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1/3/2014 Quelle stratégie de développement pour le Haut-Atlas_Le guide de la médecine et de la santé au Maroc http://www.santemaghreb.com/maroc/aboussad0103.htm 1/3 Lisez Médecine du Maghreb Quelle stratégie de développement pour le Haut-Atlas de Marrakech ? par le professeur Ahmed Bellaoui - Janvier 2003 La connaissance de l'objet montagne en s'inscrivant dans le temps des sociétés, s'accompagne en toute évidence du changement du statut de ce dernier. Dans la société occidentale, par exemple, " les changements, du statut de la montagne semblent s'inscrire largement dans les changements du statut de l'objet nature ". D'une façon générale, Cinq phases successives peuvent y être reconnues : la phase de la conquête ; la phase de l'aménagement ; la phase du développement ; la phase de la protection ; la phase de la gestion (H Gumuchian). Au Maroc, à l'exception de la phase de la conquête dont l'histoire semble se perdre dans la nuit des temps, les phases d'aménagement de développement de protection et de gestion semblent se superposer et cohabiter entre elles, donnant lieu à la multiplicité des interventions de tout genre sur le même espace et dans le même moment. Ceci est d'autant vrai que l'objet montagne constitue, un peu partout aujourd'hui, un enjeu autant fort que diversifie : écologique, symbolique, économique et politique. D'où un intérêt de plus en plus croissant pour la montagne, pour la recherche sur la montagne et pour la définition d'une politique spécifique de la montagne, avec pour objectif ultime la conciliation entre le développement, la protection et la gestion de la montagne reconnue comme patrimoine universel. La réalisation d'un tel objectif suppose, sans aucun doute, l'adoption d'une stratégie appropriée, claire et bien définie. Quelle peut être cette stratégie ? et quels peuvent en être les principaux fondements ou principes de base ? Se donnant pour objectif le développement des zones de montagne au sens de résolution des grands problèmes de la société, de l'économie et de l'environnement, cette stratégie doit, à notre avis, s'appuyer sur un certain nombre de principes et de démarches que nous résumerons de la manière suivante : elle doit tenir compte des spécificités des zones de montagne en tant qu'espace naturel fragile, aujourd'hui encore très fortement fragilisé par l'explosion démographique (donnant lieu à une très forte pression sur les ressources naturelles), l'ouverture sur l'économie du marché (qui à contribué à la monétarisation des échanges, à la salarisation du travail et à l'augmentations et à la diversification des besoins ) et la persistance de la sécheresse d'une part ; et en tant qu'espace fortement humanisé et approprié, emprunt d'histoire et de culture, et donc en tant que patrimoine à valoriser, à promouvoir et à préserver en même temps, d'autre part. elle doit prendre appui sur la diversification de l'activité par le biais de la Pluri-activité, aucun secteur d'activité n'étant, ici, à lui seul , capable de satisfaire les besoins de plus en plus croissants des habitants, eux mêmes augmentation constante. Il s'agira, par conséquent, de rechercher un équilibre entre les anciennes activités encore largement dominantes (telles que l'agriculture, l'élevage, l'arboriculture et l'artisanat rural) et les activités nouvelles de services (commerces ; services ; tourisme…) en expansion relative en rapport avec l'évolution du mode de vie des populations locales (A. Bellaoui, 1986) et avec l'émergence des centres ruraux de commerces et de services (CRCS) ou des villages-centres au sein même de la montagne atlasique tels que Larba Tighdouine, Aghbalou, Asni, Moulay Brahim et Talat n Yacoub, par exemple (A.Bellaoui, 1989) ; elle doit pouvoir concilier logique économique et mercantile (fondée sur la recherche du gain, la rentabilité…) et respect des valeurs socio-culturelles héritées du passé (les traditions communautaires telles que la touiza, la

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http://www.santemaghreb.com/maroc/aboussad0103.htm 1/3

Lisez Médecine du Maghreb

Quelle stratégie de développement pour le Haut-Atlas de Marrakech ?

par le professeur Ahmed Bellaoui - Janvier 2003

La connaissance de l'objet montagne en s'inscrivant dans le temps des sociétés,s'accompagne en toute évidence du changement du statut de ce dernier.

Dans la société occidentale, par exemple, " les changements, du statut de lamontagne semblent s'inscrire largement dans les changements du statut del'objet nature ". D'une façon générale, Cinq phases successives peuvent y être reconnues :

la phase de la conquête ;la phase de l'aménagement ;la phase du développement ;la phase de la protection ;la phase de la gestion (H Gumuchian).

Au Maroc, à l'exception de la phase de la conquête dont l'histoire semble seperdre dans la nuit des temps, les phases d'aménagement de développementde protection et de gestion semblent se superposer et cohabiter entre elles,donnant lieu à la multiplicité des interventions de tout genre sur le même espaceet dans le même moment.

Ceci est d'autant vrai que l'objet montagne constitue, un peu partout aujourd'hui,un enjeu autant fort que diversifie : écologique, symbolique, économique etpolitique. D'où un intérêt de plus en plus croissant pour la montagne, pour la recherche surla montagne et pour la définition d'une politique spécifique de la montagne, avecpour objectif ultime la conciliation entre le développement, la protection et lagestion de la montagne reconnue comme patrimoine universel.La réalisation d'un tel objectif suppose, sans aucun doute, l'adoption d'unestratégie appropriée, claire et bien définie.

Quelle peut être cette stratégie ? et quels peuvent en être les principauxfondements ou principes de base ? Se donnant pour objectif le développement des zones de montagne au sens derésolution des grands problèmes de la société, de l'économie et del'environnement, cette stratégie doit, à notre avis, s'appuyer sur un certainnombre de principes et de démarches que nous résumerons de la manièresuivante :

elle doit tenir compte des spécificités des zones de montagne en tantqu'espace naturel fragile, aujourd'hui encore très fortement fragilisé parl'explosion démographique (donnant lieu à une très forte pression sur lesressources naturelles), l'ouverture sur l'économie du marché (qui àcontribué à la monétarisation des échanges, à la salarisation du travail età l'augmentations et à la diversification des besoins ) et la persistance dela sécheresse d'une part ; et en tant qu'espace fortement humanisé etapproprié, emprunt d'histoire et de culture, et donc en tant que patrimoineà valoriser, à promouvoir et à préserver en même temps, d'autre part.elle doit prendre appui sur la diversification de l'activité par le biais de laPluri-activité, aucun secteur d'activité n'étant, ici, à lui seul , capable desatisfaire les besoins de plus en plus croissants des habitants, euxmêmes augmentation constante. Il s'agira, par conséquent, de rechercherun équilibre entre les anciennes activités encore largement dominantes(telles que l'agriculture, l'élevage, l'arboriculture et l'artisanat rural) et lesactivités nouvelles de services (commerces ; services ; tourisme…) enexpansion relative en rapport avec l'évolution du mode de vie despopulations locales (A. Bellaoui, 1986) et avec l'émergence des centresruraux de commerces et de services (CRCS) ou des villages-centres ausein même de la montagne atlasique tels que Larba Tighdouine,Aghbalou, Asni, Moulay Brahim et Talat n Yacoub, par exemple(A.Bellaoui, 1989) ;elle doit pouvoir concilier logique économique et mercantile (fondée sur larecherche du gain, la rentabilité…) et respect des valeurs socio-culturelleshéritées du passé (les traditions communautaires telles que la touiza, la

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solidarité) en raison de la minceur des revenus que procurent lesdifférentes activités de la zone, en général.elle doit s'appuyer sur une approche globale et intégrée et non sur uneapproche fragmentée et cloisonnée, le développement étant, ici plusqu'ailleurs, un tout dont les composantes ne peuvent être dissociées,même pour des impératifs de logique administrative ou de bonneadministration. D'ou la nécessité de coordonner la totalité desprogrammes et actions destinés aux zones de montagne. En effet, l'interdépendance des problèmes à résoudre supposel'intégration des actions à entreprendre, la réussite d'une action réalisée àl'aval d'un Bassin Versant, par exemple, étant étroitement liée à celleréalisée en amont. Il s'agira, en somme, de privilégier une approche dedéveloppement territoriale plutôt que sectorielle.elle doit bénéficier d'un soutien particulier de la part des pouvoirs publics,et ce pour plusieurs raisons :

le fait que les actions de développement en zone de montagnecoûtent cher du fait des spécificités physiques de ces dernières et,de la nature même des actions à réaliser ;le fait que le développement en zone de montagne, car faiblementcumulatif, est un perpétuel recommencement à zéro ;le fait que la montagne a cumulé un retard important sur le restedu territoire national, la montagne ayant été quasiment tenue àl'écart des programmes et actions de l'Etat pour des soi-disantlogiques de stratégie et de priorité, pendant plusieurs décennies ;le fait que les possibilités des acteurs locaux en matièred'investissement sont particulièrement faibles et limitées ; laprésence de l'Etat est, ici par conséquent, plus que nécessaire, lerôle des acteurs locaux de développement ne pouvant queprolonger celui, déterminant, des pouvoirs publics en matièred'investissement, d'incitation et de régulation, à la fois.

elle doit réserver une grande place à la participation et à l'adhésion desacteurs locaux de développement, et donc veiller à l'implication despopulations locales, des associations locales, des administrations localeset pour quoi pas du secteur privé local. Autrement dit opter pour undéveloppement négocié, participatif et partagé et non pour undéveloppement imposé de l'extérieur, les référentiels risquant d'êtrediamétralement apposés, la montagne ayant vécu en autarcie jusqu'audébut du siècle dernier, au moins. Ce qui se traduit par descomportements conservateurs, une mentalité introvertie et qui se méfiede tout ce qui vient de l'extérieur. D'ou nécessité de consolider ladémocratie locale et de développer les synergies entre les différentsacteurs locaux, d'une part ; d'encourager la création d'associations localesd'environnement et de développement et pourquoi pas d'associationslocales ou régionales regroupant les élus (conseillers et parlementaires)de la montagne, d'autre part ;elle doit s'appuyer sur la reconnaissance des savoir-faire et systèmesproductifs locaux, de leur efficacité et de leur capacité d'adaptation auxdonnées de l'environnement local ; et de ce fait, essayer de les réconcilieravec les méthodes et logiques de travail de l'ingénierie administrativemoderne.elle doit viser le changement, tout développement étant pour une bonnepartie fondé sur le changement au sens d'adaptation à la nouvelle donnenée de l'ouverture sur autre ; autrement dit aider les populations locales àadopter les logiques modernes de développement dans leurs rapportsavec les ressources naturelles locales et avec les concepts de travail, detemps, de richesse, de pauvreté, d'intérêt, de calcul, de rentabilité, et dedéveloppement lui-même (A.Bellaoui, 2000)elle doit réserver une place de choix à la recherche aussi bienfondamentale qu'appliquée, et par conséquent, à la connaissancescientifique et à la compréhension des écosystèmes montagneux d'unepart, des savoir-faire et acquis des populations montagnardes, de leurssystèmes de pensée, de leurs besoins et priorités d'autre part, enfin.D'ou l'intérêt de créer un Institut National d'Etudes et Recherches sur laMontagne au sein de l'Université Cadi Ayyad, par exemple ; d'encouragerla formation de filières et de laboratoires pluridisciplinairesd'enseignement et de recherche sur la montagne.

Autant de principes qui, pour être recevables, doivent s'inscrire en toute évidencedans le cadre d'une Politique Globale de la Montagne dont les orientationsgénérales doivent donner lieu à une Loi de la Montagne, autrement dit, à unensemble de textes réglementaires spécifiques à la montagne. Cette Loi, qui nepeut être que multidimensionnelle, doit se donner, à son tour, comme bases dedépart :

la reconnaissance de la position centrale de la montagne dans le systèmeMaroc dans sa globalité ;la volonté de rattrapper le retard cumulé par les zones de montagne et deréaliser leur plein développement au même titre que les autres parties duterritoire national ;la reconnaissance de l'intérêt de corréler statut de la montagne et statutde l'environnement et du cadre de vie ;

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l'obligation de concilier développement socio-économique de la montagneet conservation et protection des ressources naturelles dans leur globalité,enfin.

Fait à Marrakech le 21/11/2002Ahmed Bellaoui Université Cadi Ayyad, Faculté de Lettres et des sciencesHumaines

Bibliographie

1. H. GUMUCHIAN, La montagne, un des Haut- lieux de la connaissance,Montagnes Méditerranéennes n° 12, 2000 CERMOSEM,pp. 109-112

2. A. BELLAOUI, Le Haut-Atlas Occidental, quarante ans après, Désert etMontagne au Maghreb, Hommage à Jean Dresch, Revue de l'Occident Musulmanet de la Méditerranée, n° 41-42, Edisud, 1986, pp. 216-233.

3. A. BELLAOUI, Les pays de l'Adrar n Dern, étude géographique du Haut-Atlas deMarrakech, Thèse d'Etat és- lettres, Université Françaois Rabelais, Tours, 1989.

4. A. BELLAOUI, Le développement des zones de montagne au Maroc, objetctifset stratégies, Montagnes Méditerranéennes n° 12, 2000, CERMOSEM , pp. 27-30.

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