Post on 14-Mar-2021
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES BOUZAREAH
DEPARTEMENT DE FRANÇAIS
ETUDE LEXICOLOGIQUE
ET PRAGMATIQUE DE L’ŒUVRE ROMANESQUE DE
TAHAR DJAOUT
MEMOIRE DE MAGISTER PRESENTE PAR : AHMED BOUALILI
SOUS LA DIRECTION DE : MME ABBES KARA YASMINE,
MAITRE DE CONFERENCES
DISCIPLINE : SCIENCES DU LANGAGE
ALGER 2003/2004
Remerciements
Je tiens à remercier Mme Abbès Kara Yasmine pour le soutien qu’elle m’a apporté
et pour m’avoir initié à la statistique linguistique. Je lui exprime ma gratitude pour m’avoir
guidé dans ce travail et de n’avoir ménagé ni son temps, ni son savoir, ni sa patience pour
que ce travail arrive à son terme.
Je remercie également ma fiancée Nassima, qui a été toujours à mes côtés pour me
soutenir, mes parents, mes frères et sœurs, et tous mes amis.
2
Je dédie ce travail à ma mère…
3
Je suis le déterreur de l’histoire insoumise et de ses squelettes irascibles enfouis
sous vos temples dévastateurs. Je ne cautionnerai jamais vos cieux incléments et rétrécis où
l'anathème tient lieu de credo, je ne cautionnerai jamais la peur mitonnée par vos prêtres-
bandits des grands chemins qui ont usurpé des auréoles d'anges. Je me tiendrai hors de
portée de votre bénédiction qui tue, vous pour qui l'horizon est une porte clouée, vous dont
les regards éteignent les foyers d'espoir, transforment chaque arbre en cercueil.
Je suis de L’AUTRE RACE, celle des hommes qui portent jusqu’aux tréfonds de
leurs neurones des millénaires de soleil.
Tahar Djaout
4
1 INTRODUCTION
1.1 Littérature maghrébine d’ « écriture » / d’ « expression » française
1.2 L’œuvre littéraire de Djaout
1.3 Problématique
1.4 Le corpus
1.4.1 Préparation des données textuelles.
1.4.2 L’analyse lexicométrique
1.4.2.1 La fonction contexte 24
1.4.2.2 La fonction concordance 25
1.5 Plan de travail
5
1.1 Littérature maghrébine d’ « écriture »/ d’« expression »
française
Nous distinguons entre littérature maghrébine d’écriture française et celle d’expression
française dans la mesure où, selon Mouloud Mammeri1, on ne saurait parler de cette dernière
car ce que fait l’écrivain maghrébin, c’est écrire selon un modèle. Quand il veut s’exprimer,
dans son œuvre, il préfère utiliser des tournures syntaxiques calquées sur sa langue maternelle
ou, le plus souvent, se réfugie dans le lexique des langues « minorées » par la présence du
français.
Au-delà des taxinomies préétablies que des auteurs comme Jean Déjeux ou Nadjet
Khadda ont soulignées, nous pouvons parler de deux grandes étapes dans la littérature
maghrébine : la littérature maghrébine d’écriture française et celle d’expression française.
Nous considérons comme littérature d’écriture française l’ensemble des œuvres littéraires où
les auteurs ont fait de la langue française une langue de « nécessité » pour rendre compte de
leur état de colonisé et de leur statut social. La littérature d’expression française, quant à elle,
est la littérature dont les représentants ont fait leur la langue française en y introduisant de
nouveaux procédés aussi bien syntaxiques que lexicaux. Ces auteurs ont opté pour la langue
française et l’ont adoptée et assumée pour exprimer leur différence. Cette littérature « a
affirmé l’autonomie de son énonciation à partir du moment où [elle] n’a
plus été le dire d’un lieu anarchique pour une lecture en lieu autre
(…). »( Bonn, « Traversée » 58)
1 Cf. Mouloud Mammeri, Entretien avec Tahar Djaout, Edition Laphomic,
Col. Itinéraires, 1987.
6
Parmi les trois générations que distingue Nadjet Khadda2, nous incluons les deux
premières dans la littérature d’écriture française. La génération des « pères fondateurs »
(1920-1950) dont les thèmes traitent surtout de l’ « assimilation » a choisi la parole dans la
langue de l’autre plutôt que l’aphasie. Les auteurs de cette génération choisirent
« la langue étrangère plutôt que le mutisme (…) Leur
français, bien maîtrisé, n’avait presque pas de
résonance culturelle, il était sans mémoire ou presque,
ce qui pouvait permettre un débat politique mais plus
difficilement une expression artistique, n’étant pas une
langue de désir juste une langue de nécessité. »
(Khadda, « La Littérature » 19)
Nous voyons bien que cette littérature servait de moyen de dénonciation de l’inégalité
entre le colonisateur et le colonisé. La langue utilisée est pratiquement identique à la langue
standard dans la mesure où les écrivains voulaient être compris par le colonisateur. L’objectif
premier de cette littérature était la nécessité d’être lu par un public auquel on s’adresse avec
ses mots et sa syntaxe.
L’après-guerre a constitué, en Algérie, l’élément déclencheur de la littérature engagée
au service de la lutte contre le colonialisme. Le roman maghrébin apparaît comme un moyen
de lutte et d’engagement. Pourtant il reste encore empreint d’ethnographie, d’où les réactions
mitigées quant à son réel potentiel. C’est le roman de la génération de la « consécration »
(1950 – 1970). Cette génération est, elle aussi, à intégrer dans la littérature d’écriture
2 Nadjet Khadda distingue trois générations d’écrivains maghrébins :
les pères fondateurs, la génération de la consécration et enfin les
écrivains engagés.
7
maghrébine mais elle constitue le point d’ancrage de la littérature d’expression française. Les
auteurs de cette génération sont les précurseurs de cette dernière.
En effet, des auteurs comme Mouloud Mammeri ou Kateb Yacine ont exprimé leurs
intentions d’introduire dans la langue française l’expression de leurs sentiments en faisant
intervenir, dans leurs textes, des procédés syntaxiques et lexicaux empruntés à leurs langues
maternelles. Ainsi Mammeri disait-il :
« Je serai très heureux d’écrire en berbère. Je sais
qu’il y a des choses, des musiques, que je rendrai
infiniment mieux en cette langue qu’en nulle autre (…)
Jean Amrouche disait qu’il concevait et raisonnait en
français, mais qu’il ne pouvait pleurer qu’en berbère,
Jean Amrouche l’avait sucé avec le lait de Fadhma Ait
Mensour(…)Mais aucune langue apprise ne pouvait
remplacer en lui les musiques ancestrales, tissées dans
ses veines ».(« La Cité » 48-9)
Et à Kateb d’ajouter :
« J’exprime en français ce qui n’est pas français.
C’est-à-dire moi, lorsque je me mets à la table de
travail, je me cherche, je cherche cette Algérie perdue
(…) J’écoute, je parle arabe…immédiatement, je retrouve
cette sensibilité…mais écrivant français, j’ai mes
racines arabes ou berbères qui sont encore vivantes
(...) ».(qtd. In Jeune Afrique n°324)
Cette littérature se veut engagée. Néanmoins, elle a soulevé de part et d’autre de la
Méditerranée des réactions diverses. Pour les Français cette littérature prouve que la politique
d’assimilation a donné ses fruits et ces écrivains en sont une preuve incontestable. Pour les
Algériens de l’époque,
8
« ces écrivains ne pouvaient être représentatifs de la
société algérienne, parce qu’ils se servaient de la
langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient
édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix
étrangers. En outre, du fait que ces œuvres nouvelles
étaient appréciées en France, elles ne pouvaient servir
le mouvement national en vue de l’indépendance, et les
articles, dithyrambiques de certains critiques français
rendaient automatiquement les romans suspects à ces
Algériens. Enfin, les romanciers écrivaient pour un
public français, bref, en concluait-on, pour faire
plaisir au colonisateur. » (Déjeux, « Littérature » 11)
Cependant, ajoute Jean Déjeux,
« louangeurs et contempteurs, pessimistes et sceptiques
se trompaient dans la mesure où leurs prises de
positions étaient extrémistes. Mais, silence ou
surenchère, qu’importe ! Une littérature originale était
née. On devait s’apercevoir assez vite qu’il s’agissait
d’une littérature de dévoilement, de contestation, et
bientôt d’une littérature nationale de combat. » (14)
Ceci dit, N. Khadda affirme :
« avec ces auteurs des années 50, le matériel verbal
cesse d’être instrumental pour devenir objet
d’investigation et donner à la culture et à
l’inconscient un champ d’action élargi. Leur écriture
commence alors à entretenir des relations électives avec
l’enfance (via la scolarité) et donc à devenir langue de
l’inscription mnémonique du sujet. Langue du désir, même
9
si le désir est contrecarré par un propos idéologique de
résistance. » (20)
Cette prise de conscience qui va se traduire par une écriture réinventée, surtout dans le
domaine lexical, va donner naissance à la littérature d’expression française.
Cette littérature sera véhiculée par la génération de la post-indépendance de 1970 à
1990. Cette dernière, désillusionnée par l’indépendance, renouvelle la littérature maghrébine.
Frustrée, elle tente de retrouver un équilibre entre la langue de l’autre et sa langue propre. Ses
auteurs
« s’attachent à exhiber et à habiter cet entre-deux pour
dénoncer ce qu’ils considèrent comme des mythes
d’unicité originelle et pour se faire les chantres du
brassage universel et du mélange. D’où cette bilangue,
pour reprendre l’expression de Khatibi, qu’ils élaborent
explicitement. A partir d’une langue étrangère
intériorisée et d’un langage originel adultéré,
l’écriture fait naître une nouvelle histoire, brisant
les cercles fermés des anciennes cultures, manifestant
un rapport de forces mouvantes et enregistrant le
déplacement des enjeux du bilinguisme. » (Khadda 21)
Tahar Djaout, qui fait partie de cette génération, a contribué, d’une manière plus
radicale que celle de ses prédécesseurs, au bouleversement de la syntaxe et du lexique de la
langue française. Son œuvre est expression de « désir », désir de refaçonner cette langue, de
l’épouser et de la rendre sienne.
De 1970 à 1990 beaucoup d’écrivains ont continué dans ce processus constitutif d’une
« écriture novatrice », qui dénonce le régime et se met en quête d’une identité éclatée. Ces
écrits sont faits pour exorciser les terreurs passées, celle de l’enfance ou de l’adolescence.
10
Écrire aussi pour tenter de ramasser les morceaux d’une identité reniée et dénoncer le régime
qui a brouillé tous les repères identitaires et instauré la tyrannie. Selon Nadjat Khadda et
Charles Bonn, cette littérature est une « attente du public » :
« On aurait tort (…) de traduire les textes maghrébins
parus comme autour des années 1970 à de simples
manifestations d’opposition, ce sont au contraire des
textes du malentendu, car l’insistance sur l’opposition
correspond surtout à une attente du public.» (Khadda ;
Bonn 13)
Beaucoup d’écrits participent à cette dynamique d’opposition. Le thème de la mémoire
trahie devient de plus en plus essentiel : Rachid Boudjdra écrit L’Insolation (1972), M. Dib
publie La Danse du Roi (1968), puis Dieu en Barbarie (1970) et Le Maître de Chasse (1973),
Nabile Farès aussi développe un discours d’opposition en forme de « farce décapante » dans
Mémoire de l’Absent (1974), Un Passager de l’Occident (1971) et L’Exil et le Désarroi
(1976). Ces écrivains traitent différents thèmes : les vices de la société, les tabous, les faux
dévots, la mémoire confisquée, l’identité déchirée… en prenant soin de convoquer un lexique
propre à la société dans laquelle évoluent leurs œuvres.
N. Khadda et Ch. Bonn ajoutent :
« Les repères traditionnels des lecteurs et de la
critique se sont effondrés dans les bouleversements
mondiaux apportés par les années 80. Pour nombre de ces
lecteurs, la littérature maghrébine se définissait
simplement par sa référence à un espace géographique ou
social à la lecture plus savante des critiques à tel ou
tel discours, notamment idéologique. La défaite des
idéologies a ruiné bien des classifications, comme le
discours institué. Et sur ses ruines, le réel dans la
11
trivialité est à nouveau l’objet de l’attention des
écrivains. » (19)
Djaout intervient au cours de cette période en publiant plusieurs textes empreints d’un
lexique particulier et d’une syntaxe rénovée. Ses préoccupations étaient celles des autres
écrivains de cette génération. Pourtant il a su les traiter d’une façon particulière en faisant
référence aussi bien à ses aînés qu’à ses contemporains, en utilisant un lexique et des procédés
lexicaux rendant compte de sa thématique et de son état d’esprit.
Poète insoumis, il utilise le langage avec bonheur pour créer des textes ironiques afin
d’accuser tout pouvoir castrateur ou ni le poète ni son écriture ne plient devant le danger. Par
une écriture rebelle et récalcitrante, Djaout développe une stratégie scripturale dans ses
romans qui relève d’une déconstruction systématique des stéréotypes lexicaux et syntaxiques
traditionnels et des tabous sociaux.
Dans les années 1990-2000, un nouveau genre littéraire va jaillir en Algérie pour
mettre en exergue le quotidien algérien face à un nouveau phénomène qui est le terrorisme.
Beaucoup d’écrivains vont s’engager par leurs écrits afin de dénoncer l’horreur et le
terrorisme imposés par le fanatisme et l’extrémisme.
Les romans de cette décennie reproduisent l’image de l’actualité algérienne devant
laquelle les romanciers ne peuvent pas être indifférents. C’est le réel algérien qui se traduit
dans les œuvres littéraires de cette décennie de sang.
R. Mokhtari affirme :
« ces textes sont irrigués par une eau qui a pour nom
l’Algérie, ancrés dans ce territoire, développent des
thèmes intimement liés à l’actualité nationale chargée
d’images hallucinantes d’horreur. Le réel au
métaphorique, pas une production qui n’élude l’Algérie
et [ne soit] identité déchirée. » (« Graphie » 17-8)
12
L’importance de l’immédiat social de l’Algérie et la manière selon laquelle des
écrivains conçoivent le processus du changement de la réalité a rendu nécessaire le passage
des thèmes classiques à une nouvelle écriture nommée « la graphie de l’horreur ».
Ce renouvellement thématique s’est accompagné par une révolution au niveau de la
langue. En effet, les bouleversements réalisés au plan du contenu ont été accomplis en
parallèle à une mutation au plan de la forme. Djaout a contribué à ce mouvement à travers son
roman posthume Le Dernier Été de la Raison.
Ce texte marque une double rupture, tout d’abord au niveau de la thématique en
introduisant un thème jusque-là non traité par l’auteur, à savoir l’extrémisme religieux ;
ensuite au niveau de la forme dans la mesure où le texte est construit sous forme de chronique
journalistique.
Consacrons-nous à présent à l’œuvre littéraire de Djaout pour retracer l’évolution
thématique de ses textes.
1.2 L’œuvre littéraire de Djaout
Né à la veille de la guerre de libération nationale (11 janvier 1954), Djaout va couver
une verve révolutionnaire. Témoin de la désillusion post-indépendance, il sera sur tous les
fronts pour rendre compte de ce désenchantement. De formation scientifique, Tahar Djaout a
su s’imposer dans l’univers littéraire algérien, au Maghreb et ailleurs. En effet, ce natif
d’Azzeffoun, village de la Kabylie maritime, après des études brillantes en mathématiques, se
consacre à la littérature et au journalisme. Diplômé en sciences de l’information et de la
communication de l’Université de Paris II en 1985 et journaliste professionnel depuis 1976,
Djaout intervient souvent dans les débats culturels, politiques et linguistiques de l’Algérie. Il
est responsable de la rubrique culturelle de l’hebdomadaire « Algérie-Actualité » entre 1983 et
1984. Il fonde, en 1992, l’hebdomadaire « Ruptures ». Il est victime d’un attentat le 25 mai
13
1993 devant son domicile à Alger. Il décèdera le 02 juin 1993 suite à des blessures graves. Ses
péripéties journalistiques, jalonnées de productions littéraires, consacreront sa place
d’écrivain maghrébin.
En dix-huit ans de parcours littéraire, Djaout a multiplié les textes en vers et en prose.
Il entame son parcours par la poésie, passage presque inévitable pour tout écrivain. Il publie
son premier recueil intitulé Solstice Barbelé en 1975, suivi de L’Arche à Vau-l’Eau en 1978 et
Insulaire & Cie en 1980. En 1981 est édité son premier roman, L’Exproprié. Janine Fève-
Caraguel dit :
« L’exproprié n’est ni un roman ni un poème. Ce serait
plutôt un texte qui aurait décidé de jouer la
contradiction entre l’un et l’autre. L’univers en est
chaotique et son agencement apparaît comme un agglomérat
de discours hétérogènes et de lieux glissant les uns sur
les autres. » (« Parcours » 60)
Cette affirmation laisse entendre que le poème n’est pas pour autant abandonné.
D’ailleurs, en 1982, un troisième recueil est publié : L’Oiseau Minéral. En 1984, Djaout
publie un recueil de treize nouvelles, Les Rets de l’Oiseleur, dont « Le Reporter », une
nouvelle qui se veut une réflexion sur le travail du journaliste et celui de l’écrivain au sens
littéraire. La même année, on découvre le deuxième roman de Djaout, Les Chercheurs d’Os.
C’est un roman qui retrace les aventures d’un adolescent qui quitte pour la première fois son
village à la recherche des ossements de son frère aîné mort pendant la Révolution. Cette quête
qu’il entreprend en compagnie d’un adulte de sa famille, Da Rabah, revêt une dimension
psychanalytique et le roman s’inspire de la réalité historique de l’après-indépendance.
En 1987, L’Invention du Désert, troisième roman de Djaout, est publié aux éditions du
Seuil. Le narrateur qui a pour tâche d’écrire l’histoire de l’islam médiéval suit les
14
pérégrinations d’un personnage historique, Ibn Toumert, figure emblématique de la dynastie
des Almohades. Théologien et prêcheur du Moyen Age, notre personnage se trouvera, en
l’espace d’une page, transporté dans le Paris du XXème siècle, « autre désert (...),
[celui] de l’incommunicabilité »(qtd. In Tcheho 219-20), « en plein Champs-
Élysées, parmi les touristes nordiques et japonais » (Djaout,
« L’Invention » 50). Le narrateur se heurtera rapidement à l’impossibilité d’écrire cette
Histoire et devra se réfugier dans ses souvenirs de voyage entrecoupés par des rêves
d’enfance.
D’ailleurs, L’Invention du Désert « associe (…) de manière à la fois évidente et
souterraine, une enfance villageoise et le fabuleux destin des Almoravides » (Pélégri, « Des
mots » 24) face à la dynastie des Almohades conduite par Ibn Toumert. Ce rapport est
exprimé par l’auteur lui-même :
« Qui sait si ce n’est pas à partir de ce village que
tu as commencé, il y a très longtemps, à t’intéresser
aux Almoravides ? A t’intéresser à l’utopie de la pureté
— qui ne possède nul sanctuaire hors l’enfance qui te
harcèle. » (« L’Invention » 201)
Le dernier roman de Djaout avant son assassinat, Les Vigiles (1991), relate les
mésaventures d’un inventeur d’un métier à tisser, Mahfoud Lemdjad, confronté aux
tracasseries administratives et à l’appareil bureaucratique. Ce texte est une critique acerbe de
ceux qui pour « avoir libéré cette terre (se) confère(nt) (…) le droit de tant
peser sur elle, de confisquer aussi bien ses richesses que son avenir. »
(Djaout, « Les Vigiles » 111) Ce cri de détresse est celui du bouc émissaire Menouar
Ziada à qui on fit imputer la responsabilité des problèmes rencontrés par l’inventeur
désormais « national » primé à l’étranger. Menouar Ziada échappe à cet appareil par des
15
visites dans son passé d’ancien villageois avant de venir s’installer en ville. Cette
échappatoire est salvatrice des machinations de la ville et du discours des officiels imprégnés
des clichés de la langue de bois que Djaout reprend ironiquement dans un article de presse :
« A la suite des manifestations provoquées par des
groupuscules d’étudiants, le Secrétariat national de
l’Union générale des travailleurs a tenu une réunion
mardi. Il a analysé la situation politique actuelle
marquée par un climat de troubles dus à certains
éléments tendancieux œuvrant pour les intérêts de
l’impérialisme, de la réaction et de leurs valets, et
proclamant des slogans allant à l’encontre de la marche
et de la continuité de la Révolution. » (156)
Enfin, il faut signaler que deux ouvrages de Tahar Djaout ont été publiés à titre
posthume. Il s’agit d’un roman, Le Dernier Été de la Raison (1999), et d’un recueil de poésie,
Pérennes (1996). Le roman s’inspire de l’actualité algérienne après les élections de 1991 avec
une touche d’imaginaire de la part de l’auteur qui prévoyait un scénario-catastrophe.
L’histoire a pour cadre une ville (Alger, peut-être) soumise au dictat de «l’ordre nouveau » et
des « Frères Vigilants ». Le personnage central, Boualem Yekker qui signifie littéralement
« le porte-étendard s’est levé » ou « l’intellectuel s’est levé » est un libraire qui essaie de
préserver son activité envers et contre tous, sa famille même étant contre lui. Le Dernier Eté
de la Raison se veut une résistance, le dernier rempart contre les obscurantistes et le dernier
bastion de la raison. La dernière phrase du roman révèle la détresse de l’auteur: « Le
printemps reviendra-t-il un jour ? »
Outre la poésie, les nouvelles, les romans et les articles de presse, Djaout a participé à
plusieurs travaux anthropologiques et artistiques ; il a écrit, entre autres, deux essais : Les
16
mots migrateurs, Anthologie poétique algérienne et Mouloud Mammeri, entretien avec Tahar
Djaout.
1.3 Problématique
Dans la mesure où
« toute manifestation verbale (...) a la faculté (...)
de communiquer ses intentions aux éléments du langage
intégrés dans ses visées sémantiques et expressives, et
de leur imposer des nuances de sens précises, des tons
de valeur définie » (Bakhtine, « Esthétique » 112),
l’œuvre littéraire est à considérer, à la fois, comme une œuvre esthétique et comme un
lieu de questionnements sur la langue suggérés par les priorités syntaxiques, stylistiques et
lexicales de l’auteur déterminant ses visées pragmatiques.
Notre hypothèse est que le lexique de Tahar Djaout renferme des stratégies discursives
mises au point par l’auteur afin de construire et de défendre une thématique particulière. Il
s’agit, pour nous, de nous intéresser au lexique, de montrer comment celui-ci sous-tend la
portée pragmatique du discours de l’auteur et ses intentions.
Nous chercherons à déterminer l’existence de connexions entre les différents textes
composant notre corpus à travers des procédés lexicaux et partant, par quelle nomenclature
lexicale s’établit cette connexion. Comment cette nomenclature échappe-t-elle à sa sérialité
pour arriver à tisser des liens thématiques entre les divers textes du corpus ? Comment
s’instaure le dialogue entre les textes pour faire resurgir des thèmes spécifiques à l’aide d’un
lexique particulier ? Où se situent les points de rencontre des cinq textes que nous nous
proposons d’étudier ?
17
Nous tenterons de voir, à travers les différents procédés lexicaux utilisés, comment
Djaout actualise le travail sur la langue ? car « on peut (...) créer le mot-slogan, le
mot-injure, le mot-louange, etc. » (Bakhtine 112). En effet, le travail sur la
langue ne peut se faire sans un choix délibéré d’un lexique qui traite d’une réalité donnée
répondant aux préoccupations de l’auteur et sans une certaine énonciation sur cette réalité,
rendant ainsi compte de sa stratégie discursive. Effectivement, mis à part l’intonation qui
concerne l’énoncé oral, « les éléments fondamentaux qui organisent la forme de
l’énoncé sont (...) le choix du mot [et] sa disposition au sein de l’énoncé
complet. » (Voloshinov, In Todorov 304)
Au demeurant, écrire en français est un choix douloureux mais c’est un mal
nécessaire. Djaout ne se résigne pas pour autant à un emploi normatif de la langue française
mais nourrit un désir particulier de réinventer cette langue.
A propos de son rapport à la langue française, Djaout répond dans un entretien que le
français, pour lui, c'est deux choses :
« D'abord la langue scolaire, c'est-à-dire la première
langue que j'ai apprise de manière normative. Ensuite,
la désacralisation. Il y a des choses très violentes que
je dis en français que je n'aurais pas dites en arabe ou
en berbère, parce que, alors, il y aurait tout un vécu
qui aurait affleuré, des tas de tabous que ces langues
entretiennent encore inconsciemment en moi. Le français,
qui est pour moi une sorte de langue neutre, qui n'a pas
d'attache affective, est un merveilleux outil de travail
où il n'y aura rien de sacré. » (qtd. In Tcheho 221)
La langue française est donc un moyen de briser les tabous et de braver les interdits
que la langue maternelle ne saurait accomplir.
18
Cependant, elle est aussi un écueil pour l’expression des sentiments profonds de
l’auteur. Il écrivait dans une lettre à un de ses amis à propos de poèmes qu’il aurait écrits :
« Les trois derniers (…) ne sont même pas en français :
deux sont en kabyle et un en arabe. Encore ce foutu
problème de langue ; tu vas me dire que c’est là une
considération anachronique et stérilisante. Mais c’est
un problème qui me colle parfois aux méninges comme une
grippe meurtrière… » (ADISEM, « Vols »)
Partant, il écrit en français pour vaincre les mutismes et les interdits et il enrichit cette
langue par des procédés empruntés aux langues en présence au Maghreb pour exprimer
l’ineffable et l’indicible en français standard. En effet, on ne saurait nier le fait que l’œuvre de
Djaout soit traversée, au-delà de la syntaxe, par le lexique de sa langue maternelle, le berbère,
mais aussi de l’arabe, de l’anglais et de l’espagnol. Cette utilisation du lexique témoigne du
travail sur la langue, mais également de la nécessité d’ajouter au français une substance qu’il
ne comprenait pas, à savoir une substance nord-africaine permettant l’appropriation et
l’apprivoisement de cette langue.
Il s’agit donc, pour nous, de cerner certains éléments de la langue djaoutienne, en
partant d’une étude lexicale. Nous nous inscrivons, pour ce faire, dans l’analyse du discours
et, plus particulièrement, dans l’analyse automatique du discours en adoptant une approche à
la fois statistique, lexicologique et pragmatique.
1.4 Le corpus
Le corpus que nous soumettons à l’étude est constitué d’écrits littéraires produits en
langue française et dont la majorité est éditée au Seuil. Le travail littéraire de Djaout s’étend
sur une période allant de 1975 à 1991. Son dernier roman intitulé Le Dernier Été de la Raison
a été publié à titre posthume en 1999 aux éditions du Seuil.
19
Djaout a écrit durant une période marquée par l’après-indépendance et l’émergence
d’une nouvelle classe dirigeante, qu’il appelle « l’ordre nouveau », et surtout par la montée
extraordinaire de l’extrémisme et de l’intégrisme. Ce sont là les deux principales
préoccupations de Djaout, rattachées à un devoir de mémoire qui incite à un retour au passé
identitaire pour se ressourcer et s’élancer vers la modernité en s’inscrivant dans l’Algérie de
« la famille qui avance », non de « la famille qui recule »(« La Famille »), selon les mots de
sa dernière chronique.
Les textes qui constituent notre corpus représentent cinq romans (L’Exproprié, Les
Chercheurs d’Os, Les Vigiles, L’Invention du Désert et Le Dernier Été de la Raison). Ces
textes qui représentent toute l’œuvre romanesque de Djaout ont été classés selon l’ordre
chronologique des dates de publication pour pouvoir étudier l’évolution du vocabulaire,
compte non tenu de la date de rédaction car « dans le contenu des ouvrages, il y a
rarement coïncidence entre l’année de publication et l’année de
rédaction. » (Abbès 24)
Dans un premier temps, nous explorerons toute l’œuvre romanesque de Djaout afin
d’étudier l’évolution du vocabulaire djaoutien et sa spécificité. Dans un deuxième temps, nous
aborderons l’aspect implicite du lexique de l’œuvre romanesque à travers les thèmes
dominants.
1.4.1 Préparation des données textuelles.
Les textes qui constituent notre corpus ont été, en premier lieu, scannés selon les
normes établies par Etienne Brunet dans le fascicule qui accompagne le logiciel Hyperbase.
Pour plus d’informations, nous renvoyons le lecteur à ce texte. Cependant nous reprenons
certains passages que nous jugeons élémentaires. Après avoir scanné l’ensemble de l’œuvre
romanesque de Tahar Djaout, nous avons enregistré les données dégagées sous un format
ASCII (ou texte seulement). Ainsi un fichier est-il créé. Le logiciel se chargera ensuite de la
20
pagination et de la partition si celles-ci sont absentes du fichier. Chaque carte ou page est
composée d’environ 200 mots et l’ensemble du texte est découpé en dix parties de longueurs
voisines. Deux conventions doivent être respectées pour que les autres opérations puissent
avoir lieu :
- D’abord, les parties doivent être précédées d’une ligne où l’on indiquera le titre en
utilisant, devant et derrière, le symbole composite &&& (sans blanc) ;
- Ensuite, les pages sont indiquées en ajoutant une ligne (au début de la page) et en y
portant le numéro immédiatement précédé d’un code particulier (le symbole$).
Exemple : &&&Les Vigiles&&&
$1
texte de la page 1
$2
texte de la page 2, etc.
Pour la préparation de la pile ou du programme, nous renvoyons le lecteur aux
explications de Brunet dans son fascicule. Une fois effectué ce travail purement technique,
une base hypertextuelle sur CD Rom appelée « DJAOUT.EXE » est prête à être exploitée.
Avant d’entamer cette opération, il est utile d’éclaircir certaines notions. En effet,
l’ « amateur » de la statistique et de l’électronique doit prendre en compte le fait que
« l’hypertexte ou l’écriture non séquentielle sont des
notions qui appartiennent depuis toujours à la
littérature (…) mais les technologies informatiques de
mise en rapport ont le mérite de renouveler le regard
sur l’objet littéraire. » (Ferrand, « Banques » 15)
Ceci dit, l’hypertexte peut être défini comme :
21
« un ensemble de données textuelles numérisées sur un
support électronique, et qui peuvent se lire de diverses
manières. Les données sont réparties en éléments ou
nœuds d’information — équivalents à des paragraphes.
Mais ces éléments, au lieu d’être attachés les uns aux
autres, comme les wagons d’un train, sont marqués par
des liens sémantiques qui permettent de passer de l’un à
l’autre lorsque l’utilisateur les active. Les liens sont
physiquement « ancrés » à des zones, par exemple à un
mot ou à une phrase. » (14)
Certes, nous pouvons dire que la machine est là pour faciliter le travail du chercheur,
mais « l’œil humain doit toujours vérifier les produits de l’ordinateur » (Muller, « Une
Nouvelle » 327) et qu’en fin de compte, « les résultats produits par les calculs automatisés de
la machine sont là pour relancer l’interprétation en suscitant de nouvelles questions, et non
pas pour la stopper en laissant le chercheur muet de béatitude devant ses graphiques. »
(Ferrand 11)
1.4.2 L’analyse lexicométrique
La lexicométrie est une méthode qui a pour objectif le calcul des éléments
lexicologiques d’un corpus. Il s’agit de tous les éléments car elle
« refuse de privilégier quelque élément que ce soit dans
un discours ; elle se fonde sur l’exhaustivité des
relevés, l’uniformité du dépouillement, l’unicité du
critère de dépouillement. » (Maingueneau, « L’Analyse »
48)
Maingueneau distingue trois niveaux dans la statistique linguistique :
22
« 1) Un constat de fréquence : le constat d’une
fréquence de certains caractères quantifiables plus
élevée dans un corpus que dans un autre 3(…) ;
2) Niveau d’inférence statistique : on démontre que tel
corpus possède significativement plus de caractère
quantifiables d’un type déterminé que tel autre. »
Ici intervient la notion d’hypothèse nulle (Cf. Ch. Muller, « La statistique ») :
si l’on prend pour norme le corpus lui-même et si on suppose que le caractère concerné obéit
au hasard seulement (situation idéale), on peut calculer « l’écart » entre le modèle théorique
ainsi obtenu (« hypothèse nulle ») et la répartition réelle ; on détermine un « seuil de
probabilité » permettant de décider d’un intervalle entre les limites duquel l’ « hypothèse
nulle » ne pourrait pas être rejetée.
« 3) Niveau d’inférence socio-linguistique : on décide
alors que tel émetteur a écrit significativement avec
plus de ce caractère quantifiable que tel autre4. Grâce
au « seuil » défini, on peut évaluer le degré
d’assurance avec lequel on donne une conclusion. » (49-
50)
Cependant, l’analyse lexicométrique
« n’est pas une panacée critique » mais elle permet de
« confirmer les intuitions produites par des lectures
conventionnelles » et partant « elle ouvre la voie à un
renouvellement de ces lectures en faisant ressortir des
éléments textuels qui ne frappent pas toujours, éléments
3 Ce que nous allons appeler la spécificité lexicale d’un corpus.
4 Ce qui nous permettra de dégager le champ thématique de l’auteur.
23
qui ont le grand mérite d’être non des constructions de
l’esprit, mais des faits langagiers issus du texte. »
(Olivier 479-80)
En définitive, l’étude lexicométrique « se fonde sur l’importance relative des lexèmes
eux-mêmes et oblige à une relecture du texte en fonction de ces informations. » (Olivier 480)
Les deux programmes essentiels d’hypertexte qui obéissent aux mêmes principes tout
en se distinguant par la présentation des résultats sont appelés fonctions par Brunet qui les
présente dans son fascicule accompagnant le logiciel Hyperbase.
1.4.2.1 La fonction contexte
En dehors de la circulation libre à travers le texte et le dictionnaire, le logiciel propose
dans le menu principal les outils propres à assurer une exploitation méthodique de la
documentation. Les deux programmes essentiels CONCORDANCE et CONTEXTE obéissent
aux mêmes principes et ne se distinguent que par la présentation des résultats:
« 1 - Si l'on met en œuvre le bouton CONTEXTE (le
résultat figure dans l'écran ci-dessous), chaque
occurrence de ce qu'on cherche est située et montrée
dans le contexte naturel du paragraphe. Pour permettre
la reconnaissance aisée du mot dans le contexte, ce mot
est converti en CAPITALES dans le paragraphe où il est
rencontré.
Le contexte restitué est généralement suffisamment
explicite, d'autant que les références du passage sont
livrées en clair, avec indication du texte, de la page,
et de la zone dans la page (grâce à un code alphabétique
qui commence à la lettre a, pour le début de page, et
s’arrête à la lettre f, g ou h pour la fin de page).
Mais un lien est établi pour chaque extrait avec la page
24
originale, où l'on est conduit instantanément lorsqu'on
clique sur l'extrait en question. Pour faciliter la
localisation du passage, le mot cherché apparaît en
rouge dans le texte.
Figure 1: La fonction contexte
1.4.2.2 La fonction concordance
2 - Si l'on fait appel à la fonction CONCORDANCE du menu
principal, on obtient un contexte étroit qui tient en
une ligne et qui montre la forme (ou l'expression)
cherchée, en position centrale, avec une demi-douzaine
de mots à gauche et à droite. Au lieu de suivre l'ordre
normal qui respecte la suite des textes, les contextes
sont groupés selon leur environnement immédiat, à gauche
ou à droite du mot-pôle. Cela souligne la résurgence de
syntagmes répétitifs qui ressortissent souvent aux
25
contraintes syntaxiques mais révèlent parfois aussi les
tendances phraséologiques de l'auteur
Si l'on estime trop étroite la fenêtre de concordance,
un simple clic sur une ligne permet de retrouver la page
concernée, qui reste exposée (avec mise en relief du
mot) jusqu'au moment où un second clic la fait
disparaître, comme on peut le constater ci-dessous pour
l’exemple de la concordance du mot regard dans le
corpus.
Figure 2: La fonction concordance
Dans les deux procédures, CONTEXTE et CONCORDANCE, des
options sont offertes à l'utilisateur pour qu’il puisse
préciser la portée et l'objet de sa recherche. »
(Brunet, « Manuel » 23-27)
26
Les différentes fonctions de ce programme peuvent être visualisées dans la figure
suivante :
Figure 3 : les différentes fonctions du logiciel
1.5 Plan de travail
Nous avons signalé plus haut que notre démarche avait abouti à une base de données
que nous avons appelée DJAOUT.EXE. Cette base est constituée de données quantitatives qui
« peuvent être exploitées suivant deux axes principaux :
soit pour caractériser une œuvre (…) par rapport à un
ensemble (stylistique ou chronologique) dont elle fait
partie ; soit en traitant une unité lexicale, ou un
groupe de telles unités (un champ sémantique) par
rapport à l’ensemble du vocabulaire. » (Muller, « Une
Nouvelle » 321)
27
Ce que nous projetons de réaliser dans le cadre de ce travail est une sorte de
conciliation entre les deux axes : d’une part, nous allons « caractériser » l’œuvre romanesque
de Djaout en dégageant ses spécificités lexicales ; d’autre part, le fait d’aborder la thématique
de l’auteur nous amènera à « traiter » de certaines unités par rapport à d’autres.
A cet effet, notre travail s’articulera autour de deux parties :
Dans la première, nous aurons à analyser le vocabulaire djaoutien, c’est-à-dire son
évolution chronologique, sa structure, son contenu et ses spécificités. La statistique
linguistique et informatique nous permettra d’« affiner et d’asseoir des bases
objectives et d’évacuer l’arbitraire et de contrôler les intuitions en
matière lexicale » (Abbès 33). Cette analyse permet de suivre, non seulement,
l’évolution du vocabulaire de Djaout, mais aussi son organisation thématique. Par ailleurs, il
est possible d’établir des comparaisons avec d’autres textes maghrébins (Mammeri,
Chraïbi…) ou à un ensemble littéraire5 plus vaste que fournit la banque de données du Trésor
de la Langue Française (TLF) de Nancy6.
Une fois cette première analyse faite, nous aborderons la deuxième partie de notre
travail qui consistera à analyser la circulation des différents thèmes dans l’ensemble de
l’œuvre mais aussi à étudier, à partir de cette analyse thématique, la visée pragmatique du
lexique qui laisse apparaître en filigrane une écriture toujours en évolution.
5 Cf. les travaux d’Etienne Brunet, cités en bibliographie.
6 Cette comparaison demeure, néanmoins, relative du fait que Djaout
appartient plutôt à une autre aire littéraire que celle française à
proprement parler, celle de la littérature maghrébine. Cependant cette
comparaison nous permettra de dégager les spécificités lexicales de
l’auteur (néologismes, emprunts, …).
28
2 PREMIERE PARTIE : ETUDE DU LEXIQUE DE DJAOUT
2.1 Chapitre I : Analyse statistique du corpus
2.2 Chapitre II : L’organisation du lexique
2.3 Chapitre III : le contenu lexical
2.4 Chapitre IV : Les spécificités lexicales du corpus
2.5 Conclusion partielle
29
2.1 Chapitre I : Analyse statistique du corpus
2.1.1 La manipulation informatique.
2.1.2 L’exploration du corpus
30
« On aurait tort de réduire la lexicométrie
à un simple comptage de mots ou même
à la statistique lexicale »
D. Maingueneau
Comme la statistique repose sur des données quantitatives, il s’agit dans cette première
partie d’explorer la base lexicale que nous avons constituée. Ce travail d’exploration nous
permettra de connaître davantage notre objet et de circonscrire le champ d’investigation.
Certes nous rencontrerons un grand nombre de données numériques, mais la maîtrise
du logiciel d’exploitation limitera les fluctuations et les aléas statistiques. Cette première
partie sera divisée en quatre chapitres présentés selon un ordre imposé soit par les contraintes
du logiciel, soit par un souci de logique dans le traitement des données.
Nous expliquerons tout d’abord, dans le premier chapitre, les démarches suivies pour
arriver à la constitution de la base que nous utiliserons tout au long de ce travail. A ce niveau,
nous sommes confronté à une nuée de données constituant l’étendue quantitative de notre
corpus et qu’il s’agit, en fait, d’organiser. Une question se pose dès lors : ces données
numériques se prêtent-elles à une organisation quelconque ? C’est ce à quoi nous nous
proposons de répondre dans le deuxième chapitre.
Il s’agit ici de retrouver la structure du vocabulaire de Djaout. Nous entendons par
structure les caractéristiques du vocabulaire de l’auteur, concernant aussi bien la richesse
lexicale de l’œuvre que le contenu lexical représenté en fréquences. Certaines questions sont
soulevées dans ce chapitre : Est-ce que le vocabulaire de l’auteur est riche ? Quelle est la
tendance du vocabulaire dans son évolution ? Assistons-nous à un corpus où les mots rares
ont un large pourcentage, témoignant de la richesse lexicale du corpus ? Quels sont les
groupes de fréquences que constitue le corpus ?
Ensuite, une fois l’approche quantitative épuisée, nous nous attarderons sur l’approche
qualitative qui nous renseignera sur le contenu lexical du corpus. Ce chapitre nous amènera à
31
clarifier certains points qui restent obscurs, que l’analyse quantitative n’est pas parvenue à
éclaircir, dans la mesure où ils dépendent plus de l’intuition que du calcul automatique. Il
s’agit de répondre à une question qui préoccupe la statistique linguistique : existe-t-il des
frontières étanches entre les divers textes constituant une œuvre ou sont-elles transcendées par
la connexion lexicale ?
Enfin, le dernier chapitre de cette partie sera consacré à l’élaboration du « portrait
lexical » de l’auteur en étudiant les spécificités lexicales de son œuvre. Celles-ci sont
obtenues par une comparaison externe avec les textes de la base de données du Trésor de la
Langue Française. Ainsi, nous dégagerons le vocabulaire en excédent et celui déficitaire dans
notre corpus. A travers ces deux relevés, nous pourrons entrevoir quelques spécificités de
l’auteur qui seront étudiées dans le détail. Est-ce que ces spécificités répondent à une exigence
et à un choix de l’auteur ou sont-elles, simplement, le fruit du hasard ? Dans l’éventualité où
elles sont sujettes à un choix délibéré de l’auteur, quel est leur impact dans les desseins de
l’auteur ? Peuvent-elles nous renseigner sur les visées pragmatiques et la stratégie discursive
de l’auteur ?
2.1.1 La manipulation informatique.
32
Le traitement informatique de la base que nous avons constituée – l’œuvre
romanesque de Djaout – est un ensemble d’opérations statistiques effectuées par un logiciel
informatique. Ce logiciel se chargera de certaines opérations en rapport avec la statistique
permettant de dégager des résultats quantitatifs. Ces résultats ne peuvent être obtenus
manuellement que difficilement, d’où cet appel à la technologie mise au service des sciences
humaines. Cependant, les résultats auxquels on accède sont des données brutes qui ne
prennent de signification qu’avec une interprétation humaine.
Aussi, « recourir à un logiciel, ce n’est pas seulement faire faire par une machine une
tâche fastidieuse, c’est transformer l’approche du texte, la stratégie de description dépendant
naturellement de la manière dont est conçu ce logiciel. » (Maingueneau, « L’Analyse » 102)
Le logiciel mis en application a été élaboré par le professeur Etienne Brunet de
l’université de Nice. Il en existe plusieurs versions et à chaque remaniement de nouvelles
fonctions sont ajoutées au logiciel de base, l’Hyperbase. Néanmoins, les fonctions
fondamentales sont présentes dans chaque version. Celles-ci peuvent être divisées en deux
groupes : documentaires et statistiques.
Les premières se trouvent horizontalement en haut de la fenêtre : Exporter, Edition,
Biblio, Lecture, Contexte, Concordance, Index. Elles servent surtout à explorer la base. Quant
aux fonctions statistiques (Graphique, Liste, Excel, Factorielle, Arborée, Spécificités,
Phrases-clés, Évolution, Structure) qui se trouvent verticalement à droite, elles proposent une
analyse approfondie des connexions lexicales.
Par ailleurs, les deux types de fonctions se complétant permettent une multitude
d’opérations qui aident le chercheur à affiner son analyse. Ainsi, il peut réaliser entre autres
les opérations suivantes :
«– le dictionnaire des fréquences du vocabulaire de
l’auteur établi à partir du corpus ;
33
– le vocabulaire spécifique de chaque texte et de tout
le corpus. On obtient alors une liste triée des formes
significativement excédentaires ou déficitaires dans le
texte considéré. Une telle liste, précise Etienne
Brunet, dessine « comme un portrait, fait de relief et
d’ombres, du texte en question ». Le traitement des
listes de mots est ouvert à toutes les combinaisons ;
– l’environnement thématique d’un mot ou d’un groupe de
mots ;
– la corrélation chronologique : la fréquence théorique
de chaque mot est évaluée afin de voir la progression ou
la régression des formes, donc l’évolution du
vocabulaire ;
– l’effectif des vocables et des mots employés une seule
fois ou hapax ;
– la connexion lexicale ou selon Charles Muller la
distance qui sépare chaque texte de tous les autres
quand pour chaque couple de textes, on mesure la part
commune du lexique et la part exclusive ;
– la richesse lexicale ;
– enfin des tableaux et des graphiques divers viennent
illustrer tous ces résultats. » (Abbès 38-9)
Si nous considérons ces différentes opérations, nous constatons qu’elles se situent sur
deux plans. Le premier, quantitatif, permet de faire un recensement succinct du vocabulaire de
l’auteur et de suivre son évolution à travers les œuvres. La démarche quantitative rend
également compte des spécificités lexicales de l’auteur, qui laissent apparaître l’aspect
implicite de sa langue. Pourtant, nous ne pouvons nous arrêter à ces considérations.
34
Sur un autre plan, qualitatif, nous pouvons dégager la portée pragmatique du lexique
en envisageant son rapport à la thématique dont il est le noyau et le fil conducteur. Sur ce
plan, le nom propre, par exemple, fonctionne comme une extrémité nerveuse permettant, non
seulement la connexion entre les différents thèmes, mais aussi la circulation des thèmes dans
les différents textes.
2.1.2 L’exploration du corpus
L’application du programme Hyperbase nous a permis d’établir la quantification des
données lexicales. Ainsi, nous avons pu relever une étendue lexicale équivalente à 226 690
occurrences réparties sur un nombre moindre de vocables (22 909). Mais nous avons aussi
relevé les données quantitatives de chaque texte composant notre corpus. Le tableau suivant
résume ces informations :
Tableau 1 : Les effectifs
TITRES OCCURRENCES VOCABLES
L’Exproprié 44 077 9 248
Les Chercheurs d’Os 39 182 6 585
L’Invention du Désert 56 303 9 737
Les Vigiles 55 681 8 641
Le Dernier Été de la Raison 31 447 6 406
Total 226 690 22 909
Si nous considérons le tableau ci-dessus, nous constatons que l’étendue lexicale des
textes n’est pas homogène. D’une part, au niveau intra-textuel, nous remarquons une grande
différence entre occurrences et vocables. Ceci est dû aux dispositions psychiques de chaque
individu. En réalité, un individu ne peut pas utiliser tous les mots qu’il connaît ; il réemploie
souvent les mêmes vocables. D’autre part, au plan intertextuel, il y a une hétérogénéité dans la
distribution des formes entre textes. En effet, le nombre des formes dans L’Invention du
Désert, par exemple est nettement supérieur à celui dans Le Dernier Été de la Raison. Nous
35
pouvons dire que ceci est dû à la publication posthume de ce dernier et que, peut-être, des
modifications ont été apportées à ce texte. Par ailleurs, nous pouvons rapprocher certains
textes comme L’Exproprié et L’Invention du Désert qui ont une étendue voisine. Les
Chercheurs d’Os et Le Dernier Été de la Raison se rapprochent également. Quant à Les
Vigiles, son étendue lexicale est située en moyenne par rapport aux deux couples de textes.
Par contre, l’évolution du lexique de Djaout nous paraît, au premier abord,
contradictoire. Effectivement, nous constatons une baisse dans le nombre des formes, bien
que, logiquement, nous nous attendions à un enrichissement du capital lexical. Une première
hypothèse sur cette évolution nous paraît être l’exigence de l’auteur dans le choix des formes,
ce qui exclut bon nombre de termes, mais aussi le fait que les thèmes traités sont divers et
nécessitent à des degrés différents l’emploi de tel ou tel champ lexical. Enfin, nous pensons
que l’auteur, en se consacrant à l’écriture journalistique aux dépens de l’écriture littéraire,
aurait réduit son lexique pour des raisons relevant du discours journalistique.
Nous allons tenter de vérifier ces hypothèses dans le deuxième chapitre qui sera
consacré à l’organisation du vocabulaire dans l’œuvre de Djaout.
36
2.2 Chapitre II : L’organisation du lexique
2.2.1 La richesse lexicale
2.2.2 L’évolution du vocabulaire
2.2.3 La distribution des hapax
2.2.4 Les ensembles de fréquences
37
« Le vocabulaire se présente au premier abord comme
la négation même d’un état, d’une stabilité,
d’une synchronie, d’une structure. »
Hjelmslev
2.2.1 La richesse lexicale
L’emploi du mot richesse ne constitue en aucun cas une évaluation du texte ou de
l’œuvre considérée, mais correspond à un souci d’objectivité par rapport au traitement
informatique et automatique des textes. Nous l’utilisons dans cet exposé pour rendre compte
de la valeur littéraire du texte en question, non par rapport à d’autres textes, que plus d’un
considère comme un thermomètre de la fièvre littéraire, mais par rapport au contenu lexical de
l’œuvre.
La richesse lexicale est positive quand le nombre de vocables d’un texte d’une étendue
V est supérieur à celui d’un texte de même étendue. On peut aussi évaluer la richesse lexicale
en se référant au nombre d’hapax, c’est-à-dire les vocables utilisés une seule fois. Plus ce
nombre est grand, plus le texte est riche.
Le logiciel Hyperbase se charge de calculer la richesse lexicale et nous obtenons les
résultats présentés dans le tableau et le graphe suivants :
Tableau 2: La richesse lexicale
N° Réel Théorique Ecart Réduit Hapax Réduit T
1 9 248 8 679 565 6.11 3 261 22.98 L
2 6 585 8 020 -1 435 -16.02 1 451 -14.00 L
3 9 737 10 193 -456 -4.52 3 019 2.37 L
4 8 641 10 120 -1 479 -17.70 2 372 -10.83 L
5 6 406 6 900 -494 -5.95 1 607 -0.47 L
Total 22 909 11 710
38
Figure 4: La richesse lexicale
En présence de tels résultats, Charles Muller rappelle qu’il ne faut pas céder à la
tentation qui consiste à transformer les écarts en pourcentages, et il ajoute :
« On ne dira jamais assez combien il faut résister à ce
mouvement, et combien une telle opération conduit à
l’impasse. La seule méthode correcte (…) est le calcul
d’un écart réduit (…) » (« Une Nouvelle » 323)
Les opérations portées sur ce tableau sont obtenues par le calcul du vocabulaire réel de
chaque texte et de son vocabulaire théorique qui permet de dégager l’écart entre ces deux
effectifs. Celui-ci sera transformé en écart réduit qui facilitera l’interprétation car « on
mesure la part du vocabulaire théoriquement absent (et par la suite celle
du vocabulaire théoriquement présent) dans chacun des textes. Cet effectif
attendu est comparé à celui qu’on observe en réalité, et la distance est
appréciée par un écart réduit. » (Brunet, « Vocabulaire de Hugo » 27)
39
La lecture des résultats permet de remarquer que les écarts réduits sont en majorité
négatifs sauf pour L’Exproprié dont l’écart est positif. La question qui se pose est le pourquoi
de cette singularité. Nous pouvons dire, à la suite de Janine Fève-Caraguel, que L’Exproprié
transgresse toutes les règles du genre romanesque et n’est « ni un roman, ni un poème ». Le
texte est comme une traversée : il se développe au fil des paysages que traverse le train qui
transporte le personnage-narrateur. Les quatre autres textes ont un écart réduit comparable
deux à deux. En effet, L’Invention du Désert a un écart réduit en valeur absolue (/4.52/) voisin
de celui de Le Dernier été de la Raison (/5.95/). Cela est dû, peut-être, au thème traité, à
savoir l’intolérance religieuse, et au style utilisé qui relève de la chronique journalistique. Les
deux autres textes, Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles, ont, eux aussi, des écarts réduits
voisins, respectivement en valeur absolue /16.02/ et /17.70/. L’explication est à lier au thème
abordé qui reprend à la fois l’Algérie sous l’occupation française et l’Algérie post-
indépendance. Le deuxième texte est la concrétisation de certaines réflexions lancées par des
personnages, tel Da Rabah, dans Les Chercheurs d’Os, qui prédit un avenir qui ne sera
reconnaissant qu’aux gens qui figureront sur « le bon registre » (39). Ces gens-là sont
les « vigiles » qui veillent à la préservation des privilèges octroyés par leur statut.
Nous pouvons donc avancer que la richesse lexicale d’un texte est évaluée par rapport
à certains critères déterminants comme le genre et le style, mais qu’elle dépend surtout du
thème.
2.2.2 L’évolution du vocabulaire
Nous entendons par évolution lexicale la somme des mots nouveaux non employés
jusque-là qui sont ajoutés à l’effectif du premier roman dans l’ordre chronologique.
S’intéresser à l’évolution du vocabulaire nous permet de retrouver la dynamique
lexicale d’un auteur et la tendance de celui-ci à renouveler son vocabulaire ou au contraire de
recourir à des formes déjà utilisées témoignant d’un choix délibéré et rendant compte, parfois,
40
d’une tendance sociale. En effet, la fréquence d’une forme peut témoigner d’une nouvelle
vision du monde ou au contraire n’a pas d’incidence sur le cours des événements. Le
chercheur doit, alors, se poser certaines questions : « telle fréquence est-elle bien un
phénomène d’époque, la traduction dans le vocabulaire littéraire d’un
mouvement des mœurs ou des idées ? ou bien est-elle due à la présence, dans
la tranche considérée, d’un certain texte ? » (Muller, « Une Nouvelle »
327) L’accroissement lexical est, à la différence de la richesse lexicale, à prendre en
diachronie en suivant l’évolution chronologique du vocabulaire d’un auteur.
Le traitement informatique nous a permis de relever des résultats sous la forme d’un
tableau où nous pouvons suivre le développement lexical de l’œuvre. Ces résultats ont été
transformés en graphe pour faciliter la visualisation. Les résultats sont ainsi présentés dans la
figure et le tableau suivants :
Tableau 3: L’évolution du vocabulaire
Accroiss.7 Chrono Acc Vocab Voc Cum Occ. Occ Cum Ecart Pon
L’Exproprié 9 248 9 248 9 248 44 077 44 077 406.69 0.9
Les Chercheurs 3 689 6 585 12 937 39 182 83 259 -2 586.45 -0.6
L’Invention 4 876 9 737 17 813 56 303 139 562 6 269.52 1.11
Les Vigiles 3 272 8 641 21 085 55 681 195 243 -5 119.02 -0.9
Le Dernier 1 824 6 406 22 909 31 447 226 690 -383.68 -0.1
7 Les abréviations correspondent : Acc : accroissement ; Vocab. :
Vocabulaire ; Voc. Cum. : Vocabulaire cumulé ; Occ. : Occurrences ; Occ.
Cum. : Occurrences cumulées.
41
Figure 5 : L’accroissement chronologique
La lecture du tableau 3 fait ressortir les constatations suivantes : L’Exproprié, 9248
formes ; Les Chercheurs d’Os, 3 689 formes ; L’Invention du Désert, 4 876 formes ; Les
Vigiles, 3 272 formes et Le Dernier Eté de la Raison, 1 824 formes.
L’accroissement est calculé en relation avec le premier texte. En fait, le nombre de
formes dans le premier texte n’est que celui de l’effectif réel de ce texte. Par la suite, le
programme ajoute à ce nombre toutes les formes nouvelles rencontrées dans chaque texte.
Ainsi, le nombre de formes nouvelles va dépendre de l’étendue du texte mais aussi du thème.
A première vue, nous pouvons dire que L’Invention du Désert est le texte qui présente
le plus de formes nouvelles (4 876). Deux explications : premièrement, le texte est plutôt long
42
(134 pages-texte8); deuxièmement, il traite d’un thème nouveau qui n’a pas été abordé jusque-
là, à savoir l’intolérance religieuse. Il retrace la traversée du désert de Ibn Toumert qui tente
de détrôner la dynastie des Almoravides au Maghreb. L’auteur suit ce personnage durant ses
pérégrinations à travers les contrées du Maghreb, ce qui sous-entend une réalité géographique
et sociale renouvelée à chaque fois, requérant un vocabulaire nouveau pour en rendre compte.
A l’opposé, Le Dernier Été de la Raison est le texte qui présente le moins de formes nouvelles
(1 824). Là encore, deux raisons peuvent exprimer ce tarissement. La première est d’ordre
quantitatif puisque le texte comprend 111 pages-texte. La deuxième est relative au contenu du
texte et spécialement au thème abordé : l’intolérance religieuse, thème déjà abordé dans
L’Invention du Désert. Ceci a limité l’emploi de termes nouveaux. Le tarissement du
vocabulaire dans Le Dernier Été de la Raison est donc corollaire du foisonnement lexical de
L’Invention du Désert.
Si nous considérons maintenant les deux autres textes, nous remarquons que le nombre
de formes nouvelles est voisin dans les deux textes. En effet, dans Les Chercheurs d’Os,
deuxième roman de Djaout, nous trouvons 3 689 formes nouvelles et dans Les Vigiles,
quatrième roman de Djaout, 3 272. Il est vrai que la distance entre ces deux textes est réduite
mais elle n’est pas insignifiante. Tout d’abord la longueur des deux textes est inégale : 135
pages-texte pour le premier et 208 pages-texte pour le deuxième. Paradoxalement, le nombre
de formes nouvelles est relativement supérieur dans le premier. Donc la longueur n’est pas
pertinente ou du moins n’a pas une grande incidence, mais c’est le thème traité qui détermine
l’enrichissement ou l’appauvrissement du vocabulaire d’un auteur. Effectivement, la
8 Nous entendons par page-texte, le nombre de pages dans le corpus
sous format informatique. Pour les références textuelles nous utiliserons
le format papier.
43
thématique développée dans les deux textes est similaire : dans le premier, l’auteur porte un
regard sur la situation de l’Algérie indépendante avec des flash-back sur l’Algérie coloniale.
Le même procédé est employé dans le second texte.
Nous pouvons conclure ici par ce constat : la longueur des textes n’est pas assez
pertinente pour déterminer l’accroissement du vocabulaire ; par contre, la thématique nous
paraît plus à même d’en rendre compte.
Nous allons à présent vérifier si l’accroissement inverse du vocabulaire nous conduit
aux mêmes conclusions. Les résultats obtenus dans cette perspective sont regroupés dans le
tableau suivant et schématisés sous forme de graphe.
Tableau 4: L’accroissement lexical : ordre inverse
Accroiss inverse Acc Vocab Voc Cum Occur Occ Cum Ecart Pon
Le Dernier 6 406 6 406 6 406 31 447 31 447 354.35 0.11
Les Vigiles 5 633 8 641 12 039 55 681 87 128 -2 290.10 -0.4
L’Invention 5 045 9 737 17 084 56 303 143 431 5 668.60 1.01
Les Chercheurs 2 028 6 585 19 112 39 182 182 613 -11002.42 -2.8
L’Exproprié 3 797 9 248 22 909 44 077 226 690 13 285.63 3.01
44
Figure 6: L’accroissement inverse du vocabulaire
Nous remarquons d’après ces nouveaux résultats que c’est pratiquement le même
mouvement qui est observé. Pour cette opération, nous sommes partis du dernier roman de
Djaout pour remonter vers le premier. Nous constatons cependant que l’accroissement inverse
du vocabulaire n’apporte pas de nouvelles conclusions et que cet accroissement est sujet aux
mêmes facteurs, à savoir l’étendue mais surtout la thématique. Encore une fois, nous
percevons l’interrelation entre Le Dernier Été de la Raison et L’Invention du Désert d’une
part ; et entre Les Vigiles et Les Chercheurs d’Os de l’autre. Quant à L’Exproprié, les données
confirment sa particularité par rapport aux autres romans.
Finalement, l’accroissement du vocabulaire ne dépend pas de l’évolution
chronologique car, comme démontré, il n’y a pas de parallélisme entre la chronologie et
l’accroissement.
2.2.3 La distribution des hapax
La statistique linguistique désigne par hapax les mots qui ne sont utilisés qu’une seule
fois. Le décompte des hapax est pertinent dans la mesure où « les mots rares ou
45
inconnus [ont] une puissance évocatrice plus grande. » (Yaguello, « Alice »
113) Il permet non seulement de mesurer la richesse lexicale d’un texte9, mais aussi de
dégager les principaux éléments d’un texte au niveau lexical.
Le tableau suivant présente les principaux résultats concernant les hapax.
Tableau 5: Les hapax
L’interpré
tation de ces
résultats
confirme les
hypothèses
avancées
précédemment à
propos de
L’Exproprié. Ce
texte présente la valeur absolue la plus élevée de l’écart réduit (/22.98/), confortant
l’hypothèse de sa richesse lexicale due à l’éclatement thématique de son contenu en plusieurs
thèmes, éclatement qui perturbe la chronologie des évènements dans la narration. L’emploi
des formes rares est lié à la singularité du texte. Ce foisonnement lexical est à lier au genre de
ce texte qui se rapproche du texte poétique. En effet, « le texte poétique est (…) celui
qui, mettant en échec la redondance, associe les mots de façon
inattendue. » (Yaguello, « Alice » 43)
Titre Hapax Réduit
L’Exproprié 3 261 22.98
Les Chercheurs d’Os 1 451 -14.00
L’Invention du Désert 3 019 2.37
Les Vigiles 2 372 -10.83
Le Dernier Été de la Raison 1 607 -0.47
Total 11 710
9 Plus l’auteur utilise de mots rares ou hapax, plus il diversifie son
vocabulaire témoignant d’une plus grande richesse lexicale et d’un plus
grand travail sur le vocabulaire.
46
Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles ont respectivement un écart réduit de valeur
absolue de /14.00/ et /10.38/. Ils sont certes déficitaires en hapax, comme représenté dans le
graphe, mais ils n’en présentent pas moins des similitudes dans le nombre de mots rares, ce
qui conforte nos conclusions. Quant à L’Invention du Désert, son écart est positif (/2.37/) et il
vient directement après L’Exproprié. Comme nous l’avons fait remarquer, ce texte introduit
un thème nouveau dans le champ thématique de Djaout, ce qui explique l’emploi de termes
inutilisés jusque-là. Corollairement, dans Le Dernier Été de la Raison, les hapax se font rares
et le texte est déficitaire.
Figure 7 : Distribution des hapax
Le nombre d’hapax dans notre corpus n’est pas homogène dans tous les textes. Il est
important dans certains (L’Exproprié et L’Invention du Désert) et l’est moins dans d’autres
(Les Chercheurs d’Os, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison). Certes, il témoigne de la
richesse lexicale de ces textes, mais il dénote également une liberté créatrice.
47
2.2.4 Les ensembles de fréquences
Le recours aux groupes de fréquences est non seulement utile pour délimiter un champ
lexical spécifique à un auteur donné, mais aussi pour repérer certains pôles thématiques de
l’œuvre considérée.
Nous constatons, d’une part, que la majorité de ces fréquences (Annexes 1, 2) sont des
mots grammaticaux ; et nous savons que les mots grammaticaux sont ceux qui expriment la
logique du discours :
« selon l’optique discursive, dans chaque lexique, on
distingue en outre deux zones ou groupes de mots : l’un
comprend les mots-véhicules, ceux « avec lesquels » on
s’exprime ; l’autre les mots-messages, ceux qui
précisent « ce que » l’on veut communiquer. (…) Les uns
expriment les contenus du discours, les autres la
logique. » (Busa, « Dernières Réflexions » 181)
Cependant, la logique ne s’exprime pas uniquement par les particules, mais également
« par certains verbes auxiliaires et semi-auxiliaires,
et certains noms « ontologiques », c’est-à-dire très
universels, comme, par exemple, un et plusieurs, le tout
et la partie, interne et externe, faire et être fait. »
(181)
Yaguello distingue, quant à elle, dans le lexique,
« les mots pleins et les mots outils, les premiers
(noms, adjectifs, verbes, adverbes) étant capables de
former à eux seuls des énoncés complets (…) ; les
seconds (articles, conjonctions, prépositions,
particules) n’apparaissant jamais seuls. » (Yaguello,
« Alice » 61)
48
D’autre part, nous signalons la présence de certains mots « pleins » en fréquence
élevée tels que hommes (245 occurrences), soleil et monde (230 occurrences) et temps (293),
jour (278 occurrences). Ces données nous permettent de dégager quelques vocables qui
reviennent de manière récurrente dans le corpus tels que soleil que Djaout célèbre dans sa
poésie : « Je suis de l’autre race, celle des hommes qui portent jusqu’aux
tréfonds de leurs neurones des millénaires de soleil »(L’Arche). Ce terme est
repris par inclusion dans jour et temps. Ou encore hommes, repris, lui, dans monde.
Par ailleurs, certains de ces mots font partie des mots lexicaux ayant une très haute
fréquence dans le lexique de la langue française, tels que temps, monde ou encore homme(s)
(Aïno Niklas-Salminen 37).
49
2.3 Chapitre III : le contenu lexical
2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale
2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale
50
Il s’agit à ce stade de l’analyse de privilégier un autre type d’approche. En effet, nous
avons, jusque-là, manifesté un grand intérêt à l’égard du calcul de fréquences et d’occurrences
au niveau de chaque texte composant notre corpus. Ce calcul nous permet surtout d’aborder
les textes considérés un à un et n’admet qu’hypothétiquement l’existence de rapports et de
connexions entre eux.
Ce genre d’approche a été entrepris par Pierre Guiraud qui affirme :
« on pourrait établir un tableau de corrélations
lexicales entre les différentes œuvres en les prenant
deux à deux pour voir les mots qu’elles ont en commun et
ceux qu’elles ont en propre ; mais c’est un travail
énorme. »(Guiraud, « Problèmes »129)
Effectivement, à cette époque-là, c’était un travail énorme parce que toutes les
opérations se faisaient manuellement. C’est pourquoi Guiraud n’a pas pu arriver aux résultats
escomptés.
En 1967, Charles Muller entreprend de faire aboutir la théorie de Guiraud et se livre à
des calculs certes moins pénibles qu’au temps de Guiraud, mais qui restent tout de même
fastidieux.
Aujourd’hui, ce type d’entreprise est devenu banal car la programmation des
ordinateurs est devenue chose aisée. A cet effet, Etienne Brunet, ayant appliqué les opérations
citées, est arrivé à des résultats qui sont détaillés dans son travail sur l’œuvre de Giraudoux.
C’est dans cet esprit que nous tenterons de répondre à certaines questions que nous
nous sommes posées au sujet des corrélations qui auraient pu exister entre les différents textes
de notre corpus. A plusieurs reprises, nous avons esquissé l’éventualité de l’existence d’un
lien entre telle et telle œuvre de Djaout. Nous avons, par ailleurs, affirmé qu’il y aurait peut-
51
être une connexion entre Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles ou encore entre L’Invention du
Désert et Le Dernier Été de la Raison.
C’est à cette tâche que nous allons nous consacrer au cours de cette partie pour vérifier
nos hypothèses. Mais, avant cela, il est nécessaire de préciser ce qu’est la connexion lexicale.
52
2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale
Il s’agit en fait de retrouver les liens qui sous-tendent les œuvres de l’auteur en ayant
recours au calcul des mots qui sont soit communs, soit propres à tel ou tel texte. Cela
permettra, également, de dégager la connexion thématique des textes.
Nous avons appliqué cette méthode et nous avons obtenu les résultats suivants,
répartis en quatre tableaux.
Le premier tableau, celui de la distance globale des textes deux à deux, permet de
visualiser le rapport existant entre les différents textes et laisse également à lire, d’une façon
pertinente, tous les résultats qui seront interprétés ultérieurement en chiffres réels, c’est-à-dire
en nombre de formes. A ce niveau, les résultats portés sur le tableau10 sont un indice de
distance entre les textes deux à deux.
Tableau 6 : Distance globale des textes deux à deux
L’Exproprié 121 124 122 126 129
Les chercheurs 124 114 115 115 122
L’invention 122 115 114 118 121
Les Vigiles 126 115 118 114 118
Le dernier 129 122 121 118 117
L’Exproprié Les
chercheurs
L’invention Les
Vigiles
Le dernier
Remarque :
On remarquera que ce tableau de distance est en réalité une matrice carrée symétrique,
les valeurs se reflétant en miroir de chaque côté de la diagonale principale (car la distance de
A vers B est la même que de B vers A). Quant à la diagonale principale, elle devrait ne
comporter que la valeur 0; la distance d'un texte à lui-même est nécessairement nulle, même
10
53
en cas d'autodérision. Si pourtant une valeur non nulle s'y trouve, c'est par un artifice nécessité
par le traitement des profils. Dans un tel traitement, les valeurs nulles de la diagonale ne
devraient avoir aucune importance. Elles en ont pourtant dans les calculs multidimensionnels
(analyse de correspondance, ou analyse arborée), et leur influence est d'autant plus nuisible
que leur valeur s'écarte plus fortement des autres éléments de la même ligne (ou de la même
colonne). C'est pourquoi on a porté sur la diagonale une valeur qui correspond au minimum
de la série en question, en admettant que la distance de soi à soi est inférieure ou au plus égale
à toute autre distance observée dans la série. (Brunet, Manuel accompagnant le logiciel
Hyperbase)
Le second tableau, représentant le nombre des formes communes, permet de visualiser
les relations entre les textes en déterminant l’effectif partagé et du coup la distance lexicale.
Tableau 7 : Effectif des formes communes
L’Exproprié Les
chercheurs
L’invention Les
Vigiles
Le
dernier
L’Exproprié 0 2 896 3 653 3 292 2 673
Les chercheurs 0 0 3 313 3 176 2 517
L’invention 0 0 0 3 738 3 048
Les Vigiles 0 0 0 0 3 008
Le dernier 0 0 0 0 0
Le tableau des formes privatives met en exergue le nombre de formes qui sont
spécifiques à tel ou tel texte.
Tableau 8 : Les formes privatives
L’Exproprié Les
chercheurs
L’invention Les
Vigiles
Le
dernier
L’Exproprié 0 6 352 5 595 5 956 6 575
Les chercheurs 3 689 0 3 272 3 409 4 068
54
L’invention 6 084 6 424 0 5 999 6 689
Les Vigiles 5 349 5 465 4 903 0 5 633
Le dernier 3 733 3 889 3 358 3 398 0
Enfin, l’indice d’indépendance. Ce tableau représente des chiffres inférieurs à 1
marquant le degré d’indépendance d’un texte par rapport aux autres textes.
Tableau 9 : Indice d’indépendance
L’Exproprié Les
chercheurs
L’invention Les Vigiles Le dernier
L’Exproprié 0 0.687 0.605 0.644 0.711
Les chercheurs 0.560 0 0.497 0.518 0.618
L’invention 0.625 0.660 0 0.616 0.687
Les Vigiles 0.619 0.632 0.567 0 0.652
Le dernier 0.583 0.607 0.524 0.530 0
La connexion lexicale exploite les 5 textes deux à deux, ce qui donne le nombre de
combinaisons suivant : (5 x 4)/2 = 10. Pour chacune de ces 10 confrontations, on a calculé :
«– l’étendue du vocabulaire du texte a et celle du texte
b (et aussi l’étendue de l’un et de l’autre en nombre
d’occurrences) ;
– l’étendue du vocabulaire des deux textes réunis dans
le même ensemble (en vocables et en occurrences) ;
– la part du vocabulaire commun aux deux textes et la
part privative de chacun en considérant N et V. » (Abbès
64)
Pour mieux interpréter les résultats chiffrés, une représentation graphique des
différents résultats est possible. Nous avons dégagé, à chaque fois, la distance lexicale d’un
texte par rapport aux autres textes.
55
Figure 8 : L’Exproprié
D’après ce graphe, nous pouvons dire que L’Exproprié a plus d'attraction vers
L’Invention du Désert. Djaout, lui-même, disait :
« Si j'avais à classer mes romans, je mettrais ensemble
L’Exproprié et L’Invention du Désert et puis, ensemble
Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles. »(Algérie
Littérature / Action, n°1, 209)
D’une part, les deux romans ont ceci de commun qu’ils défient les règles du genre
romanesque et ne sont en fait « ni (des) roman(s), ni (des) poème(s). » (Fève-
Caraguel 60) Aussi, L’Invention du Désert est-il, selon Fève-Caraguel, « un long
poème » (68). Et l’auteur, invité à des récitals poétiques, affirmait qu’il lisait des passages
de L’Invention du Désert que les auditeurs prenaient pour des poèmes.
D’autre part, ils partagent un thème important dans l’œuvre de Djaout, à savoir celui
de l’identité. A un degré moindre, L’Exproprié tend vers Les Chercheurs d’Os. Nous savons
56
que ces trois textes sont inscrits dans le déplacement dans l’espace, ce qui a permis de les
rapprocher.
Examinons de plus près les autres textes.
Figure 9 : Les Chercheurs d’Os
Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert ainsi que Les Vigiles ont plus de formes
en commun que les autres textes. En effet, Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert
partagent le thème du mouvement, tandis que le premier et Les Vigiles ont en commun la
thématique de la désillusion après l’indépendance.
57
Figure 10 : L’Invention du Désert
Ce texte a plus d’affinité avec Les Chercheurs d’Os dans la mesure où tous deux ont
en commun un thème qui est celui du mouvement et, partant, celui de l’espace. En effet, les
deux textes sont étroitement liés à la terre et au village, donnant ainsi lieu à une convergence
dans les termes utilisés pour en rendre compte.
58
Figure 11 : Les Vigiles
Ce texte entretient une relation intime avec Les Chercheurs d’Os. Celle-ci est due à
l’intertextualité11 qui lie les deux textes à propos du thème de la désillusion après
l’indépendance. Il est également proche de celui-ci du fait de l’environnement de l’enfance, le
village natal entre autres.
11 L’intertextualité est définie « par une relation de coprésence
entre deux ou plusieurs textes, c’est-à-dire eidétiquement et le plus
souvent, par la présence effective d’un texte dans une autre. » In Genette,
Gérard (1982) : Palimpsestes, La littérature au second degré, Ed. du Seuil,
Paris, p.8.
A propos de l’intertextualité, Kristeva dit que « le mot (le texte)
est un croisement de mots (de textes) où on lit au moins un autre mot
(texte). Tout texte se construit comme une mosaïque de citations, tout
texte est absorption et transformation d’un autre texte. », In Kristeva,
Julia (1969) : Sémeiotiké, Recherches pour une sémanalyse, Seuil, Paris,
p.145.
59
Figure 12 : Le Dernier Été de la Raison
Le Dernier Été de la Raison a ceci de particulier qu’il est publié à titre posthume.
Nous remarquons qu’il a une affinité avec Les Vigiles plus que tout autre texte. Cela suggère
que les deux textes partagent des formes communes. Ces formes, en réalité, ont trait à
l’environnement spatial que constitue la ville. En effet, les deux récits se déroulent dans une
agglomération, imposant ainsi l’emploi du vocabulaire relatif à la ville.
Enfin, bien que L’Exproprié soit rebelle par rapport aux autres textes et qu’il y ait
entre ce texte et les autres une grande distance lexicale, il n’en demeure pas moins lié à
L’Invention du Désert.
En outre, nous avons remarqué que tel texte a tantôt des affinités avec un texte, tantôt
avec un autre. Cela rend compte de l’enchevêtrement thématique des textes, et de la toile de
fond que constituent les thèmes communs qui nient les limites graphiques de chaque texte.
60
2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale
L’analyse factorielle12 permet de réduire les propensions des chiffres encombrants en
représentant ceux-ci sous forme de graphe régi par des facteurs déterminés :
« un facteur est une fonction mathématique qui permet
d’assigner une valeur réelle à tous les éléments : le
premier facteur prend telle valeur pour chacun des
éléments, le deuxième facteur telle autre, et ainsi de
suite. » (Maingueneau, « L’Analyse » 55)
Elle « fournit une représentation graphique des
affinités lexicales du corpus. L’interprétation de ce
plan factoriel va consister, à partir des oppositions
mises en relief, à tirer des observations et des
conclusions en rapport avec l’univers lexical dont ces
données sont caractéristiques. »(Martinez 423)
Nous obtenons, à cet effet, un schéma dont l’interprétation est plus simple et
directement observable.
Les données que nous avons soumises à cette analyse sont figurées dans le graphe ci-
dessous représentant les cinq textes de notre corpus.
12 L’analyse factorielle est une analyse en termes de facteurs dont le
premier est le temps, le second le genre.
61
Figure 13 : Analyse factorielle
Ce schéma conforte les résultats obtenus précédemment selon lesquels certains textes
entretiennent entre eux des relations thématiques. Ainsi nous retrouvons Le Dernier Été de la
Raison et Les Vigiles à gauche de l’axe 2 (axe vertical) témoignant d’affinités thématiques ou
situationnelles. Cependant, ils sont séparés par l’axe 1 (axe horizontal) qui représente le
temps. Par ailleurs, Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert se retrouvent sur le même
plan. Ces deux textes ont en commun le thème du mouvement qui suggère un déplacement
dans l’espace en vue d’aboutir à un objectif.
Enfin L’Exproprié, qui défie les lois du genre, se retrouve à droite et en haut du graphe
détaché des autres textes, marquant encore une fois sa particularité, mais il demeure rattaché à
L’Invention du Désert et à Les Chercheurs d’Os comme le montre la figure 13.
Pour mieux illustrer les liens qu’entretiennent les différents textes et conforter nos
conclusions, nous proposons une analyse arborée du corpus.
62
Figure 14 : Analyse factorielle arborée
Cependant l’analyse factorielle reste ambiguë :
« Est-ce l’emploi d’un vocabulaire original et
spécifique à chaque bloc qui permet de distinguer ces
derniers ou bien est-ce la mauvaise ventilation d’un
vocabulaire de base, d’un fonds commun qui crée les
ruptures ? »(Martinez 425)
Aussi, pour lever cette ambiguïté, nous devons étudier les données spécifiques à
l’auteur. Ce sera l’objet du chapitre suivant.
63
2.4 Chapitre IV : Les spécificités lexicales du corpus
2.4.1 Le vocabulaire excédentaire
2.4.2 Le vocabulaire en déficit
2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes
2.4.3.1 Les emprunts lexicaux.
2.4.3.2 Les xénismes
2.4.3.3 Les noms propres
2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?
2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique
2.4.3.3.3 Analyse statistique
2.4.3.3.4 Analyse onomastique
2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes
2.4.3.3.5.1 Les noms théophores
2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes
2.4.3.3.5.3 Les hagionymes
2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances
2.4.3.3.5.5 Les sobriquets
2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs
2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction
2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive
2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique
2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance
2.4.3.4 Les néologismes
2.4.3.4.1 Relevé statistique
2.4.3.4.2 Néologisme et implicite
64
L’étude du vocabulaire spécifique de Djaout permettra de cerner un tant soit peu la
conception de l’auteur en matière de langue et d’écriture. En effet, le lexique spécifique
témoigne de la langue utilisée par l’auteur. Celle-ci n’est certes pas différente de la langue
standard mais elle révèle un emploi maghrébin du français avec le lexique relatif à la réalité
sociale, mais aussi propre à l’auteur, qui fait usage d’un vocabulaire en rapport avec ses visées
pragmatiques. A juste titre, Brunet affirme que l’étude du lexique spécifique de l’auteur
permet de dresser son « portrait lexical » : « C’est le mélange des ombres et des
éclats, des creux et des reliefs qui donne au portrait ses traits
spécifiques. »(« Le vocabulaire de Zola » 400)
Pour établir ce portrait, il est nécessaire de relever le vocabulaire en excédent et le
vocabulaire déficitaire dans le texte, ce que le logiciel se charge de faire ; il fait en même
temps une comparaison avec le TLF pour dégager les spécificités lexicales de l’œuvre. Il
s’agit, en fait, « d’évaluer, sur un modèle probabiliste, la signification d’une
fréquence dans un sous-corpus. »(Michel Bernard 125)
En d’autres termes, il s’agit de repérer « du point de vue lexical, les points de ruptures
et de continuités, les coupures et les coutures »(127) dans le corpus.
2.4.1 Le vocabulaire excédentaire
On entend par vocabulaire en excédent le vocabulaire qui, après une comparaison avec
le TLF, a un écart réduit positif, c’est-à-dire présent d’une manière significative dans le
corpus de l’auteur. Le tableau reprenant ce vocabulaire est donné dans l’Annexe 3.
Les résultats obtenus par l’application de la fonction Spécificité du logiciel et présentés
dans ce tableau, nous montrent que le vocabulaire excédentaire est relatif à deux espaces qui
s’enchevêtrent souvent dans l’œuvre de Djaout. Ces deux espaces sont la ville et le village.
Pour ces deux termes, nous trouvons, respectivement, des fréquences de 204 et 182. Certes, ce
65
ne sont pas les plus élevées, mais ces termes sont au centre de deux constellations qui ont des
ramifications qui touchent aussi bien à l’enfance, l’environnement natal et à la topographie du
village qu’aux peurs et aux angoisses de la ville.
Nous pouvons également dire que Djaout se sert de ces espaces pour rendre compte
des habitudes sociales d’un groupe et de son idéologie. Cela dit, il se sert de ces lieux comme
point d’ancrage. Ainsi, le mot désert est-il fortement excédentaire. Comme lieu, il est le point
de départ de diverses expériences humaines sous-tendant des formes et des discours
structurant cet espace.
Nous reviendrons dans un autre chapitre sur ces considérations car « l’établissement
de (…) noyaux lexicaux (…) conduit à une étude qui est nécessairement, en premier lieu,
thématique de par sa nature »(Olivier 468), ce qui n’est pas notre propos pour l’instant,
d’autant plus qu’il s’agit, pour nous, d’émettre des hypothèses de travail préliminaires et de
dégager, justement, ces noyaux lexicaux qui nous serviront dans l’analyse thématique
proprement dite.
2.4.2 Le vocabulaire en déficit
Nous appelons vocabulaire déficitaire les formes qui n’apparaissent pas beaucoup dans
le corpus et dont la présence par rapport au TLF est insignifiante. Ces formes ont un écart
réduit négatif. Ce sont des « spécificité(s) négative(s) qui indique(nt) un
déficit par rapport à ce qui était attendu. »(Michel Bernard 126) Cependant,
pour notre analyse, ces formes sont pertinentes, vu qu’elles nous renseignent sur les choix de
l’auteur en matière de lexique. Le tableau récapitulatif de ces formes (Annexe 4) nous conduit
à dégager deux conclusions.
Tout d’abord, des termes comme dire, mot, femme, fille sont déficitaires mais Djaout
se propose de « vaincre toutes les aphasies » et il s’est engagé dans les luttes pour
l’émancipation de la femme. Ainsi le déficit n’est-il pas dû à une volonté de l’auteur car
66
d’autres mots fonctionnent comme palliatifs et la deuxième partie de ce travail le démontrera.
Ensuite, des mots comme raison, vérité sont déficitaires dans la mesure où, dans l’œuvre, la
raison tend à être supplantée et la vérité à être travestie.
Nous voyons donc qu’une interprétation unilatérale des résultats peut susciter des
discussions et qu’il faudrait un regard global sur les différents résultats et une application des
différentes opérations pour arriver à une objectivité dans l’interprétation.
2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes
Étudier les spécificités d’un auteur, c’est s’intéresser à sa langue et examiner ses
stratégies discursives. Au cours de ce chapitre, nous tenterons de cerner les spécificités
lexicales de l’œuvre de Djaout. Ainsi, selon Lise Gauvin, « l’écrivain francophone est
[-il], à cause de sa situation particulière, condamné à penser la langue »
(qtd. In Achour, Christiane ; Bekkat, Amina 87), et elle propose de nommer ce fait
« la surconscience linguistique. »
Le travail sur la langue apparaît, en premier lieu, au niveau du lexique. Celui-ci fait
appel, dans un texte écrit, à plusieurs procédés (emprunts, xénismes, néologismes, archaïsmes,
etc.) qui en font la diversité. A ce sujet, Bakhtine affirme :
« le roman pris comme un tout, c’est un phénomène
pluristylistique, plurilingual, plurivocal » et qu’il
est « la diversité sociale de langages, parfois de
langues et de voix individuelles, diversité
littérairement organisée » (« Esthétique » 87 ; 88)
Le texte est donc un lieu de rencontre entre plusieurs langues. Lieu « plurilingual »
que Djaout actualise par l’emploi du lexique relatif à ces différentes langues. C’est ainsi que
nous rencontrons dans notre corpus, d’une part, des mots empruntés au berbère et à l’arabe,
67
qui permettent l’ancrage géographique du texte et, d’autre part, à l’anglais ou à l’espagnol, qui
témoignent de l’universalité du texte.
La visée et le dessein de l’auteur sont contenus dans ce discours multilingue sur une
réalité diversifiée grâce à un lexique hétérogène. Son discours
« pénètre dans ce milieu de mots étrangers agité de
dialogues et tendu de mots, de jugements, d’accents
étrangers, se faufile dans leurs interactions
compliquées, fusionne avec les uns, se détache des
autres, se croise avec les troisièmes. Tout cela peut
servir énormément à former le discours (…) » (Bakhtine
100)
En définitive, « le polylinguisme introduit dans le roman (quelles que soient les formes
de son introduction), c’est le discours d’autrui dans le langage d’autrui, servant à réfracter
l’expression des intentions de l’auteur. » (144)
C’est à cet effet que nous allons tout d’abord nous intéresser aux emprunts lexicaux,
ensuite aux xénismes, puis aux noms propres et enfin aux néologismes dans la mesure où ces
types de lexies participent au polylinguisme du corpus.
2.4.3.1 Les emprunts lexicaux.
Nous entendons par emprunt lexical toute lexie qui est, en quelque sorte, externe au
capital lexical d’une langue donnée et dont la présence témoigne d’un état donné de cette
langue à un moment précis de son histoire.
En effet, selon Louis Guilbert, l’emprunt est défini comme :
« un phénomène linguistique dont l’étude va de pair avec
l’histoire de la formation d’une langue. Aucun peuple
(…) n’a pu développer une culture entièrement
autochtone, à l’abri de tout contact avec d’autres
68
peuples, qu’il s’agisse de guerres ou de relations
économiques, si bien que, nécessairement, sa langue
s’est trouvée en rapport avec une ou d’autres langues,
et en a reçu une influence quelconque, si minime soit-
elle. » (« La Créativité » 89)
Au-delà de cette définition, l’emprunt fonctionne souvent comme moyen
d’identification par rapport à une réalité déterminée. Ainsi, l’emploi d’emprunts dans notre
corpus témoigne-t-il d’un ancrage dans la réalité maghrébine en général et algérienne en
particulier.
Effectivement, Djaout essaie divers métissages pour obtenir ce « frelatage d’un
mot et d’une syntaxe autre » (« L’Exproprié » 105) qui lui est cher. Mais aussi,
dans son œuvre s’allient
« mots banals ou poétiques, mots crus ou mots du
registre scientifique (…) afin de mieux dire ou dire
autrement la nostalgie du pays natal, l’embrasement des
sens ou les fureurs iconoclastes. » ( Kazi Tani,
« L’Exproprié de » 146)
Par ailleurs, Foudil Chériguen définit l’emprunt lexical comme :
« une unité de fonctionnement comportant une ou
plusieurs parties, toutes susceptibles d’usage
syntaxique autonome. Il est mis en morphologie (…) parce
que passé dans la langue cible. La base lexicale relève
de la langue source. Il y a donc un rapport avec celle-
ci (rapport étymologique)… » (« Les Procédés » 55)
Nous allons donc, dans un premier temps relever les emprunts lexicaux présents dans
notre corpus en en indiquant la référence dans les textes composant ce corpus et en en
69
donnant une définition littérale telle que relevée dans un dictionnaire de langue. Dans un
deuxième temps, nous essaierons de déterminer la portée pragmatique de ces emprunts dans
l’œuvre romanesque de Djaout.
Tableau 10 : Les emprunts lexicaux
Fréquence Lexies Transcription
phonétique Corpus Ex13 Ch ID Vi Der
Sens littéral
Alfa [alfa] 1 1 0 0 0 0 n.m. (1848, arabe halfa) plante herbacée (gram
et d’Espagne dont les feuilles servent de matiè
fabrication de la sparterie et de certains papier
Burnous [byrnus] 23 9 5 8 1 0 n.m. (1851 ; barnousse, 1556 ; arabe bournous
sans manches que portent les Arabes.
Caïd [kaid] 1 0 0 1 0 0 n.m. (1568 ; arabe qaid) En Afrique du nord f
qui cumule les attributions de juge, d’administ
police.
Chéchia [∫e∫ja] 4 1 0 2 1 0 n.f. (chachia, 1575; repris en 1845; arabe chac
d’Asie où on fabrique des bonnets) coiffure en
portent les Arabes.
Cheikh [∫ek] 4 1 0 3 0 0 n.m. (1700, arabe, « vieillard ») chef de tribu c
synonyme de sage.
Coran [korã] 3 0 0 2 1 0 Livre saint des musulmans
Couscous [kuskus] 13 3 8 1 1 0 n.m. (csoucsou, 1556, couscous, 1505) semou
avec de la viande, des légumes et des sauces p
Dey [dej] 1 0 0 1 0 0 n.m. (dey, 1628 ; turc dâi, « oncle », titre hono
gouvernement d’Alger (1771-1830).
Djebel [žebel] 1 0 1 0 0 0 n.m. (1870 ; arabe « montagne ») terrain mont
nord.
13 les abréviation correspondent à : Ex : L’Exproprié ; Ch : Les
Chercheurs d’Os ; ID : L’Invention du Désert ; VI : Les Vigiles ; Der : Les
dernier été de la raison.
70
Djellaba(s) [želaba] 4 4 0 0 0 0 n.f. (1870, mot arabe du Maroc) longue robe à
capuchon portée par les hommes et les femme
Djemaa [žemaa] 16 1 10 5 0 0 n.f. (1870, mot arabe « assemblée ») réunion d
représentent un village en Afrique du nord.
Douar [duwar] 1 1 0 0 0 0 n.m. (dour, 1628 ; adouar, XVIII, arabe magh
tentes disposées en cercles que les Arabes nom
temporairement, c’est aussi une division admi
nord.
Fakir [fakir] 2 2 0 0 0 0 n.m. (1653, arabe « pauvre ») 1° religieux asc
se livre à des mortifications en public ;
2° personne qui donne un spectacle d’exercice
prestidigitation, hypnose…).
Gandoura [gãdura] 14 3 2 1 4 4 n.f. (1852, mot arabe du Maghreb) sorte de tun
les Arabes portent sous le burnous.
Henné [ene] 6 2 0 2 1 1 n.m. (1553, arabe) 1° arbuste des régions tropi
feuilles séchées et pulvérisées donnent une po
jaune ;
2° poudre utilisée dans les pays musulmans po
cheveux, des doigts …
Imam [imam] 35 4 1 26 1 3 n.m. (1959, arabo-turc) 1° titre donné aux succ
2° fonctionnaire employé dans une mosquée c
Kouba [kuba] 1 0 1 0 0 0 n.f. (1846, arabe « dôme, coupole ») monumen
Marabout.
Ksar [ksar] 1 1 0 0 0 0 n.m. (1857, arabe) lieu fortifié en Afrique du n
Kabyle [kabil] 1 0 0 1 0 0 n.m. (cabilah 1761, arabe kabaily) personne or
région montagneuse de l’Algérie.
Khol [kêol] 1 0 0 0 0 1 n.m ; (arabe kuêl) 1. Fard noirâtre provenant d
substances grasses, utilisé, à l’origine, dans le
maquillage des yeux. 2. poudre d’antimoine
Kif [kif] 1 0 0 0 0 1 n.m. (mot arabe maghrébin, aise, état de béati
haschisch mêlée de tabac, en Afrique du Nord
Mihrab [mirab] 1 1 0 0 0 0 Dans une mosquée, niche creusée dans un mur
71
la Mecque.
Mihrabs [mirab] 1 1 0 0 0 0 Pluriel de mirab.
Mastaba [mastaba] 1 1 0 0 0 0 n.m. (de l’arabe) monument funéraire trapézoï
chapelle, construit pour les notables de l’Egyp
l’Ancien Empire.
Muezzin [myezẽ] 5 1 0 0 2 2 n.m. (1823, maizin, 1568; turc meuzin, de l’ara
appelle à la prière »). Fonctionnaire religieux
mosquée et dont la fonction consiste à appeler
Souk [suk] 12 4 0 4 4 0 n.m. (1848, mot arabe « marché ») en pays d’i
réunissant dans un dédale de ruelles des boutiq
pop. : lieu où règne le désordre, le bruit
Sourate(s) [surat] 4 1 0 1 0 2 n.f. (sura, sure 1732, mot arabe) chapitre du C
Nous constatons que les emprunts lexicaux dont use l’auteur sont pour la plupart
présents dans le lexique français, bien qu’utilisés rarement.
Ces termes-là ont été vulgarisés notamment durant les années de colonialisme par la
littérature dite « exotique ». Ainsi les mots comme « chéchia » ou « souk » ne sont-ils presque
plus perçus comme étant des emprunts, surtout pour le natif de la langue source.
Cependant, pour le non natif, ils représentent une transposition dans la réalité
algérienne. Aussi le but recherché par l’auteur est-il d’adjoindre une identité ou une
nationalité à son œuvre. Ceci dit, leur rôle ne se limite pas à cloisonner l’œuvre dans une
identité précise car le propre de celle-ci est de prétendre à l’universalité, mais les emprunts
servent également, voire particulièrement, à rendre compte d’une réalité sociale et
géographique que le lexique du français métropolitain n’arrive pas à accomplir ou qu’il
dénature.
Ainsi, quand parler d’une « assemblée » suggère une interprétation « scientifique ou
politique » du terme, parler d’une « djemaa » ouvre l’horizon de la lecture par l’intrusion des
72
métaphores relatives à cet espace de vie qui n’est plus celui des débats politiques ou sociaux
mais celui de la douce enfance et du village natal.
L’emprunt lexical revêt donc une double fonction. Certes, il permet d’adjoindre à la
langue française une substance nord-africaine et de rendre compte de cette réalité sociale
autre, mais il est également un lieu de souvenir et une échappatoire vers le territoire de
l’enfance.
2.4.3.2 Les xénismes
Le xénisme est un état par lequel tout emprunt éventuel d’une langue est susceptible
de passer. Ainsi, bon nombre d’emprunts, avant d’être reconnus comme tels, ont été des
xénismes. Louis Guilbert souligne que lorsqu’un « terme étranger est introduit dans
le corps d’une phrase française en référence à un signifié propre à la
langue étrangère (…) » (« La Créativité » 92), on le qualifie de « xénisme, parce
qu’il demeure effectivement étranger. » Il est, aussi, selon Chériguen,
« une unité de fonctionnement pouvant comporter une ou
plusieurs parties ; chacune d’elles étant susceptible
d’usage syntaxique autonome. Il n’est pas mis en
morphologie parce que n’appartenant pas (ou pas encore)
à la langue cible pour laquelle sa base est étrangère.
Il a un rapport avec une langue source. » (55)
Le xénisme témoigne également d’un travail sur la langue pour en extraire une
substance qui lui donnerait une identité particulière. Ainsi, dans notre corpus, les xénismes
font figure d’empreinte, ou de cachet spécial donné à tel ou tel roman. D’où la disparité dans
la présence de ces termes dans les différents textes.
Nous tenterons à présent de cerner ces termes par un relevé succinct pour en dégager
la visée implicite. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau suivant :
73
Tableau 11 : Les xénismes
Fréquence Terme ou
expression
Langue de
vulgarisation corpus EX CH ID VI Der
Sens littéral en langue cible
Abd arabe 1 0 0 1 0 0 « esclave ou serviteur »
Aïd arabe 8 3 0 0 5 0 « fête religieuse chez les musulma
Ameksa berbère 1 1 0 0 0 0 « berger »
And anglais 3 1 0 2 0 0 « et »
Answers anglais 1 0 0 0 0 1 « réponses »
arr berbère 1 0 1 0 0 0 « expression pour faire avancer un
At anglais 2 0 0 2 0 0 « à »
Ath berbère 1 1 0 0 0 0 « ceux de »
Azraïn arabe 1 1 0 0 0 0 « ange de la mort en kabyle »
Barrani berbère 1 0 1 0 0 0 « étranger »
Be anglais 1 1 0 0 0 0 « être »
Blaghdji turc 1 0 0 1 0 0 « artisan qui fabrique des sandale
Blend anglais 1 0 0 1 0 0 « mélange »
Boat anglais 1 1 0 0 0 0 « bateau »
Boy anglais 2 2 0 0 0 0 « garçon »
Break anglais 1 0 0 0 1 0 « pause »; « cassure » ; « rupture
By anglais 1 1 0 0 0 0 « par »
Chahada arabe 1 1 0 0 0 0 Plusieurs significations, entre autr
convertit à l’islam »
Charia arabe 1 0 0 1 0 0 « droit musulman »
Chikha arabe 1 1 0 0 0 0 « féminin de cheikh »
Chouari berbère 3 0 3 0 0 0 « sorte de besace qu’on met sur le
Cold anglais 1 0 0 1 0 0 « froid ou frais »
Crowd anglais 1 1 0 0 0 0 « foule »
Da berbère 17 0 17 0 0 0 « particule honorifique équivalent
Dahr arabe 1 0 0 1 0 0 « le temps ou l’époque »
Day anglais 1 1 0 0 0 0 « jour »
Desires anglais 1 1 0 0 0 0 « désirs »
74
Djelsat arabe 1 0 0 1 0 0 « assises ou assemblées religieuse
Djida berbère, de
l’arabe Djada
1 1 0 0 0 0 « ma grand-mère »
Donated anglais 1 1 0 0 0 0 « donné »
Doping anglais 1 0 0 1 0 0 « dopage »
Dreams anglais 2 2 0 0 0 0 « rêves »
Dry anglais 1 1 0 0 0 0 « sec »
Exchanged anglais 1 1 0 0 0 0 « échangé »
For anglais 2 2 0 0 0 0 « pour »
Fouta berbère 1 1 0 0 0 0 « pagne avec lequel la femme kab
Fqih(s) arabe 4 2 0 2 0 0 « savant religieux dans l’islam »
Girl anglais 2 2 0 0 0 0 « jeune fille »
Guerba arabe 4 2 0 2 0 0 « outre à eau ou à lait »
Guerbas arabe 2 2 0 0 0 0 « pluriel français de guerba »
Guerrab arabe 1 1 0 0 0 0 « porteur d’eau»
Hadid arabe 1 0 0 1 0 0 « fer »
Half anglais 1 0 1 0 0 0 « moitié ou demi »
Hands anglais 1 1 0 0 0 0 « mains »
Hidjab arabe 1 0 0 0 1 0 « voile féminin coranique »
Him anglais 1 1 0 0 0 0 « son »
Houris arabe 2 2 0 0 0 0 « vierges du paradis promises aux
Ighzer berbère 2 0 0 2 0 0 « ruisseau »
Ihiqel berbère 1 0 0 1 0 0 « mâle de la perdrix »
Ikoufane berbère 1 0 0 1 0 0 « silo à grains ou à figues sèches
Illah arabe 1 0 0 1 0 0 « Dieu »
Imzad berbère 1 1 0 0 0 0 « instrument de musique à cordes
Touaregs »
In anglais 3 1 0 2 0 0 « dans »
Ink anglais 1 0 0 1 0 0 « encre »
Is anglais 3 3 0 0 0 0 « est »
Kaaba arabe 1 0 0 1 0 0 «temple de la Mecque »
Kachabia arabe 1 0 1 0 0 0 « tunique maghrébine longue sans
75
kachabias arabe 1 0 1 0 0 0 « pluriel de kachabia »
Kahf arabe 1 1 0 0 0 0 « grotte »
Kanoun berbère 6 3 0 3 0 0 « âtre »
karkabouses arabe 1 1 0 0 0 0 « instrument de musique gnawi te
fait claquer »
Khandjar arabe 1 0 0 1 0 0 « genre de couteau »
Khauya berbère 1 1 0 0 0 0 « mon frère »
khzène arabe 1 0 0 1 0 0 « réserve »
Koullouna arabe 2 2 0 0 0 0 « nous tous »
Lekhrif berbère 1 1 0 0 0 0 « hyperonyme pour désigner les f
Little anglais 1 1 0 0 0 0 « petit ou peu »
Ilahi arabe 1 1 0 0 0 0 « mon Dieu »
My anglais 1 1 0 0 0 0 « mon »
Naâdine berbère 1 1 0 0 0 0 « déformation d’une forme d’inju
Nath berbère 1 0 1 0 0 0 « particule indiquant l’origine trib
Nemrod arabe 1 1 0 0 0 0 nom biblique «chasseur »
New anglais 2 0 0 2 0 0 « nouveau »
Not anglais 1 1 0 0 0 0 « particule négative équivalant à p
Nouab arabe 1 0 0 1 0 0 « tours »
Now anglais 1 1 0 0 0 0 « maintenant »
Only anglais 1 1 0 0 0 0 « seulement ou uniquement »
Oua arabe 1 1 0 0 0 0 « et »
Ouazal berbère 1 0 0 1 0 0 Ou « de… » et azal « le milieu de
Ouzal berbère 1 0 1 0 0 0 Variante du précédent.
‘oudi arabe 1 1 0 0 0 0 « mon cheval »
Ouretrou berbère 1 1 0 0 0 0 « ne pleure pas »
Play anglais 1 1 0 0 0 0 « jouer »
Qalaa arabe 2 1 0 1 0 0 « forteresse »
Qasba arabe 1 0 0 1 0 0 « casbah »
Radji’oun arabe 1 1 0 0 0 0 « nous reviendrons »
Ramyou arabe 1 0 0 1 0 0 « jet »
Reader anglais 2 1 0 1 0 0 « lecteur »
76
Ready anglais 1 1 0 0 0 0 « prêt »
Room anglais 1 1 0 0 0 0 « salle »
Sandouk arabe 1 0 0 1 0 0 « caisse »
Shaïtan arabe 1 0 0 1 0 0 « Satan »
She anglais 3 3 0 0 0 0 « elle »
Singing anglais 1 1 0 0 0 0 « action de chanter »
Sings anglais 1 1 0 0 0 0 « chants »
Smakh arabe 1 0 0 0 0 1 « encre traditionnelle à base de la
Sold anglais 1 1 0 0 0 0 « solder », « vendre »
Steel anglais 1 0 0 1 0 0 « acier »
Switched anglais 1 1 0 0 0 0 « éteint »
Tala berbère 1 1 0 0 0 0 « fontaine ou source »
Tassekkourt berbère 1 0 0 1 0 0 « perdrix »
Teenager anglais 1 1 0 0 0 0 « adolescent »
Teeth anglais 1 1 0 0 0 0 « dent »
The anglais 10 8 0 1 0 1 « article équivalent à le ou la ou l
Thinks anglais 1 1 0 0 0 0 « pense»
Tracks anglais 1 0 1 0 0 0 « monte-charge », « trace, piste »
Twists anglais 1 1 0 0 0 0 Verbe «elle danse le twist »
Typewriter anglais 1 0 0 1 0 0 « machine à écrire »
Waiting anglais 1 1 0 0 0 0 « Attente »
Walkman anglais 1 0 0 1 0 0 « baladeur »
War anglais 1 1 0 0 0 0 « guerre »
Waters anglais 1 1 0 0 0 0 « les toilettes »
Woman anglais 1 1 0 0 0 0 « femme »
Words anglais 1 1 0 0 0 0 « mots »
Yemma berbère 1 1 0 0 0 0 « ma mère ou maman »
Yemmak berbère 1 1 0 0 0 0 « ta mère »
You anglais 5 5 0 0 0 0 « toi ou vous »
Your anglais 1 1 0 0 0 0 « ton, ta ou votre, vos »
Zerda berbère 2 0 2 0 0 0 « festin donné à l’occasion d’une
Maghreb »
77
Deux remarques peuvent être faites. Tout d’abord, le nombre des xénismes est
important. En effet, il dépasse de loin celui des emprunts. Ensuite, ces xénismes sont pour la
plupart des mots anglais et à un degré moindre berbères et arabes.
L’utilisation des mots anglais est certes prépondérante mais elle n’est pas homogène
dans tous les textes. Aussi nous retrouvons la majorité de ces xénismes dans L’Exproprié et à
un degré moindre dans L’Invention du Désert. Concernant le premier, nous savons
maintenant que c’est un texte comprenant des passages de plusieurs genres, notamment la
poésie. Nous savons également que Djaout utilise dans ses recueils poétiques, qui ont précédé
ses romans, beaucoup de termes anglais. A cet effet, Djaout « insèr(e) des mots
d’anglais pour dire, même visuellement, sa conviction de l’universalité de
la parole poétique. » (Toso Rodinis 130)
Par ailleurs, l’utilisation de termes berbères est une revendication identitaire
intrinsèque à l’œuvre de Djaout, très accentuée dans L’Exproprié et L’Invention du Désert,
dans le sillage de ses recueils poétiques : « Aujourd’hui j’exige un alphabet / pour
revendiquer ma peau / et exhiber à la face du monde / mes espoirs de classé
ammonite. » (« L’Arche » 39) Djaout « élève (...) son cri de revendication de
« tous les mots séquestrés » au nom de la renaissance du monde et de la
renaissance berbère. » (Toso Rodinis 122)
Nous remarquons cependant, dans les romans qui ont suivi L’Exproprié, la chute du
nombre de ces mots anglais, exception faite de L’Invention du Désert. Celui-ci présente lui
aussi un nombre relativement important de xénismes mais pas autant que dans le premier. Du
reste, les xénismes présents dans ce texte sont surtout d’origine arabe ou berbère. D’une part,
le thème principal du roman, à savoir l’intolérance religieuse, convoque un champ lexical
particulier, celui relatif au culte musulman (fqih, etc.) ; d’autre part, les pérégrinations du
78
personnage principal dans le vaste pays du Maghreb interpelle à la fois des mots arabes et
berbères (guerba, ighzer, etc.).
Enfin, nous signalerons que les trois autres textes présentent un nombre négligeable de
xénismes. Pourtant leur absence nous conduit à d’autres conclusions. Les quelques xénismes
présents dans Les Chercheurs d’Os sont là pour accentuer l’univers romanesque et les
habitudes culturelles de la société kabyle. Ainsi, la mythologie (akli ouzal) côtoie la croyance
musulmane (azraïn). Dans les deux derniers romans, Les Vigiles et Le Dernier Eté de la
Raison, les xénismes se réduisent à quelques mots qui sont surtout en rapport avec
l’accoutrement religieux (hidjab).
En somme, la plupart des xénismes ont été recensés dans le premier texte, ce qui
confirme son caractère poétique dans la mesure où leur emploi équivaut à une volonté
d’expressivité. Dans les autres textes, les xénismes servent à l’ancrage culturel et social de
l’histoire romanesque.
A côté de cette conviction qui veut que l’écriture, poétique principalement, soit
universelle, traduite par la présence marquée de l’anglais, nous assistons à la signature de
l’œuvre littéraire par des moyens linguistiques qui lui donnent son caractère non seulement
social et culturel, mais aussi géographique.
Nous pouvons donc dire, à la suite de Kazi Tani que dans l’œuvre romanesque de
Djaout, « se tisse un vrai patchwork linguistique : archaïsmes, mots techniques et français
soutenu, serti de mots berbères » (« L’Exproprié de » 147), anglais et arabes.
Parmi les xénismes les plus répandus, nous retrouvons ceux qui renvoient à un référent
surdéterminé soit par une réalité géographique, soit par une réalité sociale. Ces termes sont le
plus souvent intraduisibles et leur emploi renseigne sur le degré d’ancrage du texte dans
l’environnement sociologique et historique. Il s’agit, en fait, des noms propres.
79
En effet, selon Guilbert, dans la catégorie des xénismes « entrent les noms propres,
patronymes, les noms géographiques de fleuves, de villes … » (« La Créativité » 92)
2.4.3.3 Les noms propres
2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?
Une définition satisfaisante du nom propre à travers les différentes théories qui l’ont
abordé reste difficile du fait de la nature spécifique de cet objet. Bien que des critères de
reconnaissance aient été établis, il n'en demeure pas moins ambigu. En effet, les critères
utilisés par les grammaires normatives, à savoir le critère graphique – la majuscule – et celui
syntaxique – l'absence de déterminant –, ne sont pas exhaustifs et pas toujours déterminants.
Beaucoup de théories ont tenté de cerner le nom propre : il y a celles qui ont essayé de
l’aborder en décrivant les objets typiques de cette catégorie. D’autres ont surtout fait le
rapprochement avec le nom commun pour tenter de dégager une définition succincte. Enfin,
celles qui ont assimilé la description du nom propre à la connaissance du monde, en passant
par la connaissance des sociétés et par celle de l’individu.
2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique
La grammaire a de tout temps considéré le nom propre comme à la source de tout
savoir et lui a réservé une place particulière. Il était le nom authentique, l’onoma kurion qui a
été traduit en latin par l’expression nomen proprium. Mais qu’en est-il en linguistique ?
Bien que le nom propre ait été abordé dès les premiers traités de grammaire
occidentale qui le qualifiaient d’« authentique », il demeure néanmoins le parent pauvre de la
linguistique moderne.
Même si la grammaire historique et comparative a instauré une tradition onomastique,
le nom propre n’était étudié que pour son aspect étymologique. En effet, cette approche
pouvait rendre compte des différents changements phonétiques.
80
Saussure ne fait qu’une brève allusion au nom propre lorsqu’il aborde l’analogie :
« Les seules formes sur lesquelles l’analogie n’ait
aucune prise sont naturellement les mots isolés tels que
les noms propres, spécialement les noms de lieux qui ne
permettent aucune analyse et par conséquent aucune
interprétation de leurs éléments » (« Cours » 237)
En somme, l’étude du nom propre n’a guère évolué au sein de la linguistique. Ainsi
Molino s’interroge-t-il sur la possibilité de faire une « analyse structurale ou
générative des noms propres » (5)
Au moment où l’on s’attendait à un réel intérêt pour le nom propre de la part de la
linguistique moderne – puisqu’il fait partie de la langue –, c’est du côté de la logique que des
développements sont apparus. Effectivement, avec Frege et Russel, mais aussi Mill et Kripke,
le nom propre est devenu un problème logico-philosophique.
C’est à juste titre que le nom propre pose le problème de la référence au réel qui est
une question majeure de la philosophie et de la logique modernes. Comment ce débat autour
du nom propre s’est-il présenté ? « Le débat autour du nom propre du point de vue
logique, répond Nogues, s'oriente entre deux pôles qui s'affrontent autour
de ce qui serait une dénotation avec ou sans connotation »(25)
Pour certains logiciens, tel J. S. Mill, le nom propre n'est qu'une « marque » ou
étiquette. Autrement dit, il dénote un individu sans autre référence. Russel, quant à lui, définit
le nom propre comme pouvant désigner des choses particulières.
Ainsi, pour lui, « Socrate n'est pas un nom propre, il
l'a été, ne l'est plus en tant que pour nous il évoque
le maître Platon, celui qui a bu la ciguë, etc., en
devenant un terme descriptif le mot Socrate a cessé
d'être un nom propre» (Nogues 25).
81
C’est ainsi qu’il introduit le concept de «description définie » qui « est une
expression qui peut, sans modification de sa signification, être paraphrasé
en une expression de la forme : l’objet x qui possède la particularité p »
(Molino 13)
Pour Frege, tout mot peut être un nom propre ; à cet effet, le nom commun n’existerait
pas. Il souligne que le nom n’a de signification que dans une proposition et non à l’état isolé.
Wittgenstein, quant à lui, pense que le nom propre n’acquiert une valeur référentielle que dans
un « jeu de langage ». Tandis que pour Francis Jacques, dans ses Dialogiques, il n’obtient sa
valeur co-référentielle que dans un « interacte de communication ».
Kripke, enfin, qui prône le retour aux thèses de Mill et soutient la référence pure du
nom propre, qualifie celui-ci de « désignateur rigide ». Il dit, en substance, qu’un nom propre
ne saurait être réduit à une description définie car celle-ci, même si elle permet de reconnaître
un individu, ne peut désigner cet individu de façon continue, tandis que le nom, lui, est
indépendant de toute modification temporelle, spatiale ou personnelle.
Par ailleurs, les anthropologues s’intéressent également aux noms propres car ils
participent à la classification sociale. Lévi-Strauss affirme que « le nom est universel
et, dans toutes les sociétés, sert à signifier, à identifier et à classer »
(qtd. In Akin 37) Pour plusieurs raisons, le nom propre est indispensable et n’est jamais
dépourvu de sens :
- la nomination fait entrer dans l’ordre symbolique et social ;
- le nom fait partie d’un « capital symbolique » partagé par les membres d’une
société ;
- la nomination est l’enjeu d’un pouvoir et d’une maîtrise ;
- il y a un rapport entre le nom et l’individu basé sur des croyances imaginaires ;
- le nom est un marqueur généalogique et territorial. La nomination remplit une
82
fonction d’identification répartie sur l’adresse et la référence ;
- le nom assure, à la fois, pour l’individu, l’identité personnelle et la conscience
d’appartenance tant à une lignée qu’à une communauté.(Cf. « Nom », In
Encyclopaedia Universalis, France, S. A., 1999)
Enfin, en psychanalyse, le nom propre a été révélé par l’expression lacanienne de
« Nom du Père » qui, elle-même, répond à l’expression freudienne de « Père primitif ».
Elle « est destinée à désigner le signifiant qui,
préexistant à tous les autres, rend possible toute
mutation du réel en signifiant. Il est le support de la
fonction symbolique et équivaut au nom de la Loi. »
(« Nom » 14)
Il n’a pas pour fonction première l’usage social. Il n’a nul besoin d’être une marque
particulière : « sa fonction est de désigner la marque, qu’on appelle celle-ci mort […] ou
castration. » (Lacan, qtd. In Nusinovici 101)
Le nom propre, donc, fait trou dans l’Un par la castration car « l’effet de nomination
[…] est un effet d’interpellation – très précisément, d’interruption de la contemplation de son
image propre par le jeune enfant dans le miroir.» (« Nom » 13)
Quant à l’écrivain, il exploite les diverses dimensions du nom propre, car il trouve
dans celui-ci un signe poétique où est condensée l’expérience humaine. C’est, disait Barthes
au sujet des noms propres chez Proust, l’équivalent de la « réminiscence » (« Le Degré »
124). Et il ajoute que le nom propre se déplie comme un souvenir. Il dit également :
« chaque nom contient plusieurs scènes surgies d’abord
d’une manière discontinue, erratique, mais qui ne
demandent qu’à se fédérer et à former de la sorte un
petit récit, car raconter, ce n’est jamais que lier
83
entre elles, par procès métonymique, un nombre réduit
d’unités pleines. » (127)
A la limite, « toute la recherche est sortie de quelques noms »(127-8)
propres : « c’était, ce Guermantes, dit Proust, comme le cadre d’un roman. » (Raczymow 40)
Cependant, l’écrivain n’arrive pas à voir dans l’acte de baptiser un acte accompli et
« la tâche de le poursuivre lui paraît toujours actuelle et
urgente. »(« Nom » 18)
En effet, « lorsqu’un écrivain invente un nom propre, il
est tenu aux mêmes règles de motivation que le
législateur platonicien lorsqu’il veut créer un nom
commun ; il doit (…) « copier » la chose, et comme c’est
évidemment impossible, du moins copier la façon dont la
langue elle-même a créé certains de ses noms. »(Barthes,
« Le Degré » 130)
Maintenant, que des noms comme Yekker, Elbouliga ou autres existent ou n’existent
pas, ils présentent néanmoins une « plausibilité » maghrébine ou algérienne : « leur
phonétisme, et au moins à titre égal leur graphisme, sont élaborés en
conformité avec des sons et de groupes de lettres attachés spécifiquement »
(131) à la construction des noms propres algériens ou maghrébins.
Cela dit, le nom propre participe donc à la constitution de l’identité romanesque de
notre corpus : « il a une signification commune : il signifie au moins la nationalité et toutes les
images qui peuvent s’y associer. » (131)
Aussi, « noms des lieux (toponymes), noms de personnages
(anthroponymes) (…) « classent » l’œuvre dans un espace
géographique, parfois historique et social. Ils marquent
une interaction constante entre fiction, référence et
expérience. » (Achour ; Bekkat 81)
84
Pourtant, le nom propre chez Djaout n’est pas uniquement le nom algérien ou
maghrébin mais témoigne d’une culture universelle de l’auteur qui utilise aussi bien les noms
de l’Orient que ceux de l’Occident. Ainsi, le nom propre est-il le dépositaire, en quelque sorte,
de la connaissance.
2.4.3.3.3 Analyse statistique
L’outil statistique nous permet d’avoir une vue d’ensemble des différents noms de
personnes qui constituent l’onomastique de notre corpus. Il nous permet également de voir la
répartition de ces noms dans les différents textes. Les résultats obtenus sont représentés dans
un tableau (Annexe 5).
Ce tableau nous permet d’avoir une vision globale de la disposition des noms propres
de personnes dans notre corpus. La fréquence du nom propre nous apprend si tel ou tel
personnage est important ou non dans le texte. Ainsi, le nom Mahfoudh a-t-il une fréquence
de 245 occurrences et Boualem 161. Cela nous permet de penser que ces deux personnages
jouent un rôle essentiel dans les deux textes où ils apparaissent, respectivement Les Vigiles et
Le Dernier Été de la Raison, car, selon Greimas, le personnage qui a le plus de fonctions est
le plus « agissant ».
Aussi nous remarquons que certains noms sont particuliers à tel ou tel texte comme
Ziada ou Younès qui sont spécifiques à L’Invention du Désert, tandis que d’autres comme
Yahia, Saïd, Tayeb14 circulent dans les différentes œuvres. Ils sont non seulement témoins
14 Il est à noter que ce prénom a été utilisé comme pseudonyme, par
Tahar Djaout pour signer un certain nombre d’articles de journaux, d’une
part et d’autre part, « c’est le prénom de l’ami de toujours, simple
travailleur à l’ENIEM de Oued Aïssi » selon les propos de R. Hammoudi in El
Moudjahid n° 8990 du dimanche 29 mai 1994.
85
d’une intertextualité interne mais aussi d’une intertextualité externe, qui interpelle les textes
d’autres auteurs.
Effectivement, le nom « est, par excellence, un
embrayeur d’intertextualité restreinte ou élargie.
Restreinte ou interne s’il y a circulation des mêmes
noms à l’intérieur de l’œuvre d’un même auteur. (…)
L’intertextualité peut être élargie quand le nom renvoie
à d’autres textes d’autres auteurs. » (Achour ; Bekkat
84)
Dans notre corpus, un nom comme Tayeb fonctionnerait donc comme embrayeur
d’intertextualité interne à quatre romans : L’Exproprié, Les Chercheurs d’Os, L’Invention du
Désert et Les Vigiles. A l’inverse, un nom comme Azzi ou Arezki nous rappelle des textes de
Mouloud Mammeri, tandis que des noms historiques (Ibn Toumert, par exemple) renvoient à
l’Histoire.
En outre, les noms en présence dans le corpus peuvent être distribués en deux
catégories : « fictifs et attestés » :
« la fiction est accréditée par le mélange de noms
fictifs et de noms attestés qui assurent au récit un
solide ancrage socio-historique. Sa cohésion est assurée
car les noms sont des pôles d’identification dans la
diégèse, des repères. » (Achour ; Bekkat 83)
Les noms fictifs ou « autoréférentiels » sont des « noms qui appartiennent à
l’univers de la fiction et sont créés pour et par lui. » (49) Parmi ces noms,
nous pouvons citer Mahfoudh, Boualem, Tayeb, etc. Par « attestés » ou « référentiels », il faut
entendre ceux qui « renvoient à une réalité extratextuelle, qui ancrent la
86
fiction dans le réel» (49). Ibn Toumert, Ibn Tachfin, Moqrani, etc., font partie de cette
catégorie.
Une dernière remarque relative au genre de ces noms propres : la majorité d’entre eux
sont masculins. Il y a une distribution presque exclusivement masculine des personnages mis
à part quelques prénoms féminins tels que Kenza, Samia, Azzi ou Khadra.
Nous nous intéresserons tout d’abord, d’un point de vue onomastique, à tous les noms
propres, d’origine arabe en général, et maghrébine, en particulier. Ensuite, nous aborderons le
nom propre d’un point de vue pragmatique car, finalement, la création d’un nom propre n’est
pas fortuite et répond à un dessein de l’auteur. Ainsi, le nom de Boualem Yekker qui signifie
littéralement « celui qui a l’étendard est debout » ou « l’intellectuel est debout » est-il un
symbole de résistance à l’obscurantisme religieux qui s’empare de la vie quotidienne dans le
roman de Djaout Le Dernier Été de la Raison.
A cet effet, Achour et Bekkat affirment :
« dans un roman ou toute œuvre littéraire, la nomination
du personnage est un acte d’onomatomancie, c’est-à-dire
l’art de prédire, à travers le nom, la qualité de
l’être. » (81)
2.4.3.3.4 Analyse onomastique
Le tableau suivant reprend les noms de personnes relevés dans notre corpus.
Tableau 12 : Les noms de personnes
MORPHOLOGIE LEXIE ORIGINE15
ORIGINAL DERIVE TRONQUE COM
15 Nous entendons par origine, l’aire linguistique dans laquelle
évolue le nom propre considéré.
87
Abchir arabe +
Abdallah arabe +
Abdelhadi arabe +
Abdelkader arabe +
Abdelmoumen arabe +
Abdelwahab arabe +
Abdenour arabe +
Ahmad arabe +
Ahmed +
Akli berbère +
Ali arabe +
Amar arabe +
Amina arabe +
Amoqrane berbère +
Arezki berbère +
Assemam berbère +
Aziz arabe +
88
Azzi berbère +
Bachir arabe +
Bakli berbère +
Boualem arabe +
Bouziane arabe +
Brik arabe +
Chaâbane arabe +
Chébib arabe +
Chérif arabe +
Dahmane arabe +
Driss arabe +
Elbouliga Berbère +
Fatima arabe +
Ferhat arabe +
Hadj arabe +
89
Hamid arabe +
Hammouch berbère +
Hamou berbère +
Hand berbère +
Hassan arabe +
Hocine arabe +
Hssen arabe
Ibrahim arabe +
Idir berbère +
Ismail arabe +
Kahéna arabe +
Kahina arabe +
Kamel arabe +
Khadra arabe +
Khaled arabe +
Koceilah berbère +
90
Lemdjad arabe +
Maâchou berbère +
Mahfoudh arabe +
Mahrez arabe +
Mansour Arabe +
Menouar arabe +
Mériem arabe +
Messaoud arabe +
Mezayer Arabe dialectal +
Méziane berbère +
Mhand berbère +
Mohamed arabe +
Mohammed arabe +
Mohand berbère +
Mokhtar arabe +
Mokrane berbère +
Moqrane berbère +
Moqrani berbère +
Mourad arabe +
Nabiha arabe +
Nadjib arabe +
91
Nedjm arabe +
Okba arabe +
Omar arabe +
Ouahmed Berbère et arabe +
Ouali Berbère et arabe +
Ouancharissi arabe +
Oukaci Berbère et arabe +
Oumeziane berbère +
Ourezk berbère +
Ouzerouk berbère +
Rabah arabe +
Redhouane arabe +
Saâdi arabe +
Saïd arabe +
Salah arabe +
Salihi arabe +
Samia arabe +
92
Skander +
Tachfin arabe +
Tahar arabe +
Taïbi arabe +
Tamim arabe +
Tartouchi arabe +
Tayeb arabe +
Touhami arabe +
Toumert arabe +
Yahia arabe +
Yamina arabe +
Yamna arabe + +
Yekker berbère +
Youcef arabe +
Younès arabe +
Zahra arabe +
Ziada arabe +
93
2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes
2.4.3.3.5.1 Les noms théophores
On entend par noms théophores les noms qui ont dans leur structure l’un des quatre-
vingt-dix-neuf noms de Dieu cités dans le Coran :
« Les croyants sont invités à invoquer le Seigneur en
l’appelant de noms multiples disséminés dans le livre
sacré (le Coran), noms collectés, décomptés. On en
trouve 99, le centième, le nom suprême restant inconnu
ou étant n’importe lequel des 99, ou bien « huwa »
(=Lui) ou encore Allah, de Elohim, ou encore « les
lettres mystérieuses, lumineuses » qui se trouvent au
début de certaines sourates. Il en existe7 » (Hammad
165)
Ces noms sont très usités dans les pays musulmans et le Maghreb n’est pas en reste
car, comme dit la Sourate VII : 180, « Allah détient les noms de l’excellence.
Invoquez-les, abandonnez ceux qui blasphèment ses noms ». Ils ont été introduits
dans la société maghrébine avec l’Islam. Ils sont, en majorité, des qualités attribuées à Dieu et
s’emploient avec la particule « abd » (esclave ou serviteur ou encore adorateur). En effet, le
nom de Dieu ne doit pas être porté par l’homme selon un hadith (parole du
prophète) : « Quand vous nommez, assujettissez. »
Par ailleurs, Chériguen dit que dans la société musulmane
« Dieu et l’homme ne doivent pas porter un même nom.
Ainsi, si Dieu est désigné par Allah (…), sa créature
doit être désignée distinctement de lui mais en rapport
avec lui, d’où l’usage du préfixe « abd ». Le nom
94
d’homme serait alors ainsi : Abdallah. » (« Toponymie »
65)
Cependant ils ont perdu dans certains milieux, notamment au Maghreb, leur caractère
sacré et ils sont employés sans la particule « abd ». A cet effet, Chériguen remarque :
« bien des noms d’homme (…) ont fini par perdre le
préfixe, le second composant devenant alors un simple
nom. Exemple : à partir de Abd el kader, « adorateur du
Tout-puissant », l’usage a fait Kader. En dehors du fait
que cette simplification obéit à la loi de l’économie
linguistique, il faut convenir que ce suffixe d’origine
n’est devenu un prénom que parce que le sens initial du
substantif (ou de l’adjectif) a été quelque peu altéré
par l’usage et l’habitude pour ne plus évoquer qu’un
prénom d’homme ou, au mieux, un patronyme. Le changement
linguistique est aussi une des causes de cette évolution
vers la simplification : c’est le produit d’une
différence entre un arabe classique sacralisé, en
Afrique du Nord, et un arabe algérien plus populaire et
plus profane. » (65)
2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes
Nous remarquons dans notre corpus la présence de noms qui renvoient aux prophètes.
Ainsi, à côté de Mohamed et ses différentes variantes et graphies (Mohammed, Mohand, etc.)
nous trouvons Ibrahim, Ismail, etc.
L’emploi de ces noms est très fréquent en Afrique du Nord et leur usage participe
d’une symbolique qui veut que l’emploi de tel ou tel nom confère à son porteur les qualités
premières du premier porteur permettant ainsi au nom d’exercer son pouvoir sur la
communauté.
95
2.4.3.3.5.3 Les hagionymes
Nous entendons par hagionymes les noms des saints reconnus dans une communauté
religieuse. Abbès affirme :
« la multitude des sanctuaires dressés à la mémoire d’un
mystique mort et enterré ailleurs est une conception
populaire typique de l’islam populaire maghrébin. Cette
pratique est fondée sur le culte de l’absent. » (132)
L’emploi des hagionymes dans l’œuvre de Djaout est à vocation ethnographique car
ils sont là pour rendre compte des habitudes sociales de la société algérienne, surtout berbère,
et des croyances et mythes populaires. Ainsi Maâchou ben Bouziane revient à plusieurs
endroits dans notre corpus et est commun à deux textes (L’Exproprié et Les Chercheurs d’Os
avec deux et sept occurrences respectivement). Par ailleurs bon nombre de saints
interviennent dans le corpus faisant office d’indications géographiques, tels que Sidi Yahia,
Sidi M’hamed, Sidi Mahrez, Sidi Abbou, etc.
En fait, ces saints participent à l’organisation sociale de la société, d’où les différents
pèlerinages organisés avec une grande dévotion et dont Djaout parle dans son œuvre :
« ces saints qu’on vénère parce qu’ils étaient des
mystiques, des juristes et des théologiens ont tous une
légende locale populaire empreinte de haute
spiritualité » : « Une femme jeune encore vint aussitôt
les solliciter. Mon fils est atteint d'un mal incurable,
ô mes maîtres. Vous, descendants du saint Sidi Maâchou
ben Bouziane aux pouvoirs innombrables, guérissez-le moi
; ma paire de bœufs est à vous. » (« Les Chercheurs »
60 ; « L’Exproprié » 150-1)
96
Nous remarquons dans ce passage que les pouvoirs prêtés aux saints sont héréditaires,
c’est-à-dire qu’ils suivent la lignée et sont transmis aux descendants.
2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances
Certains noms propres sont empreints de mythologie et leur attribution répond à des
croyances ancestrales. Nous rencontrons dans notre corpus des noms comme Akli ou Idir. Ces
deux noms illustrent notre propos. En effet, selon les croyances, donner le nom de Akli à une
personne préserve son porteur du mauvais œil, Akli témoignant d’une profession (boucher) et
d’un teint (noir) ; c’est la deuxième qualité qui est invoquée fonctionnant comme un totem.
Cela témoigne du pouvoir symbolique du nom.
2.4.3.3.5.5 Les sobriquets
La pratique du sobriquet ou du surnom est courante dans presque toutes les sociétés. Il
arrive parfois que le sobriquet se substitue au nom usuel et devienne un anthroponyme. Le
sobriquet est souvent donné en référence à une caractéristique physique, psychologique ou à
une profession. Son emploi témoigne d’une certaine intimité entre les différents interlocuteurs
et revêt un caractère soit amical, soit taquin.
Nous avons recensé dans notre corpus quelques sobriquets :
- Elbouliga : l’obèse (ou celui qui a la diarrhée, qui a mal au ventre)
- Brik : beignet tunisien indiquant ici la profession du premier porteur et par là même
son origine géographique ;
- Mezayer : le coincé, l’avare ;
- etc.
Ces sobriquets servent à décrire les personnages qui les portent et leur simple usage
dispense d’une description.
97
2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs
Ces noms sont souvent explicitement liés à un espace géographique précis et rendent
compte de l’histoire des individus qui les portent. Nous trouvons dans le corpus des noms
comme Ouancharissi, originaire de l’Ouarsenis, massif montagneux du nord ouest de
l’Algérie.
Toutefois l’auteur use de détours pour marquer l’origine d’un personnage. Il est
presque impossible de détecter cette origine si le lecteur n’a pas une connaissance approfondie
de la culture et de l’histoire algériennes. Ainsi, à première vue, le nom Skander Brik
n’évoque-t-il qu’un nom algérien. Cependant, il peut être interprété comme d’origine
tunisienne à cause de Brik « beignet ou personne qui le prépare en Tunisie » et d’origine
égyptienne grâce à Skander « hypocoristique d’Alexandre ou originaire d’Alexandrie » (Cf.
Infra)
A côté de tous ces noms, nous pouvons citer un procédé de dénomination qui est celui
des titres honorifiques. Ce sont des particules qui s’utilisent soit seules, soit avec un nom ou
un prénom. Leur utilisation répond à une exigence de bienséance et de respect. Certaines sont
connotées de religiosité tandis que d’autres font référence aux règles de cohabitation dans la
société algérienne en général, et kabyle en particulier.
Selon Abbès, « les titres honorifiques recouvrent un éventail de procédés formellement
hétérogènes » (137). C’est ainsi qu’elle présente ces procédés :
Tableau 13 : Les titres honorifiques
Titre Forme tronquée Origine Genre
Sidi Si arabe masculin
Dada Dda ou Da kabyle masculin
Cheikh — arabe masculin
L’hadj Hadj arabe masculin
98
Pourtant, on ne saurait limiter l’interprétation du nom propre au niveau onomastique
puisque le nom propre est toujours investi d’une épaisseur destinée à cautionner un certain
point de vue de l’auteur. En effet, celui-ci n’utilise jamais le nom propre sans arrière-pensées
et sans volonté de faire passer un message, de laisser apparaître une intention particulière.
C’est ce que nous nous proposons de découvrir dans ce qui suit.
2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction
Nous avons relevé dans notre corpus un grand nombre de noms propres de personnes
ou d’anthroponymes qui respectent en général les règles de formation. En effet, l’écrivain qui
crée des noms propres est tenu de respecter certaines règles de construction.
Certes le « romancier a la liberté (mais aussi le devoir) de créer des noms propres à la
fois inédits et exacts » (Barthes, « Le Degré » 128), mais lorsqu’il les crée, il doit s’assurer
que tel ou tel autre nom respecte les règles onomastiques socialement admises.
Néanmoins, par delà ces règles, « dans une fiction,
précise Bernard Magné, le nom est soumis à deux
tendances contradictoires : selon la vraisemblance, il
doit obéir à la règle de l’arbitraire ; selon la
signifiance, il doit obéir à la règle de
surdétermination. Une trop évidente motivation du nom
fonctionnel sape les effets de réel. » (qtd. In
Achour ;Bekkat 84)
L’écrivain essaye de concilier les deux tendances pour obtenir un emploi optimisé du
nom propre.
Tout d’abord, Djaout utilise à la fois des noms banals, de tous les jours mais auxquels
il assigne une fonction particulière. Dans ses romans, chaque nom est là pour étayer son
99
argumentation sur un thème particulier. Et lorsqu’il n’a pas ce rôle, il fonctionne comme
« pôle » de l’histoire romanesque.
Ensuite, à travers les noms utilisés par Djaout, nous pouvons, d’une part, entrevoir
l’évolution du nom propre en Algérie, et d’autre part le classer dans un cadre géographique
précis.
Enfin, nous pouvons distinguer un emploi particulier du nom patronymique et du
prénom selon la période de la vie du personnage.
2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive
Dans ses deux derniers romans — Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison —
Djaout fait de l’emploi du nom propre une stratégie discursive16.
En effet, il utilise sa substance symbolique comme moyen de convergence vers une
thématique précise. Boualem Yekker ou Menouar Ziada ou encore Mahfoudh Lemdjad sont là
pour rappeler au lecteur les dangers de l’obscurantisme, du nationalisme à outrance ou encore
les vertus des traditions ancestrales.
Menouar Ziada dans Les Vigiles est le bouc émissaire d’une conspiration en haut lieu
dans une localité enclavée où « les vigiles » ne pensent qu’aux privilèges octroyés par leur
statut d’anciens maquisards. Son nom qui signifie littéralement « l’illuminé » nous annonce
que ce naïf va nous éclairer sur les manigances de ces vigiles. Effectivement, à la fin du
roman, il a une réflexion dans ce sens mais il n’arrive pas encore à franchir le pas et à
l’exprimer réellement :
16 On entend par stratégie discursive, l’ensemble des moyens
linguistiques mis en œuvre par l’auteur en vue de faire passer ses
positions et d’amener le lecteur à adhérer à celles-ci. Voir aussi ici
Partie II, p. 105.
100
« Menouar Ziada a envie de dire que ce pays appartient à
tous ses citoyens et qu'il ne comprend pas toujours
cette manie des anciens combattants de vouloir le
défendre contre son propre peuple. Et puis, défendre
quoi exactement? Le pays ou leurs privilèges? » (« Les
Vigiles » 111)
Quant à Mahfoudh Lemdjad, le héros de ce roman, il est l’incarnation des idées de
l’auteur qui prône un saut qualitatif dans la société algérienne tout en respectant la tradition et
en insistant sur un retour indispensable au passé pour une construction plus effective de
l’identité nationale dans toutes ses dimensions. C’est ainsi que Mahfoudh Lemdjad, inventeur
d’un métier à tisser presque disparu, se voit confronter aux vigiles et à l’appareil
bureaucratique. Son combat est clairement dirigé contre ces hommes qui ont substitué à
l’identité algérienne une autre identité aux fins de préserver leurs privilèges. Ceux-ci voient
dans l’invention un subterfuge dans le but de les destituer de leur poste et un risque majeur
dans la mesure où elle leur rappelle leurs traditions et leur passé. Bref, l’utilisation de ce nom,
Mahfoudh Lemdjad, qui signifie « celui qui préserve les gloires du passé » est plus que
représentative de la stratégie discursive de Djaout.
2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique
Le nom propre dans les romans de Djaout a encore cette fonction de situer un
personnage par rapport à son origine géographique et / ou culturelle.
Nous remarquons à cet effet dans le deuxième texte de notre corpus, à savoir Les
Chercheurs d’Os, que les personnages portent des noms qui témoignent de leur origine. Ainsi
l’onomastique de ce roman est basée sur une dénomination propre à la Kabylie. Hormis le
personnage-narrateur qui n’a pas de nom, les autres personnages sont désignés par des noms
qui marquent la filiation par rapport au père. Nous citerons comme exemple le compagnon du
101
jeune garçon, en l’occurrence Rabah Ouali : « Rabah fils d’Ali ». A côté de ce nom nous
avons également Hand Ouzarouk, Ali Ouahmed, Chérif Ourezki, etc.
Ces noms sont constitués de deux éléments : le premier est un prénom, tandis que le
deuxième est l’association d’un autre prénom (celui du père) et de la particule filiative « ou »
(fils de…). Ce deuxième segment fonctionne comme patronyme. Cependant celui-ci n’est pas
commun à toute la société algérienne. Il nous renseigne ainsi sur l’origine géographique et, ce
qui va de soit, sur l’origine culturelle. Il n’est en fait que la désignation courante dans la
tradition kabyle, abstraction faite du patronyme imposé par l’état civil qui est réservé aux
correspondances administratives.
Tous ces noms fonctionnent dans la société kabyle et dans le cadre géographique qui
lui est réservé dans le texte. Le déplacement des personnages, qui produit un effet de
dépaysement, est accentué par le « dépaysement onomastique ». En effet, dès que change
l’espace habituellement connu par le garçon-héros, les noms changent avec lui.
Par ailleurs, dans le troisième texte — L’Invention du Désert —, les noms propres sont
pour la plupart des noms historiques : Ibn Toumert, Ibn Tachfin, Abdelmoumen ibn Ali, etc.
Ces personnages ont fait l’Histoire de l’Afrique du Nord au Moyen Age. Mais en dehors de
leur illusion référentielle, ils signifient un état, à une époque donnée, de l’onomastique
algérienne. Celle-ci a été adaptée aux desseins du conquérant — arabe ou français — dans un
but d’appropriation du territoire et de l’histoire. En effet, Djaout fait allusion à cette
appropriation dans son premier texte en évoquant un personnage historique: « Ali Amoqrane
(= ? Mohand Ath Moqrane ~ El-Moqrani) » (« L’Exproprié » 15) La diversité des
dénominations témoigne d’une volonté de corruption du nom propre afin de travestir
l’Histoire.
Nous pouvons dire que dans les deux cas cités le nom propre fonctionne comme un
repère à la fois historique, géographique et culturel.
102
2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance
Le nom propre est enfin utilisé par Djaout pour distinguer les deux moments de la vie
de ses personnages. En effet, Djaout, par une subtilité stylistique, se sert le plus souvent du
prénom et du patronyme pour désigner un personnage adulte, et du prénom uniquement
lorsqu’il s’agit d’un personnage enfant.
Lorsqu’il s’agit d’un souvenir d’enfance, le personnage est volontiers désigné par son
prénom, marquant ainsi un emploi particulier du patronyme. Celui-ci n’est invoqué qu’après
un passage par l’école, qui institue un rapport de distance entre les personnes.
Nous retrouvons effectivement le nom propre Boualem dans les passages renvoyant à
des souvenirs ou convoquant la mémoire :
« Boualem s’agrippe voracement à ces images comme s'il
sentait que le jour viendrait où aucune évasion, même
par l'imagination, ne serait plus permise. » ; « Chaque
fois que Boualem prend un de ces livres aux lettres
crochues ou accolées, il se revoit à l'école coranique.»
(« Le Dernier 14 ; 60)
Par contre, le couple prénom + patronyme Boualem Yekker est souvent utilisé dans les
faits de la vie actuelle du personnage :
« Une pluie drue se met à tomber ; Boualem Yekker
accélère pour échapper à un désastre. » ; « Boualem
Yekker se retient de lui sauter au cou. Il est tellement
content de trouver un allié dans ce moment d'adversité.
Sa peur et sa nervosité s'évanouissent. Le monde
retrouve un visage humain. » ; « Boualem Yekker aspirait
à une humanité libérée de la hantise de la mort et du
châtiment éternel. » (15 ; 47 ; 68)
103
Nous remarquons le même procédé s’agissant du nom propre du personnage central de
Les Vigiles. La figure suivante représente les contextes où apparaissent le prénom et le
patronyme du personnage :
Figure 15 : Contexte d’un nom propre
Finalement, nous pouvons dire que l’emploi du prénom pour désigner le personnage
durant l’enfance participe à la caractérisation de celui-ci dans la mesure où le prénom
accentue ce rapport à l’enfance et défait les liens symboliques que tissent le patronyme avec le
monde réel car l’enfance, et ce qui s’y rattache, est le berceau du rêve et de l’imaginaire.
2.4.3.4 Les néologismes
On entend par néologismes les mots nouveaux qui, à un moment donné de la vie d’une
langue, se trouvent employés, généralement par un seul individu, dans le système de cette
langue. On parle alors de néologie lexicale. Celle-ci est définie par Guilbert comme « la
possibilité de création de nouvelles unités lexicales, en vertu des règles
de production incluses dans le système lexical. » (31)
104
Il ajoute plus loin que « l’étude de la néologie consiste (…) à rassembler un ensemble
de néologismes apparus dans une période précise de la vie de la communauté linguistique. »
(31) Nous allons tout d’abord porter dans un tableau (Annexe 6) tous les néologismes apparus
dans notre corpus et ensuite, nous essayerons de dégager la portée pragmatique de ces mots
puisque
« le néologisme littéraire diffère profondément du
néologisme dans la langue. Celui-ci est forgé pour
exprimer un référent ou un signifié nouveau (…). Le
néologisme littéraire, par contre, est toujours perçu
comme une anomalie, et [il est] utilisé en raison de
cette anomalie, parfois même indépendamment de son
sens » (Riffaterre, « La production » 61)
2.4.3.4.1 Relevé statistique
Nous distinguons dans cette liste (Annexe 6) trois catégories de néologismes : des
adjectifs verbaux, des noms et des verbes. Les adjectifs verbaux sont formés à partir des
participes présents auxquels l’auteur ajoute tantôt la marque du féminin, tantôt celle du
pluriel. Les noms quant à eux sont, pour la plupart, des noms construits avec le suffixe -eur.
Enfin, les verbes sont spécifiques par l’emploi, dans leur formation, du préfixe re-.
Une grande partie des néologismes sont relevés dans L’Exproprié (25 formes) ; vient
ensuite L’Invention du Désert (18 formes), Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison (10
formes chacun) ; enfin, Les Chercheurs d’Os (08 formes). Cette remarque permet de
consolider l’hypothèse selon laquelle L’Exproprié est un texte différent des autres textes du
corpus. Cependant il se rapproche de L’Invention du Désert. Les trois autres textes sont, en
outre, voisins et entretiennent des liens entre eux. La présence d’un grand nombre de
néologismes dans L’Exproprié renseigne encore une fois sur le travail engagé par l’auteur
105
dans l’écriture foncièrement différente de ce texte dans la mesure où celui-ci tend vers le
poème. Le propre même de ce texte est de créer une nouvelle syntaxe, mais aussi et surtout un
univers lexical qui défie les règles lexicales établies.
En effet, Djaout « aime forger des néologismes (…). Il affirme qu’il aime les mots
incultes qui l’aident à « ruiner la syntaxe », à « terroriser le verbe » (…) » (qtd. In Toso
Rodinis 131-2)
Le nombre de néologismes n’est peut-être pas indicatif mais il est certainement
significatif. Selon Riffaterre, « le néologisme est plus motivé que le non-
néologisme. » (65)
2.4.3.4.2 Néologisme et implicite
A la lecture du relevé succinct des contextes où sont apparus ces néologismes, effectué
par la machine, nous notons qu’hormis indénonçable et égaration17, qui sont attribués à des
personnages, le reste des néologismes est l’œuvre du narrateur qui s’identifie souvent à
l’auteur. Il n’en demeure pas moins que ces mots sont utilisés pour satisfaire des desseins que
l’auteur s’assigne et assume, telles la perversion de la syntaxe et la destruction des normes de
formation lexicale. Il affirme dans L’Exproprié sa volonté de
« souder mots pour faire émerger caricature d'un
semblant de révolte. Revendication formulée à travers un
délire qui feignait de nier toute structure au nom d'une
saignée (authentifiée par intérim !) et d'une poignée
d'abysses. Je me réjouissais toutefois en considérant la
récolte : mots lavés de leur gangue atavique, infarctus
de l'ordre et de la syntaxe. » (116)
17 Ce mot est placé entre guillemets dans le texte : cf. L’Invention
du Désert, p. 47.
106
Et Toso Rodinis dit :
« c’est sa façon de transgresser l’expression française
(…) pour confirmer sa propre identité et sa différence,
une fois entré « dans la gueule du loup », en
transmettant ainsi l’universel de son remous
psychologique. » (132)
Djaout porte la création de mots, qui restent toutefois « la résultante d’une
dérivation à partir d’une donnée initiale » (Riffaterre, « La Production »
62), au niveau de la révolte et de la révolution. L’acte de création est pour lui un acte de
changement social et il ne saurait se faire sans un bouleversement du langage, qui est
certainement l’institution sociale par excellence et où tous les individus d’une communauté se
reconnaissent.
Puisque « les usages sociaux de la langue doivent leur
valeur proprement sociale au fait qu’ils tendent à
s’organiser en systèmes de différences (…), reproduisant
dans l’ordre symbolique des écarts différentiels le
système des différences sociales » (Bourdieu,
« Langage » 83)
l’auteur veut abolir ces différences qui sont tout d’abord latentes dans le rapport entre
un français métropolitain et un français algérien, ensuite manifestes dans la société algérienne
par la séquestration de la langue et du langage par les « zèbres de l’Académie »
(« L’Exproprié » 43). Guilbert ajoute que la néologie lexicale dans son aspect
sociologique
« consiste dans le changement du statut social du mot en
tant qu’unité de fonctionnement du langage, dont le
principe, essentiellement social, réside dans la
107
communication entre les sujets parlants d’une
communauté. » (80)
Enfin le néologisme ne saurait être détaché du corps du texte pour être analysé
indépendamment, mais il doit être envisagé du point de vue du rapport qu’il entretient avec
les thèmes présents dans le texte. Le néologisme, comme le nom propre18, est là pour
« servir implicitement un ensemble de thèmes » (Riffaterre, « La
Production » 71), et plus particulièrement, le néologisme littéraire qui,
« loin d’être arbitraire, loin d’être un corps étranger
dans la phrase, est le signifiant le plus motivé qu’on
puisse trouver dans le texte (…). Sa fonction est (…) de
réunir ou condenser en soi les caractéristiques
dominantes du texte. Fait exprès, créé pour les besoins
de la cause, il est par excellence le mot propre. » (74)
2.5 Conclusion partielle
A la fin de cette première partie nous sommes arrivé au constat selon lequel la
statistique introduit dans le champ de la linguistique appliquée à la littérature une nouvelle
approche. En effet, elle permet, d’un côté, de construire des bases objectives pour l’analyse
textuelle, et de l’autre, elle donne une assise scientifique aux intuitions en matière
d’interprétation littéraire.
En somme, nous avons abouti à certaines conclusions qui nous seront utiles au cours
de la deuxième partie. Cela dit, il est nécessaire de revenir sur certaines d’entre elles.
18 « L’égalité du nom propre et du nom commun devant la création est
bien illustrée par un cas extrême : celui où l’écrivain fait semblant
d’user de mots courants qu’il invente cependant de toutes pièces (…). »,
Barthes, R. (1972) : op. cit., p. 131.
108
Nous avons pu, en premier lieu, constater que malgré le caractère « erratique » du
lexique, que des auteurs comme Hjelmslev (« Essais » I, 97) soutiennent, il dépend
cependant d’une structure, voire d’une structuration. La nuance est importante car la
structuration19 implique un processus engagé par l’auteur, tandis que le mot structure est pris
dans son état statique.
L’intervention de l’auteur dans l’emploi du lexique est perceptible à travers plusieurs
facteurs. Ainsi, la richesse lexicale aussi bien que les hapax de chaque texte sont-ils
conditionnés par ses thèmes. Thèmes qui sont traités par l’auteur en utilisant un lexique
propre, dont la structuration va de pair avec l’orientation donnée aux thèmes. Cela suggère
qu’en réalité la richesse lexicale ne se traduit pas par un accroissement du vocabulaire, mais
par une « spécialisation lexicale ». Nous entendons par là que l’évolution chronologique
n’amène pas, forcément, un accroissement du capital lexical, mais, au contraire, un contrôle
judicieux du vocabulaire dans le but de servir des desseins particuliers.
Par ailleurs, certaines composantes du lexique échappent à ce contrôle dans la mesure
où elles contribuent à l’organisation psychique de la langue. Ces composantes ont été relevées
dans ce que nous avons appelé les « groupes de fréquences ». Ces hautes fréquences sont en
fait les unités que tout locuteur d’une langue donnée utilise pour structurer son discours.
En second lieu, l’approche statistique a pu prouver l’existence de liens entre les
différents textes. La frontière physique qui sépare les différents textes a été réduite par l’outil
informatique qui a pu mettre en évidence les fils à travers lesquels communiquent ces textes.
19 La structuration « indique en quelque sorte un aspect dynamique, l’
« acte » ou le « processus » d’organisation structurelle. », Cazacu (1957),
cité par Cassas Gomez M. : « L’euphémisme et la théorie du champ morpho-
sémantique », In Cahiers de lexicologie n°49, 1982-2, p.36.
109
En effet, la connexion lexicale a mis en exergue les relations et les affinités entre eux. Nous
avons pu conclure que, par exemple, L’Exproprié, même s’il reste un texte extrêmement
différent des quatre autres, demeure lié à L’Invention du Désert. De même que Les
Chercheurs d’Os est lié à Les Vigiles, tandis que Le Dernier Été de la Raison est tantôt lié à
L’Invention du Désert, tantôt à Les Vigiles. Cela témoigne du réseau thématique qui est sous-
jacent à l’œuvre romanesque de Djaout.
Enfin, l’exploration de la base a décelé les spécificités lexicales de Djaout qui ont
permis de dégager son « portrait lexical ». Mais au-delà de ce portrait, c’est sa stratégie
discursive qui apparaît en filigrane. En effet, l’étude des emprunts, mais surtout des xénismes,
a abouti à la conclusion selon laquelle l’emploi de ces mots étrangers a une double
conséquence. Ils reflètent, tout d’abord, un lieu à partir duquel s’écrit le texte, à savoir
l’espace maghrébin. Puis, ils donnent à la langue française une substance nouvelle tout en
clamant une différence dans son utilisation. De cette manière, la langue française
« renouvelée » devient un cri de révolte contre tous les interdits. A ce propos, Djaout disait :
« Je ne sais pas si ce n’est pas une manière pour moi de
dire que le français que j’écris est différent, qu’il
vient d’un autre lieu où le métissage est très
important, est beaucoup plus possible qu’en France. Le
français n’est pas totalement assumé par moi dans une
optique de pureté… C’est une sorte de fracture que
j’introduis dans la langue française, une certaine
manière de revendiquer un métissage qui interdit
l’entrée aux puristes de la langue française. » (qtd. In
Tcheho 221-2)
Ainsi, celui qui interdit tombe-t-il à son tour sous le coup de l’interdiction.
110
L’étude d’un autre type de xénismes représenté par le nom propre nous conduit à
d’autres conclusions. D’abord, l’utilisation des noms propres n’est pas seulement dictée par
un souci de réalisme, mais elle contribue à asseoir la stratégie discursive de l’auteur. Nous
l’avons vu, la sémantique des différents noms propres est là pour conforter et accompagner la
sémantique générale des textes. Ensuite, le nom propre est inscription dans un territoire, tout
d’abord géographique, culturel ensuite. Enfin, il est revendication en tant qu’identité, que
celle-ci soit liée à la culture ou au territoire de l’enfance. En effet, le nom propre est utilisé
pour renvoyer le personnage20 dans son enfance lui donnant une épaisseur par rapport aux
autres personnages en tant que dépositaire d’une mémoire et détenteur d’une pureté.
Enfin, les néologismes, en tant que spécificités lexicales, nous renseignent eux aussi
sur les visées de l’auteur. Le néologisme rejoint le xénisme dans sa détermination symbolique.
En effet, il symbolise un emploi autre de la langue, qui défie la norme imposée. Il participe,
dans ce cas, de l’identité de son créateur. Mais il sert aussi, comme le nom propre, à illustrer
une thématique donnée.
Cependant, les différentes conclusions que l’approche statistique a pu dégager, chiffres
à l’appui, ne dispensent pas le chercheur d’une étude plus poussée. Il est de son devoir de
confirmer à chaque fois ses hypothèses dans la mesure où chaque résultat est une nouvelle
question.
Les résultats que nous avons obtenus jusque-là nous ont souvent conduit vers une
autre piste, en l’occurrence celle des thèmes. C’est donc à cet exercice que nous allons nous
20 Certains personnages ont une mémoire et une enfance qui sont
accompagnées par l’usage du prénom attirant ainsi la sympathie de l’auteur
et surtout du lecteur, tandis que des autres, nous ne connaissons rien, si
ce n’est leur nom patronymique.
111
consacrer dans la deuxième partie de notre travail pour montrer que le lexique est employé
pour rendre compte d’un thème dans une perspective d’un « faire » dans la mesure où « [...]
dire, c’est faire ».
112
3 DEUXIEME PARTIE : APPROCHE THEMATIQUE
3.1 Chapitre I : Les textes et leurs spécificités lexicales
3.2 Chapitre II : Les thèmes dominants dans le corpus
3.3 Conclusion partielle
113
« Je connais la force des mots.
Du vent semble-t-il, des pétales tombés sous
les talons d'une danse, mais l'homme pourtant,
avec toute son âme, ses lèvres, sa carcasse. » Maïakovski
Des hypothèses ont été formulées sommairement à propos de la thématique de notre
corpus en général, et celle de chaque texte en particulier. Pourtant, elles ne restent que des
hypothèses tant que nous n’avons pas procédé véritablement à l’analyse thématique. C’est ce
travail que nous allons effectuer au cours de cette seconde partie. Nous avons vu plus haut que
certains thèmes fonctionnent comme des ponts qui relient les différents textes. Cependant,
cette interrelation est assurée par le mot. En effet, selon Bakhtine21, le mot fonctionnerait
comme un point de départ d’un pont qui relierait un discours à un autre discours dont le mot,
de l’autre côté, constitue le point d’arrivée de ce pont.
Par ailleurs, les mots qui perdent leur sens particulier n’ont de signification que par
rapport au texte dans la mesure où ils se constituent en réseaux isotopiques pour en former le
champ thématique. Selon Riffaterre,
« les effets que les mots, en tant qu’éléments d’un
réseau fini, produisent les uns sur les autres
substituent à la relation sémantique verticale une
relation latérale qui, se constituant au fil du texte
écrit, tend à annuler la signification individuelle que
les mots peuvent avoir dans le dictionnaire. »
(« L’Illusion » 94)22
21 Cf. Bakhtine, M. (1981) : Le principe dialogique, Le Seuil, Paris.
22 Riffaterre, M. : « L’illusion référentielle », In Littérature et
réalité, Ouvrage collectif, Ed. du Seuil, Paris, 1982, p. 94.
114
Cela dit, les thèmes présents dans un texte sont repérables grâce aux réseaux
isotopiques interreliés par les mots. En fin de compte, les mots n’ont pas de signification mais
une signifiance puisque celle-ci n’est pas intrinsèque au mot mais se construit dans le
dialogue qu’il entretient avec les autres mots. A cet effet, Michel Riffaterre dit que « la
signifiance, c’est-à-dire le conflit avec la référentialité apparente, est
produite et régie par les propriétés du texte (…) » (94) en tant que discours
faisant référence à d’autres discours. Et le texte, en tant que discours, ne doit pas être résolu
« dans un jeu de significations préalables » (Foucault, « L’Ordre » 55).
Certes, le texte est un appel à d’autres discours mais il est surtout le lieu où se dépose
une « formation discursive » particulière. Celle-ci est constituée par l’ensemble des thèmes
qui peuvent être considérés comme caractéristiques d’une œuvre, organisés dans un système
qui définit une « formation idéologique ».
En effet, « dans le cas où entre les objets, les types
d’énonciation, les concepts, les choix thématiques, on
pourrait définir une régularité (un ordre, des
corrélations, des positions et des fonctionnements, des
transformations), on dira par convention qu’on a affaire
à une formation discursive (…) »
(Foucault, « L’Archéologie » 53)
En d’autres termes, l’auteur qui construit son texte accomplit nécessairement, par un
jeu thématique, une sorte de signature de son œuvre en défendant ou en dénonçant une
certaine conception idéologique ou pragmatique de la réalité sociale qui l’entoure. Il contribue
ainsi à refaçonner l’univers textuel par l’utilisation de vocables qui, s’organisant autour d’un
thème, participent à l’élaboration de la stratégie discursive de l’auteur dans la constitution de
sa « formation idéologique » ou, à la suite de Lucien Goldmann, de sa « vision du monde » et
celle de son groupe. Une formation idéologique comporte « nécessairement (…) une ou
115
plusieurs formations discursives interreliées, qui déterminent ce qui peut
et doit être dit (…) dans une conjoncture donnée. » (Haroche et al. 101)
A la lumière de ces considérations théoriques, nous diviserons cette partie en deux
chapitres. Nous allons, tout d’abord, dans le premier, traiter des spécificités de chaque texte
dans le but d’en dégager, à travers les « mots-thèmes », les champs isotopiques qui
constitueront les thèmes majeurs de notre corpus. Ensuite, dans le second, nous tenterons, une
fois délimités les différents thèmes, de reconstituer la « formation discursive » de Djaout qui
sous-tend une « formation idéologique » qui représente ses principales préoccupations en tant
qu’écrivain et intellectuel.
116
3.1 Chapitre I : Les textes et leurs spécificités lexicales
3.1.1 L’Exproprié
3.1.2 Les Chercheurs d’Os
3.1.3 L’Invention du Désert
3.1.4 Les Vigiles
3.1.5 Le Dernier Été de la Raison
117
Après avoir dégagé le vocabulaire spécifique de chaque texte composant notre corpus
nous allons procéder, à chaque fois, au cours de ce chapitre, à l’analyse de ce vocabulaire
dans le but de déterminer les points de continuité et de discontinuité du lexique de Djaout.
Ceci nous permettra de repérer les mots thèmes « par lesquels [se motiverait] la
pensée » (Guiraud 39) de l’auteur, pour pouvoir les exploiter dans le deuxième chapitre.
3.1.1 L’Exproprié
Les résultats présentés dans le tableau de l’annexe 7 nous montrent le vocabulaire
spécifique du premier roman de Tahar Djaout, à savoir L’Exproprié. Nous voyons en haut de
cette liste le pronom je et ses variantes grammaticales dont me, m’, moi. Cette prédominance
est intrinsèque au genre ambigu de ce texte. En effet nous avons, à plusieurs reprises, dit que
ce texte est plus proche du poème que du roman. Nous savons également que le pronom je est
spécifique, dans une large mesure, à la poésie où l’exaltation du moi est prépondérante.
Barthes dit, à juste titre, que « moins ambigu, le « je » est (…) moins
romanesque (…). » (Barthes, « Le Degré » 29)
L’analyse factorielle (Figue 16) représentant la distribution des pronoms personnels
dans le corpus conforte les résultats obtenus dans le tableau précédent. Cette figure montre
également la présence dans ce texte, comme spécificité, du pronom tu qui est corollaire du
pronom je.
118
Figure 16 : L’analyse factorielle des pronoms
A côté de ce vocable, nous pouvons en entrevoir d’autres qui renvoient également à la
poésie, non parce qu’ils lui sont propres car « le lexique poétique est lui-même un
lexique d’usage, non d’invention » (Barthes 35-6) mais parce qu’ils caractérisent
les thèmes du texte. Nous pouvons citer mère, papa, poèmes, poème, poète. Ces derniers sont,
à plus d’un égard, caractéristiques de ce texte. Autour de ces termes, se construit un univers
digne des poètes romantiques, fait de soleil et de mer entre lesquels se dresse une forêt
reposante et enivrante.
De là l’on peut aussi deviner les thèmes dominants dans ce texte. Ainsi l’enfance est-
elle presque un refuge pour le narrateur-voyageur. C’est un thème récurrent dans la mesure où
foisonnent des termes comme enfant(s), fille, mère, père, papa, etc. Ce thème est corollaire
d’un autre thème non moins important qui est l’espace. En effet ces deux thèmes sont liés par
l’opposition qu’ils instaurent village/enfance, ville/adulte que nous verrons en détail dans un
autre chapitre.
L’espace que traverse ce narrateur lui permet de convoquer l’univers de l’enfance et
lui permet de retracer et de remonter les traces de l’Ancêtre (ou Amoqrane), vocable
119
spécifique de ce texte. Le déplacement dans l’espace hétéroclite est donc un thème conducteur
dans ce roman.
Par ailleurs, la critique des faux dévots, dont le missionnaire est la figure
emblématique, ajoutée à la satire des zèbres de l’académie et des « détenteurs » de littérature
de tout acabit, est aussi signifiante dans ce texte.
Il faut signaler enfin que la figure de l’Ancêtre est la désacralisation même de
l’Histoire, autre thème marqué par la présence d’El Mokrani, héros de la résistance contre
l’occupant français. Les frasques de ce personnage ancestral délivrent un double message
qu’il faut décrypter : tout d’abord, le statut de héros de ce personnage est à relativiser dans un
élan de désacralisation. La désacralisation de l’histoire de chaque homme contribue à la
désacralisation de l’Histoire globale des hommes ; puis la dénaturation du nom de ce héros —
« Ali Amoqrane (=? Mohand Ath Moqrane = El-Moqrani) » (15) — est à même de
suggérer une volonté de travestissement de l’identité des personnages historiques : ne reste de
ce héros national que le nom d’El Moqrani, forme arabisée du nom berbère.
En somme « L’Exproprié est un roman bâti sur le conflit
entre ce qui tente de pérenniser le despotisme et
l’immobilisme de l’histoire et la poésie qui reste le
meilleur moyen de révolte, de libération et de
renaissance. » (Kazi-Tani, « Flash » 63)
120
Figure 17 : La distribution des vocables village et ville
3.1.2 Les Chercheurs d’Os
Les Chercheurs d’Os, deuxième roman de Djaout, comme nous l’avons présenté plus
haut, est le récit d’un jeune adolescent qui quitte, pour la première fois, son village natal,
perché sur une colline qui domine la mer, pour aller à la recherche des os de son frère mort au
combat en héros. Cette quête va constituer le fil d’Ariane de la trame narrative.
A cet effet, « l’héroïsme du frère sera (…) le thème
introducteur d’un triple procès :
– procès des mascarades officielles, par le truchement
de la figure négative de l’instigateur tout puissant de
la tâche macabre. (…)
– procès de la faillite de la génération des pères »,
d’où la fréquence de substantifs comme parents, troupeau
et d’adjectifs péjoratifs tels que honteux, silencieux,
entassés.
– procès, en dernier lieu, de l’espace ancestral en
121
déliquescence. Les silhouettes avachies des vieillards,
« chiffes répugnantes », « détenteurs hypocrites d’une
sagesse qu’ils ne respectent même pas », « mollusques »
indolents, « poules oppressées » et « crapauds
affalés », révèlent la face hideuse d’un monde
recroquevillé sur lui-même. Animalisées, fossilisées et
privées d’histoire car témoins d’un âge sans grandeur et
sans honneur, elles s’opposent, par leur charge
négative, à la lumière et au dynamisme de l’absent »
(F.A., « Le Brouilleur » 153-4) qu’est le jeune.
Cette dualité jeunes, jeunesse/ vieillards est illustrée par l’environnement thématique
de ces vocables comme représenté dans les figures 18, 19 et 20. Nous remarquons que
l’environnement immédiat du vocable vieillards est caractérisé par la fréquence de termes à
valeur négative tels que crapauds, mouches et d’autres qui annoncent leur destin : mort ; ou
encore ceux qui témoignent de leur immobilité tels que djemaa ou leur croyance : saints,
tutélaires, prêtres.
Quant à jeunesse et jeunes, leur environnement thématique est composé de termes
mélioratifs : vigueur, délices, générosité ; des termes qui témoignent de leur action :
transformer, arracher, assaillir et de leur mouvement : errance, étirements, passagers.
122
Figure 18 : L’environnement thématique du vocable vieillards
Figure 19 : L’environnement thématique du vocable jeunes
123
Figure 20 : L’environnement thématique du vocable jeunesse
Figure 21 : Distribution des vocables vieillards et jeunes
Par ailleurs, Les Chercheurs d’Os en tant que récit mettant « en relief le rapport de
l’Algérien à l’histoire et, plus exactement, à celle de la guerre de libération » (Kazi Tani,
« Flash » 63) présente une multitude de termes (Annexe 8) en relation avec cette guerre tels
124
que militaire(s), camions, avions, morts, etc. Et s’agissant de la distribution du terme guerre
dans le corpus, nous pouvons voir à travers la figure 22 qu’il est spécifique de ce texte dans
une large mesure.
A travers ce roman, Djaout « suggère que l’Histoire, en tant que mémoire du passé,
peut être détournée par le pouvoir en place pour mieux dissimuler les réalités du présent. »
(Kazi Tani 63)
Mais, selon Kazi Tani, ce qu’il « revendique dans Les
Chercheurs d’Os (…) n’est pas une quelconque mission
prophétique de dévoilement des réalités historiques et
de mise en garde pour le futur mais le droit de porter
un regard vigilant et lucide sur les hommes, leurs
actions et les « vérités » que leurs discours prétendent
contenir… » (64)
Figure 22 : Distribution du vocable guerre
125
3.1.3 L’Invention du Désert
L’Invention du Désert « est un texte qui tourne autour du désert »
(Djaout, In Tcheho 219), d’où la fréquence du terme désert. A la demande de son éditeur,
le narrateur de L’Invention du Désert entreprend d’écrire l’histoire des Almoravides. Pour ce
faire, il suit les déambulations d’Ibn Toumert, père spirituel de la dynastie des Almohades, à
travers le Maghreb. Ce personnage nous mène de ville en ville et l’auteur en profite pour
remonter aux origines de l’intolérance. Cependant l’histoire est presque impossible à écrire et
le narrateur se réfugie dans son enfance ou nous embarque dans d’autres voyages où il tente
de réconcilier l’Occident et l’Orient.
D’après le tableau (Annexe 9), nous pouvons constater que les fréquences les plus
excédentaires sont celles qui marquent justement ce voyage. Nous retrouvons ainsi les termes
désert, voyage, transhumances, la ville de destination du personnage central : Marrakech, le
terme oiseaux qui symbolise le mouvement. En effet, Djaout affirme :
« l'oiseau est le maître du mouvement, et le mouvement
régit le monde. C'est pourquoi j'aime associer l'oiseau
à tout ce qui fait naître en nous et attise l'émotion
incoercible — les violences de la tempête,
l'assoupissement caniculaire, la mer parcourue de
remous, les arbres malmenés par le vent. Il y a
toujours, pour moi, un oiseau aux commandes du mouvement
(…). » (« L’Invention » 127)
126
Par ailleurs « passé et présent se superposent (…) à partir des lieux contemplés et
remémorés, déserts réels (Aden, Sanaa, Ouargla…) qui deviennent bien vite, par le travail de
l’écriture, lieux où se déploient les obsessions et les délires pour dire l’indicible. »23
Ce roman est alors un récit de migration et d’errance. Celle-ci, c’est à l’enfant de la
relater, « de déjouer les pièges de l’aphasie, de tendre l’oreille aux chuchotements, de nommer
les terres traversées. » (122)
L’environnement thématique de ce terme — migration — (Figure 23), nous montre les
vocables avec lesquels il entretient une relation directe. Nous retrouvons ainsi les termes
hirondelles (symbole de migration), oiseaux, ciel, mais aussi enfant (migration vers le
territoire de l’enfance par le rêve — rêvait), mère, ou encore désir, pays, Arabie. Cependant la
migration c’est aussi la peine, les autres ; c’est entre la peine et les autres.
Figure 23 : L’environnement thématique du vocable migration
Nous avons vu que la migration, c’est aussi celle qu’entreprend le narrateur vers
l’enfance. Celle-ci se présente comme un refuge. A cet effet, Afifa Bererhi nous dit que chez
Djaout
23 Kazi-Tani, N. : « Flash sur l’œuvre de T. Djaout », art. cit., p.
65.
127
« le présent douloureux et étrange convoque le refuge
dans l’enfance. C’est là une constante repérable dans
l’ensemble poético-romanesque de Djaout en filiation
avec Jean Amrouche qu’il cite : « le poète n’est-il pas
l’homme dont la vie n’est pas séparée de la vie de la
mère ? » (Bererhi, « Migrations » 30)
Nous pouvons signaler, enfin, que migration et enfance dans ce roman sont parallèles
comme le montre la figure 24. Nous remarquons que la migration qui est sans doute
douloureuse s’accompagne par un refuge dans la douce enfance.
Figure 24 : Distribution des vocables migration et enfance
3.1.4 Les Vigiles
Ce roman, publié au début des années 1990, est l’histoire des déboires d’un jeune
inventeur d’un métier à tisser, Mahfoudh Lemdjad. Le récit se déroule donc dans une banlieue
d’Alger où le personnage central met au point une machine : un métier à tisser (ces deux
termes sont spécifiques au texte ; cf. Annexe 10).Cependant, il se heurtera rapidement à
l’appareil bureaucratique (fréquence de termes comme bureau, guichets, guichetier, fichier,
démarches, document, agent, administration).
128
Tout d’abord, au niveau de la mairie pour l’obtention d’un brevet d’inventeur. La
municipalité n’a pas l’habitude de telles demandes, vu que tous ses habitants « usent toute
leur énergie à traquer des produits introuvables comme le beurre, les
ananas, les légumes secs ou les pneus. » (42). D’ailleurs, le secrétaire général dit
froidement à Lemdjad :
« Vous venez perturber notre paysage familier d'hommes
qui quêtent des pensions de guerre, des fonds de
commerce, des licences de taxi, des lots de terrain, des
matériaux de construction » (42)
Même le terme inventeur est remis dans la méfiance car il prête à confusion dans la
religion. Dès lors, « il attire la suspicion des rouages de l’administration
dont Les Vigiles veillent, insomniaques, sur la fortune rentière. »
(Mokhtari, « La Blessure ») Ensuite au niveau de la préfecture pour l’établissement d’un
passeport (ce terme est fréquent)
A travers ce roman, ce sont tous les passe-droits et la séquestration de l’intelligence
qui sont dénoncés, annonçant par là même le dernier roman de Djaout :
« le roman de Djaout met en exergue différentes plaies
sociales : crise de logement, népotisme, démagogie,
bureaucratie, culte de la médiocrité et par-dessus tout,
la perversion des principes de la Révolution
algérienne » par Les Vigiles qui « sont certains
combattants de la guerre de libération devenus
responsables politiques et propriétaires des biens
arrachés aux colons. » (Kazi Tani, « Flash » 66 ; 65)
Se sentant trahi par ses anciens compagnons, Menouar Ziada, ancien combattant,
découvre le vrai visage de ceux qui détiennent le pouvoir. Il s’aperçoit que leur premier souci
129
est le gain personnel avant l’intérêt général. Déphasé par rapport à eux, il se réfugie dans
l’enfance et se suicide quand on lui fait porter le chapeau dans les tracasseries rencontrées par
l’inventeur qui, maintenant, est primé dans un pays étranger.
Nous remarquons que le pronom « il » est fréquent, justifiant l’écriture romanesque
de ce texte, à la différence, par exemple, de L’Exproprié où le pronom « je » est dominant.
Au-delà de la spécificité du « il » caractérisant le discours romanesque, il est également
représentatif de la « référentialité » du texte. A ce sujet, Maingueneau dit :
« le morphème il, à la différence de je-tu est un pro-
nom au sens strict, c’est-à-dire un élément anaphorique
qui remplace un groupe nominal dont il tire sa
référence. »(« L’Énonciation » 23)
Les Vigiles est, dans une large mesure, un texte référant à la réalité algérienne.
La comparaison de la distribution des deux morphèmes est donnée dans la figure
suivante :
Figure 25 : Distribution des pronoms je et il
130
3.1.5 Le Dernier Été de la Raison
Le Dernier Été de la Raison, après Les Vigiles qui, selon l’auteur, est « son premier
roman urbain », est lui aussi un roman urbain. L’analyse factorielle de l’espace montre, en
effet, que l’action de ce roman se déroule principalement dans une ville (Figure 26).
Figure 26 : Analyse factorielle de l’espace
Il n’y a plus de raison car « Les gens se sentirent fatigués de penser, une
lassitude s'abattit sur l'intelligence, et la raison vacilla » (« Le
Dernier » 114). Le texte met en scène le héros, Boualem Yekker, libraire de son état, face
à l’écrasante vérité de la foi. Boualem n’a qu’une retraite intellectuelle à défaut de physique.
Le vocabulaire spécifique de ce texte (Annexe 11) montre que les termes intelligence
et raison sont des fils conducteurs de la position du personnage central. Les Frères Vigilants
(F.V.), qui ont réussi à « convaincre » et à embrigader sa femme et ses enfants, sont désignés
par le biais d’un lexique diversifié : les termes les signalant (brigades, bandes, guerriers
afghans, nouveaux maîtres, détestables représentants, prédicateurs, nouveaux impétrants,
prêtres légistes, milices religieuses, vigiles insomniaques, etc.) sont au pluriel :
131
« L’individu est aboli par les nouveaux maîtres qui
n’admettent de la vie que le destin collectif et le
devenir d’une collectivité de l’au-delà avec pour
mission de corriger les déviances du monde de « l’ici et
maintenant » (Mokhtari, « La Graphie » 193)
Boualem résiste avec ses livres, ses rêves, son amour de la famille et ses désirs. Mais
sa résistance semble vaine, car « les thérapeutes de l'esprit » attirent les derniers vrais
penseurs, ses livres brûlent du feu de la foi, la raison cède à la violence (des termes comme
violent, brutalement, menace témoignent de cette violence), le silence et l’aphasie sont
imposés par le Livre. Les modérateurs de la foi vont même jusqu’à proscrire la roue de
secours qui met en doute la volonté de mettre son destin entre les mains de Dieu.
Djaout établit que le tyrannie intégriste, armé de son Œil Omniscient (le terme regard
revient à plusieurs reprises, Figure 27), produit des "bêtes d'affût" (menaçants, menace,
rendent compte de cette férocité), muselle l'homme (les termes soumis, humiliés,
impuissance, nous éclairent sur l’état de cet individu), le désavoue, foule sa chair et son
essence. Pris au piège, « il n'a plus ni bouche, ni estomac. Il n'est plus que
masse de nerfs vibrants. » (99)
En effet, « c’est contre cet Œil inquisiteur que Boualem
Yekker tente de résister en vain car, inexorable, il est
gommage de sa conscience, de sa culture et de sa
profession de libraire qui « profane » le Livre. »
(Mokhtari, « La Graphie » 185)
Cependant, le combat n’est pas perdu et l’heure de la reddition n’a pas encore sonné.
La dernière phrase sonne comme l'espoir (Figure 28) d'un lendemain qui ne va pas
désenchanter : « Le printemps reviendra-t-il? ».
132
Figure 27 : Distribution du vocable regard
Figure 28 : Distribution du vocable espoir
133
3.2 Chapitre II : Les thèmes dominants dans le corpus
3.2.1 Migrations
3.2.2 Un devoir de mémoire
3.2.3 La terre ancestrale
3.2.4 Enfance et territoire maternel
3.2.4.1 Enfance et village
3.2.4.2 Le territoire maternel
3.2.5 L’engagement
3.2.5.1 Combat pour la femme
3.2.5.2 Combat pour l’école
134
L’œuvre romanesque de Tahar Djaout est traversée par plusieurs thèmes qui révèlent
l’engagement de l’auteur dans les conflits socio-politiques mais aussi culturels. Son
engagement qui, comme nous le savons, lui a coûté la vie en juin 1993, à la suite d’un attentat
terroriste, se traduit par un combat continuel contre toutes les forces obscurantistes.
Ses différents romans, qui ont été accueillis favorablement par un lectorat de plus en
plus hétérogène, se répartissent selon deux grandes tendances thématiques, à savoir des
romans qui ont tendance à faire de la question identitaire un thème principal (L’Exproprié et
L’Invention du Désert) et ceux qui se consacrent à l’Histoire de l’Algérie (Les Chercheurs
d’Os, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison). A propos de Les Vigiles, l’auteur d’un
article de la revue Djazaïr reconduit cette taxinomie en affirmant :
« par le thème comme par la transparence du style, ce
roman se situe dans le cheminement des Chercheurs d’os,
alors que L’Exproprié et L’Invention du Désert, qui
posent globalement le problème de l’identité,
s’inscrivent dans une seconde catégorie des
préoccupations de l’auteur, avec une quête d’écriture
plus ambitieuse et [partant] plus complexe. » (K.B. 22)24
Cependant, ne reniant pas totalement cette taxinomie, Djaout disait :
« J’ai personnellement un rapport à l’écriture
extrêmement introspectif, donc j’ai des désirs
instantanés et des intentions ponctuelles. Le texte
prend la forme du désir. Je n’ai pas du tout délimité à
l’avance une certaine manière d’écrire. Il y a cependant
des maillons qui relient les différents romans entre eux
24 K. B. : « Tahar Djaout, ce vigile de l’écriture », In Djazaïr 2003,
n°, revue de l’Année de l’Algérie en France, p. 22.
135
même si Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles se présentent
de prime abord comme des textes plus ouverts, plus
lisibles. » (qtd. In K.B. 22-3)
Ce sont ces maillons, constitués par les différents thèmes et interreliés par un lexique
particulier, que nous allons tenter de reconstituer pour dégager la logique thématique de
l’auteur dans l’élaboration de son œuvre.
Nous pouvons dire, de prime abord, que le thème qui sert de fil conducteur à tous les
autres est sans conteste celui de la migration et du mouvement (Figure 26).
3.2.1 Migrations
L’auteur lui-même se situe dans ce mouvement en disant : « On peut construire des
refuges, on peut construire des histoires, on peut construire des migrations. C’est dans cette
migration que j’ai voulu me situer. » (qtd. In Mokhtari, Le Matin n° 517)
Cette migration lui permet de traverser toute son œuvre, en instituant, à travers elle,
ces « maillons » dont il parle. Ainsi la migration se fait-elle vers le territoire de l’enfance,
mais aussi vers la mémoire qui interpelle tout un chacun par un engagement effectif dans la
préservation du patrimoine et la revalorisation de l’identité plurielle. C’est également celle qui
mène vers la terre ancestrale et celle qui appelle à la tolérance entre les hommes.
136
Figure 29 : Distribution du terme mouvement
Le mouvement migratoire aboutit à un territoire pur dont les oiseaux sont les maîtres.
La figure 30 montre que la distribution des termes mouvement et oiseau est
symétrique, sauf pour Les Chercheurs d’Os. Cela peut s’expliquer, d’une part, par le fait que
seul ce texte a un mouvement particulier qui va de l’intérieur du village vers l’extérieur, du
village vers le désert :
« Les habitants de Bordj es-Sbaâ ne parlent pas notre
langue. Je comprends soudain cette clarté vive et la
douceur crépusculaire de l’air : nous ne sommes pas loin
du vaste pays de sable et de palmiers. » (133)
D’autre part, le territoire des oiseaux est celui de l’enfance — le village :
« il s’oppose au désert, espace fuyant et obsédant où
fleurissent les mythes, « viatique de désespérance et
d’évasion métaphorique », en tant que « sanctuaire de
l’utopie et de la pureté. » (Kazi-Tani, « Flash » 65)
137
Figure 30 : Distribution des vocables mouvement et oiseau
3.2.2 Un devoir de mémoire
Selon Bererhi, « un des combats de Djaout est la lutte
contre l’oubli et le silence. Il engage sa parole et son
verbe pour briser l’amnésie, déchirer les linceuls,
transformer l’ombre en lumière. » (Bererhi,
« Migrations » 28)
C’est ainsi que nous retrouvons dans notre corpus une grande fréquence du terme
mémoire (Figures 31 ; 32), qui renseigne sur la valeur donnée à ce terme, somme toute
banal25, par l’auteur dans l’intention d’interpeller les consciences quant au danger que
représente le reniement de son passé.
25 « Les mots les plus quotidiens, les gestes les plus banals, les
épisodes les plus insignifiants se soumettent de bonne grâce à une
discipline qui exigent qu’ils soient mots, geste et épisodes révélateurs. »
138
En effet, il s’indigne qu’une jeunesse « démunie et désorientée, dénuée de
repères rationnels, taraudée par le désarroi et la frustration »
(« Incartades ») oublie son Histoire et la travestisse par une autre qui n’est pas la sienne.
Il dit en substance :
« A Constantine (...) : regardant défiler un cortège
d'exaltés dont la mode afghane, la méthode iranienne et
les étendards d'inspiration saoudienne se disputaient
les faveurs, je me surpris à me demander combien d'entre
eux savent qu'à quelques dizaines de kilomètres de là, à
El Khroub, se trouve le monument funéraire d'un certain
Massinissa - un ancêtre qui aurait largement mérité de
faire partie de leur mémoire et de leurs symboles. »
(« Brouillage »)
T. Djaout soutient que cet état de délabrement généralisé de la mémoire collective est
entretenu par ceux qu’il appelle les "pèlerins de la négation", « négation d'eux-mêmes,
de leur histoire et de leurs valeurs ».
Cette usurpation de l'Histoire, Djaout la fait remonter aux premières années de
l’Indépendance :
« Tout a sans doute commencé dès l'Indépendance lorsque
par un habile détournement, on attribue aux seuls
Oulémas les bénéfices d'une révolution qu'ils n'ont
jamais faite. En se choisissant des ancêtres-symboles
sur mesure, l'État autocratique efface l'histoire
pluraliste du mouvement nationaliste et s'approprie une
Bersani, Léo : « Le réalisme et la peur du désir », In Littérature et
réalité, ouv. Coll., Ed. du Seuil, Paris, 1982, pp. 48-49.
139
révolution en reléguant au second plan (derrière les
Oulémas) ceux qui l'ont réellement conduite. (...) Tout
le discours identitaire et culturel produit par les
institutions de l'État va conforter le credo des
Oulémas: Nous sommes des “arabes et des musulmans", nous
ne sommes rien d'autre que cela. » (Brouillage »)
Ceci dit, le devoir de mémoire que Djaout s’engage à respecter n’est pas seulement
d’ordre historique. Il affirmait quelques mois après la sortie de Les Vigiles : « Mon désir de
bouleversement n’est pas seulement d’ordre politico-social, il est aussi de
l’ordre de l’écriture, de l’expression. » (qtd. In K.B. 22) En effet, Djaout
l’étend à tous les domaines : littérature, sociologie, peinture, musique, etc. Concernant la
littérature, il se traduit par un hommage à tous les auteurs de la littérature maghrébine. Outre
les articles et les entretiens consacrés à certains d’entre eux (Mammeri, Feraoun, Jean
Amrouche, Kateb…), Djaout emploie un lexique teinté de la tradition de ces aînés. Il affirme :
« c’est en partant d’un décalage, d’une pluralité
antagonique et de la hantise de quelques signaux
originels26 que j’aime m’inscrire dans la littérature
algérienne de langue française. » (qtd. In Bererhi,
« Migrations » 37)
Parmi ces « signaux originels », nos pouvons citer les termes Ancêtre et Missionnaire.
Ces termes présents dans L’Exproprié renvoient au mythe de l’Ancêtre dans Nedjma (Kateb)
et la figure du « missionnaire » dans Le Fils du Pauvre (Feraoun). Nous pouvons encore citer
les noms propres des personnages qui font un clin d’œil à d’autres œuvres telles que celle de
Mammeri avec des noms, nous l’avons vu, comme Arezki ou Azzi ; ou encore les termes
26 C’est nous qui soulignons.
140
métier à tisser qui reprennent le titre d’un roman de Dib : Le Métier à Tisser. Il fait également
référence à Nabile Farès qu’il cite nommément dans L’Invention du Désert.
En outre, selon Bakhtine,
« le mot (T) n’est pas une chose mais le milieu toujours
dynamique, toujours changeant, dans lequel s’effectue
l’échange dialogique. Il ne se satisfait jamais d’une
seule conscience, d’une seule voix. La vie du mot, c’est
son passage d’un locuteur à un autre, d’un contexte à un
autre, d’une collectivité sociale à une autre. Et le mot
n’oublie jamais son trajet, ne peut se débarrasser
entièrement de l’emprise des contextes concrets dont il
a fait partie. » (qtkd. In Fève, « Les écrivains
algériens » 114)
Dans le même sillage, Barthes ajoute que « les mots ont une mémoire seconde qui se
prolonge mystérieusement au milieu des significations nouvelles. » (« Le Degré » 16)
Finalement, bien que Djaout reprenne des mots empruntés à ses prédécesseurs, il leur
donne une nouvelle substance sémantique. Néanmoins, l’utilisation du lexique de Mammeri,
de Feraoun, de Kateb ou de Dib est un engagement contre l’oubli.
141
Figure 31 : Distribution du terme mémoire
Figure 32 : Distribution des vocables mémoire et oubli
3.2.3 La terre ancestrale
Le retour à l’Histoire dans cette migration qu’entreprend le narrateur des Vigiles
s’accompagne d’une accentuation du rapport de l’individu à la terre. La comparaison de la
distribution des deux termes dans notre corpus (Figure 33) fait ressortir que l’Histoire est
étroitement liée au territoire.
142
Figure 33 : Distribution des termes histoire et terre
Nous remarquons que, mis à part Les Chercheurs d’Os, les deux termes entretiennent
un rapport de connivence dans tous les autres textes, c’est-à-dire que l’Histoire authentique,
pour Djaout, est celle qui est directement liée à la terre. Dans L’Exproprié, le voyage à
rebours accompli par le narrateur le fait traverser non seulement le village natal (Iboudja),
mais aussi certains territoires de l’Histoire tels Tazoult, Sétif, Aurès ou interpelle des
personnages historiques comme Kahéna. Le même procédé est à l’œuvre dans L’Invention du
Désert, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison. Dans le premier, le rapport à l’Histoire est
le plus apparent puisque le texte retrace un épisode de l’Histoire de l’Afrique du Nord. C’est
ainsi que nous retrouvons des personnages historiques : Ibn Toumert, Kahina, Okba,
Koceilah ; des lieux historiques Tehouda, Marrakech, etc. ; des dynasties maghrébines
Almoravides, Almohades. Dans les deux autres, le lien Histoire / terre est harmonieux dès lors
qu’il s’agit de réconcilier la terre avec son Histoire. La réconcilier dans Les Vigiles avec
l’Histoire de la guerre de libération (Figure 34) et la réconcilier dans Le Dernier Été de la
Raison avec l’Histoire authentique de l’Algérie. Quant au deuxième roman de Djaout, Les
143
Chercheurs d’Os, les deux termes y sont opposés justement parce que, dans ce texte, la
désillusion est très grande tant l’Histoire est travestie et que, justement, c’est ce regard sur
l’Histoire qui est posé comme trame de fond de ce texte.
Figure 34 : Distribution des termes terre et guerre
Par ailleurs, le retour à la terre est dicté par ce déracinement antérieur qu’il faut abjurer
par l’écriture. Selon Charles Bonn, « la littérature algérienne est souvent une
littérature d’errance, de déracinement, d’aliénation. » (« Problématiques »
17) La figure suivante montre la distribution du terme errance dans le corpus.
144
Figure 35 : Distribution du terme errance
Même si le terme est peu fréquent, nous pouvons conclure que L’Invention du Désert
et L’Exproprié sont des textes d’errance où se cherche la terre qui est liée à l’identité. Nous
avons déjà fait remarquer plus haut que, justement, ces deux textes se présentent comme une
quête de l’identité perdue. En outre, Ch. Bonn dit que « l’homme du Tiers-Monde
retrouve son identité perdue par un retour à la terre et à l’enfance qui
lui est le plus souvent liée. » (« Problématiques » 17)
L’environnement thématique de errance (Figure 36) montre que ce mot entretient un
lien avec des mots comme trajectoire, obsession, territoire, visage, Histoire, etc. Cet
échantillon détermine, schématiquement, que l’errance dessine des trajectoires dont
l’obsession est de retrouver le territoire perdu, l’identité (visage) et l’Histoire claustrées.
Par ailleurs, le problème de l’identité ne se pose pas avec la même acuité dans les
différent textes et l’analyse factorielle des correspondances des termes errance, terre, histoire,
enfance et identité (Figure 37) est là pour le prouver.
145
Figure 36 : L’environnement thématique du vocable errance
Figure 37 : Analyse factorielle : enfance, histoire, identité, terre
et errance
Nous voyons à travers cette analyse que le problème de l’identité se situe à droite de la
fenêtre où nous retrouvons le premier, troisième, quatrième et cinquième textes27 de Djaout ;
tandis qu’à gauche de la fenêtre où nous trouvons Les Chercheurs d’Os, il ne se pose pas.
27 1er : L’Exproprié ; 2ème : Les Chercheurs d’Os ; 3ème : L’Invention du
Désert ; 4ème : Les Vigiles ; 5ème : Le Dernier Eté de la Raison.
146
Aussi, pouvons-nous conclure que la seule présence de terre comme symbole d’authenticité et
d’enracinement n’a pas suscité d’interrogation sur l’identité dans Les Chercheurs d’Os. Au
contraire, dans les autres textes, l’absence de ce lieu d’enracinement a soulevé la question de
l’identité même si nous entrevoyons la présence des termes enfance et histoire, car ceux-là
sont présents, l’un par son refoulement, puisque l’enfance est dans un territoire étranger
délimité par errance et l’autre par sa négation.
Cela nous amène à traiter d’un autre thème non moins important qui est celui de
l’enfance.
3.2.4 Enfance et territoire maternel
Si nous considérons la distribution statistique (Tableau 14) et l’analyse factorielle
(Figure 38) des termes enfant, enfants, enfance et enfances, nous pouvons en tirer certaines
conclusions quant à l’importance que leur donne Djaout.
Tableau 14 : Relevé statistique des termes enfant, enfants, enfance
et enfances
Terme Corpus Exproprié Chercheurs Invention Vigiles
Enfant 184 65 6 80 17
Enfants 88 9 13 14 32
Enfance 54 6 4 20 16
Enfances 1 0 1 0 0
147
Figure 38 : Analyse factorielle : enfant, enfants, enfance et
enfances
D’une part, nous remarquons que la fréquence la plus élevée est celle du mot enfant
qui constitue, pour ainsi dire, le mot-pôle de cette liste. A l’inverse, le mot enfances a la
fréquence la plus faible. D’autre part, la fréquence du terme au pluriel est toujours inférieure à
celle du terme au singulier.
Ceci nous amène à avancer une autre hypothèse qui servira dans la suite de notre
travail : le mot pluriel, par son caractère anonyme et généralisant, est à mettre sur un niveau
qui situerait son interprétation dans le caractère même de la langue qui ferait de lui un usage
commun. Contrairement, le mot singulier, en général, et les mots enfant et enfance en
particulier, participe, dans son usage spécifique et particularisant, à la constitution thématique
du corpus.
148
En effet, le mot enfant, par exemple, fonctionnerait presque comme un nom propre28
et constituerait un socle à partir duquel partent plusieurs ramifications thématiques.
En outre, Djaout assigne à l’enfant une fonction particulière : « c’est à lui de relater
l’errance, de déjouer les pièges de l’aphasie, de tendre l’oreille aux chuchotements, de
nommer les terres traversées. » (« L’Invention » 122) Donc, c’est l’enfant qui transporte ce
« lourd fardeau » qu’est la parole, qui nomme les territoires. Bererhi ajoute que « l’âme
maghrébine [est] inscrite dans l’enfance et le territoire originel. » (« Migrations » 30)
Cependant, sa tâche principale est de retrouver, au milieu des territoires, le lieu
authentique de l’enfance qu’est le village ou la « Terre » comme l’appelle Bonn. Djaout, dit
Bererhi, «remonte ʺle fleuve de l’enfanceʺ (…) pour retrouver ʺ le pays
innocent miraculeusement préservé au fond de lui-mêmeʺ et ʺle rythme
fondamental du sangʺ » (30)
De là, une opposition apparaît dans notre corpus : enfant – village –terre /adulte – ville
- territoire autre. En effet, selon Bonn, « l’espace de l’adolescent et surtout
l’espace adulte, pour le garçon au moins, est toujours un espace autre. »
(« Problématiques » 17)
3.2.4.1 Enfance et village
Dans l’œuvre de Djaout, les personnages tentent de « remonter le fleuve de l’enfance »
pour retrouver le village natal. Ainsi, dans Les Vigiles, Ménouar Ziada se réfugie dans
l’enfance pour échapper à ses détracteurs citadins. Boualem Yekker, dans Le Dernier Été de
la Raison, considère le village comme seul lieu où le rêve est encore permis et s’y réfugie
pour retrouver la paix intérieure et antérieure, et pour se détacher des tracasseries de la ville
devenue antre des « régulateurs de la foi ».
28 Surtout dans L’Invention du Désert et L’Exproprié.
149
L’enfance, qui est souvent liée au village, constitue un refuge pour Djaout et pour ses
personnages. Au contraire, la ville, qui est étrangère, est souvent un non-lieu. Elle symbolise
l’autre et elle est agressive. En effet, Ch. Bonn affirme :
« si l’on devine Paris ou Alger, parfois nommées, dans
ce que représente la ville pour le roman algérien, la
ville y sera le plus souvent l’espace de la différence,
depuis lequel seulement peut se dire le lieu
emblématique de l’identité. » (22)
Effectivement, si nous considérons l’environnement thématique de ville (Figure 39),
nous retrouvons des termes qui n’ont aucune épaisseur sémantique et qui sont, somme toute,
étrangers au personnage. Ainsi, lorsque le narrateur de Les Chercheurs d’Os arrive, pour la
première fois, à Anezrou, bien qu’il soit fasciné par la propreté, les bâtiments, les rues, etc., il
se sent rejeté par le regard des enfants qu’il rencontre et par l’indifférence des adultes : il se
sent inexistant et étranger :
« Je me demande si ces gosses sont vraiment comme mes
copains du village et moi. Sont-ils façonnés de chair,
de privations et de peurs comme nous ? Ont-ils des
parents qui les battent ? Leurs sœurs doivent être très
jolies. Comment mangent-ils et dorment-ils ? Ont-ils,
comme nous, des besoins naturels dégradants ? Non, cela
je ne le pense pas. » (121)
150
Figure 39 : L’environnement thématique du vocable ville
Par contre, en considérant l’environnement thématique du terme village (Figure 40),
nous retrouvons des termes qui renvoient, à proprement parler, à l’univers de l’enfance
comme famille, frère, mère, etc. Justement, la mère occupe une place particulière car « la
mère (…) et la terre, sont les garantes de l’ancienne loi. Mais aussi
celles de l’éternel recommencement qu’elles symbolisent. » (Bonn,
« Problématiques » 19)
151
Figure 40 : L’environnement thématique du vocable village
3.2.4.2 Le territoire maternel
La mère comme corps où s’inscrit l’écriture est un thème majeur dans toute œuvre
littéraire. Dans le cadre de notre travail, nous allons tenter de voir comment ce vocable
s’inscrit dans la thématique de Djaout.
Sa distribution (Figure 41) nous montre que sa fréquence est élevée dans L’Exproprié,
et, à un degré moindre, dans L’Invention du Désert, tandis que dans les trois autres textes, il
est déficitaire. Cette particularité est le résultat de l’écriture mise en œuvre dans ces deux
textes, romanesque certes, mais entrecoupée par des genres intercalaires, surtout poétique —
ce qui justifie la fréquence de mère29. A propos de ces genres, Djaout dit qu’ils « ont pour
fonction de raconter profondément la crise, l’inavouable, de casser le
29 Nous savons que, d’après les psychanalystes, la poésie est élaborée
depuis le territoire maternel et que le poète entretient un rapport
incestueux avec la mère à travers les mots qu’il violente et réinvente.
152
réalisme du texte pour permettre au lecteur de voir ce qu’on voulait lui
montrer. » (« Agave ») Et d’après Bakhtine,
ils « peuvent être directement intentionnels ou
complètement objectivés, c’est-à-dire dépouillés
entièrement des intentions de l’auteur, non pas
« dits », mais seulement « montrés », comme une chose
par le discours ; mais le plus souvent, ils réfractent,
à divers degrés, les intentions de l’auteur (…). »
(« Esthétique » 142)
L’intention de l’auteur, ici, est de dire l’exil, l’expropriation et la séquestration du
territoire maternel et de l’identité : les Algériens, affirme Farès, ont été « expulsés de tout
un univers imaginatif, tout l’univers dans lequel ils se représentent comme
existants. » (qtd. In Kazi Tani, « Littérature(s) » 55) Et il se trouve,
justement, que L’Exproprié et L’Invention du Désert sont des textes où la question de
l’identité, de l’expropriation et de l’errance, est la plus lancinante.
Figure 41 : Distribution du vocable mère
153
3.2.5 L’engagement
En plus du combat contre l’oubli, Djaout porte dans son cœur toutes les luttes pour la
liberté. Il dit à juste titre :
« le concept de liberté est lié à celui de choix. Les
situations exceptionnelles et extrêmes, comme
l’occupation étrangère, mettent en effet chacun devant
ses responsabilités en lui donnant la liberté de
choisir : la résistance, la reddition ou la
collaboration. » (« Le Retour »)
Djaout a choisi de résister et d’engager des combats sur plusieurs fronts.
3.2.5.1 Combat pour la femme
Dans l’œuvre romanesque de Djaout, l’apparition de personnages féminins est rare car
l’essentiel pour lui n’est pas de faire la distinction entre personnages féminins d’une part, et
personnages masculins d’autre part, mais de rendre compte d’une réalité sociale. Ainsi, son
mérite est-il d’avoir su, au sujet de la femme, « mettre l’accent sur la condition
féminine plutôt que sur le sexe, c’est-à-dire adopter un point de vue
social plutôt que psycho-biologique. » (Yaguello, « Les Mots » 9)
La présence du vocable femme dans le corpus est très hétérogène (Figure 42). Sa plus
grande fréquence est dans Les Vigiles. Le terme revient souvent dans L’Exproprié et Le
Dernier Été de la Raison. Cependant, il est déficitaire dans les deux autres textes.
154
Figure 42 : Distribution du vocable femme
Figure 43 : Distribution du vocable homme
155
Figure 44 : Distribution des vocables homme et femme
Cette présence, bien que timide, de la femme par rapport à l’homme (Figures 43 ; 44),
n’est pas pour contredire les engagements de Djaout mais elle est due au statut qui lui est
donnée en société et, partant, dans le langage, qui est la première instance sociale. La société
algérienne étant une société masculine, la place donnée à la femme dans les débats sociaux est
infime, bien qu’elle constitue souvent un « sujet » de débat. C’est lorsqu’elle sera Sujet à part
entière dans le débat que son statut changera. C’est, à cet effet, que Djaout tente de lui donner
la parole en dénonçant son statut actuel ne serait-ce que par les mots qui constitue son
entourage thématique (Figures 45 ; 46 ; 47)
156
Figure 45 : L’environnement thématique du vocable femme
Figure 46 : L’environnement thématique du vocable femme
157
Figure 47 : L’environnement thématique du vocable femme
Nous remarquons que cet environnement est structuré selon des cercles qui renferment
des termes liés par une certaine sémantique. Ainsi, dans l’environnement immédiat du terme
femme, nous retrouvons des termes comme vieille, jeune, cheveux, drame, métier (à tisser),
profond, noir, etc. Ces termes renvoient au statut social de la femme, qui la confère dans les
tâches ménagères, mais aussi dans la préservation des traditions.
Dans un deuxième cercle, nous constatons la présence de termes tels que sexe, enfants,
ventre, lit, bête, homme, maîtres, etc. Ici la femme est vouée à la procréation.
Dans un troisième cercle, des termes comme amour, parole, désir, sourire, personne,
lèvres, poitrine, montagne, etc. sont à signaler. Ce dernier cercle peut être interprété comme le
statut que Djaout veut attribuer à la femme, même si celui-ci est difficile à atteindre car il
s’éloigne du centre. Pourtant, ce n’est pas impossible car la parole est là pour « vaincre toutes
les aphasies », d’autant plus que « la libération du langage, le rejet des tabous,
parallèle à la libération des mœurs ou du vêtement, peut apparaître un
élément indispensable de la libération des femmes » (Yaguello, « Les Mots »
63), et abolir tous les cocons dans un retour aux racines symbolisées ici par le terme
montagne.
158
Par ailleurs, Djaout a su exploiter une composante lexicale dans son combat pour la
femme, à savoir le nom propre pour témoigner de son soutien à la femme. En effet, Djaout
utilise des noms propres particuliers pour dire que le statut de la femme doit changer. Nous
pouvons citer le prénom Samia qui signifie littéralement « l’élevée, celle qui atteint les
cimes ». Et, justement, « c’est en se donnant un nom qui ne soit pas le reflet
de son statut dans la société que la femme peut conquérir son identité
sociale et son identité tout court. » (Yaguello 179)
Aussi, puisque « le statut social de la femme est marqué par différents indicateurs
linguistiques : titres, préfixes, patronyme et nom marital, et même choix des prénoms » (175)
et comme le nom d’une femme est, dans la société algérienne, celui du mari ou du père,
Djaout choisit de ne donner à ses personnages féminins qu’un prénom, oblitérant ainsi le
rapport qu’ils pourraient entretenir avec le mari ou le père.
3.2.5.2 Combat pour l’école
L’école est un thème qui revient fréquemment dans l’œuvre romanesque de Djaout. Ce
thème est aussi traité dans les articles du journaliste.
La Figure 48 fait ressortir un emploi irrégulier du vocable école. Il revient souvent
dans Les Chercheurs d’Os, ainsi que dans L’Exproprié et Le Dernier Été de la Raison où il
est excédentaire. Au contraire, dans L’Invention du Désert et dans Les Vigiles, il est
déficitaire.
159
Figure 48 : Distribution du vocable école
Les divers contextes (Annexe 12) où apparaît le vocable école laissent entrevoir deux
périodes par lesquelles est passée l’école en Algérie. Ces deux périodes correspondent
également à des sentiments à l’égard de cette institution.
En effet, dans le corpus, il y a l’école sous l’occupation française et l’école d’après
l’indépendance.
La première est connotée positivement par la nostalgie de l’enfance :
« Les lauriers-roses commencèrent à dépérir dans le lit
du fleuve, et l'école ouvrit de nouveau ses
portes. L'instituteur aux talons usés ne revint pas. Ce
fut une enseignante frêle et brune qui nous accueillit.
Sa voix avait la sonorité dansante des barques décapant
la houle. L'institutrice m'aimait bien (elle appelait
tout le monde par son prénom), car je lisais mieux que
quiconque. En retour, j'étais amoureux d'elle. »
(« L’Exproprié » 111)
160
A ce niveau, l’école ne sert qu’à éveiller des souvenirs chers à Djaout et à ses
personnages. Pourtant, ceux-là sont conscients du danger qu’aurait représenté l’école sans une
prise de conscience des enjeux qu’elle soulève. D’ailleurs, Saïd, un ouvrier marocain qui a
déjà construit des écoles dans son pays, avertit les enfants :
« L'école maintenant va être finie. Mais ne croyez pas
qu'elle va se tenir là, inoffensive et bienveillante,
pour étancher la soif d'apprendre des jeunes bergers. Le
savoir n'a pas de blancheur, il a la couleur des
matraques. Oh oui, rêvez d'images innocentes, de mots
qui n'écorchent pas la bouche, d'un feu de poêle en
hiver. Il y aura bien autre chose pour accueillir votre
faim et votre naïveté inconsciente. » (« Les
Chercheurs » 88)
Parmi ceux qui n’ont pas compris cela,
« il y a le faux iconoclaste qui triche avec l'alphabet,
qui croit la conscience du peuple modelée à l'image de
ses délires (simulés). Il épouse de fâcheuses
contestations (devenues en fait conventions depuis déjà
des décennies - car notre écrivain s'est mis au diapason
d'une école occidentale vieille de vingt ans). Il jugule
mosquées et hadith, les remplace par structuralisme et
Lacan. Il rejette hargneusement la responsabilité de sa
misère et de son impuissance sur autrui ; il accuse
l'Autre pour s'absoudre mais refuse d'ausculter matrice
de sa propre mère, caleçon de son père pour détecter le
virus de l'arriération, refuse de trucider les
épouvantails enjolivés de prières, de renifler les pots
161
de chambre, de faire une lecture critique des livres
saints. » (« L’Exproprié » 62)
Donc, bien que cette école soit source de périls, Djaout insiste sur le fait que le
meilleur peut en être extrait pour progresser.
A l’opposé de celle-ci, l’école de l’indépendance, cette « institution naufragée » dont
le rôle n’est plus d’inculquer le savoir aux enfants mais de les amener à des considérations qui
les dépassent :
« Mahfoudh remarque, atterré, que les attitudes
paternelles atteignent maintenant Redhouane. Mais il ne
peut dire avec précision à qui revient la palme: au père
ou à l'école. Cette dernière est en effet devenue, après
une série de réformes et son investissement par une
caste théologique, une véritable institution militaro-
religieuse. » (« Les Vigiles » 65)
Cette caste s’est donnée pour objectif de « créer un système d’enseignement tellement
médiocre, qu’eux seuls [ses représentants] s’y sentiraient à l’aise et pourraient le gérer. »
(Djaout, « La Logique »)
Autour de cette école, aucun sentiment mélioratif, aucune nostalgie.
L’environnement thématique du terme école (Figures 49 ; 50) est composé
essentiellement de vocables appréciatifs et favorables au savoir comme musique, couleurs,
image, etc., corrélés par des termes renvoyant à l’enfance comme parents, oiseaux et surtout
paradis. Ce paradis, Menouar Ziada préférerait le troquer contre une seconde chance de
revivre son enfance :
« Menouar s’était surpris un jour à penser que s’il
avait à choisir entre le paradis et la possibilité de
vivre une deuxième fois son enfance, il opterait sans
162
hésitation pour la seconde solution. » (« Les Vigiles »
19)
Et Djaout disait : « L'Éden n'est ni de l'ordre de l'utopie, ni de l'espace, ni du spirituel
mais il est de l'ordre du temps. L'Éden, c'est l'enfance. » (« Les Introuvables » 212)
Figure 49 : L’environnement thématique du vocable école
Figure 50 : L’environnement thématique du vocable école (suite)
163
3.3 Conclusion partielle
L’analyse du corpus dans cette seconde partie a permis d’étudier le lexique et sa visée
pragmatique, et de dégager les principaux thèmes abordés dans l’œuvre romanesque de Tahar
Djaout.
L’approche thématique n’a été en fait qu’un moyen pour approfondir notre analyse du
lexique, car la lexie n’est plus à considérer comme un fait en soi mais plutôt comme faisant
partie du discours. Toutefois, beaucoup de zones d’ombre restent à éclaircir par d’autres
approches, que le cadre restreint de ce travail ne permet pas.
Néanmoins, nous sommes arrivé à la conclusion que l’emploi et le choix du lexique
chez Djaout ne sont pas neutres. Aussi le lexique est-il le soubassement de tensions, à la fois
sociales, idéologiques, linguistiques et historiques.
La thématique, que nous avons un tant soit peu étudiée, a confirmé les conclusions
auxquelles nous avions abouti au cours de la première partie. Elle a mis en exergue, entre
autres, les liens et les relations de connivence entre certains textes. Ceux-ci sont non
seulement liés par un capital lexical commun, mais aussi par la présence, à l’intérieur de ce
capital commun, de vocables qui font office de mots-thèmes se trouvant au sommet de
réseaux sémantiques transcendant les différents textes du corpus et répondant, à leur tour, à
une organisation qui n’est pas fortuite. Ils sont construits autour d’une dynamique constituée
par le thème du mouvement. Ce mouvement oscille entre un retour rétrospectif vers l’Histoire
pour retrouver l’identité perdue et une immersion dans les abysses de l’espace et du moi pour
revivre l’enfance maternelle.
164
4 CONCLUSION GENERALE
L’approche statistique et pragmatique du lexique qui a débouché sur une étude
thématique que nous avons adoptée tout le long de ce travail, a permis d’apporter des
éléments nouveaux pour aborder le texte littéraire dans sa substance lexicale. En effet, ce type
d’approche introduit un autre point de vue dans les sciences sociales en général et dans la
linguistique et la littérature en particulier.
La difficulté à tracer des frontières étanches entre linguistique et littérature, à
embrasser la rigueur scientifique de l’une et le flou des interprétations de l’autre, nous a
amené à considérer le lexique littéraire d’une façon autre, qui unit l’exactitude des relevés à
l’interprétation pragmatique.
Cette association de la lexicologie et de l’informatique est une méthode de travail d’un
grand intérêt car elle permet de comparer les fréquences de certains phénomènes linguistiques
présents dans les textes. En effet, notre première tâche a été de dresser des relevés statistiques
susceptibles d’interprétation. Ainsi nos premières hypothèses ont pu être confirmées grâce au
travail en contexte et sur le discours. Nous avons en outre pu entrevoir des corrélations entre
les différents textes en travaillant sur la connexion lexicale. Nous avons mis en évidence des
formes communes à plusieurs textes. Ceci peut s’expliquer, pour certains textes, par la
présence de thèmes communs. D’autres, au contraire, ont des formes privatives car ils
abordent un thème qui leur est particulier et une spécificité au niveau de l’écriture.
Par ailleurs, nous avons pu accéder aux spécificités lexicales du corpus. Leur étude a
démontré l’exactitude de certaines hypothèses, notamment celles qui concernent l’emploi des
emprunts, xénismes, néologismes et des noms propres. En effet, ces mots répondent à une
stratégie discursive et ont une visée pragmatique. Cet aspect fera l’objet d’un travail plus
élaboré dans le cadre du doctorat. Ces spécificités ont été exploitées dans l’analyse
165
thématique qui constitue le deuxième volet de ce travail. Nous envisageons à l’avenir de voir
le rôle et l’impact de ces phénomènes de contact de langues (emprunt, néologismes,
alternances codiques, etc.) en milieu plurilingue et dans une approche pédagogique de
l’interculturel.
L’étude thématique à partir du lexique a servi à repérer les thèmes dominants et leur
circulation à travers toute l’œuvre. Ils ont été dégagés grâce à la prépondérance de tel ou tel
mot-thème gouvernant tel ou tel champ sémantique. Ces thèmes véhiculent une certaine
vision et sont à la base d’un discours, d’une stratégie discursive et d’une écriture propres à
l’écrivain.
Nous avons abouti à certaines conclusions : Djaout se sert d’un lexique particulier
pour rendre compte des conflits sociaux et culturels sous-jacents à la société algérienne. Parmi
ces conflits, ceux de l’Histoire et de l’identité sont les plus en vue. A côté de ces facteurs de
retard dans le modernisme et l’accession au développement, le statut de la femme et de l’école
est à redéfinir.
L’Histoire événementielle est, en effet, sans cesse revisitée pour en extraire le suc,
pour dévoiler les « vérités travesties » par le discours des hommes. Djaout revendique, par
l’intermédiaire de ce thème, le droit des Algériens, mais aussi de tout peuple, de connaître
leur Histoire pour se construire des références fiables et une identité propre. Il dit à ce propos
que l’identité n’est pas donnée mais qu’elle se construit au fil des années et des siècles. La
connaissance de la portée des discours dans l’Histoire sert à réconcilier l’être humain avec son
identité.
Puisque l’identité se construit et ne se donne pas, la connaissance des premiers piliers
de cet édifice est indispensable. C’est ainsi que Djaout tente, par les vibrants hommages qu’il
rend à ces piliers de l’algérianité, de contribuer à l’imprégnation de la mémoire collective par
cette identité. Il interpelle les lecteurs au sujet des artistes, qu’ils soient écrivains, poètes,
166
peintres ou musiciens. Il contribue à sa manière à ce devoir de mémoire. Il reprend le lexique
de ses devanciers, le retravaille et le réinvente.
L’identité ne saurait, non plus, être dissociée de l’enfance et de la terre ancestrale.
Celle-ci est chantée dans tous les textes de notre corpus, dans la mesure où elle symbolise le
terreau de l’identité. L’enfance, quant à elle, c’est le paradis et vice versa. C’est aussi la
langue et le sein maternels. En remontant le fleuve de l’enfance, c’est la sécurité maternelle
qui est recherchée, la quiétude et la tranquillité que procure la présence de la mère et de la
nature dont l’enfant est le cœur.
La mère, c’est aussi toute femme qui, dans la société algérienne, reste prisonnière des
règles sociales, des tabous et des croyances. Djaout s’immisce dans la condition féminine et
dénonce le statut auquel elle est vouée en utilisant le lexique des autres contre eux-mêmes. Il
l’utilise comme purgatoire pour ces hommes dont la sécurité est assurée par ce statut et qu’ils
tentent de maintenir par tous les moyens, y compris l’école. Celle-ci traverse, chez Djaout,
deux périodes. La première est synonyme de bonheur, bonheur de savoir et bonheur de vivre,
tandis que la seconde est associée à la mort, mort de l’intelligence et mort biologique.
En somme, les thèmes majeurs de Djaout sont une volonté d’opérer un saut qualitatif
dans la vie sociale algérienne et de briser tous les interdits et les tabous qui l’empêchent de
faire partie de la « famille qui avance ». Djaout veut mettre l’Algérie sur les rails de la
modernité en la conciliant avec son Histoire — la vraie —, son authentique identité, en
intégrant toutes ses couches sociales et en usant de tous les moyens, dont le plus important est
l’école.
Malgré ces considérations qui frôlent le politique et qui lasseraient le lecteur, Djaout
effectue tout un travail sur le texte : poésie, imaginaire afin d’exorciser ce qu’il ressent au plus
profond de lui-même. Il ne veut pas échapper à la règle qui dit que le texte est tout d’abord un
plaisir et un désir. Le « plaisir du texte » est ce voyage dans le « moi profond » qui mène
167
également vers l’enfance : « l'écriture est une réalité dont les seuls mobiles,
les seuls moteurs sont de l'ordre du moi profond. » (Djaout, In « Algérie
Littérature / Action » 207)
Ce travail sur le texte que nous n’avons pu exploiter dans ce mémoire pourrait faire
sera envisagé dans le cadre d’une recherche ultérieure. Une telle étude, conjuguée à une
stylistique littéraire informatisée et à une analyse du discours journalistique, sera beaucoup
plus complète.
168
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pp.33-59
— Cassas Gomez M. : « L’euphémisme et la théorie du champ morpho-sémantique »,
In Cahiers de lexicologie n°49, 1982-2, pp. 35-52.
— Chériguen, Foudil : « Les procédés de formation du lexique », In Cahiers de
lexicologie, n°55, 1988
174
— Haroche, Cl.; Henry, P.; Pêcheux, M.: « La sémantique et la coupure
saussurienne : langue, langage, discours », In Langages n° 24, Larousse, Paris, 1971
— K. B. : « Tahar Djaout, ce vigile de l’écriture », In Djazaïr 2003, revue de l’Année
de l’Algérie en France.
— Mokhtari, Rachid : « La blessure syntaxique ».
— MOLINO, J. (1982) : « Le nom propre dans la langue », In Langages, n° 66, juin
1982, pp.5-20.
— Muller, Ch. : « Une nouvelle façon de voir le lexique : le Brunet », in Le français
moderne, revue de linguistique française, oct. 1982, n° 4, Conseil International de la Langue
Française, Paris, (pp.321-328)
— Tcheho, I. C. : « Entretien avec Tahar Djaout », In Algérie Littérature/Action n°s
12-13, Marsa Éditions, 1997, pp.219-222.
— Algérie Littérature / Action, n°1, « Les introuvables : Une interview de Tahar
Djaout à la revue Tin Hinan (1991) », mai 1996, Marsa Éditions, Paris, pp.205-212.
— Le trimestre psychanalytique : Le Patronyme, Actes des journées de Paris, 25 et 26
mai 1991
Articles cités :
NOGUES, Renaud (1992) : « Fonctions du patronyme et effets dans la clinique »,
pp.23-30.
NUSINOVICI, Valentin (1992) : « Le névrosé est un sans nom », pp.99-108
RACZYMOW, Henri (1992) : « Proust et les jeux du nom propre », pp.37-44
Hammad, Maha : « S M ».
— Equipe de recherche ADISEM, (1990) : Vols de guêpier, Hommage à Tahar
Djaout, O.P.U., Alger.
Articles cités :
175
Bererhi, A. : « Migrations, vers une cohérence esthétique »
Kazi Tani, Nora-Alexandra : « Flash sur l’œuvre de T. Djaout »
Kazi Tani, N-A. : « Littérature(s) en question(s) »
— Equipe de Recherche ADISEM (1995) : Kaléidoscope critique, Hommage à Tahar
Djaout, Université d’Alger.
Articles cités :
Kazi Tani, Nora-Alexandra : « L’Exproprié de Tahar Djaout : pour un espace de
liberté créatrice »
Toso Rodinis, Juliana :«Le souffle poétique de Tahar Djaout»
F.A. : « Le brouilleur de pistes »
Fève-Caraguel, Janine. : « Parcours d’écritures »
Jean Pélégri, « Des mots pour les arbres… »
— JADT 1998, 4èmes Journées Internationales d’Analyse Statistiques des Données
Textuelles, Université Nice Sophia Antipolis, CNRS, InaLF, Nice 1998, Textes réunis par
Sylvie Mellet
Articles cités :
Olivier, Andrew : « Retour au Père Goriot : ou ce que nous apprend la statistique »,
pp. 467-486
Busa, Roberto : « Dernières réflexions sur la statistique textuelle », pp.179-183
Martinez, William : « L’identité nationale dans le discours de politique étrangère
française. Une étude de lexicométrie chronologique », pp. 421-430
Michel Bernard : « Découpage automatique d’un corpus par le calcul des
spécificités », pp.125-134
5. ARTICLES DE PRESSE
— Djaout, T. : « Le retour du prêt-à-penser », In Ruptures n°8, du 2 au 8 mars 1993
176
— Djaout, T. : « La logique du pire », Ruptures n°17, du 4 au 10 mai 1993.
— Djaout, T. : « La famille qui avance et la famille qui recule », In Ruptures n°20, du
25 au 31 mai 1993.
— Djaout, T. : « Agave de H. Djabali », In Algérie-Actualité n°939, du 13 au 19
octobre 1983.
— Djaout, T. : « Incartades », In Algérie-Actualité, n° 1341, du 27 juin au 3 juillet
1991.
— Djaout, T. : « Brouillage de repères », In Algérie-Actualité, n° 1340, du 20 au 26
juin 1991.
— Mokhtari Rachid : Le Matin n° 517, 21 juillet 1993
— El Moudjahid n° 8990 du dimanche 29 mai 1994.
6. DICTIONNAIRES.
— Greimas, A.J., Courtés, J. (1979) : Sémiotique, dictionnaire raisonné de la théorie
de langage, Ed. Hachette, Paris.
— Ducrot, O. et Todorov, T. (1972) : Dictionnaire encyclopédique des sciences du
langage, Le Seuil, Paris.
— Chevalier, J-.CL. (1969) : Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, Paris.
— Encyclopedia Universalis, société anonyme, Paris.
177
178
179
6 ANNEXES
6.1 Annexe 1 : Fréquences supérieures à 1000
R
ang
F
réq.
M
ot
1 1
0897
,
2 9
753
.
3 8
262
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351
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586
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6 4
328
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281
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8 4
279
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1
4
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1
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1
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2
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2
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1
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p
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2
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1
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j
e
2
8
1
230
q
u'
2 1 n
9 081 ' 3 1 s 0 007 ur
6.2 Annexe 2 : Fréquences supérieures à 100
1 69
au
2 61
no
us
3 46
so
n
4 32
ma
is
5 30
pa
r
6 25
ce
7 15
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8 45
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us
9 20
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lui
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1 09
2 01
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5 01
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6 96
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7 88
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8 57
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49 45
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50 42
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8 30
sol
eil
9 30
m
onde
00 29
fai
re
6.3 Annexe 3 : Le vocabulaire en excédent
Ecart TLF Corpus Mot
13.68 91853 359 (
13.22 93294 357 )
17.82 4225728 9756 .
11.34 1870339 4287 à
5.42 14630 57 afin
Ecart TLF Corpus Mot
2.61 30140 78 ailleurs
2.33 8172 25 aimait
40.41 840 53 Ali
4.15 20657 66 allait
3.41 71530 178 alors
Ecart TLF Corpus Mot
43.64 254 31 Ancêtre
16.58 1583 32 âne
4.66 13934 51 années
3.14 8472 29 appris
4.75 5180 25 approche
5.80 7062 35 arbre
18.15 11756 109 arbres
5.97 13030 55 arrive
3.27 9769 33 arriver
3.44 9489 33 assis
3.86 6101 25 attend
3.56 6462 25 attendait
5.83 6738 34 attendant
2.36 13061 37 attendre
6.68 3939 26 attente
8.11 3140 26 aube
8.74 24108 106 aucun
7.22 20868 86 aucune
3.27 26316 74
aujourd'hui
4.68 5248 25 auraient
12.23 32382 159 aurait
3.42 119369 282 aussi
3.23 24311 69 autour
6.23 183523 471 aux
10.86 37947 166 avaient
5.43 254486 611 avait
8.72 52183 188 avant
7.17 5765 35 aventure
2.53 9050 28 avions
6.61 8745 44 bête
24.90 5434 91 bêtes
5.60 7873 37 bleu
5.09 23682 80 bout
11.03 3275 34 bruits
31.85 1037 47 buissons
4.66 298766 688 c'
9.91 6811 49 café
9.58 2693 27 capitale
2.94 86124 204 car
5.48 8954 40 certains
4.03 7914 31 chair
15.21 7804 74 chaleur
4.43 8400 34 champ
8.16 7884 47 champs
5.85 4270 25 chant
11.33 36403 165 chaque
5.88 5029 28 chaud
4.30 18369 61 chemin
30.48 710 37 chèvres
2.74 7547 25 chien
4.52 47560 135 choses
7.81 24218 100 ci
8.25 41225 153 ciel
6.77 3653 25 cité
8.54 358694 916 comme
5.21 8040 36
commence
12.28 2956 35
compagnon
8.01 3389 27
compagnons
7.09 3911 27
complètement
5.37 18251 67 compte
6.07 4874 28 connaît
13.80 1466 26 contrée
15.38 36960 201 corps
2.85 34620 90 côté
5.24 8951 39 couleur
12.59 5398 51 couleurs
4.16 14900 51 coups
7.15 7865 43 cri
4.06 8908 34 cris
13.401217634 2997 d'
10.42 751295 1845 dans
4.624074626 8267 de
7.05 4402 29 début
6.27 4215 26 décidé
3.81 11833 41 dehors
5.67 47191 145 déjà
8.73 4015 32 dépit
4.74 21510 72 derrière
30.29 953329 3136 des
20.55 5196 75 désert
7.72 11069 57 désir
7.28 4020 28 désirs
11.10 5365 46
désormais
2.05 16783 44 devait
2.01 61752 141 devant
6.02 7115 36 devenu
13.24 2264 32
discussion
3.66 8793 32 doigts
2.98 7214 25 doivent
5.65 9976 44 dos
5.35 35231 112 doute
2.65 630915 1309 du
20.91 6306 85 durant
7.48 29751 114 eau
3.93 6357 26 école
18.62 1016 28 el
8.15 8924 51 endroit
183
11.54 6631 54 enfance
13.47 36696 184 enfant
6.26 23695 88 enfants
4.53 73684 196 entre
8.31 5584 38 espace
9.86 55188 208 étaient
8.68 306548 802 était
2.51 97802 223 été
5.70 4383 25 étoiles
4.53 8258 34 étrange
6.15 4058 25 étrangers
3.90 49692 134 eux
7.21 18917 80 face
9.67 5486 42 faim
3.15 7706 27 faisaient
4.60 6876 30 fête
7.83 6941 42 feuilles
4.39 15929 55 foi
10.05 82613 286 fois
5.47 5386 28 forêt
3.63 14826 48 forme
12.76 2661 34
fraîcheur
12.97 19731 118 frère
9.62 12951 73 froid
8.93 4510 35 fruits
2.57 43337 107 gens
11.90 5438 49 gorge
7.55 5943 37 herbe
2.74 22762 62 histoire
8.79 8265 51 hiver
11.92 60410 245
hommes
7.35 5616 35 horizon
3.10 12382 39 hors
4.751626354 3402 il
8.08 249011 657 ils
3.51 9016 32 image
14.00 4213 48 images
6.34 9368 45 immense
6.80 8531 44
impression
23.25 1221 38 insectes
14.07 7698 69 intérieur
8.41 6435 42 jadis
5.37 110770 292 jamais
8.57 7989 49 jambes
2.39 10923 32 jeunesse
7.64 91550 278 jour
7.89 11702 60 journée
2.22 60654 141 jours
16.22 29232 178 jusqu'
7.35 18335 79 juste
5.431668758 3526 l'
12.362346510 5356 la
12.90 9192 72 langue
3.39 8103 29 large
7.991989831 4332 le
2.47 14079 40
lendemain
3.90 7398 29
lentement
26.131493471 4281 les
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12.23 101250 366 leurs
2.15 34920 85 lieu
2.55 9407 29 lieux
2.93 21358 60 livre
6.79 15506 67 livres
6.12 37776 125 loin
5.15 23528 80
longtemps
9.21 18316 90 lorsqu'
12.96 22068 127 lorsque
11.25 16710 96 lumière
2.54 8237 26 lune
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7.62 36779 135
maintenant
31.85 654 37 maintes
3.12 436864 933 mais
3.97 43825 121 maison
4.84 9497 39 maisons
2.40 9671 29 manger
4.39 16299 56 manière
4.47 11782 44 marche
8.41 4840 35 membres
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mémoire
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4.31 10987 41 mesure
6.31 9710 46 met
2.93 13102 40 midi
5.71 10847 47 moindre
2.16 53469 125 moment
3.77 6549 26 moments
6.39 78528 230 monde
184
8.15 6171 40
montagne
9.89 6177 46
montagnes
4.06 56794 152 mort
4.67 9739 39 morts
27.82 458 27 mosquée
2.84 23318 64 mots
2.67 8816 28 mur
2.59 8942 28 murs
2.47 9952 30 musique
7.59 5431 35 neige
3.27 71389 176 ni
3.13 7004 25 noirs
7.53 74571 234 notre
4.43 433468 964 nous
3.29 7158 26
nouveaux
6.84 4305 28 nuages
10.05 47595 188 nuit
5.01 5237 26 nuits
4.64 6835 30 objets
14.91 6963 68 odeur
20.80 1139 33 odeurs
14.32 5149 55 oiseau
29.76 5835 111 oiseaux
6.13 18756 73 ombre
5.31 109395 288 ont
4.13 6127 26 oreilles
11.47 3417 36 os
13.41 197360 642 ou
11.42 214634 646 où
3.81 7172 28 outre
9.08 5254 39 papa
4.00 423021 930 par
12.10 3321 37 paradis
26.04 11961 148 parfois
4.31 17979 60 parmi
5.67 12531 52 partir
3.35 8897 31 passage
30.69 467 30 passeport
16.90 26314 171 pays
9.68 2994 29 paysage
19.24 1025 29
paysages
8.07 3159 26 paysans
11.41 7960 60 peau
3.95 18007 58 pense
12.74 1550 25 période
3.77 42893 117
personne
9.72 12033 70
personnes
7.45 23366 95 peur
36.70 501 37 pièges
4.19 15952 54 pierre
10.45 5580 45 pierres
2.82 34707 90 place
2.35 17754 48 plein
11.44 7104 56 pluie
4.66 6184 28 poids
2.98 7582 26 poitrine
4.32 5921 26 pourra
5.78 4849 27 poussière
6.47 4570 28
pouvaient
3.75 26946 79 pouvait
21.57 1259 36 prairie
3.26 28017 78
première
2.75 11851 36 premiers
2.04 12450 34 prend
3.46 37611 102 prendre
3.65 10993 38 présence
2.22 36490 89 presque
7.58 4732 32 prière
5.36 5208 27
printemps
30.20 421 28
proximité
7.56 98074 293 puis
3.76 14559 48
quelqu'un
11.17 69058 262
quelques
7.79 3097 25 queue
7.40 977554 2206 qui
5.98 5212 29 rappelle
4.93 21444 73 regard
7.82 14714 70 regarde
5.80 11669 50 regarder
11.95 2089 28 région
3.26 27591 77 rendre
9.84 3096 30 retrouve
3.85 6450 26 retrouver
14.46 9085 78 rêve
2.00 8709 25 revenir
20.16 3817 62 rêves
4.61 5315 25 revient
185
186
8.46 17855 84 route
7.30 6156 37 rues
14.87 516147 1464 s'
3.79 367748 810 sa
11.82 4942 46 sable
5.75 4345 25 saison
14.49 1261 25 saisons
5.30 21654 76 sait
7.36 25925 102 sang
4.16 235117 542 sans
5.21 6216 30 savais
4.34 12002 44 savait
22.60 559632 1821 se
5.35 8180 37 sent
9.69 295111 800 ses
4.22 8010 32 seuls
76.96 175 45 sidi
5.39 25515 87 silence
11.97 2630 32
silencieux
4.31 13873 49 simple
6.78 7444 40
simplement
24.66 27026 230 soleil
3.19 8767 30 sommeil
2.25 456043 946 son
2.07 159577 344 sont
10.89 10685 70 soudain
5.32 6995 33 souffle
5.66 97260 265 sous
2.67 32604 84 souvent
28.78 597 32 squelette
6.26 429450 1008 sur
2.97 20832 59 surtout
11.28 9822 68
tellement
6.24 105797 293 temps
10.03 48707 191 terre
8.30 61526 209 tête
2.24 9949 29 tôt
2.83 89598 210 toutes
5.52 10798 46 train
3.97 17971 58 travers
6.95 83431 249 très
13.28 2253 32 troupeau
2.72 24951 67 trouver
11.271241413 2945 un
18.58 867001 2431 une
4.29 5953 26 vaste
9.04 17148 85 vent
8.67 6689 44 ventre
10.24 2154 25 verdure
9.74 70351 249 vers
6.59 6815 37 vieillard
11.35 1984 26
vieillards
4.17 15995 54 vieille
4.10 7155 29 viennent
41.05 8463 182 village
68.32 378 59
villageois
19.64 29308 204 ville
6.10 5381 30 villes
9.35 26224 117 visage
2.47 15768 44 vite
4.09 19634 63 vivre
7.30 14342 66 voyage
6.4 Annexe 4 : Vocabulaire déficitaire
Écart TLF
Corpus Mot
36.60 8010689
10903 ,
4.89 504761 821
a
12.95 248484 196
ai
3.31 72700 101
ainsi
2.47 37308 51
aller
7.98 71316 44
amour
2.70 43389 59
ans
5.55 101393 118
après
7.06 58561 38
assez
3.17 32114 37
autant
2.19 133863 223
autre
3.50 52437 66
avais
5.92 115195 134
avoir
3.43 30808 33
avons
2.43 32229 43
ayant
2.88 37572 48
beau
4.66 38388 34
belle
12.63 318200 301
bien
3.92 62826 78
bon
4.21 43921 46
bonne
3.80 40144 44
bras
Écart TLF
Corpus Mot
3.71 26756 25
cause
12.78 728237 926
ce
2.58 111411 177
cela
2.52 47206 67
celle
4.92 36369 29
cependant
6.24 218250 293
ces
3.84 72823 95
cet
5.96 294522 426
cette
2.32 76835 120
chez
4.00 70252 89
chose
187
2.05 25005 34
cinq
7.24 89054 77
cœur
3.02 162486 260
deux
10.09 103399 57
dire
13.33 213100 141
dit
3.71 26764 25
dix
5.72 81163 85
donc
4.25 38729 38
donner
3.08 27072 30
effet
22.69 663862 469
elle
Écart TLF
Corpus Mot
5.501146804 1953
en
2.10 146370 247
encore
5.97 55978 46
enfin
3.58 54826 69
esprit
7.52 986675 1575
est
2.64 205620 344
être
2.38 45221 65
eu
2.97 32396 39
eut
5.87 175830 231
faire
6.90 206109 260
fait
6.02 85086 87
faut
3.00 77603 113
femme
3.73 50752 61
fille
6.81 51908 32 fit
4.37 34575 31
fond
2.12 24698 33
font
7.32 59192 36
fort
4.21 79962 102
fut
2.33 90085 143
grand
2.84 50270 69
grande
2.59 29902 38
grands
2.53 44239 62
heures
2.21 127370 211
homme
13.08 454107 489
j'
23.361252134
1268 je
2.32 20533 25
joie
3.58 156730 240
là
188
5.46 39103 28
lettre
2.79 23124 26 lit
3.69 30117 30
long
11.05 319425 342
m'
5.31 218211 312
ma
3.78 60566 76
main
3.96 54813 65
mal
12.92 477329 529
me
5.40 51129 45
mieux
2.82 28452 34
milieu
10.16 228778 228
moi
5.98 87434 91
moins
2.07 28135 39
mois
5.73 309477 457
mon
4.70 35801 30
mot
4.25 637831 1081
n'
9.06 868891 1305
ne
2.98 40027 51
nom
4.18 101292 137
non
12.12 507528 600
on
5.41 51169 45
oui
4.90 47669 45
parce
2.23 21409 27
parle
3.52 741472 1297
pas
3.50 41038 48
pendant
3.09 59123 81
petit
5.14 134116 176
peu
2.01 21773 29
peuple
2.84 130739 207
peut
6.45 547190 846
plus
12.66 138131 60
point
3.12 53166 71
porte
15.45 987132
1230 qu'
8.50 141803 133
quand
3.60 34385 37
quatre
19.291540412
1920 que
3.88 41255 45
quel
2.90 34568 43
quelle
189
190
2.53 91572 143
quelque
4.85 45239 42
quoi
4.58 35812 31
raison
6.65 136895 156
rien
4.38 46985 49
sais
3.23 38864 47
sera
17.53 389357 271
si
6.04 55797 45
soit
8.93 120934 97
suis
7.33 63217 41 t'
5.32 38903 29 ta
4.15 75155 95
tant
5.05 76978 87 te
3.75 27687 26
tes
6.53 52014 35
toi
4.47 60871 69
ton
3.85 159401 240
tous
2.14 81846 131
trop
10.45 210093 195
tu
2.02 22426 30
venir
2.10 20922 27
vérité
3.24 30495 34
veut
4.54 88836 112
voir
5.47 57290 53
vos
10.47 110162 60
votre
32.86 818177 274
vous
2.78 33319 42
vrai
3.31 39279 47
vu
7.95 336060 446 y
6.5 Annexe 5 : Les noms propres
Fréquence Nom
Exp
roprié
Cher
cheurs
Inve
ntion
Vi
giles
De
rnier
C
orpus
Abchir 0 5 0 0 0 5
Abdalla
h
0 0 1 0 0 1
Abdelh
adi
0 0 1 0 0 1
Abdelk
ader
0 0 0 1 0 1
Abdelm
oumen
0 0 17 0 0 17
Abdelw
ahab
0 0 3 0 0 3
Abdeno
ur
0 0 0 3 0 3
Ahmad 0 0 0 0 1 1
Ahmed 13 9 7 0 0 29
Akli 0 2 1 0 0 3
Ali 15 7 9 1 21 53
Amaou
che
0 8 0 0 0 8
191
Amar 0 0 6 0 0 6
Amina 2 0 0 0 0 2
Amoqra
ne
16 0 0 0 0 16
Arezki 0 5 0 0 0 5
Assema
m
5 0 0 0 0 5
Aziz 0 0 2 0 0 2
Azzi 0 0 2 0 0 2
Bachir 0 0 2 0 0 2
Bakli 0 0 0 2 0 2
Bouale
m
0 0 0 0 16
1
16
1
Bouzia
ne
2 6 0 0 0 8
Brik 0 0 0 45 0 45
Chaâba
ne
0 1 0 0 0 1
Chébib 0 0 0 1 0 1
Chérif 0 2 1 0 0 3
Dahma
ne
0 1 0 0 0 1
Demik 0 0 0 3 0 3
Driss 14 0 0 0 0 14
Elbouli 0 0 0 0 17 17
192
ga
Fatima 1 0 0 0 0 1
Ferhat 0 1 0 0 0 1
Hadj 0 0 1 0 5 6
Hamid 0 0 2 0 0 2
Hammo
uch
0 0 1 0 0 1
Hamou 0 2 0 0 0 2
Hand 0 6 0 0 0 6
Hassan 0 0 1 7 0 8
Hocine 0 0 1 0 0 1
Hssen 0 0 1 0 0 1
Idir 0 0 3 0 0 3
Ismail 0 0 1 0 0 1
Kahéna 5 0 0 0 0 5
Kahina 0 0 6 0 0 6
Kamel 0 0 0 0 12 12
Kenza 0 0 0 0 7 7
Khadra 0 0 0 2 0 2
Khaled 0 0 0 4 0 4
Koceila
h
0 0 1 0 0 1
Lemdja
d
0 0 0 63 0 63
Maâcho 2 7 0 0 0 9
193
u
Mahfou
dh
0 0 0 24
5
0 24
5
Mansou
r
0 0 1 0 0 1
Menoua
r
0 0 0 15
3
0 15
3
Mériem 0 0 1 0 0 1
Messao
ud
6 0 0 24 0 30
Mezaye
r
0 0 0 21 0 21
Mézian
e
9 2 0 0 0 11
Mhand 0 2 0 0 0 2
Moham
ed
0 0 1 0 0 1
Moham
med
0 0 9 0 3 12
Mohan
d
6 4 0 0 0 10
Mokhta
r
0 0 0 1 0 1
Mokran
e
0 1 0 0 0 1
194
Moqran
e
1 0 0 0 0 1
Moqran
i
1 0 0 0 0 1
Mourad 0 0 1 0 0 1
Nabiha 0 0 1 0 0 1
Nadjib 0 0 0 5 0 5
Nedjm 0 0 2 0 0 2
Okba 0 0 7 0 0 7
Omar 0 0 1 0 1 2
Ouahm
ed
0 1 0 0 0 1
Ouali 0 51 1 0 0 52
Ouanch
arissi
0 0 3 0 0 3
Oukaci 0 2 0 0 0 2
Oumezi
ane
0 1 0 0 0 1
Ourezki 0 1 0 0 0 1
Ouzero
uk
0 5 0 0 0 5
Rabah 0 66 0 6 0 72
Redhou
ane
0 0 0 6 0 6
Saâdi 0 1 0 0 0 1
195
Saïd 0 2 0 5 0 7
Salah 0 0 1 0 0 1
Salihi 0 0 1 0 0 1
Samia 0 0 0 18 0 18
Skander 0 0 0 45 0 45
Tachfin 0 0 3 0 0 3
Tahar 0 2 3 0 0 5
Taïbi 0 0 0 6 0 6
Tamim 0 0 2 0 0 2
Tartouc
hi
0 0 2 0 0 2
Tayeb 18 2 6 0 1 27
Touha
mi
0 0 1 0 0 1
Toumer
t
0 0 94 0 0 94
Yahia 0 1 2 0 0 3
Yamina 0 0 1 0 0 1
Yamna 0 0 0 1 0 1
Yekker 0 0 0 0 62 62
Youcef 0 0 13 0 0 13
Younès 0 0 0 13 0 13
Zahra 0 0 4 0 0 4
Ziada 0 0 0 84 0 84
196
6.6 Annexe 6 : Les néologismes
197
FREQUENCE
LEXIE CORPUS EX CH IN VI DER
Associataire 1 0 0 0 1 0
Baratteuse 1 1 0 0 0 0
Bavements 1 1 0 0 0 0
Braillants 1 0 0 0 0 1
Calcinantes 1 1 0 0 0 0
Calcinants 1 1 0 0 0 0
Charognarde 1 0 1 0 0 0
Chikha 1 1 0 0 0 0
Civilisationnelle 1 0 0 0 0 1
Conspueurs 1 1 0 0 0 0
Crissante 2 0 0 0 1 1
Croassante 1 0 0 1 0 0
Déclencheuses 1 0 1 0 0 0
Délivrante 1 0 0 1 0 0
Dépeupleur 1 0 0 1 0 0
Déplaceurs 1 1 0 0 0 0
Désemparement 1 0 0 1 0 0
Déshabillantes 1 0 0 1 0 0
Dévoyante 1 1 0 0 0 0
Dévoyeur 1 0 0 0 0 1
Dévoyeurs 1 0 0 0 0 1
Ecorchante 2 0 0 1 1 0
Ecorchantes 1 0 0 1 0 0
Egaration 1 0 0 1 0 0
Embrouillante 1 0 0 1 0 0
Embrouillantes 1 1 0 0 0 0
Etancheuse 1 1 0 0 0 0
Excommuniants 1 1 0 0 0 0
Exhibitrice 1 0 1 0 0 0
Exsudante 1 0 1 0 0 0
Flamboyantes 1 0 0 0 0 1
198
Fourvoyants 1 1 0 0 0 0
Fourvoyeur 1 0 0 1 0 0
Fracturante 1 1 0 0 0 0
Houlaient 1 1 0 0 0 0
Imamales 1 0 0 1 0 0
Indénonçables 1 0 0 0 1 0
Irisures 1 0 0 0 0 1
Jaugeuses 1 1 0 0 0 0
Ligoteur 1 0 0 0 0 1
Lustrante 1 0 0 1 0 0
Mecques 1 1 0 0 0 0
Napalmisé 1 1 0 0 0 0
Pressurante 2 0 1 1 0 0
Priapes 2 2 0 0 0 0
Psalmodieurs 1 1 0 0 0 0
Rebaliser 1 0 0 1 0 0
Réchauffante 1 0 0 1 0 0
Redisposés 1 0 0 0 1 0
Réenjambe 1 0 0 0 1 0
Réenraciner 1 0 0 0 1 0
Réenterrer 1 0 1 0 0 0
Régénérante 1 0 0 1 0 0
Rematérialise 1 1 0 0 0 0
Reparcourir 1 0 0 0 1 0
Revérifie 1 0 0 0 0 1
Revérifier 1 0 0 0 1 0
Ridiculisants 1 0 1 0 0 0
Rissolante 1 1 0 0 0 0
Soutireurs 1 0 0 0 1 0
Tenaillante 1 0 0 1 0 0
Traînaillante 1 0 0 0 0 1
Traîtreuses 1 1 0 0 0 0
Transfigurante 1 0 1 0 0 0
199
200
Vermifères 1 0 0 1 0 0
Vitupérante 1 1 0 0 0 0
Vitupérantes 1 1 0 0 0 0
Total 71 25 08 18 10 10
6.7 Annexe 7 : Liste du vocabulaire excédentaire dans L’Exproprié
N° Écart Corpus Texte
Mot
1 16.66 1267 481 je
1 15.03 457 222 mon
1 14.28 312 167 ma
1 12.00 529 217 me
1 11.02 39 38 papa
1 10.01 36 34 prairie
1 9.33 238 108 mes
1 9.26 32 30 â
1 8.69 9753 2215 .
N° Écart Corpus Texte
Mot
1 8.34 230 99 soleil
1 8.16 24 23 Seigneur
1 7.50 342 125 m'
1 7.35 391 137 ”
1 7.13 24 21 poète
1 7.10 28 23 forêt
1 6.95 16 16
Amoqrane
1 6.83 358 124 (
N° Écart Corpus Texte
Mot
1 6.74 357 123 )
1 6.44 14 14 Driss
1 6.10 489 151 j'
1 5.90 12 12 rat
1 5.90 12 12 Iboudja
1 5.82 26 19 paysans
1 5.79 123 52 mère
1 5.61 11 11 poèmes
1 5.58 25 18 étoiles
1 5.56 228 80 moi
1 5.44 17 14 folle
1 5.24 27 18 Tayeb
1 5.20 12 11 chameau
1 5.06 184 65 enfant
1 4.93 17 13 gosses
1 4.85 27 17
complètement
1 4.79 470 134 elle
1 4.73 60 28 peau
1 4.68 155 55 mer
1 4.68 8 8 temple
1 4.68 8 8 insulaire
1 4.66 1007 255 sur
1 4.60 14 11 grives
1 4.58 12 10 lauriers
1 4.58 12 10
bibliothèque
1 4.49 44 22 train
1 4.40 48 23 pendant
1 4.39 36 19 mit
1 4.37 15 11 roses
1 4.34 7 7 prirent
1 4.34 7 7 pollen
1 4.34 7 7 gosse
1 4.31 13 10 hameau
1 4.27 11 9 Méziane
1 4.23 80 32 étais
1 4.19 113 41 père
1 4.17 21 13 eus
1 4.16 16 11 lait
1 4.07 14 10 gardien
1 3.98 102 37 sang
1 3.97 6 6 Seigneurs
1 3.97 6 6 seghia
1 3.97 6 6 poème
1 3.97 6 6 orgasme
1 3.97 6 6 offrit
1 3.97 6 6 Matmata
1 3.97 6 6 Isabelle
1 3.97 6 6
iconoclaste
1 3.97 6 6 grottes
1 3.97 6 6 cul
1 3.97 6 6 cigalière
1 3.97 6 6 carte
1 3.97 6 6 apparut
1 3.96 17 11 amitié
1 3.94 10 8 the
1 3.94 10 8
compartiment
1 3.94 10 8 chacals
1 3.92 8 7 pisser
1 3.92 8 7 mémoires
1 3.92 8 7
confectionner
1 3.89 44 20 ventre
1 3.84 436 117 ;
1 3.84 26 14 lune
1 3.72 24 13 vint
1 3.70 265 76 sous
1 3.68 11 8 sexe
1 3.68 11 8 français
1 3.61 54 22 vieille
1 3.60 31 15 bientôt
1 3.60 9 7 stop
1 3.60 9 7 hurler
1 3.59 72 27 langue
1 3.59 25 13 chien
1 3.58 5 5 zèbres
1 3.58 5 5 you
1 3.58 5 5 quartz
1 3.58 5 5 mioches
1 3.58 5 5
maisonnette
1 3.58 5 5 luzernière
1 3.58 5 5 Kahéna
1 3.58 5 5 défilé
1 3.58 5 5 cervelle
1 3.58 5 5 Assemam
1 3.58 5 5 agaves
1 3.56 14 9 rage
1 3.56 14 9 gardiens
1 3.56 7 6 caverne
1 3.56 7 6 alla
1 3.55 69 26 ton
1 3.52 187 56 nuit
1 3.50 17 10 vais
1 3.50 17 10 fleuve
1 3.45 12 8 paysan
1 3.41 53 21 vos
1 3.38 15 9 sûrement
1 3.31 37 16 vieillard
1 3.31 37 16 herbe
1 3.26 66 24 avais
1 3.25 8 6
compatriotes
1 3.25 8 6 bain
1 3.25 8 6 aurore
1 3.21 25 12 prit
1 3.21 16 9 regardait
1 3.21 16 9 décida
1 3.20 22 11 dis
1 3.19 19 10 nez
1 3.18 35 15
compagnon
1 3.17 6 5
randonnées
1 3.17 6 5 noyer
1 3.17 6 5 hune
1 3.17 6 5 houle
1 3.17 6 5
gendarmes
1 3.17 6 5 décidai
1 3.17 6 5 criait
1 3.17 6 5 chiffre
1 3.17 6 5 académie
1 3.17 6 5 abords
1 3.15 4 4 verbe
1 3.15 4 4 testicules
1 3.15 4 4 Tazoult
1 3.15 4 4 salaud
1 3.15 4 4 rossignol
1 3.15 4 4 promit
1 3.15 4 4 partit
1 3.15 4 4 orties
1 3.15 4 4 orifice
1 3.15 4 4 neurones
1 3.15 4 4 mine
1 3.15 4 4
indéniablement
1 3.15 4 4 grandi
1 3.15 4 4 dirent
1 3.15 4 4 dégoût
1 3.15 4 4 balancer
1 3.15 4 4 Ajdir
1 3.14 87 29 te
1 3.12 29 13 Ahmed
1 3.12 11 7 vallée
1 3.12 11 7 notables
1 3.08 195 55 tu
1 3.07 14 8 sel
201
1 3.07 14 8
instituteur
1 3.05 20 10 jouer
1 3.05 17 9
professeur
1 3.03 292 77 puis
1 3.03 62 22 fille
1 3.02 97 31 suis
1 3.01 30 13 long
1 2.99 9 6 sus
1 2.99 9 6 ébats
1 2.99 9 6 agneau
1 2.98 118 36 frère
1 2.92 21 10 soif
1 2.92 21 10 dents
1 2.90 15 8 touristes
1 2.90 15 8 assaut
1 2.87 961 220 nous
1 2.87 133 39 quand
1 2.86 35 14 toi
1 2.86 7 5 vaches
1 2.86 7 5 notable
1 2.86 7 5 moelle
1 2.86 7 5 leva
1 2.86 7 5 essayait
1 2.86 7 5 dieux
1 2.86 7 5 complice
1 2.86 7 5 Club
1 2.85 61 21 …
1 2.82 32 13 doigts
1 2.80 22 10 fleurs
1 2.77 29 12
cependant
1 2.77 10 6 temples
1 2.77 10 6 Mohand
1 2.77 10 6 firent
1 2.77 10 6 /
1 2.75 13 7
apercevoir
1 2.75 5 4 vitre
1 2.75 5 4 tunnel
1 2.75 5 4 tuiles
1 2.75 5 4 prochaine
1 2.75 5 4 prêtres
1 2.75 5 4 nourrir
1 2.75 5 4 mousse
1 2.75 5 4 inspecter
1 2.75 5 4 fis
1 2.75 5 4
commençaient
1 2.75 5 4 calcul
1 2.75 5 4 aurores
1 2.75 5 4 asphalte
1 2.74 40 15
montagne
1 2.69 176 48 yeux
1 2.69 176 48 alors
1 2.68 23 10 cou
1 2.64 143 40 grand
1 2.64 20 9 venaient
1 2.64 20 9 plage
1 2.64 20 9 aussitôt
1 2.63 262 67
quelques
1 2.62 8 5 seau
1 2.62 8 5 rêvais
1 2.62 8 5 mourut
1 2.62 8 5 introduire
1 2.62 8 5 entières
1 2.62 8 5 défaire
1 2.62 8 5 abeilles
1 2.58 31 12 Ancêtre
1 2.58 11 6 revint
1 2.58 11 6 entendait
1 2.50 43 15 cri
1 2.49 2761 582 -
1 2.48 51 17 pieds
1 2.48 18 8 jusque
1 2.48 18 8 classe
1 2.48 18 8 ami
1 2.45 6 4 vider
1 2.45 6 4 refusant
1 2.45 6 4 orée
1 2.45 6 4 lançait
1 2.45 6 4 lança
1 2.45 6 4 écueils
1 2.45 6 4 ébranla
1 2.45 6 4 crapauds
1 2.45 6 4 crânes
1 2.45 6 4 cliquetis
1 2.45 6 4 catimini
1 2.45 6 4 battait
1 2.45 6 4 astre
1 2.45 6 4 aimer
1 2.44 15 7 prenait
1 2.44 15 7 oliviers
1 2.44 15 7 exil
1 2.43 44 15 dos
1 2.41 12 6 semblait
202
1 2.41 12 6 mutisme
1 2.41 12 6 '
1 2.41 9 5
probablement
1 2.41 9 5 portait
1 2.41 9 5 joues
1 2.41 9 5 couvert
1 2.41 9 5 ablutions
1 2.39 85 25 vent
1 2.37 73 22 froid
1 2.36 26 10 venu
1 2.36 26 10 nuits
1 2.35 49 16 jambes
1 2.34 182 47 toujours
1 2.33 99 28 mains
1 2.33 30 11 savais
1 2.32 278 68 jour
1 2.31 34 12 belle
1 2.30 23 9 pensait
1 2.30 23 9 cour
1 2.30 23 9 burnous
1 2.30 16 7 viens
1 2.30 16 7 vague
1 2.30 16 7
connaissait
1 2.29 4 3 ya
1 2.29 4 3 volontiers
1 2.29 4 3 vespérale
1 2.29 4 3 tirait
1 2.29 4 3 succion
1 2.29 4 3 soyeuses
1 2.29 4 3 solaire
1 2.29 4 3 semence
1 2.29 4 3 sanglier
1 2.29 4 3 remarquée
1 2.29 4 3 rejoignit
1 2.29 4 3 régions
1 2.29 4 3 regardai
1 2.29 4 3 ramena
1 2.29 4 3 prêtre
1 2.29 4 3 pleurant
1 2.29 4 3 phrase
1 2.29 4 3 permettait
1 2.29 4 3 parut
1 2.29 4 3 parcourais
1 2.29 4 3 paniers
1 2.29 4 3 oliveraie
1 2.29 4 3 mordre
1 2.29 4 3 mixtures
1 2.29 4 3
missionnaires
1 2.29 4 3 mîmes
1 2.29 4 3 mettais
1 2.29 4 3 matrice
1 2.29 4 3 maman
1 2.29 4 3 Leila
1 2.29 4 3 lascars
1 2.29 4 3 lâchait
1 2.29 4 3 jupe
1 2.29 4 3 Juif
1 2.29 4 3 jugeant
1 2.29 4 3
honorables
1 2.29 4 3 gourds
1 2.29 4 3 globe
1 2.29 4 3
gendarmerie
1 2.29 4 3 faisais
1 2.29 4 3 équation
1 2.29 4 3 envoya
1 2.29 4 3 envolèrent
1 2.29 4 3 enveloppé
1 2.29 4 3
engloutissaient
1 2.29 4 3 empreinte
1 2.29 4 3 embarquer
1 2.29 4 3 dort
1 2.29 4 3 désespoir
1 2.29 4 3 démesurée
1 2.29 4 3 délit
1 2.29 4 3 décliner
1 2.29 4 3
commençai
1 2.29 4 3 chics
1 2.29 4 3 caresses
1 2.29 4 3 bons
1 2.29 4 3 bondir
1 2.29 4 3 beignets
1 2.29 4 3 auras
1 2.29 4 3 approprié
1 2.29 4 3 aphone
1 2.29 4 3 aperçûmes
1 2.29 4 3 annoncer
1 2.29 4 3 amnésique
1 2.29 4 3 amadouer
1 2.26 13 6 nerfs
1 2.26 13 6 disait
1 2.26 13 6 amas
1 2.24 20 8 entrailles
203
204
1 2.23 35 12 neige
1 2.22 51 16 nom
1 2.22 39 13 eut
1 2.22 10 5 voyant
1 2.22 10 5 tripes
1 2.22 10 5 rêvant
1 2.22 10 5 propice
1 2.22 10 5 lentisques
1 2.22 10 5 langues
1 2.22 10 5 effroi
1 2.22 10 5 coulait
1 2.22 10 5 apparaît
1 2.22 7 4 turban
1 2.22 7 4 trouvai
1 2.22 7 4 suffisait
1 2.22 7 4 robe
1 2.22 7 4
psalmodier
1 2.22 7 4 pressaient
1 2.22 7 4 partîmes
1 2.22 7 4 offert
1 2.22 7 4 moustache
1 2.22 7 4 méfaits
1 2.22 7 4 langage
1 2.22 7 4 inutiles
1 2.22 7 4 furieux
1 2.22 7 4 élevée
1 2.22 7 4 déserte
1 2.22 7 4 couverture
1 2.22 7 4 boîte
1 2.22 7 4 alcools
1 2.18 4328 887 le
1 2.18 28 10 ta
1 2.18 28 10 nuages
1 2.18 17 7 cheveux
1 2.15 48 15 venait
1 2.13 21 8 écrire
1 2.13 21 8 cheval
1 2.12 65 19 premier
1 2.12 65 19 mal
1 2.12 14 6 révolte
1 2.12 14 6 pousser
1 2.11 78 22 bon
1 2.10 113 30 femme
1 2.10 25 9 gros
1 2.10 25 9 gloire
1 2.09 49 15 mis
1 2.09 29 10 pied
1 2.08 292 69 jamais
1 2.08 33 11 odeurs
1 2.08 33 11 es
1 2.06 11 5 veux
1 2.06 11 5 tombait
1 2.06 11 5 sortit
1 2.06 11 5 sérieux
1 2.06 11 5 lézards
1 2.06 11 5
finalement
1 2.06 11 5 femelle
1 2.06 11 5 drôle
1 2.06 11 5 brebis
1 2.06 11 5 arriva
1 2.05 4279 873 les
1 2.03 22 8 jeu
1 2.03 22 8 étions
1 2.02 160 40 dieu
1 2.02 8 4 versets
1 2.02 8 4 tardai
1 2.02 8 4 rigoles
1 2.02 8 4 répondit
1 2.02 8 4 religieux
1 2.02 8 4 poings
1 2.02 8 4 partis
1 2.02 8 4 nuque
1 2.02 8 4 mouton
1 2.02 8 4 devais
1 2.02 8 4 brûler
1 2.02 8 4 blessure
1 2.01 26 9 tes
1 2.01 5 3 vulgaire
1 2.01 5 3 vessie
1 2.01 5 3 vérités
1 2.01 5 3 sortirent
1 2.01 5 3 solide
1 2.01 5 3
sérieusement
1 2.01 5 3 sachant
1 2.01 5 3 rejette
1 2.01 5 3 rase
1 2.01 5 3 race
1 2.01 5 3 prêtait
1 2.01 5 3 précipita
1 2.01 5 3 pratiqué
1 2.01 5 3 perdait
1 2.01 5 3 passa
1 2.01 5 3 partaient
1 2.01 5 3 osaient
1 2.01 5 3 nœud
1 2.01 5 3
moisissures
1 2.01 5 3 mettant
1 2.01 5 3 mauvaises
1 2.01 5 3 mare
1 2.01 5 3 injures
1 2.01 5 3 hurlait
1 2.01 5 3 génitrice
1 2.01 5 3 gangue
1 2.01 5 3 fusaient
1 2.01 5 3 flaque
1 2.01 5 3 filets
1 2.01 5 3 fastes
1 2.01 5 3 étouffer
1 2.01 5 3 estivants
1 2.01 5 3 errants
1 2.01 5 3 entendais
1 2.01 5 3
effectivement
1 2.01 5 3
éclabousser
1 2.01 5 3 disais
1 2.01 5 3
désappointement
1 2.01 5 3 danser
1 2.01 5 3 copain
1 2.01 5 3 colères
1 2.01 5 3 cimes
1 2.01 5 3 chars
1 2.01 5 3 chante
1 2.01 5 3 cerveau
1 2.01 5 3 centimes
1 2.01 5 3 cécité
1 2.01 5 3
caniculaire
1 2.01 5 3 bouse
1 2.01 5 3 bourg
1 2.01 5 3
bergeronnettes
1 2.01 5 3 assiette
1 2.01 5 3 arracha
1 2.01 5 3 armé
1 2.01 5 3 arbitre
1 2.01 5 3 apprit
1 2.01 5 3 agneaux
1 2.01 5 3 absoudre
1 2.01 5 3 abattait
6.8 Annexe 8 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Les Chercheurs
d’Os
N° Écart Crp. Texte
Mot
2 7.22 36 26 os
2 7.19 118 54
frère
2 6.78 25 20
étrangers
2 6.42 845 220
plus
205
2 6.35 32 22
squelette
2 5.92 49 27
sais
2 5.90 1919 432
que
2 5.70 15 13
camions
2 5.47 18 14
viande
2 5.47 18 14
ânes
2 5.41 155 55
nos
2 5.33 26 17
vieillards
2 5.25 457 124
mon
2 5.21 196 64 ai
2 4.99 34 19
sommes
2 4.98 529 137
me
2 4.95 228 70
moi
N° Écart Crp. Texte
Mot
2 4.88 32 18
avons
2 4.86 8 8
Amaouche
2 4.84 14 11
vache
2 4.82 24 15
villages
2 4.79 10 9
lézard
2 4.76 39 20
morts
2 4.68 127 44
lorsque
2 4.55 293 82
ces
2 4.51 7 7
Anezrou
2 4.30 14 10
militaires
2 4.30 14 10
comprends
2 4.27 28 15
avions
2 4.23 245 69
hommes
2 4.19 4279 843
les
2 4.17 343 90
sont
2 4.13 6 6
Sbaâ
N° Écart Crp. Texte
Mot
2 4.13 6 6
Hand
2 4.13 6 6
consenti
2 4.13 6 6
cheik
2 4.13 6 6
Boubras
2 4.13 6 6
billet
2 4.10 8 7
accompagnent
2 4.09 46 20
montagnes
206
2 4.05 33 16
arriver
2 4.03 4586 895
et
2 4.03 193 56 !
2 3.99 13 9
allez
2 3.98 113 37
ceux
2 3.97 51 21
guerre
2 3.96 249 68
très
2 3.91 16 10
djemaa
2 3.91 16 10
berger
2 3.90 63 24
fils
2 3.88 25 13
doivent
2 3.88 11 8
allons
2 3.79 14 9
pauvres
2 3.79 14 9
parlent
2 3.79 9 7
natte
2 3.79 9 7
Maâchou
2 3.78 657 151
ils
2 3.78 489 117 j'
2 3.78 29 14
viennent
2 3.76 288 75
ont
2 3.76 97 32
suis
2 3.74 54 21
pierre
2 3.74 23 12
saint
2 3.74 23 12
biens
2 3.72 7 6
sauce
2 3.72 5 5
Ouzerouk
2 3.72 5 5
nôtre
2 3.72 5 5
Leloup
2 3.72 5 5
drap
2 3.72 5 5
connaissaient
2 3.72 5 5
bouquet
2 3.72 5 5
Arezki
2 3.72 5 5
Abchir
2 3.67 107 34
gens
2 3.65 37 16
chèvres
2 3.59 238 63
mes
2 3.59 152 44
mort
2 3.56 166 47
avaient
2 3.52 208 56
207
étaient
2 3.52 85 28
donc
2 3.47 39 16
maisons
2 3.46 22 11
douce
2 3.46 13 8
voilà
2 3.46 13 8
couscous
2 3.41 8 6
restes
2 3.41 8 6
film
2 3.41 8 6
Bouziane
2 3.41 8 6
Bordj
2 3.41 8 6
aurions
2 3.38 135 39
choses
2 3.38 40 16
jeunes
2 3.36 44 17
impression
2 3.34 80 26
femmes
2 3.32 6 5
pieuses
2 3.32 6 5
engins
2 3.32 6 5
dépotoirs
2 3.32 6 5
arrivons
2 3.31 11 7
morceaux
2 3.28 17 9
richesses
2 3.28 17 9
enfer
2 3.28 14 8
mets
2 3.28 4 4 sac
2 3.28 4 4
pioche
2 3.28 4 4
imposant
2 3.28 4 4
humides
2 3.28 4 4
fosse
2 3.28 4 4
creuser
2 3.28 4 4
chercheurs
2 3.28 4 4
carrossable
2 3.28 4 4
Bouharoun
2 3.28 4 4
bénissez
2 3.25 240 61
tous
2 3.22 260 65
fait
2 3.22 24 11
vois
2 3.16 9 6
somme
2 3.16 9 6
posé
2 3.16 9 6
208
occasions
2 3.16 9 6
discussions
2 3.16 9 6
aperçois
2 3.13 47 17
vu
2 3.07 688 149
c'
2 3.05 22 10
bœufs
2 3.01 19 9
plat
2 3.01 7 5
terminée
2 3.01 7 5
pages
2 3.01 7 5
chaises
2 3.00 37 14
paradis
2 2.99 26 11
grandes
2 2.97 16 8
respirer
2 2.97 16 8
Moh
2 2.97 16 8
étranger
2 2.95 10 6
triste
2 2.95 10 6
ben
2 2.94 23 10
asseoir
2 2.91 46 16
bonne
2 2.90 84 25
route
2 2.88 5 4
sieste
2 2.88 5 4
ressembler
2 2.88 5 4
lieutenant
2 2.88 5 4
jetant
2 2.88 5 4
incroyable
2 2.88 5 4
créatures
2 2.88 5 4
agréablement
2 2.86 932 193
mais
2 2.84 112 31
voir
2 2.84 94 27
beaucoup
2 2.83 24 10
vêtements
2 2.83 17 8
tombe
2 2.83 17 8
garçon
2 2.83 17 8
blancs
2 2.81 600 129
on
2 2.80 60 19
journée
2 2.79 95 27
tant
2 2.79 14 7
vivants
209
2 2.79 14 7
plusieurs
2 2.79 14 7
chansons
2 2.78 366 83
leurs
2 2.77 8 5
véritables
2 2.77 8 5
sainte
2 2.77 8 5
pensai
2 2.77 8 5
créé
2 2.77 8 5
coule
2 2.76 44 15
vite
2 2.76 21 9
herbes
2 2.76 11 6
squelettes
2 2.76 11 6
rappeler
2 2.76 11 6
généreux
2 2.76 11 6
fruit
2 2.74 278 65
jour
2 2.72 70 21
personnes
2 2.70 191 47
autres
2 2.70 18 8
mouches
2 2.70 18 8
formes
2 2.70 18 8
dormir
2 2.69 134 35
eux
2 2.68 300 69
bien
2 2.68 211 51
toutes
2 2.68 62 19
heures
2 2.68 41 14
chacun
2 2.68 37 13
pièges
2 2.64 342 77
m'
2 2.64 247 58
encore
2 2.64 126 33
air
2 2.64 15 7
troupeaux
2 2.64 15 7
piété
2 2.64 15 7
paraît
2 2.64 15 7
imaginer
2 2.64 15 7
grosse
2 2.62 1575 309
est
2 2.60 38 13
chercher
2 2.59 12 6
quitté
2 2.59 12 6
210
posséder
2 2.59 12 6
mission
2 2.59 12 6
militaire
2 2.59 12 6
machines
2 2.59 12 6
entrée
2 2.59 6 4
servent
2 2.59 6 4
rentré
2 2.59 6 4
montagnards
2 2.59 6 4
honteux
2 2.59 6 4
habillés
2 2.59 6 4
frappe
2 2.59 6 4
faisons
2 2.59 6 4
constamment
2 2.59 6 4
comprenais
2 2.59 6 4
comble
2 2.59 6 4
ange
2 2.58 137 35
elles
2 2.58 19 8
voisin
2 2.58 19 8
ensemble
2 2.57 9 5
véhicules
2 2.57 9 5
surveiller
2 2.57 9 5
sujet
2 2.57 9 5
miel
2 2.57 9 5
gêne
2 2.57 9 5
crête
2 2.57 9 5
condition
2 2.54 43 14
famille
2 2.54 23 9
pèlerins
2 2.53 701 145
avec
2 2.53 87 24
silence
2 2.52 35 12
rouge
2 2.52 31 11
chair
2 2.51 16 7
papiers
2 2.51 16 7
oncle
2 2.51 16 7
demain
2 2.51 16 7
découvert
2 2.51 16 7
chiens
2 2.51 16 7
appareil
211
2 2.51 16 7
abri
2 2.48 48 15
images
2 2.47 121 31
maison
2 2.45 2206 421
qui
2 2.45 66 19
avais
2 2.45 40 13
montagne
2 2.45 40 13
lendemain
2 2.44 36 12
devenu
2 2.44 13 6
vieil
2 2.44 13 6
poursuivre
2 2.44 13 6
pesant
2 2.44 13 6
belles
2 2.40 241 55 là
2 2.40 191 45
terre
2 2.40 4 3
vienne
2 2.40 4 3
transformés
2 2.40 4 3
tombés
2 2.40 4 3
tiennent
2 2.40 4 3
supplice
2 2.40 4 3
royalement
2 2.40 4 3
rogne
2 2.40 4 3
revois
2 2.40 4 3
récitants
2 2.40 4 3
progression
2 2.40 4 3
progéniture
2 2.40 4 3
prêter
2 2.40 4 3
portaient
2 2.40 4 3
naturels
2 2.40 4 3
matelas
2 2.40 4 3
mangent
2 2.40 4 3
laborieusement
2 2.40 4 3
inhabituelle
2 2.40 4 3
groupes
2 2.40 4 3
gêné
2 2.40 4 3
fusent
2 2.40 4 3
fûmes
2 2.40 4 3
fasse
2 2.40 4 3
entendent
212
2 2.40 4 3
disperse
2 2.40 4 3
dalles
2 2.40 4 3
creusaient
2 2.40 4 3
couchés
2 2.40 4 3
colons
2 2.40 4 3
changements
2 2.40 4 3
carabine
2 2.40 4 3
brave
2 2.40 4 3
autrefois
2 2.40 4 3
auront
2 2.40 4 3
attestations
2 2.40 4 3
admis
2 2.39 292 65
puis
2 2.39 90 24
côté
2 2.39 10 5
tristes
2 2.39 10 5
pièces
2 2.39 10 5
humains
2 2.39 10 5
estomac
2 2.39 10 5
agréable
2 2.38 17 7
tenu
2 2.37 72 20
langue
2 2.36 21 8
heureusement
2 2.35 77 21
cœur
2 2.35 29 10
manger
2 2.35 25 9
rester
2 2.35 7 4
voient
2 2.35 7 4
villa
2 2.35 7 4
somnolence
2 2.35 7 4
pouvions
2 2.35 7 4
particulière
2 2.35 7 4
nues
2 2.35 7 4
hammam
2 2.35 7 4
entassés
2 2.35 7 4
devons
2 2.35 7 4
attends
2 2.35 7 4
allions
2 2.32 1304 254
ne
2 2.31 42 13
213
faim
2 2.30 78 21
première
2 2.30 14 6 oh
2 2.30 14 6
occupation
2 2.30 14 6
crâne
2 2.28 553 114
même
2 2.27 74 20
soir
2 2.27 74 20
chaleur
2 2.27 18 7 soi
2 2.27 18 7
secondes
2 2.26 56 16
manière
2 2.25 26 9
vaste
2 2.25 26 9
aube
2 2.25 22 8
existence
2 2.24 43 13
heureux
2 2.22 187 43
nuit
2 2.22 39 12
malgré
2 2.22 11 5
vaut
2 2.22 11 5
piège
2 2.22 11 5
parcelle
2 2.22 11 5
nettement
2 2.22 11 5
monture
2 2.22 11 5
malheur
2 2.22 11 5
choix
2 2.22 11 5
alentour
2 2.20 35 11
compagnon
2 2.18 44 13
laisse
2 2.17 15 6
tranquille
2 2.17 15 6
tandis
2 2.17 15 6
halte
2 2.17 15 6
grosses
2 2.17 15 6
courir
2 2.17 15 6
collines
2 2.16 23 8
larmes
2 2.16 19 7
nullement
2 2.16 19 7
garçons
2 2.16 19 7
aimé
2 2.16 8 4
voisinage
2 2.16 8 4
pieux
214
2 2.16 8 4
peinture
2 2.16 8 4
partis
2 2.16 8 4
palabres
2 2.16 8 4
guêpes
2 2.16 8 4
accompagner
2 2.13 36 11
premiers
2 2.12 5 3
vîmes
2 2.12 5 3
verve
2 2.12 5 3
vertes
2 2.12 5 3
tutélaires
2 2.12 5 3
signifier
2 2.12 5 3
roseau
2 2.12 5 3
retrait
2 2.12 5 3
précipité
2 2.12 5 3
personnages
2 2.12 5 3
pastèque
2 2.12 5 3
passaient
2 2.12 5 3
paître
2 2.12 5 3
osait
2 2.12 5 3
occupant
2 2.12 5 3
montent
2 2.12 5 3
méconnaissable
2 2.12 5 3
massue
2 2.12 5 3
larges
2 2.12 5 3
jouir
2 2.12 5 3
immuable
2 2.12 5 3
fournaise
2 2.12 5 3 fier
2 2.12 5 3
fausse
2 2.12 5 3
familiarité
2 2.12 5 3
entretenait
2 2.12 5 3
conseils
2 2.12 5 3
condisciples
2 2.12 5 3
comportements
2 2.12 5 3
circulation
2 2.12 5 3
brusquement
2 2.12 5 3
bouffe
2 2.12 5 3
anxiété
215
216
2 2.12 5 3
anges
2 2.12 5 3
anecdotes
2 2.12 5 3
âmes
2 2.12 5 3
aménagé
2 2.12 5 3
affirmer
2 2.12 5 3
accablant
2 2.10 32 10
troupeau
2 2.10 32 10
silencieux
2 2.08 28 9
murs
2 2.08 12 5
sert
2 2.08 12 5
importe
2 2.08 12 5 fus
2 2.08 12 5
étable
2 2.06 24 8
source
2 2.06 24 8
parents
2 2.06 24 8
canicule
2 2.06 16 6
tourner
2 2.06 16 6
magasins
2 2.06 16 6
basse
2 2.05 46 13
met
2 2.05 20 7
pleine
2 2.04 108 26
voix
2 2.04 60 16
parmi
2 2.02 51 14
aller
6.9 Annexe 9 : Liste du vocabulaire excédentaire dans L’Invention du
Désert
N° Écart Crp. Texte Mot
3 19.55 120 119 ibn
3 17.36 94 94 Toumert
3 7.59 22 22
Marrakech
3 7.42 66 45 voyage
3 7.41 75 49 désert
3 7.18 20 20
Almoravides
3 7.14 3131 951 des
3 6.97 22 21 Maghreb
N° Écart Crp. Texte Mot
3 6.63 46 33 sable
3 6.57 111 60 oiseaux
3 6.55 17 17
Almoravide
3 6.55 17 17
Abdelmoumen
3 6.23 21 19 corbeaux
3 6.10 15 15 Aden
3 6.05 35 26 imam
3 6.02 55 35 oiseau
N° Écart Crp. Texte Mot
3 5.86 14 14 Sanaa
3 5.80 801 272 était
3 5.62 13 13 Youcef
3 5.62 13 13 Tehouda
3 5.62 13 13
hirondelles
3 5.62 13 13 Arabie
3 5.62 13 13
Almohades
3 5.62 13 13 Alger
3 5.57 18 16 pèlerin
3 5.50 184 80 enfant
3 5.44 91 47 bêtes
3 5.37 12 12 Bejaia
3 5.10 16 14 mahdi
3 5.10 16 14
immobilité
3 5.06 28 20 el
3 4.84 10 10 disciples
3 4.83 25 18 noirs
3 4.81 489 169 j'
3 4.80 21 16 casbah
3 4.79 19 15 bâton
3 4.59 153 64 ciel
3 4.56 9 9 qat
3 4.56 9 9 dynastie
3 4.48 1309 396 du
3 4.39 37 22 fallait
3 4.36 30 19 villes
3 4.29 3524 985 l'
3 4.22 76 36 seule
3 4.17 688 219 c'
3 4.16 209 79 tête
3 4.12 20 14 berbère
3 4.12 10 9 mecque
3 4.07 16 12 vents
3 3.97 62 30 histoire
3 3.96 230 84 monde
3 3.95 191 72 terre
3 3.95 7 7 Orient
3 3.95 7 7 Okba
3 3.95 7 7 Djedda
3 3.91 4279 1172 les
3 3.87 66 31 allait
3 3.83 9 8 hôtel
3 3.83 9 8 contrées
3 3.80 342 116 m'
3 3.76 94 40 ici
3 3.76 22 14 têtes
3 3.76 22 14 terres
3 3.73 27 16 mosquée
3 3.62 6 6 Rimbaud
3 3.62 6 6 ramenait
3 3.62 6 6 parvint
3 3.62 6 6 moula
3 3.62 6 6 Kahina
3 3.62 6 6 déserts
3 3.62 6 6 chleuh
3 3.62 6 6 Biskra
3 3.62 6 6 bab
3 3.62 6 6 Amar
3 3.60 33 18
mouvement
3 3.59 109 44 arbres
3 3.59 23 14 siècles
3 3.57 44 22 savait
3 3.54 14 10 voulais
3 3.52 8 7 océan
3 3.52 8 7 murailles
3 3.52 8 7 islam
3 3.52 8 7 éternité
3 3.52 8 7 étendue
3 3.52 8 7 chauffeur
3 3.52 8 7 bec
3 3.51 12 9
Mohammed
3 3.51 12 9 dunes
3 3.49 1845 522 dans
3 3.49 10 8 royaume
3 3.49 10 8 pèlerinage
3 3.49 10 8
inébranlable
3 3.44 357 117 )
3 3.41 358 117 (
3 3.39 204 72 ville
217
3 3.33 15 10 roche
3 3.33 15 10 aveugle
3 3.29 25 14 cité
3 3.29 25 14 aimait
3 3.27 13 9 nudité
3 3.26 102 40 fut
3 3.26 5 5 Yémen
3 3.26 5 5 vastitude
3 3.26 5 5 traversées
3 3.26 5 5 traque
3 3.26 5 5 Touggourt
3 3.26 5 5 Tlemcen
3 3.26 5 5 tisons
3 3.26 5 5 rectitude
3 3.26 5 5 prophétie
3 3.26 5 5 Occident
3 3.26 5 5 golfe
3 3.26 5 5 Géant
3 3.26 5 5 désolation
3 3.26 5 5 délivre
3 3.26 5 5 bouches
3 3.26 5 5 Ahaggar
3 3.22 11 8 milliers
3 3.22 11 8 mille
3 3.22 11 8 fantômes
3 3.21 18 11 naître
3 3.19 31 16 Ancêtre
3 3.19 9 7 superbe
3 3.19 9 7 parfait
3 3.19 9 7 hormis
3 3.19 9 7 argile
3 3.19 7 6 tribu
3 3.19 7 6 théologien
3 3.19 7 6 relais
3 3.19 7 6 plaque
3 3.19 7 6 migration
3 3.19 7 6 France
3 3.19 7 6
effondrement
3 3.19 7 6 constitué
3 3.19 7 6 aéroport
3 3.17 51 23 hiver
3 3.14 37 18 sortir
3 3.09 52 23 partir
3 3.07 32 16 fit
3 3.05 14 9 but
3 2.98 30 15 vit
3 2.98 12 8 souverain
3 2.98 12 8 devenait
3 2.97 22 12 eaux
3 2.95 17 10 bateau
3 2.93 63 26 faisait
3 2.92 10 7 raisin
3 2.92 10 7 quartiers
3 2.92 10 7 perdrix
3 2.92 10 7 palais
3 2.92 10 7 Nord
3 2.92 10 7 désastre
3 2.91 79 31 pouvait
3 2.91 51 22 couleurs
3 2.91 48 21 feu
3 2.90 148 52 parfois
3 2.89 28 14 désirs
3 2.87 4 4 Zahra
3 2.87 4 4
vacillement
3 2.87 4 4 trajectoires
3 2.87 4 4 Targui
3 2.87 4 4 soucoupe
3 2.87 4 4 Shamsan
3 2.87 4 4 reçut
3 2.87 4 4 possibles
3 2.87 4 4
parallélépipède
3 2.87 4 4 Ouargla
3 2.87 4 4 narguilé
3 2.87 4 4 murettes
3 2.87 4 4 mont
3 2.87 4 4 Mellala
3 2.87 4 4 largeur
3 2.87 4 4 lancés
3 2.87 4 4 jarres
3 2.87 4 4
hammadide
3 2.87 4 4 gel
3 2.87 4 4 fourmis
3 2.87 4 4 fondateur
3 2.87 4 4
éternellement
3 2.87 4 4 empire
3 2.87 4 4 égayer
3 2.87 4 4 coulé
3 2.87 4 4 approchant
3 2.87 4 4 Aghmat
3 2.87 4 4
accomplissement
3 2.86 15 9 histoires
3 2.86 15 9 bataille
3 2.86 8 6 telles
218
3 2.86 8 6 Satan
3 2.86 8 6 ruine
3 2.86 8 6 routes
3 2.86 8 6 mâle
3 2.86 8 6 inventer
3 2.86 8 6 imaginais
3 2.86 8 6
dromadaires
3 2.86 8 6
correspondance
3 2.86 8 6 consommé
3 2.85 34 16 retour
3 2.84 80 31 étais
3 2.84 6 5 statue
3 2.84 6 5 sacs
3 2.84 6 5 sables
3 2.84 6 5 réel
3 2.84 6 5 prince
3 2.84 6 5 cachette
3 2.84 6 5
architecture
3 2.83 170 58 pays
3 2.77 471 142 aux
3 2.77 13 8 voyager
3 2.77 13 8 remparts
3 2.76 114 41 eau
3 2.74 38 17 voici
3 2.73 108 39 seul
3 2.73 21 11 surface
3 2.73 21 11 pattes
3 2.68 16 9 direction
3 2.68 16 9 atlas
3 2.68 16 9 aimais
3 2.68 11 7 viscères
3 2.68 11 7 guerriers
3 2.67 27 13 poussière
3 2.65 2206 598 qui
3 2.65 48 20 plein
3 2.64 42 18 jadis
3 2.64 36 16 fort
3 2.63 19 10 rivière
3 2.63 19 10 prophète
3 2.63 19 10 combat
3 2.60 9 6 errance
3 2.60 9 6 éprouvante
3 2.60 9 6 écriture
3 2.60 9 6 cruauté
3 2.60 9 6 campement
3 2.60 9 6 cadavre
3 2.60 9 6 appelait
3 2.59 71 27 force
3 2.58 14 8 pouvais
3 2.58 14 8 lecture
3 2.57 25 12 verdure
3 2.55 43 18 cri
3 2.55 40 17
simplement
3 2.54 34 15 fraîcheur
3 2.52 17 9 étranges
3 2.52 7 5 regardions
3 2.52 7 5 pistes
3 2.52 7 5 lointain
3 2.52 7 5 itinéraire
3 2.52 7 5 hermétique
3 2.52 7 5 gent
3 2.52 7 5 errances
3 2.52 7 5 écorce
3 2.52 7 5 dénuement
3 2.52 7 5 débris
3 2.52 7 5 chameaux
3 2.50 133 45 quand
3 2.48 12 7 veiller
3 2.48 12 7 plaine
3 2.48 12 7 noires
3 2.48 12 7 gorges
3 2.48 12 7 fièvre
3 2.46 23 11 pèlerins
3 2.46 23 11 furent
3 2.46 5 4 vrais
3 2.46 5 4 victorieux
3 2.46 5 4 troncs
3 2.46 5 4 simples
3 2.46 5 4 Sahara
3 2.46 5 4 promenade
3 2.46 5 4 produisit
3 2.46 5 4 porta
3 2.46 5 4 pétrole
3 2.46 5 4 persistait
3 2.46 5 4 obligés
3 2.46 5 4 marqué
3 2.46 5 4 majesté
3 2.46 5 4 localités
3 2.46 5 4 légende
3 2.46 5 4 justicier
3 2.46 5 4 intraitables
3 2.46 5 4
insaisissable
3 2.46 5 4 immensité
3 2.46 5 4 fumées
219
3 2.46 5 4 fragiles
3 2.46 5 4 figuiers
3 2.46 5 4 eût
3 2.46 5 4 étals
3 2.46 5 4 escalader
3 2.46 5 4 égale
3 2.46 5 4 dromadaire
3 2.46 5 4 crêpes
3 2.46 5 4 courette
3 2.46 5 4 contes
3 2.46 5 4 conquête
3 2.46 5 4
commandes
3 2.46 5 4 chevreaux
3 2.46 5 4 chanteur
3 2.46 5 4
bruissement
3 2.46 5 4 bleues
3 2.45 38 16 insectes
3 2.45 26 12 oreilles
3 2.44 57 22 désir
3 2.44 35 15 horizon
3 2.42 67 25 celle
3 2.41 15 8 malade
3 2.40 292 89 jamais
3 2.39 74 27 chaleur
3 2.39 48 19 beau
3 2.37 42 17 aurais
3 2.37 18 9 mouettes
3 2.37 18 9 ailes
3 2.37 10 6 sud
3 2.37 10 6 oasis
3 2.37 10 6 mi
3 2.37 10 6 lèvent
3 2.37 10 6 frontières
3 2.37 10 6 bateaux
3 2.36 39 16 malgré
3 2.35 55 21 foi
3 2.35 21 10 rouges
3 2.35 21 10 parcours
3 2.35 21 10 époque
3 2.34 24 11 olivier
3 2.31 201 63 corps
3 2.30 600 171 on
3 2.30 13 7 parlaient
3 2.30 13 7 oued
3 2.30 13 7 limites
3 2.29 59 22 surtout
3 2.27 9753 2507 .
3 2.26 16 8 oublier
3 2.26 8 5 tue
3 2.26 8 5 tempête
3 2.26 8 5 serrés
3 2.26 8 5 savions
3 2.26 8 5 précise
3 2.26 8 5 note
3 2.26 8 5 métro
3 2.26 8 5 goutte
3 2.26 8 5 franchir
3 2.26 8 5 fragile
3 2.26 8 5 émanations
3 2.26 8 5 caravane
3 2.26 8 5 bornes
3 2.26 8 5 bords
3 2.25 63 23 vivre
3 2.24 34 14 étrange
3 2.23 28 12 proximité
3 2.23 19 9 exemple
3 2.22 25 11 saison
3 2.18 54 20 enfance
3 2.17 11 6 terreur
3 2.17 11 6 rang
3 2.17 11 6 invisible
3 2.16 245 74 hommes
3 2.15 78 27 ailleurs
3 2.15 35 14 telle
3 2.15 6 4 triomphe
3 2.15 6 4 trésor
3 2.15 6 4 tasse
3 2.15 6 4 soustraire
3 2.15 6 4 sœur
3 2.15 6 4 pureté
3 2.15 6 4 pêche
3 2.15 6 4 palper
3 2.15 6 4 ouvrait
3 2.15 6 4 ocre
3 2.15 6 4 natal
3 2.15 6 4 morte
3 2.15 6 4 monts
3 2.15 6 4 monticule
3 2.15 6 4 moderne
3 2.15 6 4 imposante
3 2.15 6 4
imperceptible
3 2.15 6 4 humide
3 2.15 6 4 froids
3 2.15 6 4 égard
3 2.15 6 4 efface
3 2.15 6 4 définitive
220
3 2.15 6 4 collier
3 2.15 6 4 cacher
3 2.15 6 4 bouger
3 2.13 177 55 cela
3 2.13 32 13 image
3 2.13 14 7 signes
3 2.13 14 7 remous
3 2.13 14 7 froide
3 2.13 14 7 commun
3 2.11 96 32 lumière
3 2.11 26 11 contrée
3 2.11 23 10 miracle
3 2.11 23 10 chambre
3 2.11 17 8 venus
3 2.11 17 8 tapis
3 2.10 42 16 feuilles
3 2.08 39 15 eut
3 2.08 39 15 couleur
3 2.07 76 26 sens
3 2.05 4 3 vigiles
3 2.05 4 3 vigilante
3 2.05 4 3
tumultueuse
3 2.05 4 3 troubles
3 2.05 4 3 translucide
3 2.05 4 3
transhumances
3 2.05 4 3 tranchant
3 2.05 4 3 trajectoire
3 2.05 4 3 touriste
3 2.05 4 3 théologiens
3 2.05 4 3 terrassés
3 2.05 4 3 ténacité
3 2.05 4 3 téméraire
3 2.05 4 3 tambour
3 2.05 4 3
symbolique
3 2.05 4 3 secouer
3 2.05 4 3 sandales
3 2.05 4 3 salutaire
3 2.05 4 3 rythmes
3 2.05 4 3 roi
3 2.05 4 3 rochers
3 2.05 4 3 ramène
3 2.05 4 3
puritanisme
3 2.05 4 3 prostituées
3 2.05 4 3 promenait
3 2.05 4 3
préoccupait
3 2.05 4 3 prédateur
3 2.05 4 3 poussait
3 2.05 4 3 plonger
3 2.05 4 3 pleut
3 2.05 4 3 pleurs
3 2.05 4 3 pleure
3 2.05 4 3 pierreux
3 2.05 4 3 pesanteur
3 2.05 4 3 parentèle
3 2.05 4 3 oppressant
3 2.05 4 3 moiteur
3 2.05 4 3 meurtre
3 2.05 4 3 Mercedes
3 2.05 4 3 massifs
3 2.05 4 3 marchands
3 2.05 4 3 mange
3 2.05 4 3 légendes
3 2.05 4 3 lapereaux
3 2.05 4 3 lampes
3 2.05 4 3 infatigable
3 2.05 4 3 impuissant
3 2.05 4 3 gris
3 2.05 4 3 goudron
3 2.05 4 3 fracas
3 2.05 4 3 fourrure
3 2.05 4 3 figée
3 2.05 4 3 fatal
3 2.05 4 3 enlacés
3 2.05 4 3 emprise
3 2.05 4 3 dirigeait
3 2.05 4 3 déployait
3 2.05 4 3 criant
3 2.05 4 3 coranique
3 2.05 4 3 convives
3 2.05 4 3 continents
3 2.05 4 3
Constantine
3 2.05 4 3 congé
3 2.05 4 3 conduite
3 2.05 4 3 cistes
3 2.05 4 3 circulaient
3 2.05 4 3 cinquante
3 2.05 4 3 cheikh
3 2.05 4 3 chaînes
3 2.05 4 3 cessait
3 2.05 4 3 cendre
3 2.05 4 3 caroube
3 2.05 4 3 cachent
3 2.05 4 3 brûle
221
222
3 2.05 4 3 brasero
3 2.05 4 3 bouillant
3 2.05 4 3 babioles
3 2.05 4 3 avion
3 2.05 4 3 avaler
3 2.05 4 3
assoupissement
3 2.05 4 3 anti
3 2.05 4 3 anonyme
3 2.05 4 3 anéantie
3 2.05 4 3 agilité
3 2.05 4 3 Afrique
3 2.04 46 17
montagnes
3 2.04 9 5 voyages
3 2.04 9 5 vertige
3 2.04 9 5 vaincre
3 2.04 9 5 supporter
3 2.04 9 5 sec
3 2.04 9 5 sauterelles
3 2.04 9 5 riches
3 2.04 9 5 revenu
3 2.04 9 5 pluies
3 2.04 9 5 ordres
3 2.04 9 5 noms
3 2.04 9 5 muscles
3 2.04 9 5 matins
3 2.04 9 5 justice
3 2.04 9 5 hivers
3 2.04 9 5 fouet
3 2.04 9 5 délire
3 2.04 9 5 cadavres
3 2.04 9 5 arrivant
3 2.01 137 43 elles
6.10 Annexe 10 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Les Vigiles
N° Écart Crp. Txt. Mot
4 30.12 245 245
Mahfoudh
4 23.03 153 153
Menouar
4 20.51 3400 1321 il
4 16.36 84 84 Ziada
4 13.88 63 63
Lemdjad
4 11.46 45 45
Skander
4 11.46 45 45 Brik
4 9.80 946 364 son
4 9.37 813 317 lui
4 9.09 30 30
passeport
4 8.38 26 26
Mebrouk
4 7.75 820 299 a
4 7.62 2761 850 -
4 7.62 22 22 maire
4 7.54 39 32
machine
N° Écart Crp. Txt. Mot
4 7.42 21 21
Mezayer
4 7.01 19 19 mairie
4 6.80 18 18 Samia
4 6.68 159 78 aurait
4 6.64 564 209 ?
4 6.36 16 16
préfecture
4 6.28 426 163 cette
4 6.28 30 24
Messaoud
4 6.26 21 19
responsable
4 6.04 20 18 police
4 5.92 36 26 sent
4 5.86 1464 458 s'
4 5.76 1575 487 est
4 5.72 23 19 général
4 5.70 16 15
secrétaire
4 5.67 1296 408 pas
4 5.65 13 13 Younès
N° Écart Crp. Txt. Mot
4 5.65 13 13
Heidelberg
4 5.43 76 41 sait
4 5.38 1230 385 qu'
4 5.32 72 39 doit
4 5.31 19 16 cabine
4 5.29 91 46 moins
4 5.29 57 33 vient
4 5.13 11 11
commissaire
4 5.06 20 16 dossier
4 5.05 114 53 t
4 4.97 45 27 sidi
4 4.96 13 12 métier
4 4.88 809 260 sa
4 4.88 15 13 tisser
4 4.86 10 10
Scarabée
4 4.86 10 10 préfet
4 4.73 113 51 femme
4 4.70 12 11
nationales
4 4.70 12 11
invention
4 4.70 12 11 foire
4 4.70 12 11 fiche
4 4.65 24 17
questions
4 4.63 925 289 ce
4 4.63 53 29
demande
4 4.63 14 12
commissariat
4 4.62 22 16 bureau
4 4.58 9 9 inventeur
4 4.58 9 9
formulaire
4 4.57 260 97 deux
4 4.51 27 18 parle
4 4.43 11 10
douanier
4 4.37 140 58 dit
4 4.34 15 12 sortie
4 4.28 8 8
information
4 4.26 46 25 enfin
4 4.17 89 40 va
4 4.15 10 9 policiers
4 4.15 10 9 Galeries
4 4.08 14 11 répond
4 4.08 14 11
problème
4 4.01 65 31 eu
4 4.00 696 217 :
4 3.97 344 117 être
4 3.97 7 7 vigile
4 3.97 7 7 national
4 3.97 7 7
municipalité
4 3.97 7 7
administratif
4 3.96 21 14 ouvrir
4 3.95 49 25 café
4 3.94 223 81 été
4 3.93 446 146 y
4 3.88 285 99 fois
4 3.85 112 46 doute
4 3.85 24 15 crois
4 3.85 9 8 logement
4 3.84 642 200 ou
4 3.80 223 80 autre
4 3.79 22 14 port
4 3.73 20 13 semaine
4 3.69 25 15 revient
4 3.68 69 31 regarde
4 3.64 611 189 avait
4 3.63 6 6 Taïbi
4 3.63 6 6
restaurant
4 3.63 6 6
Redhouane
4 3.63 6 6
journaliste
4 3.63 6 6
incorruptible
4 3.63 6 6 guichet
4 3.63 6 6 estrade
4 3.63 6 6 article
4 3.63 6 6
appariteur
4 3.62 28 16 lettre
4 3.62 23 14 service
4 3.62 23 14 marché
4 3.60 36 19 travail
4 3.60 36 19
commence
4 3.57 14 10 produit
223
4 3.54 8 7
Révolution
4 3.54 8 7 Hassan
4 3.53 12 9 policier
4 3.53 12 9 bière
4 3.53 12 9 autorité
4 3.52 1081 315 n'
4 3.52 10 8 refus
4 3.52 10 8
indépendance
4 3.52 10 8 chanson
4 3.49 272 92 vous
4 3.48 1820 510 se
4 3.48 19 12 ancien
4 3.47 125 48
moment
4 3.46 57 26 dire
4 3.42 17 11 portail
4 3.40 10897 2823 ,
4 3.40 27 15 sourire
4 3.38 58 26 pense
4 3.37 98 39 trois
4 3.36 207 72 peut
4 3.35 15 10 chef
4 3.33 134 50 avoir
4 3.32 118 45 après
4 3.32 25 14 queue
4 3.32 25 14
attendait
4 3.29 36 18 table
4 3.29 13 9
néanmoins
4 3.27 5 5 voulez
4 3.27 5 5 Etat
4 3.27 5 5 suscité
4 3.27 5 5 rez-de-
chaussée
4 3.27 5 5 Nadjib
4 3.27 5 5 Militant
4 3.27 5 5 masses
4 3.27 5 5 intrus
4 3.27 5 5
inspecteur
4 3.27 5 5 e68
4 3.27 5 5 cravate
4 3.27 5 5 chèque
4 3.27 5 5 bureaux
4 3.27 5 5 banlieue
4 3.27 5 5 Aliouate
4 3.24 23 13
situation
4 3.24 11 8 m
4 3.24 11 8 aperçoit
4 3.23 136 50 non
4 3.23 18 11
monsieur
4 3.22 51 23 années
4 3.21 60 26 point
4 3.21 9 7 nationale
4 3.21 9 7 costume
4 3.21 7 6 solution
4 3.21 7 6 quart
4 3.21 7 6 patio
4 3.21 7 6
nationalité
4 3.21 7 6 monter
4 3.21 7 6
marchand
4 3.21 7 6 coffre
4 3.21 7 6 chantier
4 3.21 7 6 barrière
4 3.18 8262 2148 de
4 3.15 21 12 intérêt
4 3.15 21 12 avez
4 3.15 16 10 débat
4 3.13 55 24 arrive
4 3.11 32 16
discussion
4 3.08 14 9 décide
4 3.08 14 9 chargé
4 3.06 19 11 émotion
4 3.05 44 20 mettre
4 3.05 27 14 société
4 3.05 27 14 capitale
4 3.02 30 15
demander
4 3.01 2430 658 une
4 3.00 22 12 chance
4 3.00 12 8
combattants
4 2.94 89 34 chose
4 2.93 10 7
remarque
4 2.93 10 7 motif
4 2.91 20 11 secret
4 2.91 20 11 connu
4 2.90 177 60 cela
4 2.88 34 16 cinq
4 2.88 15 9
224
reprendre
4 2.88 8 6 troisième
4 2.88 8 6
résistance
4 2.88 8 6 lu
4 2.88 8 6 file
4 2.88 8 6 citoyen
4 2.88 8 6 chaise
4 2.88 4 4
vaguemestre
4 2.88 4 4 utile
4 2.88 4 4
transitaire
4 2.88 4 4 réception
4 2.88 4 4 nouée
4 2.88 4 4
négligence
4 2.88 4 4 musarde
4 2.88 4 4 maquette
4 2.88 4 4 Khaled
4 2.88 4 4 justes
4 2.88 4 4
inventions
4 2.88 4 4 humilier
4 2.88 4 4 habitués
4 2.88 4 4 guichets
4 2.88 4 4
guichetier
4 2.88 4 4 fouille
4 2.88 4 4 fichier
4 2.88 4 4 fiches
4 2.88 4 4 émet
4 2.88 4 4 écrie
4 2.88 4 4
démarches
4 2.88 4 4 convient
4 2.88 4 4 concepts
4 2.88 4 4 clientèle
4 2.88 4 4 chape
4 2.88 4 4
appartements
4 2.88 4 4
accusation
4 2.87 49 21 simple
4 2.86 23 12 période
4 2.85 6 5
travailleurs
4 2.85 6 5 savez
4 2.85 6 5
quinzaine
4 2.85 6 5
quatrième
4 2.85 6 5
populaires
4 2.85 6 5 kiosques
4 2.85 6 5 inventé
4 2.85 6 5 Hadj
4 2.85 6 5
document
4 2.85 6 5
demandent
4 2.85 6 5 déjeuner
4 2.85 6 5 confiture
4 2.85 6 5 cigarette
4 2.85 6 5 chaussée
4 2.85 6 5 bûcheron
4 2.85 6 5 avarice
4 2.85 6 5 agent
4 2.85 6 5
administration
4 2.81 59 24 ans
4 2.81 18 10 subir
4 2.81 18 10 projets
4 2.81 18 10 étant
4 2.80 29 14 rappelle
4 2.79 108 39 voix
4 2.79 13 8 rentrer
4 2.76 21 11 couteau
4 2.73 24 12 certain
4 2.73 24 12
auparavant
4 2.71 16 9 quartier
4 2.70 11 7 rendu
4 2.70 11 7
demandé
4 2.70 11 7 agit
4 2.69 120 42 chez
4 2.69 45 19 pouvoir
4 2.67 117 41
personne
4 2.66 19 10 entrer
4 2.65 114 40 celui
4 2.62 101 36 ainsi
4 2.61 14 8
importance
4 2.61 14 8 cherche
4 2.61 14 8 affronter
4 2.61 9 6 officier
4 2.61 9 6
225
combattant
4 2.61 9 6
bienfaisante
4 2.61 9 6
arguments
4 2.61 9 6 anciens
4 2.61 9 6 allures
4 2.60 188 61 avant
4 2.60 88 32 enfants
4 2.60 25 12 dix
4 2.59 28 13 connaît
4 2.58 260 81 fait
4 2.58 37 16 quatre
4 2.58 34 15 bruits
4 2.55 17 9 vont
4 2.55 17 9 pièce
4 2.54 229 72 faire
4 2.54 89 32 presque
4 2.53 7 5 vente
4 2.53 7 5 sentit
4 2.53 7 5 Saïd
4 2.53 7 5 respect
4 2.53 7 5
reproches
4 2.53 7 5 plate
4 2.53 7 5
personnage
4 2.53 7 5 monnaie
4 2.53 7 5
matériaux
4 2.53 7 5 marches
4 2.53 7 5
explications
4 2.53 7 5 étage
4 2.53 7 5 confort
4 2.53 7 5 atteinte
4 2.53 7 5
adolescence
4 2.51 47 19 rue
4 2.51 20 10 manque
4 2.50 12 7
possession
4 2.50 12 7 meubles
4 2.50 12 7 malaise
4 2.50 12 7 légumes
4 2.50 12 7
deuxième
4 2.49 23 11 donné
4 2.48 38 16 trouve
4 2.48 35 15
aventure
4 2.48 26 12 pourra
4 2.47 32 14 dépit
4 2.47 32 14 argent
4 2.47 32 14 affaire
4 2.47 5 4
vainqueur
4 2.47 5 4 supplices
4 2.47 5 4
remémore
4 2.47 5 4 rapporter
4 2.47 5 4 quatorze
4 2.47 5 4 produits
4 2.47 5 4 parfaite
4 2.47 5 4 intéresse
4 2.47 5 4 humour
4 2.47 5 4 étroite
4 2.47 5 4 escalier
4 2.47 5 4 employés
4 2.47 5 4 éclairée
4 2.47 5 4
démarche
4 2.47 5 4 d
4 2.47 5 4 civil
4 2.47 5 4 caisses
4 2.47 5 4 bières
4 2.47 5 4 barque
4 2.47 5 4
attentivement
4 2.45 51 20 guerre
4 2.44 15 8 laissait
4 2.44 15 8 issue
4 2.42 45 18 soit
4 2.40 18 9
convaincu
4 2.40 18 9 cas
4 2.40 18 9 attention
4 2.39 10 6 réaction
4 2.39 10 6 rapports
4 2.39 10 6 lunettes
4 2.39 10 6 fumée
4 2.39 10 6 étoile
4 2.39 10 6 croit
4 2.38 21 10 effort
4 2.38 21 10 dure
4 2.35 49 19 passer
4 2.33 4281 1110 à
4 2.32 13 7
supérieur
226
4 2.32 13 7 pipe
4 2.32 13 7 ouvert
4 2.32 13 7 né
4 2.31 553 157 même
4 2.31 100 34 ci
4 2.28 16 8 trouvait
4 2.28 16 8 surpris
4 2.28 16 8 répondre
4 2.28 16 8
magasins
4 2.28 8 5 tait
4 2.28 8 5 reproche
4 2.28 8 5 remet
4 2.28 8 5
reconnaissance
4 2.28 8 5 quinze
4 2.28 8 5 presse
4 2.28 8 5 occuper
4 2.28 8 5 journal
4 2.28 8 5
entreprend
4 2.28 8 5 content
4 2.28 8 5 attendu
4 2.28 8 5 aïd
4 2.27 60 22 reste
4 2.27 34 14 voit
4 2.26 94 32
beaucoup
4 2.26 19 9 combien
4 2.25 25 11 attend
4 2.24 176 55 peu
4 2.24 57 21 afin
4 2.24 44 17 laisse
4 2.23 74 26
aujourd'hui
4 2.22 64 23 mots
4 2.20 38 15
présence
4 2.19 145 46 déjà
4 2.19 11 6 sinon
4 2.19 11 6
possibilité
4 2.19 11 6 efforce
4 2.19 11 6 dirige
4 2.19 11 6 corde
4 2.18 68 24 esprit
4 2.18 48 18
quelqu'un
4 2.18 35 14 douleur
4 2.17 32 13
silencieux
4 2.16 6 4 zone
4 2.16 6 4 viendrait
4 2.16 6 4 victoires
4 2.16 6 4 torride
4 2.16 6 4 stratégie
4 2.16 6 4 stérile
4 2.16 6 4 soldat
4 2.16 6 4
responsables
4 2.16 6 4 reconnaît
4 2.16 6 4 rasé
4 2.16 6 4
principale
4 2.16 6 4 pouvez
4 2.16 6 4 pénétré
4 2.16 6 4 localité
4 2.16 6 4 introduit
4 2.16 6 4
interrogatoire
4 2.16 6 4
interlocuteurs
4 2.16 6 4 informer
4 2.16 6 4 gaieté
4 2.16 6 4
exécution
4 2.16 6 4
entreprise
4 2.16 6 4 ennemi
4 2.16 6 4 destinée
4 2.16 6 4 découvrit
4 2.16 6 4
contenant
4 2.16 6 4
construction
4 2.16 6 4
campagne
4 2.16 6 4 bar
4 2.16 6 4 assurée
4 2.15 135 43
maintenant
4 2.15 29 12 tôt
4 2.15 14 7 laissé
4 2.15 14 7 forte
4 2.15 14 7 élève
4 2.15 14 7 décision
4 2.15 14 7 alcool
4 2.15 14 7 agissait
4 2.13 42 16 vrai
227
228
4 2.13 23 10 jardin
4 2.13 20 9
interminable
4 2.13 17 8 rend
4 2.13 17 8
professeur
4 2.13 17 8 parlé
4 2.13 17 8 obtenir
4 2.13 17 8 lance
4 2.13 17 8 forces
4 2.11 59 21 parler
4 2.11 39 15 certains
4 2.08 126 40 air
4 2.08 46 17 bonne
4 2.07 2995 777 d'
4 2.07 33 13 odeurs
4 2.06 9 5 réplique
4 2.06 9 5 remise
4 2.06 9 5 réflexion
4 2.06 9 5 politique
4 2.06 9 5 pensant
4 2.06 9 5 osé
4 2.06 9 5
informations
4 2.06 9 5 inconnue
4 2.06 9 5
exaltation
4 2.06 9 5 erreur
4 2.06 9 5
consommateurs
4 2.06 9 5 certaine
4 2.06 9 5 avis
4 2.06 9 5 aisance
4 2.06 9 5 agitation
4 2.06 4 3 voiles
4 2.06 4 3 virtuel
4 2.06 4 3 vapeurs
4 2.06 4 3 trophée
4 2.06 4 3 tabac
4 2.06 4 3 suscite
4 2.06 4 3
subitement
4 2.06 4 3 soirée
4 2.06 4 3 sévère
4 2.06 4 3 retourne
4 2.06 4 3 requête
4 2.06 4 3 remuer
4 2.06 4 3
remarquer
4 2.06 4 3 réagit
4 2.06 4 3 rampe
4 2.06 4 3 proviseur
4 2.06 4 3 policière
4 2.06 4 3 pause
4 2.06 4 3 parvient
4 2.06 4 3 participer
4 2.06 4 3
paradisiaque
4 2.06 4 3 opinion
4 2.06 4 3
nonchalamment
4 2.06 4 3 mouillé
4 2.06 4 3 menacer
4 2.06 4 3 mélangé
4 2.06 4 3 mauvaise
4 2.06 4 3 manège
4 2.06 4 3 local
4 2.06 4 3 levaient
4 2.06 4 3
interrompre
4 2.06 4 3 instar
4 2.06 4 3 ingéniait
4 2.06 4 3 honorer
4 2.06 4 3 habiter
4 2.06 4 3 gorgées
4 2.06 4 3 gardé
4 2.06 4 3 funeste
4 2.06 4 3 foudre
4 2.06 4 3 flair
4 2.06 4 3
fébrilement
6.11 Annexe 11 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Le Dernier
Été de la Raison
N° Écart Corpus
Texte Mot
5 28.81 161 161
Boualem
5 16.71 62 62
Yekker
5 9.78 10897
1852 ,
5 7.99 17 17
Elbouliga
5 7.16 14 14
librairie
5 7.11 272 83
vous
5 6.63 67 32
livres
5 6.55 12 12
Kamel
5 5.61 1820 338
se
5 5.41 930 189
par
5 5.17 5351 874
la
5 5.17 10 9
juge
5 4.99 18 12
voudrait
5 4.98 27 15
vérité
5 4.82 7 7
Kenza
5 4.68 17 11
voie
5 4.67 68 25
mémoire
5 4.64 1575 284
est
5 4.62 30 15
musique
5 4.57 53 21
Ali
5 4.57 34 16
beauté
5 4.50 10 8
certitudes
5 4.42 8 7
télévision
5 4.41 6 6
violent
N° Écart Corpus
Texte Mot
5 4.41 6 6
sonnerie
5 4.41 6 6
questionnement
5 4.41 6 6
mandoline
5 4.41 6 6
libraire
5 4.41 6 6
F.V.
5 4.36 19 11
êtes
5 4.30 820 158
229
a
5 4.30 74 25
aujourd'hui
5 4.27 192 49
vie
5 4.17 343 76
sont
5 4.12 9 7
émir
5 4.04 32 14
troupeau
5 4.04 12 8
prisonnier
5 4.04 12 8
humaine
5 4.02 7 6
littérature
5 4.02 7 6
instrument
5 3.98 5 5
vitrine
5 3.90 26 12
nouveaux
5 3.88 293 65
temps
5 3.84 55 19
foi
5 3.82 117 32
visage
N° Écart Corpus
Texte Mot
5 3.78 3524 566
l'
5 3.76 20 10
humanité
5 3.72 8 6
appartient
5 3.68 62 20
fille
5 3.67 11 7
traces
5 3.63 77 23
cœur
5 3.60 293 63
ces
5 3.59 6 5
revoit
5 3.59 6 5
dogme
5 3.58 288 62
ont
5 3.57 18 9
foule
5 3.53 2206 363
qui
5 3.52 89 25
va
5 3.52 15 8
ténèbres
5 3.52 15 8
avance
5 3.50 34 13
veut
5 3.50 4 4
téléphone
5 3.50 4 4
marient
5 3.50 4 4
jugés
5 3.50 4 4
impertinence
5 3.50 4 4
hésite
5 3.50 4 4
dominer
230
5 3.48 12 7
horizons
5 3.48 9 6
résister
5 3.48 9 6
communauté
5 3.47 61 19
chemin
5 3.37 58 18
savoir
5 3.36 40 14
ordre
5 3.32 20 9
tente
5 3.30 7 5
tend
5 3.30 7 5
message
5 3.27 1464 246
s'
5 3.27 10 6
morale
5 3.27 10 6
flux
5 3.27 10 6
brutalement
5 3.21 160 37
dieu
5 3.21 29 11
paysages
5 3.16 14 7
assistance
5 3.15 230 49
monde
5 3.12 5 4
slogans
5 3.12 5 4
passion
5 3.12 5 4
illumine
5 3.12 5 4
baguette
5 3.10 22 9
violence
5 3.09 11 6
secrets
5 3.09 11 6
possèdent
5 3.09 11 6
masse
5 3.07 44 14
amour
5 3.06 8 5
pourront
5 3.06 8 5
planche
5 3.06 8 5
inquiétude
5 3.06 8 5
décisions
5 3.05 269 55
si
5 3.02 15 7
éprouve
5 3.01 27 10
société
5 2.99 19 8
êtres
5 2.99 19 8
arrête
5 2.98 55 16
arrive
5 2.97 60 17
nouveau
231
5 2.97 60 17
livre
5 2.95 32 11
jeunesse
5 2.93 12 6
tenue
5 2.93 12 6
répandre
5 2.93 12 6
puissant
5 2.93 12 6
formules
5 2.93 12 6
continuer
5 2.88 47 14
moindre
5 2.88 20 8
univers
5 2.87 33 11
droit
5 2.86 57 16
afin
5 2.86 9 5
tracé
5 2.86 9 5
mépris
5 2.86 9 5
couples
5 2.84 78 20
rêve
5 2.84 6 4
tremble
5 2.84 6 4
taire
5 2.84 6 4
fauteuil
5 2.84 6 4
carrément
5 2.84 6 4
bousculent
5 2.84 6 4
ballon
5 2.84 6 4
alerte
5 2.81 48 14
images
5 2.78 21 8
état
5 2.78 13 6
lettres
5 2.77 17 7
finit
5 2.76 204 42
car
5 2.74 8262 1226
de
5 2.72 35 11
douleur
5 2.68 207 42
peut
5 2.68 22 8
voiture
5 2.67 31 10
chair
5 2.66 4281 650
à
5 2.65 18 7
présent
5 2.65 18 7
intelligence
5 2.65 14 6
seront
5 2.65 14 6
ombres
5 2.62 4586 693
232
et
5 2.61 7 4
renoncé
5 2.61 7 4
rendent
5 2.61 7 4
pointe
5 2.61 7 4
poésie
5 2.61 7 4
plages
5 2.61 7 4
pente
5 2.61 7 4
laideur
5 2.61 7 4
effacer
5 2.61 7 4
cordes
5 2.61 7 4
cieux
5 2.60 32 10
noir
5 2.60 4 3
traquée
5 2.60 4 3
talent
5 2.60 4 3
sagacité
5 2.60 4 3
questionnements
5 2.60 4 3
perdant
5 2.60 4 3
opposer
5 2.60 4 3
humiliation
5 2.60 4 3
hideux
5 2.60 4 3
gagnés
5 2.60 4 3
essence
5 2.60 4 3
épand
5 2.60 4 3
dépasse
5 2.60 4 3
défis
5 2.60 4 3
cousin
5 2.60 4 3
chienne
5 2.60 4 3
bravant
5 2.60 4 3
arabes
5 2.60 4 3
adversité
5 2.58 193 39 !
5 2.58 23 8
citoyens
5 2.58 23 8
cessé
5 2.57 84 20
souvent
5 2.55 141 30
devant
5 2.55 19 7
folie
5 2.53 15 6
volonté
5 2.53 15 6
visite
5 2.53 15 6
233
visages
5 2.53 15 6
gigantesque
5 2.53 15 6
Créateur
5 2.53 11 5
public
5 2.52 53 14
vos
5 2.50 80 19
femmes
5 2.49 24 8
réalité
5 2.49 24 8
âme
5 2.45 20 7
pénombre
5 2.45 20 7
fini
5 2.45 20 7
espaces
5 2.42 8 4
suffi
5 2.42 8 4
sagesse
5 2.42 8 4
prêts
5 2.42 8 4
passagers
5 2.42 8 4
orateur
5 2.42 8 4
interroger
5 2.42 8 4
étire
5 2.42 8 4
constituent
5 2.42 8 4
capables
5 2.42 8 4
absolu
5 2.41 25 8
paix
5 2.41 16 6 fil
5 2.41 16 6
barbe
5 2.40 88 20
enfants
5 2.39 45 12
quel
5 2.39 12 5
soumis
5 2.39 12 5
indignation
5 2.36 201 39
corps
5 2.33 73 17
regard
5 2.33 5 3
vigilants
5 2.33 5 3
valeur
5 2.33 5 3
substance
5 2.33 5 3
repérer
5 2.33 5 3
profonds
5 2.33 5 3
poitrines
5 2.33 5 3
passager
5 2.33 5 3
parcourt
5 2.33 5 3
234
menaçants
5 2.33 5 3
lointains
5 2.33 5 3
libérée
5 2.33 5 3
lecteur
5 2.33 5 3
injonctions
5 2.33 5 3
formé
5 2.33 5 3
flot
5 2.33 5 3
émois
5 2.33 5 3
déterminé
5 2.33 5 3
cinquantaine
5 2.33 5 3
beautés
5 2.33 5 3 agi
5 2.33 5 3
adolescents
5 2.31 57 14
désir
5 2.30 645 108
où
5 2.30 17 6
entend
5 2.26 946 153
son
5 2.26 22 7
loi
5 2.26 13 5
enveloppe
5 2.26 13 5
devenus
5 2.26 13 5
chemins
5 2.25 9 4
tristesse
5 2.25 9 4
résultat
5 2.25 9 4
physique
5 2.25 9 4
nécessaire
5 2.25 9 4
menaces
5 2.25 9 4
guère
5 2.25 9 4
éveil
5 2.25 9 4
épaisseur
5 2.25 9 4
délivré
5 2.25 9 4
commande
5 2.20 18 6
texte
5 2.18 54 13
haut
5 2.17 33 9
question
5 2.17 23 7
voitures
5 2.17 23 7
arrêter
5 2.16 60 14
votre
5 2.15 14 5
mosquées
5 2.15 14 5
235
236
misère
5 2.15 14 5
espère
5 2.15 14 5
devenue
5 2.13 223 41
été
5 2.12 6 3
vacances
5 2.12 6 3
tremblait
5 2.12 6 3
soifs
5 2.12 6 3
retient
5 2.12 6 3
repères
5 2.12 6 3
rémission
5 2.12 6 3
plane
5 2.12 6 3
penche
5 2.12 6 3
pareils
5 2.12 6 3
obstacle
5 2.12 6 3
mécréants
5 2.12 6 3
lois
5 2.12 6 3
joue
5 2.12 6 3
impuissance
5 2.12 6 3
fonctions
5 2.12 6 3
explication
5 2.12 6 3
déchirante
5 2.12 6 3
conduit
5 2.12 6 3
citronnier
5 2.12 6 3
choc
5 2.12 6 3
auxquelles
5 2.12 6 3
antre
5 2.12 6 3
allant
5 2.11 10 4
tremblement
5 2.11 10 4
terrible
5 2.11 10 4
soumission
5 2.11 10 4
déchirante
5 2.11 10 4
nerveux
5 2.11 10 4
intéresser
5 2.11 10 4
espoir
5 2.11 10 4
capable
5 2.11 10 4
atteindre
5 2.10 19 6
souvenirs
5 2.10 19 6
ouvre
5 2.09 96 20
lumière
5 2.09 29 8
lieux
5 2.09 24 7
implacable
5 2.09 24 7
idées
5 2.09 24 7
genre
5 2.06 40 10
instant
5 2.06 40 10
dernier
5 2.05 51 12
endroit
5 2.04 35 9
semble
5 2.04 35 9
fruits
5 2.04 35 9
aventure
5 2.04 15 5
science
5 2.04 15 5
honte
5 2.04 15 5
devient
5 2.04 15 5
arrière
5 2.01 25 7
saisons
5 2.01 25 7
attend
5 2.01 20 6
mètres
5 2.01 20 6
avenir
5 2.00 69 15
intérieur
237
6.12 Annexe 12 : Contextes du vocable école
238
239
240
Table des matières
1 INTRODUCTION................................................................................................ 5
1.1 LITTERATURE MAGHREBINE D’ « ECRITURE »/ D’« EXPRESSION » FRANÇAISE 6
1.2 L’ŒUVRE LITTERAIRE DE DJAOUT................................................................. 13
1.3 PROBLEMATIQUE........................................................................................... 17
1.4 LE CORPUS .................................................................................................... 19
1.4.1 Préparation des données textuelles.......................................................... 20
1.4.2 L’analyse lexicométrique ......................................................................... 22
1.4.2.1 La fonction contexte .......................................................................... 24
1.4.2.2 La fonction concordance ................................................................... 25
1.5 PLAN DE TRAVAIL ......................................................................................... 27
2 PREMIERE PARTIE : ETUDE DU LEXIQUE DE DJAOUT..................... 29
2.1 CHAPITRE I : ANALYSE STATISTIQUE DU CORPUS .......................................... 30
2.1.1 La manipulation informatique.................................................................. 32
2.1.2 L’exploration du corpus ........................................................................... 35
2.2 CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU LEXIQUE................................................ 37
2.2.1 La richesse lexicale .................................................................................. 38
2.2.2 L’évolution du vocabulaire ...................................................................... 40
2.2.3 La distribution des hapax......................................................................... 45
2.2.4 Les ensembles de fréquences.................................................................... 48
2.3 CHAPITRE III : LE CONTENU LEXICAL ............................................................ 50
2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale .............................................. 53
2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale ............................................ 61
2.4 CHAPITRE IV : LES SPECIFICITES LEXICALES DU CORPUS .............................. 64
2.4.1 Le vocabulaire excédentaire .................................................................... 65
241
2.4.2 Le vocabulaire en déficit .......................................................................... 66
2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes............................................ 67
2.4.3.1 Les emprunts lexicaux....................................................................... 68
2.4.3.2 Les xénismes ..................................................................................... 73
2.4.3.3 Les noms propres............................................................................... 80
2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?.................................................... 80
2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique.................................................... 80
2.4.3.3.3 Analyse statistique...................................................................... 85
2.4.3.3.4 Analyse onomastique.................................................................. 87
2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes................................. 94
2.4.3.3.5.1 Les noms théophores ........................................................... 94
2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes ........................................................ 95
2.4.3.3.5.3 Les hagionymes ................................................................... 96
2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances............................. 97
2.4.3.3.5.5 Les sobriquets...................................................................... 97
2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs ................................................................. 98
2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction ..................................................... 99
2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive100
2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique
101
2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance ................................................ 103
2.4.3.4 Les néologismes .............................................................................. 104
2.4.3.4.1 Relevé statistique...................................................................... 105
2.4.3.4.2 Néologisme et implicite............................................................ 106
2.5 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................. 108
242
3 DEUXIEME PARTIE : APPROCHE THEMATIQUE............................... 113
3.1 CHAPITRE I : LES TEXTES ET LEURS SPECIFICITES LEXICALES...................... 117
3.1.1 L’Exproprié ............................................................................................ 118
3.1.2 Les Chercheurs d’Os.............................................................................. 121
3.1.3 L’Invention du Désert............................................................................. 126
3.1.4 Les Vigiles .............................................................................................. 128
3.1.5 Le Dernier Été de la Raison................................................................... 131
3.2 CHAPITRE II : LES THEMES DOMINANTS DANS LE CORPUS........................... 134
3.2.1 Migrations .............................................................................................. 136
3.2.2 Un devoir de mémoire ............................................................................ 138
3.2.3 La terre ancestrale ................................................................................. 142
3.2.4 Enfance et territoire maternel ................................................................ 147
3.2.4.1 Enfance et village ............................................................................ 149
3.2.4.2 Le territoire maternel....................................................................... 152
3.2.5 L’engagement ......................................................................................... 154
3.2.5.1 Combat pour la femme .................................................................... 154
3.2.5.2 Combat pour l’école ........................................................................ 159
3.3 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................. 164
4 CONCLUSION GENERALE ......................................................................... 165
5 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES....................................................... 169
6 ANNEXES......................................................................................................... 179
6.1 ANNEXE 1 : FREQUENCES SUPERIEURES A 1000 .......................................... 179
6.2 ANNEXE 2 : FREQUENCES SUPERIEURES A 100 ............................................ 180
6.3 ANNEXE 3 : LE VOCABULAIRE EN EXCEDENT .............................................. 182
243
6.4 ANNEXE 4 : VOCABULAIRE DEFICITAIRE ..................................................... 187
6.5 ANNEXE 5 : LES NOMS PROPRES .................................................................. 191
6.6 ANNEXE 6 : LES NEOLOGISMES ................................................................... 197
6.7 ANNEXE 7 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS L’EXPROPRIE... 200
6.8 ANNEXE 8 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LES CHERCHEURS
D’OS 205
6.9 ANNEXE 9 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS L’INVENTION DU
DESERT 216
6.10 ANNEXE 10 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LES VIGILES ... 222
6.11 ANNEXE 11 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LE DERNIER ÉTE
DE LA RAISON 229
6.12 ANNEXE 12 : CONTEXTES DU VOCABLE ECOLE............................................ 238
244
Table des illustrations
I. Les figures
FIGURE 1: LA FONCTION CONTEXTE ....................................................................................... 25
FIGURE 2: LA FONCTION CONCORDANCE ................................................................................. 26
FIGURE 3 : LES DIFFERENTES FONCTIONS DU LOGICIEL..................................................... 27
FIGURE 4: LA RICHESSE LEXICALE ....................................................................................... 39
FIGURE 5 : L’ACCROISSEMENT CHRONOLOGIQUE ................................................................... 42
FIGURE 6: L’ACCROISSEMENT INVERSE DU VOCABULAIRE .................................................... 45
FIGURE 7 : DISTRIBUTION DES HAPAX................................................................................. 47
FIGURE 8 : L’EXPROPRIE..................................................................................................... 56
FIGURE 9 : LES CHERCHEURS D’OS ..................................................................................... 57
FIGURE 10 : L’INVENTION DU DESERT............................................................................... 58
FIGURE 11 : LES VIGILES................................................................................................... 59
FIGURE 12 : LE DERNIER ÉTE DE LA RAISON ................................................................... 60
FIGURE 13 : ANALYSE FACTORIELLE .................................................................................... 62
FIGURE 14 : ANALYSE FACTORIELLE ARBOREE..................................................................... 63
FIGURE 15 : CONTEXTE D’UN NOM PROPRE ........................................................................ 104
FIGURE 16 : L’ANALYSE FACTORIELLE DES PRONOMS ....................................................... 119
FIGURE 17 : LA DISTRIBUTION DES VOCABLES VILLAGE ET VILLE................................. 121
FIGURE 18 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VIEILLARDS .......................... 123
FIGURE 19 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE JEUNES .................................. 123
FIGURE 20 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE JEUNESSE .............................. 124
FIGURE 21 : DISTRIBUTION DES VOCABLES VIEILLARDS ET JEUNES............................... 124
FIGURE 22 : DISTRIBUTION DU VOCABLE GUERRE ............................................................. 125
245
FIGURE 23 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE MIGRATION ............................ 127
FIGURE 24 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MIGRATION ET ENFANCE............................... 128
FIGURE 25 : DISTRIBUTION DES PRONOMS JE ET IL ....................................................... 130
FIGURE 26 : ANALYSE FACTORIELLE DE L’ESPACE........................................................... 131
FIGURE 27 : DISTRIBUTION DU VOCABLE REGARD ............................................................. 133
FIGURE 28 : DISTRIBUTION DU VOCABLE ESPOIR ............................................................. 133
FIGURE 29 : DISTRIBUTION DU TERME MOUVEMENT ........................................................... 137
FIGURE 30 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MOUVEMENT ET OISEAU................................. 138
FIGURE 31 : DISTRIBUTION DU TERME MEMOIRE ............................................................... 142
FIGURE 32 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MEMOIRE ET OUBLI ...................................... 142
FIGURE 33 : DISTRIBUTION DES TERMES HISTOIRE ET TERRE ........................................ 143
FIGURE 34 : DISTRIBUTION DES TERMES TERRE ET GUERRE ............................................ 144
FIGURE 35 : DISTRIBUTION DU TERME ERRANCE ............................................................... 145
FIGURE 36 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ERRANCE ................................ 146
FIGURE 37 : ANALYSE FACTORIELLE : ENFANCE, HISTOIRE, IDENTITE, TERRE ET
ERRANCE........................................................................................................................... 146
FIGURE 38 : ANALYSE FACTORIELLE : ENFANT, ENFANTS, ENFANCE ET ENFANCES ...... 148
FIGURE 39 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VILLE .................................... 151
FIGURE 40 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VILLAGE ................................ 152
FIGURE 41 : DISTRIBUTION DU VOCABLE MERE ................................................................. 153
FIGURE 42 : DISTRIBUTION DU VOCABLE FEMME ............................................................... 155
FIGURE 43 : DISTRIBUTION DU VOCABLE HOMME ............................................................... 155
FIGURE 44 : DISTRIBUTION DES VOCABLES HOMME ET FEMME .......................................... 156
FIGURE 45 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 157
FIGURE 46 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 157
246
247
FIGURE 47 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 158
FIGURE 48 : DISTRIBUTION DU VOCABLE ECOLE ............................................................... 160
FIGURE 49 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ECOLE .................................... 163
FIGURE 50 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ECOLE (SUITE).................... 163
II. Les tableaux
TABLEAU 1 : LES EFFECTIFS ................................................................................................ 35
TABLEAU 2: LA RICHESSE LEXICALE ..................................................................................... 38
TABLEAU 3: L’EVOLUTION DU VOCABULAIRE ......................................................................... 41
TABLEAU 4: L’ACCROISSEMENT LEXICAL : ORDRE INVERSE ............................................... 44
TABLEAU 5: LES HAPAX .......................................................................................................... 46
TABLEAU 6 : DISTANCE GLOBALE DES TEXTES DEUX A DEUX .............................................. 53
TABLEAU 7 : EFFECTIF DES FORMES COMMUNES ................................................................... 54
TABLEAU 8 : LES FORMES PRIVATIVES................................................................................. 54
TABLEAU 9 : INDICE D’INDEPENDANCE ................................................................................ 55
TABLEAU 10 : LES EMPRUNTS LEXICAUX .............................................................................. 70
TABLEAU 11 : LES XENISMES ............................................................................................... 74
TABLEAU 12 : LES NOMS DE PERSONNES .............................................................................. 87
TABLEAU 13 : LES TITRES HONORIFIQUES .......................................................................... 98
TABLEAU 14 : RELEVE STATISTIQUE DES TERMES ENFANT, ENFANTS, ENFANCE ET
ENFANCES......................................................................................................................... 147