Post on 24-Jul-2015
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Workshop Club 3E : Entreprendre dans le secteur des Cleantech
Ines Chaabouni, Ameni Walha, Hichem Smaoui, Riadh Shaiek
club-energie-atuge@googlegroups.com
Dans le cadre du forum de l'ATUGE 2014, un workshop a été organisé sur les opportunités
d'Innovation et d'entrepreneuriat dans le secteur des Cleantech en Tunisie. Nous avons
invité M. M'hammed Bouaoune, consultant pour la société V&HP, co-fondateur,
responsable des relations extérieures de la conférence EnerSol WSEF dédiée à la promotion
des énergies durables, et également co-fondateur et Program Manager du PNB NAPEO
Tunisia Local Advisory Board. Le workshop a été animé par M. Riadh Shaiek, investisseur en
phase d'amorçage dans des start-ups innovantes du secteur Cleantech.
Contexte et définition des Cleantech
Les enjeux environnementaux des prochaines décennies au niveau mondial sont nombreux.
Nous pouvons citer l'augmentation de la population mondiale à 9 milliards de personnes à
l'horizon 2050, l’accès à l'eau potable de plus en plus difficile, la raréfaction des ressources
naturelles qui augmentera significativement le prix de l’énergie, l'agriculture qui devra
produire plus avec moins de ressources tout en diminuant l'impact sur l’environnement, les
industriels qui auront pour obligation légale de réduire et de maitriser leur rejets dans la
nature.
Ces changements se feront grâce à l'innovation technologique portée par les universités et
les centres de recherche publics et privés; et soutenue par l'écosystème d'accompagnement
des entrepreneurs que sont les incubateurs, les accélérateurs et les clusters. Ces nouvelles
technologies de rupture permettront le renouveau des offres de produits et de services dans
de nombreux secteurs tels que l'agriculture, l'énergie, l'eau, l'air, les matériaux, la mobilité et
les déchets. L'émergence de nouveaux "champions" de demain à l'échelle mondiale est
devant nous. Ce workshop s’est attaché à comprendre quel rôle peut jouer la Tunisie dans la
chaîne de valeur de l'innovation Cleantech depuis la recherche, le soutien aux entrepreneurs
en phase d'amorçage ainsi qu'en phase de croissance.
Les Cleantech couvrent 18 secteurs différents (Cf. figure ci-dessous) : les énergies
renouvelables, l’efficacité énergétique, le stockage d’énergie, les nouveaux matériaux, la
gestion des déchets, l’eau, l’air, l’agriculture, etc.
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Le potentiel des Cleantech : Impact économique, social et environnemental
Le potentiel des Cleantech en terme de développement est important. En effet, Les
Cleantech qui visent d’abord à développer des technologies de rupture pour réduire l’impact
des activités humaines sur l’environnement, permettent également le développement
économique et social grâce à la création de valeur et d’emploi.
Les 2 figures ci-dessous montrent avec l’exemple des USA que les Cleantech créer beaucoup
d’emploi comparativement aux autres secteurs d’activités. Quand on s’intéresse au niveau
de qualification de ces emplois, on s’aperçoit que le niveau y est très élevé. En effet, les
Cleantech emploient 2 fois plus de scientifiques et d’ingénieurs comparativement aux autres
secteurs d’activités.
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L’investissement dans des start-ups innovantes Cleantech a représenté 8 à 12 Milliards de
dollars d’investissement par an à l’échelle mondiale depuis 2006, soit près de 24000 sociétés
innovantes financés.
Quel rôle peut jouer la Tunisie dans la chaîne de valeur de l'innovation Cleantech ?
La Tunisie dispose de plusieurs atouts pour développer un écosystème innovant dans les
Cleantech :
- Niveau de formation élevé : Des ressources compétentes et disponibles (Profils
ingénieurs et école de commerce)
- Des accords de coopération internationaux déjà existants qui donnent à la Tunisie
une position singulière parmi les pays Arabes et Africains. La Tunisie a notamment
signé avec les USA un « Science & Technology Cooperation Agreement » il y a
plusieurs années, qui reste inexploité.
- Une expérience de plus de 35 ans de recherche dans des universités de haut niveau :
BorjCedria, Faculté des Sciences de Tunis/Monastir/Sfax, Enit…
- Un cout du travail moindre par rapport aux pays proches (Europe,…)
- Un capital humain composé de 400 chercheurs et 600 doctorants
- Une proximité économique avec le marché européen qui offre un potentiel de
développement facilité
Cependant, ces atouts ne suffisent pas et la Tunisie se doit donc de développer un
écosystème favorable au développement de start-ups innovantes Cleantech, si elle veut voir
un essor de ce secteur à fort potentiel d’emploi. Ainsi, il apparaît nécessaire tout d’abord de
dynamiser le lien entre les universités et les entreprises pour favoriser l’innovation
technologique des entreprises. La création d’incubateurs et d’accélérateurs incluant une
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thématique Cleantech et offrant une capacité à accompagner les entrepreneurs sera un
facteur clé de succès pour le développement de start-ups performante. Et si l’on veut aller
plus loin, le développement sur le modèle français de SATT (Société d’Accélération de
Transfert de Technologie) serait un facteur d’accélération pour permettre de porter les
brevets des centres de recherche vers le marché, tout en assurant un accompagnement
optimal des startups du domaine notamment durant les phases de R&D, Roll out,
prototype,…
Les possibilités de Licensing sur des brevets déjà déposés à travers des partenariats avec des
centres de recherche étrangers et le travail en proximité avec des incubateurs étrangers
(Agoranov par exemple) sont autant de pistes qu’il sera intéressant d’investiguer pour
dynamiser l’innovation Cleantech et multiplier ainsi les opportunités de créer des
entreprises innovantes et performantes.
La construction d’un cadre réglementaire favorable peut aussi permettre de soutenir les
jeunes entreprises Cleantech, encourager la collaboration entre chercheurs et entrepreneurs
et également attirer les investissements des fonds de Venture Capital.
Enfin, une politique gouvernementale de développement de l’innovation Cleantech apparait
nécessaire afin d’améliorer le support aux entrepreneurs et créer un réel écosystème qui
favorise l’émergence de sociétés innovantes. Etant donné l’ampleur du nombre de secteur
et sous-secteurs Cleantech et leur diversité, la stratégie de développement de l’innovation
Cleantech en Tunisie doit passer par une spécialisation afin de concentrer l’effort sur des
secteurs où la Tunisie a une légitimité plus forte (Solaire, Eau, Agriculture,…).
Sur le sujet des énergies renouvelable, M. Bouaoune a insisté sur le rôle de la conférence
EnerSol « World Sustainable Energy Forum », pour dynamiser ce secteur en Tunisie. C’est
une initiative lancée en 2011 regroupant plusieurs membres publics, privés et associatifs.
Cette conférence internationale aura lieu 26-28 Novembre 2014 à Tunis afin de débattre et
de promouvoir le potentiel de la Tunisie dans le domaine des énergies renouvelables.
Exemples de start-ups Cleantech innovantes tunisiennes
Des sociétés tunisiennes ayant développé des écotechnologies de rupture dans leur domaine
se sont déjà fait connaître au niveau international. On peut citer la société Spahon Energy
dans le domaine de l’éolien, ainsi que la société Chifco dans le secteur de l’efficacité
énergétique.
Saphon Energy : Entreprise Cleantech créée par Hassine Labaied et Anis Aouini, qui a
développé une une innovation de rupture baptisée la "Saphonienne" dans le secteur éolien.
Il s’agit d’un convertisseur de vent Zéro-Pale. http://www.saphonenergy.com/
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Chifco : créée par Amin Chouaib, propose des technologies permettant de contrôler à
distance des objets connectés permettant ainsi une meilleure maitrise de la consommation
d’énergie. http://www.chifco.com/
L’existence de ces sociétés montre qu’il est possible de créer et d’innover dans les
Cleantech en Tunisie. Les membres du Club 3E de l’Atuge seraient donc ravis de contribuer
à l’essor d’un écosystème Cleantech innovant en Tunisie en rencontrant la/les personne(s)
en charge du développement de l’innovation au sein du ministère de l’industrie.
Photos du Workshop