©s, on doit les inciter Ă  investir dans l’agriculture », dit-il. Cependant, M. Bukobero explique

demandeurs d’emploi favorisent leur insertion, non seulement par la crĂ©a-tion effective d’entreprise, mais surtout en accĂ©lĂ©rant leur accĂšs Ă  l’emploi et Ă  la formation grĂące Ă  une plus grande confiance en soi, une plus forte motiva-tion et une meilleure comprĂ©hension de leur environnement. Ainsi, il faut se convaincre que les jeunes demandeurs d’emploi sont capables d’entreprendre, mĂȘme s’ils sont peu qualifiĂ©s.

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18 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Les Pays-Bas font la promotion du secteur privĂ© via l’entrepreneuriat des jeunesDepuis janvier 2019, l’ambassade des Pays-Bas organise des soirĂ©es pour les jeunes entrepreneurs. Ces Ă©vĂšne-ments, riches en expĂ©riences, offrent aux jeunes entrepreneurs un cadre d’échange dont l’objectif est de nouer des relations d’affaires. Le bilan des trois premiĂšres soirĂ©es est satisfaisant et prometteur, se rĂ©jouit l’ambassa-deur

Le Royaume des Pays-Bas noue des relations Ă©troites avec le Burundi grĂące aux actions de son ambas-

sade. Il accompagne et appuie les projets de dĂ©veloppement, qui soutiennent le Plan National de DĂ©veloppement bu-rundais. Cela se matĂ©rialise par les in-vestissements dans divers programmes avec un accent particulier sur le dĂ©ve-loppement socio-Ă©conomique portĂ© par des paysans (mĂ©nages), par des femmes et des jeunes. Les interventions des Pays-Bas s’inscrivent Ă©galement dans une ap-proche rĂ©gionale, des Grands Lacs.

Quels sont les domaines d’intervention des Pays-Bas ?

Les interventions se dĂ©clinent en fonc-tion de trois objectifs spĂ©cifiques prin-cipaux, Ă  savoir : l’autonomisation des familles rurales Ă  travers une agriculture basĂ©e sur la rĂ©silience et le dĂ©veloppe-ment du secteur privĂ©, l’autonomisa-tion des femmes et des jeunes Ă  travers la santĂ© reproductive, le dĂ©veloppement des compĂ©tences des femmes et des jeunes pour amĂ©liorer leurs opportuni-tĂ©s d’emploi et leurs revenus. Les Pays-Bas allouent annuellement, une enve-loppe de 38 millions d’euros, soit environ 75 milliards de FBu Ă  la coopĂ©ration avec le Burundi dont 24,5 millions d’euros orientĂ©s vers la sĂ©curitĂ© alimentaire et l’investissement durable.

La grande majoritĂ© de la population Ă©tant agricole (plus de 90%), les inter-ventions du Royaume des Pays-Bas touchent en premier lieu les producteurs agricoles. En ce sens, la promotion des petits producteurs a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  travers l’approche dĂ©nommĂ©e Plan IntĂ©grĂ© Pay-san (PIP). Cette derniĂšre offre des oppor-tunitĂ©s aux producteurs et leurs familles de planifier leurs activitĂ©s sur le long terme, en termes d’une augmentation de la productivitĂ©, gestion de la ferme, nu-trition et planning familial. La mise en Ɠuvre de ce plan est accompagnĂ©e et a rĂ©sultĂ© dans une autopromotion de tous les membres des mĂ©nages ruraux.

C’est aussi dans ce cadre que nous vou-lons investir dans la jeunesse, explique Mme Caecilia Wijgers, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas. Dans la ville de

Bujumbura comme Ă  l’intĂ©rieur du pays, pas mal de jeunes ont de bonnes idĂ©es. Malheureusement, ils manquent sou-vent des pistes pour rĂ©aliser leurs rĂȘves, dĂ©plore-t-elle.

Pourquoi des soirées réservées aux jeunes entrepreneurs ?

D’aprĂšs Mme Wijgers, les inves-tissements dans le secteur privĂ© se concentrent souvent sur des entrepre-neurs adultes. Les jeunes sont souvent dĂ©laissĂ©s du fait que leur financement serait trop risque. Ils manquent souvent d’opportunitĂ©s pour exploiter leurs po-tentialitĂ©s.

Les soirĂ©es des jeunes entrepreneurs qui sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©es par l’Am-bassade des Pays-Bas et ses partenaires, dit-elle, offrent un bon cadre aux jeunes pour s’exprimer sur les opportunitĂ©s dans l’environnement des affaires. C’est Ă©galement un cadre d’échange entre les entrepreneurs expĂ©rimentĂ©s, les jeunes candidats, les ONG et institutions d’ap-puis, les entreprises susceptibles d’ac-compagner les startups de jeunes.

Un événement couronné de succÚs

Depuis son lancement en janvier dernier, la soirée des jeunes comptabilise trois éditions sur des thÚmes trÚs diversifiés.

L’ambassadeur Wijgers dresse un bilan positif des activitĂ©s dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©es lors de cet Ă©vĂ©nement. La 1Ăšre Ă©dition a permis aux jeunes entrepreneurs de se prĂ©sen-ter et de se faire connaĂźtre. Les jeunes citadins et ceux du milieu rural ont eu l’opportunitĂ© de prendre connaissance les uns des autres ainsi que de leurs sec-teurs d’activitĂ©s respectives. La seconde Ă©dition s’est focalisĂ©e sur la prĂ©sentation des activitĂ©s des jeunes. Les participants dĂ©signĂ©s ont procĂ©dĂ© Ă  la description gĂ©-nĂ©rale de leurs business, des produits ou services offerts ainsi que leurs stratĂ©gies de vente. Le but de cet exercice Ă©tait de faire une ‘elevator pitch » pour sĂ©duire les investisseurs et les clients potentiels.

La troisiĂšme Ă©dition a Ă©tĂ© consacrĂ©e aux tĂ©moignages des jeunes entrepreneurs sur leurs dĂ©buts souvent sombres et par-semĂ©s d’obstacles Ă  vaincre. Les inter-venants ont pu dĂ©montrer comment on peut convertir les Ă©checs en des opportu-nitĂ©s d’affaires. L’Ambassadeur des Pays-Bas Ă©prouve un sentiment de satisfaction : « les jeunes s’en sortent plutĂŽt bien. Ce qui donne lieu d’espĂ©rer que les prochaines Ă©di-tions de la SoirĂ©e des jeunes entrepreneurs seront mĂȘme meilleures. Les Ă©changes dans les petits groupes par secteur thĂ©matique de business ont permis aux jeunes de se faire connaĂźtre les uns des autres et d’apprendre des expĂ©riences », explique Mme Wijgers.

Mme Cacecillia Wijgers, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas au Burundi : « Nous réfléchissons encore comment et dans quelles chaßnes de valeur il faut investir. Cela dans le but de promouvoir la productivité du pays ».

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Les entrepreneurs ont besoin d’un accompagnement sur le long terme

Dans l’avenir, l’ambassade des Pays-Bas compte soutenir les jeunes dans leurs propres communautĂ©s. Le vƓu est de crĂ©er plus d’emplois en appuyant les jeunes entrepreneurs qui ont des projets rĂ©alisables. Plusieurs options sont envi-sageables. Ce qui est important est d’ac-compagner les entrepreneurs Ă  chaque stade de dĂ©veloppement de leur bu-siness. « Nous rĂ©flĂ©chissons encore comment et dans quelles chaĂźnes de valeur agricoles il faut investir. Cela dans le but de promouvoir la productivitĂ© du pays. AprĂšs tout, ce sont les produits locaux qui serviront de matiĂšres premiĂšres Ă  l’industrie locale. Il y a aussi une grande diffĂ©rence entre les besoins des jeunes entrepreneurs Ă  Bujumbura et dans les zones rurales. », rĂ©vĂšle Mme Wijgers.

De par son expĂ©rience, elle explique qu’il est nĂ©cessaire d’accompagner les jeunes sur le long terme. Pour le cas du Burun-di, cela prendra du temps pour plusieurs raisons. D’abord, les entreprises nĂ©erlan-

daises n’ont pas encore l’engouement de nouer des partenariats d’affaires avec les petites et moyennes entreprises locales au Burundi. La diaspora burundaise n’y est pour rien. C’est dommage qu’il n’y ait pas assez de Burundais business exparts basĂ©s aux Pays-Bas pour investir dans les entreprises des jeunes entrepreneurs au Burundi. « Nous rĂ©flĂ©chissons sur la ma-niĂšre d’appuyer les initiatives des jeunes aus-si diversifiĂ©es avec une attention particuliĂšre sur le secteur agricole. Cependant, il est en-core tĂŽt de se prononcer sur les secteurs prio-ritaires qui feront objet de soutien », prĂ©cise l’Ambassadeur.

L’autre volet concerne l’investissement dans les curricula pour la formation technique aux Ă©coles, par exemple les Centres d’Enseignement des MĂ©tiers (CEM) et les Instituts techniques agri-coles du Burundi (ITAB). LĂ , les Ă©tudiants sortent avec les connaissances pour se mettre dans l’entrepreneuriat agricole. Ensuite, les Pays-Bas offrent des bourses individuelles dans ce domaine, aux Pays-Bas.

Dans les mois Ă  venir, annonce l’Ambas-sadeur Wijgers, on va dĂ©marrer la for-mulation des programmes plus Ă©laborĂ©s pour des jeunes entrepreneurs. Notre but est de mettre sur pied des actions trĂšs concrĂštes qui devraient ĂȘtre opĂ©ra-tionnelles, vers le dĂ©but de l’annĂ©e 2020.

L’entrepreneuriat a de beaux jours devant lui

Cette diplomate reste optimiste quant Ă  l’avenir de l’entrepreneuriat au Bu-rundi. « Nous avons constatĂ© que de nom-breux acteurs du paysage entrepreneurial manifestent l’intĂ©rĂȘt d’appuyer les projets des jeunes », conclut-elle. Il est bon de mettre en Ă©vidence que les jeunes en-trepreneurs ne doivent pas se considĂ©-rer comme des concurrents, mais plutĂŽt qu’ils doivent travailler en synergie et collaboration pour leur autopromotion. Il serait intĂ©ressant d’ailleurs d’offrir aux jeunes entrepreneurs plus d’espaces pour Ă©changer avec les diffĂ©rentes par-ties prenantes.

Un incubateur est un mot employĂ© pour dĂ©signer un organisme ou une institution qui appuie les entreprises en gestation. On parle souvent de couveuse ou de maternitĂ© d’entreprises. Comme le fait la poule qui couvre ses Ɠufs jusqu’à l’éclosion, il est en de mĂȘme pour les maisons d’incubation. Elles accompagnent les entrepreneurs de l’idĂ©e entrepreneuriale jusqu’à la maturitĂ© des entreprises.

Par dĂ©finition, un incubateur est une structure crĂ©Ă©e par de grands groupes, rĂ©unissant des start-ups dont ils financent le lancement et dans lesquelles ils prennent des participations financiĂšres pour en favoriser la croissance. Les centres d’incubation les plus connus dans notre pays sont Burundi Business Incubator (BBIN) avec son concours de projets SHIKA, le Youth Agribusiness Incubator (YAIN), le plus rĂ©cent qui Ɠuvre dans la promotion de l’agribusiness, et le centre d’incubation des petites entreprises de Buyenzi. Lire plus de dĂ©tails Ă  la page 15

Une start-up est une jeune entreprise innovante dans le secteur des nouvelles technologies. Une start-up qui se traduit en francais par jeune pousse ou entreprise en dĂ©marrage, est une nouvelle entreprise innovante, gĂ©nĂ©ralement Ă  la recherche d’importants fonds d’investissement, avec un trĂšs fort potentiel de croissance Ă©conomique, et de spĂ©culation financiĂšre sur sa valeur future (crĂ©ation d’entreprise). Sa phase de recherche et de dĂ©veloppement de produit innovant, de tests d’idĂ©e, de validation de technologie, ou de modĂšle Ă©conomique, est plus ou moins longue, avant sa phase commerciale, et son taux de risque d’échec est trĂšs supĂ©rieur Ă  celui d’autres entreprises, de par son caractĂšre novateur, sa petite taille et son manque de visibilitĂ©. (Source EncyclopĂ©die en ligne Wikipedia).

La soirĂ©e des jeunes entrepreneurs est une occasion de partager des expĂ©riences en vue de relever certains dĂ©fis liĂ©s Ă  l’entrepreneuriat

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20 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

L’universitĂ©, vivier d’entrepreneursL’universitĂ© est, de par son essence, la source du savoir. Mais actuellement, son apport ne doit plus se limiter Ă  la transmission des connaissances thĂ©oriques. L’Etat ne pouvant plus embaucher tous les laurĂ©ats que les institutions universitaires versent sur le marchĂ© du travail, ces derniĂšres se voient obligĂ©es d’encadrer et parfois mĂȘme d’accompagner les laurĂ©ats se-lon les besoins du marchĂ© du travail. Au savoir, il convient donc d’ajouter le savoir faire

Ce n’est pas pour rien que le minis-tĂšre de l’Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche Scientifique

a exigé que toutes les facultés dans les universités tant publiques que privées doivent inclure dans leurs cursus un

clubs, on incite les Ă©tudiants Ă  penser et Ă  parler de leur avenir. On leur rappelle qu’ils ne doivent plus compter sur l’Etat, car celui-ci ne peut plus les embaucher tous. Ces derniers temps oĂč le taux de chĂŽmage a tendance Ă  augmenter, on les met devant leurs responsabilitĂ©s. Avec la formation acadĂ©mique, l’expĂ©rience et la rĂ©flexion menĂ©e dans les associations et les clubs d’entrepreneuriat, l’étudiant doit ĂȘtre capable de crĂ©er son propre emploi, a indiquĂ© Mme Monique Kayi-banda, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©rale Ă  l’UniversitĂ© du Lac Tanganyika (ULT) et Animatrice du ‘’Club Entrepreneuriat’’ de cette uni-versitĂ©. Bien plus, dans les clubs d’en-trepreneuriat de l’ULT, on organise des formations Ă  l’intention des Ă©tudiants dans le but de les autonomiser une fois sur le marchĂ© du travail aprĂšs la forma-tion acadĂ©mique.

cours d’entrepreneuriat. C’est le pre-mier apport des universitĂ©s en faveur de l’entrepreneuriat, mais pas le seul. Le but est que l’universitĂ© donne aux appre-nants les bases qui leur serviront dans la vie professionnelle aprĂšs la formation.

L’encadrement n’est pas qu’acadĂ©-mique

Il y a des clubs et des associations dans les universitĂ©s qui promeuvent le lea-dership et l’entrepreneuriat. Dans ces

Un accompagnement dans un environ-nement professionnel

A la fin de leurs Ă©tudes, les universitĂ©s envoient les Ă©tudiants dans les entre-prises pour un stage de formation d’un mois. On leur donne des lettres de re-commandation. C’est une sorte d’im-prĂ©gnation qui aide l’étudiant Ă  apprĂ©-hender le monde entrepreneurial. Les universitĂ©s accompagnent attentivement les Ă©tudiants durant cette pĂ©riode dans

le milieu professionnel, a indiqué Mme Kayibanda.

AprĂšs la formation, se lancer reste dif-ficile pour plusieurs raisons

L’étudiant a beau sortir de l’universitĂ© avec une idĂ©e prĂ©cise sur ce qu’il va faire, mais se lancer reste toujours difficile car avoir une idĂ©e ne suffit pas. Il faut des moyens pour se lancer. Or, dans la plupart des cas, l’étudiant n’a pas accĂšs aux sources de financement parce qu’il n’a pas d’hypothĂšque Ă  proposer aux banques. Parfois, mĂȘme sa famille a des difficultĂ©s financiĂšres. Elle ne peut pas lui venir en aide. La solution est la mise en place des infrastructures qui accom-pagnent les jeunes entrepreneurs et la Banque des Jeunes en gestation consti-tue dans ce cas une bonne initiative. L’Agence Universitaire de la Francopho-

nie (AUF) a travaillĂ© avec certaines uni-versitĂ©s et a accompagnĂ© les Ă©tudiants qui avaient prĂ©sentĂ© les meilleures idĂ©es. Ce fut une initiative louable. Mais pour combien d’étudiants ? s’est interro-gĂ©e Mme Kayibanda. Si les universitĂ©s s’acquittent de leur devoir en assurant une formation en adĂ©quation avec les besoins du marchĂ© du travail, l’accom-pagnement des laurĂ©ats aprĂšs le cursus acadĂ©miques reste problĂ©matique. Elles voudraient bien jouer ce rĂŽle. Encore faut-il avoir les moyens de le faire.

Monique Kayibanda, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©rale Ă  l’UniversitĂ© du Lac Tanganyika (ULT) et Animatrice du ‘’Club Entrepreneuriat’’ de cette universitĂ© : « Avec la formation acadĂ©mique, l’expĂ©rience et la rĂ©flexion menĂ© dans les associations et les clubs d’entrepreneuriat, l’étudiant doit ĂȘtre capable de crĂ©er son propre emploi »

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Haguruka, une universitĂ© atypique active dans l’entrepreneuriat paysanDepuis quelques annĂ©es, l’entrepre-neuriat est devenu une piste sĂ©rieuse pour relever les dĂ©fis structurels liĂ©s Ă  l’accĂšs aux revenus des mĂ©nages ru-raux et urbains, mais aussi des jeunes. Or, le Burundi est un pays rural Ă  prĂšs de 90%. Si un pays a besoin de ses Ă©ru-dits pour se dĂ©velopper, il n’en reste pas moins vrai que la masse paysanne a besoin d’ĂȘtre encadrĂ©e et formĂ©e pour un dĂ©veloppement intĂ©gral. C’est ce crĂ©neau dont s’occupe l’UniversitĂ© Po-pulaire Haguruka (UPH) dite ‘’univer-sitĂ© paysanne’’

Stéphanie Siboniyo habite la colline Nyarunazi de la commune Rutega-ma en province Muramvya. Elle est

agricultrice. Jointe au tĂ©lĂ©phone, elle a affirmĂ© avoir gagnĂ© 300 mille FBu en 2018 grĂące Ă  la culture du champignon. Au dĂ©part, elle ne s’in-tĂ©ressait pas Ă  cette culture. C’est avec la formation de l’UPH qu’elle s’y est consa-crĂ©e. La culture du champignon n’est pas la seule chose qu’elle a apprise Ă  cette uni-versitĂ©. Elle a aussi Ă©tĂ© formĂ©e dans la gestion d’une coopĂ©-rative agricole notam-ment. Malheureu-sement, elle dĂ©plore que le fĂ»t servant Ă  la prĂ©paration des vĂ©-gĂ©taux utilisĂ©s pour cultiver le champi-gnon a Ă©tĂ© trouĂ©. Elle attend qu’ADISCO lui octroie un autre. Elle a dĂ©jĂ  contactĂ© un des responsables de cette organisation qui lui a promis d’in-tervenir. Mme Sibo-niyo fait partie des nombreux paysans bĂ©nĂ©ficiaires des pro-jets de l’UPH.

Qu’est-ce que l’UPH ?

L’UPH est en rĂ©alitĂ© un centre de forma-tion et de recherche en coopĂ©rative et leadership. Comme on peut le lire dans son catalogue des formations, son action se concentre sur la crĂ©ation d’une exper-tise en dĂ©veloppement des chaĂźnes de va-leur agricoles locales par l’accompagne-ment des coopĂ©ratives, l’auto emploi des jeunes par l’accompagnement de l’en-trepreneuriat au niveau des micro-entre-prises, etc. A ce titre, elle travaille avec les paysans pour lesquels elle organise

des formations. L’UPH est atypique dans la mesure oĂč ce n’est pas une universitĂ© classique comme les autres. On n’a pas besoin d’avoir terminĂ© l’école secon-daire pour la frĂ©quenter. C’est parce qu’elle travaille avec les paysans qui ne connaissent que quelques rudiments de lecture et d’écriture. MĂȘme ceux qui ne savent pas Ă©crire, l’UPH pense Ă  eux aus-si. Celui ou celle qui termine un module reçoit un certificat, tandis que le suivi de tous les modules proposĂ©s est sanction-nĂ© par un diplĂŽme. Cependant, l’UPH compte se doter d’une branche classique qui se chargera de former les formateurs de demain.

Haguruka, le bras armĂ© d’ADISCO, mais pas le seul

L’UPH a Ă©tĂ© mis en place par l’Appui au

DĂ©veloppement IntĂ©gral et Ă  la Solidari-tĂ© sur le Collines (ADISCO), une ONG locale. Elle est un instrument montĂ© par ADISCO pour l’accompagnement du mouvement paysan. « Cela parce que les crises rĂ©pĂ©titives que le Burundi a connues ont appauvri le milieu rural et les leaders communautaires. ADISCO a l’ambition de construire et de renfor-cer un mouvement paysan autonome capable de porter son propre dĂ©velop-pement et d’influencer les politiques au profit des couches modestes de la

LibĂšre Bukobero, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral d’ADISCO et Recteur de l’UPH : « Les crises rĂ©pĂ©titives que le Burundi a connues ont appauvri le milieu rural et les leaders communautaires. ADISCO a l’ambition de construire et de renforcer un mouvement paysan autonome capable de porter son propre dĂ©veloppement et d’influencer les politiques au profit des couches modestes de la population »

population », a dĂ©clarĂ© LibĂšre Buko-bero, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral d’ADISCO et Recteur de l’UPH. Dans cette politique, ADISCO a mis en place tout un disposi-tif stratĂ©gique qui s’articule entre autres sur l’appui Ă  l’autopromotion, la forma-tion intensive en gestion et organisation pour amĂ©liorer les pratiques agricoles des paysans, la structuration paysanne en groupes d’autopromotion, en coo-pĂ©ratives, en micro-entreprises, etc. Il faut noter que tous les modules sont en-seignĂ©s en Kirundi. Pour toutes ces rai-sons, ADISCO a Ă©tĂ© obligĂ© de crĂ©er une universitĂ© populaire et une « Maison de l’entrepreneur », dixit M. Bukobero

La Maison de l’Entrepreneur accom-pagne les jeunes

Si l’UPH s’occupe beaucoup plus des paysans, la Maison de l’Entrepreneur, qui est en mĂȘme temps un incubateur, s’adresse prioritai-rement aux jeunes attirĂ©s par l’entrepre-neuriat. « On propose aux jeunes des mo-dules tels que l’Eveil entrepreneurial ou Qui peut ĂȘtre entre-preneur ? Cela parce que tout le monde ne peut pas ĂȘtre en-trepreneur. Ceux qui ne peuvent pas devenir des entre-preneurs sont formĂ©s et prĂ©parĂ©s Ă  deve-nir de bons profes-sionnels. Cela dans le but de les aider Ă  crĂ©er leur propre emploi, Ă  amĂ©liorer leur employabilitĂ© et Ă  dĂ©velopper l’in-novation. Les deux instruments, Ă  savoir l’UPH et la Maison de l’Entrepreneur, sont donc interdĂ©-pendants pour une action coordonnĂ©e globale sur l’en-semble des publics

cibles », a soulignĂ© M. Bukobero. L’enca-drement des paysans revĂȘt un caractĂšre important d’autant plus que le Burundi est un pays rural Ă  prĂšs de 90%. Bien plus, le Plan National de DĂ©veloppe-ment (PND) indique qu’ « au Burundi, l’agriculture contribue Ă  elle seule Ă  hau-teur de 39,6 % au PIB, offre 84% d’em-plois, fournit 95% de l’offre alimentaire et constitue le principal pourvoyeur de matiĂšres premiĂšres Ă  l’agro-industrie ». C’est pour cela que les initiatives comme celle de l’UPH sont Ă  encourager.

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22 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Chalk Chain Entreprise, une entreprise innovanteConscients des dĂ©penses engendrĂ©es par l’importation du matĂ©riel scolaire notamment les craies, trois jeunes Burundais ont dĂ©cidĂ© de crĂ©er une entreprise pour fabriquer localement les craies. L’entreprise qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en septembre 2012 retrouve son Ă©lan. Les initiateurs ambitionnent d’étendre la gamme des produits

L’idĂ©e de crĂ©er l’entreprise Chalk Chain Entreprise est venue d’un simple constat du marchĂ©

des craies qui Ă©taient dominĂ© par les importations, explique AimĂ© Ndizeye, Directeur GĂ©nĂ©ral de Chalk Chain Entreprise (CCE) qui fabrique et commercialise les craies. Deux ans aprĂšs sa crĂ©ation, l’entreprise rafle la 1Ăšre place du concours Shika organisĂ© par le Burundi Business Incubator (BBIN) avec une rĂ©compense de 20 millions de FBu. De quoi remettre le train sur les rails. Il est fier que CCE a contribuĂ© Ă  la crĂ©ation de l’emploi (18 emplois permanents et 50 emplois temporaires) dans un pays oĂč le chĂŽmage fait parler de lui-mĂȘme. Pour crĂ©er plus d’emplois et booster les performances de l’entreprise, M. Ndizeye n’exclut pas l’option d’exporter ses produits vers les pays de la sous-rĂ©gion.

Les craies fabriquées par CCE se retrouvent sur tout le territoire national, dans toutes les provinces du pays. Les écoles primaires et secondaires, les

universitĂ©s tant publiques que privĂ©es s’approvisionnent Ă  cette unitĂ© de fabrication des craies. Il en est de mĂȘme des organisations qui Ɠuvrent dans le domaine de l’éducation Ă  l’image de l’Unicef et de CORDAID.

Pourquoi faire confiance Ă  Chalk Chain Entreprise ?

Chalk Chain Entreprise produit des craies de bonne qualitĂ©. Ce sont des craies sans poussiĂšres, qui ne se cassent pas facilement, qui n’abĂźment pas les tableaux et qui dĂ©gagent moins de

poussiĂšres. L’autre argument de poids est que les craies produites par CCE sont accessibles. Un carton de craies blanches fabriquĂ©es localement coĂ»te 55 000 FBu alors que la mĂȘme quantitĂ© de craies importĂ©es coĂ»te entre 60 000 et 65 000 FBu.

En outre, l’entreprise s’inscrit dans une logique de livrer ses produits. A chaque

fois qu’une Ă©cole fait une commande de craies, « nous nous occupons Ă  livrer le kit commandĂ©. Pour les Ă©coles qui se

Le directeur gĂ©nĂ©ral de Chalk Chain Entreprise pose avec les Ă©tudiants de l’uni-versitĂ© Sagesse d’Afrique aprĂšs la visite

Maquette de l’espace entrepreneurial en passe d’ĂȘtre amĂ©nagĂ©

L’entreprise CCE fabrique des craies de meilleure qualitĂ©

trouvent des coins reculĂ©s, nous confions la tĂąche aux agences de transport qui acheminent les colis jusqu’aux destinataires », dĂ©taille le patron de CCE.

La rĂ©cession de l’économie nationale n’épargne pas Chalk Chain Entreprise qui importe la quasi-totalitĂ© des matiĂšres premiĂšres. « Nous nous rabattons sur le marchĂ© parallĂšle pour s’approvisionner en devises », dĂ©plore M. Ndizeye. Par consĂ©quent, la volatilitĂ© du taux de change fait grimper les coĂ»ts de production. Ce qui influe sur la marge bĂ©nĂ©ficiaire de l’entreprise.

Un espace entrepreneuriat pour bientĂŽt

Les responsables de l’entreprise CCE ambitionnent de crĂ©er un espace dĂ©diĂ© Ă  la promotion de l’entrepreneuriat. Le but ultime est d’accompagner les jeunes qui ont des idĂ©es entrepreneuriales. L’entreprise est disposĂ©e Ă  faire du coaching, du mentorat pour aider les

entrepreneures en herbe dans l’élaboration des plans d’affaires. M. Ndizeye invite les jeunes en se lançant dans l’entrepreneuriat i n d Ă© p e n d a m m e n t de leur cursus de formation. L’entrepreneuriat n’est pas facile. Il suffit de s’y mettre en mobilisant tous les efforts. Quand on travaille beaucoup, il y a des bĂ©nĂ©fices qui se profilent Ă  l’horizon, conclut-il.

Dans ses perspectives, l’entreprise de fabrication des craies

vise Ă  Ă©largir la gamme des produits allant de la fabrication des lattes, des stylos et des cahiers scolaires.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Les Etats-Unis d’AmĂ©rique prĂȘts Ă  accompagner les efforts de dĂ©veloppement En marge de la prĂ©paration du Dossier PĂ©dagogique sur l’Entrepreneuriat, Burundi Eco a accueilli dans ses murs Mme Eunice S. Reddick, ChargĂ©e d’Af-faires Ă  l’ambassade des Etats-Unis d’AmĂ©rique au Burundi. Elle nous par-tage les initiatives du gouvernement amĂ©ricain dans la promotion de l’en-trepreneuriat en gĂ©nĂ©ral et le dĂ©velop-pement en particulier. Elle s’exprime Ă©galement sur l’avenir des relations commerciales entre les deux pays aprĂšs l’exclusion du Burundi de l’AGOA. Voi-ci un extrait de notre entretien

B.E : Ces derniers jours, les autoritĂ©s encouragent les jeunes Ă  crĂ©er leurs proposer emplois. Pourriez-vous nous parler des initiatives prises par l’am-bassade des USA au Burundi pour ac-compagner les jeunes entrepre-neurs ?

Mme Reddick : A notre avis, sou-tenir les jeunes et encourager l’esprit d’entre-prise sont parmi les choses les plus importantes que l’on puisse faire au Burundi. Par consĂ©quent, Ă  l’ambassade des Etats-Unis d ’ A m Ă© r i q u e nous essayons d’inclure l’entre-preneuriat dans chaque projet que nous soute-nons. Ainsi, nous intervenons pour soutenir les en-trepreneurs par le biais des sub-ventions que leur accordons pour accompagner la mise en Ɠuvre de leurs projets. En outre, nous leur proposons des formations pour les aider Ă  amĂ©lio-rer leurs compĂ©tences afin de devenir des hommes et des femmes d’affaires plus efficaces.

La bonne nouvelle pour les jeunes en-trepreneurs est que l’ambassade des Etats-Unis d’AmĂ©rique au Burundi est toujours Ă  la quĂȘte des projets d’inves-tissement. L’appel est donc lancĂ© pour toute personne ayant un projet de nous envoyer une proposition Ă  l’adresse suivante : [email protected] . Cependant, nous ne nous sommes

pas Ă  mesure de tout financer, mais nous sommes toujours prĂȘts Ă  accompagner les personnes qui dĂ©veloppent ou rĂ©a-lisent des projets pour aider les commu-nautĂ©s.

BE : Le gouvernement du Burundi a lancĂ© en 2018 un plan ambitieux pour stimuler la croissance Ă©conomique du pays. Qu’est-ce qui est prĂ©vu par votre gouvernement pour appuyer la mise en Ɠuvre de ce document stratĂ©gique ?

Mme Reddick : Nous sommes d’accord avec les projets du gouvernement du Bu-rundi sur la façon dont le Burundi peut se dĂ©velopper tout en tenant compte des intĂ©rĂȘts de son peuple. Lors de la plani-fication de nos programmes, nous nous tournons vers le Plan National de DĂ©ve-loppement (PND) pour dĂ©terminer com-ment nos efforts peuvent s’intĂ©grer avec

ceux du gouvernement burundais, mais comment nos efforts peuvent complĂ©-ter ceux des autres partenaires qui sou-tiennent la mise en Ɠuvre du PND.

L’appui des Etats-Unis est basĂ© sur le renforcement des capacitĂ©s Ă  travers des sĂ©ances de formation. A cet effet, l’am-bassade s’est dotĂ©e d’une bibliothĂšque (Research centre) libre d’accĂšs Ă  toute personne, surtout les jeunes. Cette der-niĂšre catĂ©gorie de la population a l’oc-casion de s’informer et de se former. En ce sens, nous encourageons les jeunes

Mme Eunice S. Reddick , ChargĂ©e d’Affaires Ă  l’Ambassade des Etats-Unis au Burundi : « Nous intervenons pour soutenir les entrepreneurs par le biais des subventions que nous leur accordons pour accompagner la mise en Ɠuvre de leurs projets »

à trouver des opportunités et des idées pour créer leurs propres entreprises.

BE : Le Burundi a Ă©tĂ© exclu de l’accord de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) suite au non-respect des principes dĂ©mocratiques. Quel est l’impact de cette mesure ?

Mme Reddick : Les principes dĂ©mocra-tiques font partie des critĂšres d’éligibi-litĂ© Ă  l’AGOA et constituent l’élĂ©ment crucial de cette initiative. Nous pensons Ă©galement que ce sont des accords ga-gnant-gagnant., c’est-Ă -dire que les pays qui se conforment aux principes dĂ©mo-cratiques de l’AGOA ont gĂ©nĂ©ralement un climat commercial qui leur permet de faire des affaires dans les meilleures conditions. Ce qui profite Ă  la fois Ă  l’intĂ©rĂȘt de nos populations respectives et Ă  ceux qui souhaitent amĂ©liorer les

Ă©changes commer-ciaux avec les entre-prises Ă©trangĂšres. Certes l’AGOA est une excellente ini-tiative, mais elle n’est pas la seule option. Nous sommes en train d’explorer avec le gouvernement des Etats-Unis, les entre-prises burundaises et amĂ©ricaines les autres possibilitĂ©s qui existent. Il y en a beaucoup. Ce ne sont pas les opportunitĂ©s qui manquent au Bu-rundi.

BE : Compte tenu des expĂ©riences vĂ©-cues dans d’autres pays, quel regard portez-vous sur l’avenir de l’entre-preneuriat au Bu-rundi ?

Mme Reddick : Bien que je sois arrivĂ©e rĂ©-cemment il y a deux semaines, mes collĂš-gues de l’ambassade m’ont dit qu’ils ont

toujours Ă©tĂ© surpris et Ă©merveillĂ© par la crĂ©ativitĂ© et la persĂ©vĂ©rance des jeunes entrepreneurs Burundais. Ce n’est pas toujours facile d’ĂȘtre entrepreneur. Pourtant, l’avenir du Burundi se trouve dans sa jeunesse. Les jeunes sont dyna-miques, engagĂ©s et passionnĂ©s Ă  propos de la crĂ©ation de nouvelles entreprises et de la recherche des opportunitĂ©s. De par notre expĂ©rience, les jeunes Burundais avec qui nous avons eu le privilĂšge de travailler Ă  l’Ambassade, l’avenir est bel et bien prometteur. Je suis trĂšs contente d’ĂȘtre ici. Des rires 


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24 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Banque d’Investissement pour les Jeunes

Les jeunes attendent impatiemment sa mise en place

La Banque d’Investissement des Jeunes (BIJ), une fois mise en place pourrait rĂ©duire le taux de chĂŽmage Ă  travers les financements des projets

Le projet de mise en place de la Banque d’Investissements pour les Jeunes (BIJ) tarde Ă  se concrĂ©tiser. Initialement prĂ©vue pour dĂ©marrer ses activitĂ©s au dĂ©but de l’annĂ©e 2018, cette banque n’existe que sur papier. MalgrĂ© cette situation, le gouvernement rassure que sa mise en place est prĂ©vue pour bien-tĂŽt

Le Burundi, comme certains autres pays africains, fait face au chÎ-mage endémique des jeunes. Il est

confrontĂ© Ă  une situation prĂ©occupante de dĂ©sĂ©quilibre entre la demande et l’offre d’emploi par le fait qu’une bonne partie des jeunes diplĂŽmĂ©s, tout comme ceux ayant un faible niveau de scolari-sation, sont confrontĂ©s Ă  un chĂŽmage sans prĂ©cĂ©-dent. La problĂ©matique du chĂŽmage des jeunes au Burundi donne matiĂšre Ă  rĂ©flexion. En effet, les jeunes reprĂ©sentent plus de 60% de la population avec un taux de chĂŽmage trĂšs Ă©levĂ© (en moyenne 13,3%).

Il se fait malheureuse-ment que dans le milieu rural, les conditions de vie sont Ă©galement prĂ©occu-pantes et encouragent les jeunes Ă  l’exode rural. Les jeunes sont parfois mar-ginalisĂ©s et la situation dĂ©bouche Ă  des frustra-tions, Ă  des aggravations de tensions au sein de la sociĂ©tĂ© ; d’oĂč le phĂ©nomĂšne de bandes de voleurs et de malfaiteurs, de consommation des stu-pĂ©fiants sur les devantures des bistrots.

La banque d’investissement pour les jeunes, une alternative pour combattre le chîmage

Le gouvernement du Burundi a initiĂ© l’idĂ©e de mettre en place une banque pour les jeunes leur permettant de bĂ©nĂ©-ficier de capitaux afin de pouvoir initier des activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus », a indiquĂ© M. Bienvenu Irakoze, secrĂ©-taire permanent au ministĂšre de la Jeu-nesse, des Postes et des Technologies de l’Information. En ce sens, il a soulignĂ© qu’une Ă©quipe technique est Ă  l’Ɠuvre pour concrĂ©tiser ce projet et que celui-ci arrive Ă  une phase satisfaisante. On est Ă  un taux de 70%, dĂ©clare M. Irakoze

Selon lui, la mise en place d’une banque ne se fait pas du jour au lendemain. Elle exige un examen minutieux du cadre lĂ©-gal. On doit surtout s’assurer de la dispo-

nibilitĂ© des fonds. Ce cadre du ministĂšre de la Jeunesse a ajoutĂ© qu’il ne faut pas se prĂ©cipiter au risque d’avoir une insti-tution financiĂšre mort-nĂ©e.

Fonctionnement de la Banque d’Inves-tissement pour les Jeunes

D’aprĂšs Irakoze, la BIJ va offrir des pro-duits et services financiers aux promo-teurs de projets qui ne peuvent pas avoir accĂšs aux financements Ă  long terme dans les banques commerciales clas-siques par manque d’hypothĂšques.Elle privilĂ©giera les promoteurs des projets d’investissement Ă  haut potentiel de crĂ©ation d’emplois, les jeunes regroupĂ©s

en associations ou en coopĂ©ratives et les individus ayant des projets dont le taux de rentabilitĂ© est prouvĂ© par les Ă©tudes de faisabilitĂ© Ă  travers leurs plans d’af-faires. La BIJ sera une institution finan-ciĂšre qui fonctionnera Ă  la fois comme une banque commerciale et comme une banque d’investissement avec des instru-ments innovants.

Le doute plane quant Ă  l’efficacitĂ© de l’institution

Les observateurs restent pessimistes. Se-lon eux, la banque ne rĂ©ussira pas Ă  rĂ©-soudre tous les dĂ©fis auxquels font face les jeunes Burundais. A ce sujet, Irako-ze a indiquĂ© que c’est leur droit d’ĂȘtre pessimiste. « Il y a des gens qui voient toujours le mauvais cĂŽtĂ© des choses, qui n’acceptent pas les bonnes choses. Nous sommes confiants car les experts tech-niques qui ont travaillĂ© sur ce projet sont compĂ©tents », note-t-il.

A la question de savoir si le taux d’inclu-sion financiùre qui reste trùs bas ne va

pas entraver les activitĂ©s de la banque, Irakoze s’est montrĂ© plutĂŽt rassurant. Il a prĂ©cisĂ© que la banque des jeunes est venue pour rĂ©pondre Ă  pas mal de dĂ©fis auxquels font face les jeunes. « Les ser-vices de la BIJ seront rapprochĂ©s de la population Ă  travers ses guichets d’im-pulsion. Elle va travailler en Ă©troite col-laboration avec les administrations lo-cales. Tout cela va permettre d’identifier les dĂ©fis auxquels font face les jeunes et de rectifier le tir », prĂ©cise M. Irakoze.

L’originalitĂ© de la BIJ

La Banque d’Investissement pour les Jeunes sera proche de la population à

travers ses guichets d’impul-sion et de garantie ainsi que le renforcement des capacitĂ©s et d’accompagnement des jeunes. « Ces guichets travailleront en collaboration avec l’administra-tion locale. Ce qui attirera une clientĂšle importante. Ce sera une innovation par rapport aux autres institutions bancaires de la place », note Irakoze.

Lors de la cĂ©lĂ©bration du 57Ăšme anniversaire de l’indĂ©pendance du Burundi, Pierre Nkurunziza, PrĂ©sident de la RĂ©publique du Burundi a affirmĂ© que la mise en place de la Banque d’Inves-tissement pour les Jeunes est prĂ©vue pour bientĂŽt.

Le projet de mise en place de la banque des jeunes a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© en mars 2017 lors du forum na-tional de la jeunesse. L’ex-mi-nistre de la Jeunesse Jean Bosco Hitimina avait annoncĂ© qu’elle allait ĂȘtre crĂ©Ă©e au premier tri-

mestre 2018. A la mĂȘme occasion, Hi-timana a estimĂ© le capital social de la banque entre 30 et 40 milliards de FBu. Il considĂ©rait la banque des jeunes comme l’une des grandes banques du pays qui allait financer les projets des jeunes.

Au moment de clĂŽturer ce dossier, nous apprenons qu’un atelier s’est rĂ©uni le 3 octobre 2019 pour rĂ©flĂ©chir Ă  la constitu-tion du capital de base de cette institu-tion financiĂšre en gestation. La rĂ©daction de Burundi Eco suit de prĂšs cette actuali-tĂ© et reviendra sur le sujet.

Est chĂŽmeur, au sens du BIT, toute personne n’ayant pas exercĂ© une activitĂ© Ă©conomique, ne serait-ce qu’une heure durant les quatre derniĂšres semaines. Au sens large, c’est la catĂ©gorie des personnes sans emploi qui n’ont pas cherchĂ© du travail au cours des deux derniĂšres semaines, mais qui sont prĂȘtes Ă  occuper un emploi si elles en trouvent.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

De l’écologie dans nos cuisinesLe rapport Bois et ForĂȘts des tropiques de 2016 a mis Ă  jour un bilan alar-mant sur l’utilisation du bois comme source d’énergie au Burundi, source qui constituait Ă  l’époque 96,5% des ressources Ă©nergĂ©tiques. Sur 171. 625 ha de couvert national forestier, entre 5.236 et 6.980 ha Ă©taient dĂ©truits chaque annĂ©e pour alimenter les mĂ©nages en charbon de bois. C’est dans ce contexte que Delphin Kaze, jeune entrepreneur, s’est lancĂ© dans la fabrication du char-bon Ă  partir des rafles de maĂŻs pour pallier Ă  la dĂ©forestation

Du haut de ses 25 ans et nĂ© d’une fratrie de 9 enfants, Delphin Kaze est un jeune de Gitega, l’actuelle

capitale politique du Burundi. Il est Ă  la fois un environnementaliste innĂ© et un entrepreneur, fondateur et PDG de KAZE Green Economy (KAGE) Ltd et cofondateur de « My Imperative Actions », une or-ganisation de jeu-nesse environne-mentale locale. Voulant participer Ă  la lutte contre la dĂ©forestation, Del-phin Kaze a mis en Ɠuvre un projet pour fabriquer du charbon Ă  partir des dĂ©tritus en-tassĂ©s dans divers endroits de Gitega.

« En tant qu’étudi-ant Ă  la facultĂ© des Sciences de l’En-vironnement, j’ai eu l’occasion d’en savoir plus sur la situation actuelle de nos ressourc-es naturelles. J’ai donc Ă©tĂ© alertĂ© par un taux de dĂ©forestation alarmant gĂ©nĂ©ralement liĂ©e Ă  la production du charbon de bois. C’est pourquoi j’ai imaginĂ© comment surmonter ce prob-lĂšme causĂ© par la production du charbon de bois souvent utilisĂ© dans les milieux urbains comme Gitega et Bujumbura », confie-t-il.

D’un dĂ©part de nulle part, KAGE na-quit « J’ai commencĂ© Ă  partir de rien. Un Ă©tudiant ordinaire qui a juste le souhait de lutter contre la dĂ©forestation et crĂ©er ma propre entreprise et tout ce que je pouvais avoir comme moyen, je le met-tais automatiquement dans l’entreprise.

Et petit Ă  petit, l’oiseau a fait son nid. Il suffit d’avoir une idĂ©e, un rĂȘve, et de se nourrir de la persĂ©vĂ©rance, de la pa-tience et de la passion, on finit par y ar-river », tĂ©moigne Kaze. C’est au cours de l’annĂ©e 2018 que KAGE a donc Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour apporter une solution durable en utilisant du charbon de bois Ă©cologique issu d’épis de maĂŻs en remplacement du charbon de bois.

« J’ai pensĂ© y rĂ©flĂ©chir et faire des re-cherches pour finalement fabriquer ce charbon Ă©cologique afin de trouver la solution en matiĂšre de gestion des dĂ©chets’ », explique Delphin Kaze. Il ajoute que crĂ©er une entreprise n’est pas toujours facile, mais que c’est possible. La premiĂšre chose cruciale est de com-mencer et d’aller de l’avant, mĂȘme avec peu de moyens. Être confrontĂ© Ă  de nom-breux dĂ©fis, c’est toujours ainsi au dĂ©but

de toute initiative, mais ce qui maintient en vie, c’est la dĂ©termination. Heureuse-ment, je suis quelqu’un de dĂ©terminĂ©, et je continue Ă  avancer malgrĂ© les obsta-cles » explique-t-il.

Tout comme la plupart des jeunes Ă©tudi-ants, le manque de capital ne lui facilite pas la tĂąche, mais il se bat en faisant des Ă©pargnes pendant un certain temps pour acheter un four qui lui coĂ»tera plus de 100.000 FBu. Sa matiĂšre premiĂšre ne lui est pas difficile Ă  trouver. Cependant, elle nĂ©cessite une longue durĂ©e de triage, car les Ă©lĂ©ments dĂ©gradables l’intĂ©ressent. Il est aussi assistĂ© par des agriculteurs qui lui permettent de collecter les rĂ©si-dus agricoles, notamment les Ă©pis de

Kaze Green Economy produit actuellement entre 250 et 300 kg de charbon par jour avec un personel de 6 employés permanents.

maĂŻs indispensables Ă  la fabrication de son charbon. Son entreprise dispose de deux employĂ©s permanents et d’autres jobs temporaires sont au fur et Ă  mesure crĂ©Ă©s.

De multiples avantages pour ce char-bon Ă©cologique

Un kilo de son produit est vendu Ă  500 FBu. Une briquette met 2 h pour se con-sumer complĂštement. Ce qui nĂ©cessite seulement 2 ou 3 unitĂ©s pour cuire une pleine casserole de haricots. Delphin Kaze indique que ce charbon est abord-able pour la communautĂ©. Les marmites ne sont pas endommagĂ©es par la fumĂ©e. Ce charbon ne dĂ©gage ni fumier ni odeur et dure longtemps. Aujourd’hui, il se bat pour satisfaire sa clientĂšle de plus en plus croissante et cela par le biais de ses premiers clients qui ne cessent de rĂ©pan-

dre de bouche à oreille les bienfaits de ce précieux com-bustible.

A c t u e l l e m e n t , l’entreprise a em-bauchĂ© six em-ployĂ©s et la produc-tion du charbon varie entre 250 et 300 kg par jour. Le fondateur de KAGE met en exergue plusieurs dĂ©fis Ă  solutionner dans la fabrication de cette nouvelle Ă©nergie. Parmi les obstacles, citons le manque de parcelle propre Ă  l’entreprise, le manque d’électric-itĂ© mais Ă©galement la difficultĂ© de trou-ver les vĂ©hicules nĂ©cessaires au transport des matiĂšres premiĂšres d’une part, mais

aussi pour l’acheminement des produits fabriquĂ©s vers le marchĂ© d’écoulement, d’autre part. Notons aussi l’inaccessi-bilitĂ© de la piste qui mĂšne au lieu de production. M. Kaze et d’autres jeunes entrepreneurs suivent rĂ©guliĂšrement des formations en entrepreneuriat qui sont trĂšs utiles car elles leur permettent d’étudier Ă  partir des expĂ©riences des autres pour mieux rĂ©ussir leurs projets.

« Mon conseil Ă  ces jeunes est de vaincre la peur et de se lancer immĂ©diatement car, au moment mĂȘme oĂč ils doutent de la rĂ©ussite de leurs projets, il en existe une multitude qui rĂ©ussissent quelque part Ă  crĂ©er leur entreprise, Ă  concrĂ©tiser leur rĂȘve », conclut-il.

Charbon Ă  base de rafles de maĂŻs

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26 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

L’art de la dĂ©coration, d’une simple passion Ă  la crĂ©ation d’une entrepriseAu moment oĂč beaucoup de jeunes Burundais font face au problĂšme de chĂŽmage, il y en a d’autres qui ont le courage de suivre leur cƓur et leur intuition pour savoir ce qu’ils veulent rĂ©ellement devenir et ensuite innover. La dĂ©coration, un des arts un peu nĂ©gligĂ© est pourtant une fiertĂ© pour une jeune fille que Burundi Eco a rencontrĂ©e dans son entreprise. Entretien

Audrey Déborah Niyobuzima, une jeune fille de 23 ans née dans fratrie de 8 filles, est étudiante en

bac 3 Ă  l’universitĂ© du lac Tanganyika. Nous l’avons rencontrĂ©e dans son entreprise situĂ©e dans la galerie « CƓur d’Afrique » en train de bidouiller les papiers. Sur les armoires sont Ă©talĂ©s des tableaux, des vases, des tapis et divers objets de dĂ©coration. A cĂŽtĂ© d’elle, du ciment et divers autres diffĂ©rents matĂ©riaux.

Suivre son intuition, le dĂ©part d’une aventure

Elle explique pourquoi et comment elle s’est lancĂ©e dans les arts dĂ©coratifs. « Au fur et Ă  mesure que je grandissais, je ne voulais pas dĂ©pendre de qui que ce soit. Je voulais subvenir Ă  tous mes besoins. Je rĂ©flĂ©chissais Ă  ce que je pouvais faire. A l’école secondaire, j’écrivais des poĂšmes et des piĂšces de thĂ©Ăątre. Depuis longtemps, j’ai cru ĂȘtre une femme des lettres et je pensais que je finirais par ĂȘtre une Ă©crivaine. Mais avec le temps, cet esprit s’est Ă©teint petit Ă  petit en moi. Je m’en suis passĂ© », explique-t-elle

AprĂšs avoir terminĂ© l’école secondaire,

Niyobuzima entame l’universitĂ©, mais elle est persuadĂ©e qu’elle est douĂ©e en quelque chose qu’elle va crĂ©er elle-mĂȘme. Vers la fin de l’annĂ©e 2017, alors qu’elle regardait une vidĂ©o sur internet sur la maniĂšre de fabriquer un objet dĂ©coratif, elle eut l’idĂ©e de reconfectionner cet objet avec du papier.

« Cela a Ă©tĂ© un succĂšs. C’est lĂ  oĂč j’ai commencĂ© Ă  fabriquer des objets divers en papier. J’essayais de confectionner des fleurs, des tableaux, des vases
Et les gens admiraient les objets que je bricolais et les achetaient promptement. Ils me passaient aussi des commandes », confie-t-elle. Plus tard, elle se rendit compte que ce qu’elle faisait n’était pas seulement un passe-temps mais pouvait plutĂŽt faire l’objet d’une affaire.

Naissance de l’entreprise « Audrey Artifacts Company »

Comme la clientĂšle ne cessait de croĂźtre, il fallait qu’elle ait une adresse fixe et connue. A moins d’une annĂ©e, Niyobuzima avait dĂ©jĂ  crĂ©Ă© sa propre entreprise : Audrey Artifacts Co. Elle suivit toutes les dĂ©marches de crĂ©ation d’une entreprise. « J’ai un numĂ©ro d’identification fiscale (NIF) et un registre de commerce. Mon entreprise paie les impĂŽts Ă  l’OBR. Et quand je pense que je contribue Ă  bĂątir ma patrie, je suis fiĂšre de mon travail », se rĂ©jouit-elle.

AprĂšs la fac, elle rejoint son entreprise. « Avant, mes parents n’étaient pas d’accord avec moi. Ils craignaient que j’abandonne les Ă©tudes pour consacrer tout mon temps Ă  mon entreprise. Mais au fur du temps, ils ont fini par comprendre que je peux manier les deux

parallĂšlement et ils m’ont soutenue ».

Le manque de matĂ©riels, une Ă©pine dans le pied de l’entreprise

MalgrĂ© son enthousiasme, elle est confrontĂ©e au problĂšme de manque de matĂ©riaux plus adĂ©quats. Souvent elle travaille sur commande. Parfois elle propose des idĂ©es Ă  sa convenance ou sur un modĂšle qu’elle a vu quelque part et des projets originaux dans le respect des attentes et en tenant compte des contraintes budgĂ©taires et rĂ©glementaires.

Cependant, il arrive qu’elle trouve que les matĂ©riaux nĂ©cessaires sont Ă  importer. « Au stade oĂč je suis, il m’est incapable d’importer les matĂ©riaux. Mais, justement c’est lĂ  oĂč rĂ©side le gros du travail. J’essaie d’imaginer des matĂ©riaux locaux semblables Ă  ceux que je devrais importer et ça marche trĂšs bien (Ă©clat de rire) », lance-elle avec frĂ©nĂ©sie.

Petit Ă  petit, Audrey Artifacts Company se fait un nom et sa propriĂ©taire en est fiĂšre. Elle a pu dĂ©velopper son entreprise et en faire une maison prospĂšre. Tout comme les autres jeunes entrepreneurs, Niyobuzima a besoin d’un coup de pouce. Elle rĂȘve de participer Ă  des foires artistiques, mais dit qu’elle n’a pas encore les moyens de s’offrir ce luxe.

Au-delĂ  d’un travail lucratif, les arts dĂ©coratifs sont une passion pour cette jeune fille. Et quand on rĂ©alise un travail qu’on aime, on effectue un bon travail et quand on effectue un bon travail, on est satisfait. Niyobuzima devrait servir de modĂšle Ă  bon nombre de jeunes qui, au lieu de se lamenter sur leur sort, devraient dĂ©velopper l’esprit de crĂ©ativitĂ©.

Audrey Deborah Niyobuzima, CEO d’Audrey Artifacts Company : «Les gens admirents les objets que je fabrique. Ils les achĂštent promptement et d’autres passent des commandes pour diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies»

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Pascal Hakuziyaremye a mis la main Ă  la pĂąteEntreprise de fabrication des spaghettis

« Aux Ăąmes bien nĂ©es, la valeur n’at-tend point le nombre des annĂ©es », dit-on. La malnutrition qui frappe la population de la commune natale (Gashikanwa) de Pascal Hakuziyare-mye alias « Spaghetti » a Ă©tĂ© Ă  l’origine de la crĂ©ation de Blessing Product, une entreprise qui a du mal Ă  concrĂ©tiser ses ambitions. L’avenir de cette « start up » innovante n’est pas tout Ă  fait rose Ă  cause des dĂ©marches administratives onĂ©reuses et compliquĂ©es. Son promo-teur ne s’avoue pas vaincu pour autant

Tout est parti d’un congĂ© forcĂ© que M. Pascal Hakuziyaremye a pris Ă  cause des problĂšmes oculaires

qu’il avait quand il Ă©tait Ă  l’école secon-daire. Sa famille Ă©tant dans l’impossibi-litĂ© de lui payer les soins de santĂ©, il est parti chez son frĂšre qui, comme par ha-sard, fabriquait des spaghettis dans un couvent des sƓurs italiennes de Gweza. C’est lui qui l’a donc initiĂ© au « mĂ©tier des pĂątes ». Les moines l’ont fait soigner puis il est reparti Ă  l’école avec « sa pas-sion des pĂątes ». Quand le Programme de DĂ©veloppement des FiliĂšres (PRODEFI) a mis en place un programme de for-mation des jeunes en entrepreneuriat, ce jeune homme a tout naturellement conçu un projet de fabrication de spa-ghettis. Dans la localitĂ© de Ngozi, tout le monde l’appelle « Spaghetti », tellement son nom est liĂ© Ă  l’image de son entre-prise.

La malnutrition endĂ©mique est Ă  l’ori-gine de son projet

AprĂšs une longue pĂ©riode d’ignorance des causes de la malnutrition, Hakuziya-remye a rĂ©alisĂ© que la pĂ©riode de soudure (janvier Ă  avril) Ă©tait le rĂ©sultat d’une mauvaise gestion de la rĂ©colte de la sai-son prĂ©cĂ©dente. C’est pour cette raison que les enfants et les adultes souffraient de kwashiorkor alors que les Ɠufs, le riz et le blĂ© Ă©taient trĂšs abondants sur le marchĂ© pendant certaines pĂ©riodes de l’annĂ©e. Son projet a un double ob-jectif : lutter contre la malnutrition en fabriquant une denrĂ©e alimentaire riche en Ă©lĂ©ments nutritifs et aider la popula-tion Ă  mieux gĂ©rer la rĂ©colte des cĂ©rĂ©ales grĂące Ă  un produit conservable sur une longue pĂ©riode. L’initiateur du projet pensait ainsi aider la population durant la pĂ©riode de soudure.

Un début difficile

Quand Hakuziyaremye lance son entre-prise le 25 novembre 2016, il ne dispose pas de tous les Ă©quipements. Il a dĂ» at-tendre une longue annĂ©e pour que le PRODEFI lui octroie des machines. Jusqu’à maintenant, il y a des Ă©quipe-ments qui manquent. Les spaghettis

sortent de la machine encore mous. Ils doivent sĂ©cher Ă  l’air libre parce qu’il n’a pas la machine qui effectue l’opĂ©ration de sĂ©chage automatiquement. Cela ex-plique pourquoi les spaghettis de Bles-sing Product n’ont pas la forme d’une baguette classique. C’est cela qui a fait que les clients hĂ©sitent Ă  consommer ces spaghettis d’une « forme bizarre ». Heureusement pour lui, avec le temps, la rĂ©ticence a fait place Ă  l’engouement. La population des provinces du Nord du pays est devenue trĂšs friande de spaghet-ti Blessing Product, annonce fiĂšrement Hakuziyaremye.

cement en incluant d’autres personnes dans son projet qui ont apportĂ© des ca-pitaux additionnels Ă  l’entreprise qui est dĂ©sormais gĂ©rĂ©e en association. En revanche, il existe un autre obstacle qu’il ne peut pas contourner. Les entreprises de transformation agroalimentaire doivent avoir la certification dĂ©livrĂ©e par Burundi Business Incubator (BBIN). Or les frais de certification sont exorbitants pour une entreprise Ă  la phase d’incu-bation. Le devis provisoire estime Ă  2 millions de FBu les frais qu’exigera cette certification.

L’autre problĂšme qui se posait au dĂ©but est que le spaghetti importĂ© coĂ»te cher au regard du pouvoir d’achat de la popu-lation. Un paquet de macaroni se vend entre 1800 et 2000 FBu. Ce qui n’est pas nĂ©gligeable pour un mĂ©nage rural. M. « Spaghetti » a pris une mesure radicale en cassant le prix. Il a fixĂ© le prix du spa-ghetti Blessing Product Ă  700 FBu le pa-quet. Actuellement, il vend entre 12 et 50 paquets par jour. Mais il compte baisser encore le prix quand la situation le lui permettra. Il veut que son produit soit accessible au plus grand nombre de ses concitoyens.

Des difficultés « insurmontables » guettent Blessing Product

L’initiateur de Blessing Product reste in-quiet quant à l’avenir de son entreprise. Il a pu faire face au manque de finan-

Un avenir incertain

Avec un capital de 604 mille FBu et 6 emplois crĂ©Ă©s, Hakuziyaremye fait par-tie de ces jeunes qui ont dĂ©cidĂ© de ne pas rester les bras croisĂ©s, mais de faire appel Ă  leur savoir-faire pour crĂ©er leurs propres emplois avec l’aide de l’Etat ou des organismes internationaux. Le chiffre d’affaires mensuel de son en-treprise atteint actuellement 700 mille FBu. Avec le problĂšme de certification, le destin de Blessing Product est dĂ©sor-mais incertain. M. « Spaghetti » ne voit pas comment il pourrait dĂ©crocher ce sĂ©same. Les personnes habilitĂ©es de-vraient voir comment simplifier encore plus les dĂ©marches administratives pour les entreprises de transformation au stade d’incubation. Cela ne serait que bĂ©nĂ©fique pour la promotion de l’entre-preneuriat des jeunes tant chantĂ©.

Avec un capital de 604 mille FBu et 6 emplois crĂ©Ă©s, Hakuziyaremye fait partie de ces jeunes qui ont dĂ©cidĂ© de ne pas rester les bras croisĂ©s, mais de faire appel Ă  leur savoir-faire pour crĂ©er leurs propres emplois avec l’aide de l’Etat ou des organismes internationaux.

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28 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

NadĂšge Irakoze, la cordonnerie dans la peauAu moment oĂč les jeunes diplĂŽmĂ©s se morfondent dans l’oisivetĂ© en atten-dant que l’Etat veuille bien leur trou-ver du travail, NadĂšge Irakoze a vite compris que c’était trop peu pour elle. AprĂšs ses Ă©tudes universitaires, elle a directement fondĂ© son entreprise de cordonnerie. A la dĂ©couverte de l’aventure de cette jeune femme qui a embrassĂ© un domaine oĂč les filles se comptent sur les doigts de la main

NadĂšge Irakoze est native de Gashi-kanwa, une des communes de la province de Ngozi. Cette com-

municatrice de formation est nĂ©e en 1991 et vient de se marier depuis une annĂ©e. Dans son atelier, les bruits de la machine ponceuse, la presse Ă  bouton, les couteaux Mozart et d’autres instruments aux noms compliquĂ©s se font entendre. On a l’impres-sion qu’elle frotte dans son atelier sis au quartier Ga-biro, rue Mubuga dans les bĂątiments de l’ancien hĂŽtel « Petit ArrĂȘt » de la ville de Ngozi.

Comment a-t-elle atterri dans la cordonnerie ?

Mme Irakoze avait la fibre entrepreneuriale depuis son enfance. Elle se rap-pelle qu’elle disait Ă  sa mĂšre qu’elle aura une entreprise de tannerie Ă  elle. Sa mĂšre riait tendrement pensant Ă  un rĂȘve utopique comme en ont tous les gosses. A 9 ans dĂ©jĂ , elle s’initiait Ă  la vannerie. C’est quand elle a commencĂ© l’universitĂ© qu’elle est entrĂ©e de plein pied dans l’artisanat. Elle a ouvert un stand au MusĂ©e Vivant de Bujumbura oĂč elle vendait des paniers que lui fournis-saient les artisans de Gitega et des sac-Ă -main qu’elle fabriquait elle-mĂȘme Ă  partir du raphia. Elle se rappelle qu’elle sĂ©chait souvent ses cours pour aller s’ap-provisionner Ă  Gitega. Au moment oĂč les autres jeunes parcourent les entreprises Ă  la recherche d’un stage professionnel, cette fille d’une dĂ©termination sans pa-reil a payĂ© 50 mille FBu pour un stage de 2 jours. Tellement elle sentait le besoin de pratiquer les thĂ©ories apprises sur internet. Elle voulait aussi connaĂźtre les matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es dans la cor-donnerie

Un capital de 3. 529.000 FBu pour le dé-marrage de son entreprise

Cette passionnée du cuir a fait la com-munication pas dans le but de devenir journaliste comme la plupart de ses condisciples, mais dans le seul but de

dĂ©velopper sa propre entreprise. Rai-son pour laquelle elle passait son temps sur Internet Ă  chercher la moindre information sur le travail du cuir. De plus, elle ne loupait aucune session de forma-tion en rapport avec l’entrepreneuriat. Le cuir a petit-Ă -petit retenu son atten-tion. Elle a d’ailleurs confectionnĂ© un plan d’affaire d’une entreprise de fabri-cation des sandales en derniĂšre annĂ©e d’universitĂ© dans le cadre d’un devoir du cours d’entreprenariat.

AprĂšs ses Ă©tudes universitaires, elle est revenue Ă  Ngozi et, coup de chance, le projet PRODEFI du FIDA, en partena-riat avec le BBIN a organisĂ© des forma-tions en entrepreneuriat pour les jeunes qu’elle a suivies avec beaucoup d’intĂ©rĂȘt. A l’issue de la formation, son projet a Ă©tĂ© choisi parmi les trois projets innovants

qui devraient ĂȘtre financĂ©s. Il a remportĂ© la 1Ăšre place et a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un finance-ment de 3 millions de FBu. « J’ai vendu mon fonds de commerce au MusĂ©e Vivant et j’ai installĂ© dĂ©finitivement mon entreprise Ă  Ngozi depuis mars 2016 », raconte Mme Irakoze. Elle dĂ©clare qu’elle a dĂ©marrĂ© son entreprise avec exactement 3.529.000 FBu.

Les défis ne manquent pas

Mme Irakoze voudrait bien agrandir son entreprise, car la demande est trĂšs Ă©levĂ©e. Malheureusement, certaines bar-riĂšres l’empĂȘchent de passer Ă  la vitesse supĂ©rieure. D’abord, elle voudrait ache-ter des machines qui vont lui permettre de doubler la cadence de production. Elle dit avoir absolument besoin de machines Ă  couper car, actuellement, la coupe se fait manuellement. Ce qui di-minue considĂ©rablement le rendement de son entreprise. Il nous faut aussi aug-menter les formes Ă  monter car, pour le moment, on utilise encore le mĂštre-ru-

ban. Cela prend Ă©normĂ©ment de temps. Ensuite, il est nĂ©cessaire d’augmenter l’effectif des employĂ©s. Mais avant tout cela, il faut d’abord se procurer ces ma-chines. Enfin, Il faudra avoir non seule-ment ces machines, mais aussi un grand capital pour acheter une quantitĂ© suffi-sante de matiĂšres premiĂšres pour les ali-menter, indique Mme Irakoze.

Le parcours n’a pas Ă©tĂ© une promenade de santĂ©

Au dĂ©but, elle ne connaissait pas bien les matiĂšres premiĂšres qu’on utilise dans la cordonnerie. Elle n’avait eu qu’un stage pratique court de 2 jours. Elle exhibe un sac rempli de semelles qui se sont avĂ©-rĂ©es ĂȘtre de piĂštre qualitĂ©. « Quand on les utilisait, elles ramollissaient aprĂšs deux jours et les clients revenaient trĂšs

fĂąchĂ©s. On a Ă©tĂ© obligĂ© de refaire toutes des sandales qu’on avait fabriquĂ©es avec ces semelles », indique Mme Irakoze avec un brin d’amer-tume dans la voix. Elle a Ă©ga-lement eu des difficultĂ©s avec les mauvais clients. Certains ont pris des livraisons et ont disparu dans la nature sans payer. Heureusement, main-tenant les choses vont bien, se console la jeune dame.

Son entreprise, une source de beaucoup de fierté

Une des grandes fiertĂ©s de Mme Irakoze est d’avoir don-nĂ© du travail Ă  3 jeunes gens leur permettant ainsi d’entretenir leurs familles. Voir qu’il y a des gens qui vivent grĂące Ă  son idĂ©e lui procure un grand plaisir. Elle compte agrandir son entre-prise pour donner du travail

Ă  beaucoup d’autres jeunes. Elle caresse l’idĂ©e d’ériger une entreprise familiale solide dans laquelle travailleront ses en-fants et ses petits-enfants. Ses anciens camarades de classe viennent visiter son entreprise.

Au dĂ©but, l’entourage se moquait d’elle parce qu’elle rentrait couverte de pous-siĂšre. Il y en a mĂȘme qui lui conseillaient de tout vendre et de « manger » les 3 mil-lions qu’elle venait de gagner. On ne comprenait pas son entĂȘtement. Main-tenant ils ont appris Ă  la respecter. C’est une autre source de fiertĂ© pour cette dame d’un caractĂšre bien trempĂ©. Elle compte porter le chiffre d’affaires de son entreprise Ă  50 millions de FBu par mois dans 10 ans. «Si on importe des produits d’Ouganda, du Kenya, de la Chine ou d’ailleurs, pourquoi on n’exporterait pas nos produits vers ces pays nous aussi ?», s’interroge la jeune entrepreneure insa-tiable d’une voix qui ne laisse aucune place au doute.

NadĂšge Irakoze, initiatrice d’une entreprise de fabrication des sandales : «Nous ne parvenons pas Ă  satisfaire toutes les commandes parce qu’on n’a pas un capital suffisant pour acheter une grande quantitĂ© de matiĂšres premiĂšres»

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

L’artisanat Ă  la rescousse des jeunes chĂŽmeursLes cornes de vaches jadis considĂ©rĂ©es comme des objets sans valeur sont au cƓur du commerce des objets d’art Ă  Kayanza. Les membres de la coopĂ©rative « Dushaze mw’ihembe » transforment les cornes de vaches en articles mĂ©nagers (les assiettes, sous tasses, gobelets etc.), les bijoux (boucles d’oreilles, bagues, bracelets
) ou encore des objets d’ornement. C’est un business qui s’est dĂ©veloppĂ© Ă  partir des matĂ©riaux locaux dĂ©laissĂ©s

Dans le Burundi traditionnel, les cornes de vaches Ă©taient utilisĂ©es pour puiser de l’eau ou conserver

des objets de grande valeur comme les piĂšces de monnaie. Avec la modernitĂ©, l’utilisation des cornes de vache a cĂ©dĂ© la place aux autres matĂ©riaux et moyens sophistiquĂ©s de conservation. AprĂšs, l’abattage des vaches, les bouchers rassemblent les cornes pour ensuite ĂȘtre les enfouir ou les brĂ»ler. Dans la plupart des cas, on les laisse pourrir dans la nature.

La coopĂ©rative « Dushaze mw’ihembe » change la donne. M. Innocent Nyabenda, un ex- couturier reconverti en artiste parle de la genĂšse de ladite coopĂ©rative et de ses principales activitĂ©s. Tout dĂ©bute avec le projet du Programme des Nations Unies pour le DĂ©veloppement au Burundi (PNUD) d’enseigner aux jeunes divers mĂ©tiers. Il ciblait les groupes de personnes vulnĂ©rables et dont Nyabenda. « J’ai appris comment fabriquer les objets Ă  partir des cornes

de vaches. A l’issue de la formation, nous avons bĂ©nĂ©ficiĂ© des Ă©quipements pour dĂ©marrer une activitĂ© gĂ©nĂ©ratrice de revenus, se rappelle M. Nyabenda.

Il a initiĂ© la coopĂ©rative « Dushaze mw’ihembe » qui compte 26 membres dont 20 femmes et 6 hommes. Pour le moment la chambre sectorielle de l’art et de l’artisanat (CHASAA) de la Chambre FĂ©dĂ©rale de commerce et d’Industrie du Burundi encadre ces jeunes entrepreneurs

Une gamme d’objets d’art en cornes

Le processus de transformation des cornes de vaches est un travail fastidieux. Il exige de la patience et une prĂ©cision i r r Ă© p r o c h a b l e . Les Ă©quipements utilisĂ©s sont importĂ©s du Kenya et coĂ»tent Ă© n o r m Ă© m e n t chers, souligne M. Nyabenda. Ce sont surtout les machines utilisĂ©es pour suivre le tracĂ© d’une corne, polir la face extĂ©rieure des objets d’art ; les scies Ă©lectriques spĂ©cialisĂ©es. Le prĂ©sident de la coopĂ©rative rĂ©vĂšle que les objets

fabriquĂ©s Ă  base de cornes de vaches sont les gobelets, les assiettes, les sous tasse, les porte-clĂ©s, les bracelets, les boucles d’oreilles, les colliers, les ouvres bouteilles, les bagues, les vases et bien d’autres objets d’ornement.

Les matiĂšres premiĂšres sont essentiellement composĂ©es de cornes et d’ossements de vache collectĂ©s dans les abattoirs. MĂȘme si les cornes de vaches sont dispersĂ©es

partout dans le pays, leur accessibilitĂ© est souvent difficile. La coopĂ©rative de Kayanza n’est pas la seule Ă  s’approvisionner en cornes sur le marchĂ© local. Les artisans des pays de la sous-rĂ©gion comme l’Ouganda ou le Kenya viennent s’approvisionner au Burundi. En consĂ©quence, le prix d’une paire de cornes de vaches a triplĂ© passant de 2 000 Ă  6 000 FBu. Les bouchers les vendent au plus offrant.

Le manque de financement, un défi majeur

Toute entreprise en phase de dĂ©marrage se heurte Ă  un problĂšme de manque de financement. La coopĂ©rative « Dushaze mwihembe » ne fait pas exception. Les membres de la coopĂ©rative souhaitent augmenter le capital pour accroĂźtre le chiffre d’affaires. Pour Nyabenda, des investissements additionnels sont nĂ©cessaires pour acheter des Ă©quipements de pointe, constituer des stocks de matiĂšres prmiĂšres afin d’exĂ©cuter des commandes de grande envergure. Par exemple, la coopĂ©rative a besoin de machines pour imprimer sur les objets fabriquĂ©s, indique-t-il.

Le promoteur de « Dushaze mw’ihembe » conseille aux autres jeunes de s’intĂ©resser aux

mĂ©tiers car, dit-il, les temps sont rĂ©volus. Le mĂ©tier sert de bouclier au phĂ©nomĂšne de chĂŽmage qui touche la jeunesse burundaise. En ce sens, chacun doit mettre Ă  l’épreuve ses talents pour rĂ©ussir.

Innocent Nyabenda, prĂ©sident de la CoopĂ©rative «Dushaze mw’ihembe»: « Le mĂ©tier sert de bouclier au phĂ©nomĂšne de chĂŽmage qui touche la jeu-nesse burundaise. Ceux qui exercent un mĂ©tie arrivent Ă  subvenir Ă  leurs besoins ».

Les membres de la coopĂ©rative « Dushaze mw’ihembe » valorisent les cornes de vaches jetĂ©es dans les dĂ©potoirs aprĂšs abattage des animaux.

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30 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Les jeunes investissent dans le secteur piscicoleBubanza

La Coopérative Piscicole de Multiplica-tion et de Commercialisation du Pois-son (COPIMUCOPO) investit dans les produits halieutiques. Elle est détermi-née plus que jamais à résorber le défi-cit du pays en poissons. La production annuelle des poissons a atteint 12 000 tonnes en 2018

Le projet d’élevage de poissons a Ă©tĂ© initiĂ© par sept jeunes diplĂŽmĂ©s en mai 2014. M. Cyriaque Ndayi-

ragije, prĂ©sident de la COPIMUCOPO, explique sa motivation Ă  se lancer dans la pisciculture : « Les poissons du lac Tan-ganyika nous parvenaient souvent en mau-vais Ă©tat. C’est pourquoi nous avons initiĂ© ce projet pour non seulement rĂ©pondre Ă  cette p r o b l Ă© m a t i q u e , mais aussi crĂ©er de l’emploi », dit-il. Les initiateurs du projet ont amĂ©-nagĂ© eux-mĂȘmes les 5 Ă©tangs que comptait ce pro-jet. « Les gens nous prenaient pour des fous en nous voyant creuser. Mais par aprĂšs, d’autres jeunes ont fini par comprendre notre motivation pour en-suite rejoindre notre cause », se rappelle M. Ndayiragije. La petite association a vite Ă©voluĂ© vers une coopĂ©rative. A c t u e l l e m e n t , celle-ci compte 450 membres dont 50 action-naires (23 femmes et 27 hommes).

La production augmente de façon ex-ponentielle

D’aprĂšs Ndayiragije, la coopĂ©rative mul-tiplie deux espĂšces, Ă  savoir : le clarias (isomvyi) et les tilapias (Ingege). Ces deux espĂšces ont Ă©tĂ© choisies parce qu’elles croissent vite et s’adaptent faci-lement aux conditions climatiques de la rĂ©gion de l’Imbo. De plus, elles sont fa-ciles Ă  nourrir, car elles ingĂšrent presque tout.

La coopĂ©rative piscicole a dĂ©butĂ© avec seulement 5 Ă©tangs piscicoles mais, ac-tuellement, l’effectif atteint 50 Ă©tangs Ă©tablis Ă  Musenyi et Ă  Randa en province de Bubanza. Ce qui a portĂ© la production de poissons de 1,2 tonne Ă  12 000 tonnes entre 2014 et 2018. Pour les alevins (pe-tits poissons), la production annuelle est passĂ©e de 12 000 tonnes Ă  250 000 tonnes

d’alevins au cours des quatre derniĂšres annĂ©es. En 2018, la coopĂ©rative a dĂ©gagĂ© une marge bĂ©nĂ©ficiaire de 36 millions de FBu. « Nous avons vendu 12 000 tonnes de poissons Ă  60 millions de FBu et 240 000 tonnes d’alevins Ă  24 millions de FBu. Les recettes cumulĂ©es s’élĂšvent Ă  84 millions de FBu. En dĂ©duisant les dĂ©penses, on reste avec une marge bĂ©nĂ©ficiaire de 36 millions de FBu », fait savoir le prĂ©sident de la COPI-MUCOPO. Nos principaux clients sont les grossistes qui proviennent de la ville de Bujumbura, la population riveraine ainsi que la FAO et le FIDA, pour l’achat des alevins.

L’absence d’une Ă©closerie entrave l’épanouissement de la coopĂ©rative

Tout n’est pas rose à la COPIMUCOPO.

Le prĂ©sident de la coopĂ©rative dĂ©nonce l’incomprĂ©hension de certains membres qui hĂ©sitent Ă  pratiquer les techniques piscicoles modernes et surtout ignorent l’intĂ©rĂȘt de la pisciculture. L’autre dĂ©fi est liĂ© au manque d’espace de prĂ©-gros-sissement des poissons. La coopĂ©rative se contente d’un incubateur artificiel fabriquĂ© avec les moyens de bord (mous-tiquaire tendue Ă  la surface de l’eau). Ce qui affecte le rendement annuel qui oscille entre 3 et 3,5 tonnes de poissons par hectare alors que dans d’autres pays le rendement annuel est de 8 tonnes de poissons par hectare.

Ndayiragije dĂ©plore Ă©galement l’absence d’unitĂ©s de transformation d’aliments industriels pour les poissons. « Dans d’autres pays comme l’Ouganda qui a investi dans le secteur piscicole, on trouve un peu partout les aliments des poissons », indique-

t-il. La coopĂ©rative teste l’association de la pisciculture et l’élevage des poules. Un poulailler a Ă©tĂ© installĂ© au-dessus d’un de nos Ă©tangs. Les fientes des poules et des restes de nourriture tombent direc-tement dans l’eau et nourrissent les pois-sons, explique M. Ndayiragije.

Comment pratique-t-on la piscicul-ture ?

L’élevage des poissons est trĂšs exigeant. L’espace piscicole doit ĂȘtre Ă  proximitĂ© de la route et prĂ©fĂ©rentiellement dans une zone aride, explique M. Ndayiragi-je. Un bon aquaculteur doit cibler une rĂ©gion oĂč il y a des amateurs de pois-sons. L’étape suivante consiste dans la prĂ©paration des Ă©tangs. GĂ©nĂ©ralement, on creuse un Ă©tang de 20 m sur 40 m.

AprĂšs avoir creusĂ© les Ă©tangs, on y ajoute de la chaux agricole pour diminuer l’aciditĂ© du sol qui pourrait nuire Ă  la croissance des pois-sons.

L’autre Ă©tape cruciale consiste Ă  connecter l’étang Ă  une source d’eau. Ce qui ouvre la voie Ă  la phase de prĂ©-paration d’un environ-nement favorable aux poissons. L’empois-sonnement intervien-dra aprĂšs la culture des phytoplanctons. Ces derniers sont des organismes vĂ©gĂ©taux vivant en suspension dans l’eau. Pour sti-muler leur croissance, on utilise la fumure organique telle que les fientes de poule. La coloration verte des eaux tĂ©moigne donc

de l’abondance des phytoplanctons. Ces derniers serviront de nourriture aux poissons, surtout au jeune Ăąge. La technique pour empoissonner un Ă©tang consiste Ă  mettre les semences dans les Ă©tangs Ă  raison de 5 alevins par m2. Il ne restera qu’à suivre de prĂšs l’alimentation des poissons. Ceux-ci sont nourris deux fois par jour et comme les aliments spĂ©-cifiques aux poissons ne sont pas dis-ponibles, on mĂ©lange la farine au son de riz, au soja, aux restes de fretins (dits Mwanza).

Le cas emblĂ©matique des jeunes de Bu-banza devrait inspirer d’autres jeunes surtout dans un pays comme le Burun-di oĂč le chĂŽmage, la pauvretĂ© et l’insĂ©-curitĂ© alimentaire gagnent du terrain. Pourtant, le pays dispose d’un rĂ©seau hydrographique riche, car il pleut 9 mois pendant l’annĂ©e.

La coopérative piscicole de Bubanza enregistre une production moyenne de 10 000 tonnes de poissons par an.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

Une fructueuse insertion socio-Ă©conomique via l’entrepreneuriat des jeunes

FIDA-YAINPublireportage

Le FIDA a servi de prĂ©curseur Ă  la mise en place duYouth Agribusiness Incubator(YAIN) pour l’incubation des jeunes entrepreneurs. Il a facilitĂ© leur insertion socio-Ă©conomique Ă  travers les formations, le coaching, le rĂ©seautage, la visibilitĂ© de leurs activitĂ©s et le financement en Ă©quipements pour soutenir l’innovation crĂ©atrice d’emplois dĂ©cents et de revenus.La pĂ©rennitĂ© des acquis n’est pas Ă redouter car les bĂ©nĂ©ficiaires s’en sont dĂ©jĂ  appropriĂ©s

YAIN est nĂ©e de l’initiative duProgramme de DĂ©veloppement des FiliĂšres(PRODEFI)Ă  travers la

composante Emploi des Jeunes Ruraux (EJR). FinancĂ© par un don du FIDA d’un montant de 6,6 millions de USD pour la crĂ©ation d’emplois dans 10 communes des provinces Bubanza et Ngozi.

YAIN est une c o a l i t i o n d’entreprises qui sont encadrĂ©es par le PRODEFI-EJR dans l’agri business. Les activitĂ©s exercĂ©es par ces jeunes sont variĂ©es, mais sont reliĂ©es par le monde des affaires. BenoĂźt Ndikumana, responsable de la composante EJR au sein du PRODEFI explique que ce projet rĂ©fĂšre ces entreprises Ă  une institution ou un rĂ©seautage pour chercher le financement Ă  travers le marketing et l’exposition. Dans les foires, c’est le PRODEFI qui leur paie les stands. La visibilitĂ© des produits des jeunes entrepreneurs est aussi rĂ©alisĂ©e via les tables d’hĂŽtes.Ce sont des points de collecte et d’exposition pour la vente des produits des jeunes entrepreneurs. Il a indiquĂ© que l’une des deux a Ă©tĂ© construit par le PRODEFI en province de Bubanza et une autre est Ă©tabli dans la zone Nyakabiga, de la commune Mukaza en province de Bujumbura sur fonds propres de ces jeunes. Le

PRODEFI/EJR leur donne Ă©galement des Ă©quipements pour la transformation (micro-entrepreneurs) des produits. Les microentreprisescontribuent Ă  hauteur de 10% et le PRODEFI/EJRpaie 90% du coĂ»t de l’équipement.

Chaines d’approvisionnement maĂźtri-sĂ©es

Un processus de dĂ©sengagement de l’appui aux jeunes entrepreneurs par lePRODEFI/EJRest en cours. NĂ©anmoins, M.Ndikumana informe que des stratĂ©gies de pĂ©rennisation des acquis sont mises en Ɠuvre. Il s’agit de la crĂ©ation d’entreprises satellites pour l’approvisionnement en matiĂšres premiĂšres des unitĂ©s de transformation. A titre illustratif, une unitĂ© engagĂ©e dans la production de la bouillie Ă  base de maĂŻs, de soja et de blĂ© a un contrat de partenariat avec les jeunes

chĂŽmeurs pour la production de la matiĂšre premiĂšre dont il a besoin. Ils deviennent ses fournisseurs. Il signale que cela contribue Ă  l’insertion socio-Ă©conomique des jeunes, les amĂšne Ă  produire tout en ayant dĂ©jĂ  prĂ©parer un marchĂ© d’écoulement, cela va stimuler la multiplication des entreprises satellites dans diffĂ©rents domaines. Par consĂ©quent, la crĂ©ation d’emplois,

mission premiĂšre de la composante, souligne-t-il.

Et de prĂ©ciser que de juin 2013 Ă  juin 2019, au moins 275 microentreprises et 2300 activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenu (AGR) dont 31% sont du secteur de l’agriculture et Ă©levage, 11% dans la transformation agroalimentaire, 38% dans le commerce des produits agricoles, 15% dans le vente des services et 4% dans les autres mĂ©tiers. Chacune des AGR et microentreprises crĂ©Ă©es a recrutĂ© en moyenne 2 employĂ©s additionnels. Au total, 17 762 emplois dont 6766 pour les femmes ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. En moyenne le revenu net mensuel d’un jeune entrepreneur est estimĂ© Ă  150 USD pour une AGR et 600 USDpour une microentreprise. Le taux de crĂ©ation est estimĂ© Ă  84,7% pour le cas du Burundi qui est largement supĂ©rieur Ă  la moyenne globale des autres pays actuellement estimĂ©e par le BIT Ă  43 %.

Un socle entrepre-neurial qui vient à point nommé

Aristide Ihorimbere, prĂ©sident et reprĂ©sentant lĂ©gal de YAIN reconnait la contribution du PRODEFI/EJR dans l’activitĂ© e nt re p re n e u r i a l e des jeunes. « Le PRODEFI Ă  travers la composante EJRnous a encadrĂ© dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 2014 jusqu’aujourd’hui. Par la formation et le coaching, il y a des jeunes qui ont pu rĂ©ussir leur projet e n t r e p r e n e u r i a l jusqu’à faire naĂźtre un rĂ©seau de ces jeunes dans l’agri business ». A cette pĂ©riode,il n’y avait pas une organisation chargĂ©e d’accompagner et

d’inculquer les connaissances dans le secteur agropastoral. Ce qui bloquait les nouveaux jeunes entrepreneurs dans l’acquisition des connaissances suffisantes en agri business et cela avait comme consĂ©quences la faible production, la mauvaise qualitĂ© des produits et les Ă©checs pour les jeunes qui voulaient entreprendre dans ce domaine. Le PRODEFI-EJR a alors fait la formation

Aristide Ihorimbere, prĂ©sident et reprĂ©sentant lĂ©gal de YAIN : « Nous avons des programmes de formation et d’accompagnement des jeunes Ă  l’intĂ©rieur du pays »

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32 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

et le coaching deces jeunes ; d’oĂč est nĂ© le YouthAgribusinessIncubator (Incubateur des Jeunes Entrepreneurs en agribusiness).

La pérennisation des acquis du PRO-DEFI maitrisée

« Jusqu’aujourd’hui, nous avons continuĂ© notre mission qui consistait Ă  ĂȘtre un tremplin pour les jeunes dans la production et la transformation agricole. Nous avons dĂ©jĂ  effectuĂ© plusieurs formations en agribusiness dans les diffĂ©rentes provinces dans lesquelles le PRODEFI travaille, mais aussi dans les autres provinces. Nous avons commencĂ© Ă  accompagner plusieurs entreprises et coopĂ©ratives », indique Ihorimbere. YAIN a formĂ© 120 jeunes des provinces Kirundo et Cibitoke ainsi que 35 jeunes en mairie de Bujumbura. Dans la province de Bubanza,10 jeunes viennent d’ĂȘtre formĂ©ssur l’incubation des Ɠufs avec des couveuses Ă©lectroniques. YAIN compte former prochainement 150 jeunes sur les filiĂšres c h a m p i g n o n s , apiculture et pisciculture dans les provinces de Ngozi et Bubanza sur financement du PRODEFI-EJR.

«Mieux vaut une tĂȘte bien faite qu’une tĂȘte bien pleine »

YAIN a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un financement du PRODEFI-EJR pour une formation Ă  l’étranger sur le module « Business Incubator Management », un module propre aux incubateurs en agribusiness. M . I h o r i m b e r e apprĂ©cie la valeur ajoutĂ©e de cette formation puisque, souligne-t-il, elle permet d’avoir des connaissances et des capacitĂ©s suffisantes Ă  donner aux jeunes Burundais qui seront encadrĂ©s par cet incubateur. « Nous avons des programmes de formation et d’accompagnement des jeunes Ă  l’intĂ©rieur du pays », indique-t-il,avantd’ajouter qu’il s’apprĂȘte Ă  organiser un atelier de formation sur la maniĂšred’implanter des hubs (centre en pratique agricole) qui va se dĂ©rouler prochainement en Ouganda. Il va se servir de cet outil pour mettre en place des hubs pour incuber et accompagner les jeunes. Selon lui, cette initiative peut inciter les autres bailleurs, y compris le FIDA Ă  financer la construction de ces hubs qui sera une opportunitĂ© pour les jeunes burundais qui veulent entreprendre dans le secteur pastoral.

Vers une fin du projet en beauté

Le financement de YAIN par le PRODEFI-EJR va se clĂŽturer avec fin 2020. Cela ne causera pas d’ennuis aux bĂ©nĂ©ficiaires parce que le dĂ©sengagement va suivre un processus Ă©tabli pour cette fin. Le PRODEFI-EJR est en train de prĂ©parer le YAIN pour qu’il puisse continuer Ă  incuber les idĂ©es entrepreneuriales jeunes. Ce dĂ©sengagement consiste Ă  cĂ©der quelques infrastructures que le projet avait mis Ă  disposition du YAIN pour que celui-ci continue Ă  les utiliser dans ses programmes. « Il est en train de nous Ă©quiper en nous fournissant quelques matĂ©riels dont nous avons besoin, de nous donner des outils de formation pour nous aider Ă  pĂ©renniser nos activitĂ©s », indique Ihorimbere. Le projet a achetĂ© des Ă©quipements pour la plupart des jeunes qu’il encadre et la contribution d’un jeune entrepreneur Ă©tait de 10%. Il a soulignĂ© que les jeunes qui seront formĂ©s par YAIN auront des

matériels didactiquessuffisants pour les travaux pratiques.

Les bénéficiaires sont ravis

Les fruits issus des formations offertes par le PRODEFI/EJR dans la crĂ©ation de l’emploi sont palpables. Jean Bosco Nshimirimana, prĂ©sident de la COOJELUD habitant la Colline Gatika, de la zone Rukeco, commune Busiga, province Ngozi est l’un des bĂ©nĂ©ficiaires de ces formations. Il fait savoir que c’est grĂące au PRODEFI/EJR qu’il a amĂ©liorĂ© les conditions de vie de sa famille.« J’ai Ă©tĂ© formĂ© par le PRODEFI –EJR sur la crĂ©ation de l’emploi en 2016.J’avais un capital initial de 40 000 FBu. Avec ce montant, je me suis lancĂ© dans la fabrication des briques cuites. J’ai produit 10 000 briques cuites», tĂ©moigne

Jean Bosco Nshimirimana, prĂ©sident de la COOJELUD, habitant la Colline Gatika de la com-mune Busiga dans la province Ngozi : « C’est grĂące au PRODEFI qu’il a amĂ©liorĂ© les conditions de vie de sa famille »

Nshimirimana. De plus, le PRODEFI lui a envoyĂ© Ă  Bubanza dans une autre formation. Avec un perdiem de 90 000 FBu qu’on lui a octroyĂ©s, il a fabriquĂ© 20 000 autres briques cuites. Il a tout vendu et a bĂ©nĂ©ficiĂ© de 400 000 FBu. Avec ce montant, il a doublĂ© d’efforts et a fabriquĂ© 100 000 briques cuites.

Actuellement, Nshimirimana affirme qu’il est un agriculteur et Ă©leveur accompli. Il est multiplicateur des plants fruitiers et producteur des pommes de terre, des haricots et du maĂŻs. DerniĂšrement, Il fait savoir qu’il a vendu des plants fruitiers au PRODEFI Ă  hauteur de 29 millions de FBu. Le reste des plants a Ă©tĂ© vendu Ă  d’autres clients pour un montant de 11 millions de FBu. Il a aussi rĂ©coltĂ© 50 tonnes de pommes de terre, 20 tonnes de maĂŻs et 5 tonnes d’haricots.Nshimirimana Ă©lĂšve des vaches, des lapins, des poules. De surcroĂźt, il contribue Ă  la crĂ©ation d’emplois. Il a crĂ©Ă© des associations

des jeunes dans les provinces de Gitega, Makamba, Ruyigi, Bururi, Muramvya, Bubanza et Cibitoke. Leur mission est de dĂ©velopper l’agriculture et l’élevage. Il leur a offert des semences pour dĂ©marrer leurs activitĂ©s. Il fait savoir que PRODEFI- EJR lui a donnĂ© une moto pour faciliter le suivi et l’évaluation de ses associations.

Ce n’est pas seulement Nshimirimana qui remercie le PRODEFI/EJR de son appui incommensurable sur la crĂ©ation d’emplois. Emmanuel Nibizi, ĂągĂ© de 27 ans rencontrĂ© Ă  la zone Rukeco de la commune Busiga, province Ngozi abonde dans le mĂȘme

sens. AprĂšs avoir suivi des formations, on lui a octroyĂ© des moyens pour commencer son activitĂ© de fabrication des piments et des gingembres. Il a commencĂ© avec un capital de 120 000 FBu. Actuellement, il a un chiffre d’affaire de 13 millions de FBu. Il a construit sa propre maison avec un montant d’environ 4 millions. Et Nibizide conclure qu’il a un personnel estimĂ©Ă  40 personnes qui produisent du piment et du gingembre.

PrĂ©cisons que l’innovationdu PRODEFI-EJR consiste Ă  canaliser, orienter et appuyer les initiatives individuelles ou collectives des jeunes ruraux par les formations, le coaching et l’encadrement pour stimuler la crĂ©ation de microentreprises en vue de promouvoir l’auto-emploi et la crĂ©ation des emplois dĂ©cents en faveur d’autres jeunes.

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

La marque « Ketange », un rĂȘve devenu rĂ©alité« Avoir un rĂȘve c’est bien, mais le poursuivre est encore meilleur ». C’est l’histoire de Ketty Ange Kendal Dusenge, une jeune fille qui est nĂ© avec une passion de la mode. Contre vents et marĂ©es, elle rĂ©alise son rĂȘve : la marque « Ketange », le fruit de sa sueur

Ketty Ange Kendal est une burundaise de 22 ans qui fait ses études à Moscou, une passionnée

de la mode et de la couture. Depuis son jeune Ăąge, elle Ă©tait convaincue que la mode Ă©tait son destin. Il restait Ă  savoir comment s’y prendre pour commencer.

Un début tout enfantin

Elle raconte qu’elle s’est rendu compte de cette Ă©tincelle de la mode quand elle Ă©tait toute petite. Ses actes en disaient long et les personnes qui l’entouraient, en tĂ©moignaient : « Depuis que j’étais toute petite, je m’intĂ©ressais Ă  la façon dont les gens s’habillent et je me demandais comment les couturiers et les stylistes arrivent Ă  confectionner les habits. A l’ñge de 8 ans, c’est lĂ  oĂč j’ai commencĂ© Ă  demander Ă  ma mĂšre de ne porter que des vĂȘtements cousus en pagnes. Et lĂ  je pouvais voir comment le tailleur s’y prend pour coudre les habits. Je m’intĂ©ressais aussi aux Ă©missions tĂ©lĂ© aux fins d’observer l’habillement des gens ».

Aux Ăąmes bien nĂ©es, la valeur n’attend point le nombre des annĂ©es

AprĂšs ses Ă©tudes secondaires, elle se rend compte qu’elle peut rĂ©aliser ses rĂȘves. Il fallait qu’elle trouve ses propres moyens sans compter sur les interventions extĂ©rieures. C’est lĂ  oĂč elle a commencĂ© Ă  en chercher dans de petites activitĂ©s qui lui procuraient

une inspiration en d’autres termes. En 2016, elle approche son tailleur pour qu’il lui inculque les notions de base en couture.

«J’ai commencĂ© Ă  coudre une petite porte-monnaie et, curieusement, on l’a achetĂ©. Ça m’a coĂ»tĂ© 5000 FBu», se souvient-elle joyeusement. La marque « Ketange » voit le jour. C’était encourageant pour la jeune fille de 20 ans. La couture est devenue sa brĂ»lante passion.

Ketty Ange Kendal Dusenge : « J’ai commencĂ© Ă  coudre un petit porte-monnaie et, curieusement, on l’a achetĂ©. Ça m’a coĂ»tĂ© 5000 FBu »

Ă©tranger, oĂč tout est nouveau, elle connut des difficultĂ©s pour poursuivre son rĂȘve. « Ça a Ă©tĂ© difficile pour moi au dĂ©but parce que je ne savais pas oĂč trouver le matĂ©riel (les machines, les fils Ă  coudre
). Et aussi la langue russe que je ne maĂźtrisais pas encore ne m’a pas facilitĂ© la tĂąche », explique-t-elle

Mais grĂące aux produits qu’elle avait dĂ©jĂ  confectionnĂ©s Ă©tant encore au Burundi, elle se fait vite une place dans le monde de la mode en Russie. Mais, elle regrette que jusqu’à maintenant personne ne finance son travail. « Je me dĂ©brouille avec le peu que je gagne. », ajoute-t-elle.

La marque « Ketange » est actuellement en pleine expansion. Aujourd’hui, Ă  base des tissus Afritextile, elle a fait sa propre collection, une fiertĂ© pour le pays. Et, elle s’en rĂ©jouit.

La crĂ©ativitĂ© consiste Ă  relier les choses. Quand on demande aux gens crĂ©atifs comment ils ont fait pour arriver lĂ  oĂč ils sont, ils se sentent un peu gĂȘnĂ©s parce qu’en rĂ©alitĂ© ils n’ont rien inventĂ©. Ils ont juste dĂ©couvert comment sont les choses. Steve Jobs disait : « Si vous ne travaillez pas pour vos rĂȘves, quelqu’un d’autre vous embauchera pour travailler pour les siens ». Ketty Ange Kendal Dusenge est l’exemple de ceux qui ont compris Jobs. Ceux qui la connaissent sont fiers d’elle et ne lui souhaite mieux qu’aller de l’avant.

un peu d’argent pour commencer ; par exemple en participant dans les groupes de danses traditionnelles.

Participer aux Ă©vĂ©nements et lire des articles en rapport avec l’entrepreneuriat, Ă©taient occupations premiĂšres pour essayer de voir oĂč commencer, chercher

Elle s’envole avec son rĂȘve


En octobre 2016, elle s’envole pour la Russie oĂč elle va faire ses Ă©tudes en gĂ©odĂ©sie appliquĂ©e, mais sa passion brĂ»lante pour la couture ne s’est pas estompĂ©e du tout. Dans un pays

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34 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3

Agricultural Light Company : Des jeunes dĂ©cidĂ©s Ă  combattre la pauvretĂ©Depuis l’introduction de l’enseignement des mĂ©tiers dans le systĂšme Ă©ducatif, les rĂ©sultats Ă©mergent. Huit laurĂ©ats de la premiĂšre promotion du Centre de Formation Professionnelle (CFP) de Kigobe ont dĂ©cidĂ© de braver la peur de l’échec. Ils sont rĂ©unis au sein de l’association « Agricultural Light Company » qui Ɠuvre dans la transformation agroalimentaire notamment la fabrication des jus de maracudja et d’ananas

L’association « Agricultural Light Company » est constituĂ©e de huit jeunes laurĂ©ats du Centre de

Formation Professionnelle de Kigobe

qui exercent le mĂ©tier de transformation de maracudja, d’ananas et de commercialisation de leurs jus depuis 2016. Belly Francis Ngabirano, prĂ©sident, de cette association fait savoir que pour dĂ©marrer leurs activitĂ©s, ils ont d’abord mobilisĂ© une somme de 4 millions de FBu comme frais de dĂ©marrage. Ils ont louĂ© un des bĂątiments du CFP de Kigobe. Pour le moment, quinze personnes travaillent actuellement Ă  temps plein Ă  cette association dont dix sont des journaliers.

La production tourne autour de 3 000 bouteilles de nectar et de sirop de maracudja, de jus et de nectar d’ananas.

Et d’ajouter que ces produits sont certifiĂ©s. Une bouteille de ces produits coĂ»te 1000 FBu.

Un chiffre d’affaire oscillant entre 5 et 6 millions

Le chiffre d’affaires enregistrĂ© actuellement par « Agricultural Light Company » varie entre 5 millions et 6 millions de FBu par mois. Ngabirano se rĂ©jouit que les clients apprĂ©cient la qualitĂ© de ces produits, car les prix sont abordables. De surcroit, leurs jus commencent petit Ă  petit Ă  dans diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies. Ces jeunes espĂšrent Ă©merger comme les sociĂ©tĂ©s SAVONOR, BRARUDI, SOSUMO
, car pas mal de stratĂ©gies ont Ă©tĂ© mises en place pour stimuler les consommateurs.

Pour augmenter l’effectif des consommateurs, la dĂ©gustation par les clients est permise gratuitement pour se rassurer de la qualitĂ© de ces produits, fait remarquer Ngabirano. De plus, un carton de 24 bouteilles s’achĂšte Ă  20 000 FBu. Ce qui permet aux revendeurs de dĂ©gager une marge bĂ©nĂ©ficiaire assez considĂ©rable. En outre, les membres de « Agricultural Light Company » s’investissent pour assurer la livraison se fait Ă  domicile pour fidĂ©liser leurs clients.

Le manque d’emballage et d’équipe-ments plombe la rentabilitĂ©

NĂ©anmoins, mĂȘme si ces jeunes

entrepreneurs s’activent pour combattre la pauvretĂ©, ils sont confrontĂ©s Ă  pas mal de dĂ©fis. Ils dĂ©plorent le manque de matĂ©riels modernes une production Ă  grande Ă©chelle des jus de qualitĂ©. Ils prĂ©cisent qu’ils ont aussi besoin de capitaux consistants pour augmenter la production et pouvoir rĂ©pondre Ă  la demande de plus en plus croissante. Pour Ngabirano, les fonds de roulement demeurent un obstacle pour approvisionner les amateurs de jus d’ananas et de maracudja dans tout le pays. Selon lui, approvisionner tout le pays nĂ©cessite des vĂ©hicules, le carburant et la rĂ©munĂ©ration des chauffeurs. «Nous ne pouvons pas servir les clients qui nous remboursent aprĂšs une semaine ou plus de peur de manquer

les frais pour acheter les matiĂšres premiĂšres», ajoute Ngabirano. Cette mesure a Ă©tĂ© prise pour Ă©viter l’arrĂȘt des activitĂ©s du fait que le capital n’est pas consistant. Une fois qu’on a produit 50 cartons de ces jus, le souhait est que le paiement soit immĂ©diat, explique-t-il.

Le manque d’emballages constitue aussi un dĂ©fi important Ă  telle enseigne qu’ils font recours Ă  l’utilisation des emballages de rĂ©cupĂ©ration. A titre d’exemple, ils font savoir qu’ils utilisent les bouteilles de Heineken qui s’achĂštent Ă  100 FBu chacune. Il se demande pourquoi le centre d’incubation des entreprises situĂ© Ă  Buyenzi ne produit pas des emballages alors qu’ils disposent de machines destinĂ©es Ă  cette tĂąche. De surcroĂźt, le renforcement des capacitĂ©s, surtout dans la transformation agro- alimentaire est encore problĂ©matique.

MalgrĂ© tous ces dĂ©fis, Didace Irutabantu, un de ces jeunes qui ont crĂ©Ă© l’association « Agricultural Light Company » est fier du pas dĂ©jĂ  franchi par l’association. Il fait savoir qu’avec les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par la commercialisation de leurs produits, parvient Ă  se prendre en charge. Il espĂšre qu’il va Ă©voluer. Les stagiaires s’en rĂ©jouissent aussi. Pascal Niyonkuru, un des stagiaires rencontrĂ© au siĂšge de cette association est satisfait des connaissances acquises. Il fait remarquer qu’il a Ă©tĂ© formĂ© Ă  l’OPDE. A partir du mois de janvier 2019, il renforce ses capacitĂ©s dans la transformation agro-alimentaire de maracudja et des ananas.

Le manque d’emballages constitue un dĂ©fi important Ă  telle enseigne qu’ils font recours Ă  l’utilisation des emballages de rĂ©cupĂ©ration

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Dossier pédagogique no 3

Septembre 2019

Burundi Eco

De la roche Ă  la fabrication des fertilisants organiquesQui aurait pensĂ© que les roches pouvaient devenir un business aussi florissant ? Pourtant, les initiateurs de la sociĂ©tĂ© Smart Land Company (SLACO) ont fait une dĂ©couverte trĂšs intĂ©ressante. De la roche, les artistes fabriquent des objets d’ornement, des statues, des fertilisants organiques, etc. L’entreprise ambitionne dĂ©jĂ  la modernisation de la ligne de production pour satisfaire la demande

L’entreprise Smart Land Company (SLACO) a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en janvier 2016. La vision globale de SLACO est de

perpĂ©tuer la beautĂ© naturelle de la terre. Elle s’inspire des Saintes Ecritures qui appellent Ă  la prĂ©servation de la terre. Bref, le but est de prĂ©server les ressources naturelles et surtout de crĂ©er de l’emploi, fait savoir JuvĂ©nal Ndayisenga, PrĂ©sident Directeur GĂ©nĂ©ral de Smart Land Company.

Le PDG de SLACO se montre plutĂŽt rassurant. Il est fier du pas dĂ©jĂ  franchi par son entreprise. « Cela ne fait pas l’ombre d’un doute que ce produit est le rĂ©sultat d’une crĂ©ativitĂ© absolue et du dynamisme des jeunes entrepreneurs qui font preuve de talents », rassure Ndayisenga.

« Agaciro Stone », un produit miracle

SLACO se spĂ©cialise surtout dans la fabrication des objets d’ornement et d’art Ă  partir des roches mĂ©tamorphiques, l’amĂ©nagement et l’entretien des jardins et la promotion du tourisme. Le nombre d’emplois crĂ©Ă©s est rĂ©parti comme suit : 30 agents d’entretien des jardins, un staff de 12 personnes et 6 artistes talentueux dont le rĂŽle est de reproduire des modĂšles Ă  partir des diffĂ©rents objets fabriquĂ©s. La spĂ©cialitĂ© de l’entreprise est qu’elle apporte de la valeur ajoutĂ©e aux produits naturels en l’occurrence les roches. Tout vaut de l’or chez Smart Land Company. Il n’y a pas de dĂ©chets. Les rĂ©sidus issus de la sculpture sont ensuite broyĂ©s pour produire une poudre ultrafine multifonctionnelle.

Curieusement, l’équipe de SLACO est tombĂ©e sur une roche « miraculeuse ». DĂšs lors, des recherches minutieuses ont Ă©tĂ© menĂ©es pour analyser les sous-produits de cette roche. La roche magmatique dont il est question sert de matiĂšres premiĂšres pour la fabrication des objets d’art Ă  des objets d’ornements

les statues, des cadres pour photos, des trophĂ©es, des casseroles, des tasses, des ciboires, des bougeoirs, etc. Le gros du travail se fait Ă  la main. Les artistes font preuve de leurs talents pour façonner la roche. « On s’est inspirĂ© de l’expĂ©rience des autres pays, notamment la Chine, l’Inde ou le BrĂ©sil, etc. rĂ©putĂ©s pour le travail de la pierre depuis la nuit des temps », prĂ©cise Ndayisenga. Les produits de SLACO sĂ©duisent les clients de la sous-rĂ©gion notamment ceux de la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo.

La fabrication des fertilisants, un grand succĂšs

La grande innovation de l’entreprise SLACO est la fabrication des fertilisants organiques à partir de la roche. Le

produit leader au niveau de cette entreprise est le fertilisant dĂ©nommĂ© God Made Fertiliser (GMF). Le produit rĂ©sulte du broyage des roches magmatiques comme le basalte. Les roches sont broyĂ©es puis tamisĂ©es pour obtenir une poudre ultrafine de couleur rougeĂątre ou brune. Cette poudre multifonctionnelle est utilisĂ©e pour fertiliser les jardins potagers, les champs. Les agronomes de Smart Land Company affirment que l’amendement avec le GMF est bĂ©nĂ©fique pour les plantes. Il est riche en Ă©lĂ©ments nutritifs dont la plante Ă  besoin et sert Ă  restructurer les sols acides. Contrairement aux autres types d’engrais, le GMF peut

demeurer environ 7 ans dans le sol. Il ne présente aucun danger sur le plan environnemental, rapportent-elles.

La mĂȘme poudre peut ĂȘtre utilisĂ©e comme insecticide pour lutter contre les insectes ravageurs des plantes ou encore lors de la conservation des rĂ©coltes. Les producteurs agricoles tĂ©moignent de l’efficacitĂ© de ce produit. Ils font savoir que la pulvĂ©risation du GMF limite plutĂŽt les maladies bactĂ©riennes qui s’attaquent aux plantes comme le palmier Ă  l’huile et la tomate. Et de surcroĂźt, la poudre est un meilleur conservant biologique des cĂ©rĂ©ales et des tomates. «On a rĂ©ussi Ă  conserver les tomates dans la poudre obtenue Ă  partir du broyage des roches pendant au moins 26 jours. Nos agents sont Ă 

pied d’Ɠuvre pour augmenter la durĂ©e de conservation», fait savoir Ndayisenga. Le grand succĂšs de l’entreprise est d’avoir mis en place des produits Ă©cologiques exemptes des produits chimiques qui pourraient remplacer valablement des intrants agricoles fabriquĂ©s industriellement.

Les équipements de pointe, un véritable challenge

Le type de roche utilisĂ© se trouve un peu partout dans le pays. Pourtant, on n’a pas encore identifiĂ© des rĂ©serves de ce type de roches pour constituer un stock. Ce qui risque de compromettre la production de cette poudre Ă  grande Ă©chelle. Entretemps, les techniciens continuent les recherches sur les dĂ©rivĂ©s de la famille des roches mĂ©tamorphiques, indique Ndayisenga.

Il appelle les bailleurs potentiels Ă  soutenir son projet de modernisation de la ligne de production. « On a besoin des machines pour automatiser les services et augmenter la production. Nous voulons doter la sociĂ©tĂ© d’équipements de

pointe adaptĂ©s Ă  la production Ă  grande Ă©chelle de produits GMF et les carreaux. Environ 1 000 emplois sont projetĂ©s d’ici deux ans et une formation des mĂ©tiers aux jeunes et femmes sera organisĂ©e », rĂ©vĂšle-t-il.

Dans ses perspectives, SLACO compte augmenter le volume de produits de la marque « Hidden treasure » ou trĂ©sor cachĂ© avec la fabrication des meubles rocheux, des casseroles Ă©lectriques, des cuisiniĂšres, des soquets pour les ampoules, etc. Pour rĂ©aliser tous ces projets, le patron de SLACO compte sur le soutien des partenaires et l’autofinancement.

« Smart Land Company »

Les fertilisants organiques à base des roches apportent des éléments nutritifs à la plante sur une longue durée.

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36 Septembre 2019

Burundi EcoDossier pédagogique no 3