Post on 05-Jan-2017
Numéro 5, mars 2016
L’informatique décisionnelle pour la protection sociale - le cas tunisienConfronté à des exigences d’efficacité et d’efficience, le système de la protection sociale
en Tunisie est de plus en plus appelé à une rationalisation et modernisation de son système
d’information encore réputé éparpillé, segmenté et complexe. Ce pourquoi, le Centre de
Recherches et d’Etudes Sociales (CRES) s’est engagé dans la mise en place d’un système
de renseignement et d’information décisionnel – ou « Business Intelligence System ». Les
objectifs du système d’information décisionnel sont de soutenir et de guider les plans
d’actions nationaux de développement des connaissances (know-how) pour l’évolution du
système de protection sociale tunisien. Le CRES est néanmoins conscient que la fiabilité
des données, leur centralisation et leur bonne diffusion ne peuvent être que le préalable
à toute évaluation réussie qui informerait de cette évolution. Au cœur de ce système
d’information décisionnel, on trouve un système de gestion des données (data-warehouse)
qui permettra l’accès à des indicateurs standardisés collectés auprès des trois fonds de
sécurité sociale : la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), la Caisse National de
Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS), et la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie
(CNAM).
Le système a déjà fourni aux chercheurs et aux décideurs politiques les éléments et les outils
nécessaires pour mener des réflexions sur la réforme du système de protection sociale en
Tunisie. Il a permis aux équipes de recherche d’améliorer la qualité et la pertinence de leurs
outils et produits tels que rapports techniques et d’évaluation, publications pédagogiques
et autres contributions aux réflexions sur la politique de protection sociale ; enrichissant
ainsi le débat entre les différentes parties prenantes (gouvernement et partenaire sociaux).
SOCIEUX soutient le transfert d’expertise pour le développement des capacités
organisationnelles, individuelles et techniques du CRES dans le domaine des statistiques,
et leurs interprétations au travers de rapport analytiques informatifs. A ces fins, une
délégation du CRES a pu visiter les institutions belges d’excellence dans le renseignement
et la gestion d’information sociale.Mahdi Barouni
Directeur du système d’information au CRES
Approches communes à des problèmes similairesLes montants totaux de retraite sont aujourd’hui gigantesques vu la pyramide des âges
qui caractérise la Belgique. La génération du « baby-boom » née après la seconde guerre
mondiale est partie, ou partira, à la retraite dans les années à venir. « Notre sécurité sociale,
et certainement les retraites obligatoires, basées sur les contributions des personnes
actives, sont sous pression et il est dès lors crucial de pouvoir anticiper les futures charges
SOCIEUX est administré par un Comité de pilotage du programme composé de membres représentant la Commission européenne et le consortium de partenaires des États membres spécialistes de la protection sociale et de la coopération internationale.
SOCIEUX est mis en œuvre par le consortium suivant:
SOCIEUX in ActionN E w S L E t t E R
Dans ce numéro
Afrique � Système d’information décisionnel
pour la protection sociale en Tunisie � Renforcement du système d’aide
sociale ivoirien
Amérique Latine et Caraïbes � Pour la coordination des systèmes
de retraite mexicains � Extension du Programme familial
RISE à Saint-Christophe-et-Niévès
Rejoignez-nous !SOCIEUX facilite le transfert et l’échange d’expertise pair-à-pair aux institutions des pays partenaires afin de mieux concevoir et gérer leur système de protection sociale. Ces interventions apportent certainement une expérience enrichissante aux experts, qui sont exposés à des pratiques en matière de protection sociale innovantes dans d’autres pays.SOCIEUX est actuellement à la recherche des praticiens de la protection sociale pour collaborer avec nous en qualité d’experts dans une large gamme de domaines allant de l’assurance sociale à l’assistance sociale et à l’accès aux services sociaux de base. Les experts intéressés des États membres de l’UE, pays partenaires, administrations publiques ou organismes mandatés sont invités à envoyer leur candidature. Veuillez télécharger le Guide
pour les experts et le Formulaire de candidature sur notre site internet ou contacter l’équipe de SOCIEUX à contact@socieux.eu.Les institutions de protection sociale dans les États membres de l’EU peuvent également nous contacter pour découvrir comment coopérer avec SOCIEUX.
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financières. » Il est, de plus, important de chiffrer l’impact des différentes options de réformes législatives telles que le recul de l’âge légal de départ à la retraite ou la définition de conditions plus strictes d’accès à la retraite anticipée, afin de garantir un niveau de protection sociale pérenne et payable pour les générations futures.
De façon similaire en Tunisie, le financement des retraites et l’assurance sociale maladie font face à des défis majeurs en partie du fait de la transition démographique engagée mais aussi de l’évolution des salaires (en particulier dans le domaine public) et la pression y associée sur le budget national. Les retraites représentent aujourd’hui 5.1% du Produit Intérieur Brut (PIB) et leur financement est vu comme insoutenable. Sans réforme, le déficit s’élèverait à presque 2% du PIB et les réserves épuisées d’ici 2018. Si les défis sont semblables, les réponses apportées par les décideurs dans leur choix de reformes doivent être un judicieux compromis adapté à l’environnement socio-économique de chaque pays. « Dans le cas de la Belgique, nous avons la chance de travailler entièrement de manière numérisée. En d’autres mots, une profusion de données est disponible, tapie dans nos serveurs. Encore faut-il disposer d’un système informatique qui permette d’extraire les données les plus pertinentes et de les agencer sous des formes qui garantissent une prise de décision fiable et rapide. »
Le nouveau Service Fédéral des Pensions (fusion de l’Office National des Pensions et du Service des Pensions du Secteur Public) disposera d’un outil adéquat : l’application informatique « Theseos ». Cette application centralisatrice de données (data-warehouse) possède un module spécifique pour le traitement des droits de retraite et est le point d’entrée pour tout citoyen qui souhaite s’informer – mypension.be. Les avantages pour tous les utilisateurs de données (citoyens, chercheurs, gestionnaires et décideurs) sont maintenant avérés. « Nous ne pouvons que recommander au CRES de renforcer ses propres systèmes d’information en établissant une centralisation analogue qui sauvegarde mais aussi traite automatiquement les données pour l’usage des décideurs [et des utilisateurs]. »
Aymeric Peltzer
Attaché
Bureau du Brabant wallon et de Bruxelles
Office national des pensions
2 | Socieux en Action
Recherche et prospective sur la protection sociale
Le Bureau fédéral du plan (BFP) est un
organisme d’intérêt public belge. Sa
principale mission est de produire des
analyses et des projections économiques,
sociales et environnementales, notamment
en soutien à la décision politique. Son
expertise scientifique est mise à la
disposition du gouvernement, du parlement,
des interlocuteurs sociaux belges, ainsi
que d’autres institutions nationales et
internationales. Il peut être considéré comme
l’homologue du CRES. Son expérience
fournit dès lors des leçons précieuses pour
ce dernier et ses partenaires.
Le BFP dispose de plusieurs modèles
caractérisés par la cohérence entre le
cadre macro-économique d’une part
et le cadre budgétaire d’autre part. Les
finances publiques et les dépenses sociales
y occupent ainsi une place importante.
L’ensemble de ces modèles est utilisé non
seulement dans l’analyse de projection
(scénario de rwéférence) mais également
en variante (impact d’une mesure, scénario
alternatif).
Des perspectives budgétaires sont
élaborées sur la base de trois modèles
macro-économiques portant sur différents
horizons : court terme (année en cours),
moyen terme (sur 5 ans) et long terme
(jusqu’en 2060). Le modèle de long terme
se concentre sur l’évolution des dépenses
sociales afin d’étudier les conséquences
budgétaires du vieillissement.
Les conséquences sociales du vieillissement
et plus particulièrement l’adéquation des
retraites à long terme (jusqu’en 2060) sont
étudiées à l’aide d’un modèle de micro-
simulation dynamique, dans le cadre de
scénarios semblables à ceux retenus
par le modèle macro-budgétaire à long
terme (scénario démographique, socio-
économique, macro-économique et de
revalorisation des allocations sociales).
Les résultats de ces modèles complexes
mais essentiels sont particulièrement
intéressants pour le CRES qui doit fournir
les mêmes informations aux décideurs
tunisiens. L’échange entre le BFP et le CRES
est donc un partenariat qui répond à des
besoins pertinents et pressants.
Nicole Fasquelle, Christophe Joyeux
Protection sociale, démographie et prospective
Analyses et prévisions économiques
Bureau fédéral du Plan
La délégation tunisien chez le BFP
Socieux en Action | 3
Afrique
Système d’information décisionnel pour la protection sociale en tunisie
tunis (République tunisienne) - Octobre 2015 à mars 2016.- La collaboration
technique se poursuit avec le Centre de Recherches et d’Études Sociales (CRES) afin de
moderniser son système d’information et améliorer les procédures de gestion de données
et d’élaboration de rapports analytiques. SOCIEUX a récemment organisé une visite d’étude
professionnelle en Belgique, la dernière étape de la série d’activités renforcement des capacités
menée au cours des derniers mois.
Cette visite professionnelle a permis aux représentants du CRES de se réunir avec des experts des différentes institutions belges compétentes en matière d’informatique décisionnelle et de recherche dans les domaines de l’assurance maladie et des retraites. Une attention particulière a été portée au contrôle de la qualité des données ainsi qu’aux techniques d’analyse, de suivi, de prévision et de modélisation des données. Ces modèles pourraient par exemple permettre de dégager des conclusions sur les performances et la durabilité d’un système de retraite, ce qui permettrait de guider de futures réformes. Les représentants du CRES ont signalé qu’ils avaient pu partager à loisir des expériences dans tous les domaines d’intervention de leur institution.
Cette visite récente rejoint d’autres activités de renforcement des capacités menées au siège du CRES. Un premier atelier de formation sur les techniques de modélisation et d’analyse statistiques des sciences sociales a familiarisé le CRES avec les outils économétriques destinés à l’évaluation et á la recherche sur les impacts. Les autres séances de formation ont porté sur la création d’instruments spéciaux pour gérer les risques, à l’image des tableaux de bord de gestion qui prédisent le risque de dépassement de budget annuel et les causes de ce déséquilibre, offrant ainsi la possibilité de réaliser des ajustements à temps. Le cycle d’assistance technique prendra fin au cours des prochains mois avec la délivrance de conseils techniques sur l’élaboration de rapports analytiques sur l’évolution de l’assurance maladie et du système de retraite en Tunisie.
Grâce à ces activités, le CRES est en passe de mettre au point des outils d’analyse et de simulation qui alimenteront en définitive le débat entre le gouvernement, les syndicats et le secteur privé sur les questions de l’évaluation et de la réforme de la protection sociale. Outre le CRES, les séances de formation ont également compté sur la participation de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS), les trois caisses de sécurité sociale.
Experts déployés
� M. Éric Delattre, responsable du département des statistiques de l’Université de
Cergy-Pontoise (UCP)
� M. Marco Geraci, expert du Conseil consultatif sur les retraites (France)
� Mme Claire el Moudden, conférencière et chercheuse, Université de Caen
Normandie (France)
� M. Michel Vigneul, conseiller en actuariat et chef de projet, COOPAMI (Belgique)
Remerciements
Banque Carrefour de la sécurité sociale (BCSS), Bureau fédéral du plan (FPB),
Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI), Cellule COOPAMI, Smals
ICT for Society, Office national des pensions (NPO), Service des pensions du
secteur public (SdPSP), Service public fédéral sécurité sociale (SPFSS).
Un nouveau contrat socialDepuis 2012, la Tunisie a mis en place des mesures ouvrant la voie à une réforme de la protection sociale et à des politiques de travail. En mai 2012, le gouvernement a lancé un processus de dialogue social qui a permis de franchir un cap important en janvier 2013 avec la signature d’un nouveau « Contrat social ». Ce Contrat social définit les principaux éléments de réforme dans différents domaines clés, notamment la protection sociale et la réforme du travail. Un projet de loi a également été préparé en 2014 pour la création d’un nouveau conseil de dialogue social, composé de représentants du gouvernement, des syndicats et du secteur privé.
Le développement du cadre du Contrat social constitue une étape importante vers la modernisation du système de protection sociale car (i) il améliore les plates-formes de mise en œuvre et de diffusion ; (ii) il renforce les capacités et la gouvernance institutionnelles ; et (iii) il favorise la durabilité financière. Si le renforcement des plates-formes de diffusion de services peut contribuer à améliorer la mise en œuvre et accroître l’efficacité, ce qui produirait un impact direct à court terme, un consensus fondé sur des données probantes devrait être dégagé afin de renforcer la durabilité financière de la totalité du système sur le long terme.
4 | Socieux en Action
Afrique
Renforcement du système d’aide sociale ivoirien
Abidjan (Côte d’Ivoire) - Novembre 2015 et mars 2016.- SOCIEUX a entamé une collaboration avec le ministère d’État, le ministère du Travail, des Affaires sociales et de la Formation professionnelle (MEMEASFP) de Côte d’Ivoire afin d’identifier ses besoins en matière de renforcement du secteur de l’aide sociale dans le pays. Deux domaines prioritaires ont été définis à cette fin : le développement d’un forfait de services sociaux de base et l’évaluation de l’état actuel des structures locales chargées des services sociaux.
Les autorités ivoiriennes ont conscience de la nécessité de revitaliser les structures locales
afin d’améliorer la gamme de services sociaux mise à la disposition de la population.
C’est la raison pour laquelle la collaboration avec le MEMEASFP est principalement axée
sur l’analyse des structures locales existantes et la formulation de propositions avant
l’adoption d’un cadre unifié pour la prestation de services locaux à l’échelle nationale.
L’analyse a commencé par dresser un inventaire des 128 centres sociaux qui constituent
le premier point d’accès au système de soins et la pierre angulaire pour le lancement
des réformes sociales actuelles.
À cette fin, des entretiens ont été menés avec le personnel du MEMEASFP et du ministère
de la Promotion de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfant, qui assure un
suivi des centres sociaux, et de leurs services décentralisés. De plus, le nombre et les
catégories professionnelles des employés des centres, leur budget et leurs ressources
opérationnelles, ainsi que les indicateurs sociodémographiques et socioéconomiques
de chaque domaine d’intervention ont fait l’objet d’une collecte de données.
Au cours des prochains mois, ces données seront analysées afin qu’il soit possible de
formuler des propositions visant à garantir que les soins sont organisés et assurés plus
efficacement et équitablement sur l’ensemble du territoire ivoirien, sur le fondement de
critères objectifs. Cette analyse devrait également faciliter la mise en place d’une aide
sociale de base et du forfait de services, censé être proposé et accessible à tous, qui
sera défini lors des missions à venir.
Experts déployés � Mme. Cécile Chaumin-Ernst, ancienne inspectrice en chef en matière de santé et
d’affaires sociales (France)
� M. Jean-Yves Hocquet, directeur général, conseiller spécial du directeur de la DARES,
ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social
(France)
� M. François Sentis, président-directeur général, Institut Régional du Travail Social PACA
et Corse (France)
Une analyse AFOM des centres sociauxAu terme de la recherche, il ressort que tous les acteurs sociaux considèrent que les centres sociaux forment des unités capables de prendre en charge l’action sociale compte tenu de leur présence sur une partie importante du territoire. Par ailleurs, leurs effectifs se sont avérés enthousiastes encore que leur détermination se soit vue quelque peu affaiblie par des déficits en ressources humaines, financières et opérationnelles. D’autre part, le fait que la responsabilité des centres incombe conjointement à deux ministères ne favorise pas la cohérence à l’heure de définir des objectifs et compétences. Toutefois, dans le contexte de croissance actuel – estimé à 8 % pour 2016 –, la conclusion primordiale qui se dégage est que les centres sont devenus un véritable instrument au service du développement social inclusif dans
le pays,Mme. Cécile Chaumin-Ernst et M. François Sentis
La protection sociale en Côte d’IvoireAu cours des quatre dernières années, la Côte d’Ivoire a opéré une remarquable transition. Sortie de la crise, elle connaît aujourd’hui une situation relativement stable. Elle est passée d’un statut d’État fragile en situation de déséquilibre à celui d’une économie émergente. En 2013, le gouvernement a approuvé une Stratégie de protection sociale nationale ambitieuse et complète dont l’objectif général est d’établir progressivement un système de protection sociale en mesure de renforcer les capacités des individus les plus vulnérables et de permettre à la population d’assurer une gestion efficace des risques. Toutefois, il est encore confronté à certains dysfonctionnements institutionnels, juridiques et structurels du secteur de l’action sociale, et le renforcement des capacités est perçu comme indispensable au développement d’un système de protection sociale durable en Côte d’Ivoire.
Le point de vue de nos partenaires« Il ne fait aucun doute que les travaux effectués amélioreront les connaissances relatives à l’action sociale et la valoriseront. Il convient à présent de ne pas trop espacer les travaux et de maintenir cette dynamique. En outre, je suis convaincu que les autorités ministérielles devraient être tenues informées des progrès réalisés afin que les hauts dirigeants politiques reconnaissent la valeur stratégique des centres sociaux à des fins de développement inclusif. »
M. Amara Coulibaly
Directeur général de l’action sociale
Socieux en Action | 5
Amérique Latine et Caraïbes
Pour la coordination des systèmes de retraite mexicains Guanajuato (Mexique) - Novembre 2015 et mars 2016.- En novembre, SOCIEUX a
contribué à l’organisation avec l’Institut de sécurité sociale de l’État de Guanajuato (ISSEG) du Séminaire
international des retraites dans le but d’encourager la coordination des différents régimes de retraite au
niveau national. Les conclusions dégagées soulignaient la nécessité d’adopter un nouveau cadre juridique
afin d’établir un système de retraite coordonné placé sous l’autorité d’un organisme public.
Les plus de 600 participants au Séminaire se sont penchés sur la nécessité de travailler
à un nouveau cadre juridique prévoyant des principes généraux à même de garantir
un système de retraite coordonné et « décent » pour l’ensemble des Mexicains, sans
pour autant que ce système soit lié aux salaires perçus. Ces règlementations devraient
inclure des critères durables, être approuvées par tous les acteurs sociaux et être
suffisamment flexibles afin de relever les défis économiques et démographiques
actuels.
De plus, un système de retraite coordonné fonctionnerait sous l’autorité d’un organisme
public au sein duquel les différentes institutions intervenant en matière de retraite et
de santé pourraient participer. Cet organisme faciliterait l’échange d’informations entre
les différents régimes de retraite mexicains, sur des questions telles que la portabilité
des droits et le calcul réciproque des contributions et paiements. D’autres conclusions
tirées du séminaire soulignaient la nécessité de compléter les droits à une pension de
retraite par des contributions plus importantes ou par l’épargne personnelle, ainsi que
la nécessité de créer des caisses de retraite afin de diversifier les investissements sans
porter atteinte au rapport bénéfice/risque.
Après le séminaire, l’ISSEG a continué à œuvrer à la coordination des systèmes de
retraite mexicains en présentant deux propositions concrètes. Tout d’abord, la rédaction
d’une loi nationale sur les retraites qui constituerait une « loi des minima » harmonisant
les différents systèmes et s’appliquant aux travailleurs du secteur public et privé, aux
travailleurs du secteur informel et aux personnes n’ayant pas droit à une pension de
retraite. La seconde proposition préconise la création d’un Conseil national des retraites
agissant en tant qu’organe consultatif officiel.
Ces deux propositions ont été examinées par des experts du programme SOCIEUX
et seront présentées lors de la Conférence nationale des gouverneurs (CONAGO) au
cours des prochains mois.
Experts déployés � M. Carlos García de Cortázar, directeur général adjoint aux affaires sociales, à
l’éducation, à la culture, à la santé et à la consommation du ministère espagnol des
Affaires étrangères et de la Coopération
� M. Antonio Ojeda, professeur de droit du travail et sécurité sociale à l’université de
Séville (Espagne)
� M. Borja Suárez, professeur de droit du travail et sécurité sociale à l’université
autonome de Madrid (Espagne)
Une coordination nationale nécessaire À l’heure actuelle, 2,7 millions de Mexicains sont retraités, ce qui représente un
coût pour l’État de treize millions de pesos par mois (environ 715 millions d’euros).
Le système de retraite du Mexique est très fragmenté sous tous ses aspects
du fait d’une politique sociale disparate privilégiant les actions à court terme
et ayant subi de nombreuses réformes. 90 % des travailleurs sont rattachés à
des systèmes de retraite réformés. Ainsi, plusieurs systèmes de retraite aux
exigences différentes coexistent entre les États.
La collaboration ISSEG-SOCIEUXLa collaboration entre l’ISSEG et SOCIEUX a débuté en juin 2014, avec une évaluation sur le terrain du système de gestion interne. Suite à ces activités, les experts SOCIEUX sont arrivés à la conclusion qu’il convenait d’adopter des directives pour l’administration de l’institution, mais aussi d’opérer un changement législatif et d’assurer la coordination avec les autres caisses de retraite du pays. Le même schéma s’est reproduit l’année suivante avec l’analyse des caisses de retraite des États de Zacatecas et de Basse-Californie, ce qui a permis de dégager des conclusions similaires, à savoir que le Mexique devait se doter d’un organisme officiel chargé de représenter les différentes caisses de retraite au sein d’une plate-forme commune.
Les différents travaux réalisés ont été mis en commun lors du Séminaire
international des retraites, l’objectif principal de ce dernier étant d’assurer la coordination des retraites à l’échelle nationale.
Les experts Suárez (à gauche) and García de Cortázar (à droite) avec Aldo Baruch Gaínza,
représentant de l’ISSEG
6 | Socieux en Action
Amérique Latine et Caraïbes
Extension du Programme familial RISE à Saint-Christophe-et-Niévès
Décembre 2015.- Le département des services sociaux de l’île Niévès a sollicité l’aide de SOCIEUX
afin de renforcer les capacités de son équipe en charge du Programme familial Restaurer, Inspirer,
Sécuriser et Autonomiser (RISE, Restore, Inspire, Secure and Empower). Suite à une première mission,
les experts ont non seulement identifié les besoins du personnel en formation, mais ont également
recommandé le développement de systèmes et protocoles de travail à tous les niveaux de l’organisation.
Le Programme RISE est une adaptation du Programme chilien Puente (pont) qui vise à « créer une passerelle entre les familles les plus vulnérables et leurs droits ». Ce programme adopte une approche pluridisciplinaire en matière d’aide aux familles, qui va au-delà des transferts en espèces pour se concentrer sur l’autonomisation des familles. En tant que nouvelle approche holistique, ce programme demande aux travailleurs sociaux et à leurs responsables de faire appel à de nouvelles compétences et procédures de travail. De plus, le département des services sociaux de l’île Niévès manque de ressources et son personnel assume des responsabilités ne relevant pas de la nature officielle de ses fonctions.
La mission de SOCIEUX a permis d’évaluer l’état général des services sociaux sur l’île. Une série d’entretiens, et des visites à domicile ont été effectués. Selon les experts, ils ont été extrêmement utiles pour clarifier la nature de l’interaction entre les travailleurs sociaux et les clients, car ils ont permis de fournir des informations contextuelles sur le degré de pauvreté et de vulnérabilité auquel s’attaque le programme RISE. En outre, une formation a été organisée sur les capacités de communication et l’évaluation des familles. Les séances de formation ont fait la part belle aux exercices participatifs et aux jeux de rôle, les experts indiquant que le groupe de participants a été sensible à l’approche adoptée.
Les séances ont servi à dresser un état des lieux de l’action sociale sur l’île Niévès et à discuter de l’éventuelle voie que SOCIEUX devra suivre sa mission de soutien. À cet égard, les recommandations des experts comprennent toute une gamme d’activités de formation ainsi qu’une aide à l’équipe de direction. L’objectif est d’intégrer les différents programmes de soutien financier dans un programme unique et de mettre en place des procédures et protocoles de travail plus formels pour le bon déroulement du programme RISE à tous les niveaux.
Experts déployés � Mme Ana Obradovic, travailleuse sociale au Centre d’action sociale, Osijek (Croatie) � M. Christopher Horne, expert-consultant en protection sociale (Royaume Uni)
L’avis des experts« Lors des séances de formation, l’observation directe nous a permis de nous rendre compte que le niveau de compétences et d’aptitudes naturelles était très élevé. Les participants ont presque tous compris instinctivement certains des enjeux associés à la fourniture de services sociaux de qualité, ainsi que la situation des clients vulnérables. De ce fait, la première mission a laissé une impression tout à fait positive sur le futur de l’action sociale sur l’île Niévès, et sur l’impact et les chances de réussite de l’aide technique susceptible d’être fournie dans le cadre du programme de SOCIEUX. Il convient également de souligner qu’en dépit des pressions exercées sur le département des services sociaux de l’île Niévès les effectifs semblent parfaitement travailler en équipe. »
Mme Ana Obradovic
La protection sociale à Saint-Christophe-et-NiévèsLa Fédération de Saint-Christophe-et-Niévès est un État de deux îles, situé dans les Antilles; il s’agit de l’État souverain le plus petit et le plus récent des Amériques (il est devenu indépendant en 1983). En 2012, le gouvernement a approuvé sa première Stratégie nationale de protection sociale qui vise au renforcement et à l’intégration de toute une gamme de politiques et programmes. Sa première phase (2013-2017) met l’accent sur la consolidation et le renforcement des services de protection sociale existants afin de veiller à ce que les ressources censées bénéficier aux plus pauvres et vulnérables aient l’impact souhaité. Dans cet esprit, la stratégie préconise la création du programme familial Restaurer, Inspirer, Sécuriser et Autonomiser (RISE, Restore, Inspire, Secure and Empower) sur l’île. Son approche pluridisciplinaire se concentre sur l’autonomisation des familles et demandera aux travailleurs sociaux et à leurs responsables de faire appel à de nouvelles compétences.
Atelier de formation pour une communication efficace et l’évaluation des familles � «Les compétences acquises
peuvent être mises à profit afin de faire participer les personnes les plus en difficulté à des échanges constructifs.»
� «Lorsque l’on essaie d’autonomiser ces familles, on ne doit pas chercher à faire prévaloir nos valeurs, mais plutôt à démontrer comment tel ou tel mode de vie peut être bénéfique.»
� «Je suis en mesure d’utiliser les connaissances acquises et d’y puiser une motivation, sachant que les activités que nous menons au quotidien ont une véritable influence sur la vie des personnes.»
� «Cette formation m’a permis de prendre conscience d’une erreur que je commettais. Je ne m’attachais qu’aux faits. À présent, je serai davantage attentif aux détails et j’observerai la communication non verbale des clients.»
� «Je vais pouvoir utiliser les mises en situation dans mon travail de tous les jours.»
Extension de SOCIEUXLe programme « SOCIEUX – Expertise
de pour la protection sociale dans la
coopération au développement » est une
facilité d’assistance technique visant à
soutenir les efforts des pays partenaires
pour la conception et la mise en oeuvre de
systèmes de protection sociale. SOCIEUX
fonctionne par la mobilisation à court
terme d’experts pair-à-pair. Depuis sa
création en janvier 2014, SOCIEUX a fourni
une aide technique à plus de 20 pays dans
toute une gamme de domaines touchant à
la protection sociale.
SOCIEUX sera opérationnel jusqu’au mois
de décembre 2016, date à laquelle le
programme sera incorporé à une nouvelle
facilité d’assistance technique plus large,
SOCIEUX+, qui intégrera les questions
relatives à l’emploi à son champ d’action.
Envoyez votre demande !SOCIEUX s’adresse aux autorités publiques
et organismes mandatés en charge de
la protection sociale au niveau national
et régional. Les partenaires intéressés
sont invites à soumettre leur demande
écrite par courrier électronique, lettre ou
fax. La demande doit être accompagnée
d’une description succincte du domaine
d’intervention, des besoins et du calendrier
envisagé. N’hésitez pas à télécharger le
Guide pour les institutions des pays partenaires et
le Formulaire de demande d’assistance technique
sur notre site internet et à contacter
l’équipe SOCIUEX à contact@socieux.eu.
Protection socialeLancement des outils d’ISPAL’Évaluation inter-agences de la
protection sociale (ISPA) est un
ensemble d’outils pratiques qui aide
les pays à renforcer leur système de
protection sociale en analysant ses
forces et ses faiblesses et en proposant
différentes mesures à adopter. L’ISPA
comprend des outils individuels et des
mesures de résultats visant à fournir
des diagnostics rapides à trois niveaux:
les systèmes, les programmes et les
mécanismes de fourniture de protection
sociale. Tous ces outils sont conçus
pour être complémentaires et les pays
peuvent même y avoir régulièrement
recours afin d’assurer le suivi des
performances au fil du temps. Les outils
d’ISPA ont été développés à la demande
du Conseil de coopération inter-agences
sur la protection sociale (SPIAC-B).
Pour de plus amples informations,
consultez www.ispatools.org.
Actions en cours et à venirSOCIEUX présente actuellement une
longue liste de projets d’assistance
technique en collaboration avec les
institutions suivantes :
Amérique latine et Caraïbes � Barbade - Le ministère de l’Aide sociale,
des Électeurs, de l’Autonomisation et du
Développement communautaire chargé
de renforcer les capacités du personnel
en termes de suivi et d’évaluation des
programmes de protection sociale.
� Colombie - Le Service pour la prospérité
sociale, entité issue de la fusion entre
l’Agence nationale pour l’éradication
de l’extrême pauvreté (ANSPE) et
l’Unité administrative spéciale pour la
consolidation territoriale (UACT). Outre
le « Développement des capacités pour
l’amélioration et la mise en œuvre de la
Stratégie UNIS », d’autres activités liées
au renforcement des processus axés
sur l’offre sociale de la nouvelle entité
sont menées.
Afrique � Gabon - Le Fonds National d’Aide
Sociale (FNAS) chargé de soutenir le
renforcement des capacités à des
fins d’évaluation et de suivi d’activités
génératrices de revenus.
� Ghana – Le ministère de l’Égalité des
sexes, des Enfants et de la Protection
sociale (MoGCSP) chargé d’élaborer la
Politique nationale de protection sociale.
� Mali - l’Union Technique de la Mutualité
Malienne (UTM) afin de renforcer ses
capacités en matière de gestion d’une
nouvelle couverture d’assurance
maladie universelle.
� togo – La Caisse nationale d’assurance
maladie (INAM), entité mandatée par
le gouvernement togolais, chargée de
conseiller l’organisation s’agissant de
l’extension de la couverture d’assurance
maladie à l’échelle nationale.
� Zanzibar – Le ministère de
l’Autonomisation, de la Protection
sociale, de la Jeunesse, des Femmes
et des Enfants (MoESWYWC) chargé
d’élaborer un plan de mise en œuvre
efficace d’un régime de retraite universel
pour les personnes âgées résidant à
Zanzibar.
Moyen-Orient et Asie � Jordanie – Le ministère du
Développement social (MoSD) chargé
de la mise en place de sa nouvelle
stratégie interne et de son plan d’action
y afférent,
EuropeAzerbaïdjan
� Le Centre de recherche et formation
scientifiques pour les questions
professionnelles et sociales (SCRTCLSP)
via l’échange d’une expertise
européenne en ce qui concerne les
bonnes pratiques des centres de
recherche en matière de politique sociale
au sein des États membres de l’UE. Les
enseignements tirés de cet échange
devraient renforcer le SCRTCLSP afin
qu’il puisse mieux développer les
institutions en Azerbaïdjan, diffuser les
connaissances et fournir des travaux de
recherche de qualité afin de soutenir le
processus décisionnel.
� L’Agence nationale pour l’assurance
maladie obligatoire (SAMHI) chargée
d’introduire l’assurance maladie
obligatoire dans le pays et d’assurer la
mise en œuvre des réformes dans le
domaine du financement des soins de
santé.
MN-AK-14-001-EN-NISSN 2363-2275
© European Union, 2016Printed in Belgium
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