Post on 06-Oct-2020
Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke Département de santé communautaire
L'actualisation des forces du moi, comme approche éducative et préventive
auprès des jeunes parents
par Claudette Rousseau, psych.-éd.
ws 1 0 5 . S . S 3 t R € B 7 1 9 8 6
CENTRE DE DOCUMENTATION
Institut national de santé publique du Québec 4835 avenue Christophe-Colomb, bureau 200
Montréal (Québec) H2J 3G8 Tél.: (514) 597-0606
Table des matières
Introduction
Chapitre premier - La problématique
Chapitre II - L'aspect théorique ..
Conception dynamique de la personne humaine
Application de ce concept dynamique de la personne humaine, à l'éducation:
A) L'objectif principal de l'éducation B) La mutualité, condition essentielle à la formation de
l'autonomie
Le processus de la représentation-de-soi versus la représentation-de-1'ëntourage-et-des-autres, selon le modèle théorique de Gumdon:
A) La représentation de soi: un processus
B) Se représenter: prendre conscience ...... C) Se réapproprier les quatre niveaux de la représentation
de soi D) Se représenter dans ses décisions et dans ses forces
Chapitre III - Notre conception du rôle de parent
Résumé des principes de base qui supportent notre conception ... A) L'être humain est en perpétuelle croissance B) L'équilibre et l'autonomie de la personne
C) Les forces psychologiques • * D) L'expérience.vécue E) Le corps en action, lieu privilégié d'apprentissage F) Le jeu est le moyen privilégié d'apprentissage de l'enfant
et un outil précieux dans la mutualité parent-enfant G) Le rôle "de parent ne peut pas s'improviser
Chapitre 111 - Notre conception du rôle de parent (suite)...
Notre conception de la compétence parentale 33 A) La force psychologique de la compétence 33 B) Les aptitudes de base 35
Chapitre IV - L'approche préventive et éducative proposée 39
Ses buts
Comment atteindre ces buts:
A) Amener le parent à une représentation-de-soi plus différen-ciée-de-1'autre-et-de-1'entourage 47
B) Développer les aptitudes de base: 54 - prendre soin de soi 54 - l'amour et l'estime de soi: base de la confiance en soi
et en l'autre i 55 - la joie de vivre 57 - le sens de l'organisation pratique 60
C) Sensibiliser le parent à l'observation participante 64 D) Arrêter les agirs nocifs a l'enfant et nuisibles à l'estime de soi 66 E) Donner au besoin, de l'information sur le développement de
l'enfant et faire connaître les ressources existantes ....... 69
Chapitre V - Des pistes à développer pour la concrétisation de
l'approche 71
Une attitude de base a acquérir et à développer 72
Suggestion d'un plan d'intervention auprès des parents ayant des enfants en bas âge 74 A) Groupe de croissance pour les parents avant et après la
naissance 74 B) Groupe de croissance pour les parents n'ayant pas participé
aux rencontres prénatales ; . 81 C) Formation axée sur le développement de l'autonomie de
l'enfant - 81
Caractéristiques de ces différents groupes - leur déroulement possible 82
Pré-requis chez les intervenants
Chapitre VI - Les outils pédagogiques
La relecture .. .
Le budget d'énergie
Le jeu
Conclusion
Références •
I
INTRODUCTION
2
Ce document n'est pas un programme détaillé d'intervention. Il se veut
davantage un cadre de référence et une sensibilisation à l'approche de
l'actualisation des Forces du Moi chez le parent, comme moyen d'améliorer
sa compétence éducative (ou parentale), et d'assurer ainsi la sécurité et
l'épanouissement des enfants d'âge pré-scolaire.
Dans le .but d'aider les intervenants communautaires à orienter efficacement
leurs interventions auprès des jeunes parents, nous avons voulu partager
avec eux notre réflexion sur l'éducation, notre conception du métier de
parent, de même que les conditions qui nous semblent essentielles à la
réalisation de la compétence parentale.
Nous nous sommes inspirés principalement de J. Guindon, auteure de la "Con-
ceptualisation du processus d'actualisation des Forces du Moi". Nous avons
aussi puisé dans nos expériences auprès des parents, surtout celles vécues
dans le cadre du service "Vivre avec mon enfant", .conçu et réalisé lors de
notre implication comme coordonnatrice à la Ligue pour la protection de l'en-
fance de l'Estrie inc. Nous vous proposerons donc un mode d'approche centré
sur le parent, en tant que personne, dans sa globalité et son unicité; il
s'agit d'une approche basée sur la mutualité, concept emprunté à Erickson,
et orientée sur les forces à faire découvrir plutôt que sur les problèmes à
régler et sur les décisions prises dans le vécu et ce, malgré les déficits
et les limites de la personne et de son environnement.
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Notre cadre théorique devra être considéré comme un bref aperçu de la
théorie supportant notre mode d'intervention. Nous souhaitons que la
lecture de ce document, suscite chez les intervenants concernés le désir
de s'engager dans un programme de formation qui sera offert à. tous ceux
qui désirent s'initier à ce mode d'intervention.
Nous vous ferons connaître quelques outils et techniques a utiliser lors
des visites a domicile aussi bien que dans des rencontres de groupes de
parents et lors des consultations a la clinique. Nous vous suggérerons
un déroulement possible lors de ces rencontres.
Ce document est rédigé à l'intention de tous les intervenants communautaires
auprès des jeunes parents ( périnatalité et petite enfance), et dont la prio-
rité est de rendre ces nouveaux parents plus compétents dans leur tâche édu-
cative et, de ce fait, de diminuer l'incidence de la négligence et du mau-
vais traitement dans le milieu familial.
Le lecteur constatera que l'accent est mis prioritairement sur la valorisa-
tion du parent, lui faisant découvrir ses propres ressources et moyens,
qu'il apprendra, grâce à votre intervention, à utiliser pour créer les
conditions de vie et les stimulis les plus favorables possibles au déve-
loppement de l'autonomie de l'enfant.
Nous souhaitons que, grâce à ce mode d'intervention, de moins en moins de
parents croient que pour être "bon parent", il faille "s'oublier pour ses
enfants"l
4
Au contraire, qu'ils apprennent d'abord à Mêt-re bon pour eux, à s'aimer
eux-mêmes"!
Partant de leurs expériences, que nous leur fassions prendre conscience que
le sens qu'ils veulent donner à leur vie et que leur engagement envers leur
enfant reposent sur différents niveaux d'engagements:
- d'abord, engagement envers eux-mêmes, comme personne, dans la
• façon d'identifier et de tenir compte des points de repères dans leur pro-
pre corps;
- engagement dans les moyens qu'ils prennent pour assurer leur bien-»
être corporel et de maintenir un équilibre dans la répartition de leurs é-
nergies;
- engagement, par la suite, dans l'utilisation consciente de leurs
aptitudes, de leurs talents, de leurs apprentissages antérieurs, dans
leurs moyens de s'organiser et dans ia façon d'accomplir les tâches inhé-
rentes à la vie famil.iale et de donner les soins aux enfants.
C'est par. l'intégration de ces prises de conscience qu'ils sauront mettre
à profit tout leur potentiel et leur originalité dans la relation avec
leur enfant. Ainsi vécus, il y a plus de chances que les moments consacrés
aux soins quotidiens et les jeux partagés avec les petits, deviennent pour,
les parents autant d'occasions de détente, de récupération, de communica-
tion et de joie partagée avec l'enfant.
Plus present à lui-même et a ses forces, le parent sera capable d'une plus
grande ouverture et d'une plus grande disponibilité à son entourage. Il sera
davantage capable de s'engager envers son enfant et sa famille. Il saura
mieux l'aider à grandir, à devenir autonome. Et ce, tout en .continuant de
s'épanouir lui-même. . La vie familiale ainsi vécue deviendra, nous l'espé-
rons, un lieu de bien-être et de joie partagés! i
i " ' • 1 • -
f C'est le but ultime de ce document!
Chapitre premier
Problématique
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Les intervenants communautaires rencontrent régulièrement de jeunes parents
qui se sentent dépourvus, démunis, inquiets face a leur tâche éducative au-
près de leurs jeunes enfants. Ils se croient seuls à avoir des difficultés!
Ils ont peur d'être jugés par leurs proches ou par les spécialistes. Ils
croyaient que ce serait facile,- ils avaient tellement hâte! "Après tout,
personne ne va à l'école pour être parent!"... Ils croyaient qu'ils sau-
raient .
Pourtant beaucoup de parents éprouvent des difficultés. Ils sont déçus,
frustés, certains vont jusqu'à se désintéresser de l'enfant; d'autres
s'impatientent, crient, frappent, menacent ou punissent exagérément. Ces
derniers ont honte de leurs gestes, se sentent coupables, pris au piège.
Plusieurs constatent l'inefficacité de leur méthode: les petits, surtout les
2 à 5 ans, sont de plus en plus "tannants", agressifs, ils n'écoutent pas... Les
parents développent une image négative d'eux-mêmes et de leur enfant. Peu
osent demander de l'aide.... Peu de ressources sont identifiées pour répon-
dre à ce besoin ... avant qu'on n'aille trop loin et que l'enfant n'ait besoin
d'être protégé de sa propre famille....
Il y a aussi ceux qui sont anxieux, qui n'ont pas confiance en eux. Ils quêtent
sans cesse des conseils, des approbations. Ils s'en remettent entièrement aux
spécialistes ou à l'entourage. "Eux, ils savent!..." Quant aux personnes
ressources: irifirmiers(ères) communautaires, pédiatres, médecins de famille,
ils acceptent ordinairement de bon gré d'informer, de guider, de conseiller,
mais ils s'avouent souvent impuissants devant les attentes et les besoins
réels de ces parents.
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Pour ces intervenants, le problème est réel et crucial: comment aider les
jeunes parents? Quoi leur transmettre? Comment les sécuriser et, surtout,
comment les rendre plus autonomes et plus compétents face à Leurs respon-
sabilités parentales? Comment éviter que des situations se détériorent
d'une visite à l'autre et qu'ils n'aient plus d'autres choix que celui de
signaler le cas à la protection de la jeunesse? .... Là, où de façon conti-
nue, une centaine d'enfants sont pris en charge et protégés de leur propre
famille, devenue un danger pour leur sécurité et/ou leur développement.
"La plupart du temps, les comportements n'ont rien de malades", déclarait
récemment M. Jean Gélinas, directeur de la protection de la jeunesse, "Je
pense plutôt qu'il s'agit d'une quëstion d'éducation et de négligence."
"Souvent, poursuivait-il, un parent qui maltraite a été lui-même maltraité.
Quatre-vingt-dix-sept pour cent des parents répètent ces comportements. Ils
n'ont pas.appris à être parents". (La Tribune, 16/10/85-A3).
Une action éducative et préventive s'impose! De par leur fonction, les in-
tervenants communautaires se doivent d'être préventifs et éducatifs.
Pour toutes les considérations explicitées précédemment, il est donc urgent
de leur offrir un cadre de référence.orientant leurs interventions auprès
des jeunes parents: ceux qui ont été identifiés comme .parents ou enfants
à risques tout autant que ceux qui, plus motivés, expriment leur inquiétude
et demandent de l'aide.
Nous savons qu'il est important d'intervenir tôt, dans les premières semai-
nes ou tout au plus les premiers mois. Il est important de profiter de
cette période d'adaptation et d'ajustements chez le jeune parent, dès lé
début, pour l'aider à prendre conscience et à préciser le sens qu'il veut
donner à cet engagement nouveau dans sa vie d'adulte.
En lui faisant prendre conscience, dès la première visite, que la façon
dont il veut vivre sa relation avec son enfant à travers son rôle de pour-
voyeur de soins, dépend de sa façon de prendre soin de lui-même, et d'être
présent à lui, nous contribuons à le valoriser dès le départ, dans son rôle
de parent.
La précocité de nos interventions permet aux parents de découvrir très tôt,
le sens profond que peuvent prendre tous ces petits gestes quotidiens, main-
tes fois répétés et en soi si peu gratifiants; ils prennent conscience que
c'est à travers ces gestes que se bâtit le lien avec son enfant.
Cette valorisation précoce nous apparaît une garantie sûre contre les dé-
couragements, les négligences, les pertes de contrôle et les abus trop
souvent observés chez les parents dans les premières années et même les
premiers mois de vie de l'enfant.
Nous savons aussi que la relation parent-enfant, dans les premières années
de vie, a une influence capitale sjur la construction des premiers niveaux
d'organisation psychique de 1' enfant, qui, a leur tour, orientent l'e1abo—
ration de toute la personnalité future de l'individu.
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Pour toutes ces raisons, nous voulons donc agir de façon précoce et
préventive•
C'est ainsi qu'on nous a confié la tâche de faire connaître un mode d'in-
tervention, propice à rendre le parent le plus autonome possible dans
l'exercice de sa tâche éducative. Une intervention qui ne vise pas que la
transmission de connaissances et d'habiletés. Une intervention dont l'ob-
jectif consiste en un réel apprentissage, basé sur l'intégration des diffé-
rents niveaux de prises de conscience du parent, qui lui permette de puiser
dans ses expériences antérieures, de les adapter à son vécu actuel et aux
changements rapides et continus de son enfant.
i
Qu'enfin, les parents aient davantage confiance en leurs propres moyens, les
ayant expérimentés et ayant pris conscience de leur adéquacité. Qu'ils
soient capables de décider d'utiliser adéquatement les ressources du milieu!
Qu'on fasse en sorte que de plus en plus de parents soient le meilleur édu-
cateur et le lien le plus sûr et le plus durable pour son enfantl
Chapitre deuxième
Aspect théorique
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Conception dynamique de la personne humaine
L'être humain, de sa naissance à sa mort, est en perpétuelle croissance.
A la lumière des théories d'Erickson, Piaget et J. Guindon, nous croyons
à une croissance épigénétique, i.e. qui se concrétise dans une succession
de stades intégratifs et interrelatifs. Cette croissance est donc rendue
possible grâce à une interaction entre les différentes composantes de la
personne et entre les différents niveaux d'équilibre d'une part, et, entre
la personne en état de croissance et son mi 1ieu,d'autre part. Selon Guin-
don: "A chacun des niveaux d'organisation psychiques surgissent les forces
constituantes du Moi".
En effet, de l'état d'indifférenciation et de dépendance dans lequel se
trouve le nouveau-né, se construit progressivement une personne de plus en
plus différenciée, autonome, avec un Moi de plus en plus articulé, capable
de décisions adéquates permettant: adaptation., équilibre et ouverture
progressive et de plus en plus large et engagée à l'autre,au monde et à
l'univers.
J. Guindon (1982) décrit le Moi comme: "L'organe de maîtrise active et
régulateur psychique interne; organe dont la fonction n'est pas seulement
d'assurer à la personne une certaine protection contre les stimuli exces-
sifs mais aussi d'intégrer les forces de productivité et d'adaptabi1ité,
harmonisant ainsi les moyens d'adaptation actifs avec les possibilités en
perpétuelle expansion du milieu environnant".
Les forces du Moi constitueraient cette partie du Moi dont la fonction
est d'intégrer et de synthétiser graduellement dans une forme d'équilibre
toutes les composantes du développement de la personne humaine: maturation
somatique* utilisation des modes d'organes, développement de la libido, des
schemes cognitifs, de même que les modalités sociales alimentées par l'en-
tourage .
J. Guindon a emprunté à E. Erickson ce concept de "forces vitales". Ce der
nier s'est limité à les identifier, à les décrire et à en indiquer le mo-
ment de leur apparition au cours du développement de la personne. Selon
lui, une seule force surgissait à chacun des niveaux d'organisation psy-
chique. L'originalité de J. Guindon fut d'en expliquer le processus d'ac-
tualisation à chacun des stades d'évolution de l'individu. De plus, elle
nous a démontré que non seulement une force mais toutes les forces sont
potentiellement présentes dès le premier niveau d'organisation de la person
nalité. Pour elle, les forces psychologiques ne peuvent s'actualiser qu'à
travers les expériences vécues et grâce à l'intérêt authentique des person-
nes significatives tout au long de la vie de l'individu et surtout durant
sa petite enfance. Signalons aussi que J. Guindon a réalisé plusieurs
applications de son modèle théorique d'actualisation des forces du Moi:
formation de professionnnels en interventions cliniques et en psycho-
thérapie , formation de bénévoles auprès de jeunes et/ou de personnes âgées,
formation d'éducateurs et la formation du "psycho-religieux".
Dans le présent document, sans expliquer le dynamisme de ces forces dites
"vitales" ou "psychologiques", nous nous proposons de décrire et de faire
découvrir comment on peut, comme intervenant et
cadre de travail, contribuer à actualiser, chez
forces psychologiques; comment, en s'intéressant et en leur faisant prendre
conscience de leurs forces à travers leurs expériences quotidiennes, on peut
ainsi les aider à mieux s'équiper pour qu'ils puissent à leur tout créer i
les conditions favorables à l'actualisation de ces forces psychologiques
chez leurs enfants. Voici ces forces: l'Espérance, le Vouloir, la Pour-
suite des buts, la Compétence* la Fidélité, l'Amour. Une brève définition
de chacune .d'elles sera donnée à la fin de ce document.
intéressées, à poursuivre leur compréhension
Guindon (1982): "Vers l'autonomie psychique".
malgré les limites de notre
les jeunes parents', leurs
Nous invitons les personnes
en consultant le livre de J
Application de ce concept dynamique dë la personnalité humaine, à l'édu-cation:
A) L'objectif principal de l'éducation:
Dans son volume: "Vers l'autonomie psychique',' Guindon (1982) trace
les grands jalons de l'application de sa théorie à l'éducation.
Selon cette auteure, "en éducation, l'objectif principal réside
dans la création de conditions qui soient les plus favorables au développe-
ment de 1'autonomie personnelle de l'enfant, afin de permettre l'actuali-
sation des forces psychologiques de celui-ci, selon les stades de dévelop-
pement de sa personnalité".^"^^^ Les autres objectifs, comme la trans-
mission des valeurs culturelles, le savoir, les apprentissages divers
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essentiels à l'insertion dans la société et dans le monde du travail, de-
meurent secondaires par rapport à l'acquisition de l'autonomie. Ces ap-
prentissages secondaires seront donc atteints grâce à l'acquisition fon-
damentale de l'autonomie.
B) La mutualité, condition essentielle à la formation de l'autonomie:
La condition désignée par l'auteure comme "la plus essentielle"
à la formation de cette autonomie, réside dans "la qualité des interac-
tions constantes entre l'adulte et l'enfant, où l'un et l'autre trouvent
réciproquement une satisfaction réelle dans des échanges de plus en plus
significatifs. La mutualité qui se développe ainsi entre les participants,
telle qu'explicitée par Erickson (1964), est la base même de 1 ' actualisa-
tion des forces vitales humaines propres à chacun des partenaires" (p'^4)^
nous dit l'auteure.
Par mutualité, il faut comprendre selon Erickson (1964), un "ajus-
tement optimal" et une "régulation mutuelle", entre, par exemple la mère
et le bébé "qui leur permettent de développer et de coordonner simultané-
ment sa façon à lui de recevoir et sa façon à elle de donner. Une forme
importante de plaisir libidinal est attachée à cette coordination... La "b
bouche et le sein semblent être simplement les foyers d'une atmosphère
générale de chaleur et d'échange, dont se satisfont jusqu'à la détente,
non seulement les organes particuliers, mais les deux organismes entiers"^'^^
Ce plaisir partagé entre celui qui apprend, qui reçoit et celui qui donne
est d'une importance fondamentale et influence non seulement la qualité
de l'apprentissage, mais le pouvoir même d'apprendre, de recevoir et
plus tard de donner. Cette mutualité se concrétise dans le plaisir et
l'état de détente, de satisfaction'que ressent autant la mère que le
nourrisson, par exemple, pendant et après l'allaitement. Elle se mani-
festé par la coïncidence .entre, d'une part l'intérêt réel que porte le
parent aux manipulations que fait le jeune enfant, et d'autre part, par
la fierté que ce dernierren ressent. Elle se vit aussi, et elle est tout
aussi importante, entre L'intervenant qui s'intéresse vraiment à la per-
sonne aidée, a ce qu'elle a fait, aux moyens qu'elle a pris, à ses déci-
sions pour atteindre l'ob;jectif escompté: de cet intérêt jaillit une y
fierté, favorisant l'actualisation des décisions et des forces dont elle
a pris ainsi conscience.;.
Cette mutualité se construit en accord avec les stades de dévelop-
pement. Grâce à la mutualité, les forces du Moi surgissent à chaque niveau
d'organisation psychique de la personne et se développent à travers les
expériences vécues dans son corps, dans sa productivité, dans son adapta-
bilité et dans ses rencontres significatives. Pour que cette construction
se réalise, il faut que le parent et l'enfant vivent ensemble des expérien-
ces, des activités, qu'ils aient un vécu quotidien, où l'un et l'autre re-
tirent une.satisfaction réelle.
La première année de vie de l'enfant foisonne d'exemples concrets -s.
faisant appel à la mutualité parent-enfant. On voit, par exemple, le parent
pourvoyeur de soins, observer son petit, surtout durant les premiers mois.
Il tente ainsi de saisir ses rythmes sommeil-éveil, alimentation-digestion-
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élimination. Il découvre ses façons de recevoir la nourriture, ses
tâtonnements, ses réactions aux changements de texture ou de saveur. Il
essaie de connaître et de comprendre les indices de son bien-être ou de
ses malaises en regard des différents stimulis externes ou internes comme:
la chaleur, le froid, les différentes textures de tissus, la lumière, les
mouvements, le besoin de bouger, de manger, de changer de posture ou de
couche, son désir d'être pris, d'avoir de la compagnie, d'être bercé...
etc.
Le parent essaie d'ajuster sa façon de donner les soins à la lumiè-
re des indices perçus chez l'enfant. Cependant, pour qu'il y ait mutualité
il ne suffit pas d'être attentif et de s'ajuster aux messages saisis dans
le langage corporel du nourrisson. Il doit y avoir ajustement, "régula-
tion mutuelle" entre, d'une part, les points de repères reconnus chez le
bébé et, d'autre part, les points de repères identifiés par le pourvoyeur
de soins dans son propre corps, dans ses manières de faire et dans ses
engagements.
Par exemple, quand le parent prendra son poupon pour le faire boire
(au biberon ou au sein selon son choix), ou uniquement pour lui procurer de
l!affection, du bien-être, il saura trouver la position et la posture qui,
à la fois, assureront sécurité et bien-être au bébé, d'une part., et dé l'au-
tre, un certain confort chez le parent, tenant compte de ses indices de fati
gue et de tension. La manière de prendre, d'être présent à l'enfant et le
temps accordé à ce geste ne seront pas â la merci du caprice du parent ni de
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l'enfant. Les décisions prises par le pourvoyeur de soins seront en lien
avec ses engagements tant envers lui-même qu'envers son petit.
Ce langage des corps favorisant un ajustement aussi optimal que
possible, se traduira en une satisfaction commune: tant pour le parent
que pour l'enfant. C'est ainsi que le bébé apprendra à recevoir et à faire
connaître, progressivement, les modalités qui lui conviennent. Le parent,
lui, apprendra à donner et à tënir compte des particularités de son petit,
tout en faisant connaître et respecter ses propres modalités et ses limites.
L'engagement du parent, en tant que pourvoyeur de soins, 1'amènera
à profiter de l'occasion des soins à donner quotidiennement (changements
de couches, le boire, le bain, les repas, la préparation au coucher, le
réveil), pour vivre cette mutualité et transformer ces moments en autant
d'expériences qui favorisent la participation active de son bébé, en même
temps que sa détente et sa fierté personnelles.
Il sera aussi capable de susciter quotidiennement d'autres expé-
riences qui favorisent la participation active de 1'enfant, 1'amenant gra-
duellement à prendre des décisions, à poser des gestes de plus en plus
appropriés, à la fois a sa réalité personnelle et à la réalité objective.
Nous l'avons vu, cet apprentissage se commence au berceau et prend racines
dans le corps de l'enfant. Voici un exemple de la participation de plus
en plus active du tout-petit, rendue possible par les conditions favora-
bles créées par le parent, dans un climat de mutualité.
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Exemple: Maman s'est rendue compte que bébé Yan, 4 mois,souriait,
gazouillait, agitait les bras et les jambes lorsqu'elle bougeait au dessus
du berceau une ficelle bleue à laquelle elle avait attaché, à intervalles
réguliers,de gros boutons rouges, bleus, verts. Maman avait du plaisir
à voir son petit s'amuser ainsi. A chaque jour,elle prenait quelques mi-
nutes pour jouer avec lui. Cependant, elle trouvait fatiguant d'être pen-
chée au-dessus du berceau et elle voulait aussi accomplir d'autres tâches.
Elle décida de construire un autre jouet semblable et les accrocha tous les
deux aux côtés parallèles du berceau et, alla préparer les purées du bébé.
Le berceau étant à une dizaine de pieds d'elle, elle pouvait jeter un coup
d'oeil, de temps à autres sur son petit. Elle vit Yan regarder, puis réagir
en agitant bras et jambes... ce qui faisait bouger le jouet. Yan arrêtait
son mouvement, le jouet.se stabilisait, bébé redevenait plus sérieux,puis
tout-à-coup bougeait à nouveau - le jouet s'agitait avec un claquetis.
Yan s'épanouit à nouveau... ainsi de suite, avec des mouvements tantôt plus
saccadés, tantôt plus doux. Maman a compris que bébé avait découvert qu'il
pouvait lui-même se faire un spectacle intéressant, qu'à travers ses mouvements
dans ses jambes, ses bras - il a découvert qu'il pouvait agir sur le jouet
à distance et obtenir le spectacle désiré - il répéta de nombreuses fois
son manège jusqu'à ce que, fatigué,il s'endormit.
En agissant ainsi,cette maman a contribué à la construction de l'au-
tonomie de son petit. Cet exemple illustre bien aussi la mutualité, condi-
tion essentielle à cette construction: Maman est attentive à son petit;
elle est consciente qu'il est de plus en plus éveillé à l'entourage, que
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ses sens captent davantage Les formes, les couleurs, les bruits, les
mouvements. Elle s'y intéresse et prend plaisir à jouer avec:lui» cependant
elle ne se perd pas de vue, elle tient aussi compte d'elle, de ses points
de repères dans son corps: elle ressent une fatigue dans son dos a cause
de la posture; de plus, elle a d'autres engagements, tels l'entretien de la
maison. Elle sait prendre une décision qui tient compte à la fois du
besoin-de son enfant, faisant confiance en ses capacités à lui de s'a-
dapter, et à la fois,à sa réalité à elle. Les deux en retirent une satis-
faction réelle.
Il s'agit donc d'expériences et du vécu quotidien, où le parent, loin
de s'oublier ou de se sacrifier au profit de son enfant, tiendra compte
également de ses besoins, de ses intérêts, de ses engagements, utilisant
tout son potentiel et son originalité à créer les conditions les plus
favorables à la construction de l'autonomie de l'enfant et de son propre
épanouissement. Pour ce faire, le parent apprendra a s'intéresser et a
observer son enfant, a travers les découvertes et les acquisitions de ce
dernier; il portera attention à la façon personnelle de faire de son enfant,
occupé à jouer, à manipuler un objet, ou à résoudre un problème concret.
L'observation du parent, investie de son affection* l'amènera a saisir
les besoins particuliers de son enfant, et,- cet intérêt du parent le gui-
dera dans sa façon d'apporter les soins a l'enfant et de le stimuler dans
son développement physique, psycho-moteur, affectif, intellectuel et social.
C'est ainsi qu'il adaptera, en conséquence,- son intervention, sol-
licitant de plus en plus la participation active de son enfant. "Son
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enthousiasme devant les découvertes de son petit, éveillera chez ce dernier,
une fierté et un estime-de-soi essentielles à la formation d'une identité
positive" (Guindon p.164).
Pour atteindre cet objectif de sensibilisation et d'ouverture à l'au-
tre, tout en demeurant soi-même, ce qui constitue un élément essentiel de
l'éducation et de l'autonomie, le parent doit, selon Guindon "avoir atteint,
grâce à une représentation-de-soi assez intégrée, une certaine identité per-
sonnelle qui se manifestera par un engagement aux valeurs de vie: capacité
d'aimer qui se traduit par un respect des autres et de soi-même, capacité
de s'ouvrir véritablement aux autres et, surtout, a la génération nouvelle,
en créant pour les enfants dont il est responsable, les conditions propres
i . ' . - i J u M (P'*165) a assurer l'epanouissement personnel de chacun".
Donc, plus le parent aura atteint une représentation différenciée
de lui-même, plus il sera en mesure de considérer son enfant comme une per-
sonne unique, avec son individualité propre; moins il sera enclin à lui im-
poser ses propres façons de faire et d'être, ou encore, de le modeler à l'i-
mage dont il rêve. Plus, au contraire, il saura créer les conditions favo-
rables au développement de l'enfant en tant que personne unique, différente
de lui et de plus en plus autonome.
Le processus de la représentation-de-soi, versus la représentation-de-1'en— tourage-et-des-autres, selon le modèle théorique de Guindon:
A) La représentation de soi: un processus
Cette représentation de soi différenciée, essentielle à tout engagement
efficace comme éducateur, consiste en un processus qui se construit graduel-
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1ement, qui évolue, se différencie, se nuance et s'intègre. Ce processus
selon Guindon, "se fait selon une séquence de constructions successives,
apportant des élaborations constantes de configurations nouvelles et ce, a
chaque stade de développement" . ^ ^
A chaque stade de développement, 1 'individu acquiert une représentâtion-de-
lui-versus-repr'ésentation-des-autres, différente, plus nuancée, plus inté-
grée, mais dont il est plus ou moins conscient. L'intériorisation de la
représentation de soi constitue cet équilibre "qui résulte d'un ajustement
optimal entre, d'une part, la représentation de la réalité expérientielle -
ce qui se rattache à sa personne - et, d'autre part, la représentation con-'
ceptuelle de la réalité - la réalité vue à travers sa facette objective
(Noy 1979)". ( p " 1 3 0 )
L'équilibre de la personne est étroitement lié à l'ajustement de
plus en plus nuancé qu'elle réussit a faire entre la représentation de
sa réalité expérientielle et la représentation conceptuelle de la réalité
objective. Les changements importants que doit vivre une personne au
cours de sa vie, les choix qui s'imposent aux différentes étapes de son
évolution, les engagements et les défis nouveaux l'obligent, à chaque fois,
à une nouvelle synthèse, à de nouveaux ajustements. Cette nouvelle synthèse
provoque une forme supérieure d'équilibre imp 1iquant une nouvelie façon de
se représenter et de tenir compte à la fois :
. de son corps, dans ses décisions en accord avec ses points de repères et ses apprentissages somatiques (soi corporel)
. sa façon personnelle de faire, de s'organiser pour accomplir une tâche et atteindre son objectif (soi productif)
23
de sa façon de vivre les changements et de s'ouvrir à l'entou-rage, de s'engager dans une tâche et de coopérer (soi adaptatif)
de sa capacité et ses modalités de s'engager dans une relation interpersonnelle, acceptant l'autre tel qu'il est, de s'engager dans son rôle de parent ou dans une cause humanitaire ou sociale, tout en conservant son identité et respectant ses valeurs per-sonnelles (soi social).
B) Se représenter: prendre conscience
Rappelons enfin que la représentâtion-de-soi est généralement pré-conscien-
te. La prise de conscience n'est possible que par une démarche voulue par
le sujet et grâce à l'intérêt que lui porte une personne qui l'amène, a
travers des activités précises et des expériences'vécues, a prendre
conscience de sa façon personnelle de vivre cet ajustement optimal entre,
d'une part, la représentation qu'il se fait de ce qui se rattache a sa
propre personne et d'autre part, sa représentation conceptuelle de la
réalité vue a travers sa facette objective.
Se réapproprier sa représentation-de-soi signifie donc: prendre conscience
de sa capacit é plus ou moins grande de prendre des décisions appropriées
à la situation toute entière tenant compte à la fois de sa réalité per-
sonnelle, vue à travers ses expériences, et de la réalité objective.
C) Se réapproprier les quatre niveaux de la représentation-de-soi
C'est par la représentation-de-soi, prise de conscience de ses décisions,
de sa façon de faire, que l'adulte peut récupérer et se réapproprier les
apprent issngcs qu'il n f ni ts d;ms sa pot i te v.n I nnce ot. qui sonl inscrits
dans sa façon d'être et de faire, devenus des comportements actuels, sans
qu'il ait eu de décisions a prendre: sa façon de se détendre, d'accueillir
24
le sommeil, de se nourrir, de réagir au froid, à la chaleur, d'accomplir
certaines tâches routinières, et même d'entrer en contact avec autrui. Ces
prises de conscience, manifestations de l'autonomie personnelle., sont, sour-
d'une plus grande qualité de vie et la garantie d'un engagement authen-ces
tique
Nous avons vu que la construction de la représentation-de-soi s'élaborait
par niveaux.
La réappropriation de sa capacité de prendre des décisions appropriées à
la situation entière, se fait aussi en respectant les différents niveaux
de construction:
1 e r • 1 niveau:
Soi corporel: Se représenter dans son corps, prendre conscience de ses points de repères corporels tels que vécus dans son corps à soi ; retrouver ses rythmes de base, ses seuils de tolérance, de fatigue ... ses modalités d'accueil a travers ses sens ...; retracer les gestes, les mouvements qui contribuent à s on bien-être personnel.
Se voir décider dans son corps, faire les ajustements qui permettent de vivre le bien-être corporel et l'équilibre dans la répartition de ses éner-gies dans une journée, une semaine.
s 2 niveau:
Soi productif: Se représenter, se voir mentalement faire, agir a travers une séquence d'actions, des étapes, une logique., en tenant compte de ses apprentissages précédents, faisant preuve de discernement, et de jugement; se représenter capable de faire des choix et des renoncements et de prendre des décisions en acte.
25
Se regarder mentalement, "agissant". Trouver sa f';içon personnelle de fai-
re. Etre fier de soi,ce qui conduit à l'estime de soi.
3 niveau:
Soi adaptatif: Se voir mentalement face à son ouverture à l'entourage
et aux autres et aux changements prévus ou non prévus. Se voir dans l'ac-
complissement d'une tâche, en coopération avec l'autre.
Prendre conscience de sa façon particulière de s'ajuster tenant compte à la
fois de la réalité extérieure: les changements d'horaire, de technique, de
personnes ... etc., les façons de faire différentes des autres, leurs atten-
tes, ... etc., tout en respectant ses façons de faire a soi, ses propres
valeurs et le sens que l'on veut donner à sa vie.
/ è . 4 niveau :
Soi social: Prendre conscience de sa façon d'être en relation avec les autres,
en les acceptant tels qu'ils sont, au delà des comportements qui agacent, des
cultures, des religions, ... etc., et tout en demeurant soi-même...
Prendre conscience de sa façon de s'engager dans une relation d'intimité,
une relation d'amour; se voir capable de sollicitude, de don de soi, sans se
perdre de vue.
Nous considérons qu'être parent constitue un défi de taille dans l'évolution
de l'être humain. Nous avons vu avec J. Guindon que pour s'engager effica-
cement dans l'éducation d'un enfant, il faut être en mesure de suffisamment
se représenter pour savoir qui on est, c'est-à-dire avoir atteint une certai-
ne identité personnelle.
26
C'est pourquoi nous considérons que tout intervenant qui s'engage à aider
Les parents dans leur fonction éducative, doit être conscient de cette
réalité et en mesure de les amener à se réapproprier leur représentation
de soi, en lien avec leur rôle de parent.
D) Se représenter dans ses décisions et dans ses forces
Les forces psychologiques, lors d'une expérience, se retrouvent non pas
dans le résultat- obtenu, mais dans les décisions prises tout au long de l'ex-
périence et qui ont conduit au but. Plus la personne est consciente de ses
décisions, de comment elle a pris chacune de ses décisions dans l'action,
et, ce qui l'amène à prendre ces décisions de cette façon, plus elle est
capable de décider lucidement, consciemment, et, d'agir de la façon dont
elle se sait efficace,en* accord avec son objectif.
On peut identifier les forces de la personne:
. dans l'objectif qu'elle s'est fixé et les moyens appropriés pris pour atteindre son but (poursuite des buts)
. dans les discernements, les jugements posés qui l'ont conduite à des choix agis (vouloir)
. dans le temps et les délais qu'elle a accepté de vivre (espérance)
. dans la persévérance à continuer, à maintenir son engagement, malgré les obstacles (fidilité)
. dans l'ouverture à elle-même, aux autres et à l'entourage (amour).
En aidant le parent à acquérir une représentation se soi plus différenciée,
c'est-à-dire, à prendre conscience de ses décisions à travers ses expériences
concrètes, l'intervenant contribuera donc à construire les forces psycholo-
giques, du parent.
27
C'est par ce chemin de réappropriation de la représentation de soi, princ
paiement du soi corporel et du soi productif, et de la construction des
forces psychologiques que nous proposons aux intervenants d'aider les pa-
rents a vivre leur rôle d'éducateur avec plus d'efficacité et de valorisa
tion personnelle.
Chapitre troisième
Notre conception du role de parent
29
Résumé des principes de base qui supportent notre conception.
A) L'être humain est en perpétuelle croissance.
A la lumière de la théorie de Guindon qui intègre celles d'Erickson
et de Piaget, nous croyons à une croissance épigénétique,c'est-à-dire qui se
crétise en une succession de stades intégrat.ifs et interrelatifs. Chacun
de ces niveaux donne naissance à une forme d'équilibre nouvelle, intégrant
la forme précédente, supérieure à cette dernière, inférieure à la suivante,
mais la préparant.
A chacun de ces niveaux de croissance surgissent les forces consti-
tuantes du Moi.
B) L'équilibre et l'autonomie de la personne
L'équilibre et l'autonomie de la personne sont reliés à la qualité
de la mutualité vécue entre l'enfant et les personnes significatives, tout
au long de son développement, et particulièrement dans sa petite enfance.
Pour vivre cette mutualité avec son enfant, il est essentiel que le parent
se réapproprie ce qui lui permet de vivre lui-même le bien-être corporel,
de conserver son espace personnel, et d'être authentique dans sa façon de
donner les soins et de s'engager envers son enfant. Ce lien significatif
avec un parent^qui s'habite, qui a sa couleur personnelle,est indispensable
à l'évolution harmonieuse de l'enfant.
con-
30
C) Les forces psychologiques
Les forces psychologiques se retrouvent toutes en chaque être humain
mais s'actualisent de façon unique en chacun d'eux, et, à des degrés diffé-
rents
En effet, des accidents de parcours ont, en certains cas, contribué
à des inhibitions, à des arrêts de développement, à la mise en place de
structures défensives ou à des conflits névrotiques, paralysant ainsi les
forces du Moi.
Il est cependant possible d'aider quelqu'un à retrouver ses forces
dans une démarche vers l'autonomie.
D) L'expérience vécue
C'est à travers l'expérience vécue et en respectant les niveaux
d'équilibre psychique à chacun desquels correspond un niveau de représen-
tation de soi , que peut se réaliser la réappropriation et l'actualisation
de ses forces psychiques, c'est-à-dire: prendre conscience de ce dont je
suis capable, de ma façon à moi de faire, d'atteindre mes objectifs, de
décider et d'utiliser cette façon dans les situations qui conviennent, et
de façon appropriée j tenant compte à la fois de toute ma personne et de la
réalité extérieure .
E) Le corps en action, lieu privilégié d'apprentissage
C'est à travers son corps en action que l'enfant apprend, qu'il découvre le monde dans toutes ses relations de temps, d'espace, de poids,
3 1
de volume, de causalité ... etc. C'est aussi à travers son corps en action
que l'adulte va pouvoir se réapproprier ses différents niveaux de représen-
tation de soi.
C'est à travers son corps en action que l'adulte prend conscience de
ses rythmes de base, sa façon de respecter ses seuils, de vivre le bien-être,
d'ajuster la répartition de ses énergies et de retrouver l'équilibre; c'est
à travers son corps en action qu'il pourra découvrir sa façon d'agir, de
poursuivre et d'atteindre ses buts, de vivre les changements et de s'ouvrir
à l'entourage et même de s'engager et de se dépasser.
Pour l'adulte, comme pour l'enfant, le corps est le lieu privilégié,
le solage de tous les apprentissages : sensoriels, intellectuels, psycho-
sociaux, psycho-sexuels. C'est pourquoi le soi corporel est le premier
niveau de conscience à se réapproprier.
F) Le jeu est le moyen privilégié d'apprentissage de l'enfant et un outil précieux dans la mutualité parent-enfant.
C'est par le jeu que l'enfant découvre, apprend, développe ses
habiletés. Selon Didier Calvet (1979) "Le jeune enfant a un désir"constant
d'apprendre en jouant, dans la mesure où on lui crée un environnement riche
en stimulations nouvelles... on stimule sa curiosité et on lui fait éprouver
la joie de la découverte". C'est aussi a travers le jeu que le jeune enfant
communique le plus spontanément. Observer l'enfant a travers ses jeux nous
permet de le saisir dans ses désirs, ses intérêts, ses façons de réagir face
à une difficulté ou une réussite, de
Nous connaissons ainsi ses habiletés
forces.
Le parent qui utilise régulièrement le jeu en donnant les soins
routiniers au petit, contribue à développer chez lui le plaisir a prendre
soin de soi; cette attitude constitue une base sûre à la joie de vivre que
l'on souhaite voir grandir chez l'individu. Grâce au jeu, il se crée entre
parent et son enfant, un climat de bien-être, de plaisir, de joie. L'enfant
reçoit le message que "papa ou maman est content(e) de prendre soin de moi,
qu'il s'amuse en me faisant manger, en me lavant, en m'habillant ... etc".
L'intérêt que porte également le parent à l'enfant en train de jouer
enrichit leiir relation, encourage l'enfant à poursuivre ses explorations et
fait naître chez lui la fierté. Cet intérêt est d'autant plus enrichissant
pour l'enfant,, s'il perçoit que son parent s'amuse vraiment avec lui, que lu
aussi prend .plaisir au jeu, qu'il rit de bon coeur, oubliant ses tracas et
ses exigences.
Le jeu ainsi vécu, devient pour le parent un moyen de se détendre,
de récupérer, tout•en étant un exce1 lent moyen de se rapprocher de son
enfant. Le parent a donc avantage a retrouver le jeu pour son propre bien-
être et -à l'utiliser quotidiennement avec son enfant pour lui faire acquérir
son autonomie et stimuler son développement, tout en créant une atmosphère
de joie dans le milieu familial.
32
résoudre les problèmes et de partager.
, ses limites, ses peurs tout comme ses
33
G) Le role de parent ne peut pas s'improviser.
Le rôle de parent constitue essentiellement un engagement de l'adul-
te, impliquant toute sa personne; un engagement envers un être vulnérable,
une personne en devenir, dont la réalisation est étroitement liée à la qua-
lité de cet engagement et du lien qui en découle.
Cet engagement, qui exige à certains moments un dépassement de soi,
n'est possible que s'il y a eu intégration des autres niveaux d'engagements
qui se sont construits tout au long de l'évolution et qui ont conduit à l'i-
dentité personnelle, psycho-sexuelle et psycho-sociale de l'adulte maintenant
devenu parent. Cet engagement qui est le propre de la compétence parentale,
est donc étroitement lié à la qualité de l'ajustement entre la représentation
que se fait l'adulte de lui-même d'une part, et,sa représentâtion-de-1'autre-
et-de-1'entourage d'autre part. Comme nous l'avons déjà précisé, la repré-
sent ation-de-soi-versus-la-représentation-de-1'autre-et-de-1'entourage est
pré-consciente. Seul l'intérêt réel d'un intervenant dans ce sens peut amener
le parent à se réapproprier sa représentation de soi et à actualiser ses for-
ces, dont la compétence dans ses tâches éducatives. Nous préciserons plus
loin comment il pourra y arriver.
Notre conception de la compétence parentale
A) La force psychologique de la compétence
D'après nous, la compétence parentale repose sur un certain bagage
de connaissances de l'enfant:
34
en tant-qu'être unique et aussi obéissant à des lois de croissance, respectant des étapes ayant des caractérise iques spéci-fiques ...
Mais, nous croyons que cette compétence résulte surtout de 1'intégra-
de l'équilibre des différentes composantes de la personnalité du pa-
suppose une représentâtion-de-soi-différenciée-de-1'autre-et-de-1'en-
suffisamment articulée et une identité de soi bien intégrée.
En effet, la force psychologique de la compétence se définit comme
suit, selon Marcelle Desmarais:(1982)
"la capacité d'accomplir une tache avec efficacité, grace à des apprentissages graduels et une répétition de plus en plus consciente des gestes à poser pour obtenir le résultat visé".
Cette force, comme toutes les autres, se construit progressivement à travers
les différents palliers de la représentation de soi et s'app
tâches.
Dans la compétence parentale, il ne s'agit pas exclu
physiques, corporelles ou techniques, mais il s'agit en plus
lation éducative avec son enfant; il s'agit d'être compétent
d'organiser son milieu de vie en tenant compte de ce qu'il e
efficacement, de façon à ce que l'enfant lui-même apprenne,
actualise ses forces.
Nous comprendrons que pour construire cette force, le
prendre à se représenter différencié et différent de l'autre
tion et
rent et
tourage
lique à diverses
sivement des tâche
de vivre une re-
dans sa façon
st, d'intervenir
devienne autonome,
parent doit ap-
, et qu'il se
35
perçoive efficace, tant dans sa façon de prendre soin de lui, d'accomplir
des tâches seul ou avec un partenaire, de vivre des changements, que, dans
sa façon de donner les soins à son enfant et de l'éduquer. C'est pourquoi
nous disons que la compétence parentale suppose l'intégration des quatre
niveaux de la représentation de soi.
Il s'agit-là, bien sûr d'un idéal vers lequel tout parent peut tendre
tout le temps que dure son engagement comme parent.
B) Les aptitudes de base
Cette intégration devrait se concrétiser dans des aptitudes indispen-
sables telles que:
a) la capacité de prendre soin de soi, c'est-à-dire la capacité de décider
d'un mode de vie qui lui permette d'équiliber ses dépenses d'énergies. Cette
capacité implique une prise de conscience de ses points de repères dans son corps,
de ses indices de fatigue, de douleurs, de bien-être et de ses seuils de tolé-
rance ; ce la suppose aussi la prise de conscience et la capacité d'utiliser les
moyens qui lui conviennent pour- se détendre, pour récupérer, pour éliminer de la
tension et pour refaire le plein quotidiennement. Nous considérons que cette
capacité qu'a le parent de prendre soin de soi, constitue le barême de sa qua-
lité d'ouverture à l'entourage, aux autres et de sa capacité de s'engager dans
1 ' éducat ion de son enfant.. C'est un impéra t if pour le parent qui veut être
en mesure de supporter les charges affectives inhérentes aux changements
importants de sa vie et affronter toutes les exigences de son tout nouveau ro-
le de parent. effet, nous savons que l'arrivée du bébé, le maternage et
36
les soins aux jeunes enfants sont sources de grandes fatigues pour les nou-
veaux parents: bouleversement dans leur routine de vie, rythme de sommeil
modifié, nuits écourtées, répétition et parfois urgence des gestes nouveaux
à poser, l'insécurité face à la nouveauté, les inquiétudes concernant la
santé du bébé, la difficulté a décoder ses messages à travers ses pleurs,
son agitation ou son inertie, des désaccords entre les époux sur la façon de
faire, sans oublier les joies de la maternité et de la paternité, les témoi-
gnages et les visites des parents, des amis ... etc. En plus, tous ces
nouveaux apprentissages et ces adaptations doivent se réaliser en tenant
compte des préoccupations et des engagements antérieurs des parents: leur
travail, leur implication sociale, leur réalité économique et souvent la
présence de un ou deux autres enfants en bas âge.
Pour faire face a toutes ces exigences, les parents doivent trouver
les moyens de prendre le sommeil dont ils ont besoin, décider de manger a un
rythme, selon une quantité et une qualité qui conviennent à leur organisme, à
ce moment-là. Par exemple, la maman qui nourrit son bébé au sein, doit connaî-
tre et décider de manger les aliments variés, équilibrés tels que recommandés à
sa situation. Ils doivent savoir décider de bouger, de marcher, de faire des
exercices ou des activités physiques de façon à récupérer ou à déloger les ten-
sions et les fatigues et même de manière à se faire des réserves d'énergies ou
pour combler les déficits causés par le manque de sommeil.
b ) une joie de vivre qui se concrétise dans la capacité de s'émerveiller
de jouer, de rire, d'être Imaginatif et spontané un peu comme le jeune lui-
même. Cette capacité de se remettre en contact avec l'enfant qui est en soi
et de redécouvrir le plaisir de jouer pour soi-même tout en s'intéressant ou
37
en jouant avec son enfant, sera un atout dynamique dans la mutualité
parent-enfant.
Cette aptitude s'accompagne ordinairement d ' une capacité d'aborder
les réalités de la vie avec simplicité, sans dramatiser et parfois même avec
une pointe d1 humour I
c) un amour et un estime de soi qui reposent sur la capacité de prendre
soin de soi dans son corps et sur une bonne connaissance de soi. Etre suffi-
samment conscient de ses capacités, de ses forces, de ses talents, de ses fa-
çons de' faire et. de ses limites. Savoir utiliser son potentiel de manière à
avoir une image positive de soi en tant qu'être humain et de pouvoir s'engager
dans des tâches éducatives et être fière de soi en tant que parent. Ceci né-
cessite que.le parent fasse un effort pour "se regarder agir", pour se jauger,
indépendamment du jugement d'autrui ... qu'il parvienne à une bonne représen-
tation de soi ....
d) -une confiance et une ouverture a l'entourage et a l'autre suffisantes
pour pouvoir accepter le support et l'aide nécessaires dans 1'accomplissement de
sa responsabilité parentale. Cette ouverture permettra aussi au parent de parta-
ger sa responsabilité avec son conjoint et de temps à autres avec une tierce
personne, soit pour s'accorder un repos, un loisir, accomplir un travail va-
lorisant, permettre à l'enfant de recevoir des soins médicaux ou élargir ses
horizons et parfaire son éducation.
38
Cette confiance minimale est aussi nécessaire pour que le' parent laisse
à l'enfant la part d'autonomie dont celui-ci est progressivement capable...
e) un sens d'organisation pratique, suffisamment bien articulé pour
faire face aux différentes taches inhérentes aux soins des enfants et à la
vie familiale. Ceci veut dire: être capable de planifier sa. journée, de
trouver un temps et un espace pour chaque chose et pour chaque activité,
établir une routine, une façon de procéder et des priorités qui permettent
la satisfaction des besoins des parents tout autant que ceux des enfants.
Cela suppose que le parent soit conscient de ses façons de faire, sa manière
à lui d'être efficace; qu'il ait appris à vivre une répartition équilibrée
de ses énergies de manière à ne pas s'épuiser à la tâche.
f) une capacité de s'intéresser réellement à 1'enfant, en tant que per-
sonne unique et différente de soi et dans la mutualité: par sa façon par-
ticulière et engagée de donner les soins, tenant compte de la façon person-
nelle qu'a son enfant de les recevoir.
Cette capacité pré suppose les aptitudes précédentes et exige un
certain dépassement de soi, une générosité certaine, ceci n'est possible
que s'il y a eu une capacité de prendre soin de soi, de l'amour de soi et
une estime de soi.
Chapitre* quatrième
L'approche préventive et éducative proposée
40
SES BUTS
A la lumière de ces principes et réflexions, nous considérons que
toute démarche ayant pour objectif l'amélioration de la compétence paren-
tale doit viser les buts suivants:
Amener le parent à une représentation de soi plus dif£érenciée_de
l'autre et de l'entourage.
Ceci signifie amener le parent à prendre conscience de ses points de
repères à lui, de sa façon de faire et de décider; l'amener à se représenter
dans ses forces, principalement dans sa façon de prendre soin de lui (soi cor-
porel) et dans sa façon d'accomplir ses tâches, de les planifier, de les ré-
partir dans le temps et l'espace dont il dispose (soi pro'ductif).
Plus conscient de ses points de repères, de ses moyens de récupérer,
de ce qu'il est et de sa façon de faire, le parent sera davantage capable de
s'ajuster aux changements et aux façons de faire de L'.autre, et même à la
façon de recevoir de son bébé. 11 sera davantage capable de percevoir les
points de repères chez son enfant comme distincts de ses propres points de
repères. La représentation plus articulée qu'il aura de lui-même influen-
cera donc ses contacts avec son entourage et sa façon de donner les soins
à ses enfants.
Pour 1'intervenant, il s'agit donc d'accepter de prendre le temps
d'aider le parent à mieux se connaître et à mieux se représenter. Le parent
peut difficilement y arriver seul.
41
Comme la majorité des adultes, le parent a une connaissance globale de lui-
même, surtout en ce qui concerne le soi corporel, c'est-à-dire se repré-
senter dans son corps;et dans le soi productif, c'est-à-dire se représen-
ter, faire, décider, s 1 organiser, maîtriser les techniques, atteindre son
but. Pour atteindre cette représentâtion-de-soi-différenciée-de-i'autre
indispensable à tout éducateur, il faut d'abord atteindre une représentâtion-
de-soi-même différenciée par rapport à soi. Il ne suffit pas de se représen-
ter globalement! Il faut se représenter dans ses différences, dans les indi-
ces, les détails qui font la différence... qui font que c'est "soi". Par
exemple, le parent peut se rendre compte, globalement et avouer qu'il est
fatigué. Souvent, il attribuera sa fatigue uniquement à la situation qu'il
vit, aux soins à donner au bébé, aux tâches ménagères et il aura l'impression
qu'il ne peut faire autrement. Il n'aura peut-être pas su déceler les indices
de fatigue dans son corps: point dans le dos, essoufflement, irritabilité,
mal de tête.,., etc., de façon à modifier son comportement avant d'être épuisé.
Il a donc peu de contrôle sur sa fatigue! S'il décide de se reposer, la con-
naissance globale ou limitée qu'il a de lui-même ne lui permettra peut-être
pas de prendre le moyen qui lui convient pour se reposer de façon satisfai-
sante. Et même si on le lui dit. . . |
Il ne s'agit donc pas de savoir globablement que je suis fatiguée
pour que je puisse décider de me reposer et surtout d'être capable de choisir
le bon moyen qui me convient à ce moment-là... 1
42
Ehi Bien non! Car, ma fatigue n'est pas toujours la même, du même
type, ne se manifeste pas de la même façon, n'entraînant pas à chaque fois
les mêmes effetsl Donc ne nécesssitant pas, à chaque fois les mêmes cor-<
rectifs i
A un moment donné, je peux me sentir épuisé, exténué, vidé de mes
énergies... peut-être que je ferai bien d'accepter d'arrêter, de ne rien
faire, de m'allonger, de prendre un bain chaud ou même de dormir. Mon état
de fatigue fait alors appel a un moyen de détente de type passif.
En d'autres circonstances, pour retrouver le bien-être et l'énergie
perdus, il faudra que je bouge pour éliminer des tensions et ensuite récu-
pérer, refaire le plein. Je déciderai alors de marcher, de nager ou de faire
des exercices, des mouvements qui me conviennent ... etc. Par contre, à d'au-
tres moments, me sentant crispée, stressée ou envahie par une forte émotion,
je saurai avoir recours a des mouvements me permettant une décharge motrice
de courte durée mais intense ... c'est seulement après que je pourrai profiter
d'une activité de détente ou de récupération et ainsi retrouver l'équilibre
dans mon corps et être à nouveau disponible à l'entourage.
Seule la prise de conscience des indices et des signes que me donne
mon corps de même que l'expérience de différents moyens de détente, de récu-
pération et de décharge motrice, en lien avec les indices corporels perçus
43
avant, pendant et après ces expériences,, vont me permettre de: découvrir
les différences et de choisir les moyens appropriés à moi à tel ou tel
mome n t•.•
Il s'agit alors d'une connaissance beaucoup plus différenciée du
soi corporel.
Voici maintenant, un exemple d'une représentation de soi globale,
peu différenciée, au niveau du soi productif.
Exemple: Josée 32 ans, mère de 3 enfants de 1 an et demi, 4 ans
et 7 ans.
Cette jeune mère est plus ou moins consciente de ses talents de
cuisinière. Elle est perçue par son entourage, comme étant capable de réus-
sir de bons petits plats et la majorité de ses repas. De plus, nous la con-i •
sidérons habile à faire ses achats de provisions en fonction de ses moyens
financiers, des goûts et des besoins des membres de sa famille. Nous lui-
attribuons aussi la capacité de préparer et réussir des repas équilibrés et
appréciés malgré le peu de temps qu'elle peut consacrer à leur préparation.
Josée sait, d'une certaine manière, qu'elle est bonne et qu'elle ar-
rive à s'organiser assez bien: "Mon mari dit que je suis bonne cuisinière",
dit-elle... "Je suis contente parce qu'ils aiment ce que je fais..."
Malgré ses réussites,quand on l'écoute et qu'on la regarde faire, on
constate qu'à chaque repas ou presque, elle est un peu anxieuse- à savoir si
ce sera bon. Elle travaille sous pression, craint manquer de temps. Elle-
44
même exprime ainsi sa tension "Ca m1énerve, j'ai peur de ne pas être prête
à 1'heure!... les enfants ont faim .... J'veux qu'ils mangent bien, qu'ils
aiment ça ! ..."
Par rapport à son budget, elle dit ne jamais être sûre si elle va
arriver ... si son mari sera satisfait. i
On réalise que Josée a peu d'estime d'elle-même et ce, malgré ses
succès! Elle ne manifeste de la fierté et de la satisfaction qu'au moment des
comp1iment s. Elle craint et reçoit mal les critiques. Sa va leur personne lie
dépend de ses prises de conscience et de ses jugements personnels.
Josée n'est pas consciente de sa façon à elle dé faire, de s'organi-
ser,, de procéder ... elle n'est pas consciente de ce qui lui appartient et
qui lui permet de réussir. Pour qu'elle puisse être rassurée, qu'elle ait
confiance d'atteindre.son objectif, quand elle entreprend un repas ou qu'elle
fait ses achats, elle doit avoir pris conscience du lien existant entre sa
façon à elle de faire son repas, ses achats, de poser des jugements, de
faire des choix, de maîtriser telle technique culinaire, de planifier ...
etc., et la réussite de cette tâche.
C'est seulement à cette condition qu'elle pourra acquérir l'estime i
de soi, quel que soit le jugement de l'entourage; ces tâches deviendront
alors pLus souvent des occasions de valorisation et de fierté personnelle
et non de stress, d'anxiété. Cependant, n'oublions pas, ces prises de
45
conscience ne peuvent se faire sans l'intérêt réel d'une autre personne
Crâce a la relecture, l'intervenant habilité à le faire et engagée,
saura lui faire réaliser un tel cheminement!
2- Développer les aptitudes de base. •
- la capacité intégrée dans son mode de vie, de prendre soin de , soi, de se détendre, de récupérer, de faire le plein quotidien-nement;
- une joie de vivre qui se concrétise dans la capacité de s'émer-veiller, de jouer, de rire, de prendre la vie du bon côté, sans dramatiser ;
- un amour et une estime de soi qui reposent sur la capacité de prendre soin de soi dans son corps et dans la connaissance de soi.. Avoir une image positive de soi, se voir et se savoir capable de ...
- une confiance et une ouverture a l'entourage et à l'autre: son partenaire, les collaborateurs a l'éducation et à la santé de l'enfant, certaines personnes du voisinage. Etre capable de de-mander et de recevoir de l'aide. Faire confiance aussi à son enfant: le laisser prendre sa place ...
- un sens de l'organisation pratique bien articulé: organisation, planification de ses tâches, de ses responsabilités dans le temps, dans l'espace, en prenant les moyens, en faisant les choix; en établissant les priorités de façon à remplir ses engagements sans s'épuiser ou se perdre de vue*,
- une capacité de s'intéresser réellement à l'enfant en tant que personne unique et différente de soi, et, dans la mutualité.
46
3- Sens ibi 1 i se r_e t_ini t ier^e^parent ̂ •
L'observation participante consiste en une attention réelle, active
et stimulante à son enfant. 11 s'agit, pour le parent do dccidor
de prendre, quotidiennement des petits moments pour le regarder vivre, bouger,
réagir, "tâtonner, manipuler .. . S'intéresser vraiment a lui . Intervenir
juste pour soutenir son action,encourager ses balbutiements, lui-'permettre
d'aller plus loin par ses propres moyens, de devenir autonome. De temps
en temps, enrichir son champ d'exploration en ajoutant un jouet, une forme
produisant un son ou en le changeant de pièce, de posture ou de fauteuil...
Se réjouir de ses découvertes, des habiletés qu'il acquiert ... Prendre
plaisir à vivre avec ... Que les soins quotidiens deviennent pour le pour-
voyeur de soin autant d'occasion de connaître son enfant et de se connaître
lui-même; de déceler le geste ou l'attitude qui a été- la plus appropriée pour
l'enfant ... Que ce soient des moments privilégiés de repos, de bien-être
et de fierté autant pour le parent que pour l'enfant. Qu'ainsi vécus, les
soins donnés à l'enfant deviennent à chaque fois, un moment idéal pour la
mutualité et propice à l'autonomie.
4- Arrêter les agirs_nocifs_a_l^enfant.
Arrêter les gestes, les paroles ou les attitudes mettant la sécurité
de l'enfant en danger ou compromettant son développement.
5- Faire connaître_les_ressources_existantes.
Donner de l'information, si nécessaire, sur les besoins et le dé-i
veloppement de l'enfant et faire connaître les ressources existantes.
47
COMMENT ATTEINDRE CES BUTS
A) Amener le pa rent à une représentât ion-do-so i -d i l'f é rem: i éo-do-1 ' auL rc-et-de-1 'entourage .
Pour atteindre les buts proposés, nous croyons indispensable que
l'intervenant s'intéresse prioritairement au parent comme personne avant do
se préoccuper de son rôle de parent. L'intervenant choisira également, de
s'intéresser aux aspects positifs et essentiels de la personne, à ses besoins
fondamentaux, au sens qu'elle veut donner à sa vie, aux décisions qu'elle
prend quotidiennement, en lien avec son rôle de parent. Elle écoutera le pa-
rent décrire les moyens concrets qu'il prend et sa façon personnelle de
s'organiser, de prendre soin de lui et. de faire, surtout là où il a atteint
ses objectifs, là où il a réussi.
L'intérêt sera donc porté sur des expériences ou activités déjà vécues
par le parent et non à partir de ses désirs et de ses rêves.
Par conséquent, le focus ne se fera pas sur les problèmes, sur ce qui
va mal, ni sur les difficultés. On pourra les écouter, les recevoir dans
un premier temps, si on juge que le parent a besoin d'une oreille attentive,
qu'il souhaite partager sa peine pour en être un peu soulagé. Nous prendrons
donc le temps de recevoir son émotion, qu'il sente que nous comprenons ce qu'il
ressentait,• que nous avons saisi .qu'il avait mal... Cependant, nous éviterons
de discuter, d'analyser ou de résoudre ses problèmes. Nous ne le laisserons
pas non plus nous parler trop longuement de ses malheurs: nos problèmes nous
empêchent de nous voirl C'est dans nos réussites et dans nos forces que nous
pouvons nous découvrir et bâtir une image positive de soi.
48
,on L'intervenant portera donc son intérêt sur l'es forces de la pers
ne malgré ses. difficultés. Pour y arriver, il pourra sélectionner, dans ce
que raconte le parent, les moments qui semblent avoir été les plus satisfai-
sants, là où il a réussi quelque chose, où il a été bien avec son enfant, ou
encore,une occasion où il a pris soin de lui positivement.
Après l'avoir écouté de façon sélective, l'intervenant invitera le
parent à raconter avec plus de précisions une de ces expériences relative-
ment heureuses ou satisfaisantes. L'intérêt sera porté non seulement sur le
résultat mais surtout sur la façon personnelle de ce parent de vivre cette
situation précise, ce jour-là. Par ses questions et par son intérêt, 1'in-
tervenant aidera le parent à préciser et à découvrir "comment ?" il a fait
"quel geste, quel mouvement il a exécuté et dans quel ordre?" Il l'amène
ainsi à-retracer les séquences de ses actions et de ses gestes. Il pourra
aussi lui faire préciser ce qui l'a amené à agir ainsi; ce qu* il a perçu
dans son corps; ses valeurs, ses expériences antérieures, ses connaissances,
son sens à la'vie, le style de parent qu'il veut être... etc. L'interve-
nant habilité à le faire, pourra amener ainsi le parent à prendre
conscience de son objectif, de ses décisions, des liens existants entre
ses différents points de repères, ses séquences d,'actions, ses décisions
et le résultat ou l'effet obtenu. C'est ainsi que 1-' intervenant contribue-
ra à ce que le parent.se voit mentalement agir, se représente décidant et,
peu à peu, qu'il se. représente dans ses forces. Surtout qu'il arrive a
cerner quels sont les gestes et la façon de faire qui sont efficaces et appro-
priés au but visé. Qu'il puisse par la suite, répéter de plus en plus luci-
f
49
dement cette façon de faire et qu'il en arrive à être et à se savoir effica-
ce, compétent.
En d'autres mots, en intervenant de cette manière, on aide la per-
sonne à acquérir une représentâtion-de-soi-différenciée-de-1'entourage et
de-l'autre et à construire une image positive de lui-même. Ce qui signifie
que la personne prend conscience qu'elle a du pouvoir sur les événements,
sur le temps, sur sa fatigue, sur la répartition de ses énergies. A travers
ses expériences et grâce à l'intérêt de l'intervenant, elle découvre que ce
ne sont plus les événements ni les autres qui la contrôlent, mais qu'elle
peut, elle, se contrôler elle-même, se donner les moyens pour demeurer,
elle-même, quelles que soient les pressions extérieures et les exigences de
ses engagements. Elle découvre qu'elle peut donner des soins de qualité à
son enfant tout- en demeurant elle-même et en continuant de s'épanouir. Plus
consciente de ce qu'elle est, elle saura prendre soin d'elle et.utiliser ce
qu'elle est pour s'engager de plus en plus'dans son rôle de parent. Elle- dé-
couvrira peut-être même, qu'en vivant de cette façon elle a de l'influence
sur le climat familial et sur les personnes qui l'entourent.
En effet, à mesure que la personne prendra conscience qu'elle est
capable de prendre des décisions et, que ses décisions sont do plus en plus
appropriées, son image personnelle deviendra plus positive. Percevant
qu'elle a un certain pouvoir sur les événements grâce aux décisions qu'elle
prend, elle sera plus confiante en elle-même et en ses moyens personnels.
50
Nous avons dit dans le chapitre précédent que selon le mode le
théorique de J. Guindon, la réappropriation de la représentation-de-soi
et des forces psychologiques devront se faire en respectant les niveaux
progressifs et successifs du développement de la personne.
L'approche proposée respectera ce principe; c'est pourquoi nous re-
commandons à l'intervenant de s'intéresser d'abord au soi corporel. Ce
qui vèut dire concrètement qu'il s'intéressera à La façon dont le parent
prend soin de lui dans son corps; il s'informera et sera à l'écoute de tous
les indices donnés par le parent concernant sa santé et surtout les moyens
qu'il prend pour la conserver, pour être en forme. Il sera attentif et ma-
nifestera activement son intérêt à la façon dont le parent répartit ses éner-
gies dans la journée, dans la semaine, au temps qu'il consacre à son sommeil,
à son alimentation, à ses rythmes sommeil-éveil, à ses besoins d'élimination,
à ses moyens de se détendre et surtout de récupérer et de décharger de la «
tension. Par ses quest ions et son intérêt, il l'amènera à être conscient de
ces réalités. Dans sa manière de s'intéresser à lui, elle l'amènera a décou-
vrir dans son corps.les indices de fatigue, de tension, de bien-être; à tra-
vers ses expériences il lui fera découvrir quels sont les mouvement s ou les
activités qui lui conviennent pour rétablir l'équilibre selon les indices
perçus.
i
Pour y arriver, n'oubliant pas que "le corps enaction est le lieu
privilégié des découvertes et des apprentissages, tant chez l'adulte que
chez l'enfant", l'intervenant motivera le parent à choisir une activité
physique simple qu'il décidera de faire régulièrement dans le but de récu-
51
pérer ou de décharger ses tensions, par exemple: marcher, sauter à la i
corde, danser, nager, faire des mouvements de gymnastique, ... etc.
L'intervenant choisira donc de s'intéresser de façon privilégiée à
ces activités décidées par le parent. Comme nous 11 avons dit précédemment,
il invitera le parent à sedécrire faisant cette activité, dans le but de
se découvrir bien dans son corps,et de se représenter faire et décider les •
gestes dans une façon personnelle de les exécuter, ce qui, dans la façon de
faire a contribué a son bien-être ou à sa décharge de tension à travers des
mouvements musculaires choisis, décidés plus ou moins consciemment par- lui. . .
Qu'ainsi il prenne conscience progressivement de ses forces, c'est-à-dire
qu'il se découvre capable de poser un jugement, de faire des choix judicieux,
de prendre les moyens appropriés aux objectifs qu'i1 poursuit ; qu'il acquiert
une certitude que le temps qu'il prend pour agir ainsi lui permet de retrou-
ver son équilibre... etc. Qu'en prenant ces moyens qu'il se découvre plus
disponible à l'entourage et plus apte à remplir son rôle de parent selon
son engagement personnel.
Pour ce faire, l'intervenant demandera au parent par exemple: "Comment
as-tu fait cette activité? quels mouvements as-tu faits? quels gestes? ...
Comment s'est déroulé ton mouvement? ... Elle lui fera préciser et découvrir:
"Comment il se percevait dans son corps? Avant? pendant tel mouvement? ...
après? . . . As-tu ressenti des signes de fatigue? de tension? de bien-être?
lesquels? Qu'as-tu fait? Quel était ton but? 1'as-tu atteint? Quelles
décisions as-tu prises pour atteindre ton but? Qu'est-ce qui t'a amené à pren-
dre ces décisions? ... etc.
52
Si, son engagement auprès du même parent le conduit à
suivi et que le parent a atteint une certaine intégration du
c'est-à-dire qu'il a appris à tenir compte de façon régulière
dans son vécu quotidien et qu'il en ressent une certaine joie
fierté, l'intervenant pourra s'intéresser de la même façon à
de productivité.
Vous remarquerez que nous parlons de "productivité" et non de "pro-
duction". Ce qui retient l'attention n'est pas le résultat obtenu mais la
personne en train de faire la démarche, d'apprendre ou d'accomplir une tâche
Le but est donc de permettre au parent de découvrir, de prendre conscience
de sa façon personnelle de travailler.
Lors d'une rencontre, le parent sera invité à faire le récit en essay
arit de se représenter lui-même la façon dont il s'est pris pour réaliser une
tâche de bricolage, d'artisanat, de mécanique, de couture, de menuiserie...
etc., selon ses intérêts et ses aptitudes. Soutenu par l'intérêt de l'inter
venant , le parent décrirera ses actions les unes après les autres, telles
qu'elles se sont déroulées et qu'elles lui auront permis d'atteindre son but
De ce récit, le plus complet possible et auquel l'intervenant portera un in-
térêt senti, il pourra commencer à poindre certaines découvertes. 11 faudra
accepter et comprendre que cet exercice présentera des difficultés certaines
au début. L'intervenant se montrera compréhensif et rassurant. Personne
n'a l'habitude de se représenter ainsi!
Donc, par son' intérêt maintenu, senti, par ses interventions judi-
cieuses dans un vocabulaire non évaluatif et collé à l'expérience, l'interve-
un plus long
soi corpore1,
de son corps
et de la
ses activités
53
nant aide le parent à se représenter en train de faire. Il lui fait décou-
vrir que le but n'a pas été atteint automatiquement mais que le parent a touché
son objectif parce qu'il est intervenu d'une certaine manière et que <ses
interventions ont été menées jusqu'au bout. Toujours par son intérêt et
sa façon de poser des questions sur le "comment", l'intervenant amène le
parent à retrouver ce qui l'a amene à se donner tel objectif. En quoi c'é-
tait important pour lui ce jour-là?... et dans sa vie? Elle lui fait retra-
cer comment il a vécu le temps dans cette expérience: quel temps avait-il
prévu? Quel temps a-t-il pris? Son rythme de travail: A-t-it tenu compte
de ses indices de fatigue? de sa posture? Il lui fait distinguer ses choix,
ses renoncements, ce qui lui a permis de faire preuve de discernement, de poser
un jugement, de décider. C'est ainsi, que peu a peu le parent cerne ce qui a
contribué à sa réussite et à sa fierté.! Afin de renforcir la prise de cons-
cience et l'intégration future, 1'intervenant pourra lui fa ire résumer "De
quoi il a été capable dans cette expérience?.. l'.st-ce que la façon de s'y pren-
dre dans, cette tâche lui ressemble? ... Est-ce que tu utilises cette façon de
faire en d'autres occasions? ... Ce dont tu as été capable:... juger, discer-
ner, choisir, prendre le temps de décider ... tenir compte de ta posture,
aller jusqu'au bout ... etc. Est-ce que ça peut te servir dans ta façon
d'être parent, de donner les soins? ... Comment?...
Ainsi, non seulement le parent se découvrira capable et fier de sa
façon de faire mais il constatera que les capacités, les aptitudes qu'il
possède pour la couture, le bricolage ... etc. sont les mêmes dont il a be-
soin pour être parent. Qu'il n'en tient qu'à lui de décider de les utiliser.
54
Ainsi," les tâches quotidiennes, souvent vues comme banales, pénibles, pren-
dront tout un- sens car elles s'intégreront à ce. qu'il veut faire de sa vie et el
les seront de plus en plus en lien avec le. style de parent qu'il veut être.
B) Développer les aptitudes de base:
- Prendre soin de soi:
On pourra constater que les progrès au niveau de la représentation
s'accompagnent ou entraînent infailliblement des manifestations d'une plus
grande compétence parentale. En amenant le parent à prendre conscience de
ses décisions et de ses forces, on développe chez lui les aptitudes indis-
pensables à la. compétence parentale.
Par exemple, le parent qui, grâce à l'intérêt de l'intervenant,
apprend à mieux prendre soin de lui, à connaître et à respecter ses indices
et ses seuils de fatigue', de douleur, de bien-être, ayant découvert des
moyens appropriés pour équilibrer ses dépenses d'énergie, se montrera
plus attentif et plus disponible à son jeune enfant; il deviendra plus
apte a en prendre soin, en tenant compte davantage des rythmes de base du
bébé, de ses seuils de tolérance. Il saura davantage distinguer ses diffé-
rents besoins: de sommeil, de nourriture, de changement de posture ou de
couches, de son besoin de stimulation ... etc. En d'autres mots, il sera
plus apte à saisir le langage de son enfant et a donner les soins appropriés
en mutualité avec son enfant. 11 saura aussi être plus patient, plus tolé-
rant, plus à l'écoute des autres.
L'intervenant sera attentif à ces changements, si minimes soient-ils.
55
Il aidera le parent à en prendre conscience en lui faisant préciser: "ce
qui est différent dans sa façon de faire avec l'enfant? Comment il en est
arrivé a ces changements? Quel lien il fait avec sa façon de prendre soin
de lui, avec sa marche ou son exercice qu'il vient de relire?"... On verra
aussi que l'intérêt que porte ainsi l'intervenant à la personne, à son bien-
être et aux moyens qu'il prend pour récupérer, décharger de la tension, à sa
façon de s'organiser ou d'apprendre, suscite rapidement la confiance, souvent
même chez le parent qui ne souhaitait pas cette visite.
- L'Amour et 1'estime_de_soi^__base_de_la_confiançe_en_soi_et_en_lVautre
Il est évident que le fait de s'intéresser d'abord et surtout aux as-
pects positifs, et non aux erreurs ou aux faiblesses, suscite de la fierté chez
le parent plutôt que de la honte... Prenons comme exemple un parent qui est
stressé, qui n'est pas très habile avec son enfant ou qui se perçoit malha-
bile, à qui il arrive un peu trop souvent de chiâler, de crier ou même de
frapper l'enfant ... Si, lors de notre visite, non désirée, nous nous in-
formons surtout "comment ça va avec l'enfant ?" "Est-ce qu'il se développe
bien ? ..." On comprendra que ce parent soit sur la défensive; il est pos-
sible qu'il' se sente jugé, évalué. Il ne faudra pas se surprendre de le voir
se durcir, se refermer sur lui-même: nous l'aurons amené sur le terrain de
ses faiblesses; là où il sent le besoin de se défendre, où il se sent en
faute 1
On conclura, peut-être avec raison, qu'il n'est pas approprié, mais
on n'aura pas réussi à gagner sa confiance, ni à le motiver à être aidé.
56
Par contre, si on s1 informe- d1 abord de lui, nous intéressant de son bien-
être, à son sommeil, à sa santé en l'invitant à nous raconter comment il a
procédé pour réussir une recette ou pour réparer la poignée de porte .. etc..
ou encore en lui demandant ce qu'il aime le mieux faire avec son enfant et
en lui faisant raconter "comment il s'y prend ?" Ce parent se sent accepté;
il sent qu'on s'occupe de lui comme individu, qu'il soit bon parent ou non.
En agissant ainsi, l'intervenant conduit le parent sur le terrain de ses
forces; là où il n'a pas besoin de se défendre. • 11 s'y sent
plus en confiance; il prend conscience de ses bons coups devant l'autre, il
en ressent une fierté:c'est ainsi que se construit l'estime de soi.
L'amourde soi grandit grâce à L'intérêt authentique, gratuit, incon-
ditionnel que l'intervenant porte au parent qui a décidé de prendre des moyens
concrets pour répondre à ses besoins corporels. Grâce à l'expérimentation de
différents moyens et avec l'aide de l'intervenant, il découvre diverses facettes
de son corps, des manières variées de vivre ou de retrouver le bien-être cor-
porel et surtout de répartir ses dépenses d'énergies de façon à ne plus s'é-
puiser, malgré les exigences de son rôle de parent. Ainsi., le parent est de
plus en plus fier de lui. Incité, encouragé par l'intérêt de l'intervenant,
il apprend progressivement à devenir son propre pourvoyeur de soins et à s'aimer
de mieux en mieux...
Il découvre entre autre la certitude,que le temps qu'il consacre quo-
tidiennement pour refaire le plein, le rend plus disponible, plus patient,
plus efficace. Il sait que les moyens qu'il utilise, le libèrent de sa ten-
sion. Il a donc de plus en plus confiance dans le temps qu'il vit, dans les
•57
moyens qu'il utilise et dans son équipement corporel. Cette confiance en lui,
s'accompagne progressivement d'une ouverture à l'aùtre, et à l'entourage.
- La joie de vivre: • •
Le fait que l'intervenant- s'intéresse activement aux aspects positifs
du vécu des parents,au lieu de sympathiser longuement avec leurs problèmes en
cherchant à les analyser ou à les résoudre, ceci a pour effet de dédramati-
ser la situation pénible ou les problèmes réels ou fictifs des parents.
Dès que le parent prend conscience des facettes positives de sa quoti-
dienneté , il oublie un peu ses problèmes et souvent en arrive à modifier son
jugement et à percevoir que ça. va mieux qu'il ne le croyait! II prend cons-
cience qu'en fin de compte il possède un certain nombre de moyens de s'en
sortir, dont certains qu'il utilise déjà adéquatement!
Afin de développer cette propension à la joie, 1'intervenant s'inté-
ressera aussi aux jeux, aux activités de bricolage dont le parent aura pris
l'initiative de même qu'au plaisir qu'il éprouve à donner certains soins à
son enfant. Elle lui fera se rappeler comment lui est venue l'idée de ce jeu,
comment il l'a présenté, comment il a joué...; l'intervenant , par son intérêt,
partagera le plaisir du parent et celui de son enfant.
Il l'écoutera lui raconter comment il donne tel soin, cette fois en
particulier où il en a éprouvé de la satisfaction et de la fierté.
58
Nous pensons, par exémple, à cette maman au bord du désespoir qui nous con-
fiait "Je n'ai jamais eu de plaisir à prendre mon enfant dans mes bras
Je ne le sentais jamais bien... Aujourd'hui ça continue... C'est comme s'il
n'était' jamais content; il pleure beaucoup, mange.peu, dort mal et il est
agressif, n'écoute pas! .... je ne sais plus quoi f a i r e ! — " L'enfant avait 18
mo i s.
Sur notre demande, elle finit par identifier une activité qu'elle fai-
sait avec son petit et où elle se sentait bien "Quand je prends mon bain avec
lui ... c'est vrai ... il est bien, moi aussi ..."
Grâce à la relecture de cette expérience, cette jeune mère retraça
quelques éléments lui permettant d'avoir confiance en elle comme pourvoyeuse
de soins pour son enfant. Ce fut le début d'un cheminement qui lui permit
de découvrir l'importance de prendre soin d'elle dans son corps. Elle décou-
vrit le lien entre sa façon de se procurer des moments de bien-être, et sa , i
disponibilité à son enfant, sa façon de lui procurer les soins et surtout de
lui faire décharger ses tensions. De semaine en"semaine, malgré les difficul-
tés liées au comportement et à la personnalité de l'enfant, elle découvrait
des façons diverses de vivre la mutualité avec son petit et trouvait des
moyens de lui faire acquérir certains contrôles, sans utiliser les cris, le
chantage et les tapes. L'enfant mangeait plus, était plus calme, dormait da-
vantage et s'ouvrait un peu à l'entourage.
Dans certaines familles où le parent semble avoir peu d'initiative,
l'intervenant • pourra prendre quelques minutes pour faire un jeu tout simple
59
avec le parent et l'enfant. Elle choisira un jeu ne demandant pas ou peu de
matériel, un jeu faisant appel au corps en mouvements. Elle-même s'amusera
avec eux. Le jeu fini, elle demandera au parent comment il se sent, ce qu'il
perçoit dans son corps, ce qui est différent maintenant par rapport à comment
il se sentait avant le jeu... Elle pourra aussi lui faire préciser combien
de temps il a joué... Quel lien .il fait avec sa responsabilité de parent?
Il est fort possible que grâce à une telle expérience et l'inté-
rêt de l'intervenant, le parent prenne conscience que le jeu lui a permis
de décharger une certaine tension et de retrouver le bien-être dans son
corps-et sa bonne humeur"'. Il pourra aussi constater qu'il lui a fallu
très peu de temps pour y arriver, que ce fut agréable pour lui et que son
enfant a eu du plaisir et qu'il est surtout content que maman ou papa ait
ri avec lui. Par'son habileté à lui faire préciser son objectif en lien
avec le style de parent qu'il veut être, c'est possible que l'intervenant
parvienne a faire prendre conscience au parent que: "c'est ce que je souhaite
le plus., avoir du plaisir avec mon enfant et qu'il soit bien avec moi".
A chacune de ses visites, l'intervenant, s'il le juge nécessaire,
prendra quelques minutes pour jouer ainsi; il invitera le parent à lui par-
ler des jeux qu'il a faits avec son enfant et en famille depuis la dernière
rencontre. Nous croyons que le fait d'intégrer le jeu à. son vécu, sème
la joie au sein de la famille, rapproche les individus, décontracte les
personnes et l'atmosphère. Le rôle de parent devient de moins en moins une-
corvée et se vit de plus en plus dans la joie et la bonne humeur.
60
Pour supporter le parent dans cette voie, l'intervenant pourra
aussi lui référer quelques bons volumes faciles décrivant des jeux accessi-
bles a des enfants de différents âges et agréables à explorer en famille.
Nous recommandons en autres lès "jeux coopératifs" où il n'y a ni gagnant
•ni* perdant et que le seul objectif est de s'amuser.
- Le sens de l'organisation pratique:
Un des principaux dilemnés vécus par les jeunes parents s'exprime
ainsi: "Je ne sais pas comment faire pour arriver 1 Je cours tout le temps
et j n ' a r r i v é pas à tout faire! Je suis fatigué! Je manque de temps! ...
d'énergies! Tout' est .toujours à refaire!"
Comment aider ^es parents à mieux gérer leurs temps et leurs énergies?
Comment les faire parvenir a plus d'efficacité et de satisfaction dans l'ac-
complissement des tâches quotidiennes?
Nous avons vu précédemment qu'en apprenant à prendre soin de soi on
apprend aussi a vivre le temps différemment. Prenons en guise d'illustration
ces verbalisations de parents dans un processus de réappropriation du soi
corporel: "Je pensais que pour que ça me fasse du bien, il fallait que je
marche au moins une heure et que je fasse plusieurs kilomètres. Dans ma
marche, je découvre qu'après 15 minutes j'étais bien ... je baillais, mes
bras étaient détendus, mon point sous l'omoplate gauche était disparu, je
n'avais plus mal a la tête ... Quand je suis revenue j'ai préparé le souper
61-
après j'ai joué avec les enfants ... J1 é
passél Maintenant, je sais que mon corps
de mouvements pour me remettre en forme,
même si je n'ai pas beaucoup de temps, je
Cette autre jeune mère de 2 enfants de 4 et 6 ans,. A son arrivée,
elle s1 exprimait ainsi "Je* suis toujours a la course ... Je travai1le, je
travaille mais j'arrive jamais à tout faire. Je ne suis pas patiente avec
les petits. Pourtant, pour moi c'est ça qui est le plus importantl ..."
En lui faisant décrire sa journée, nous constatons qu'elle ne prend pas une
minute pour elle au cours de la journée. Elle va a ia toilette a la toute
dernière minute quand elle ne peut plus attendre, "je n'ai pas le temps"
dit-elle. Elle ne s'assoit jamais pour manger, sauf quand elle mange seule
avec son mari. Elle ne fait aucun exercice physique, s'arrête rarement pour
écouter de la musique ou une émission de télé, ou lire. Elle se couche é-
puisée peu satisfaite de'sa journée, se sentant toujours en retard. Elle a
souvent mal dans le dos et à la tête.
Nous avons travaillé avec elle le soi corporel à travers une activité
privilégiée qui fut la corde à danser puis, la marche. Nous l'avons aussi a-
mener à évaluer sa répartition d'énergie et à établir son "budget d'énergie"-
Voici, certains de ses commentaires après 10 semaines de rencontres:
"Depuis que je fais des exercices physiques à tous les jours (marche, corde
à danser ou d'autres mouvements que j'aime), j'ai plus de temps, je suis
moins fatiguée. Le soir après mon travail, j'ai encore de l'énergie ...
tais en forme, tout s'est bien
a besoin seulement de 15 minutes•
Quand je veux prendre une marche,
sais que ça va valoir la peine".
62
j'me trouve calme avec les enfants ... j'ai remarqué mon ton de voix...
Après le souper j'ai le temps pour m'occuper des devoirs de mon garçon,
puis après je joue avec les deux. Je m'occupe de leur bain, je raconte une
histoire ... au coucher, je n'ai plus de misère ... Au travail, j'ai remar-
qué que je ne travaille plus pareil. Je sais que. j'ai le temps. C'est
vrai que j'ai changé un peu mes priorités. Je ne me sens pas obligée de tout
faire... Je fais ce que j'ai le temps de faire; je travaille calmement et j'en
fait autant que quand je courais... Là, ce qui est changé, c'est que je prends
le temps de m'occuper de moi, de mon corps, je n'abuse pas de mes forces et
j'ai appris à être plus réaliste dans mes objectifs. C'est pour ça que j'ai
du temps à moi I ..."
Il est donc primordial, encore là, de travailler la réappropriation du
soi corporel et la répartition plus équilibrée des dépenses et des revenus
énergétiques. Ce travail visant la.prise de conscience se fera à travers
la relecture de ses expériences choisies telles que nous l'avons décrit pré-
cédemment et du budget d'énergie.
• Pour aider le parent à faire des choix et à bien répartir ses éner-
gies dans une journée; on pourra l'inviter à écrire les différentes tâches
et activités vécues dans une journée en particulier, le temps requis pour cha-
cune et 1'importance qu'on y accorde; ce qu'elle a exigé de nous en terme de
dépenses d'énergies ou de récupération.
On l'amène à se poser les questions suivantes: de quelle façon ai-je
vécu chacune de ses tâches? Cette tâche était-elle une source de fatigue?
de joie? de fierté? de stress? de colère?... Dans ma journée, est-ce qu'il
63
y a eu alternance entre les activités de "revenus" et ce lies de "dépenses"?
Quelles décisions ai-je prises? Qu'est-ce qui m'a amené à prendre ces dé-
cisions?... Est-ce que je me suis couché épuisé? dans le rouge? ou avec des
réserves?
Qu'est-ce que cette journée m'apprend sur moi?... Quels sont les choix
et les ajustements qui s1 imposent, afin de retrouver l'équilibre et le bien-
être, et de vivre me s journées davantage en ha rmon ie avec mon objectif de vie?
Nous devrons aussi, avec certains parents plus démunis, aider à établir une
routine qui leur servira de guide dans les soins à apporter aux enfants.
On leur aidera à préciser leur objectif comme personne, comme parent,
et de là à établir ce qui est prioritaire pour eux et pour leurs petits. On
leur fera découvrir l'importance de la régularité en ce qui concerne le temps
des repas, des soins d'hygiène, le rythme du sommeil, de la collation, des
jeux, autant pour eux que pour l'enfant. Au début, pour certains parents peu
disciplinés, il faudra établir la routine avec eux, l'écrire, leur demander
de 1'expérimenter tout en observant son enfant et soi-même. On s'engagera
alors à revenir ou à téléphoner dans un délai assez court, une sema ine à
10 jours tout au plus. On fera alors relire la façon dont le parent à vécu
cette routine ...
Par routine, nous entendons ici, non seulement un moment fixe dans le
temps, un rythme, une durée mais aussi une façon de faire. Il est préférable
de partir du parent, de le rendre conscient de sa façon de faire et de 1e mo-
tiver à décider d'agir selon ses découvertes. Cependant, dans certains cas
11 faudra être plus directif au début. Il sera cependant essentiel, si nous
64
vou 1 on s qu ' i L v ait intégra t ion et que le pa rent ait con 1 i a nee en ces p rop ros
moyens, que nous lui fassions relire ses expériences et qu'il découvre sa
façon personnelle de vivre la routine établie avec l'intervenant. On s'in-
téressera particulièrement a ses décisions et à sa couleur personnelle.
Toute intervention visant la réappropriation du soi productif con-
tribuera aussi à développer chez le parent son sens de l'organisation
pratique. En effet, en nous intéressant au parent dans une expérience de
productivité, nous lui faisons découvrir son objectif, les moyens qu'il a
utilisés pour l'atteindre, sa façon à lui d'accomplir cette tache, sa façon
de s 'organiser, d'être efficace. Il prend conscience de sa logique d'actions
de sa capacité de poser des jugements, de faire des choix et des renoncements.
11 éprouve de la fierté et de l'estime de soi grâce à ses prises de conscience
et l'intérêt de l'intervenant le parent devient de plus en plus capable de
décider d'utiliser ses découvertes dans sa façon de donner les soins à son
enfant et à organiser la vie familiale dont il est responsable. C'est ainsi
qu'on le verra établir des priorités dans les tâches a accomplir, trouver un
temps pour chaque tâche, une façon de procéder, plus logique et efficace. A
mesure que s'intégrera le soi productif, nous le verrons faire plus consciem-
ment des choix judicieux, renoncer momentanément à certaines tâches ou aspi-
rations pour accepter de vivre le présent tel qu'il est avec sa part d'exi-
gences et d'imprévus, sans se laisser envahir ou dépasser par les événements.
C) Sensibiliser le parent à l'observation participante:
L'intervenant pourra demander au parent ce qu'il a observé chez son
enfant. Par exemple, il pourra lui demander "Qu'est-ce qu'il est capable
65
de faire seul maintenant? Comment s'y prend-il? Comment se fait-il qu'il
en est arrivé là? Toi qu'est-ce que tu as faiL, qui a pu favoriser ces dé-
couvertes, ces apprentissages chez ton enfant? Comment tu as fait?"
Amener le parent à nous raconter un moment particulier où il a observé
son enfant et où il a pris plaisir à participer à ses découvertes.
"Comment cela a commencé?... et puis?... Toi, qu'est-ce que tu as fait?
Qu'est-ce que tu as remarqué chez ton enfant? Comment a-t-il réagi? ... As-
tu fait à sa place? ... l'as-tu aidé? Comment l'as-tu encouragé?... Dans
quelle posture étais-tu? Est-ce que c'était agréable? Qu'est-ce qui a
permis à ton enfant de continuer? A toi, qu'est-ce que cela t'a apporté?
Qui t'a dit d'agir ainsi? Quelles décisions as-tu prises?... Pendant combien
de temps as-tu observé ton enfant? As-tu trouvé ça long? ... Comment te sen-
tais-tu après? ... Et ton enfant? ... Qu'est-ce que cette expérience t'apprend?
Sur toi? sur ton enfant? Crois-tu que tu peux prendre quelques minutes à
chaque jour pour observer ton enfant, comme tu viens de me le raconter?
Crois-tu que ça t'aiderait à mieux le connaître? ... à être bien avec lui?
... à découvrir des façons nouvel les pour toi de t'intéresser à lui et de
stimuler son développement? ... Quand je reviendrai tu me. raconteras tes dé-
couvertes?"
L'intervenant prendra aussi quelques minutes pour observer l'enfant,
réagir à ses balbutiements, stimuler discrètement ses sens, son langage,
encourager ses gestes vers une meilleure coordination, une plus grande auto-
nomie .
66
D ) Arrêter les agirs nocifs a l'enfanL et nuisiblesà L'estime de soi:
Se sentant en confiance et en contact avec ses forces, le parent
sera plus réceptif aux informations sur le développement de l'enfant.
Dans un tel climat, l'intervenant pourra même, avec moins de risque de
rejet, demander au parent de modifier un comportement qu'il juge nocif pour
l'enfant. Il est d'ailleurs important, si nous voulons aider le parent à
actualiser ses forces et à se valoriser, d'arrêter ses comportements de
de nature à maintenir une image négative de lui-même. La façon de lui dire
est capitale. Il ne s'agit pas de tourner autour de la question ni de met-
tre des "gants blancs". Nous devons être direct et ferme en transmettant
bien le message que nous nous préoccupons de lui dans tout ça. Par exemple,
nous pourrons lui dire: "Ne frappe pas ton enfant! Tu Lui fais du tort, tu
t'en fais aussi beaucoup à toiJ Tu vois, tu n'obtiens pas ce que tu veux
en agissant ainsi! Tu aimes beaucoup ton enfant, tu veux qu'il t'aime 1 ...
Quand tu le frappes, tu es en colère contre lui, tu fais naître de la colère
et de la haine en lui et contre toi! Je sais que c'est difficile ... tu as
beaucoup à t'occuper ... tu es fatigué ... les enfants font beaucoup de
bruit... ils n'écouteut pas comme tu voudrais ... si tu veux, je vais t'ai-
der à trouver d'autres moyens ... pour toi ... pour les enfants ..."
Il ne faut pas oublier que, comme intervenants, nous avons la respon-
sabilité d'intervenir pour éviter qu'un enfant soit brimé, blessé ou négligé
de façon à mettre sa santé ou son développement en danger. Notre première
responsabilité est d'aider le parent a prendre conscience de son attitude
négative et des conséquences d'une telle attitude, comme nous l'avons mention-
67
né ci-haut. Grâce à La relation de confiance amorcée, nous devons tenter d'a-
mener- le parent à modifier ses attitudes ou comportements jugés nocifs à
l'enfant.
Dans les familles jugées "à risques", l'intervenant doit être prêt à
s'engager à un suivi. Si la famille présente des problèmes multiples, l'in-
tervenant n'hésitera pas à faire appel à d'autres ressources du milieu se-
lon les besoins identifiés. Par exemple: voir à ce. que les jeunes enfants
aient le minimum de nourriture, offrir une aide, familiale pour procurer un
repos à la mère épuisée ou malade, faire des démarches pour des services en
garderie, loisirs etc..
Toutes ces interventions, d'ordre plutôt social, contribuent nor-
malement à créer des conditions extérieures favorisant l'épanouissement des
individus. Elles doivent toujours se réaliser avec le consentement et la
collaboration des parents.
Ces interventions sont importantes et souvent essentielles. Cepen-
dant, elles ne suffisent pas à modi f ier les comportement s nocifs chez les
parents ni à protèger les petits de tels comporterrients.
Ces interventions sociales constituent souvent même un piège, tant pour
l'intervenant que pour la famille aidée. Certains parents peuvent accepter ces
différentes formes d'aide, mais les effets de ces transformations extérieures
risquent d'être de courte durée et peu efficaces si en même temps il n'y a
pas une intervention clinique progressive, échelonnée sur plusieurs mois...
Ces interventions cliniques exigent une alliance entre 11 intervenant et le
68
parent; leur but est d'amener le parent à des prises de conscience conduisant
le parent à décider de prendre les moyens qu'il découvre plus appropriés pour
décharger ses tensions, exprimer ses émotions, se valoriser en faisant appel
à ses talents et surtout être disponible pour expérimenter des manières dif-
férentes et plus efficaces d'éduquer ses enfants.
Soyons donc prudents dans notre façon d'apporter de l'aide matérielle
et de solutionner les problèmes d'ordre socio-économique! Que penser aussi
de la somme considérable d'énergies que nous dépensons parfois pour motiver
de tels parents à se mobiliser pour bâtir, ensemble, des moyens d'entr'aide,
des ressources communautaires: garderie, échange de services, actions de
coopération de toutes sortes?... Bien sur, il s'agit là d'une façon d'amener
les gens à se prendre en main, à améliorer leurs conditions de vie de façon
autonome!... Cependant, la coopération constitue un niveau d'autonomie qui
exige de la personne une maturité et surtout une disponibilité psychique et
physique que bon nombre de parents concernés n'ont pas.
A notre avis, c'est comme si on demandait à un enfant qui apprend à
marcher, d'être capable de patiner... Travaillons d'abord le solage! Ai-
dons-les à se réapproprier leur autonomie au niveau du soi corporel et' du
soi productif.
A mesure que le parent aura repris confiance en lui, qu'il s'aimera
davantage dans sa façon de prendre soin de lui, de se respecter dans son
mode de vie, et qu'il aura acquis plus d'estime de lui-même, sachant de quoi
il est capable et fier de ses façons de faire, ce parent sera en mesure et
69
probablement motivé à prendre les initiatives nécessaires pour prof iter des
ressources du quartier, d'un groupe d'entr'aide et même de s'impliquer dans
un projet communautaire.
Si, dans certains cas, nous jugeons que l'enfant est en danger dans .
sa santé ou son développement et que les parents ne veulent pas ou ne peuvent
pas collaborer, ou encore que nous jugeons que le cas dépasse le cadre de la
prévention et les moyens que nous pouvons offrir, il est de notre responsabilité
de faire connaître cette famille aux instances de la protection de la jeu-
nesse, et ce, dans les plus brefs délais possibles. N'oublions pas que plus
l'enfant est jeune, plus le temps est un facteur important sur les conséquen-
ces découlant de la négligence et/ou du mauvais traitement fait aux enfants.
Une fois le signalement déposé, il serait souhaitable, nous semble-t-
il, que l'intervenant demeure attentif à cette famille, jusqu'au moment de
la prise en charge du dossier par un professionnel du service de la protec-
tion de la jeunesse.
E) Donner, au besoin, de l'information sur le développement de l'en-fant et faire connaître les ressources existantes :
Nous avons souvent à répondre à des demandes d'informations et de
consei1 s concernant le développement de l'enfant, ses besoins, les attitudes
et les comportements à adopter et parfois sur les ressources existantes.
Encore là, 1'intervenant se rappellera qu'il contribuera davantage
à l'autonomie et à la valorisation du parent si il l'amène à découvrir
lui-même, à travers "l'observation participante", ce qui est bon pour son
enfant présentement. Il saura aussi s'intéresser aux gestes posés par
le parent en vue de s'informer sur les ressources de services ou de se joindre
à un groupe d'entr•aide, ou de loisir pour lui ou pour son enfant. L'inter-
venant pourra lui souligner l'existance de l'une ou l'autre de ces ressour-
ces qu'elle juge appropriées aux besoins de cette famille. Les interventions
seront de nature à le motiver, à le rassurer, à supporter ses initiatives dans
cette direction. Cependant, comme nous l'expliquons précédemment, ne risquons
pas de brû1er des étapes et de faire vivre un échec. N'oublions pas de par-
tir d'abord des forces du parent au lieu de vouloir à tout prix et rapidement
lui dire quoi faire, corriger ses lacunes et résoudre ses problèmes!
Chapitre cinquième
Des pistes a développer pour la concrétisation de l'approche
72
Une attitude de base à acquérir et à développer
Nous vous proposons des applications concrètes de cette approche,
malgré les difficultés et les limites que représentent les réalités du mi-
lieu d'intervention.
Le temps pouvant être consacré à chacune des familles en difficulté
et les conditions dans lesquelles se déroulent les rencontres avec les pa-
rents sont rarement idéales. Le mandat premier des intervenants est de
vérifier l'état de santé et de développement du bébé ou du jeune enfant.
Nous insistons, dans le présent document, pour qu'il puisse s'intéresser en
plus et'de façon prioritaire au parent' en tant que principal agent de déve-
loppement de 1 'enfant.
Ces contacts avec les parents se font généralement lors des visi-
tes de l'intervenant à domicile peu après la naissance de l'enfant, ou lors
de la visite à la clinique des parents avec le bébé pour les vaccinations
ou la consultation périodique.
Comment l'intervenant peut-il profiter au maximum de ces diffé-
rentes modalités pour amener le parent à être plus conscient de lui, de son
rôle de parent et de contribuer à développer chez ce dernier, les attitudes
éducatives que nous avons décrites précédemment?
Nous recommandons d'abord que l'intervenant prenne le temps de s'a-
dresser au parent, de le regarder, de s'intéresser chaleureusement a sa santé
73
à Lui ... de lui demander s'il se sent en forme ou s'il est fatigué? ...
L'intervenant prend le temps de l'écouter et de faire sentir son intérêt...
Si le parent se présente avec une mine réjouie, reposée, épanouie, il lui
signale et s'en réjouit ... Dans tous les cas, il s'informe des moyens que
le parent prend quotidiennement pour se détendre, récupérer, déloger ses ten-
sions, se distraire? Est-ce qu'il fait régulièrement une activité physique:
marche, corde à danser, mouvements, natation, yoga ou autres? Quand? A
quelle fréquence? Quel bien en retire-t-il?
Est-ce qu'il dort bien? Comment se prépare-t-i1 au sommei1 ? Dort-il
suffisamment? Comment compcnse-t--il pour les manques de sommeil? Est-ce
qu'il se garde des moments de loisirs? Revoit-il des amis? ... etc.
Nous souhaitons que les intervenants comprennent que ce que nous leur
recommandons, c'est d'abord de développer une attitude face aux parents, une
façon de s'intéresser à eux comme individus, ayant des ressources... Que par
son intérêt et ses interventions, l'intervenant transmette au parent qu'il est
important,comme personne, et que pour remplir son rôle de parent adéquatement, il
est essentiel qu'il prenne bien soin de lui; qu'il découvre qu'il a en lui les
ressources nécessaires pour être parent; qu'il prenne conscience qu'il prend quotidiennement des décisions appropriées.
Mais attention! Il "ne s'agit absolument pas de convaincre le parent
de ces principes de vie. L'approche propose plutôt de faire prendre conscience,
de faire découvrir a partir de leurs propres expériences. Il y a donc nécessi-
té chez les intervenants de faire l'apprentissage d'une habileté a mettre les
parents en contact avec leurs propres ressources, leurs forces d'une façon
telle qu'ils puissent les "actualiser" dans leur vie quotidienne en tant que i
parent.
74
Suggestion de plan d'intervention auprès des parents ayant des enfants en bas age
A) Groupe de croissance pour les parents avant et après la naissance:
1. Avant la naissance:
Que des groupes de croissance soient organisés pour les couples ou
les mères pendant la grossesse, à partir du 4 e mois. Les buts à poursuivre
sont les suivants: apprendre à "prendre soin de soi" et acquérir une repré-
sentation de soi, le soi corporel plus articulé, en lien avec son futur rôle
de parent.
K S e e
Ces groupes pourraient se réunir une fois la semaine du 4 au 8 mois
et se coordonner avec les-cours prénatals au temps opportun. A travers cette
démarche, les futurs parents et la personne responsable établiraient une al-
liance dans laquelle chacun des parents s'engagerait à vivre, a chaque semai-
ne et chacun pour soi, une ou des expériences ou activités physiques lui pro-
curant un bien-être corporel, lui permettant de récupérer et de déloger ses
tensions. Chacun accepterait ensuite de partager cette expérience avec la
responsable ou un des participants, à travers la relecture, dans le but de
découvrir ses points de repères, ses décisions, ses forces et d'atteindre
ainsi une représentation de soi corporel plus différenciée en lien avec le
style de parent qu'il a décidé d'être et dans sa qualité d'engagement dans
ce sens.
De son côté, la personne responsable, habile à le faire, s'engagerait
à s'intéresser réellement au cheminement de chacun de ses participants, selon
75
l'entente établie, à leur façon personnelle de prendre soin d'eux. • •
Selon le nombre de participants, elle devrait être secondée par un
ou des adjoints ayant été eux-mêmes initiés a cette approche de découverte
de soi.
2. Après la naissance:
Pour ces parents ayant déjà été sensibilisés a l'importance de pren-
dre soin de soi pour être prêt à s'engager dans sa relation avec son enfant,
sans que cet engagement se vive à son détriment, une visite à domicile ou un
téléphone pourrait avoir lieu mensuellement pendant 5 ou 6 mois suivant la
naissance de l'enfant. Par ces contacts, on permettrait aux parents d'expri-
mer leur vécu autour de l'accouchement et des premiers soins donnés à l'en-
fant. Notre intérêt viserait surtout à aider les parents à intégrer les dé-
couvertes faites au niveau du soi corporel; on continuerait à s'intéresser
à sa façon personnelle de prendre soin de lui malgré et tenant compte des en-
gagements importants dans sa routine et de ses engagements nouveaux. Il
s'intéresserait à sa façon de répartir ses énergies dans une journée, 1'ai-
derait à prendre conscience de sa façon de s'organiser, des choix et des re-
noncements qu'il fait ou qu'il décide de faire, des moyens qu'il utilise pour
garder son équilibre. Nos interventions viseraient donc principalement, à
faire prendre conscience au parent que sa disponibilité et l'efficacité
dans sa façon de donner les soins à son bébé, sont étroitement liées à la
façon dont il prend soin de lui-même et qu'il répartit ses énergies.
76
Voici un exemple d'une intervention lors d'une consultation téléphonique.
Il s'agit d'une maman, d'un poupon de 4 semaines.
M. "Depuis 4-5 jours mon bébé pleure tout le temps dans son bain. Ça m'énerve! J'ai les jambes molles... Je me sens gauche ... C'est rendu, que j'ai peur ..."
L'intervenant sent la maman au bord des larmes.
I. "Je comprends .. vous devez être très fatiguée après.. (elle la laisse parler encore un peu)
I. "A part le bain, comment ça va?"
La maman informe que le. bébé dort bien, digère bien, "c'est un bon bébé".
I. "Et vous, comment allez-vous? Vous semblez fatiguée?...
M. "Ah! oui... un peu .•. sourtout depuis environ une se-maine" .
I. "Que s'est-il passé?"
M. "Ma belle-soeur est partie... Avant je faisais juste m'oc-cuper du bébé. Là, il y a les repas, un peu de ménage..."
I. "Il y a une semaine, est-ce vous qui donniez le bain du bébé? Racontez-moi comment ça se déroulait?"
• M. "C'est vrai, avant il ne pleurait pas. - C'est moi qui lui donnais son bain. J'aimais ça ... après j'étais un peu fatiguée, mais ça allait bien..."
L'intervenant lui fait préciser: "Comment faisiez-vous ça? Comment vous y preniez-vous? Vous le teniez comment? ... Vous lui parliez? Comment étaient vos gestes, et le bébé?.. A quel moment de la journée lui donniez-vous son bain? Qu'aviez-vous fait avant? Comment vous sentiez-vous avant? Pendant? Qu'est-ce qui vous avait amené à lui donner son bain à cette heure? Qu'est-ce qui fait, d'après vous que le bain se déroulait bien? Que lies sont les décisions que vous aviez prises qui ont pu contribuer au fait que bébé et vous aimiez le temps du bain?".
En relisant ainsi cette expérience heureuse, la maman en arrive à prendre
conscience que: "Ca allait bien d'abord parce que j'étais moins fatiguée,
77
je prenais plus de temps pour me reposer. Le, matin d'abord je prenais
le temps de déjeûner. Je donnais le bain tout de suite après: j'étais en
forme. Aussi, une chose importante, c'est que je prenais tout le temps qu'il
me fallait pour donner le bain du bébé... J'étais pas énervée... Je le te-
nais comme il faut, solide, mes gestes étaient doux, calmes...
Maintenant, je le lave plus tard: je ramasse un peu dans la maison...
j » suis plus fatiguée... je fais ça plus vite ... j'suis plus nerveuse, plus
brusque aussi... j'ai bien 1'impression que le petit s'en ressent.
I. "Croyez-vous que vous êtes capable de le laver de façon à ce qu'il aime ça?"
M. "Bien oui, je le faisais avant., j'étais calme, je le tenais bien., je lui parlais,., mon bébé était bien."
1. "Qu'est-ce que vous voyez ce qui est différent?... Qu'est-ce que vous pourriez faire pour être moins fatiguée quand vous laverez v.otre bébé et qu'il soit a nouveau bien pendant son bain? . . .
M. "... Je vais le laver tout de suite après le déjeûner, comme avant... Aussi, je vais prendre tout le temps dont j'ai besoin... d'abord pour déjeûner puis après pour le laver... Le ménage, je le ferai quand je pour-rai... Merci beaucoup, vous m'avez beaucoup aidée"...
i
\ »
Au 5 e et 6 e mois, ces parents pourraient à nouveau être invités à
se réunir pour poursuivre leur cheminement au groupe.
La fréquence pourrait être établie selon les disponibilités des pa-
rents et des personnes ressources mais être établie de façon stable dès
qu'il y' aura un concensus.
78
Le dé lai entre chacune des rencontres ne devra it pas dépasser un mois.
Idéalement, une rencontre hebdomadaire est suggérée. Ces rencontres seraient
pour les parents autant d'occasions de partager leurs expériences, de s'ap-
porter du support, de bâtir une saine solidarité et ses liens affectifs in-
dispensables à chacun dans les poursuites de leur engagement comme parent.
s g Les objectifs de cette 2 étape de croissance, sont:
1°- Intégrer le soi corporel: que malgré les changements importants
qu'occasionne l'arrivée du bébé, je sois capable de prendre les
moyens appropriés, pour vivre quotidiennement un certain bien-être
corporel et maintenir l'équilibre énergétique, me permettant de rem-
plir mon rôle de parent, de façon la plus concordante possible avec
l'objectif que je me suis fixé.
2°- Se réapproprier le soi productif: me découvrir, me connaître dans mes
façons de faire et mes talents afin que 'je puisse décider de les uti-
liser dans ma relation avec mon enfant et l'aider à devenir lui-même,
à son tour, une personne progressivement autonome et bien dans sa
peau •
3°- Découvrir mon enfant à travers l'observation participante; saisir r e
comment se construit son autonomie (1 année de vie).
4°- Créer des liens avec d'autres parents: former un groupe d'entr'aide.
79
Les moyens utilisés:
1. La relecture de ses expériences en petites équipes.
- activités corporelles dans un but de bien-être, de récupération ou de décharge motrice.
- observations de son enfant et de soi-même en interaction avec lui.
- budget d'énergie.
2. Le jeu;: . que chacun redécouvre le jeu comme moyen de s'amuser, de récupérer, de décharger ou de se distraire, en relation avec d1 autres.
. que les parents ayant découvert le jeu pour eux-mêmes, qu'ils utilisent plus spontanément le jeu à la maison avec leurs enfants..
3. Les échanges et les informations sur le développement de l'enfant:
Partir des expériences apportées et des questions soulevées pour in-
former les parents sur les besoins de l'enfant. Comme intervenant, s'ha-
biliter à faire découvrir les connaissances, trouver le comportement à
adopter plutôt que de les enseigner autant que c'est possible.
Voici un aperçu des sujets qui risquent de préoccuper les parents et. sur
lesquels les intervenants aideront les parents à ajuster leurs connais- -
sances et leurs attitudes:
- connaître mon enfant et l'accepter tel qu'il est;
- 1'importance de la stabilité, de la.régularité et la congruence dans les soins au nourrisson et dans nos attitudes éducatives»
- comment mon enfant apprend a attendre, à vivre les délais, le temps;
80
- l'apprentissage au contrôle et à la propreté;
- l'enfant qui dit "non" (le négativisme chez l'enfant de 2 ans)»
- les difficultés face au coucher: les peurs, les cauchemars; l'importance de la routine et du respect des points de repère chez 1'enfant;
- l'agressivité chez lîenfant - ses colères;
- l'agressivité, les pertes de contrôle, la violence dans la f a-mille;
- la rivalité fraternelle, l'arrivée d'un petit frère, d'une petite
soeur ;
- l'enfant et la garderie ou le .voisinage;
- l'éducation au plaisir et à la sexualité;
- le langage ;
- l'entrée à la maternelle;
- l'absence du père;
- les enfants face à la séparation ou au divorce .... etc.
Aucun de ces sujets ne pourront être traités en profondeur dans le
cadre des groupes de croissance. L'intervenant responsable aura quand même
avantage à être aussi bien documenté que possible, pour être en mesure de
corriger des positions ou connaissances erronées pouvant être nocives à l'en-
fant et pénibles pour le parent. L'intervenant devrait être en mesure de faire
découvrir des pistes d'intervention, donner des éléments de réponse à leur
i
i
81
question, en accord avec les besoins de l'enfant et orienter le parent vers
d'autres sources d'informations appropriées. Par exmple, des cours ou con-
férences pourraient être offerts aux parents intéressés, permettant d'appro-
fondir- l'un ou l'autre des sujets rejoignant 1 es besoins exprimés par les
parents.
B) Groupe de croissance pour les parents n'ayant pas participé aux rencon-tres prénatales:
Des groupes de 'croissance semblables au précédent pourrait aussi
être organisés pour les parents ayant de jeunes enfants, mais n1 ayant pas eu
la chance de vivre cette expérience pendant la grossesse.
Il serait bon,dans ces cas, de grouper les parents, de préférence,
selon l'âge de leurs enfants;
EXEMPLES: 1. les 6 mois à 18 mois
2. les 18 mois à 3 ans
3. les 3 ans à 5-6 ans
L'approche demeurerait la même. Le contenu des expériences apportées et les
préoccupations des parents varieraient compte,tenu des niveaux de développe-
ment des enfants. Avec chacun des groupes, il serait important de travailler
le soi corporel d'abord.
C) Formation axée sur le développement de l'autonomie de l'enfant:
Des groupes davantages axés sur "comment rendre mon enfant auto-*
nome".
82
Ces groupes de forma Lion seraient o f f v r L s aux parents ayant d'abord
suivi un groupe de croissance visant la réappropriation du soi corporel et
si possible du soi productif.
\
Encore là, les groupes pourraient se diversifier selon qu'ils adres-
seraient à des parents ayant des enfants de niveaux différents;
EXEMPLES: 1. les 1 à 3 ans
2. les 3 à 5 ans
3. les 6 à 10 ans.
Caractéristiques de ces différents groupes - leur déroulement possible:
Les caractéristiques sont:
1°- L'objectif visé est d'abord de faire vivre un processus d'autonomie
aux parents. Qui dit processus, dit durée. Il faudra donc que ces
rencontres s'échelonnent sur une période minima le de-3 mois (12 se-
• maines) pour permettre l'évolution des participants.
Les rencontres doivent être fixées dans le temps, être régulières
et à un rythme permettant de maintenir la motivation et de vivre
des expériences entre chacune des rencontres. Nous recommandons
quelles aient lieu une fois la semaine et durent environ 2 à 3 heures
chacune.
2°- Le processus de croissance proposé, repose sur une alliance décidée
et voulue entre chacun des participants et les responsables de la
83
formation. Cette alliance repose sur la connaissance dos objec-
tifs et des modalités. Les responsables s'engagent a s'intéresser
réellement à-la démarche de chacun et à créer les conditions qui
vont favoriser cette croissance. Les participants s'engagent à
prendre les moyens proposés et à partager les expériences prévi-
légiées et autres vécues à chaque semaine.
3°- Nous recommandons1 que les enfants accompagnent les parents à certai-
nes rencontres, si l'organisme peut offrir des services d'animation
des tout-petits pendant les 2/3 de la rencontre et que les rencon-« «
très peuvent avoir lieu le jour. Pour les petits de 6 à 18 mois,
on pourrait réduire la durée de chacune des rencontres..
4°- Le jeu occupe un moment préviiégié de récupération, de mutualité et
de découvertes.
5°- Le nombre de participants: idéalement huit a dix personnes.
Le déroulement possible d'un groupe qui aurait lieu en avant-midi:
9hl5 Arrivée - Accueil.
9h3Ô' Jeu parents - enfants.
lOhOO Transition : Les parents se retrouvent entre eux. Les petits sont pris en charge par les moniteurs.
10hl5 Réactions sur le jeu: - ce que ça nous a permis de découvrir en lien avec notre objectif; - ce qui est différent pour nous; - les liens avec son vécu quotidien; - l'animateur juge jusqu'où il-doit aller dans cet te direct ion, à
chacune des sema i nés, se Ion 1'expé r ience vécue ;
84
10h30 Mise en commun de nos découvertes et nos décisions, nos bons coups au cours de la semaine en lien avec notre engagement comme parent et
avec le sens à sa vie ...
10h50 Orientation du travail en équipe;
10h55 Pause: on bouge, on saute au besoin, on se désaltère;
llhiO Travail en petites équipes ou en dyades» Relecture d1une expérience de la sema ine où j'ai atteint mon objecti £ ; ou recherche, à la lumière de nos expériences positives et de nos con-naissances, des éléments de solution à une situation présentée par un des parents;
llh45 Mise en commun et échanges; Orientation pour la semaine;
12h00 Retour auprès des petits et départ.
Pré-requis chez les intervenants:
Il nous parait impossible et non pertinent de préciser davantage dans
ce document le • "comment" actualisier les forces du moi chez le parent à travers
les rencontres avec le parent grâce à la "relecture". Les intervenants qui
voudront s'habiliter à cette technique devront s'engager dans une formation à
cette fin.
Nous souhaitons cependant que la lecture de ce document suscite chez
les intervenants' une réflexion et entraine un changement de philosophie, de
mentalité, s'il y a lieu! Que ce document leur fasse prendre conscience de
cette importance de vivre le moment présent., en étant présent à soi, dans son
corps pour être plus ouvert, plus disponible à l'autre. Qu'ils décident eux-
mêmes de faire l'expérience de cette philosophie dans leur propre vie. Qu'ils
85
s'interrogent sur le sens qu'ils veulent donner eux-mêmes à leur vie et à leur j ,
engagement comme professionnel. Qu'ils essaient de prendre conscience, à tra-
vers leurs expériences, du lien existant entre leur façon de prendre soin d'eux,
d'être présent à leur corps et leur qualité d'engagement?
La formation qui leur sera offerte se fera dans ce sens. Elle visera à
amener l'intervenant à se réapproprier la représentation du soi corporel et
l'initiera à la technique de la relecture, qu'i 1 pourra utiliser d'abord avec
ses collègues.
Ainsi, il vivra une double expérience: celle de s'intéresser réel lement
a l'autre (un de ces collègues) dans le but de l'amener à se'découvrir dans ses
forces, puis, l'expérience de se découvrir lui-même, grace a l'intérêt engagé
de ce même collègue, a travers la relecture vécue dans la mutualité.
Seul l'intervenant, qui aura découvert et intégré l'importance et les
moyens d'être présent a son corps, saura amenér le parent à se réapproprier
ce niveau de connaissance et l'intégrer à son vécu et son rôle de parent.
Lors de la formation, on apprendra aussi à identifier les forces et
à en faire découvrir les indices dans ses expériences, pour pouvoir décider
lucidement de lès utiliser.
D'ici là, 1'inte rvenant qui s'applique dans sa propre vie à être cons-
cient des points de repères^dans son corps, de ses aptitudes, de ses façons
de faire, de juger, de choisir, et qui décide d'utiliser ce qu'il est dans
sa façon d'aider et de s'engager auprès des parents, 'cet intervenant saura
86
s'intéresser différemment à eux ; il se ra déjà plus habile à amèner le parent
à despriscs de conscience et à utiliser ses forces et ses moyens.
Au cours de la formation, chacun à travers son cheminement personnel,
apprendra à généraliser l'approche aux différentes situations de sa vie
professionnelle.
Chapitre sixième
8 8
Les moyens pédagogiques propres à la démarche que nous vous proposons
Sont principalement:
La Relecture
Le Budget d'énergie
- Le Jeu
Voyons en quoi consistent ces trois principaux moyéns que nous empruntons
à l'approche du processus d'actualisation des forces du Moi de J. Guindon.
La relecture
i
La relecture est un moyen qui permet à la personne aidée de parta-
ger son expérience avec quelqu'un qui s'y intéresse réellement.
C'est, pour l'intervenant, un moyen, une façon de s'intéresser vrai-
ment à la personne dans son expérience. Le but de la relecture c'est dé
permettre à la personne aidée d'atteindre une représentation de soi diffé-
renciée, ce qui le conduira à une perception plus différenciée de l'entou-
rage et les autres. En d'autres mots, la relecture vise à ce que la per-
sonne se voit faire, retrace ses décisions et découvre ses forces pour
qu'elle puisse de plus en plus consciemment déciderde les utiliser pour
vivre quotidiennement de plus en plus en accord avec les objectifs qu'elle
poursuit, ses valeurs profondes et le sens qu'elle a décidé de donner a sa
vie.
89
Il s'agit, pour 1 ' into r venant , d'une hub i l o(.é , d ' une: t cclin i que
à apprendre et à intégrer à l'intérêt quo l'on porto a la personne et à
sa façon personnelle d'intervenir.
11 ne faudra pas oublier que ce qui demeure important c'est l'inté-
rêt à la personne, notre façon d'être avec elle, de la suivre dans son
expérience. Il faut donc accepter un temps d'apprentissage. Pendant la
formation offerte, les intervenants découvriront 1'importance d'apprendre
à faire relire l'expérience de l'autre. Disons pour le moment que la re-
lecture comporte 3 phases:
1) la description de son expérience: - l'intervenant s'intéresse et aide la personne a préciser,
à différencier et à retracer les séquences d'actions, les mouvements,et les points de repères avant, pendant et après les différentes séquences;
2) l'intervenant aide la personne à retracer:
- ses décisions (conscientes, pré-conscientes, inconscientes) - ce qui l'a amener à décider ainsi; - comment elle décide;
3) l'intervenant amène la personne a prendre conscience de ses forces:
- sa capacité de vivre des délais, d'organiser son temps en respectant es rythmes de base et ses engagements; sa certitude
d'avoir le temps qu'il'lui faut et que le temps sera bon ... (espérance)
- sa capacité de poursuivre et d'atteindre un but en prenant les moyens appropriés (poursuite des buts)*
_ capacité de prendre des décisions engagées qui repose sur sa ca-pacité de poser un jugement, de faire des choix et des renonce-ments judicieux (vouloir)ï
90
- sa capacité d'accomp1 i r une tacho a vcc offi cac i t é , grace à des app ronl i s sage s graduels o I. uno répétition de plus on plus consciente des gestes à poser pour obtenir le résultat visé (compétence);
- sa capacité de maintenir un engagement malgré les obstacles (fidélité);
- sa capacité d'ouverture à l'autre, d'acceptation et de respect i- de l'autre en tant que personne différente de soi; capacité de
donner sans rien attendre en retour; capacité de recevoir de la façon dont l'autre me donne et d'amener l'autre à me donner de la façon dont j'aime recevoir (amour).
Le budget d'énergie
Il s'agit d'un moyen concret, très visuel nous permettant de prendre
conscience de la répartition de nos énergies dans une journée, une partie
de journée ou une semaine.
Le but visé est celui de décider de prendre les moyens appropriés
et faire les ajustements qui s'imposent pour retrouver l'équilibre entre
ses revenus et ses dépenses énergétiques afin de vivre à nouveau le b ien-
être corporel et avoir les réserves nécessaires pour assumer ses engage-
ments quotidiens.
Nous comprenons qu'au cours d'une journée, d'une sema ine, nous ac-
complissons des activités qui nous occasionnent des fatigues physiques
plus ou moins grandes, des fatigues psychiques, du stress, des émotions
91
plus ou moins tortus. Par contre, d'autres ;ic L i v i tés p 1 us ou moins déci-.
dées consciemment, qui nous procurent du repos, de la détente, qui nous font
récupérer nos énergies'ou éliminer notre trop.grande tension physique ou
psychique.
C'est ainsi que, selon les responsables de la pédagogie de ce pro-
cessus d'actualisation des forces du Moi, nos activités quotidiennes peu-
vent être classées, comment dans un budget, selon deux catégories:
Les REVENUS Les DEPENSES
Détente ^ Les activités physiques
Récupération • Les activités de concentration
Décharge motrice • Les charges affectives
• C'est un juste équilibre entre ces deux types d'activités qui per-
met à tout individu d'avoir cette agréable satisfaction "d'être bien dans
sa peau"; c'est cet ajustement qui lui permet de posséder cette disponibilité
face aux événements quotidiens et qui se traduit par. une ouverture à lui-
même et aux autres.
Le jeu
Nous ne voulons pas répéter ici ce que. nous avons déjà dit sur le >
jeu. Cependant, nous voulons rappeler que nous le proposons comme moyen
pédagogique important et efficace surtout dans le milieu familial. Nous
92
souhaitons que Les intervenants visés par le présent document, le découvre
pour eux-mêmes et prennent pLaisir a L'utiliser pour permettre aux parents
- d'expérimenter un moyen agréable de. récupérer ou de décharger des tensions et d'être en relation avec d'autres adultes;
- de découvrir et de se familiariser avec un moyen d'alimenter leur relation avec leur enfant, tout en se faisant du bien et sè faisant plaisir;
'- d'expérimenter un moyen de stimuler le développement et l'auto-nomie de l'enfant.
A trave rs la format ion offerte, nous fournirons aux intervenants
1'occasion de découvrir le jeu pour eux-mêmes.
Quand nous parlons de jeu, nous pensons surtout à des jeux très
s imp les nécessitant pas ou peu de matériel et faisant appel à la partici-
pation active du corps.
C'est cette participation corporelle qui permettra d'utiliser la
relecture du jeu pour faire prendre conscience à la personne de ses points
de repère, de ses indices de fatigue, de tension ou de bien-être, et ainsi
chemine r vers une meilleure représentat ion de soi et un choix plus appro-
prié de moyens ou de mouvements favorisant le maintien de ce bien-être
et de l'équilibre énergétique.
Conelusion
94
nous avons voulu par-
notre conviction pro-
autre personne a idée,
faiblesses, des erreurs,
tiel, en leurs forces
parent comme essentielle-
é, à travers les petits
gestes indispensables à son maintien, et à la fois dans sa grandeur par le
sens profond, infini et unique que chaque être huma in peut lui donner et
dans lequel il décide de s'engager.
Nous avons voulu aussi, faire découvrir aux intervenants 1'importance
de croire en ces forces présentes en chacun; de- savoir s'y intéresser à tra-
vers les expériences des parents, d'une façon telle qu'ils puissent en prendre
conscience et en être valorisés.
Nous voici à la fin d'un long cheminement que
tager avec nous.
Nous avons voulu, avant tout, vous transmett,re
fonde qui nous amène à considérer le parent ou toute
comme une personne humaine. Au delà des rôles, des
des difficultés, croire et s'intéresser à leur poten
vitales souvent paralysées et ignorées par eux-mêmes
Nous avons voulu aussi,vous parler du rôle de
ment lié à la vie, à la fois dans toute sa simplicit
Que grâce, à
en eux-mêmes, sachent
dit ions favorables à
1 ' intérêt des
utiliser luci
1 ' éclosion de
intervenants, les parents, plus confiants
dement leurs capacités pour créer les con-
ces forces vitales chez leurs enfants.
i
95
Nous avons indiqué certaines pistes permeetant d'acheminer Les
parents vers ces découvertes ; il reste des techniques à acquérir et un a p-
prentissage à intégrer.
Cependant, nous souhaitons avoir conduit les intervenants à une vision
nouvelle de leur rôle et de celui des parents. Davantage centrés, sur
les forces à construire que sur les problèmes à régler, qu'ils se sentent
stimulés et valorisés par une telle perspective!
Qu'ils soient conscients que cette nouve lie façon d'envisager leur
engagement professionnel entraîne des conséquences sur leur mode de vie et
sur le sens de leur propre vie.
Enfin, nous souhaitons et nous avons la prétention de croire que cette
chaîne d'intérêt à la-personne humaine dans ses forces vitales ait progressi-
vement un impact sur toute notre société régionale: d'abord, chez les inter-
venants envers eux-mêmes, puis chez les intervenants entre eux, ensuite des
intervenants aux parents et enfin des parents à leurs enfants.
En effet, si de plus en plus d'individus: intervenants, parents, en-
fants, citoyens, se regardent et regardent l'autre, au delà de ses défauts,
de ses erreurs, de ses limites, qu'ils s'intéressent chaleureusement à ses
décisions, à ses efforts, à ses moyens... et qu'ils croient au. potentiel
encore inutilisé, de moins en moins d'individus auront besoin de-recourir
à la colère, aux menaces, à la vengeance, à la violence envers eux ou envers
les autres ! ...
96
Au contraire, de plus en plus d'individus se sentiront aimés, res-
pectés, écoutés, compris... De plus en plus, ils auront confiance en eux-
mêmes, en l'autre, en la Viel
En ce sens, nous considérons notre cont ribut ion comme une humb1e
semence que nous, avons déposée dans une terre riche, mais qui a besoin
d'être travaillée. '
Nous souhaitons que vous serez nombreux à la cultiver avec nous pour
que la récolte.soit généreuse pour les enfants d'aujourd'hui... les parents i •
de demain!
i
I ] « \
Ré £ë rences
i
98
CALVET, D. (1979). Découvrez votre enfant par le jeu. Montréal. Edition
de 1'Homme.
DESMARAIS, ' M.M. (1982)." Cours de formation. Intervention-clinique. Insti-
tut de formation en rééducation de Montréal.
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GUINDON, J. (1982). Vers l'autonomie psychique. Paris. Fleurus.
^ JULIEN, Alain. (1983). Découvrir mes forces. Revue Orient, No 180.
(Mars-Avril).
G 4489 ex.2 Rousseau, C.
L1 actualisation desforcesdu moi, ccmîiÊ approche éducative
DATÎparïîits* nom
G 4489 ex.2