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FACOLTA’ DI ECONOMIA – ANNO ACCADEMICO 2012 – 2013
LINGUA FRANCESE II CODICE 91046 – PROF. ALAIN JACQUART
DOCUMENTS POUR L’EPREUVE ORALE
1. Comment l’accroissement de la part des seniors va peser sur l’économie
2. Le droit du travail est-il un frein à la compétitivité ?
3. Deux fraudes à la minute pour les achats par carte bancaire sur internet
4. Et si le travail en groupe tuait la créativité ?
5. Lidl renonce au hard discount en France
6. Dacia : une deuxième génération
7. Sauvons le vous !
8. Tudo bom, la boite qui file un bon coton
9. Quels sont les pouvoirs du Président de la République ?
10. Ces 5 sociétés françaises qui dictent leur loi aux banques et aux marchés
DOCUMENT 1 .
10 conséquences inattendues du vieillissement de la population
Comment l'accroissement de la part des seniors va peser sur l'économie. (Le Journal du Net, 27/09/2012)
En 2050, 22,3 millions de Français seront âgés de 60 ans ou plus contre 12,6 millions en 2005, selon
l'Insee. Une hausse de 80% en 45 ans et surtout un défi considérable pour la société, notamment en
matière de financement des retraites. Mais pas seulement. C'est l'économie du pays dans son ensemble
qui va être bouleversée par l'impact du vieillissement. De l'alimentation aux transports en passant par
l'énergie ou le marketing, en voici 10 exemples.
D'ici 2020, la part des travailleurs âgés de 55-64 ans en Europe devrait passer de 13,2% à 17,4%, d'après un
rapport de la commission européenne. Adapter les postes de travail sera donc une nécessité pour les
entreprises, si elles ne veulent pas voir décliner leur productivité. Le Japon, où 42% de la population sera
âgée de 60 ans et plus d'ici 2050, compte déjà 1 600 robots industriels pour 10 000 employés, contre 55
pour la moyenne mondiale, d'après la fédération internationale de robotique. Olivier Baudet, qui dirige
l'entreprise de fabrication de machines-outils RB3D, confirme le fort intérêt des industriels. Son "robot
collaboratif" de meulage du métal soulage par exemple les employés âgés, notamment du portage de
lourdes charges et des vibrations.
"Les seniors ont tendance à être plus détachés de l'influence d'un groupe, analyse Frédéric Serrière,
dirigeant de Senior Strategic, une agence de conseil en stratégie marketing à destination des plus de 50 ans.
Ils sont moins sensibles aux phénomènes de mode et aux campagnes marketing". Seuls 34% des plus de 60
ans avouent d'ailleurs faire des achats impulsifs, contre 70% des 18-40 ans, selon une enquête du Credoc.
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Le secteur de la publicité devra s'adapter ou pourrait pâtir de ce phénomène, d'autant plus que les
marques ont bien du mal à s'adresser à la cible senior, qui déteste se sentir stigmatisée. Pourtant, "les
seniors privilégient les grandes marques car ils sont très attachés à la qualité et sont prêts à payer plus cher
s'ils sont bien reçus", explique Jean-Paul Tréguer, président de Senioragency, dans son livre Le Senior
Marketing.
Près de 6 seniors sur 10 voyagent hors vacances scolaires, selon une enquête de la société d'études Profils
seniors. D'abord en raison des prix, parfois réduits de moitié par rapport à la haute saison, mais aussi "car
ils y trouvent plus de calme et des animations adaptées", explique Sébastien Boucher, directeur marketing
de TUI France (Marmara, Nouvelles Frontières...). Le vieillissement de la population devrait booster le
tourisme local : "Cette année, à Djerba, nous avons laissé 3 de nos hôtels ouverts toute l'année, contre un
seul auparavant", témoigne Sébastien Boucher. Un remplissage permanent qui permet de créer des
emplois pérennes et donc d'attirer et de fidéliser du personnel plus qualifié.
Les plus de 70 ans consacrent 8,1% de leur budget à la dépense énergétique de leur logement, contre 3%
pour les moins de 30 ans. Notamment car les ménages âgés vivent dans des logements plus grands, précise
l'Insee qui a publié ces chiffres en 2010. Mais pas seulement : plus frileuses, les personnes âgées ont
tendance à davantage chauffer leur logement. Et comme elles sont plus souvent chez elles, l'éclairage ou la
télévision sont allumés plus longtemps. Résultat : en 2011, la consommation électrique des 70 ans et plus
était de 1350 Kwh contre 1 200 kWh en moyenne. Il est sont à prévoir qu'EDF doive accroître ses capacités
de production.
"En vieillissant, une personne a tendance à acheter des biens de meilleure qualité et à les garder plus
longtemps, augmentant ainsi le cycle de renouvellement", constate Frédéric Serrière, de Senior Strategic.
Un phénomène qui, selon lui, devrait conduire à un ralentissement de l'économie. "Dans les pays comme
l'Allemagne qui connaissent un taux de vieillissement accéléré, la consommation pourrait baisser de 2,5 à
3% d'ici 2025 en raison du seul facteur démographique", ajoute Frédéric Serrière. La durée de détention
d'un réfrigérateur est par exemple de 11 ans et 8 mois chez les 60 ans et plus, contre 10 ans et 7 mois pour
la moyenne de la population, selon une étude TNS Sofres de 2011.
Selon une étude de l'Insee, les personnes âgées de 60 ans ou plus déménagent rarement : en dix ans, seule
une sur cinq a changé de logement contre une sur deux pour l'ensemble de la population. Dans la tranche
70-80 ans, 60% des personnes occupent même leur logement depuis près de 25 ans. Or, "plus la durée
d'occupation dans le logement s'allonge, plus le coût psychologique du déménagement grandit, car changer
de logement implique notamment de renoncer aux anciennes relations de voisinage", note l'Insee.
Conséquence : le marché immobilier devrait être moins dynamique... et les agences immobilières en
pâtiront.
Les personnes âgées sont particulièrement sensibles au sentiment d'insécurité. Un sentiment renforcé par
la solitude et par le côté "émotionnel" du phénomène. "Dès que l'on entend une histoire de cambriolage ou
d'agression, les ventes d'alarmes montent en flèche", note Patrick Hass, le directeur de la revue spécialisée
"En toute sécurité". Du coup, elles ont plus tendance à protéger leur logement contre les intrusions
(systèmes de sécurité, lampes allumées en cas d'absence...) : 88% des 65 ans et plus contre 80% toutes
tranches d'âges confondue. La croissance du marché de la télésurveillance, qui s'élève déjà à 10% par an,
ne devrait pas connaître de ralentissement.
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Le steak pourrait faire grise mine dans les prochaines années. La consommation de viande chute en effet
fortement avec l'âge : alors que les 35-54 ans en consomment 420 grammes par semaine, les plus de 65 ans
se contentent de 323 grammes par semaines, selon une étude du Crédoc de 2012. Autres aliments boudés
par les seniors : les biscuits sucrés, les pizzas et les céréales pour petit déjeuner. Question de goût... mais
aussi de dentition. Depuis 2005, la consommation de biscuits et gâteaux a ainsi tendance à stagner voir à
baisser. A l'inverse, la consommation de soupe est 2,3 fois supérieure chez les plus de 50 ans par rapport
aux 25-49 ans. Seul espoir pour les industriels des secteurs touchés : qu'une hausse de la population
compense le futur manque à gagner.
Le taux d'épargne augmente avec l'âge. Il s'établit en moyenne à 1% pour les moins de 50 ans contre 26%
chez les retraités âgés (plus de 70 ans), rapport une enquête du Credoc. 59% des 50-74 ans possèdent par
exemple une assurance-vie, d'après une étude d'Exton Consulting. De quoi renflouer améliorer les fonds
propres des banques, sans compter que la marge par client de ces dernières atteint 30% à 45% chez les plus
de 55 ans, alors qu'elle est inférieure à 10% pour les 25-30 ans, selon une étude 2009 de Xerfi-Precepta. Les
60 ans et plus représentent actuellement 30% de la clientèle des banques. Leur poids croissant et
l'augmentation de du niveau de leur pension moyenne (1,6% par an d'ici 2050 selon le Conseil d'orientation
des retraites) devrait donc profiter ces dernières.
43% des plus de 75 ans et 22 % des 65 à 74 ans ne se déplacent pas un jour de semaine donné alors que
pour les moins de 60 ans, ce taux ne dépasse pas 10%. Normal, puisque 28% des déplacements des Français
sont liés au travail ou aux études. Conséquence : à population constante, le trafic routier en ville ou en zone
périurbaine devrait baisser avec l'avancée en âge des habitants. Les plus de 65 ans parcourent en effet 8
075 kilomètres par an en moyenne, deux fois moins que les 25-34 ans (15 067 km en moyenne). Et comme
la principale source d'émission d'oxydes d'azote (NOx) est la circulation automobile (environ 48% des
émissions), la pollution devrait logiquement baisser.
DOCUMENT 2 .
Le droit du travail est-il un frein à la compétitivité ?
Dossier LE MONDE ECONOMIE, 27.02.2012
Les accords dits "compétitivité-emploi", négociés par les
centrales syndicales et le patronat depuis le 17 février, et
destinés à restaurer la compétitivité des entreprises, ont
été dénoncés par plusieurs syndicats, comme prétexte
pour mettre en cause le droit du travail.
"Il faut retrouver des leviers de compétitivité, certes. Mais
c'est une vision réductrice de croire que ça ne passe que par
un détricotage du droit du travail", déclarait ainsi Jean-Paul
Bouchet (CFDT-cadres) à la veille de l'ouverture des
négociations sur ces accords d'entreprise qui permettraient
de modifier, en fonction de la conjoncture - et
sans avoir à demander le consentement du salarié -, la
durée du travail, les salaires, la mobilité géographique et l'organisation du travail. "Nous
sommes dans une négociation qui a pour but de voir si on peut se passer de l'accord des
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individus", disait de son côté le secrétaire national CFE-CGC, Bernard Valette, à la "journée
débat" du Congrès HR' des DRH ("2012 : Alerte sur le social ?"), organisée à Paris le 15
février, critiquant la volonté d'inverser la priorité donnée par la loi actuelle au contrat individuel
sur l'accord collectif en cas de modification du contrat. Les "accords" négociés depuis le 17
février répondent à une forte demande des entreprises d'assouplir le marché du travail. C'est
en effet le premier des dispositifs avancés par l'Union des industries et métiers de la
métallurgie (UIMM), dans ses propositions de réforme présentées le 16 février.
FLEXIBILITÉ
Cette attente de flexibilité est exacerbée par la crise, une croissance qui s'annonce en berne
et le manque de visibilité des entreprises. La France, qui se compare si souvent à l'Allemagne,
se met ainsi dans les pas de ses voisins du Sud. En effet, en Espagne comme en Italie,
l'adaptation du marché du travail à la conjoncture est à l'ordre du jour. L'Espagne prévoit
de revoir les conditions de licenciement et d'imposer par les conventions collectives une plus
grande flexibilité sur les horaires, sur les postes et sur la mobilité géographique. En Italie, le
gouvernement de Mario Monti envisage la mise en place d'un contrat unique pour mettre fin à
la multiplicité de ceux existant. En France aussi, ce dernier a ses adeptes. L'Association
nationale des DRH (ANDRH), par exemple, propose la mise en place d'un contrat de travail
unique "par nature indéterminé", qui se substituerait à tous les CDI, CDD, contrats de missions
et autres contrats saisonniers. Mais plus largement, les entreprises réclament en France une
simplification du droit du travail et davantage de "certitude juridique" pour faciliter leur gestion
du personnel. Serait-ce le droit du travail qui freine la compétitivité en France ?
"Dans le contexte général, le droit du travail n'arrange pas la situation", explique Jean-
Christophe Le Feuvre, PDG du cabinet de recrutement Piana HR Group et auteur de Faut-
il jeter aux orties le code du travail ? (Eyrolles, 12 €). "Entre la multiplicité des contrats et la
réglementation pléthorique, le droit du travail est un frein pour la compétitivité, assure ce
partisan du contrat unique. Il est urgent de simplifier le droit du travail, car pour se développer,
l'entreprise doit pouvoir, quand elle en a besoin, recruter vite et bien, et se séparer vite et bien
d'un salarié", ajoute-t-il. M. Le Feuvre préconise une plus grande anticipation des conditions
de sortie de l'entreprise pour "pacifier le droit du travail". Le respect de la loi a un coût, mais "le
droit du travail n'est pas un frein à la compétitivité, estime au contraire Bernard Vivier,
directeur de l'Institut supérieur du travail. Il ne faut pas confondre complexité et insécurité.
Depuis qu'en 1841, une loi a réglementé le travail des enfants, le code du travail s'est épaissi,
certes, à 3000 pages. Il est de plus en plus complexe. Mais c'est le reflet de la société
d'aujourd'hui. Et cette complexité est une bonne chose, car elle permet d'organiser le travail
de la façon la plus fine possible". Il y a pourtant des cas où la législation semble
ne satisfaire ni l'entreprise ni le salarié. Le cas d'école est ce qu'on appelle "les effets de seuil"
qui multiplient les coûts pour l'entreprise. "Lorsque le passage de 49 à 50 salariés se traduit
par des taxes supplémentaires sur la valeur ajoutée, des cotisations sur la formation
professionnelle et de nouvelles obligations de création d'institutions représentatives du
personnel, on y réfléchit à deux fois avant d'embaucher le cinquantième salarié, alors que
l'entreprise se développe dans la progressivité, pas par paliers", note M. Le Feuvre.
FILIALES ARTIFICIELLES
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Pour éviter ces effets de seuil, certaines entreprises en viennent à créer des filiales
artificielles. "Des sociétés déclarées au registre du commerce ne sont en réalité que des
établissements de sociétés mères", témoigne Philippe Levoivenel, vice-président de
l'Association de défense et de promotion de l'inspection du travail. Elles évitent ainsi
d'instaurer les institutions représentatives du personnel obligatoires à partir de certains seuils
de salariés, "ce qui représente des économies substantielles en temps alloué et en
informations à donner", précise M. Levoivenel. Mais ce "saucissonnage" de l'entreprise
fragilise les salariés des sociétés ainsi créées. "La société mère n'est en effet plus redevable
pour les établissements juridiquement distincts de la participation aux résultats de l'entreprise
obligatoire à partir de 50 salariés ; et en cas de fermeture de site, il n'y a plus de mise en
concurrence obligatoire des salariés "remerciés" avec ceux des autres établissements de
l'entreprise (en fonction des critères de licenciement)", indique M. Levoivenel. Le coût du droit
du travail inciterait donc les entreprises à contourner le droit. "Il y a des quantités de mesures
qu'on peut simplifier, reconnaît M. Vivier. Mais le droit du travail existe pour sécuriser tout le
monde - entreprises et salariés, souligne-t-il. Il est protecteur et organisateur, et protège le
faible du fort dans un lien de subordination." Dans un marché du travail fragilisé par la crise
économique, le droit est donc plus nécessaire que jamais pour la sécurité des salariés. Il n'en
demeure pas moins que les entreprises ont besoin de sécurité pour se
développer sereinement. "Le droit de licenciement économique est incertain, l'entreprise est
en insécurité juridique sur le contrôle du motif économique, ainsi que sur l'obligation de
reclassement", critique Jean-Christophe Sciberras, président de l'ANDRH.
Le 6 mars, la Cour de cassation doit rendre un arrêt sur l'annulation d'un plan de sauvegarde
de l'emploi avant sa mise en oeuvre, qu'avait prononcée la cour d'appel de Paris pour
absence de motif économique. Ce cas n'est pas prévu par le code du travail. Les nombreux
litiges individuels ou collectifs ont un coût non négligeable pour l'entreprise. C'est d'ailleurs
pour régler ce problème d'insécurité juridique qu'est né le projet des accords compétitivité-
emploi qui, en se passant de l'accord individuel du salarié, mettent les entreprises à l'abri
d'éventuels litiges. "Le droit du travail est un droit qui devient de moins en moins sûr à cause
de l'inflation des textes, mais aussi de la jurisprudence qui vient contredire la loi au lieu de
l'appliquer", reconnaît Bernard Vivier. Cette faiblesse de l'application du droit est effectivement
un frein à la compétitivité. Mais une fois encore ce n'est pas le droit lui-même qui est en
cause, mais ce qu'on en fait.
RESTAURER LA CONFIANCE
Le vrai lien entre droit du travail et compétitivité des entreprises réside donc plutôt dans la
restauration de la confiance entre les différentes parties prenantes et l'amélioration du
dialogue social, comme en Allemagne. C'est aussi l'avis de représentants syndicaux, pour qui
les leviers de la compétitivité ne se limitent pas, loin de là, à la réduction des coûts. Ils ne
passent pas forcément par une modification de la législation du travail, mais davantage par la
construction d'un réel contrat de confiance : "Une entreprise qui marche, c'est celle qui a
su créer les conditions d'une vraie coopération, et dans laquelle la redistribution se fait en
interne par les salaires, l'investissement, la recherche & développement et la formation",
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estime Jean-Paul Bouchet, secrétaire général CFDT-Cadres. "On ferait bien de
s'interroger sur ce qu'est un contrat de confiance dans l'entreprise, expliquait le syndicaliste
Bernard Valette (CFE-CGC), lors de la "journée débat" du Congrès HR. Dans le cadre de la loi
de modernisation du marché du travail, on a créé la rupture conventionnelle
pour déplorer quelques années plus tard qu'elle soit utilisée par les entreprises
pour faire sortir les gens du marché du travail." En témoignent les chiffres publiés par le
ministère du travail, qui a homologué 137 000 ruptures conventionnelles au cours du premier
semestre 2011, après 133 000 au second semestre 2010 et 122 000 au premier semestre
2010.
Anne Rodier
DOCUMENT 3 .
Deux fraudes à la minute pour les achats par carte bancaire sur Internet LE MONDE, 16.02.2012
Aujourd'hui, en France, la carte
bancaire est utilisée pour 80 % des
achats effectués à distance
(Internet, téléphone).AFP/DENIS CHARLET
Avec l'essor du e-commerce, les fraudeurs s'en donnent à cœur joie. Et la carte bancaire, premier moyen de paiement en
France, est leur terrain de jeu favori. C'est en substance le constat dressé, jeudi 16 février, par l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir.
Aujourd'hui, en France, la carte bancaire est utilisée pour 45 % des paiements dans les
commerces physiques et 80 % des achats effectués à distance (Internet, téléphone). Depuis
2007, avec le fort développement du commerce électronique, le taux de fraude à la carte
bancaire a explosé : + 17,5 % en trois ans. Cela a coûté, en 2010, près de 370 millions
d'euros, 50 % de plus qu'en 2002. Dans le même temps, le nombre de paiements par carte
bancaire progressait de 20,7 %.
Si la fraude auprès des commerces de proximité a été divisée par deux depuis 2007,
pour devenir marginale (0,012 % des achats), en revanche, sur Internet, elle est 23 fois plus
élevée sur les achats faits auprès de sites français (0,276 % des montants) et 113 fois plus
importante auprès de sites étrangers (1,36 % des montants). En 2010, la fraude au paiement
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par carte sur Internet représentait 120,1 millions d'euros et un tiers de la fraude totale à la
carte bancaire (contre 13,3 % en 2006). D'ici à 2020, et en se basant sur les prévisions
d'évolution du e-commerce, elle pourrait atteindre 850 millions d'euros. Les paiements par
Internet ne représentent que 5 % du total des paiements effectués en France. "Il y a eu plus
de 1 million de fraudes par cartes sur Internet en 2010, soit deux fraudes par minute en
France !" , souligne l'UFC-Que Choisir.
HAMEÇONNAGE
Avec Internet, la fraude est devenue plus facile, car la puce de la carte bancaire n'intervient
pas. Il suffit souvent d'avoir les quelques numéros inscrits sur le support. Les fraudeurs
disposent de différents moyens. Le numéro peut être créé par "moulinage" (à l'aide de
générateurs aléatoires). Il peut aussi être relevé à l'insu du porteur de la carte : avec des
logiciels espions sur l'ordinateur du consommateur, ou par la méthode
du "phishing" (hameçonnage), où le consommateur entre ses données personnelles sur un
site, croyant qu'il s'agit d'un tiers de confiance.
Le coût de cette fraude n'est pas seulement supporté par les banques, rappelle l'UFC, mais
aussi par les commerçants et les porteurs de cartes, notamment au travers des refacturations
de la banque ou de l'augmentation des prix de vente par les commerçants.
Les dispositifs de sécurité développés en France à partir de 2008, comme le 3D Secure,
permettent de s'assurer, lors du paiement sur Internet, que c'est bien le possesseur de la carte
qui effectue le paiement, en utilisant un mécanisme d'authentification.
Mais, là encore, ils sont peu utilisés en France et surtout peu harmonisés : chez la BNP, la
Société générale ou le Crédit Agricole, l'acheteur doit entrer un code à usage unique obtenu
par SMS ; chez d'autres, comme Groupama Banque, il est obtenu par serveur vocal ;
chez Crédit Mutuel ou CIC, il provient d'une grille en papier obtenue préalablement.
Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir appelle à "une harmonisation des dispositifs de
code à usage unique et une plus grande sensibilisation des consommateurs". Il y a urgence,
avec le développement des achats au travers du téléphone mobile.
Cécile Prudhomme DOCUMENT 4 .
La Tribune - 16/02/2012 - 802 mots
Et si le travail en groupe tuait la créativité?
Par Sophie Péters
A l'heure du tout connecté, du travail en réseau et des brainstormings à tout va, des voix s'élèvent pour dénoncer l'idéologie du collectif et réhabiliter les introvertis, les timides et les solitaires...porteurs de génie.
Première salve tirée par Susan Cain, auteure d'un ouvrage intitulé « Quiet : The Power of introverts
in a World That Can't Stop Talking » (Silence : le pouvoir des introvertis dans un monde qui
n'arrête pas de parler). Elle y dénonce la culture de l'hypermodernité dans laquelle tout échange
valable se base sur les réunions, sur un espace de travail partagé en commun et sur les réseaux
intranet. La vogue de l'intelligence collective postule la grégarité comme moteur de la créativité et
de l'efficacité. Vive le collaboratif face auquel tout solitaire devient suspect. Sauf qu'il y a un « Mais
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» de taille...Les recherches en psychologie humaine sont formelles : les individus les plus créatifs
jouissent d'intimité et de tranquillité.
Trouver une idée, un travail individuel
Les travaux des psychologues Mihaly Csikszentmihalyi et Gregory Feist ont ainsi montré que les
plus créatifs sont souvent introvertis parce qu'ils seraient plus à l'aise dans le travail solitaire et
mieux concentré sur la tâche. On compte d'ailleurs dans leurs rangs d'éminents prix académiques
vivant dans leurs pensées et ayant le don aiguisé de l'observation. Le psychologue du travail Lutz
von Rosenstiel souligne, de son côté, que les individus se révèlent bien plus féconds lorsqu'ils sont
seuls que dans les processus de groupe. Trouver une idée serait donc un travail individuel tandis que
les évaluations et les mises en projets seraient plus du ressort du groupe. Résultat : pour Susan Cain,
la timidité et l'introversion sont sous-évaluées dans un mode qui fait la part belle au charisme et au
fameux « Personal Branding ». D'où son credo de repenser notre approche de l'anxiété sociale en
respectant les introvertis et en les encourageants à utiliser leurs qualités.
Se méfier de l'idée fixe collective
Quand on sait que plus de 70% des lieux de travail sont désormais en Open Space, réduisant en
trente ans à plus d'un tiers l'espace moyen alloué à chaque employé, l'isolement est donc à ranger au
rayon des oubliettes. Et pourtant. Frank Berzbach dans son récent ouvrage « Psychologie pour les
créatifs, survivre au travail » (Editions Pyramid) souligne que les open space sont propices aux
tâches routinières mais qu'en présence des autres le processus créatif risque d'être entravé. Sans
compter que les groupes fonctionnent comme des incitateurs sociaux, « les défaillances temporaires
de certains individus pouvant être compensées par les efforts des autres ». Dans un groupe on a
tendance à se cramponner à une seule idée, ou à se mettre en retrait, aboutissant à ce que les
scientifiques nomment « l'idée fixe collective ».
Une équipe invite donc une partie de ses membres à l'oisiveté sociale, « à savoir le relâchement
inconscient de l'engagement, les collaborateurs pensant que d'autres membres de l'équipe sont en
mesure d'effectuer le travail demandé mieux et plus vite », note Krank Berzbach. Ajoutez à cela la
pression ambiante, l'ambition et l'angoisse, sans oublier la foultitude de sollicitations extérieures, et
vous aurez un cocktail qui fait de nous des agités du bocal plus sûrement que des créatifs et surtout
des enchaînés plutôt que des libérés. Moralité : il y aurait confusion autour de la notion
d'intelligence collective, celle-ci n'étant pas de se réunir en groupe pour déboucher sur quelque
chose mais de partager une vision commune dans laquelle chaque individu puisse introduire ses
compétences particulières. Ce qui reviendrait au respect d'un espace de réflexion personnelle, et au
savoir managérial favorisant l'engagement et la motivation.
L'expression de soi
« La capacité d'être seul est une condition de la liberté et une invitation à penser autrement », nous
rappelle Rolf Haubl, directeur de l'Institut Sigmund Freud de Francfort. Thierry Crouzet en a fait la
douloureuse et heureuse expérience. Figure des réseaux sociaux, cet addict des outils numériques a
fait un "burn out" il y a un an et décide, non sans mal, de ...débrancher. Il a tout plaqué durant six
mois et raconte dans son livre « J'ai débranché, comment revivre sans Internet après une overdose »
son périple initiatique. C'est par nécessité psychologique et physiologique qu'il l'a fait, dit-il, et non
par bravade. Et a vécu l'expérience de ce que décrit Maître Eckhart : « vous croyez connaître la mer
parce que vous la traversez avec un bateau, mais la mer n'est pas une surface, elle est abîme. Pour
connaître la mer, faites naufrage ». Sans aller jusque là et n'étant pas tous des drogués de la
connexion, il reste qu'une nécessaire solitude est propice non seulement bien sûr à la créativité mais
surtout à une authentique expression de soi et tout simplement à notre bien-être psychique et
physique. Rangez donc vos portables et vos écrans quelques heures par semaine, soignez votre
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intimité, et vous serez surpris par la discrétion d'un processus créatif qui ne demande à qu'à éclore.
Promis, je teste semaine prochaine pour vous revenir avec une hotte de nouveaux sujets.
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Lidl renonce au hard discount en France AFP Le Midi libre 25/10/2012
En septembre, le secteur du hard discount a enregistré en France un recul de 0,8 point en part de marché
La branche française du groupe de distribution allemand Lidl a annoncé ce jeudi qu'elle
"sortait du hard discount" sans pour autant vouloir se transformer en "supermarché
traditionnel", confirmant des informations parues dans la presse.
"Notre concept c'est d'être Lidl: sortir du hard-discount, sans pour autant devenir un
supermarché traditionnel", a déclaré à l'AFP la direction française de la communication du
groupe jeudi soir. Cette annonce a été faite mercredi par le nouveau patron de Lidl France,
Friedrich Fuchs, qui avait réuni l'ensemble des managers du groupe lors d'une convention à
Paris, destinée à leur exposer les grandes lignes de la nouvelle trajectoire de l'enseigne. "Nous
continuerons à proposer le meilleur rapport qualité/prix et le meilleur service", a dit le groupe
sans donner plus de détails.
Le discount très concurrencé depuis le début de la crise
L'information d'un changement d'orientation de Lidl a été révélée sur le blog du spécialiste de
la grande distribution, Olivier Dauvers. Selon lui, cette transformation de Lidl devrait se
traduire notamment par la généralisation des rayons boulangerie et une transformation des
stands fruits et légumes dans les magasins français de l'enseigne. Ce changement de
stratégie avait déjà été largement entamé par le distributeur depuis plusieurs années. Il avait
notamment commencé à vendre des marques, en plus de ses propres produits, en mai 2008.
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Depuis le début de la crise, le maxidiscount n'a cessé de perdre des clients en France, très
concurrencé par la grande distribution et notamment par ses commerces de proximité, qui se
sont alignés sur sa politique de prix bas. En septembre, le secteur du hard discount a ainsi
enregistré en France un recul de 0,8 point en part de marché, avec - 0,3 point pour Lidl, selon
des chiffres du panel Kantar, communiqués par le magazine LSA. Lidl possède 1.600
magasins en France et emploie 2.500 personnes dans l'Hexagone.
DOCUMENT 6 .
Automobile low-cost : l’épopée Logan
Huit ans après son lancement, le concept de voiture à 5 000 euros imaginée par l'ancien PDG
de Renault, Louis Schweitzer, a déjoué tous les pronostics. En France, le succès de la Logan
s'est construit sans cannibaliser véritablement les ventes de Renault : 80 % des clients
viennent du marché de l'occasion. Mieux, 28 % des acheteurs de Dacia ont fini par acheter
par la suite une Renault. Le programme Logan et ses déclinaisons (Sandero, Duster, Loggy,
Dokker) a permis enfin à Renault de décoller au Brésil et de devenir un acteur incontournable
en Russie. Si l'Iran et l'Inde restent des échecs, le pari audacieux s'est révélé globalement
gagnant. Renault devrait ainsi vendre cette année près d'un million de voitures low cost, soit
plus d'un tiers de ses ventes mondiales. Un segment qui constitue aujourd'hui l'un des
principaux moteurs de la rentabilité du groupe. La palme revient au Duster : Dacia ne
communique pas sur sa marge, mais, selon nos informations, elle serait de 15 %. Une
profitabilité à la Porsche !
Le projet avait pourtant tout pour être mal né. Snobée par la culture d'ingénieur dominante, la
Logan a pris à contre-pied la logique de toute une industrie, qui pendant des décennies ne
voyait son avenir que dans la spirale du toujours plus : plus performant, plus sophistiqué, mais
aussi plus cher. Une course au superlatif, qui a fini par laisser sur le bas-côté toute une
catégorie de clients, dans les pays émergents, comme dans les pays développés, qui
n'avaient pas ou plus les moyens d'acheter une voiture neuve. Carlos Ghosn, l'actuel PDG de
Renault, n'avait pas été plus visionnaire que d'autres. Jean-Marie Hurtiger, le père industriel
de la Logan, se souvient de sa rencontre avec le futur patron, quelques jours avant que celui-
ci ne parte pour Tokyo pour sauver Nissan : "Il ne voyait pas comment on pouvait gagner de
l'argent sur le bas de gamme. Sa théorie était celle du premium à l'époque. Il m'a souhaité
bonne chance", raconte-t-il dans l'ouvrage L'Epopée Logan, de Bernard Julien, Yannick Lung
et Christophe Midler, à paraître en octobre (Dunod, 29 euros).
DOCUMENT 7 .
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Sauvons le vous ! 21.09.2012 | Agnès Poirier | The Guardian
Si le "vous" a tendance à disparaître au profit du "tu", notamment sur les réseaux
sociaux, le tutoiement et le vouvoiement doivent continuer à s'accorder, selon cette
journaliste du Guardian, en fonction du respect et de la familliarité.
Twitter et Facebook sonnent-ils le glas de la politesse à la française ? Sommes-nous en train d'abandonner
le "vous" pour ne plus nous interpeller que par le pronom "tu" ? Ou, à l'inverse, la familiarité de façade sur
les réseaux sociaux servirait-elle à nous rappeler à l'ordre, et aux vertus du vous et du tu ? Sans doute un
peu des deux.
Enfant des années 1970, de l'après-mai 1968, j'appartiens à une génération plus informelle de Français, je
suis de ceux qui ne vouvoient que leurs aînés et les inconnus, de ceux qui ont eu mille peines à adopter
systématiquement le "Bonjour madame, bonjour monsieur", toujours plus à l'aise avec un simple "Salut".
Quand, petite fille, j'ai découvert comment communiquaient les familles aristocratiques françaises (les
rares qui avaient échappé à la guillotine), où le vous était de rigueur entre parents et enfants, j'ai cru
pénétrer dans la quatrième dimension. Nous, on était la génération "salut", on était les mal élevés ! C'est
en tout cas ce que nous croyions.
En 2012, on se drague par texto, on se largue sur Twitter
Aujourd'hui, les Français qui ont la vingtaine n'utilisent presque jamais le vous, qu'ils tendent à considérer
d'ailleurs, à l'instar de l'imparfait du subjonctif, comme le vestige d'un passé archaïque. Ils n'ont pas connu
le monde d'avant Internet et évoluent dans les réseaux sociaux comme des poissons dans l'eau. Ils
emploient le langage sms et manifestent leurs émotions par émoticônes. Nous, nous avions l'argot, le
verlan, et nous écrivions des lettres d'amour. Eux, ils ont les tweets, les RT [retweets] et les "j'aime". Ils
fixent leurs rendez-vous par texto et se larguent via Twitter. Dans un monde où il faut condenser sa
pensée en 140 caractères maximum, "vous" devient un boulet, "tu" une bénédiction.
C'est quand plusieurs générations se retrouvent sur les réseaux sociaux que les choses se compliquent.
L'année dernière, comme le rappelle un article paru sur un blog du Monde, Franz Durupt, jeune journaliste
au quotidien du soir, a eu l'audace sur Twitter de tutoyer Laurent Joffrin, le directeur de la publication
du Nouvel Observateur. Scandale. L'aîné s'en est plaint, et la twittersphère l'a accusé de pédanterie. Ce à
quoi Laurent Joffrin a répondu qu'il demandait simplement un peu de respect, et que le vouvoiement était
précisément ce qui faisait le plus défaut aux médias sociaux. Mais alors, qui est pédant, qui est
irrespectueux ?
Sarkozy a tué le "tu"
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Les tenants du tu poussent nos voisins latins à abandonner le vous une bonne fois pour toutes. Cependant,
soutenir que les Français devraient abandonner leur pronom de politesse au motif que les Italiens ou les
Espagnols n'utilisent plus guère le leur, et depuis longtemps, est un argument quelque peu fallacieux.
L'"usted" espagnol et le "lei" italien sont en réalité bien plus formels que le vous français. Et il existe
parfois, comme c'est le cas en italien, un contexte politique décisif. Je me souviens très bien de mon
rédacteur en chef à L'Espresso, qui insistait pour que je ne le vouvoie pas : cela lui rappelait le temps où
Mussolini avait tenté d'imposer le vouvoiement en italien, plus précisément "voi", jugé plus moderne [et
plus authentiquement italien] que le pronom plus formel "lei". La langue est un terrain miné.
Personnellement, je n'avais pas d'avis tranché sur la question avant l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy,
en 2007. Notre ancien président disait "tu" à tous. Ce qui me choquait et me mettait en colère, comme
des millions d'autres Français. Comment ose-t-il tutoyer des gens qu'il ne connaît pas ? Quel manque de
respect, quelle hypocrisie, quelle sournoiserie. C'est alors que j'ai compris l'importance d'avoir deux façons
de s'adresser à ses interlocuteurs. "Vous" n'est pas seulement une manifestation de respect et de politesse
envers un aîné ou un inconnu : le vouvoiement instaure une distance saine et adulte entre deux individus,
leur ménage l'espace nécessaire pour apprendre à mieux se connaître, se faire apprécier de l'autre et, à
terme, passer au "tu" avec enthousiasme. Car le tutoiement est le signe de la familiarité véritable, une
familiarité qui doit être authentique, pas forcée. Le "tu" est un hommage à l'amitié vraie, au-delà de celle
qui nous "unit" à nos 1 500 "amis" Facebook.
DOCUMENT 8 .
Tudo Bom?, la petite boîte qui file un bon coton 30-07-2012 Louis Morice, Le nouvel Observateur
Des terres pauvres du Nordeste brésilien à ses boutiques parisiennes, la marque de prêt-à-porter veut prouver qu'on peut être "équitable" et rentable. Reportage.
Iraci dans son atelier à Petropolis (Louis Morice pour le "Nouvel Observateur")
Dans la vitrine d'une boutique nichée dans le très chic Marais parisien, la fringue branchée affiche
fièrement la couleur : équitable et bio, 100% made in Brasil. L'engagement éthique de Tudo Bom?, la
petite marque française créée en 2004, figure aussi sur l'étiquette signée de la main d'Iraci, la
couturière. De l'autre côté de l'Atlantique, à Petropolis, 65 km au nord de Rio, Iraci, sourire aux lèvres,
ouvre grand la porte de sa maisonnette de briques plantée dans l'escalier vertigineux d'une favela. "Ce
n'est pas une favela", s'empresse-t-elle de préciser, "il n'y a pas de drogue ici". "Tudo Bom ?" ("Ca va
?"), interroge-t-elle, justifiant ainsi le nom de la marque. Iraci est couturière depuis ses 16 ans. Comme
beaucoup à Petropolis, elle a travaillé pour l'importante industrie textile implantée dans la ville. Faute de
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compétitivité, depuis une trentaine d'années, les usines ont fermé les unes après les autres. Les
ouvriers sont restés, installant à domicile des ateliers informels pour la plupart. Mère de six enfants,
Iraci est heureuse de pouvoir travailler chez elle. Un intérieur à l'extrême simplicité mais soigneusement
tenu. On accède à son grenier transformé en atelier par une échelle. Une machine d'abord, puis une
autre, quatre aujourd'hui. Un tel outil de travail coûte 2.200 reals (900 euros), soit près de quatre mois
de salaire moyen au Brésil. La micro-entrepreneuse procure aujourd'hui du travail à cinq employées.
Elle assure aussi la formation de jeunes apprenties.
Iraci produit pour deux autres clients, mais son favori reste Tudo Bom?. C'est la petite marque qui l'a
poussée à formaliser les statuts de sa micro-entreprise. Elle peut ainsi bénéficier d'aides. Les
cotisations procurent une véritable protection sociale à l'équipe et, surtout, Iraci peut ainsi accéder au
crédit. Le client français, lui, garantit les prix, négociés avant commande avec les six ateliers auprès
desquels il s'approvisionne. La marque s'engage aussi sur un minimum d'achat sur l'année et établit un
planning. "Les autres acheteurs n'offrent pas de visibilité plus loin qu'une semaine, et ce sont eux qui
imposent leurs prix."
A Paris, les deux boutiques Tudo Bom? attendent les produits de la nouvelle collection avec
impatience. Elle se veut plus stylée, plus "mode" : "développement durable et commerce équitable, ça
ne veut pas nécessairement dire chiant et moche", estime Romain Michel, tout nouveau directeur de
Tudo Bom? Brasil. "Nos clients ne doivent pas choisir nos produits par culpabilité mais par envie."
Même si la marque reste attachée à ses principes d'origine : prouver qu'il est possible de produire sans
détruire, en lien avec ceux qui font. "Au milieu de la grande distribution, nous sommes un aiguillon pour
pousser les autres à faire un peu mieux."
La petite boîte se dit porteuse de sens, avant le profit. Tudo Bom? préfère d'ailleurs créer son propre
marché : "Nous ne sommes ni comparables ni compétitifs avec le marché conventionnel. Dans un t-
shirt conventionnel, le coton représente 1% du prix de revient. Que ce soit un T-shirt Carrefour à 5
euros ou un Colette à 200 euros, c'est le même coton, il n'y a que la marge qui change", explique
Thomas Favennec, pilier de la marque créée par Jérôme Schatzman. Un T-shirt Tudo Bom? coûte lui
autour de 40 euros. Un prix qui, entre le taux de change et les coûts de production, a pratiquement
doublé depuis la création de la marque.
DOCUMENT 9 .
Quels sont les pouvoirs du président de la République ?
18-02-2012, Le Nouvel Observateur avec AFP
Nomination du Premier ministre, de membres du Conseil constitutionnel, droit de grâce : que dit la Constitution de 1958.
Les pouvoirs du président de la République sont définis par la Constitution du 4 octobre 1958 qui établit
un exécutif à deux têtes, partagé entre président et gouvernement. Certains pouvoirs sont propres au
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chef de l'Etat, d'autres sont partagés avec le Premier ministre. La répartition de ces pouvoirs dépend du
climat politique, des liens entre le président de la République et la majorité parlementaire.
Depuis 1959 s'est imposée la notion du "domaine réservé" du président de la République en matière de
défense et de diplomatie. Les trois cohabitations (1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002) ont amoindri la
fonction présidentielle en donnant au chef de l'Etat le statut de leader de l'opposition. Le quinquennat,
appliqué pour la première fois en 2002, réduit nettement le risque de cohabitation.
Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire. C'est dans ce cadre qu'il est maître du "bouton" nucléaire, en réalité une clé chiffrée.
Il prend les mesures exigées en cas de crise (article 16, relatif aux "pouvoirs exceptionnels").
Il nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions. Il préside le Conseil des ministres, signe les ordonnances et les décrets. Il nomme les principaux responsables de l'administration. Ces nominations sont mieux encadrées depuis la révision constitutionnelle de 2008.
Il est l'interlocuteur des dirigeants des autres pays, accrédite les ambassadeurs, négocie et ratifie les traités.
Il est le chef des armées.
Il soumet à référendum certains projets de loi.
Il promulgue les lois, peut dissoudre l'Assemblée nationale et convoquer le Parlement en session extraordinaire.
Il est le garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire et préside le Conseil supérieur de la magistrature.
Il dispose du droit de grâce, mais cette grâce ne peut plus être accordée qu'à titre individuel, et non plus collectivement.
Il peut être à l'initiative d'une révision de la Constitution (ainsi que le Parlement). Le projet ou la proposition de révision doivent être votés par l'Assemblée et le Sénat en termes identiques. Le président choisit ensuite de le/la faire adopter par référendum ou par le Parlement réuni en Congrès.
Il saisit le Conseil constitutionnel dont il choisit trois membres sur neuf et nomme le président.
Il n'est responsable des actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions qu'en cas de "haute trahison". Il est jugé par la Haute Cour de justice.
En contrepartie à la protection qui lui est accordée pendant la durée de son mandat, il peut être destitué "en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat". C'est une sanction politique et non pénale.
DOCUMENT 10 .
Ces 5 sociétés françaises qui dictent leurs
conditions aux banques et aux marchés Christine Lejoux La Tribune, 25/09/2012 - 512 mots
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EDF, GDF, France Télécom, Total et Veolia représentent près du quart de la dette bancaire des
sociétés de l'indice SBF 120. Et... 43% de la dette obligataire.
Elles s'appellent EDF, GDF, France Télécom, Total et Veolia Environnement. Ces cinq poids lourds de
l'industrie française «dictent leurs conditions aux banques», constate Stanislas d'Audiffret, directeur senior
au sein de la société de services financiers Bfinance, qui présentait ce mardi une étude sur le financement
des 120 premières capitalisations de la Bourse de Paris. La preuve par les chiffres (au 31 décembre 2011):
à eux cinq, EDF, GDF, France Télécom, Total et Veolia représentent près du quart de la dette bancaire
contractée par les sociétés composant l'indice SBF 120.
C'est dire si la crise du financement, ces cinq mastodontes-là -et plus largement l'ensemble du CAC 40- ne
la connaissent pas, contrairement à nombre d'entreprises de taille plus modeste. Une situation d'autant plus
injuste que la situation financière des très grandes entreprises françaises laisse moins à désirer que celle de
leurs «petites sœurs»: fin décembre 2011, la dette nette des sociétés du CAC 40 -l'indice vedette de la
Bourse de Paris- représentait 1,6 fois seulement leur excédent brut d'exploitation, en moyenne, contre un
multiple de 2,1 pour les entreprises du SBF 120 (hors CAC 40).
Mais, c'est bien connu, on ne prête qu'aux riches. Ce qui , selon Bfinance, laisse «possible, voire facile»
l'accès des grandes multinationales françaises au financement bancaire, malgré la future réglementation dite
de Bâle III, qui, en imposant aux banques européennes de renforcer leurs fonds propres, bride leur capacité
à prêter de l'argent aux entreprises et aux particuliers. Et les colosses du CAC 40 ne continuent pas
seulement de bénéficier d'un accès privilégié au crédit bancaire français, mais ils figurent également parmi
les rares clients étrangers que les banques japonaises et américaines, moins pressées d'appliquer Bâle III,
consentent à financer.
Les entreprises plus petites, comment se débrouillent-elles? Eh bien, elles tentent de s'engager dans la voie
de la désintermédiation, prenant exemple sur les Etats-Unis, où les sociétés se financent à hauteur de 70%
sur les marchés financiers, en particulier sur le marché obligataire. En 2011, la dette obligataire du SBF 120
a ainsi bondi de 11%, tandis que la dette bancaire non tirée (souscrite mais pas encore utilisée) a chuté de
10%. «Plus de 9 entreprises sur 10 souhaitent élargir leur gamme d'instruments de financement», insiste
Emmanuel Léchère, chez Bfinance. Le hic, c'est «qu'emprunter sur les marchés coûte en moyenne plus cher
qu'emprunter auprès des banques», tempère Stanislas d'Audiffret.
D'autant plus cher que la complexité d'un appel au marché nécessite de se faire conseiller, et, si possible,
d'être noté par une agence de solvabilité comme Moody's ou S&P. Autant d'éléments qui renchérissent la
facture. Là encore, les entreprises les mieux placées pour emprunter sur le marché sont... les ténors du CAC
40. EDF, GDF, France Télécom, Total et Veolia ne représentent d'ailleurs pas moins de 43% de la dette
obligataire levée par l'ensemble du SBF 120. Comme le dit Stanislas d'Audiffret, ces cinq-là «disposent d'un
vrai pouvoir de négociation sur les marchés». Résultat, le financement bancaire demeure central pour les
petites et moyennes entreprises françaises. A leur corps défendant.