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Le 24 octobre 2012 DOSSIER PEDAGOGIQUE Philippe Cuomo Professeur missionné par la Délégation Académique aux Arts et à la Culture

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Le 24 octobre 2012DOSSIER PEDAGOGIQUE

Philippe CuomoProfesseur missionné par la Délégation Académique

aux Arts et à la Culture

La Comédie de BéthuneC.D.N. Nord – Pas-de-Calais

Dossier pédagogique - Adolphe

ADOLPHE / Benjamin Constant - Antoine Lemaire

Un chef d’œuvre du romantisme

Benjamin Constant :Repères biographiques :http://www.unil.ch/ibc/page12129.htmlBenjamin Constant par Emile Faguet :http://fare.tunes.org/books/Faguet/benjamin_constant.html

Le roman :Ce roman a été écrit en 1805 et publié en 1815.

Présentation du roman :http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_(roman)

Début du XIXème siècle. Adolphe, 24 ans, jeune homme désœuvré, décide d’entreprendre la conquête d’Ellénore, la trentaine, une femme très belle et bien plus vulnérable. Ellénore lui cède, et pour lui, renonce à tout. Mais déjà, Adolphe aime moins. Pourtant, l’idée de la faire souffrir lui est insupportable…

Présentation du roman par Antoine Lemaire, extrait du dossier de production

Antoine Lemaire s’inspire du célèbre roman de Benjamin Constant et analyse avec finesse la naissance et l’évolution du sentiment amoureux. Adolphe, anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu, puis publiée, dans son titre intégral, prenait la forme curieuse en 1816 de notes introspectives racontant du point de vue d’un jeune homme une romance à la fin tragique. Texte précurseur du romantisme, Adolphe pose la question de la responsabilité en amour. Jeune homme de bonne famille, volontiers cynique, Adolphe brûle de connaître la passion amoureuse. Quand il s’éprend d’Ellénore, il met tout en œuvre pour conquérir cette jeune femme pourtant mariée. Devant la force des sentiments affichés par Adolphe, la jeune femme est conquise et lui cède ; elle quitte son mari exposant les amants à l’opprobre social. Mais la passion d’Adolphe retombe peu à peu, et, après bien des atermoiements, Adolphe ne peut plus cacher à Ellénore qu’il ne l’aime plus.

Présentation du Roman sur le site du théâtre la Virgulehttp://www.lavirgule.com/saison-en-cours/spectacles/adolphe.htm

Le texte intégral du roman :http://fr.wikisource.org/wiki/Adolphe Le roman en mp3 à écouter en ligne : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/constant-benjamin-adolphe.html

Adolphe au cinéma (Histoire des arts) :Adaptation cinématographique par Benoît Jacquot (2002) : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=42945.html Etude du film : http://www2.cndp.fr/TICE/teledoc/Mire/teledoc_adolphe.pdfDes images du film :http://tessa008.blogspot.fr/2007/03/adjani-dans-adolphe-de-benjamin.htmlTrois interviews d’Isabelle Adjani :http://tessa008.blogspot.fr/2007/03/adjani-dans-adolphe-de-benjamin.html

Petits détours du côté du romantismeActivités en classe :

Première approche par une définition :

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▶ROMANTISME n. m. est attesté en 1804 chez Senancour comme synonyme de le romantique n. m. (1804), chez le même auteur au sens ancien de «caractère romantique (romanesque) d'un site, d'une chose». L'évolution du mot échappe à l'histoire des anglicismes, même si le concept est resté lié à l'évolution littéraire des idées et des sensibilités outre-Manche. Il désigne à l'origine, d'après l'emprunt à l'allemand (ci-dessus), le genre romantique inspiré par la chevalerie et le christianisme médiéval (1816), puis nomme le mouvement de libération de l'art qui s'est développé en France, entre la Restauration et la monarchie de Juillet, par réaction à ce qu'on appelle alors d'un mot nouveau, le classicisme, et au rationalisme des siècles précédents. Les grands écrivains l'emploient en ce sens dès 1820 ; discuté en 1824 par l'Académie, le mot est alors déjà usuel. ◇ Par extension, il caractérise le comportement, l'attitude romantique dans la vie, puis avec une connotation péjorative, en politique (1826). Ultérieurement, l'histoire littéraire en fait un usage généralisé en parlant de tendances littéraires étrangères (d'abord en parlant des sources anglaises et allemandes, puis d'autres littératures) et rétrospectif en parlant d'éléments propres au romantisme décelable chez les artistes de toutes époques (1935). ▶Le dérivé préfixé PRÉROMANTISME n. m. est un terme d'histoire littéraire (1923) fréquemment employé par la critique entre les deux guerres : le concept de préromantisme a pour fonction de ménager la continuité entre le XVIII° et le XIX° s. et de souligner l'ancrage national du mouvement romantique en France. Certains critiques usèrent de la notion moins comme un principe de périodisation que comme une tendance transhistorique de la littérature ; d'autres insistèrent sur les influences anglaises et allemandes. La catégorie, mise en cause pour son finalisme, est quelquefois remplacée par celle de premier romantisme. ▶PRÉROMANTIQUE adj. et n. a été créé conjointement au XX° siècle. ▶ ROMANTIQUEMENT adv. (1833) «à la manière des romantiques», ne s'est guère répandu. ▶ROMANTICISME n. m. (1818), emprunt à l'anglais romanticism (1803 ; 1844 en ce sens) ou bien à l'italien romanticismo, a été lancé par Stendhal, qui l'a abandonné en 1824 au profit de romantisme (lettre au baron de Mareste du 26 avril 1824 et Racine et Shakespeare, t. II, 1825). Il est sorti d'usage et passerait aujourd'hui pour un anglicisme.☞ voir ROMAIN, ROMAN, ROMANCE.

Le Robert, dictionnaire historique, 1993Recherches CDI

Dossier : LE ROMANTISMELe contexte historiqueDélimitez, dans la mesure du possible, le cadre historique du mouvement.Réalisez une frise chronologique présentant cette période.La nature romantiqueTrouvez un tableau d’un peintre romantique français représentant l’homme et la nature.Donnez-en la source précise.Faites l’analyse de ce tableau.Des textes manifestesTrouvez deux textes qui pourraient servir de manifestes à ce mouvement.Présentez ces textes.Justifiez le choix de ces deux textes.Le héros romantiqueEtablissez la fiche signalétique d’un héros romantique parmi la liste suivante : Adolphe, Fabrice del Dongo, Lorenzaccio, Ruy Blas, Oberman ou Werther

Nom et/ou prénom :Œuvre contenant ce héros :Résumé succinct de cette œuvre :Portrait ; en quoi ce personnage est-il un héros romantique? :Illustration avec source :

Activité : A partir de la définition du romantisme et de votre recherche au CDI, élaborez un dossier synthétique sur le romantisme.

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Le Romantisme à travers un peintre, Caspar David Friedrich (1774-1840) :Peindre la nature (Histoire des arts)

Analyse des tableaux :

2. Moine au bord de la mer, vers 1809, huile sur toile, 110 x 171,5 cmBerlin Nationalgalerie

1. Retable de Tetschen, 1807-1808,huile sur toile, 115 x 100,5 cmDresde Gemäldegalerie Neue Meister

4. Deux hommes au crépuscule, 1830 1835, huile sur toile, 25 x 31 cmSaint Petersbourg Ermitage

3.Voyageur contemplant une mer de nuages,1818, huile sur toile, 74,8 x 94,8 cmHambourg kunsthalle

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Activité : Reproduisez et remplissez le tableau.

TITRES Situation de l’homme

Description du paysage

Construction du tableau

Moment de la journée

Les contrastes

1. Retable de Tetschen

2. Moines au bord de la mer

3. Voyageur contemplant une mer de nuages

4. Deux hommes au crépuscule

Activité d’écriture :Vous êtes le voyageur du tableau 3. Rédigez en quelques lignes, à la

première personne, les sentiments que ce paysage provoque en vous.

Activité : Disserter à partir d’Adolphe (classe de seconde ou de 1ère) : Adolphe, un héros romantique ? Adolphe, un roman psychologique qui se livre à l’analyse des

passions ? Adolphe, un roman tragique ?

Activité : prolongements d’études thématiques possibles : Benjamin constant et Stendhal (la sacralisation). Benjamin Constant et Chateaubriand : Adolphe, un frère de René. La théorie du désir triangulaire de René Girard appliquée à

Adolphe.

Le spectacleLe THEC

Le projet d’Antoine Lemaire :Le cycle « confessions intimes » (L’Instant T, Tenderness, Mme Bovary etc.)Lire le texte de la plaquette de la compagnie.Quelques mots sur le spectacle :Le spectacle est envisagé comme la continuité de Tenderness, avec une forme plus complexe dans l’adaptation et une volonté de proposer une vraie mise en scène. Il est écrit pour deux comédiens présents sur le plateau, ce qui permet la confrontation de deux points de vue, celui des deux personnages principaux, Adolphe (Sébastien Amblard) et Ellénore (Chloé André). Il s’agit d’une version hors époque, plutôt actuelle même. Les autres personnages seront présents par la vidéo. La famille est quelque peu bouleversée dans la réécriture d’Antoine Lemaire car il s’agit d’une version sans père mais avec une mère (Muriel Colvez) et deux sœurs (Noémie Gantier et Caroline Mounier) considérées comme les différentes facettes du personnage d’Adolphe, l’une prônant la rupture et l’autre la refusant. La différence d’âge qui est un des enjeux du roman n’est pas ici traitée. Antoine Lemaire a soigneusement évité de caricaturer les personnages. Ce ne seront donc pas un méchant Adolphe et une gentille Ellénore, un bourreau et sa victime mais des personnages plus

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nuancés, plus profonds, tout aussi dangereux l’un que l’autre. La fin se veut poignanteLa scénographie est constituée par un plateau tournant qui prendra tout l’espace de jeu du studio de Béthune. Ce plateau présentera alternativement deux espaces différents à savoir la chambre d’Ellénore (espace intime) et le salon (espace public).La vidéo sera utilisée selon plusieurs procédés. Un cameraman filme en direct sur le plateau. Un film vidéo sera tourné et projeté sur le plateau.Le texte est librement inspiré du roman. Il est entièrement réécrit. Certains passages sont même inventés. Antoine Lemaire le qualifie de « très libre et très lointain » à la fois. Il invente une matière théâtrale qui respecte toutes les étapes du roman, sa psychologie –largement revendiquée-. C’est une plongée au cœur du roman qui en garde l’esprit, l’idée même de l’œuvre de Benjamin Constant. C’est un véritable mélo dans lequel alternent incarnation et récit marquant ainsi la différence entre l’intention (ce qui est dit) et l’acte (ce qui est fait). Adolphe est sans cesse dans cette dialectique.

Antoine Lemaire dans L’Instant T - 2009 extraite du site de la compagnie)

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Florence Bisiaux et Christophe Piret dans Tenderness - 2010(photographie extraite du site de la compagnie)

Activité : Définir, préciser, une esthétique singulière à partir de ces deux images.

Site de la compagnie :http://thec.franceserv.comPrésentation d’Antoine Lemaire sur le site théâtre contemporain.net :http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Antoine-Lemaire/presentation/Publications :Deux textes d’Antoine Lemaire sont publiés aux éditions la Fontaine. Il s’agit de Tenderness (2010) et de Vivre sans but transcendant est devenu possible (2011).Vidéos en ligne :http://www.youtube.com/user/franckrenaudExtraits de spectacles mis en ligne par le vidéaste de la compagnie, Franck Renaud.

Activité : repérer dans l’extrait de L’Instant T les registres présents, l’utilisation de la vidéo, le travail de l’écriture, les thématiques abordées etc.

Adolphe, le spectacleArticle journal La Terrasse :

UNE EXPLORATION DU THÉÂTRE DE L’INTIMEPublié le 1 octobre 2012 - N° 202

Antoine Lemaire adapte et met en scène Adolphe, l’œuvre maîtresse de Benjamin Constant. Dans le registre de la confession intime, le drame filmographique flirte avec le documentaire.

« On pénètre vraiment l’intériorité d’une pensée en mouvement. »Pourquoi le choix de ce chef-d’œuvre romantique ? Comment l’avez-vous adapté ?

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Antoine Lemaire : Le roman de Benjamin Constant m’est tombé entre les mains, par une espèce de heureux hasard.  En 2007, avec Instant T, création dont je suis l’auteur, la compagnie a amorcé un nouveau cycle. Alors que nous étions plutôt tournés vers les bruits du monde, nous nous sommes à ce moment-là engagés dans l’exploration d’un théâtre de l’intime. Deux années plus tard, naissait Tenderness, pièce que j’ai adaptée à partir du roman de David Herbert Lawrence, L’Amant de Lady Chatterley. Dans cette veine intimiste, sentimentale, Adolphe rassemble tous les thèmes qui m’intéressent. On pénètre vraiment l’intériorité d’une pensée en mouvement. Mon adaptation suit fidèlement le texte en ce qui concerne le héros. Mais j’ai eu plaisir à recréer le vécu féminin, à inventer le personnage d’Ellénore, qui dans le roman ne dit mots, pour lui donner la parole.Sur quoi vous êtes-vous concentré en tant que metteur en scène ?A. L. : L’adaptation cherche à amplifier l’effet cathartique par un biais cinématographique. Ce trait caractérise la compagnie depuis qu’elle existe. Avec Adolphe, qui se prête particulièrement bien à ce jeu, l’utilisation des artifices du septième art renforce l’impression de réalité jusqu’à flirter avec le genre documentaire. Aux monologues entrecoupés d’échanges du couple formé par Adolphe et Ellénore sur scène fait écho une série d’interventions filmées et projetées avec d’autres comédiens. Ces vraies-fausses interviews font rebondir le propos sur les questions de la séduction, du chagrin d’amour, de la rupture, de la passion amoureuse… Elles existent pour faire miroiter le vécu de chacun d’entre nous et favoriser l’appropriation du drame, pour mieux l’expurger.Comment avez-vous choisi votre couple d’acteurs ? A. L. : Le choix des comédiens a été antérieur, non pas au choix de la pièce, mais à son écriture. J’écris toujours pour des comédiens avec cette ambition : renforcer l’impression de réel pour le spectateur. Et j’ai adapté Adolphe en pensant à ces deux comédiens-là, Chloé André et Sébastien Amblard, pour un jeu tout en subtilité, tout en nuance, absolument dépourvu d’envolées lyriques et totalement axé sur le dévoilement de l’intime. Ils sont les voix de deux cœurs qui s’épanchent, portées par le désir d’épancher tous les cœurs.

Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Galfréhttp://www.journal-laterrasse.fr/focus/une-exploration-du-theatre-de-lintime/

(…)Une adaptation sans époque… C’est précisément parce qu’il est de son temps qu’Adolphe parle encore au nôtre, étant de ces textes que leur simplicité ouvre à une réactualisation permanente. Déjà dans le roman, très peu d’indications décrivent une époque précise. Pas de pittoresque : les villes ne sont pas décrites, souvent simplement nommées. Hors le père, les rôles secondaires sont réduits à de simples figurants. On est plus dans un lieu symbolique qu’un lieu géographique. L’action du roman se situe moins en France et en Pologne que dans une suite de lieux clos, dans lesquels Adolphe paraît enfermé. Des lieux tragiques, où l’on ne sort réellement que pour mourir ou pour trouver en imagination son salut dans un espace non tragique. Le spectacle ira dans ce sens. Il ne s’agira pas de situer l’action dans une époque particulière, ni le début du dix neuvième siècle, ni l’époque actuelle. Il s’agira de traiter l’histoire de ce couple dans sa dimension exemplaire, archétypale. Donc, pas d’actualisation du roman (pas d’accessoires contemporains, de termes « modernes »…), même si les comédiens seront vêtus de costumes actuels (ces costumes seront toutefois les plus neutres possibles) et baigneront dans un environnement technologique.Un environnement technologique Comme pour les précédents spectacles de la compagnie Thec, des projections vidéo tiendront lieu de décor et des micros parsèmeront l’espace. Toutefois, ce cadre technologique aura une fonction dramaturgique particulière. Il tiendra le même rôle que celui de la société dans le roman. Soit un rôle tyrannique, une pression que les personnages seront contraints de subir, un ensemble de circonstances, de lois, d’institutions, de relations publiques et privées que les personnages n’ont pas voulus et auxquelles ils devront, dans la douleur, se plier après un affrontement sans espoir. Les comédiens devront sans cesse lutter contre cet environnement technologique, pour mettre en avant leurs sentiments. Cela se fera au prix d’une dépense physique importante et d’une douleur incommensurable… (…)

Note d’intention, extrait du dossier de production.

Activité : A partir des documents proposés, faire une présentation synthétqiue du travail d’Antoine Lemaire et de sa compagnie.

Le théâtre-récitRappel

Le texte initial de Platon dans La république, Livre III : dialogue entre Mimesis (imitation de l’action) et Diegesis (le récit donné par le poète, le dithyrambe).

Les Cloches de Bâle, Antoine Vitez – exemple de premier théâtre récit d’après le roman d’Aragon.Activités pratiques et théoriques à partir du texte d’Antoine Lemaire1 :

Faire une proposition scénique à partir de la scène 1. Comparer le chapitre 2 et la scène 2 du texte d’Antoine Lemaire. Faire écrire le monologue intérieur d’un personnage. Changer le point de vue d’un passage du roman.

Activités possibles d’écriture puis au plateau : à partir de pages du roman, faire écrire et interpréter des scènes selon les modes d’écriture proposés

texte original, dialogues pour 2 personnages

1 Des extraits du texte sont proposés en annexe.8

dialogues avec didascalies dialogues pour un acteur monologue le récit au passé d’un personnage le récit au passé d’un personnage s’adressant à l’autre le récit au présent d’un personnage à l’autre

Etc.

Bibliographie :Grands textes « théoriques » sur l’amour

De l’Amour, Stendhal Fragments d’un désir amoureux, Barthes Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard Et leurs yeux se rencontrèrent, Jean Rousset Eloge de l’amour, Badiou

etc.

L’amour : un thème théâtral, dossiers weblettresScènes d’amour au théâtre :

http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=1232Déclaration d’amour :

http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=655Amour et classes sociales :

http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=1119

Bibliographie proposée par Antoine Lemaire :Livres:

Ni toi, ni moi, de Camille Laurens (ed. POL, 2006) Adolphe, Le Cahier rouge, Cécile, trois œuvres de Benjamin Constant

réunies dans un poche éd. folio. Les métamorphoses de l'amour, de Nicolas Grimaldi (ed. Grasset) Corinne ou l'Italie, de Madame de Staël  (Poche - Folio classique) Un sport et un passetemps, de James Salter (Poche - Points)

DVD: Adolphe, de Benoît Jacquot. Le journal de David Holzman, de Jim Mac Bride

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SCENE 1

Des voix…

- L’amour, c’est l’impression… plus que l’impression, la persuasion… c’est d’être persuadée d’avoir trouvée l’être que la nature nous avait destiné.

- L’amour, c’est comme si d’un seul coup, il faisait jour dans notre vie. Comme si il n’y avait plus de mystère. Tout est clair.

- L’amour, c’est des heures qui passent très vite. Des heures qui passent si vite qu’on n’arrive pas à s’en souvenir. A se souvenir des petits détails. Et pourquoi on ne s’en souvient pas ?... On ne s’en souvient pas tellement ces moments sont doux. On se souvient de la douceur des détails mais pas des détails eux-mêmes.

- L’amour, c’est quand tu es dans une sorte d’état d’attendrissement permanent et que, par instants, une grande gaieté se mêle à cet attendrissement. Sans raison. Une gaieté qui surgit.

- L’amour, c’est « tant de plaisir dans la présence, et dans l’absence tant d’espoir ».

- L’amour, c’est quand on se met à parler en octosyllabes et qu’on fait des figures de style : « Tant de plaisir dans la présence, et dans l’absence tant d’espoir ». Il y a un chiasme.

- Quand on est amoureux, on dit : « Tant de plaisir dans la présence, et tant d’espoir dans l’absence ». Quand on est très très amoureux, on fait un chiasme : « Tant de plaisir dans la présence, et dans l’absence tant d’espoir ».

- L’amour, c’est quand on ressent un sentiment de supériorité sur tout ce qui nous entoure.

- L’amour, c’est cette certitude que désormais le monde ne peut nous atteindre où nous vivons.

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SCENE 2

ADOLPHE-Je pense que je n’aurais jamais été amoureux si je n’avais jamais entendu parler de l’amour…Des gens en parlaient autour de moi cela semblait les rendre joyeux excessifs…Pourquoi pas essayer ?…Je ne sais pas pourquoi je ne dis pas qu’il n’y avait pas de la vanité là-dedans…Peut être pas tant que ça je ne sais pas…J’étais tourmenté par une émotion vague « je veux être aimé » je me disais…Je regardais autour de moi rien personne qui pouvait m’inspirer de l’amour…J’interrogeais mon cœur / en vain…Et puis je fis la connaissance du mari d’Ellénore…Et puis d’Ellénore…Pourquoi elle je ne sais pas…Offerte à mes regards dans un moment où mon cœur avait besoin d’amour ma vanité de succès Ellénore me parut une conquête digne de moi…Dis comme ça évidemment…Mais c’est pas ce que je veux…Il y avait quelque chose d’inattendu chez elle…Une grâce…Elle parlait plusieurs langues…Elle m’occupait sans cesse je formais mille projets mille moyens de conquête…Toutes mes tentatives échouaient lamentablement…J’étais étonné / je souffrais / j’étais étonné moi-même de ce que je souffrais…J’essayais de je ne sais pas de comprendre…Analyser « Qu’est-ce qui se passe ? »…Parce que…Parce que…Parce que pour moi c’était comme un jeu…C’était une tentative ludique comme ça…Une tentative ludique à laquelle j’aurais pu renoncer sans aucune peine… Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait…Je ne comprenais pas ma douleur…Je ne comprenais pas la sensation qui me déchirait le cœur…Une heure avant il y a une heure je m’applaudissais je riais tout seul je me regardais dans la glace je riais en voyant comment je parvenais à feindre l’amour comment je maitrisais les attitudes de l’amour…Là il me semblait éprouver réellement ce sentiment éprouver cette chose avec fureur… Et les jours passaient…Et la douleur était la même pire même peut être…J’étais incapable de penser à autre chose de faire autre chose je ne pensais qu’à cette douleur…Je passais plusieurs fois par jour devant la maison d’Ellénore…Je me promenais dans la rue !!!...Je me promenais dans la rue comme si il y avait le moindre espoir de la croiser par hasard…Je courrais !!! Comme si je pouvais remplacer mon agitation par la fatigue…

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SCENE 5 ADOLPHE-Est-ce que tu peux me décrire un des moments où tu as été le plus heureuse grâce à moi…

ELLENORE-N’importe quel moment ?

ADOLPHE- N’importe quel moment hors les moments charnels…

ELLENORE-Il ne reste plus grand-chose…(réfléchissant) J’ai été heureuse le jour où je t’ai annoncé que j’avais quitté mon mari… Ca s’était passé si rapidement…En même temps c’était réfléchi…J’agissais pas comme sur un coup de tête…Je me souviens qu’est-ce que j’étais intimidée…J’avais un trac fou…J’étais tellement contente je savais que tu serais content aussi je savais que c’était ce que tu voulais vraiment mais j’avais peur peur de trop de bonheur je ne sais pas de ne pas être à la hauteur de ce trop de bonheur…Je me souviens je parlais je parlais je parlais je disais tout et n’importe quoi mais il fallait que je parle…

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SCENE 25

Scène en vidéo différée diffusée sur zone 2. Adolphe est devant l’écran. L’ensemble est refilmé et diffusé sur zone 1. La scène est un repas de famille : la famille d’Adolphe. Texte qui s’écrira au tournage : discussion au sujet d’Ellénore qui tourne mal.

LA MERE- (Adolphe commençant à filmer) Ah non ! Pas de caméra à table !

ADOLPHE- (souriant) Faites comme si il n’y avait pas de caméra. Soyez-naturel ! Je réalise un documentaire ethnologique. Appelez-moi Levi-Strauss.

LA MERE- Pas de juif dans la famille !

SŒUR 2 (Juliette)- (ton de reproche) Maman !...

LA MERE- C’est comme ça. On ne se refait pas. A mon âge, je ne changerais plus.

LE PERE- Le caractère antisémite de votre mère enfin dévoilé au monde entier. Monsieur Levi-Strauss, à votre santé !

SŒUR 1 (Charlotte)- Scène de la vie quotidienne d’une famille bourgeoise en 2011 en pleine crise économique.

SŒUR 2- D’une riche famille bourgeoise… Tu aurais pu choisir un échantillon plus représentatif de la population française actuelle.

SŒUR 1- (imitant sa sœur) … de la population française actuelle…

LE PERE- Je ne sais plus quel cinéaste a dit que… (citation sur le fait que la présence d’une caméra fait que les personnes filmées ne réagissent pas de façon naturelle). Donc, le fait de nous filmer va faire que nous allons nous comporter de façon non naturelle. Donc ta caméra ne sert à rien. Donc tu peux éteindre ta caméra.

LA MERE- C’est ce que j’ai toujours apprécié chez votre père, c’est la sécheresse inattaquable de son raisonnement. Son sens du raccourci efficace. Cela nous a évité de perdre un temps conséquent. Et cela nous a rendus plus riche.

SŒUR 2- (filmée par sœur 1 qui a pris la caméra, elle mâche de façon disgracieuse) Comme ça on peut manger manger manger…

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LA MERE- Quelle horreur ! Tu n’es pas ma fille !

Tous rient. Sœur 1 filme Adolphe qui rit de bon cœur.

SŒUR 1- Tu as l’air bien gai mon frère !

LA MERE- C’est parce que sa dulcinée est absente.

C’est lancé… les choses n’ont plus qu’à mal tourner.

SŒUR 1- C’est vrai mon frère ? Tu es plus gai lorsque ton Ellénore n’est pas parmi nous ?

SŒUR 2- Terrain glissant !

ADOLPHE- (gardant une contenance) Changeons de sujet ! Toi, ma sœur, comment se porte ta nymphomanie ? As-tu trouvé quelques remèdes ?

SŒUR 1- Je ne me soigne pas. Je n’ai pas encore pris conscience des conséquences négatives sur moi de cette affection. Je ne ressens encore que les conséquences positives.

LA MERE- Tous mes enfants ont un esprit d’indépendance surdéveloppé. Charlotte utilise son esprit d’indépendance pour faire ce qu’elle a envie. Adolphe utilise son esprit d’indépendance pour faire ce qu’il n’a pas envie.

SŒUR 2- (ton de reproche) Maman !

LA MERE- Nous sommes toutes d’accord pour dire que cette relation ne mène à rien. Qu’elle n’épanouit pas Adolphe.

LE PERE- (tentant de désamorcer maladroitement) C’est vrai que ce soir tu as l’air plus ouvert que dernièrement… Plus gai.

Tous (sauf Adolphe) rient de la maladresse du père.

LA MERE- Il n’a pas le courage de mettre un terme à cette relation.

ADOLPHE- Ne parle pas de ce que tu ne comprends pas !

La mère reprend les arguments de la page 167. La situation tourne très mal. Pugilat avec le mari de Juliette ?...

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