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Mai 2013
Synthèse du l’étude prospective sur les facteurs d’évolution des industries de santé et leur impact à
10 ans sur l’emploi
Territoire Centre-Normandie(s)
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Table des matières
1. Le contrat d’étude prospective des Industries de Santé ..........................................
1.1 Objectifs du CEP-Industries de santé ..........................................................
1.2 Les enjeux de la filière industries de santé ...................................................
1.3 Description du périmètre de l’étude ............................................................
1.4 Synthèse de l’état des lieux des industries de santé ......................................
1.4.1 Médicament à usage humain .............................................................
1.4.2 Médicament vétérinaire .....................................................................
1.4.3 Dispositifs médicaux et technologies médicales .................................
1.4.4 Diagnostic in vitro ............................................................................
1.5 Synthèse de l’analyse prospective nationale : quelles mutations pour 2015/2020 ?
2. Volet territorial : Centre-Normandie(s) ....................................................................
2.1 Données clés : Portait synthétique économique et social de la filière sur le territoire
2.2 Etat des lieux économique : un territoire attractif, qui doit toutefois faire face aux
mutations de l’environnement .....................................................................
2.2.1 Un territoire accueillant une part significative des implantations des industries
de santé au niveau français, en 3ème position après l’Ile-de-France et Rhône-Alpes
2.2.2 Médicament à usage humain : un territoire bénéficiant de la présence de
nombreux sites de groupes internationaux et de façonniers majeurs .............
2.2.3 Dispositifs médicaux : un territoire marqué par la présence d’importants sites
de groupes internationaux et d’une multitude de PME / TPE ......................
Atouts - Un positionnement fort du territoire sur deux secteurs en croissance : les
implants non actifs et le matériel à usage unique................................................................
Menaces : des activités d’un niveau technologique moyen voire faible, potentiellement
menacées par la pression sur les coûts ...............................................................................
2.3 Etat des lieux emplois et compétences ........................................................
2.3.1 Synthèse des profils démographiques du territoire : la 3ème région en termes
d’effectifs salariés après l’Ile de France et Rhône-Alpes ..............................
2.3.2 Un renouvellement des populations amorcé .......................................
2.3.3 Une population d’ouvriers et de techniciens, masculine et peu diplômée
2.4 Synthèse des forces et faiblesses du territoire ..............................................
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3. Préconisations pour le territoire Centre Normandie ...............................................
3.1 Principales recommandations pour soutenir l’activité ..................................
3.2 Principales problématiques RH ...................................................................
3.2.1 Des difficultés de recrutement face aux exigences de montée de qualification
3.2.2 Une dynamique de mobilité faible et peu soutenue ..............................
3.2.3 Une offre de formation riche mais qui doit s’adapter aux besoins des
entreprises
Une offre de formation initiale et continue importante dont l’inter-disciplinarité est à
renforcer ..........................................................................................................................
3.2.4 Des démarches avancées de GPEC....................................................
3.2.5 Un maillage territorial en construction...............................................
3.2.6 Synthèse des enjeux emplois et compétences .....................................
3.3 Recommandations d’actions RH / Formation ..............................................
3.3.1 Vocation et démarche d’élaboration du plan d’actions régional .........
3.3.2 Thème 1 : Développer l’attractivité du territoire, de la filière et des métiers
stratégiques ................................................................................................
3.3.3 Thème 2 : Mettre en œuvre une gestion active des emplois et compétences
pour sécuriser les parcours professionnels ...................................................
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1. Le contrat d’étude prospective des Industries de Santé
1.1 Objectifs du CEP-Industries de santé
La DGEFP (Direction Générale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle - Ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi), l'OPCA DEFI, le Leem et les organisations syndicales de salariés au travers de l’observatoire paritaire des métiers des entreprises du médicament, engagent en 2011 la réalisation d'un Contrat d’Étude Prospective (CEP) des industries de santé, associant plusieurs branches de la FEFIS (Fédération française des industries de santé). A l’issue du Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS), réuni à l’Elysée en octobre 2009, le Président de la République et les industriels de la santé ont pris un ensemble d’engagements afin de renforcer l’attractivité et la compétitivité de notre pays dans le domaine des sciences du vivant et de la santé. L’une des mesures porte sur la politique emploi-formation. En effet, les industries de santé sont confrontées à des mutations économiques, technologiques et réglementaires qui vont peser sur leurs organisations et sur l’emploi ; ces pressions devraient s’accentuer encore dans les années à venir. Dans ce contexte, il a été décidé de la mise en place du CEP, afin de disposer d'une vision prospective de l'activité au sein de la filière en France à 2, 5 et 10 ans, et de ses conséquences sur les organisations et l'emploi. Le CEP vise l’ensemble des industries de santé (médicament à usage vétérinaire, dispositifs médicaux et technologies médicales, diagnostic in vitro) afin de disposer d’éléments pour l’ensemble de la filière, et s’accompagne de la mise en œuvre d’une démarche expérimentale d’anticipation et d’évolution de l’emploi sur deux bassins d’emploi, afin de prévenir les mutations industrielles et, le cas échéant, les reconversions possibles. Les bassins retenus sont les régions Rhône-Alpes et Normandie/Centre. Ce CEP s’appuie en partie sur les résultats d’une étude prospective sectorielle réalisée en 2007 sur le médicament à usage humain, Pour atteindre cet objectif, l’Etat et la filière des industries de santé se sont engagés réciproquement dans un contrat d’étude prospective, dont l’objet est de dresser à court et moyen termes un diagnostic de l’évolution des métiers et des emplois et de proposer des scenarii d’évolution de la filière à moyen terme au niveau national et dans chaque bassin d’expérimentation. Ces analyses s’appuient sur des données économiques, démographiques, technologiques issues de bases publiques, mais aussi des données fournies directement par les sociétés des différents secteurs au travers des syndicats professionnels et/ou des nombreux entretiens qui ont été menés et des séminaires et ateliers de travail. La conclusion de ces travaux consiste en une série de préconisations concrètes en matière d’accompagnement des mutations de la filière des industries de santé, de l’emploi et des compétences.
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1.2 Les enjeux de la filière industries de santé
Le secteur des industries de santé est stratégique au sens quasi militaire du terme, dans la mesure où il conditionne directement la capacité de développement économique d’un pays comme le montre le cas des pays émergents (développement concomitant de l’économie et du niveau de santé des populations) ou les récents épisodes pandémiques (nécessité d’avoir accès à des vaccins ou traitements pour garantir la santé ou la survie des populations). Les industries de santé constituent donc un enjeu politique majeur comme l’a montré le CSIS (Conseil Stratégique des Industries de Santé, lancé le 29 septembre 2004, à l'initiative de Jean-Pierre Raffarin alors Premier Ministre qui s’est de nouveau réuni sous la présidence de Nicolas Sarkozy en octobre 2009 et en janvier 2012.
De plus, du fait de la forte composante d’innovation, les industries de santé s’inscrivent dans une compétitivité plus globale entre les pays (ou les régions), intégrant à la fois les dimensions d’enseignement (formations spécialisées, mais aussi de manière indirecte, études de médecine, de pharmacie, etc.), de recherche (rétention des talents, publications, brevets, etc.) et de valorisation (jeunes entreprises innovantes, partenariats public-privé, pôles de compétitivité ou autres « clusters », etc.).
Si ce secteur constitue un ensemble stratégiquement cohérent, il demeure fortement hétérogène en matière de chiffre d’affaires comme d’effectifs, de niveau de concentration ou d’internationalisation des acteurs comme d’intensité de la R&D, ou plus généralement de problématiques rencontrées.
De plus, les entreprises intervenant sur ces différents segments sont de natures différentes :
Des acteurs mondiaux (Pfizer, GSK, Sanofi, GE Healthcare, Siemens, J&J, Biomérieux,…) qui peuvent choisir la localisation de leurs activités (R&D, Production, Commercialisation) en fonction de critères économiques sur un plan mondial ;
Des acteurs continentaux ou bi-continentaux (LFB, Vétoquinol, Diasorin, …) qui sont le plus souvent le résultat d’une extension géographique à deux vitesses via des filiales en propre et des distributeurs ou agents – qui pourront être éventuellement rachetés pour compléter le dispositif – et qui concentrent généralement les fonctions centrales (R&D, Production) dans leur pays d’origine et les fonctions de commercialisation dans les filiales ;
Une multitude d’acteurs locaux et de très petites entreprises (start-up de biotechnologies, dispositifs médicaux ou diagnostic, …) qui ne disposent le plus souvent que d’un seul site.
Mais les différences ne se limitent pas aux grands agrégats (chiffre d’affaires, effectifs, rentabilité), elles concernent aussi les modèles d’activité (business models) et leurs conséquences qui s’appliquent sur le territoire. Si le modèle pharmaceutique traditionnel évolue d’une concurrence essentiellement centrée sur l’innovation alors reconnue comme telle par les régulateurs (Haute Autorité de Santé et Comité Economique des Produits de Santé) vers une compétition plus axée sur les prix du fait de la concurrence directe (sur la molécule) et indirecte (sur la classe thérapeutique) des médicaments génériques, l’innovation devient de plus en plus prégnante dans le diagnostic grâce à l’irruption des « omiques » (génomique, protéomique, métabolomique) qui permettent désormais de détecter des mutations capables de prédire des susceptibilités à telle ou telle maladie, de cibler des thérapies en fonction de leurs effets attendus (sensibilité mais aussi absence d’effet indésirables).
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Le contrat d’étude prospective a donné lieu à la réalisation d’une étude nationale et à la réalisation de deux volets territoriaux en région Centre-Normandie, et en région Rhône Alpes. Pour chacun de ces volets, un état des lieux régional et des préconisations d’actions ont été identifiée afin répondre aux évolutions du secteur.
1.3 Description du périmètre de l’étude
Le périmètre de l’étude correspond à celui de la Fédération Française des Industries de Santé (FEFIS) rassemblant environ 175 000 salariés en 20091, soit 4,6% des effectifs de l'industrie manufacturière présente sur le territoire français. Une attention particulière a été portée aux quatre principaux secteurs, c’est-à-dire le médicament à usage humain, le médicament à usage vétérinaire, les dispositifs médicaux et technologies médicales, et enfin le diagnostic in vitro.
Chacun de ces secteurs a été représenté par une fédération lors de la réalisation de l’étude : Le secteur du médicament à usage humain a été représenté par le LEEM Le secteur du médicament vétérinaire a été représenté par le SIMV Le secteur des dispositifs médicaux et technologies médicales a été représenté par le
SNITEM2 Le secteur du diagnostic in vitro a été représenté par le SFRL
Sources : LEEM; SIMV; SNITEM; SFRL; Fefis – Livre Blanc; analyses BPI et Arthur D. Little *Rapport PIPAME – inclus le diagnostic in-vitro
SecteurCA domestique
2009CA export 2009
Effectifs 2009(Source : BPI d’après INSEE, Pôle
Emploi, Defi, Fédérations…)
Nombre d’entreprises 2009(Source : BPI d’après INSEE)
Médicament à usage humain(périmètre LEEM)
~ 27 Mds € ~ 23 Mds € ~ 106 600~ 280
(périmètre LEEM - 98% du CA du secteur)
Médicament vétérinaire (périmètre SIMV)
~ 1,2 Md € ~1,4 Md€ ~ 6 600~ 35
(périmètre SIMV - 99% du CA du secteur)
Dispositifs médicaux & technologies médicales
~ 19 Mds €* ~3 Mds €* ~ 29 800~ 440
(~240 – SNITEM)
Diagnostic in vitro(périmètre SFRL)
~ 1,7 Mds € - ~ 15 200~ 80
(périmètre SFRL - 95% du CA du secteur)
Autres ~16 700~ 90
(partiellement dentaire, optique…)
Effectif le périmètre FEFIS ~ 175 000
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Les secteurs « autres » qui n’ont pas été étudiés en détail regroupent notamment les secteurs du dentaire et de l’optique.
1 Source : Traitements BPI à partir d’Unistatis et des données des Fédérations professionnelles.
2 Le tissu industriel français des dispositifs médicaux est représenté par 4 organisations professionnelles : SNITEM, GIFO, COMIDENT et
APPAMED mais une focalisation particulière a été portée aux effectifs rattachés à la plus importante, soit celle du SNITEM.
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1.4 Synthèse de l’état des lieux économique et social national des industries de
santé
Les industries de santé constituent un secteur stratégique dont le poids économique et le potentiel de croissance sont considérables. Elles rassemblent autour d’un objectif commun, la prévention, le diagnostic et le traitement des pathologies. Elles contribuent ainsi à l’amélioration de la santé publique, dans un monde où les besoins de santé augmentent de jour en jour, où les attentes thérapeutiques sont plus exigeantes, où se développent des pathologies beaucoup plus complexes qui deviennent peu à peu chroniques et nécessitent une gestion dans la durée. La filière des industries de santé analysée dans le cadre du CEP rassemble environ 175 000 salariés en 2009 pour un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards d’euros (hors exports). Même si la majorité des effectifs sont rattachés au secteur du médicament à usage humain avec 106 600 salariés en 2009, les autres secteurs occupent également une part significative de salariés : le secteur du médicament vétérinaire emploie 6600 salariés, le secteur des dispositifs médicaux et technologies médicales 29 800 et le secteur du diagnostic in vitro 15 200. En plus, environ 16 700 salariés travaillent pour des secteurs annexes tels que l’optique, le dentaire… Les industries de santé constituent ainsi une part très significative de l'industrie manufacturière française représentant 1/20ème des effectifs. Les industries de santé sont collectivement positionnées sur l'ensemble des activités de la filière : de la recherche en amont à la distribution en aval, elles présentent un poids élevé de la fonction R&D (du fait de la forte mobilisation des entreprises sur l'innovation), une part importante de salariés dans la fonction commercialisation (du fait de l'intégration au sein des groupes de cette activité), même si la famille production rassemble les effectifs les plus élevés (montrant que la désindustrialisation qui a touché certains autres secteurs n’a pas eu lieu). Cependant, même si la filière des industries de santé est une des rares filières industrielles à avoir connu une croissance régulière de l’emploi au cours des 15 dernières années (environ+2% par an entre 1995 et 2002), les effectifs se sont stabilisés depuis 2002 à environ +1% par an, pour finalement diminuer depuis 2007 (~-1% entre 2007 et 2009). En effet, un certain nombre de facteurs d’évolution ont eu un impact plutôt négatif sur l’attractivité de la France pour les industries de santé et donc sur les emplois. Malgré la croissance de la demande domestique et l’essor des exports, ces industries ont été assez fortement affectées ces dix dernières années par la pression sur les coûts de santé, le renforcement des contraintes réglementaires, la pénétration des produits banalisés (génériques, « me-too3 ») et le rééquilibrage des activités dans un monde globalisé où les perspectives de marché deviennent plus attractives au sein des pays émergents.
3 On appelle « me too product » des produits proches de produits existants. Dans le médicament, il s’agit de molécules appartenant à une classe thérapeutique déjà connue et commercialisée.
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Les acteurs des industries de santé ont ainsi eu tendance à développer des stratégies présentant un impact négatif plus ou moins fort sur l’emploi des différentes familles de métier en France. En effet, les stratégies d’internationalisation via l’export ont particulièrement profité aux activités de production; le développement de produits à forte croissance tels que le vaccin, les dispositifs médicaux « high tech » ou le théranostic4 ont significativement profité aux activités de R&D. Cependant la pression sur les coûts et les aspects réglementaires concomitants du développement des marchés émergents ont conduit à des stratégies de rationalisation des coûts, d’externalisation de certaines activités (production, développement clinique, fonctions support) et à des transferts d’une partie des activités des pays matures vers les pays émergents. Ces récentes stratégies ont légèrement pénalisé l’ensemble des familles de métier des industries de santé, de manière différenciée selon les secteurs. La France dispose d’importants atouts favorables aux acteurs des industries de santé (un des principaux marchés mondiaux, un outil de production performant et garant de la qualité des fabrications, des champions nationaux dans chaque secteur et d’importants outils d’aide à la recherche, des formations reconnues), mais pâtit encore d’un manque de coordination entre chercheurs du public et industriels (malgré les récentes créations d’alliances telles qu’ARIIS ou AVIESAN5) et du renforcement des contraintes réglementaires et administratives, freinant parfois l’accès à l’innovation et le développement d’activités de recherche et de production dans les biotechnologies. Ainsi certains métiers ont été en diminution d’effectifs tels que les délégués médicaux (en raison notamment de la pression réglementaire sur la promotion et de l’arrivée à échéance de nombreux brevets notamment), les opérateurs de production (lié à l’automatisation des lignes de production et à la surcapacité générale) et les métiers du développement préclinique6 et clinique (lié au recul pris de la France sur ces activités désormais très internationalisées). De nombreux métiers sont en transformation pour accompagner les mutations de l’environnement, c’est le cas par exemple des métiers des affaires réglementaires et de la qualité (du fait du renforcement de la réglementation sur les produits de santé) ou les métiers de vigilance sanitaire (récents scandales : Mediator® et prothèses PIP). Enfin, certains métiers sont en émergence tels que les responsables grands comptes (du fait de la concentration des clients) ou les responsables des associations de patients (en raison du renforcement de la place du patient dans les décisions de santé). L’enjeu de la présente étude est donc de s’appuyer sur la réalisation d’un état des lieux économique et social pour envisager l’évolution à horizon 2015 et même 2020 en termes d’activité industrielle, d’emploi et de métiers/compétences et définir des recommandations d’accompagnement.
4 Combinaison des mots « thérapeutique » et « diagnostic » montrant le lien de plus en plus fort entre le choix d’un traitement donné et l’utilisation d’un test diagnostique pour adapter ledit traitement aux caractéristiques du patient (cf. médecine personnalisée). 5 ARIIS : Alliance pour la Recherche et l’Innovation dans les Industries de Santé. AVIESAN : Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé 6 On appelle préclinique les tests réalisés in vitro (sur des cellules) ou sur l’animal avant les essais sur l’homme qui constituent les phases dites cliniques et se décomposent entre les Phases I, II et III avant d’obtenir l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) et parfois des Phases IV (après commercialisation) pour évaluer l’utilisation « en vraie grandeur » des médicaments.
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1.4.1 Médicament à usage humain
L’industrie pharmaceutique française a été, et reste, une des premières du monde du fait de la taille du marché domestique (deuxième marché européen derrière l’Allemagne), de l’existence de champions nationaux (Sanofi au sein du top 5 mondial), de son tissu industriel (top 3 des producteurs européen de médicaments, 50Mds€ de chiffre d’affaires réalisé en 2010 dont 47% à l’export) et de sa capacité d’innovation (un des premiers secteurs français en termes de dépenses R&D représentant 12,5% du CA). La France détient les plus forts effectifs européens avec 106 600 salariés en 2009, mais connaît depuis 2007 une légère décroissance de ses effectifs d’environ - 1.3% par an. En effet, bien que soutenue par la croissance du marché domestique et de l’export, les laboratoires présents en France ont fortement souffert de la pression sur les dépenses de santé et les coûts et du renforcement des contraintes réglementaires et administratives (par exemple concernant les autorisations de mise sur le marché), sans pour autant bénéficier de la croissance de l’activité des pays émergents, l’activité étant créée au plus près de ces marchés. Ces impacts ont poussé les sociétés présentes sur le territoire à développer des stratégies d’internationalisation et de réduction de coûts ayant eu un impact plutôt négatif sur l’emploi en France. Les métiers de visiteurs médicaux (médecins généralistes, spécialistes ou hospitaliers) ont été très durement touchés par la réglementation sur la réduction de la promotion du médicament et l’arrivée à échéance de nombreux brevets (passage d’environ 23 000 cartes7 à 18 500 entre 2005 et 2010). Le renforcement réglementaire et la recherche de productivité ont transformé ou fait émerger de nouveaux métiers dans le domaine réglementaire, du contrôle / assurance qualité, de la maintenance, du pilotage de procédés, etc.
1.4.2 Médicament vétérinaire
La France présente une forte attractivité de par la taille de son marché domestique (premier marché européen et dans le top 5 mondial), l’existence de plusieurs champions nationaux (Merial, Virbac, Ceva, Vetoquinol) et son large tissu industriel (première place européenne en termes de chiffre d’affaires réalisé par les acteurs 2,2 Mds€ de chiffre d’affaires réalisés par les acteurs implantés en France dont 1,4 Md € pour l’exportation). La France détient les plus forts effectifs européens avec 6 600 salariés en 2009, mais connaît depuis 2006 une légère décroissance de ses effectifs d’environ -1% par an. En effet, l’emploi a profité de l’essor de la demande du segment des animaux de compagnie, des pays émergents et des vaccins, mais a souffert de l’essoufflement de la demande domestique et de la pression sur les coûts. Peu de métiers sont fortement à risque, même si les opérateurs de production sont menacés par les stratégies de gain de productivité via de l’automatisation. Les métiers de ventes évoluent face à la concentration des cabinets vétérinaires et au développement de nouveaux services offerts aux vétérinaires (marketing, aide à la gestion,…).
7 Le métier étant très fortement réglementé, chaque délégué est détenteur d’une carte professionnelle attestant de sa formation scientifique et réglementaire et de ses compétences.
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Enfin, face au renforcement réglementaire (notamment pour l’application des Bonnes Pratiques de Fabrication), les métiers de contrôle et de l’assurance qualité sont en émergence ainsi que ceux des affaires réglementaires et de la pharmacovigilance.
1.4.3 Dispositifs médicaux et technologies médicales
La France est un acteur majeur des dispositifs médicaux & technologies médicales au niveau mondial en termes de taille de marché (2eme marché mondial en consommation) et de chiffre d’affaires réalisés par les acteurs du territoire (5eme pays mondial en termes de CA réalisé par les industriels du secteur derrière les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon et la Suisse). Le secteur, rassemblant environ 29 800 salariés en 2009, est caractérisé par une part prépondérante d’activité, de niveau technologique faible ou moyen (« low tech » et « medium tech ») au sens de la classification de l’OCDE car plus de 50% des sites et des effectifs nationaux sont positionnés sur ces activités, potentiellement menacées par la concurrence de pays à moindres coûts. Le secteur en France a ainsi été fortement marqué ces 10 dernières années par l’augmentation de la pression sur les prix et le renforcement de la réglementation. Ces pressions ont poussé les acteurs du secteur à s’internationaliser et à rationaliser les coûts en réallouant géographiquement certaines activités « low tech » en défaveur de la France. Les effectifs du secteur qui n’avaient cessé de croître, connaissent ainsi une légère décroissance depuis 2005 d’environ -1%/an et particulièrement sur des postes de production et de fonctions transverses liées aux stratégies d’optimisation des coûts. Les métiers en transformation et en émergence sont principalement sur des activités de commercialisation avec l’apparition de gestionnaires de comptes (Key Account Managers) et de techniciens de maintenance et de Service Après-Vente (SAV), face à la nécessité de se différencier du « low-tech » par un apport de valeur via les services.
1.4.4 Diagnostic in vitro
La France, deuxième marché européen du diagnostic in vitro apparaît comme un marché attractif où les acteurs du secteur et en particulier le français bioMérieux (7ème acteur mondial) continuent d’investir. Des groupes étrangers y ont d’ailleurs établi des filiales pour adresser le marché Français (Beckman Coulter, Bio-Rad ainsi que d’importants groupes pharmaceutiques tels que J&J, Roche, Bayer ou Abbott). Le secteur compte environ 15 200 salariés en progression jusqu'en 2004, date à laquelle s'est amorcé un clair retournement de tendance. Le secteur du diagnostic in vitro a en effet été fortement marqué par la hausse des exigences réglementaires et la pression exercée sur les prix remboursés. Ces évolutions ont poussé les acteurs du secteur à développer des stratégies de rationalisation des coûts et de rééquilibrage des ressources dans le monde dont l’impact négatif a commencé à se traduire sur l’emploi des différentes fonctions. Les métiers à risque concernent essentiellement des postes de production de faible qualification en raison du renforcement de l’automatisation ; en revanche les métiers en transformation affectent des postes de commerciaux et techniciens de maintenance et de SAV face à la complexification des technologies de diagnostic in vitro et d’imagerie, et donc la nécessité d’accompagner les utilisateurs (laboratoires, hôpitaux, cliniques). Enfin, de nouveaux métiers émergent sur les problématiques réglementaires et qualité face au renforcement des exigences des Autorités.
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1.5 Synthèse de l’analyse prospective national : quelles mutations pour 2015/
2020 ?
De toute évidence, les mutations pesant sur les industries de santé sont parties pour s’accentuer, et de nouveaux enjeux apparaissent. Mutations tenant à la fois à une évolution du modèle de l’innovation, au durcissement des politiques publiques de pression sur les prix et remboursements et sur les contrôles sanitaires, à l’évolution des marchés, notamment l’envol des biotechnologies, la pénétration des médicaments génériques et la problématique posée par la place grandissante de marchés émergents potentiellement concurrents. C’est pourquoi il a été décidé de baser les hypothèses d’avenir sur deux scénarios différents : le scénario « contraint » poursuit donc la tendance actuelle conduisant à une désindustrialisation en France du secteur du médicament à usage humain, notamment ; le scénario « volontariste » part du principe que les entreprises des industries de santé prendront leurs responsabilités en développant des stratégies de renforcement de leur implantation hexagonale et accompagner les salariés, tout en s’appuyant sur des mesures de soutien des pouvoirs publics en faveur de l’attractivité et de la compétitivité du pays pour la filière. Ainsi, chaque grande famille de métier, R&D, production et commercialisation, fait l’objet de prévisions spécifiques, à la fois en termes d’effectifs et d’évolution des compétences et des métiers. L’éventail des pertes d’effectifs va de 41 000 postes à 2020 dans un scénario contraint, à 5 200 dans le cadre d’un scénario volontariste.
Quelles mutations de la filière et du secteur à horizon 2015/2020 ?
Une pression renforcée sur les prix, un renforcement des contrôles sanitaires et de la réglementation en France, un marché mondial tourné vers les pays émergents tendant à concentrer l’attention et les nouveaux investissements, une évolution du modèle de l’innovation, notamment vers les biotechnologies… Le mouvement constaté depuis une dizaine d’années dans l’industrie du médicament et l’ensemble des industries de santé ne fera que s’accentuer dans un proche avenir.
Principales mutations à attendre sur les industries de santé en termes de…
Source : analyses Arthur D. Little
Renforcement de la pression sur les prix et sur la prise en charge par la collectivité
Modification du regard porté par la société (patients, consommateurs) sur les industries de santé suite aux récentes crises sanitaires
Développement de la demande pour des offres de services (prévention, coaching, suivi,…) incluant une gestion intégrée des soins
Renforcement de la pénétration des produits banalisés / génériques
Renforcement de l’implantation vers les pays émergents (forte croissance de marché et montée en compétence)
Redistribution de la localisation de la valeur ajoutée de la R&D en fonction de la qualité des maillages (public/privé)
… réglementation
Renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé en général
Renforcement des exigences règlementaires dans le sens d’une convergence européenne au sein de l’Union
Mais , parallèlement, régionalisation accrue des instances de régulation : Agences Régionales de Santé (ARS), centrales d’achats autour des CHU, …
Renforcement des problématiques de développement durable
Evolution des modèles organisationnels de la R&D
Développement de la médecine personnalisée et de l’organisation des soins plaçant le patient au centre du dispositif
Développement du théranostic combinant test diagnostic et thérapie
Renforcement de la lutte contre la contrefaçon et de la traçabilité (valorisation du « made in Europe »)
Développement de l’e-santé (téléconsultation, télémonitoring, etc.)
… technologie / innovation
…demande … concurrence
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Renforcement de la pression sur les prix et sur la prise en charge par la collectivité, et de la
pénétration des génériques
Avec la problématique grandissante de réduction des déficits publics, l’encadrement des dépenses de santé va se poursuivre en France dans les prochaines années. Cela devrait continuer à se traduire principalement par des baisses de prix directes mais aussi via la pénétration des génériques, des baisses de remboursement, voire à des vagues de déremboursements Et des transferts d’une partie des coûts vers les complémentaires santé.
Pays d’origine de la fabrication secondaire des génériques commercialisés en France- 2005-2015e -
20%
Source: Gemme, 2005 and 2008
38%41% 50%
50%
2008
5%
54%
2005
3%
59%
Europe (hors France)
Reste du Monde
2015e
France
Hypothèse Arthur D. Little
Ces éléments continueront à pousser les
acteurs traditionnels du secteur à rechercher
des solutions de production à moindre coût :
optimisation des lignes de production,
automatisation des lignes à forte cadence,
programmes de Lean Management (voir
encadré page…). Les génériques à très bas
prix pourraient accentuer l’externalisation,
voire des délocalisations vers des pays à
moindre coût de production, comme ceci
s’est déjà produit sur la production de
principes actifs.
Renforcement de l’implantation dans les pays émergents (en s’appuyant sur la forte
croissance de ces marchés et la montée en compétence des personnels autochtones)
Les acteurs du secteur devraient de plus en plus s’implanter à proximité des marchés attractifs que constituent les pays émergents d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et surtout des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) pour faciliter leur accès à ces marchés en forte croissance et optimiser les coûts de production dans ces pays où le coût de la main d’œuvre directe est moindre, sachant que nos principaux clients à l’exportation – Europe occidentale, Etats-Unis, sont des marchés importants mais à croissance faible. Ces pays émergents connaissent également une forte montée en compétences et en particulier sur les études cliniques de phases III avec la percée des pays de l’Europe de l’Est, de l’Amérique Latine et de l’Asie proposant une meilleure vitesse de recrutement des patients8 et des cohortes plus larges de patients plus « naïfs9 ». Toutefois, la France détient encore une avance compétitive sur les études cliniques amont nécessitant des infrastructures (phases I et II), avance qu’il faudra conforter. En effet, le lien entre développement clinique et fabrication a tendance à se renforcer (en particulier, dans le cas des médicaments biologiques), et il convient de considérer conjointement la R&D et la production et non plus de manière séparée comme par le passé, si l’on souhaite maintenir une production en France.
8 En particulier, en raison d’un forte concentration des patients au sein de très grands hôpitaux situés dans les métropoles les plus peuplées à l’inverse d’un modèle français encore marqué par l’éparpillement de la prise en charge délocalisée dans chaque chef-lieu de canton.
9 On appelle patients naïfs des patients n’ayant pas reçu d’autre traitement.
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Renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé
Autre tendance irréversible sur notre sol, le renforcement des normes en faveur d’une meilleure sécurité sanitaire va notamment pousser les acteurs du secteur à allouer des ressources aux études post-AMM, afin de sécuriser la place des produits, tout au long de leur « vraie vie ». Les industriels du médicament passeront ainsi de plus en plus d’une focalisation sur l’accès au marché vers une posture de défense et de maintien sur le marché.
Évolution des modèles d’organisation de la R&D et de l’innovation
Quant à la recherche, qui constitue l’un des facteurs d’excellence de notre territoire, elle continuera son mouvement de mutation, incontournable pour relancer l’innovation, avec une recherche d’expertises externes, via les start-up et PME, notamment dans le domaine des biotechnologies, et une politique de partenariats public-privé. Les grands centres de recherche des années 1990 continuent de muter vers des unités de recherche plus petites spécialisées par domaines thérapeutiques qui seront localisées dans les écosystèmes favorables (collectivités partenaires, universités…) et au plus près des marchés de destination, notamment dans une perspective de médecine personnalisée. La R&D étant un processus toujours plus risqué et coûteux, la question de la productivité dans cette activité se pose de façon de plus en plus critique.
Développement de la médecine personnalisée et de l’organisation des soins plaçant le patient
au centre du dispositif et du théranostic
Le développement de la médecine personnalisée constitue une des principales voies d’évolution des thérapeutiques. Le concept se fonde sur le fait que le même médicament peut provoquer des réactions différentes selon les patients, et pour un patient donné, certains médicaments fonctionnent et d’autres non. Il est désormais possible de personnaliser certains traitements (oncologie par exemple), c’est-à-dire de n’administrer un médicament qu’aux patients qui en tireront bénéfice10. L’impact de cette nouvelle approche sera considérable dans certains domaines: une efficacité accrue, moins d’effets secondaires, et moins de temps et de ressources utilisés inutilement pour un traitement inopérant.
Le théranostic, combinant test diagnostic et thérapie, devrait également significativement se développer car il permet d’apporter des approches thérapeutiques plus ciblées, moins onéreuses et plus rapides. En effet, le traitement est mieux adapté à chaque patient et le dosage médicamenteux plus approprié impliquant une diminution des prescriptions inutiles, ce qui garantira à terme un meilleur rapport bénéfice/risque et une optimisation des dépenses de santé.
10 Cette personnalisation s’appuie sur des biomarqueurs (cliniques, génétiques, …) qui permettent de segmenter les
patients et donc de tests le plus souvent spécifiques (appelés tests compagnons car ils sont liés à l’utilisation ou non d’un
médicament précis ou d’une classe de médicaments).
14
2. Volet territorial : Centre-Normandie(s)
2.1 Données clés : Portait synthétique économique et social de la filière sur le
territoire
Une majorité d’entreprises dans le médicament à usage humain et dans une moindre mesure
dans les dispositifs médicaux, et une forte présence des sous-traitants de production
pharmaceutique (~40% des sites du territoire)
Le territoire Centre-Normandie(s) accueille plus d’une centaine de sites sur l’ensemble des
industries de santé, dont environ :
60 du secteur des médicaments à usage humain
30 du secteur des dispositifs médicaux et technologies médicales
5 du secteur des médicaments vétérinaires
2 du secteur du diagnostic in-vitro
Une présence des entreprises sur tout le territoire mais une concentration de l’emploi en
région Centre
Sur la centaine de sites, la majorité se trouve en région Centre :
Environ 20 sites en Basse-Normandie
Environ 30 sites en Haute-Normandie
Environ 60 sites en région Centre
15
La troisième région française des industries de santé en termes d’effectifs après l’Ile-de-
France et Rhône-Alpes, avec près de 21 000 salariés
Ces sites représentent 20 800 emplois en 2009, soit 15% des emplois nationaux (3ème région en
termes d’effectifs salariés) :
Le secteur des médicaments à usage humain compte environ 16 500 salariés (soit 15%
des effectifs français)
Le secteur des dispositifs médicaux et technologies médicales compte environ 2 100
salariés (soit 7% des effectifs français)
Le secteur des médicaments vétérinaires compte environ 300 salariés (soit 4% des
effectifs français)
Le secteur du diagnostic in-vitro compte environ 300 salariés (soit 2% des effectifs
français)
Un territoire principalement de production
Les effectifs sont concentrés dans le secteur de la production :
67% des effectifs occupent des emplois de production (36% au niveau national)
13% des effectifs occupent des emplois de R&D (18% au niveau national)
8% des effectifs occupent des emplois de commercialisation et diffusion (30% au niveau
national)
Une dynamique de recrutement plus forte qu’au niveau national
Les effectifs régionaux des industries de santé se sont accrus d’environ 1 000 postes entre 2002
et 2009 au lieu d’une stabilisation des effectifs au niveau national :
+0.8%/an entre 2002 et 2005 (+1% au niveau national)
+0.5%/an entre 2005 et 2009 (0% au niveau national)
16
Une population plus masculine et moins qualifiée qu’au niveau national
les femmes représentent 48 % des effectifs des Industries de Santé en région Centre/
Normandie contre 53 % au national
les techniciens et ouvriers représentent 73 % des effectifs de la région ; 36 % d’ouvriers
contre 18% au niveau national
2.2 Etat des lieux économique : un territoire attractif, qui doit toutefois faire face
aux mutations de l’environnement
La démarche adoptée dans le CEP a consisté à analyser les caractéristiques des entreprises des
industries de santé implantées sur le territoire (cartographie, atouts et faiblesses par rapport aux
secteurs en croissance) et les profils démographiques du territoire pour analyser les évolutions
sur l’emploi en termes quantitatifs et qualitatifs et définir des leviers d’action afin de faire face
aux modifications de l’environnement.
2.2.1 Un territoire accueillant une part significative des implantations des industries de
santé au niveau français, en 3ème position après l’Ile-de-France et Rhône-Alpes
Le territoire Centre-Normandie(s) accueille plus d’une centaine de sites sur l’ensemble des
industries de santé, dont environ 20 en Basse-Normandie, 30 en Haute-Normandie et 60 en
région Centre.
Figure 1 : Implantation des industries de santé en nombre de sites par région de France
Implantations des industries de santé - Nombre de sites; 2011; France -
Picardie
LorraineChampagne-
ArdenneBretagne
Bourgogne
Auvergne
Rhône Alpes
Aquitaine
Languedoc -Roussillon Provence-
Alpes-Côte d‘Azur
Poitou-Charentes
Midi-Pyrenees
Limousin
Ile de France
Franche-compté
Nord -Pas-de-Calais
Paris
Toulouse
Marseille
Bordeaux
Limoges
Nice
Clermont-Ferrand Lyon
Grenoble
Metz
Strass-bourg
Amiens
Montpellier
Dijon
Besancon
Châlons-sur-Marne
Lille
Nancy
Calais
Centre
Haute NormandieBasse
Normandie
Pays de la Loire
Poitlers
Nantes
Orleans
Rouen
Caen
Rennes
Nombre de sites par région
De 0 à 10
De 10 à 25
De 25 à 50
De 50 à 100
De 100 à 500
+ de 500
Source : FEFIS – Livre Blanc
17
Figure 2 : Poids du territoire Centre-Normandie(s) en France dans industries de santé
Centre-Normandie(s)
France hors Centre-Normandie(s)
7
4%96%
15
2%
98%
30
7%
93%
107
15%
85%
Médicament à usage humain
Dispositifs médicaux & technologies médicales
Diagnostic in-vitro
Médicament vétérinaire
Poids du territoire Centre-Normandie(s) en France dans les industries de santé - 2009; Milliers de salariés; Centre-Normandie(s) vs France -
Sources : INSEE, LEEM, SIMV, SNITEM, SFRL, OPCA, traitements BPI, analyses Arthur D.Little Remarque : Forces de promotion ou de vente parfois non-incluses dans les effectifs Centre-Normandie(s), car souvent rattachées au siège de l’entreprise
La présente étude concentre les analyses de l’état des lieux économique et social sur les secteurs
du médicament à usage humain et des dispositifs médicaux et technologies médicales,
représentant plus de 95% des effectifs du territoire sur les industries de santé.
Des clusters et associations industrielles attractifs et au rayonnement européen
Le territoire bénéficie de trois clusters et associations industrielles régionales majeures :
Polepharma, le cluster interrégional de production pharmaceutique avec un ancrage
historique à Dreux en Eure-et-Loir,
la Technopole CBS11, trait d’union entre Recherche & Industrie en Haute-Normandie,
le GREPIC, Groupement Régional des Etablissements Pharmaceutiques Industriels du
Centre.
L’alliance de ces trois clusters et associations industrielles a notamment permis de créer la
Pharmavalley, premier bassin européen de développement et de production pharmaceutique.
Ce bassin représente12 :
La moitié de la production nationale de médicaments à usage humain,
60% des effectifs des sites de production implantés en France,
850 millions d’euros d’investissement réalisés ou décidés dans les 3 dernières années,
400 formations ciblées, du Bac pro au Doctorat,
11 Technopole Chimie, Biologie, Santé 12 Source : Site Pharmavalley
18
2,5 milliards d’euros d’excédent commercial et 2 milliards d’euros de valeur ajoutée en
2006 pour les seuls laboratoires de production pharmaceutique.
Des CHU13 et les CLCC14 capables de participer au développement clinique
Les Centres Hospitalo-Universitaires du territoire tels que le CHU de Rouen (Haute
Normandie), Tours (Centre) et Caen (Basse Normandie) auxquels s’ajoute le CHRU d’Orléans,
contribuent également à soutenir la recherche.
De nombreux projets Investissements d’Avenir dédiés à la santé
Les trois régions ont également démontré la force de leur engagement dans la recherche au
travers de leurs nombreux projets Investissements d’Avenir sur les thématiques de santé.
2.2.2 Médicament à usage humain : un territoire bénéficiant de la présence de nombreux
sites de groupes internationaux et de façonniers majeurs
Le territoire a su attirer de nombreux sites et notamment des acteurs majeurs de l’industrie et
centres mondiaux de recherche et développement tels que J&J (Consumer Health & Cosmetic,
oncologie et maladies infectieuses) et Sanofi (Vaccins) à Val-de-Reuil, Servier à Orléans et Gidy,
Pfizer, GSK, Novo Nordisk, Boiron.
Figure 3 : Implantations des principaux sites de médicament à usage humain en Centre-Normandie(s)
Source : LEEM; OPCA; Traitements BPI; Analyses Arthur D. Little *: A Amilly, Fareva a repris le site Clintec de Baxter, mais n’y conditionne plus de médicaments mais de l’huile d’olive.
Implantations des principaux sites de médicament à usage humain- Centre-Normandie(s) -
Orne (61) :• Famar – L’Aigle• Thépenier – St Langis
Calvados (14) :• Fareva - Hérouville• MSD (SP) – Hérouville• Gilbert – Hérouville• Sanofi – Lisieux• Nestle – Creully• Cyclopharma – Hérouville• Farmaclair – Hérouville
Seine Maritime (76) :• GlaxoSmithKline - N.D de Bondeville• Sanofi - Le Trait• Ethypharm – Grand Quevilly• Boiron - Bois-Guillaume• MF Production – Maronne
Eure et Loir (28) :• Ipsen – Dreux • Sophartex - Vernouillet• Ethypharm - Châteauneuf• Novo-Nordisk - Chartres• Leo Pharma - Vernouillet• Norgine – Dreux• Famar – St Rémy sur Avre• Expanscience – Eprenon
Indre et Loire (37) :• Pfizer - Amboise• Sanofi – Tours• Recipharm - Monts• Delpharm - Tours • Boiron - Tours• Chemineau - Vouvray
Loiret (45) :• Famar – Orléans• 3M – Pithiviers• Pierre-Fabre – Gien• Sanofi – Amilly• Merck-Serono - Semoy • Servier – Gidy• Servier - Orléans• Boiron - Orléans ( Tours)• Parexel – Fleury les Aubrais
Eure (27) :• GlaxoSmithKline – Evreux• J&J (Janssen Cilag) – Val de Reuil• Sanofi-Pasteur – Val de Reuil• Delpharm - Evreux• Fareva (Valdepharm) – Val de Reuil• Lafran – Evreux• CIT – Evreux
Manche (50) :• Unither - Coutances
13 CHU : Centre Hospitalier Universitaire. Ils sont au nombre de 29, auxquels il faut ajouter 3 CHRU à La Réunion Metz-Thionville et Orléans. 14 CLCC : Centre de Lutte Contre le Cancer. Ils sont au nombre de 20.
19
Atouts : un positionnement très fort du territoire sur la production traditionnelle
Grâce à la présence de ces acteurs majeurs ayant déployé d’importants sites de production sur le
territoire, ce dernier profite d’un positionnement très fort sur la production dite traditionnelle
(petites molécules chimiques), la région Centre étant notamment la première région française sur
ce domaine devant l’Ile-de-France, et la région Haute-Normandie 5ème.
Le territoire est d’ailleurs caractérisé par une part importante de sites de sous-traitants de
production pharmaceutique (~40% des sites du territoire) tels que Fareva, Famar, Delpharm ou
Ethypharm, et particulièrement en Basse-Normandie de par la présence de Famar, Fareva et
Unither.
Cette part importante de sous-traitants de production s’explique, en grande partie, par la forte
croissance de la part des produits banalisés (génériques) dans les ventes, ce qui a fortement
perturbé le « business model » et la rentabilité des laboratoires traditionnels, les forçant à
développer des solutions de production à moindre coût (externalisation, automatisation, …).
De plus, la baisse des volumes de certains médicaments vedettes (blockbusters) à destination du
marché domestique ou des exports a incité les laboratoires à externaliser une part de leur
production.
Ainsi les sous-traitants sont progressivement arrivés sur le territoire par transferts de sites tels
que la cession du site Novartis d’Orléans à Famar, du site McNeil15 d’Orléans à Famar ou du site
GSK d’Hérouville Saint Clair à Fareva.
Le recours à la sous-traitance de la production est accru de par la pression internationale sur les
coûts de revient comme en témoigne la présence des principaux acteurs sur le territoire (Fareva,
Famar, Delpharm, Unither, Sophartex, Ethypharm,…). Les unités de production tendent à se
recentrer sur des activités à plus haute valeur ajoutée et à mettre en place des méthodes
d’optimisation de la production telles que le lean management ou Six-Sigma, se traduisant
notamment par de l’automatisation. Cependant, ce mouvement de concentration atteint ses
limites puisque certains sites ne trouvent plus de repreneurs.
Au-delà de la production traditionnelle, le territoire a également su développer la production
biologique16 avec la présence notamment de Novo Nordisk à Chartres (insuline), Leo à
Vernouillet (héparine), Sanofi au Trait (héparine, insuline), ainsi que Sanofi à Val de Reuil
(vaccins).
15 Division de produits sans ordonnance du groupe pharmaceutique Américain Johnson & Johnson
16 En dehors des vaccins pour lesquels les antigènes sont produits sur place, il s’agit que de production secondaire, c’est-à-dire que les principes actifs
ne sont pas synthétisés sur place.
20
Toutefois, les trois régions accusent un certain retard sur le secteur croissant des
biotechnologies, se positionnant au-delà du 10ème rang sur le classement des régions françaises en
bioproduction.
Menaces : une production pharmaceutique française fortement affectée par la pression sur
les coûts
La production pharmaceutique française est soutenue par la demande domestique
(vieillissement de la population; intensification des politiques de dépistages, développement de
maladies chroniques et liées à l’âge, etc.) et la croissance des exportations (nouveaux marchés
très dynamiques en Europe de l’Est, Moyen-Orient, Amérique du Sud et Asie du fait de la
croissance de la population, de l’organisation des systèmes de santé, de l’apparition
d’infrastructures, etc.).
Toutefois, les sites de production du territoire sont de plus en plus soumis aux conséquences de :
La pression sur les prix : volonté croissante des Etats (et en particulier de la France) de
réduire leurs déficits publics et notamment leurs dépenses de santé via la mise en place de
mesures d’encadrement des dépenses (déremboursement, modération des prescriptions,
baisse des tarifs des actes, mise en place du parcours de soins, etc.),
Le renforcement réglementaire vers une convergence européenne : renforcement du
contrôle / assurance qualité, nouvelle réglementation sur la traçabilité imposant
l'impression d'un code Datamatrix sur les médicaments vendus en France (coût pour la
profession estimé entre 25 à 30 M€),
La pénétration des produits génériques avec la remise en cause du modèle dit du
blockbuster, à la suite de la perte des brevets : forte pression sur les coûts et
développement de la concurrence avec les pays producteurs à moindre coûts,
La volonté croissante des pays émergents de produire localement leurs médicaments
pour favoriser le transfert de compétences : impact négatif sur les exportations, risque de
délocalisation.
Face à ces différentes menaces, certains sites du territoire présentent des difficultés (surcapacité
de production, arrêt de certaines activités…) et se trouvent dans des situations de risque.
21
Leviers d’amélioration et relais de croissance pour les entreprises du territoire
Pour maintenir le développement économique du secteur sur le territoire et soutenir l’emploi,
plusieurs actions pourraient être envisagées :
o Renforcement du soutien de la production traditionnelle sur le territoire :
Favoriser le développement de l’export : renforcement des actions de soutien
permettant l’augmentation des capacités de production en France,
Communiquer sur la compétitivité de l’outil de production du territoire (au niveau
qualitatif et sur son niveau de productivité),
Valoriser le « made in Europe» et la lutte contre la contrefaçon / falsification,
Renforcer la concentration et la professionnalisation des sous-traitants de
production grâce à la généralisation de l’application de la clause Bolar-like issue
du CSIS 2009 (permettre aux façonniers de préparer et stocker sur le territoire
français des lots de production de génériques avant l'expiration du brevet du
princeps de référence, car cela est possible dans d’autres pays européens, qui
détenaient ainsi un important avantage compétitif).
o Développement de la bioproduction :
Favoriser le transfert de la R&D vers la production,
Renforcer le lien entre les différents pôles de compétitivité / clusters,
Favoriser le développement des biosimilaires chez les façonniers (aide à
l’investissement).
o Développement de passerelles avec des secteurs connexes :
Favoriser les synergies avec le secteur cosmétique très présent sur le territoire
(particulièrement au sein de la région Centre) via le pôle de compétitivité
Cosmetic Valley englobant sept départements répartis sur trois régions : Centre
(Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Loiret, Loir-et-Cher), Ile-de-France (Yvelines, Val
d'Oise) et Haute- Normandie (Eure).
2.2.3 Dispositifs médicaux : un territoire marqué par la présence d’importants sites de
groupes internationaux et d’une multitude de PME / TPE
Le territoire Centre-Normandie(s) a su attirer des filiales de grands groupes internationaux tels
que B. Braun, J&J, Fresenius, Stryker ou Maquet qui y ont principalement développé des sites de
production mais également de commercialisation pour servir le marché français, et, dans une
moindre mesure des unités de recherche.
22
Figure 9 : Implantations des principaux sites de dispositifs médicaux et technologies médicales en Centre-
Normandie(s)
Atouts - Un positionnement fort du territoire sur deux secteurs en croissance : les implants
non actifs et le matériel à usage unique
Le secteur des dispositifs médicaux et technologies médicales rassemble un très grand nombre de
produits regroupés en plusieurs classes dont l’OCDE a défini un niveau technologique plus ou
moins élevé en fonction de l’intensité des dépenses R&D par rapport au chiffre d’affaires généré.
Parmi ces différentes classes de produits, le territoire Centre-Normandie(s) a développé une forte
expertise sur les prothèses et instruments orthopédiques (classe des implants non actifs) et sur la
classe du matériel à usage unique.
Au-delà de ces deux principales classes de dispositifs, les entreprises du territoire sont
notamment présentes sur les aides techniques (Invacare, en région Centre) et les dispositifs
d’éclairages de blocs opératoires (Maquet, en région Centre).
Implantations des principaux sites de dispositifs médicaux
-Centr
-Normandie(s)
-
Source : SNITEM; OPCA; Traitements BPI; Analyses Arthur Little
Calvados (14) :• Lisi Medica Orthopaedics– Herouville(rachat
de site de fabrication deStryker - prothèses et instruments orthopédiques)
• Stryker – Herouville( R&D implantsorthopédiques)- Fermeture
• Proteor– Herouville(prothèses et orthèses)
Seine Maritime (76) • Didacti – Octeville sur Mer(gants, injection)• Proteor– Rouen (prothèseset orthèses)
Eure et Loir(28) • B.Braun – Nogent Le Rotrou
(cathéter)• Ethicon – Auneau (sutures)-
Fermeture• Expanscienc – Epernon ( derm -
cosmétique)
Indr -et-Loire (37) • Invacar Poirier– Fondette (aides techniques)• Mediprem – Tours (biens d'équipements
médicaux destinés aux nouvea -nés
Loire (45) • Maquet– Orléans(éclairage bloc.
Opératoires)• Laboratoir Tetr – Saint-Cyr-en-Val
(matériel à usage unique)
Eure (27) • Freseniu Kabi – Louviers &Heudebouville
(solutionsinjectables et des dispositifsmédicaux)
Indre (36) • Fenwa - Lac
23
Menaces : des activités d’un niveau technologique moyen voire faible, potentiellement
menacées par la pression sur les coûts
Les entreprises du secteur présentes sur le territoire ont profité de la croissance de la demande
domestique portée par le vieillissement de la population, l’intensification des politiques de
dépistages (cancers du sein, du côlon, de la prostate,…), le développement de maladies
chroniques et liées à l’âge (cardio-vasculaires, neuro-dégénératives telles qu’Alzheimer,
Parkinson, mais aussi les cancers, le diabète de type II,..), l’amélioration des modes de
traitement, le développement de l’ambulatoire, etc.
Les entreprises du secteur ont aussi été tirées par la croissance des exports vers les pays
matures (Europe et Etats-Unis), mais également par la croissance de la demande des pays
émergents liée à une population fortement croissante (et vieillissante), à un changement de mode
de vie entraînant une plus forte incidence de certaines pathologies (maladies métaboliques telles
que le diabète, les facteurs de risques cardio-vasculaires, etc.) et impulsée par la volonté
gouvernementale d’étendre plus largement l’accès aux soins via les dispositifs médicaux. Cette
croissance a été favorable aux exportations françaises et donc, par ricochet, aux emplois du
territoire (surtout pour les acteurs disposant de sites et d’emplois de production).
En revanche le secteur a souffert de l’augmentation de la pression domestique sur les coûts
de santé remboursés (baisse importante des remboursements pour certains dispositifs,
modération des prescriptions, mise en place du parcours de soins, mise en place de la T2A17 à
l’hôpital, etc.) renforcée par la concurrence des pays à moindre coût de production (Chine, Inde
mais aussi Turquie et pays de l’Europe de l’Est…).
L’important tissu de PME/TPE historiquement présent en France est menacé par la
centralisation des achats et l’augmentation des volumes de produits inclus dans les appels
d’offres avec un risque de déréférencement des acteurs les moins performants (disposant de
faibles volumes donc de coûts élevés, en l’absence de différenciation marquée).
Le secteur des dispositifs médicaux est, lui aussi, fortement encadré et un renforcement de cette
réglementation a lieu dans le cadre de la convergence européenne. Le parcours administratif de
prise en charge des dispositifs médicaux par l'assurance maladie demeure long et difficile, et
limite de fait l’accès à l’innovation en France, en particulier pour les PME et TPE qui n’ont pas
toujours les capacités financières de soutenir cette innovation.
17 La Tarification à l'activité (T2A) est un mode de financement des établissements de santé français issu de la réforme hospitalière du plan Hôpital
2007, qui vise à médicaliser le financement tout en équilibrant l'allocation des ressources financières et en responsabilisant les acteurs de santé.
24
Face à ces menaces, les entreprises du secteur sur le territoire ont mis en place des stratégies de
rationalisation des coûts en développant des méthodes d’optimisation des coûts (Lean
Management, Six Sigma,…)18 alliées à un fort développement de l’automatisation ayant un
impact assez négatif sur les effectifs en production.
De plus, les acteurs ont mis en place des stratégies de réallocation géographique des activités
en fonction de leur niveau technologique. Ainsi, les acteurs ont plutôt eu tendance à délocaliser
leurs activités à faible niveau technologique dans les pays à bas coûts et, a contrario, ont
renforcé leurs activités sur des produits à forte valeur ajoutée autour des « clusters » de pays
matures ayant une position industrielle forte.
Or les activités à faible niveau technologique représentent environ 45% des effectifs du territoire,
moins de 15% étant sur des activités à haut niveau technologique.
Leviers d’amélioration et relais de croissance pour les entreprises du territoire : monter en
gamme pour éviter la concurrence avec les pays à bas coûts sur les produits à faible valeur
ajoutée
Pour maintenir le développement économique du secteur sur le territoire et soutenir l’emploi,
plusieurs actions pourraient être mises en place :
Favoriser l’innovation pour les produits de niveaux technologiques les plus faibles afin de
réaliser une montée en gamme technologique des produits et d’éviter ainsi la concurrence
avec les pays à bas coûts sur ces produits :
o Faciliter le recrutement d’ingénieurs et chercheurs sur le territoire pour remédier à
la problématique de manque d’attractivité du territoire,
o Faciliter les échanges et les synergies entre Public et Privé, mais également entre
industriels (intra et inter-secteurs) pour maximiser le développement de produits
innovants et à haute valeur ajoutée sur le territoire,
Renforcer le soutien à l’export pour aider les entreprises du secteur à augmenter leurs
volumes de production et donc leurs effectifs.
18 Le Lean Management et Six Sigma sont des méthodes d’amélioration continue utilisées pour l’amélioration des processus industriels puis étendus
à l’ensemble des processus d’une organisation.
25
2.3 État des lieux emplois et compétences
2.3.1 Synthèse des profils démographiques du territoire : la 3ème région en termes
d’effectifs salariés après l’Ile de France et Rhône-Alpes
La région Centre Normandie constitue la 3ème région de France en termes d’effectifs salariés du
secteur des industries de santé, après l’Ile-de-France et Rhône Alpes. En effet, les industries de
santé rassemblent 20 800 emplois dans les établissements de la région Centre Normandie(s) en
2009, soit 15% des emplois nationaux.
La région présente une spécialisation significative sur les médicaments à usage humain qui
représente 80% des emplois du secteur des industries de santé. Les autres secteurs sont sous
représentés par rapport au territoire national : les secteurs des médicaments à usage vétérinaire et
diagnostic in vitro comptent moins de 300 salariés chacun, tandis que le secteur des dispositifs
médicaux représente 7% du territoire national avec 2 100 salariés en 2009.
Des effectifs concentrés dans les activités de production de médicaments humains au sein
de grands groupes français et internationaux
La Région Centre Normandie(s) produit 40% de la production nationale. Ainsi, la production
représente 25% des effectifs nationaux, soutenue par la R&D qui représente 10% des effectifs
nationaux. Il s’agit principalement d’activités de production traditionnelle de faibles niveaux
technologiques, centrées sur des produits mâtures de médicaments à usage humain.
Cette caractéristique s’illustre également dans la répartition des effectifs de la Région par famille
de fonctions : 67% des effectifs occupent des métiers de production contre 36% au niveau
national ; 13% des effectifs sont rattachés à la R&D contre 18% au niveau national.
La commercialisation et diffusion de l’information ne représentent que 8% des effectifs contre
30% au niveau national.
Les données de 2010 sur l'emploi dans le secteur du médicament humain confirment dans les
grandes lignes ces résultats. Les effectifs de production dans la région Centre-Normandie y sont
estimés à 15 037 salariés hors « itinérants » (forces de promotion, dont les effectifs sont
généralement rattachés aux sièges sociaux) et 18 345 personnes en intégrant les itinérants, dont
47% en région Centre, 42.5% en Haute-Normandie et 10.5% en Basse-Normandie.
26
La famille production rassemblerait pour sa part 13 412 salariés (soit 73% des effectifs du
secteur sur le territoire), la famille R&D représente 819 salariés (soit 4.5% des effectifs du
secteur sur le territoire), tandis qu'on ne recense que 1635 salariés dans la famille
"Commercialisation et diffusion de l'information" (12.5% des effectifs) et 1 814 dans les
fonctions support et administratives (10% de l’emploi territorial sectoriel).
Le territoire est composé d’une majorité de sites de taille très importante (plus de 250 salariés),
rendant l’employabilité du territoire assez sensible aux éventuelles fermetures de sites. Ainsi, le
taux de concentration de l’emploi est de 84% dans les établissements de plus de 200 personnes
appartenant à des grands groupes étrangers, contre 73% au niveau national et 82% dans la
région Rhône Alpes. (Source Effectifs 2009 Source : Unistatis, Enquête Emploi, Données des Fédérations
Professionnelles, Traitement BPI)
Cependant, malgré une présence forte des laboratoires étrangers en région Centre, les LFI
(laboratoires français internationaux) représentent les premiers employeurs de la Région et
emploient plus de 50% des effectifs de la région Centre (Sanofi et Servier emploient en
production - hors R&D, services administratifs,... près de 18 % des effectifs de la filière soit
1500 personnes environ.
Les façonniers représentent pour leur part près de 17% des effectifs de la filière (et 25% des
entreprises de la filière).
27
Un territoire marqué par la présence d’importants sites de groupes internationaux et d’un
tissu dense de PME / TPE concernant les dispositifs médicaux
Les effectifs du secteur des dispositifs médicaux sont concentrés sur quelques ETI- Entreprises
de Taille Intermédiaires- (B.Braun, Ethicon, Fresenius,…), filiales de groupes étrangers.
Contrairement au secteur du médicament à usage humain, la trentaine de sites du secteur des
dispositifs médicaux sont majoritairement de petite à moyenne taille (inférieurs à 250 salariés).
En effet, environ 40% des sites sont des Très Petites Entreprises, TPE (moins de 20 salariés) et
environ 50% sont des PME (entre 21 et 250 salariés), les ETI (entre 250 et 5000 salariés) ne
représentant que 10% des sites.
Des emplois concentrés sur les axes de transports à destination de l’Ile de France
La région Centre Normandie(s) profite de la proximité de l’Ile de France dont elle constitue
l’arrière base. Ainsi, les effectifs sont essentiellement concentrés sur les régions Centre (47% des
effectifs) et Basse Normandie (41% des effectifs), qui profitent ainsi de la délocalisation des
activités de production de la région parisienne : les effectifs sont concentrés sur les axes de
transports les plus accessibles (Seine Maritime et Eure et Loir) au détriment des régions
maritimes (Manche).
2.3.2 Un renouvellement des populations amorcé
La part des salariés de plus de 50 ans est de 17% (contre 14% au niveau national). Le
renouvellement des compétences constitue donc un enjeu important et ce mouvement est déjà
entamé puisque la part des 26-35 ans est supérieure à la moyenne nationale (31% au lieu de
28%).
2.3.3 Une population d’ouvriers et de techniciens, masculine et peu diplômée
52% des effectifs de la région Centre Normandie(s) sont des hommes contre 47% en France.
Les techniciens et ouvriers représentent la part la plus importante des effectifs du territoire, soit
respectivement 36% et 37% des effectifs de la région Centre Normandie. De plus, les ouvriers
sont sur représentés par rapport à la représentation nationale : ils constituent 36% des effectifs de
la région Centre Normandie(s) contre 18% au niveau national, ce qui s’explique notamment par
la forte activité de production de ce bassin d’emploi.
28
46% de la population a un niveau de formation initiale inférieur au bac et seulement 6% de la
population a un niveau Bac +5 contre 18% au niveau national.
La montée du niveau de qualification des salariés de production constitue donc un enjeu majeur
pour conserver l’attractivité du territoire et rester le premier pôle européen de production avec
l’Ile de France.
A ce titre, de nombreuses actions de qualification du personnel de production sont réalisées par
les entreprises, qui consacrent en moyenne 3,8% de la masse salariale à la formation tout au long
de la vie des salariés (donnée nationale). Citons par exemple les démarches de développement
des compétences des salariés au travers des CQP (certificat de qualification professionnelle),
fortement utilisées sur le territoire.
Au regard de l’enquête INSEE et LEEM, il apparaît que la part des jeunes est plus importante
dans le diagnostic in vitro (12% au lieu de 8% dans les autres secteurs) mais la portée est à
relativiser compte tenu du faible poids du secteur diagnostic in vitro en Centre Normandie(s) ;
effectif inférieur à 300 personnes.
2.4 Synthèse des forces et faiblesses du territoire
Tendances régionales
Tendances nationales
MENACES
FORCES FAIBLESSES
OPPORTUNITES
Concentration des effectifs dans la production au sein
de grands groupes
Renouvellement offre dispositifs médicaux
Faible niveau de qualification
Concentration des effectifs sur les catégories d’ouvriers
et techniciens
Activités de production à faible valeur ajoutée
Importance de l’outil de production
Proximité de l’Île de France
Cosmetic ValleyValorisation made in France
Croissance du marché domestique
Maintien du high tech dans les pays matures
Bio production
E santé
Présence des grands acteurs du secteur
Présence de clusters et groupements régionaux
Implantation CHU et CLCC
Déremboursement croissant des produits de santé
Présence centres mondiaux R&D
Faible mobilité géographique
Déficit d’attractivité pour les jeunes et les cadres
Renforcement des contraintes réglementaires
Pénétration produits banalisés
Internationalisation des productions
Optimisation des appareils de production
Éclatement chaîne RéD
Centralisation des achats (dispositifs médicaux)
Des branches professionnelles
dynamiques
Présence universités et organismes de formation
Bonnes pratiques de GTEC et GPEC à capitaliser
Concurrence entre grands groupes et les PME pour les ressources sur les
métiers en tension
MENACES
FORCES FAIBLESSES
OPPORTUNITES
Concentration des effectifs dans la production au sein
de grands groupes
Renouvellement offre dispositifs médicaux
Faible niveau de qualification
Concentration des effectifs sur les catégories d’ouvriers
et techniciens
Activités de production à faible valeur ajoutée
Importance de l’outil de production
Proximité de l’Île de France
Cosmetic ValleyValorisation made in France
Croissance du marché domestique
Maintien du high tech dans les pays matures
Bio production
E santé
Présence des grands acteurs du secteur
Présence de clusters et groupements régionaux
Implantation CHU et CLCC
Déremboursement croissant des produits de santé
Présence centres mondiaux R&D
Faible mobilité géographique
Déficit d’attractivité pour les jeunes et les cadres
Renforcement des contraintes réglementaires
Pénétration produits banalisés
Internationalisation des productions
Optimisation des appareils de production
Éclatement chaîne RéD
Centralisation des achats (dispositifs médicaux)
Des branches professionnelles
dynamiques
Présence universités et organismes de formation
Bonnes pratiques de GTEC et GPEC à capitaliser
Concurrence entre grands groupes et les PME pour les ressources sur les
métiers en tension
29
En conclusion, le territoire Centre Normandie comporte de nombreuses forces, au plan
économique et social :
- la densité du tissu industriel et des capacités importantes de production dans les secteurs du
médicament humain et dispositifs médicaux
- la présence de clusters ayant la capacité de promouvoir à la fois des actions territoriales et des
projets d’investissement nationaux et internationaux
- un potentiel de recherche publique fort avec l’implantation de CHU et CLCC
- une offre de formation initiale et continue riche et innovante qui se traduit notamment par des
partenariats entre les organismes de formation, les universités et les entreprises
De plus, la proximité de l’Ile de France et l’émergence d’une filière bioproduction peuvent
constituer des opportunités de développement face au danger de la désindustrialisation du
territoire. Toutefois, la filière bioproduction peut également représenter une menace si les choix
de localisation de cette filière ne se concrétisent pas sur le territoire. De plus, les régions Centre
Normandie(s) sont confrontées aux tendances d’évolution nationales qui pèsent sur le maintien
des activités de production (renforcement des contraintes réglementaires, pénétration des
produits banalisés, éclatement des activités de R&D, centralisation des achats).
Pour maintenir le potentiel d’emploi sur le territoire, les régions Centre Normandie(s) doivent
maintenir un haut niveau de qualification en termes de compétences et se doter d’atouts
stratégiques pour favoriser l’émergence d’une filière de biosimilaires.
30
3. Préconisations pour le territoire Centre Normandie
3.1 Principales recommandations pour soutenir l’activité
En R&D
Leviers industriels
Favoriser l’émergence d’une filière bio similaire sur le territoire o Identifier les acteurs engagés dans ces démarches (opérateurs et sites de production
pouvant accueillir de telles activités) o Favoriser l’émergence d’un consortium susceptible d’être éligible à un financement de
type Banque Public d’Investissement o Structurer l’accès aux financements (tels que la Banque Publique d’Investissement, le
Fond Stratégique d’Investissement, les avantages fiscaux) pour favoriser l’accès aux marchés
o Organiser la mise en réseau autour du consortium (partenaires, fournisseurs…)
Rapprocher la R&D de la production o Renforcer le lien entre R&D et production. (ex : les critères d'attribution du Crédit
Impôt Recherche, la production de lots cliniques à la fois des molécules chimiques et biotechnologies)
o Renforcer l’implication des acteurs (aussi bien majeurs que PME) au sein des pôles de compétitivité ou clusters pour favoriser l’innovation autour de produits à forte valeur ajoutée comme cela est fait dans des pays leaders sur le secteur (USA, Japon)
Leviers politiques
Renforcer les échanges entre les différents acteurs de recherche
o Structurer la veille scientifique au sein des acteurs industriels autour d’équipes de recherche publique
o Favoriser les échanges entre public-privé, industriels et entre les différentes disciplines de la recherche pour maximiser le développement de produits innovants et à haute valeur ajoutée
o Créer des structures de type technopôle sur les territoires Haute et Basse Normandie
En production
Leviers industriels
Renforcer les capacités business development des sites industriels o Mettre à disposition des entreprises des outils et des méthodologies permettant de
développer une stratégie orientée sur le business development (plaquettes présentant les indicateurs d’attractivité de la Région, décryptage des différents types de
31
financement et d’incitations fiscales existantes, méthodologie d’analyse stratégique d’un nouveau produit, …)
o Mettre en œuvre des actions de sensibilisation des entreprises au business development
o Doter les entreprises de ressources en business development (crédit conseil, mutualisation de ressources, formation…)
Maintenir et développer l’appareil de production en :
o Captant de nouveaux marchés (marchés émergents, bioproduction…) o Accompagnant la convergence des technologies des industries de santé o Disposant de toutes les ressources sur le bassin d’emploi (façonniers,
équipementiers…) Restructurer et repositionner le tissu industriel existant sur les segments les plus
attractifs o Réorienter la production vers les formes galéniques en sous-capacité (lyophilisation,
formes liquides stériles) ou de niche o Développer la capacité des sites à obtenir de nouvelles productions, notamment des
génériques o Encourager les investissements dans les outils et les capacités de production (ex :
crédit impôt production) o Assurer l’accompagnement et la formation des salariés concernés par des évolutions
de leur métier ou d’éventuelles restructurations pour permettre la mobilité professionnelle ou les reconversions potentielles
Faciliter la production industrielle sur le territoire national
o Encourager et faciliter la production de génériques (modalités d’application de la clause Bolar like clarifiée/simplifiée)
o Mettre en place des mécanismes réglementaires assurant la sécurité et la qualité des approvisionnements et des productions. (ex : obligation de recontrôle, audit préalable par l’agence du site exportateur, etc.)
Leviers politiques
Valoriser la production industrielle dans l'accès au marché régional
o Valoriser les critères d’attractivité du territoire (nombre d’entreprises implantées sur le territoire, projets d’investissement réalisés et à venir, effectifs, …)
o Valoriser les facilités d’implantation (dispositifs d’incitations fiscaux à destination des PME, …)
Articuler les schémas de développement régionaux avec les besoins de
développement économique des industries de santé o Encourager la participation des entreprises à la construction des schémas de
développement territoriaux
32
3.2 Principales problématiques RH
3.2.1 Des difficultés de recrutement face aux exigences de montée de qualification
Les métiers en tension classiques sont les premiers cités : technicien de maintenance, conducteurs
de lignes/ technicien de production. Les entreprises font, également, face à une grande rareté des
ressources pour les expertises (ex. tourneur- fraiseur pour la fabrication de prothèses du genou à
Blois avec un seul lycée et 5 élèves dans le département), pour les profils avec des doubles
compétences technique/ managériale, et pour ceux nécessitant des compétences linguistiques
(anglais) appliquées aux domaines scientifiques et techniques. Les métiers traditionnellement en
tension au niveau national se retrouvent également au niveau régional avec notamment les
métiers de la filière affaires réglementaires ou des profils de pharmaciens pour les métiers de
galénistes ou d’assurance qualité.
Une augmentation du niveau de recrutement
Les difficultés de recrutement sont accrues par l'élévation constante du niveau de compétences
requis. En effet, sur les dix dernières années, le territoire a connu une augmentation du niveau
des diplômes exigés pour occuper des postes identiques. De ce fait, les conducteurs de
production sont majoritairement recrutés à un niveau Bac professionnel au minimum contre un
CAP/BEP antérieurement, schéma identique pour les techniciens de laboratoire ou de
maintenance qui sont recherchés à un niveau BTS/DUT spécialisé. Cela nécessite une grande
rigueur dans la gestion des parcours professionnels pour fidéliser les profils en tension. Ainsi, les
techniciens recrutés au niveau bac + 2 ont rapidement des souhaits d’évolution et sont très
volatiles compte tenu de la concurrence du bassin d’emploi sur ces profils.
Cette augmentation du niveau de qualification exigé pour les conducteurs d’équipements en
production s’explique en grande partie par 3 phénomènes principaux sur les 10 dernières années :
- généralisation de l’automatisation des lignes industrielles entraînant une augmentation des
compétences techniques pour la conduite des procédés de production et les interventions
techniques (changements de format, réglages,…),
- élargissement du champ de compétences de conducteur au-delà de son cœur de métier de
conduite d’équipement (maintenance de 1er niveau, amélioration continue…),
- développement de la polyvalence.
Un déficit d’attractivité de la région Centre/ Normandie(s)
La Région Centre Normandie(s) est partiellement pénalisée par le manque de transports collectifs
en dehors des grands axes, qui accroît encore la faible mobilité des salariés. La proximité de la
région Ile de France engendre également une concurrence sur les salaires, notamment sur les
profils en tension.
33
3.2.2 Une dynamique de mobilité faible et peu soutenue
Des contraintes territoriales et culturelles
Force est de constater que l'isolement géographique de certains sites restreint les modes et les
amplitudes horaires pour l'accès. De ce fait, la localisation constitue un frein éventuel à
l'embauche et/ou à la mobilité. Ce critère est mis en exergue par les interlocuteurs RH pour les
mobilités inter-sites d'une même entreprise.
Par ailleurs, le manque relatif d'attractivité de la zone Centre Normandie(s), et en particulier de la
Normandie, pénalise, en partie, les entreprises du territoire. Les profils qualifiés sont réticents à
s'installer dans cette zone. De plus, la proximité avec l’Ile de France constitue à la fois un
avantage (proximité des centres de décisions, des pôles de compétitivité, des infrastructures
autoroutières et aéroportuaires…) et un inconvénient. En effet, particulièrement pour le
département d'Eure et Loir (28), la concurrence géographique de la région parisienne est forte.
Les salariés préfèrent les offres d'emplois d'IDF, malgré la distance.
Des politiques RH concurrentielles
Confrontées à des contraintes de recrutement et de mobilités identiques, les entreprises du
médicament de Centre Normandie(s) déploient, dans la mesure de leurs moyens, des politiques
RH, mais qui se font concurrence. En effet, les laboratoires internationaux, nationaux et leurs
sous-traitants convoitent des profils identiques avec des leviers d'actions variés, notamment au
travers des politiques de rémunérations et des avantages sociaux. Les entreprises se livrent donc
à une forte concurrence entre entreprises, notamment sur les profils de techniciens qualifiés
(techniciens de maintenance, les pilotes de procédés, les techniciens qualité) avec des pratiques
de « chasse » entre entreprises du secteur ou avec les secteurs connexes (cosmétique, chimie,
agroalimentaire…). Cette concurrence est subie plus fortement par les façonniers, qui eux-
mêmes ouvrent leur recrutement aux candidats de ces autres secteurs. Cette tendance est moins
prononcée au sein des laboratoires internationaux.
3.2.3 Une offre de formation riche mais qui doit s’adapter aux besoins des entreprises
Une forte culture de la formation interne
Pour répondre aux besoins très spécifiques de compétences et à l’adaptation aux évolutions
continues des métiers, les industries Centre Normandie, à l’instar des entreprises nationales de la
filière, ont développé fortement des solutions de formations internes (postes de formateurs
internes, parcours de professionnalisation, learning centers, groupes de codéveloppement
interne…) et ce dans tous les domaines : formations linguistiques, managériales, formations
d’adaptation au poste pour les process industriels, programmes de qualification et/ou de VAE…
34
Toutes les entreprises interrogées se situent au-delà de l’obligation légale en termes de dépenses
pour la formation professionnelle continue (4 à 6% de la masse salariale en moyenne est
employée pour financer des actions de formation dans les entreprises rencontrées).
Des efforts significatifs en termes d’apprentissage et de qualification, à poursuivre
La part des contrats d’apprentissage dans les effectifs des entreprises est plus élevée en Centre
Normandie qu’au niveau national : elle représente 1,3% des effectifs en région contre 0.98% au
niveau national. Cette tendance se retrouve également pour les contrats de professionnalisation
avec 0.9% des effectifs en Centre Normandie et 0.6% au niveau national. Cependant, les
organismes de formation interrogés font état de difficultés concernant l’insertion des jeunes
apprentis ou des salariés en contrat de professionnalisation tandis que les entreprises du
médicament de Haute et Basse Normandie soulignent l’insuffisance de jeunes formés à leurs
métiers, toutes familles de métiers confondues. L’apprentissage est plus que jamais un enjeu
de politique publique nationale. Au niveau national, les contrats de professionnalisation ont
baissé de 40% entre 2008 et 2009 tous secteurs confondus, au profit de formations d’insertion
visant des publics plus éloignés de l’emploi (mesures incitatives de type POE collectives).
Les métiers de l'industrie pharmaceutique restent peu connus des jeunes et faiblement attractifs,
tant au niveau des hauts cursus, comme les études de médecine ou de pharmacie, qu’au niveau
des cursus techniques (ouvriers spécialisés).
Une offre de formation initiale et continue importante dont l’inter-disciplinarité est à
renforcer
L'offre de formation, initiale et/ou continue, de la zone Centre Normandie(s), couvre un large
éventail de métiers, de niveaux très variés. Plus de 400 formations initiales sont recensées sur le
territoire, du niveau CAP au niveau master, avec des spécialisations pointues notamment en bio
industries.
Cependant, ces formations sont encore trop cloisonnées face aux besoins d’hybridation des
compétences et de polyvalence. Ainsi, le cloisonnement entre les filières de formation (médecine,
pharmacie, école d'ingénieur, sciences de la vie) est peu propice à des maillages d'expertise qui
sont de plus en plus nécessaires dans le milieu industriel. Les compétences multiples ne sont donc
pas spontanément enseignées et sont acquises soit au sein de l'entreprise, soit par un deuxième
diplôme demandé à l'embauche.
Les entreprises interrogées font état d’un manque de lisibilité de l’offre de formation existante
mais aussi de difficultés à trouver une offre de formation de proximité sur des besoins
spécifiques. Le manque de mobilité des salariés renforce le besoin prégnant d’une offre de
proximité. Les organismes de formation sont en effet concentrés dans les grandes agglomérations
telles que Tours, Orléans, Evreux ou Rouen.
35
3.2.4 Des démarches avancées de GPEC
L’ensemble des entreprises interrogées bénéficie d’accords de GPEC nationaux qui ont été
déclinés au niveau local en réponse aux spécificités des entreprises. La majorité des entreprises
s’est dotée de cartographies des métiers et certaines d’observatoires. Ainsi, les démarches de
GPEC ont permis l’adaptation des compétences aux évolutions des métiers et compétences au
travers d’un investissement important dans la formation interne. Les entreprises rencontrées ont
également mis en œuvre des démarches de qualification en utilisant des dispositifs de VAE.
Par exemple, de nombreuses opérations de qualification du personnel en production en place se
sont appuyées sur le dispositif CQP19 en régions Centre/Normandie(s). 42% des entreprises ou
sites industriels ayant eu recours aux CQP en France dans le secteur sont situées sur le territoire
(soit 22 sites ou entreprises en Centre/Normandie(s)).
Les principaux CQP utilisés sont ceux de conduite d’équipements (en fabrication ou en
conditionnement), puis d’animation d’équipe.
Les données nationales apportent un élément de connaissance sur le niveau de formation initiale
des 930 candidats ayant suivi la démarche CQP dans le secteur depuis la création du dispositif en
1999 : 65% d’entre eux avaient un niveau inférieur au baccalauréat au moment d’entrer dans la
démarche (Sans diplôme : 28% / Niveau CAP/BEP : 37% / niveau Bac : 25%, niveau Bac+2 et
au-delà : 7%).
Par ailleurs, l’existence de CQP en production particulièrement dans les métiers en tension dans
l’industrie (conducteur de ligne et maintenance) constitue un premier pas vers l’élaboration de
passerelles entre les industries de la santé et les industries manufacturières pour favoriser des
mobilités inter industries et répondre aux besoins de compétences des entreprises du secteur de la
santé, notamment grâce aux CQPI (Certificats de Qualification Professionnelle Inter-branches)
mis en place en 2006 et auxquels l’industrie du médicament adhère.
Cependant, ces démarches nécessitent un projet d’entreprise clair, des objectifs de
développement des compétences identifiés et un investissement personnel important du salarié
volontaire.
Les entreprises interrogées citent également la mobilité interne et les passerelles des métiers
sensibles vers les métiers en émergence comme une ambition forte des démarches GPEC afin de
sécuriser les parcours professionnels. Cependant, celles-ci sont encore difficilement effectives car
lourdes à mettre en œuvre et freinées par la stabilisation des effectifs qui réduit les opportunités
internes.
19 Certificat de Qualification Professionnelle
36
Comme au niveau national, l’enjeu en matière de GPEC est de pérenniser les démarches dans des
contextes de plus en plus contraignants. De plus, ces démarches sont peu généralisées dans les
PME de par l’investissement qu’elles nécessitent. Les besoins des PME en matière de Ressources
Humaines sont essentiellement centrés sur les difficultés de recrutement face à la concurrence des
groupes internationaux.
3.2.5 Un maillage territorial en construction
Afin de professionnaliser leurs personnels de production, les entreprises du médicament de
Centre Normandie se sont organisées en lien avec les acteurs institutionnels et parfois avec des
entreprises de cosmétique et ont mis en place des expériences emblématiques :
création du réseau Polepharma, un Club des RH sur le département 28 pour évaluer les
problèmes de recrutement. Il existe par ailleurs depuis de nombreuses années une
commission RH au GREPIC (groupement d’industriels du secteur en région Centre) dont
l’objectif est de trouver des réponses communes aux différents enjeux RH des entreprises
(recrutement, formation,…)
développement des partenariats réguliers entre les organismes de formation, des experts
et professeurs d’Ecoles (mutualisation des plateaux techniques par exemple)
opérations mutualisées de recrutement pour les métiers en tension (conducteur de ligne et
équipement de fabrication)
réalisation d’études de Gestion Territoriale des Emplois et Compétences pour mieux
anticiper sur les besoins de développement du territoire (projet Hires sur la filière
Production Pharmaceutique pour le département du 37, étude Cosmotic Valley sur les
départements du Loiret, Eure et Loire et Indre et Loire). Si ces études font état des
enjeux du territoire, aucun plan d’actions n’a été mis en œuvre pour le moment.
37
3.2.6 Synthèse des enjeux emplois et compétences
En conclusion, pour faire face à leurs besoins de recrutement qui sont aujourd’hui l’enjeu
principal mis en avant par les acteurs du territoire, les entreprises interrogées souhaitent:
améliorer l’inter connectivité entre le monde de l’Ecole et de l’Entreprise et entretenir des
partenariats avec des écoles ou organismes (ex. lycées techniques proches des sites, IMT de
Tours, Polytech Orléans …)
obtenir plus de réactivité, de souplesse et d’adaptabilité de la part du service public de
l’emploi qui bien que facteur d’innovation (en utilisant la MRS méthode de recrutement par
simulation du POLE EMPLOI qui a été adaptée aux métiers de la production
pharmaceutique), ne répond pas pleinement aux attentes quantitatives et qualitatives des
entreprises qui souhaitent disposer de « viviers de ressources »
encourager le développement d’infrastructures de transports et de logements pour
améliorer l’attractivité de certains de leurs établissements plus isolés ou en zone rurale,
notamment en Normandie
continuer à travailler étroitement avec les agences d’intérim, acteurs indispensables et
incontournables du marché de l’emploi, en particulier en production
Au-delà des enjeux de recrutement et de formation cités par les entreprises, le territoire doit faire
face à un véritable enjeu industriel, à savoir le maintien des activités de production. Si
l’importance du marché du médicament français permet une localisation des unités de production
concentrée dans la région Centre Normandie(s), la pression des pays émergents sur les coûts de
revient est exacerbée. Toutes les entreprises se sont ainsi engagées dans l’optimisation des
activités de production mais des premiers mouvements de désindustrialisation sont également en
cours, notamment dans la région Normandie (Basse et Haute Normandie).
Développer l’employabilité et augmenter le niveau de qualification de tous est donc un
enjeu majeur pour ce territoire. Ainsi, l’acquisition d’un haut niveau de qualification sur le
territoire permet de centrer les activités de production sur des activités à plus haute valeur
ajoutée, soutenue par une activité de R&D renforcée.
38
Le tableau suivant résume les problématiques RH pour lesquelles il s’agit de définir des plans
d’actions :
Les besoins émergents et futurs L’adéquation des outils et pratiques existants
Une hybridation des compétences ou une
mutidisciplinarité / polycompétences médicale et
économique (biologie / informatique / mécanique /
matériaux)
• Offre de formation initiale riche mais encore peu lisible (création de l’IMFIS en 2012)
• Offre de formation initiale spécifique aux Industries de Santé dès Bac +2
• Peu de formations initiales décloisonnées et pluridisciplinaires
Existence de métiers en tension : technicien de
maintenance, conducteur de ligne / technicien de
production, métiers de la filière affaires réglementaires
• Offre de formation initiale spécifique aux Industries de Santé encore réduite pour diplômes CAP, BP et BAC (Production)
• Des CQP opérateurs et techniciens spécialisés industries de santé
• Peu de communication réalisée pour valoriser la spécificité et les attraits des IS pour les métiers de la production
• Manque de formations réglementaires de courte durée
• Déficit d’attractivité de la région pour attirer des jeunes sur des métiers en tension qui se traduit par des difficultés de recrutement particulièrement pour les PME /ETI
Un besoin de maintenir un haut niveau de qualification
autour des compétences clés de production : maîtrise
des processus industriels, expertise en matière de
chimie et biologie, lean management, gestion des
équipes autonomes
Un besoin en compétences comportementales :
adaptabilité, flexibilité, communication
• Une offre riche en formation continue (IFIS, IMT…)
• L’existence de CQP nombreux dans le secteur du Médicament humain (démarche de rapprochement en cours avec Vétérinaire et Diagnostic iv)
Pas de modules spécialisés dans le lean management
Une employabilité à développer pour les opérateurs de
production : renforcer les mobilités intra et inter
secteurs, entre grandes entreprises et PME / ETI
• Manque d’outils d’orientation professionnelle pour les salariés sur le périmètre des Industries de santé (l’Institut virtuel constitue une 1ere base à développer)
• Des expériences de mutualisation qui n’ont pas abouties compte tenu des difficultés à ordonnancer conjointement des ressources de production
• Faible utilisation de la période de professionnalisation selon les secteurs
Un besoin en compétences transverses pour tous
les métiers d’encadrement : Communication, Gestion
de projet, Gestion de réseaux, Médico-économie,
Management de la performance, Gestion financière,
Anglais…
Pas de modules de formation sur les savoirs être en entreprise
Pas de modules de formation sur les compétences transverses
39
3.3 Recommandations d’actions RH / Formation
3.3.1 Vocation et démarche d’élaboration du plan d’actions régional
La mise en œuvre du volet régional du Contrat d’Etude Prospective des Industries de Santé a
vocation à identifier des actions prioritaires adaptées aux caractéristiques régionales et aux
enjeux rencontrés par les acteurs régionaux.
Deux thèmes ont été retenus par les participants lors d’un séminaire de travail :
Thème 1 : Développer l’attractivité du territoire, de la filière et des métiers stratégiques
Thème 2 : Mettre en place une gestion active des emplois et compétences pour sécuriser
les parcours professionnels
Le plan d’action présenté dans les pages suivantes est issu du travail de deux ateliers qui ont
réunis des entreprises, des organisations syndicales, des représentants de la DIRECCTE et du
Conseil régional, des opérateurs de l’emploi, de la formation et du développement économique.
Certaines actions sont formalisées sous la forme de fiches, ces actions représentent celles qui ont
particulièrement retenu l’attention des participants des ateliers, et qui pourraient être celles à
mettre en œuvre dès l’année 2013. La mise en œuvre des actions retenues nécessite une
mobilisation des acteurs régionaux. Elle s’appuie sur l’utilisation d’une information produite et
structurée au niveau national ou régional.
3.3.2 Thème 1 : Développer l’attractivité du territoire, de la filière et des métiers
stratégiques
L’attractivité du territoire est un enjeu majeur pour maintenir les emplois et compétences dans les
régions Centre Normandie(s) et freiner la désindustrialisation. En effet, la présence de
compétences qualifiées sur un bassin d’emploi constitue un facteur d’attractivité pour les
entreprises. Le territoire Centre Normandie est fort d’une importante culture en matière
d’industries de santé de par l’implantation historique de nombreux groupes d’industries
pharmaceutiques. Il importe donc de préserver ce patrimoine et d’acquérir de nouvelles
compétences orientées vers les biotechnologies afin de constituer des relais de croissance.
Ce thème comporte trois objectifs :
Axe 1.1- Valoriser le territoire pour attirer des investisseurs et des compétences de talent
Maintenir et développer l’appareil de production en captant de nouveaux marchés
(marchés émergents, bioproduction…) et en accompagnant la convergence des
technologies des industries de santé
Favoriser l’émergence d’une filière Biosimilaires sur le territoire
40
Renforcer les capacités de business development des sites industriels
Développer l’excellence opérationnelle des sites industriels
Communiquer sur les forces du territoire (haut degré de qualification, implantation
historique, forte culture industrie de santé)
Disposer de toutes les ressources nécessaires sur le bassin d’emploi (façonniers,
équipementiers…) en adaptant l’offre de formation pour bénéficier de ressources
qualifiées et avec des compétences compétitives par rapport au niveau attendu du marché
Axe 1.2- Valoriser les métiers des industries de santé sur le territoire pour axer l’orientation
des jeunes vers les métiers porteurs du secteur
Communiquer de manière concrète sur les métiers auprès des jeunes par l’organisation de
visites dans les entreprises
Avoir une stratégie de communication Industries de Santé adaptée aux enjeux du
territoire : disposer d’une communication positive valorisant la filière IS et non une simple
communication de crise, organiser des évènements sportifs ou ludiques à destination des
jeunes
Favoriser le développement de l’apprentissage en levant les freins existants (logement,
mobilité du conjoint, transport)
Fidéliser les jeunes apprentis sur le territoire en trouvant des débouchés vers les PME du
territoire
Axe 1.3 – Animer le territoire pour articuler la convergence des acteurs vers le soutien de
l’innovation
Animer le territoire pour échanger sur les problématiques communes en matière d’emploi,
formation, au plus près des entreprises
Favoriser la convergence de l’ensemble des acteurs (pouvoirs publics, Directions
Générales et RH, IRP) autour des évolutions stratégiques du territoire (métiers porteurs)
3.3.3 Thème 2 : Mettre en œuvre une gestion active des emplois et compétences pour
sécuriser les parcours professionnels
Dans un territoire dominé par les activités de production, la gestion active20 des emplois et
compétences constitue un enjeu majeur. Il importe que le territoire dispose de compétences
compétitives afin d’être captif pour la production de produits à haute valeur ajoutée et le
développement d’innovations.
20 « Acquisition de compétences reconnues et transférables en lien avec les besoins des entreprises et les évolutions des emplois » (sur le périmètre
industries de santé et du secteur industriel dans son ensemble)
41
La notion de gestion active met donc l’accent sur l’adaptation continue des emplois et
compétences par rapport aux besoins des entreprises, au-delà de la seule dimension prospective
traditionnellement évoquée dans la Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences. Une
adaptation continue des compétences est également un levier dans le développement de
l’employabilité des salariés et dans la sécurisation des parcours professionnels.
Deux objectifs distincts ont été identifiés :
Axe 2.1- Adapter en permanence les emplois et compétences
Anticiper les évolutions des emplois et compétences
Renforcer les liens entre les entreprises et les acteurs de la formation initiale et continue
Maintenir les compétences à la pointe des technologies (innovations technologiques,
process de fabrication, lean management, …)
Axe 2.2- Sécuriser les parcours professionnels en facilitant les mobilités et les passerelles au
sein de la filière
Développer la transférabilité entre les différents diplômes et/ou certifications
Promouvoir les CQP et les CQP Inter-branches
Favoriser la mobilité en développant des passerelles et des parcours entre PME et
grandes entreprises, et entre les différents secteurs
Mutualiser les ressources et moyens en termes de formation continue