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C a t a l o g u e
N o ë l 2 0 12
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BD HUMOUR
BOUJOUDictionnaire humoureux et savoureux de normandie
• MINIAC• Format : 220 x 290 mm• 64 pages intérieures• Couverture rembordée• Langues : Français• Dos carré, collé, cousu• Prix : 15 €
« Rien n’est plus sérieux en ce bas monde que le rire » affirmait Gustave Flaubert. C’est ptetbin pour cela que Madame Bova rit ! Mais surtout, telle pourrait être la devise du présent Dictionnaire humoureux de Normandie, dont l’originalité est tout simplement de conjuguer l’humour et l’amour de notre province. La seule ambition de ce petit dictionnaire érudit et curieux, oscillant parfois entre littérature grise et humour noir, est de dépeindre toute la palette de la culture normande tout en riant, s’amusant, se bidonnant, se marrant. Sur les pas de Pomme, maîtresse de cérémonie de ce petit précis d’humour normand, vous pouvez musarder entre gastronomie et géographie, littérature et peinture, dictons et célébrités, allant de A comme architecture à Z comme Zygomatique, en passant par le prisme de tous les domaines. À ce propos, peu importe si, comme le disait le spirituel Robert de Flers, « Les choses ennuyeuses ont toujours un prestige que les choses amusantes n’ont pas » puisque, poilant, désopilant, fun, golo, drôle, sa vocation n’est que de transmettre modestement l’amour d’un pays par l’humour. Alors, ce dico, ptetbinquoui ou petbinqunon ?
9HSMILF*baagcf+ISBN 978-2-8151-0062-5
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HISTOIREBEAU-LIVRE
HistOire De la NOrmaNDieDes origines à nos jours
• Roger JOUET et Claude QUÉTEL• Format : 230 x 285 mm• 312 pages intérieures• Couverture rembordée + jaquette • Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 34,90 €
9HSMILF*baaaja+ISBN 978-2-8151-0009-0
De la conquête de la Normandie par les Vikings au débarquement du 6 juin 1944, de Madame Bovary aux séjours de Marcel Proust à Cabourg, du naufrage de la Blanche Nef à la révolte des Nu-pieds, du Mont Saint-Michel à la Tapisserie de Bayeux, de Guillaume le Conquérant à Pierre Mendès-France, Roger Jouet et Claude Quétel nous invitent à parcourir l’histoire d’une province au rayonnement international. Cent trente dates-clés, richement illustrées, offrent de redécouvrir les événements qui ont marqué l’histoire de cette région. Son histoire, sa culture, ses traditions et ses grandes personnalités revivent au gré de ces pages qui sont une invitation à feuilleter le passé, mais aussi le présent de la Normandie.
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mémOires D’UN terre-NeUvaseustache le Pelley Fonteny (1745-1820)
9HSMILF*baaijc+ISBN 978-2-8151-0089-2
• Gilles DÉSIRÉ DIT GOSSET et Monique LE PELLEY FONTENY
• Format : 240 x 310 mm• 192 pages intérieures• Couverture rembordée + jaquette• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 40,50 €
Les gens de mer d’autrefois ont peu écrit sur leur métier. Rien ou presque ne nous a été transmis par le monde des matelots et des hommes de maistrance. Si l’on possède des souvenirs personnels rédigés par des officiers de la marine militaire d’Ancien Régime, ainsi que les récits autobiographiques – plus nombreux et plus bavards – des chefs corsaires, les écrits de capitaines de la marine de commerce et de pêche sont rarissimes, ce qui confère un grand intérêt à la publication des mémoires et papiers d’Eustache Le Pelley Fonteny.
pATRIMOInE - HISTOIREBEAU-LIVRE
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Un mystérieux personnage est visible sur la scène 10 de la Tapisserie de Bayeux. Son nom est Turold. Ce livre-jeu nous fait découvrir Turold racontant les évènements de la Tapisserie de Bayeux en 12 scènes librement inspirées de la Tapisserie et réalisées par Gilles Pivard.À chaque page, il te faudra retrouver dans le dessin un ou plusieurs petit(s) Turold... Alors ouvre l’œil !
FRANÇAIS/ANGLAISISBN 978-2-8151-0107-3
9HSMILF*babahd+
• Gilles PIVARD• Format : 210 x 210 mm• 16 pages intérieures• Couverture rembordée• Dos carré, collé, cousu• Édition bilingue : Français/Anglais• Prix : 12,20 €
OÙ est tUrOlD ?Dans 12 scènes librement inspirées de la tapisserie de Bayeux
JEUnESSEJEUx
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mégalitHes De NOrmaNDiePierres de légende
Moins célèbres que leurs homologues bretons, les mégalithes de Normandie,souvent remarquables et répertoriés par les archéologues, sont peu connus du grand public. C’est pourquoi nous avons souhaité réaliser cet ouvrage comme guide de découvertes à l’usage du lecteur curieux de voir sur place, à travers bois, champs et villages, ces témoignages de notre patrimoine d’époque néolithique (-5 000 à -2 000 ans avant notre ère).
• Jeannine ROUCH• Format : 200 x 265 mm• 112 pages intérieures• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix public : 25,50 €
ISBN 978-2-8151-0028-1
9HSMILF*baacib+
HISTOIRE - ARcHéOLOgIEMOnOgRApHIE
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DéCOUvrir la NOrmaNDie à la belle époque
Grâce au développement de la photographie et aux travaux de Le Goubey ou de l’abbé Dubosq, entre autres, qui sillonnent villes et campagnes tels de véritables ethnologues, les Normands deviennent les héros de leur vie quotidienne.
Tout ce qui fait la particularité de la Normandie s’offre désormais à la vue de tous : les foires et les marchés, les scènes de la vie des pêcheurs, la fabrication du cidre et de l’eau-de-vie, la traite des vaches, les petits métiers, le barattage du lait, la dentelle, la cueillette des pommes, les fêtes populaires, les plaisirs et les jeux, mais aussi le monde urbain, la vie politique, le sport et les moyens de transport. On n’hésite plus à photographier les gens avec leurs vêtements de tous les jours : la blaude et la gapette, la bonnette, le tablier et le châle.
C’est en partie grâce à ce travail photographique que nous pouvons vous inviter à cette découverte de la Normandie à la Belle Époque…
• Annie FETTU et Yves LECOUTURIER• Format : 240 x 220 mm• 144 pages intérieures• Couverture rembordée• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 30,50 €
9HSMILF*baajfd+ ISBN 978-2-8151-0095-3
HISTOIRELIVRE
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Le 6 juin 1944, aux côtés de leurs camarades britanniques et canadiens, les soldats américains débarquent sur les plages normandes. Aujourd’hui, leur présence en ce Jour J apparaît parfaitement évidente mais la réalité est plus complexe. Le 7 décembre 1941, l’agression japonaise contre Pearl Harbour précipite l’entrée des États-Unis dans le conflit. En quelques années, le gigantesque effort de guerre de la première puissance mondiale fait pencher la balance en faveur des Alliés. Dès février 1942, les premiers soldats américains arrivent à Belfast et au printemps 1944, ils sont environ 1 700 000 au Royaume-Uni avant de prendre le chemin des plages. Cet ouvrage décrit d’abord ce long itinéraire. Tout en accordant une large place au récit des combats de l’été 1944, il évoque aussi des aspects souvent laissés dans l’ombre tels que le fonctionnement d’une armée en campagne, la vie quotidienne des GI’s, leurs rapports avec la population ou encore le poids considérable de la présence américaine en Normandie ; sait-on que, fin juillet, il y avait trois fois plus de soldats américains que d’habitants dans le Cotentin et le Bessin ?
• Jean QUELLIEN• Format : 200 x 265 mm• 256 pages intérieures• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu• Langues : Français, Anglais• Prix : 29,90 €
les amériCaiNs eN NOrmaNDie
9HSMILF*babajh+FRANÇAIS
ISBN 978-2-8151-0109-7
9HSMILF*babbeb+ANGLAIS
ISBN 978-2-8151-0114-1
HISTOIRELIVRE
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DIcTIOnnAIRELIVRE
DiCtiONNaire NOrmaND FraNÇaisD’après le parler nord-cotentinais
Prix littéraire du Cotentin 2012Résultat d’une quarantaine d’années d’enquêtes et de collectages réalisés auprès de locuteurs normanophones, cet important travail lexicographique revêt la forme d’un dictionnaire minutieusement élaboré auquel sont annexées, afin d’en éclairer l’usage, de larges analyses concernant la phonétique, la morphologie et la syntaxe du normand.
9HSMILF*babaci+ISBN 978-2-8151-0102-8
• Éric MARIE• Format : 185 x 250 mm• 504 pages intérieures• Couverture rigide• Dos carré, collé, cousu• Langues : Français/Normand• Prix : 46 €
Si vous aimez les aventures corsaires, ce livre s’adresse à vous. Conçu par un spécialiste de la question, à destination du grand public, il raconte clairement, et de manière vivante, ce que vous voulez savoir sur la guerre de course. C’est avant tout l’aventure humaine des équipages, du petit mousse au capitaine. Qui étaient ces gens ? Quelles étaient leurs motivations ? Quelle vie menaient-ils en mer ? Sur quels bâtiments ? Avec quelle artillerie ? Quelles étaient leurs stratégies, leurs tactiques ? Y avait-il des risques ? Qui étaient les armateurs corsaires ? Rompant avec une tradition de terrien et des préoccupations essentiellement économiques – combien ça coûte ? Combien ça rapporte ? – l’auteur explique d’une manière simple l’activité d’un point de vue marin. Il met aussi en lumière l’évolution de ces risques, du règne de Louis XIV à l’Empire de Napoléon Ier, et leurs conséquences sur l’activité maritime.
DestiNs et aveNtUres COrsairesen mer ! sus à l’ennemi !
• Auteur : Michel AUMONT • Format : 155 x 230 mm• 240 pages intérieures • + 16 pages de photographies• Dos carré, collé, cousu• Couverture souple• Langue : Français• Prix : 22 €
9HSMILF*baaieh+ISBN : 978-2-8151-0084-7
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LE ROYAUME DES ÉCRÉHOU
> Les Écréhou
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> Philippe Pinel
fut fort contrarié quand il s’aperçut de la fuite de sa compagne, mais bientôt, sa colère s’apaisa.Il se dit simplement que dorénavant, il ne travaille-rait que pour lui-même au lieu de travailler pour deux. Sans femme et désormais seul sur son île, il retrouva le sens de la galanterie puisqu’il alla jusqu’à offrir à la reine Victoria, en 1890, quelques paniers en osier de sa fabrication.
C’est à cette époque que l’existence du roi des Écréhou commença à franchir les frontières de l’archipel et Philippe Pinel reçut quelques visites dont l’histoire a conservé la trace. Pierre Giffard, journaliste français de La Chronique de Jersey se rendit aux Écréhou. Il raconte qu’il « n’y vit pas l’ombre d’un être humain hormis Pinel, vieux pêcheur jersiais établi là et possesseur d’un petit jardin planté par lui sur une tour de trois mètres construite de ses mains ». Un autre journaliste, Sutter Launay, du journal La Justice, raconte avoir rencontré Pinel à cette même période. Il décrit dans son article « un homme de petite taille, d’apparence vigoureuse. Des yeux bruns, les sourcils en broussailles, le nez à la courbure aquiline, de larges narines, des moustaches coupées au ciseau, une barbe touffue encore noire […] Un petit chapeau d’étoffe d’où sortaient de longues mèches […] Un teint très brun et très hâlé par le vent et le soleil… ».
Page de gauche : La reine Victoria (1819-1901). Cliché d’A. Bassano, 1883.
Ci-dessus : - Philippe Pinel et le panier de sa fabrication offert à la reine Victoria.- Le père Pinel, roi des Écréhou. Dessin M. Clerget d’après un cliché de M.-A. Leroux publié dans Le Monde illustré.
Le vent de sud-ouest soufflait avec une grande violence. La mer était devenue énorme. Dans ces conditions, avec des creux de plus de trois mètres et un grand mât d’à peine quatre mètres cinquante, Le Setier ne parvenait pas à faire route à la voile. C’est à l’unique force des avirons qu’il fallut gagner le large. À la lutte contre les déferlantes et le courant, les canotiers s’épuisèrent rapidement. Dans le même temps,le canot de sauvetage de Diélette avait également pris la mer. Le sous-patron et deux matelots réus-sirent à monter à bord du navire en perdition mais malgré l’assistance des vapeurs Dasher et Ariel, ils ne purent rien faire d’autre que de mener le trois-mâts à la côte sur les rochers du plateau de Diélette où il s’échoua définitivement avec sa cargaison par 49°33’/N et 01°51’/W, en proie à la destruction des vagues. Le Royal National Life-Boat Institution (RNLI) fut néanmoins sensible à l’acte d’humanisme de Philippe Pinel et son comité lui fit remettre la somme de cinq livres en remerciement de son aide aux naufragés.
Malgré la perte du navire, ce fut un miracle qu’il n’y eut pas de victime car aux Écréhou les coups de vent sont plus redoutables que nulle part ailleurs en Manche. Naguère, les pêcheurs surpris ici par le mauvais temps, préféraient couler eux-mêmes leurs barques plutôt que de laisser le travail aux récifs. Au moins, récupéraient-ils leurs embarcations en un seul morceau, à basse mer. Lors des tempêtes, par grande marée, il n’était pas rare que la mer envahisse jusqu’au logis de Pinel et il devait alors se réfugier sur Marmotière, à l’abri des rochers de granit. Fataliste, il avait coutume de dire : « La mer m’a mis là, elle peut bien me reprendre ».
Un jour de 1882, la reine pensa certainement que ce traitement ne conve-nait point à son rang. À la nuit tombée, alors qu’un léger abus d’alcool avait momentanément affaibli les facultés du souverain, elle quitta le royaume avec un bateau de passage et retourna habiter à Jersey. Au petit matin, le souverain
43> Alphonse Le Gastelois
Alphonse Le Gastelois,
seigneur des Écréhou
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LE ROYAUME DES ÉCRÉHOU
La bête de Jersey
À la fin des années 1950, l’île de Jersey vivait tout à fait paisiblement. La haute
finance internationale en était encore à ses balbutiements et ce petit paradis n’était
pas encore fiscal. Les habitants se consacraient principalement à la culture des
pommes de terre et à l’élevage de petites vaches qui donnent un lait dont on fait
de délicieux caramels au beurre salé. On respectait comme un rituel sacré l’heure
du thé et on ne manquait pour rien au monde une partie de cricket. Probablement
protégée par son insularité, préservée des désordres du monde, la population ne
déplorait aucun fait divers. Tout au plus relevait on, au moins un soir sur deux,
des sorties de pubs très arrosées. Mais ça, ce n’est pas de la délinquance, cela
s’appelle respect de la tradition ou art de vivre. En un mot : une culture.
Les Jersiais menaient donc à l’époque une vie plutôt
bucolique. C’est alors que la quiétude du lieu fut troublée
par une effroyable série de viols et de meurtres. Le crimi-
nel, bientôt surnommé « la bête de Jersey » ou encore « le
sadique de la pleine lune », pénétrait à la nuit tombée au
domicile de ses victimes, déguisé sous un masque de caout-
chouc et portant un long manteau et de gros bracelets à
clous. Dans une si petite île, un étranger ne passerait pas
inaperçu. L’auteur des crimes ne pouvait être qu’un insulaire
connaissant parfaitement les lieux pour s’y déplacer en
totale discrétion. La police fouillait les maisons, recherchait des témoignages. Les
limiers de Scotland Yard furent dépêchés de Londres. De Grande-Bretagne, on fit
également venir, par avion, le chien policier Rudie et son maître-chien Mr Cowie,
en renfort de Flash, l’unique chien de police que comptait l’île de Jersey.
Ci-dessus : Alphonse Le Gastelois aux Écréhou dans les années soixante.
Page de droite :
- Vue aérienne de l’île de Jersey,
- Le château de Mont Orgueil domine le port paisible de Gorey.
À mi-chemin entre la côte du Cotentin et l’île Anglo-Normande de Jersey, l’archipel extraordinaire des Écréhou est aujourd’hui encore méconnu. Seuls les marins avertis s’y hasardent. Dans ce livre passionnant publié aux éditions OREP, Philippe RENAUD raconte l’histoire rocambolesque mais authentique dont ces écueils redoutables ont été le théâtre : des rois insolites, naufragés plus ou moins volontaires de la société, ont régné sur ces îlots perdus au milieu des fl ots ; marins et pêcheurs de plusieurs nationalités s’y sont affrontés, étendard en main, un casino faillit y être créé et, aujourd’hui encore, il s’y passe de bien curieux évènements…
• Philippe RENAUD• Format : 170 x 240 mm• 80 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 13,20 €
le rOyaUme Des éCréHOU
HISTOIRELIVRE
9HSMILF*babcfh+FRANÇAIS
ISBN 978-2-8151-0125-7
NouveautéNoël 2012
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• Roger JOUET• Dessin : Jean-François MINIAC• Format : 200X 200 mm• 80 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 13,20 €
NOrmaNDisessavoureuses expressions normandes
HISTOIRELIVRE
9HSMILF*babdih+ISBN 978-2-8151-0138-7
Bien que je me sois toujours exprimé en français, le patois normand a dès l’enfance fait partie de mon environnement familier. Mes parents, s’ils s’appliquaient à « bien parler » depuis qu’ils étaient devenus citadins (ils disaient « villois »), émaillaient constamment leurs propos de mots et d’expressions en pur normand, bien qu’ils fussent souvent persuadés du contraire. Ce sont eux qui, sans l’avoir recherché, m’ont donné le goût de notre vieux parler. J’ai ainsi au fil des années entendu et noté bien des expressions qui m’ apparaissaient comme autant de perles qu’il fallait sauver à tout prix de l’oubli dans lequel elles risquaient de sombrer. Je les ai choisies essentiellement pour leur saveur, leur couleur, leur force d’expression, leur originalité. Je n’ai donc pas visé l’exhaustivité, mais plutôt le pittoresque, et, dans toute la mesure du possible, les expressions spécifiquement normandes. J’ai donc transcrit les mots de façon à les rendre lisibles par un lecteur non spécialiste. Puisse cette modeste contribution, rehaussée des talentueux dessins de Miniac, redonner vie à quelquesunes de ces belles expressions normandes, à travers lesquelles s’exprimaient l’esprit sarcastique, l’humour, mais aussi la sagesse de nos anciens.
Tables des matières :• Avant-propos• Moussieu, c’est m’n’ amant• Les qu’nâles• Plleut-i co ?• Dieu, qu’vous avez du bon bère !• J’sis eun houm’ byin erligionnaire• Jé n’prendrai ryin qu’eune bouchie• Faisous valer ?• Allous voter ?• Un grand fort gars• Il a l’air d’eun raid’ bouon garçoun• Viâos, vaques, vêtus, couvée• Bibliographie
couverture provisoire
NouveautéNoël 2012
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À travers dix sites choisis en fonction de leur diversité, cet ouvrage est le fruit d’une enquête de terrain approfondie et vous invite à découvrir le « patrimoine végétal » sous un angle résolument autre que celui de la rareté, de l’intérêt botanique, esthétique, voire même gustatif. Cette enquête met en lumière un rapport ancestral au végétal qu’on aurait pu croire englouti alors qu’il n’en est rien : des croyances et pratiques cultuelles attachées aux arbres se sont perpétuées.
• Yann LEBORGNE• Format : 210 x 210 mm• 112 pages intérieures
• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu
• Prix : 23 €
Des arBres, Des rites, Des CrOyaNCes
terre De PêCHeries4 000 ans d’archéologie et d’histoire sur le littoral de la manche
barsière
aile
ttes
goulet
benâ
tre
Schéma d’une pêcherie en bois à ailettes (secteur Agon-Coutainville).
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La pêcherie La Petite à Agon-Coutainville (Manche) avec sa barsière surélevée.
Cliché G. Krauke.
bras nord : 250 m
ouverture : 303 m
bras sud : 250 m0 100 m
D’après la pêcherie Les Fillettes à Pirou en 1921.
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Schéma d’une pêcherie en bois à benâtre (secteur Hauteville-sur-Mer).
0 100 m
bras nord : 261 m
ouverture : 290 m
bras sud : 229 m
barsière
barsière
pierre de seuil
échelle ou passage
goulet
benâ
tre
D’après la pêcherie La Petite Neuve à Haute-ville-sur-Mer en 1927.
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Les eaux littorales du golfe normand-breton sont le lieu d’intenses échanges biologiques en raison
de leur richesse trophique41 et de la diversité des niches écologiques qu’offrent les substrats
rocheux, sableux ou vaseux. Les eaux du ruissellement terrestre apportent, particulièrement
aux embouchures, sels minéraux et matières organiques au domaine marin ; la lumière pénètre
jusqu’au fond et permet la croissance d’algues microscopiques (benthiques42 et planctoniques43),
d’algues macroscopiques (Fucus, laminaires) ou d’herbes marines, nécessaires à toute chaîne
alimentaire. Les particules sédimentées dans les eaux peu profondes sont remises en suspension
par la turbulence des vagues, ce qui accélère le recyclage de la matière organique par les processus
physiques et biologiques. Aussi, la zone littorale et les embouchures sont-elles des frayères et des
nourriceries pour nombre d’espèces. Plus âgés, les poissons s’éloignent de la côte.
Des poissons dans les pêcheriesLe tri du poisson dans une auge en pierre. Cliché J. Gallet.
Les pêcheries littorales des côtes à marée exploitent cette richesse de la bande littorale. Elles recueillaient autrefois quantité de gros poissons : esturgeons, requins, congres et anguilles, saumons, lamproies. On capturait aussi parfois le craspois (poisson gras). C’est ainsi que l’on appelait, au Moyen Âge, les « cochons de mer » ou marsouins et les baleines, dont les échouages n’étaient pas exceptionnels. Les plus petits poissons (sprats, sardines, gobies, mais aussi juvéniles de toutes espèces, appelés menue, menuisse, blanche, blaquet, saumonelle) étaient retenus en nombre considérable. La pêche en était interdite, pour ne pas nuire au renouvellement des espèces et l’ordonnance de Colbert de 1681 s’est efforcée de réglementer les dimen-sions de l’ouverture et des mailles – un pouce en hiver, deux pouces en été – des pêcheries en pierre ou en bois pour permettre aux juvéniles de rejoindre la mer ou au moins, de demeurer dans des flaques assez profondes. On demandait, de même, aux tendeurs de rets de ne pas ensabler le pied des filets soutenus par des perches, pour laisser passer les plus jeunes des poissons plats. Sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, les
espèces amphibiotiques44 sont aussi capturées à l’occasion de leur migration de reproduction. Ainsi, les saumons se reproduisent en eau douce. Ils sont retenus, au moment de leur montée vers les frayères, par des panneaux de bois ou des filets tendus en travers des rivières ; c’était le cas à Montchaton sur la Sienne et aux Clayes-de-Vire sur la Vire à Saint-Fromond.
Même si les quantités pêchées n’étaient pas très impor-tantes, ces exploitations étaient fort lucratives. Au xviiie siècle, un saumon de dix livres valait vingt fois le salaire d’un journalier. Les anguilles, au contraire, se reproduisent en mer. On les piège quand elles quittent les eaux conti-nentales, à l’âge de 9-12 ans, pour rejoindre le milieu marin. Des nasses (bourroches ou bourraches) sont placées sur les estrans vaseux, près des embouchures. Autrefois, cette pêche était courante en baie du Mont-Saint-Michel45. Les pêcheries du marais de Carentan étaient surtout orientées vers la capture des anguilles, avant la fermeture du marais par un système de portes à flot, au xixe siècle.
Quelles espèces capturaient les pêcheries ?
41 Qui a trait à l’alimentation.42 Posé ou enfoui sur le fond marin.
43 Ou « pélagique » : vivant en pleine eau.44 Qui vivent alternativement en eau douce et en mer.45 Piquois, 1990. Types de menuise, par Le Chevalier de Dieppe, vers 1740. Document BnF.
La menuise correspond « [aux] poissons nouveaux éclos que l’on prend dans
les pêcheries, que les pêcheurs nomment mélie… »
Portraits de pêcheries, portraits de pêcheurs
HISTOIRE / pATRIMOInELIVRE
9HSMILF*baaida+ISBN : 978-2-8151-0083-0
L’histoire des pêcheries est hautement symbolique des luttes pour l’appropriation des rivages de la mer et de leurs ressources. Aujourd’hui, une dizaine de pêcheries – de bois ou de pierres – sont encore exploitées sur le littoral normand en dépit d’une légis-lation multiséculaire très contraignante. Cette plongée dans une aventure humaine et technique de plus de quatre mille ans est une invitation à fouler les imposantes grèves des côtes de la Manche et à y porter un regard nouveau.
Les Carnets d’iciÀ travers cette collection, le CRéCET souhaite partager les connaissances acquises et faire découvrir à un public aussi large que possible la richesse et la diversité du patrimoine ethnologique et technique en Basse-Normandie.
• Ouvrage réalisé en coédition avec le CRéCET de Basse-Normandie• Collection : Les Carnets d’Ici • Ouvrage collectif réalisé sous la direction de Cyrille Billard• Format : 210 x 210 mm• 128 pages intérieures• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu• Langue : français• Prix : 25 €
9HSMILF*babcjf+ISBN : 978-2-8151-0129-5
ISSN : 1284-6082
NouveautéNoël 2012
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la NOrmaNDie eN DéBat
LITTéRATURELIVRE
La Normandie fait débat. Deux grandes questions devraient se faire entendre plus fortement que d’autres. La Normandie existe-t-elle ? Actuellement divisée entre deux régions administratives, la Haute-Normandie et la Basse-Normandie, partagée entre Rouen, Caen et aussi Le Havre, doit-elle être unifiée ou, si l’on préfère, réunifiée ? Mais, la Normandie pour quoi faire ? Cette deuxième question dépasse la première, car un territoire ne vaut que pour ceux qui y habitent et qui l’animent.Les auteurs de ce livre s’inscrivent dans le débat. Non sans discussion entre eux, non sans nuance, ils estiment que la Normandie doit être unifiée et trouver place, en France, dans l’Europe et dans le monde, comme un territoire actif où s’équilibrent heureusement l’art de vivre, la qualité de la vie et le dynamisme de la croissance économique. Ils pensent aussi que, si un nouveau modèle de développement doit être inventé, la Normandie combine simultanément de lourds handicaps pour y parvenir et de remarquables avantages pour réussir. Il s’agit en définitive de dégager quelques bons choix. Selon eux, celui de l’unité active du territoire régional en est un.Quelle qualité ont-ils pour parler ainsi, après un manifeste publié en avril 2011 dans le quotidien Libération ? Une bulle de géographe ? Un caprice intellectuel ? Beaucoup d’autres se sont exprimés sur ce terrain depuis quelques années, plus particulièrement dans de grands débats médiatiques et avec des porte-paroles éminents souvent venus d’ailleurs. Les auteurs y ont individuellement participé, mais ils ont aussi estimé collectivement avoir beaucoup à dire ensemble.Ouvrage publié avec le soutien des universités normandes de Caen, Le Havre et Rouen.
9HSMILF*babdab+ISBN 978-2-8151-0130-1
• Auteurs : Arnaud BRENNETOT (Rouen), Madeleine BROCARD (Le Havre), Pascal BULEON (Caen), Michel BUSSI (Rouen), Pierre-Henri EMANGARD (Le Havre), Anne-Marie FIXOT (Caen), Armand FREMONT (Paris, Caen), François GAY (Rouen), Yves GUERMOND (Rouen), Robert HERIN (Caen), Bruno LECOQUIERRE (Le Havre), Sophie de RUFFRAY (Rouen)
• Format : 155 X 230 mm• 160 pages intérieures + 16 pages quadri• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 19 €
NouveautéNoël 2012
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sagas De tatiHOUHistoire d’une île normande
pATRIMOInELIVRE
Depuis les Néandertaliens jusqu’à nos jours, en passant par les paysans de l’âge du Bronze, les pêcheurs du Moyen Age, les soldats en garnison dans les forts, les marins en quarantaine, les bio-logistes du muséum d’histoire naturelle, ou en-core les enfants et adolescents qui ont été un jour ses habitants, découvrez l’histoire de ce petit bout de terre normande et les multiples visages de ceux qui l’ont occupé et façonné.
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Saga
s de
Tat
ihou
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Dès le début de la guerre 1914-1918, les personnes résidant en France, mais
étant de nationalité allemande, autrichienne ou hongroise, sont internées dans
des centres pour « indésirables ». L’île Tatihou est l’un des endroits choisis pour la
Manche avec, notamment, Granville. Ces centres accueillent d’abord des familles
résidant dans le département. On y retrouve ensuite uniquement des hommes,
Alsaciens n’ayant pas choisi la nationalité française ou autres ressortissants de
pays en guerre et habitant dans l’Ouest de la France.
En 1916, un rapport du chef du Génie indique que de nombreux travaux d’entretien et
de restauration des bâtiments de l’île ont été effectués par des ouvriers austro-hongrois
internés à Tatihou. La question se pose de leur rémunération ou dédommagement.
D’autres prisonniers travaillent à l’extérieur, dans des fermes, fabriques de ciment ou
papeteries, où ils sont payés, nourris et logés.
Le gouvernement américain inspecte
le camp en janvier 1917. Une commis-
sion suisse rend elle aussi son rapport
d’inspection la même année. Ces visites
étant programmées, le bilan présenté est
de toute évidence trop idyllique. Il donne
cependant une idée de la façon dont la
vie du camp s’organise. Les demandes
des internés sont également rapportées
dans ces documents. Ceux-ci évoquent
le problème de censure du courrier, ils
ne savent pas ce qu’ils peuvent écrire ou
non. Ils réclament plus de médicaments,
du chauffage et surtout des vêtements.
Le « dépôt d’internés civils » est transféré
à La Hougue le 1er mai 1918. Certains y
resteront jusqu’en 1919.
Les internés civils de TatihouDes articles de la presse locale nous apprennent
que des disciplinaires de la Marine et de l’Infan-
terie sont internés à Tatihou en 1910 et 1911. L’île
devient ainsi un « dépôt d’Apaches ». On retrouve
la mention de ces prisonniers dans le journal
d’un soldat en garnison à Tatihou, de décembre
1914 à février 1915 : « Gens sans aveu. Repris de
justice pour la plupart. Français, Belges, etc. ».
Pendant la première guerre mondiale, c’est
notamment le 77e régiment d’infanterie territo-
riale qui assure la présence militaire sur l’île.
Ces soldats sont également chargés de la
surveillance du camp de prisonniers civils. L’un d’entre eux note dans son journal ses réflexions sur
l’organisation de la garnison et sur les internés. Il arrive le mercredi 16 décembre 1914 à Tatihou où il
est « caserné dans les anciens locaux du fort ». Il y trouve trois cents Allemands et Autrichiens civils,
logés soit dans le fort, soit dans l’enceinte du laboratoire.
Au fort, une caserne abrite les Austro-Allemands ; une autre héberge la petite troupe chargée de
la surveillance de ces prisonniers civils qu’il décrit comme « dociles, polis et disciplinés ». D’après
ses premières impressions « l’île est une vraie prison ».
La première guerre mondiale
Bouteilles de la passion
1914-1916. Collection particu-
lière et collection conseil général de la
Manche/Musée maritime de l’île Tatihou.Ces bouteilles ont été
trouvées dans des greniers
du Cotentin. Il est probable
qu’elles aient été fabriquées par des Austro-Hongrois, prisonniers civils sur l’île.
Ce type d’art populaire se
retrouve en Europe depuis la fi n du XVIIe siècle. Il est
antérieur à la confection des bateaux en bouteille.
Témoignage d’un Allemand né en 1882, raconté par sa fille
« Il travaillait comme chauffeur de maître à Reims où il vivait
avec femme et enfants. Son patron passait ses vacances
à Houlgate et emmenait avec lui mon père, Adolf, et sa
famille. Quand la guerre de 1914 éclate, ces derniers sont
internés à Vire, étant allemands. Mère et enfants rejoignent
l’Alsace par la Croix-Rouge, mais mon père est interné à
Tatihou avec d’autres Allemands de 1915 à 1918.
Il y vit très pauvrement et il est très malheureux. Il maigrit
beaucoup et perd son alliance en se baignant dans la
mer. Il ne reste cependant jamais inactif. Il y a fabriqué un
bateau à voiles, deux boîtes à bijoux. Les internés fabri-
quaient des objets, des petits outils.Après guerre, il retrouve sa famille et s’installe à Strasbourg.
Il se fait naturaliser en 1920. »
Soldats devant la caserne 7 et la tour, vers 1910.
Collection particulière.
Carte postale avec algues, envoyée par
Adolf à sa femme. Collection particulière.
32
Saga
s de
Tat
ihou
Les fortifi cations
Les tours Vauban : protéger la rade de La Hougue « la meilleure et plus seure de France »
Les rivages de la Hougue constituent depuis longtemps un site propice aux débarquements. Les
premières traces de fortifications sur Tatihou sont évoquées au milieu du XVIe siècle. Une tour et
ses couleuvrines construites en 1575 par François Le Clerc, seigneur de Réville « lequel exerça
longtemps la piraterie et donnait retraite aux huguenots dans son île »1, sont alors un enjeu lors
du conflit opposant catholiques et protestants tout en étant un élément de défense contre d’éven-
tuelles descentes anglaises. Mais en 1662, le roi décide de la faire démolir. Au même moment,
les ingénieurs du roi venus inspecter les côtes de Normandie soulignent la nécessité d’assurer
la défense des lieux. L’épisode tragique de la bataille de la Hougue les 2 et 3 juin 1692 et les
vaisseaux de Tourville brûlés dans la baie de la Hougue accélèrent la mise en place des forti-
fications et donnent finalement naissance à l’édification d’un système défensif côtier évoqué
pourtant depuis longtemps par les ingénieurs du roi. Dès 1694, deux tours d’observation et d’artillerie en granit sont construites par un ingénieur
de Vauban, Benjamin de Combes, à Tatihou et à la Hougue. De forme tronconique, ces tours
offrent, à quelques différences près, le même aménagement. Le rez-de-chaussée abrite quatre
magasins à vivres et à poudre. Au sous-sol se trouve une citerne. Les deux étages supérieurs,
desservis par un escalier à vis, regroupent les espaces de vie, logement des soldats au
premier étage et des officiers au second. La terrasse à ciel ouvert est consacrée à la défense,
les embrasures du parapet accueillant des canons (probablement six au maximum à Tatihou).
L’achèvement de ces deux tours est constaté par Vauban lors de son inspection des côtes de
Normandie en 1699. Elles assurent une sorte de verrou stratégique protégeant la rade et les
bateaux au mouillage. Rapidement abandonnés par les hommes au profit des casernes, les
deux étages de la tour de Tatihou seront transformés en magasins à poudre et à salaison
jusqu’au milieu du XIXe siècle.
1 Description du port ou havre de la Hougue et de la rade. Côte de la Hougue, 174.
Service historique de la Défense. Bibliothèque du Génie.
Atlas des bâtiments militaires : la tour Vauban et la caserne 6, 1852 (détail). Coll. ministère de la Défense, service historique de la Défense, Cherbourg, Génie 11/14.Ci-contre : Plan de Saint-Vaast-la-Hougue, Plans et cartes des ports,
villes, bourgs et village des costes de Normandie, s. d. Coll. Bibliothèque nationale de France.
33
18
Saga
s de
Tat
ihou
19
Dès le début des travaux archéologiques réalisés sur l’île (1996-1998), la question de l’évolution du
trait de côte et de l’insularité ou non de ce territoire au fil du temps a été un des problèmes posés pour
la compréhension des occupations humaines et leurs interactions avec le milieu. Cette question a été
d’autant plus cruciale pour comprendre les places qu’occupaient les vestiges de l’âge du Bronze et
en particulier, le système parcellaire que l’on suivait à plusieurs kilomètres de là, à Réville.
Actuellement, à chaque marée basse, l’île Tatihou est accessible à pied, ce qui témoigne du
faible dénivelé entre la partie toujours émergée et le fond du bras de mer qui la sépare de Saint-
Vaast-la-Hougue. Cette insularité était-elle déjà établie à l’âge du Bronze, ou bien, s’agissait-il d’une
presqu’île reliée de façon permanente au continent (autrement dit, existe-t-il des évidences d’un
recul de la ligne de rivage dans ce secteur) ?
L’avancée (ou le recul) d’une ligne de rivage est contrôlée par trois paramètres principaux qui
peuvent d’ailleurs interagir :
− l’évolution du niveau de la mer (eustatisme) liée aux alternances climatiques globales (périodes
glaciaires et interglaciaires) ;
− les mouvements tectoniques verticaux de la croûte continentale (épirogénèse) ;
− les apports sédimentaires continentaux (deltas) ou, à l’opposé, l’érosion marine du littoral sous
l’action des tempêtes.
Les spécialistes du Quaternaire considèrent que la mer, après sa spectaculaire remontée
consécutive au réchauffement de la dernière période postglaciaire (transgression flandrienne),
avait atteint son niveau actuel il y a environ 3 000 ans. Une récente étude d’un site protohistorique
situé sur la côte ouest du Cotentin, dans le Havre de la Vanlée à Lingreville, a permis de mettre en
évidence des variations du niveau marin au cours de l’Holocène. Vers 3000 avant notre ère, celui-ci
était plus bas de trois mètres par rapport à l’actuel.
L’évolution du trait de côte
ou depuis quand Tatihou est-elle une île ?
Restitution de l’environnement de Tatihou à l’âge du Bronze moyen (autour de 1500 av. J.-C.). Illustration Laurent Juhel.
L’espace de chaque côté de la vallée de la Saire est occupé par un parcellaire et quelques fermes de l’âge du Bronze.
Tatihou commencera à acquérir son caractère insulaire à la fi n de l’âge du Fer et au début de l’Antiquité, au cours du
Ier siècle de notre ère.
• Ouvrage collectif • Format : 24 x 21 cm• 80 pages intérieures• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu• Langue : français• Prix : 15 €
9HSMILF*babddc+ISBN : 978-2-8151-0133-2
NouveautéNoël 2012
15
• Format : 155 x 230 mm• 160 pages intérieures • + 16 pages de photographies• Dos carré, collé, cousu• Couverture souple• Langue : Français• Prix : 19 E
Regards croisés sur trois cents ans d’histoire, c’est l’histoire d’une femme – Élisabeth de Surville – l’histoire d’une fondation enracinée dans le contexte social et religieux du xviie siècle, l’histoire enfin d’une communauté religieuse qui fait face aux aléas de l’Histoire. Lire ce livre, c’est faire mémoire du chemin parcouru par une communauté religieuse durant trois siècles.Lorsqu’ après quelques années de tâtonnements, Élisabeth de Surville et ses premières compagnes s’engagent par vœux le 29 septembre 1712, le Bon Sauveur est né. Élisabeth meurt en mars 1718 à 36 ans, laissant à d’autres le soin de développer les œuvres de charité, spécialement celle de l’enseignement – ne se sont elles pas appelées au début « sœurs associées pour les petites écoles » ! Il leur faudra ensuite traverser la Révolution française, durant laquelle vingt-quatre sœurs furent incarcérées, puis tout recommencer. Pendant le xixe siècle, l’œuvre d’éducation se développe en même temps que les religieuses répondent à de nouveaux besoins, en particulier le soin des malades mentaux.En 1944, l’Exode mène les religieuses et quelques six cents malades jusqu’au sud de la Mayenne. À nouveau, il faut courage et détermination pour s’atteler à la reconstruction de l’ensemble du Bon Sauveur, entièrement parti en fumée lors des bombardements de Saint-Lô.En 1961, la communauté s’unit avec l’institut du Bon Sauveur de Caen. C’est à l’intérieur d’un corps congréganiste plus grand
qu’elle est partie prenante de l’évolution de la vie religieuse apostolique à la suite du concile Vatican II et aborde le xxie siècle.Autant d’événements qui sont retracés dans ce livre. L’histoire de la psychiatrie y tient une bonne place car elle se laisse appréhender à travers l’histoire du Bon Sauveur.
le BON saUveUrde saint-lô à Caen
LITTERATURELIVRE
9HSMILF*babchb+ISBN : 978-2-8151-0127-1
NouveautéNoël 2012
16
• Auteur : Roger JOUET• Format : 170 x 240 mm• 32 pages intérieures• Couverture souple, brochée• Édition en français• Prix : 5,70 €• ISBN 978-2-8151-0120-2
Parcourant Saint-Lô aujourd’hui, et découvrant sa végétation souvent luxuriante, ses quartiers rénovés, ses équipements culturels et touristiques, on oublierait presque qu’elle fut l’une des villes les plus meurtries par la guerre, au point que certains aient pu alors songer à ne pas la reconstruire. Là réside le paradoxe et l’honneur de la cité : elle n’oublie rien de ce que fut la terrible « brûlerie » du 6 juin 1944 et elle en entretient pieusement le souvenir et la mémoire. Mais en même temps, elle veut regarder résolument vers l’avenir et ne pas se complaire dans un passé douloureux.Respect de l’héritage, si dramatique soit-il ; volonté parallèle d’offrir aux habitants et aux visiteurs un visage avenant et optimiste ! C ’était une ville presque médiévale, repliée à l’intérieur de ses remparts, eux-mêmes rongés par un urbanisme mal contrôlé. Le Saint-Lô d’aujourd’hui a fait éclater ce carcan. Il a perdu cette frilosité des provinciales timides : il s’étend sur de nouveaux quartiers, multiplie ses centres d’intérêt et ses activités. Certes, les vestiges du passé n’y sont pas négligés, mais ils sont devenus des éléments patrimoniaux parmi les autres, au même titre que ceux que forgent aujourd’hui les générations nouvelles. C ’est à la visite d’une ville jeune et bien vivante, même si elle a derrière elle quinze siècles d’Histoire et parfois de tragédies, que nous vous convions.
saiNt-lô
HISTOIRE / VILLEMOnOgRApHIE
9HSMILF*babcac+ISBN : 978-2-8151-0120-2
9 782815 101202
ISBN 978-2-8151-0120-2
Prix :5,70 €
Saint-LôParcourant Saint-Lô aujourd’hui, et découvrant sa végétation souvent luxuriante, sesquartiers rénovés, ses équipements culturels et touristiques, on oublierait presquequ’elle fut l’une des villes les plus meurtries par la guerre, au point que certains aient pualors songer à ne pas la reconstruire. Là réside le paradoxe et l’honneur de la cité : ellen’oublie rien de ce que fut la terrible «brûlerie»* du 6 juin 1944 et elle en entretient pieu-sement le souvenir et la mémoire. Mais en même temps, elle veut regarder résolumentvers l’avenir et ne pas se complaire dans un passé douloureux. Respect de l’héritage,si dramatique soit-il ; volonté parallèle d’offrir aux habitants et aux visiteurs un visageavenant et optimiste ! C’était une ville presque médiévale, repliée à l’intérieur de sesremparts, eux-mêmes rongés par un urbanisme mal contrôlé. Le Saint-Lô d’aujourd’huia fait éclater ce carcan. Il a perdu cette frilosité des provinciales timides : il s’étend surde nouveaux quartiers, multiplie ses centres d’intérêt et ses activités. Certes, lesvestiges du passé n’y sont pas négligés, mais ils sont devenus des élémentspatrimoniaux parmi les autres, au même titre que ceux que forgent aujourd’hui les générations nouvelles. C’est à la visite d’une ville jeune et bien vivante, même si elle aderrière elle quinze siècles d’Histoire et parfois de tragédies, que nous vous convions.
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*L’expression est du poète patoisant Louis Beuve, et préférable à «grand incendie».
STLO-couverture_Mise en page 1 18/07/12 10:33 Page1
NouveautéNoël 2012
1717
Lieu unique, point de rencontre de la mer et de la terre au rythme des plus fortes marées d’Europe, la baie du Mont-Saint-Michel est, depuis ses origines, une terre d’exception. Trop souvent réduite à son seul monument, la baie est pourtant un écrin exceptionnel et méconnu. C’est là qu’Arnaud Guérin vous emmène, à la découverte de cette merveille de la nature.
C’est de voyage dont il est question dans ce livre ; au mont, en baie, mais aussi au-delà des grèves, à Chausey, là où la mer se retire à l’horizon, dans un archipel où les îles ne se comptent que par dizaines à la haute mer mais se multiplient à l’infini « au bas de l’eau ». Au fil des textes et des photographies, des lumières et des senteurs, Arnaud Guérin dessine le portrait sensible d’un lieu rare, unique, sensationnel au sens propre du terme : la baie du Mont-Saint-Michel.
Barfleur, Cap Lévi, Carteret, Caudebec, Dieppe, Le Havre, Houlgate, Honfleur, Saint-Vaast-la-Hougue, Trouville, etc. Bâbord, estran, étrave, flot, homard, raz, varech, etc. Tous ces noms de lieux et ce vocabulaire maritime ont été laissés par les Vikings en Normandie, il y a plus de 1100 ans.
9HSMILF*babbhc+ISBN : 978-2-8151-0117-2
• Arnaud GUÉRIN• Format : 260 x 240 mm• 160 pages intérieures• Couverture reliée, dos collé, cousu• Édition bilingue français/anglais• Prix : 29,90 €
• Arnaud GUÉRIN• Format : 260 x 240 mm• 160 pages intérieures
• Couverture reliée, dos collé, cousu• Prix : 30,50 €
mONt & merveillesPortrait de la Baie du mont saint michel et de l’archipel de Chausey
la NOrmaNDiedans l’oeil d’un viking
HISTOIRELIVRE
9HSMILF*baaibg+ISBN : 978-2-8151-0081-6
NouveautéNoël 2012
18
CariCatUresHumoristes manchois de la belle époque
HISTOIRE / VILLEMOnOgRApHIE
• Format : 200 X 200 mm• 48 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 10 €
L’humour, qui est le vecteur principal de la caricature et dont elle abuse aussi parfois, constitue la principale raison de son succès. Il permet au lecteur de saisir d’un rapide coup d’oeil le message que le caricaturiste cherche à dévoiler ou l’absurdité d’une situation qu’il veut dénoncer. En outre, les nombreuses luttes politiques et religieuses, les mutations socio-économiques et culturelles, le contexte international des années 1870 à 1914 fournissent aux caricaturistes des sources d’inspiration sans limites.
Ils sont neuf artistes, connus ou méconnus, dessinateurs, affichistes et illustrateurs, professionnels ou amateurs, tous Manchois de naissance ou de coeur, à nous livrer, par la caricature et le dessin humoristique, leur vision de la Belle Époque.
9HSMILF*babdgd+ISBN 978-2-8151-0136-3
NouveautéNoël 2012
19
graiNs De selitinéraire dans les salines du littoral bas-normand de la préhistoire au xixe siècle
HISTOIRE / VILLEMOnOgRApHIE
L’exploitation du sel, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, forme un volet important de l’étude historique des relations entre milieux et des sociétés. La Normandie, et plus particu-lièrement la Basse-Normandie, semblait à l’écart de ces pro-blématiques de recherche à la croisée des chemins, entre ethnographie, histoire, enquête patrimoniale et archéologie (à l’exception des travaux menés sur la côte ouest de la Manche). La découverte récente de plusieurs ateliers de sau-niers protohistoriques a permis de relancer un travail d’inven-taire sur ce type de production en Basse-Normandie.
Le lecteur est donc invité, dans cet ouvrage, à suivre un pé-riple décomposé en cinq stations échelonnées d’Ouest en Est depuis la baie du Mont-Saint-Michel jusqu’à l’estuaire de la Seine, qui correspondent à des groupes ou secteurs de sa-lines attestés tant par les sources écrites et cartographiques que par les découvertes archéologiques.
• Vincent Carpentier, Cyril Marcigny, Emmanuel Ghesquière• Format : 20x26,5 cm• 224 pages intérieures• Couverture souple à rabats• Dos carré, collé, cousu• Langue : français• Prix : 34,90 €
Itinéraire dans les salines du littoralbas-normand de la préhistoire au xixe siècle
Vincent CarpentierCyril MarcignyEmmanuel Ghesquière
Vincent CarpentierVincent CarpentierCyril MarcignyEmmanuel Ghesquière
Premiere partie : Mettre s
on grain de sel…
6
7
Sel de mer, sel de l’histo
ire
On distingue dans le monde deux grandes catégories de sels : le « sel de mer » et le « sel de terre »
(ou sel-gemme). Le sel « de mer », qui nous intéresse ici, est obtenu à la suite d’un procédé permet-
tant l’évaporation d’une saumure, par l’énergie solaire ou artificielle : on parle alors de sel ignifère,
« produit par le feu ». Le sel « de terre » ou sel-gemme a été exploité par les sociétés pré- et proto-
historiques dans les puits d’Europe centrale au moins depuis le Hallstatt, et probablement dès le
Néolithique1.
De tout temps et en tout lieu, le sel fut le compagnon de l’homme moderne comme de son
bétail2. Il donna lieu à une grande variété d’usages dépassant largement le strict cadre alimentaire.
Ainsi, de nos jours, en France, seuls 11,2 % du sel consommé sont affectés à l’alimentation humaine,
contre 31,8 % pour le déneigement des routes ; 48,7 % pour l’industrie, tous types confondus,
et 8,3 % pour l’agriculture3. Si les excès de consommation du sel se manifestent aujourd’hui par
des accidents cardio-vasculaires, il est remarquable que la carence en chlorure de sodium (NaCl)
entraîne des effets tout aussi néfastes sur l’organisme : baisse de la libido, diminution des fonctions
cognitives Le sel de mer est aussi, dans une certaine mesure, un médicament : l’iodation du sel
alimentaire est recommandée par l’OMS afin de pallier les troubles thyroïdiens, tandis que le fluor
qu’il contient permet d’éviter les caries dentaires. De fait, le sel constitua souvent une véritable
richesse, un « or blanc », tandis qu’émergeaient de la préhistoire les sociétés complexes, capables
de tirer des profits substantiels de sa
commercialisation à longue distance4.
Compte tenu de son importance, il est
d’autant plus remarquable que cette
ressource est parmi les plus immédia-
tement disponibles dans les différents
habitats du globe5. Son volume est en
outre pratiquement illimité : on estime
ainsi à 40.1015 tonnes le volume de
chlorure de sodium contenu seule-
ment dans les océans. Il faut en outre y
ajouter le sel-gemme ou halite, sachant
que la salinité de l’eau de mer, selon les
latitudes, varie de 44 g/l (mer Morte) à
27 g/l (Baltique) pour une moyenne de
35 g/l dont 27,2 grammes de chlorure
de sodium (NaCl) et 3,8 grammes de
magnésium, complétés par d’autres sels minéraux6
L’histoire du sel de mer est étroitement liée à la mécanique complexe, gigantesque et
universelle des mers et des océans dont le degré de salure offre en réalité une grande variabilité,
décroissante du sud vers le nord7. Il s’agit d’une histoire à très longue échéance qui, sur les côtes
de la Normandie, occupe un champ chronologique continu depuis au moins l’âge du bronze final
ou l’orée du premier âge du fer8 et sans doute, dans d’autres régions, depuis le Néolithique9. Des
salines littorales ont été exploitées en Normandie jusqu’au début de l’époque contemporaine10,
tandis que cette activité est encore pratiquée de nos jours dans d’autres parties du monde, comme
en Afrique de l’Ouest11 par exemple. Cette histoire arbore de multiples visages car elle concerne
aussi bien l’Europe que l’Amérique centrale12, l’Afrique13, l’Extrême-Orient14, l’Océanie15 (fig. 1).
Il est logique, par conséquent, que la ressource en sel ait été très différente et inégale en
fonction des lieux et des époques. De même, les sources historiques et archéologiques permettant
de retracer cette histoire complexe requièrent une approche croisée, interdisciplinaire, qui a été
privilégiée dans cet ouvrage consacré au territoire de l’actuelle Normandie. Dans cet espace, la
production et l’utilisation du sel ignifère est attestée à partir du premier âge du fer – époque à
laquelle se rattachent les plus anciens vestiges de salines connus à ce jour – et se déploie jusqu’au
xixe siècle, qui voit la disparition de cette activité sur les côtes de la Manche. Cette région d’étude
s’inscrit dans un vaste périmètre côtier formant la pointe du nord-ouest européen, au sein duquel
divers procédés d’obtention du sel de mer ont été élaborés depuis la protohistoire, en fonction des
conditions locales. Au nord de cet ensemble, on trouve par exemple les tourbières salées des îles
zélandaises, dont on extrayait et brûlait la tourbe afin d’en recueillir le sel, selon la technique dite
du « darinck bernen ». Plus au nord encore, se déroule l’ancien littoral frison, jusqu’au Schleswig16, où
l’on produit aussi du sel depuis fort longtemps. Vers le sud, l’activité salicole est partout documen-
tée, toujours depuis la protohistoire, sur les côtes de la mer du Nord17, les deux rives de la Manche18
Sel de mer, sel de l’histo
ire
Marais salant d’aujourd’hui.
Amoncellement de monceaux – tas de sablons – sur la grève avant leur stockage près de la saline.
Maquette, coll. Écomusée de la baie du Mont-Saint-Michel, à Vain ; cliché C. Marcigny.
9HSMILF*babdcf+ISBN : 978-2-8151-0132-5
Premiere partie : Mettre son grain de sel…
10
11
Ilyatoutlieudecroire,eneffet,queleselest devenu indispensable aux sociétéshumaines à compter de cette révolutionfondamentale qu’a constitué leur passageà un nouveaumodede subsistance, fondénon plus sur la chasse, la pêche ou lacueillette,maissurlacéréalicultureetl’éle-vage. Les pratiques d’acquisition préhisto-riquesfournissaienteneffetauxpopulationspré-agricoles des apports en sel suffisantspour leur survie. Mais cet équilibre s’estprogressivementbrisé avec l’accroissementdes céréales dans la diète des premièrespopulations de pasteurs-agriculteurs : lesproductionscéréalièresaccusenteneffetunecarence marquée en chlorure de sodiumà laquelle il a fallu, sans doute très tôt,apprendreàremédier24.C’estdonccenouvelimpératif alimentaire, que partageaientdésormais les hommes et leur bétail, quiaurait incité les populations néolithiques àse tournervers lesgisementsde sel lesplusimmédiatementdisponibles.Danslapratique,illeurfallutinventerdiversestechniquesquien permettaient l’extraction : eau salée jetéesur un brasier, mines de sel-gemme, etc.
Saisons et salaisons : des anciens usages du selOnpeutd’emblées’interrogersurlanaturedesfacteursqui,àtraversl’histoire,ontconférétant
d’importanceauseletàsaproduction,danslecadredel’actuelleNormandie. Depuisquelquesannées,sesontmultipliéeslesdécouvertesarchéologiquesliéesàlaproduc-
tionduselignifèresurlescôtesdelaGaule,desrivagesdel’Atlantiquejusqu’àlamerduNord,et
notammentenNormandie.Detouttempseneffet,leselajouéunrôlefondamentalpourlaconser-
vationdesaliments sous formedesalaisons -produits laitiers,viandes,poissons -enparallèleà
d’autresusages,trèsdivers,quidépassentlargementlasphèrealimentaire:artisanats,ritesreligieux,
médecine,magie,etc.20Citonsquelquesexemples,commecetextraitdesloisédictéessouslesrois
francsrelatifàcertainespratiquesduritechrétien:Alii addiderunt in baptismalis sacramento exorcismos
[…]alii salis vel salivae infusionem […]21(«d’autresutilisèrentduseloudelasaumuredanslesacrement
dubaptême,lesexorcismes»);ouencorecediplôme,délivréen774parCynewulf,roidesSaxonsdu
Wessex,enfaveurdel’églisedeSherbornequireçutunemasure(mansio),surlariveouestdufleuve
Lyme,prèsdesonembouchure,pouryfairedusel,tantpourl’assaisonnementdelanourritureque
pour l’usage rituel22.Toutefois, ces aspectsdemeurent relativement anecdotiquespour l’histoireplusgénéralede laproductiondusel,dontils ne suffisent pas à expliquer l’ampleuruniverselle.Faisonsdoncbrièvementletourdenosconnaissances:àquoiservaitlesel? Si l’histoire du sel et des salines - deNormandie ou d’ailleurs - a tant retenul’attention des historiens, archéologues,géographes ou ethnographes, c’est avanttoutparcequ’ellerevêtunaspectfondamen-tal dans l’histoirede l’humanité.Qu’onnes’ytrompepas:delonguedate,denombreuxpeuplesontproduitdusel ignifèreetcette«histoirerégionale»,tellequ’elleestprésen-téedanscespages,n’enestd’ailleurspasuneàproprementparler.Puisantdansledossierhistoriographiquenormand, nous suivronsainsilespasduDrFrançoisGidon,l’undespionniersdel’archéologieduselenFrance,pourreconnaîtrequelethèmefondamentalqui sous-tend cette histoire particulière estavanttoutcelui,universel,del’alimentation.Il s’agit plus particulièrement de l’incon-tournableproblèmede la conservationdesdenrées alimentaires, dont on connaît déjàl’importance cruciale, dupoint de vuedescéréales,àpartirduNéolithique23.
Saisons et salaisons : des anciens usages du sel
Sondage sur un atelier de saunier de l’âge du fer à Dives-sur-Mer.
Cliché V. Carpentier.
La pêche à la morue verte, sur les bancs, à bord d’un bâtiment
normand (début xviiie siècle), gravure extraite de Duhamel du
Monceau, Traité général des pesches , Paris, 1769-1777, 2e partie,
section 1re, planche IX, Saint-Vaast-la-Hougue, musée maritime de
l’île Tatihou. © Conseil général de la Manche, archives départementales,
cliché A. Poirier. Fig.1 : représentation des différents postes sur un bâtiment de
pêche. Dans la cale, le saleur reçoit les morues vidées et les sale
pour les disposer « en grenier ». Fig. 2 : A un novice empile les
morues ; B deux mousses remplissent les palettes de sel pour le
saleur ; C tas de sel.
Traité général des pesches…, Paris, 1769-1777, 2e partie, section 1re, planche XV, Saint-Vaast-la-Hougue, musée maritime de l’île
Tatihou. © Conseil général de la Manche, archives départementales, cliché A. Poirier. Préparation de la morue et du premier salage.
Fig.2
Fig.1
21
Quelques rappels historiographiq
ues : le « cas » de la Basse-Nor
mandie
Il est remarquable, à ce titre, que les salines ont engendré de fréquentes rivalités avec d’autres
formes d’utilisation des espaces littoraux sur lesquels elles se trouvent implantées. Ces usages
participent de configurations complexes dont l’évolution est indissociable de celle des paysages,
considérée sur la longue durée. Évoquons, entre autres, l’importance des conflits opposant périodi-
quement, sur les plages sableuses de l’ouest du Cotentin, les sauniers aux tanguiers (« tangours »),
qui prélèvent le même sédiment que les premiers, mais à des fins d’amendement : « Tous leurs secrets
pour la rendre féconde [la terre, dans le Bocage avranchin] est d’aller quérir à l’ann
ée du sable dont on fait
le sel, de l’ecalin ou coquillage, ou de la tanguer qu
i est un limon salé, et à mesure qu’ils peuvent mett
re de ces
choses ils ont du blé et disent en commun proverbe
: «qui va à la tangue va au blé» »69.
Les travaux de Gilbert sur les salines de la Touques portèrent effectivement leurs fruits70 au
cours de la première moitié du xxe siècle, à travers de nouvelles contributions sur les salines de
l’Avranchin71, qui finirent par constituer un dossier à part dans la littérature régionale. S’y ajoutent
diverses publications de documents d’archives d’époque moderne, visant à étoffer l’analyse histo-
rique de la gestion du sel sous l’Ancien Régime, tout en précisant le procédé technique mis en œuvre
sur les côtes normandes, tel qu’il est décrit par L’Encyclopédie72. L’aspect historique sur lequel se sont
« cristallisées » les contributions de cette époque revêt une importance particulière pour l’histoire
moderne de la Normandie, dont la moitié occidentale bénéficie alors, au regard de la gabelle, d’un
régime privilégié nommé « quart-bouillon ». Ce privilège, autrement connu sous le nom de « quart-
denier », tirait son nom du « bouillon », c’est-à-dire de la quantité de saumure contenue dans la cuve
de plomb servant à la faire bouillir dans la saline, que l’on évaluait traditionnellement, à Touques,
au xviiie siècle, à un boisseau valant 4 francs 10 sols, dont le quart était perçu en espèces (annexe
no 1, 1631)73.
Mise en place par Philippe VI de Valois en 1345, la très impopulaire mais fructueuse insti-
tution de la gabelle devient rapidement la première ressource fiscale de la Couronne. Elle est
véritablement instituée, en dépit des plaintes constantes des États de la Normandie, au cours du
règne de François Ier74. Pour autant, la gabelle n’est pas une réelle nouveauté des Temps modernes :
dès les xe-xiie siècles, en Normandie, le sel est soumis à un étroit contrôle de la part de l’autorité
publique, dans le droit fil de l’organisation impériale romaine, elle-même prolongée par les institu-
tions franques75. Le dispositif fiscal carolingien est repris sans modification majeure par la nouvelle
dynastie normande, au début du xe siècle, et l’on retrouve de nombreux témoins de cette recette
publique à travers les rentes et coutumes seigneuriales76.
Après la réintégration du duché de Normandie au domaine capétien, en 1204, la situation évolue
au profit d’un regain de centralisme étatique. Ce n’est toutefois qu’en 1345 qu’un contrôle plus
strict de la monarchie sur les recettes du sel est concrétisé par la mise en place de la gabelle, alors
même que des formes d’imposition très comparables voient le jour dans d’autres États modernes,
à l’instar des Pays-Bas bourguignons, grands rivaux de la Couronne de France, notamment77.
L’évolution régionale de cette institution,
qui participe à la fiscalité d’Ancien Régime, a fait
l’objet de solides mises au point de la part des
historiens modernistes78. Au niveau de l’admi-
nistration provinciale, la nouvelle imposition
est matérialisée par la mise en place d’un réseau
de places fiscales, les greniers à sel, associés à
un ressort déterminé79. Ce nouveau système
intègre les anciennes structures seigneuriales et
notamment celles qu’ont développées les vastes
seigneuries ecclésiastiques, jouissant de rentes
en sel que leurs tenanciers sont tenus de porter
au grenier abbatial. La production régionale est
alors complétée par une importation notable de
« gros sels » en provenance des marais salants de
Brouage et de Noirmoutier, en activité depuis au
moins le xiiie siècle80. Ces importations sont parti-
culièrement importantes au xvie siècle, quand la
recette de la gabelle, après avoir été longtemps
gérée par les gens du roi, est désormais confiée à
des adjudicataires.
D’une façon générale, la qualité du sel fourni
par les sauniers normands laisse beaucoup à désirer
à la fin du Moyen Âge : impropre à la salaison du
poisson, dont il brûle les chairs, il se pare en outre
d’une certaine toxicité, a fortiori lorsqu’il n’a pas été
convenablement égoutté (« gabellé »). Ces défauts
sont imputables aux sels magnésiens qui se trouvent piégés dans le fond des récipients lors de la cristalli-
sation de la saumure, et dont l’effet néfaste est encore aggravé par l’emploi, très répandu, du plomb81. Au
temps de la gabelle, les gros « marchands-saleurs » trouvaient donc un intérêt certain à se fournir en sel de
quart-bouillon, moins lourdement taxé, voire en « sel franc » importé frauduleusement depuis la Bretagne,
province exempte de gabelle, par des contrebandiers nommés « faux-sauniers »82. Pour contenir cette
fuite fiscale, les représentants du roi et les adjudicataires de la ferme de la gabelle instaurent un ressort de
sel d’impôt étendu à toute la zone côtière, depuis les régions de quart-bouillon jusqu’à celles de sel franc.
Dans les limites de ce ressort, le sel est vendu au prix fort, selon l’assiette du régime de grande gabelle
qui frappe les régions de l’intérieur, et avec un quota obligatoire, nommé « sel du devoir » (fig. 5).
Ancien grenier à sel.
Opération de la gabelle.
Fig. 5 - La Normandie des fermiers des gabelles au début
du xviie siècle. J.-P. Bardet et al., 1970, p. 275.
Premiere partie : Mettre son gra
in de sel…
20
NouveautéNoël 2012
20
Le Néolithique, entre 5 500 et 2 300 avant notre ère, est une des périodes clefs de notre histoire, qualifiée par certains de révolution. Les hommes de la préhistoire qui étaient jusque-là en phase avec la nature vont peu à peu disparaître et céder la place aux hommes du Néolithique, des agriculteurs
et éleveurs venus du Proche-Orient qui s’approprient et façonnent le paysage. Les conditions précises de cette mutation nous échappent encore mais des changements radicaux dans les formes d’habitat et dans les modes d’exploitation du territoire sont les signes d’une transformation profonde des modes de vie. S’il est encore difficile de comprendre dans le détail comment une société de prédation s’est muée en une société de production, les travaux archéologiques conduits depuis une vingtaine d’années en Normandie éclairent d’un jour nouveau les différents aspects de la vie de ces premiers paysans.
le NéOlitHiqUeen Normandie
dans la collection arCHéOlOgies NOrmaNDes :
arCHéOlOgie,mODe D’emPlOi
les DerNiers CHasseUrs-CUeilleUrs
les Premiers HOmmes eN NOrmaNDie
HISTOIRE / ARcHEOLOgIELIVRE
• Emmanuel Ghesquière - Cyril MarciGny
• Format : 170 x 240 mm• 48 pages intérieures• Dos carré, collé, cousu• ouverture sans rabat• Langue : français• Prix : 8,20 €
9HSMILF*babccg+ISBN 978-2-8151-0136-3
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NouveautéNoël 2012
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CHaNsONs NOrmaNDesdu Cotentin à la plaine de Caen
pATRIMOInELIVRE
9HSMILF*babdha+ISBN 978-2-8151-0137-0
• Michel GIARD• Format : 170 X 240 mm• 96 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 15 €
En ces temps de morosité, il faut oser chanter. Oser, c’est prendre son destin en main et sa place dans le monde. Chanter, c’est exprimer son amour du pays, donner du plaisir à ceux qui nous entourent et, en les associant à cette activité conviviale, c’est poser un peu de ciel bleu sur le gris des jours. Chanter en normand, chanter des auteurs normands, c’est aussi aller à l’encontre des habitudes, car il se consume, il meurt lentement celui qui est l’esclave de ses habitudes. Chantons tous « Ma Normandie » et tant d’autres refrains, parce qu’impossible n’est pas normand !
NouveautéNoël 2012
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le veNt D’éCOrCHevelenguerrand, seigneur de Corbin
HISTOIRE / ARcHITEcTURELIVRE
En plein Moyen Âge, en 1349, la Peste Noire sévit en Europe. La Normandie n’est pas épargnée et de nombreuses villes telles Caen, Valognes, Cormeilles, Montivilliers, Pont-Audemer, sont de surcroît ravagées par les confl its de la guerre de Cent Ans. Enguerrand, dit le Corbin, capitaine de compagnie sans foi ni loi, s’approprie un domaine abandonné de ses habitants décimés par la peste, et s’en proclame le seigneur absolu. Il n’a de cesse de vouloir le faire prospérer à tout prix, et pour arriver à ses fi ns, il y amène Almodis, sa jeune soeur qu’il a confi ée enfant à la puissante abbesse de Montivilliers.Il partira cependant se battre aux côtés de Charles II, comte d’Évreux et roi de Navarre, surnommé plus tard Charles le Mauvais. Combien de temps encore Enguerrand parviendra-t-il à demeurer le seigneur de Corbin ?
• Brigite PIEDFERT• Format : 130 X 210 mm• 160 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 15 €
9HSMILF*babdha+ISBN 978-2-8151-0137-0
NouveautéNoël 2012
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la COllégiale D’éCOUistrésor du vexin normand
HISTOIRE / ARcHITEcTURELIVRE
9HSMILF*babcii+ISBN 978-2-8151-0128-8
Consacrée à la Vierge Marie en 1313, la collégiale d’Écouis fête en 2013 ses sept cents ans d’existence trônant toujours majestueusement sur le plateau du Vexin normand. Édité à l’occasion de ce sept centième anniversaire, ce livre retrace brièvement l’histoire de la collégiale, les motivations ainsi que la fin tragique de son fondateur Enguerrand de Marigny.La majeure partie de l’ouvrage est consacrée à la description du bâtiment lui-même mais surtout à l’ensemble des nombreuses oeuvres d’art accumulées au cours des siècles qui en font la richesse : remarquable statuaire médiévale, aspect le plus abouti du style de Poissy dont dix statues seulement, sur les cinquante-deux commandées par Enguerrand de Marigny, ont échappé à la destruction pendant la Révolution, boiseries Renaissance installées dans le choeur sous le règne de François Ier, vitraux contemporains en parfaite harmonie avec l’esthétique de l’église…Le visiteur, aussi bien que l’amateur d’art, trouvera dans cet ouvrage de quoi satisfaire sa curiosité sur ce monument peu connu qui est pourtant un chef-d’oeuvre de l’art en Normandie.
• Jacques GIRODET• Format : 200 x 265 mm• 96 pages intérieures• Dos carré, collé, cousu• Couverture avec rabat• Langue : Bilingue français / anglais• Prix : 23 €
NouveautéNoël 2012
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• Bertrand SOUCHON• Format : 170 X 240 mm• 160 pages intérieures• Couverture souple• Dos carré, collé, cousu• Langue : Français• Prix : 20 €
Fruit des différentes questions posées par les auditeurs de France Bleu Basse-Normandie et les lecteurs du groupe Publihebdos, cet almanach rassemble une somme de conseils et astuces qui vous seront utiles toute l’année. De plus, chaque semaine, une plante, un fruit, une fleur, un arbre ou une espèce cultivés en Normandie y sont développés. Plus de 365 questions des auditeurs et des lecteurs sont traitées.En bref, 1 000 et un conseils et astuces au quotidien qui vous aideront dans la réussite de vos plantations.
l’almaNaCH De BertraNDle jardinier normand
JARDInAgELIVRE
9HSMILF*babdfg+ISBN 978-2-8151-0135-6
NouveautéNoël 2012
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• Format : 210 X 297 mm• 204 pages intérieures• Couverture rembordée• Langue : Français• Prix : 35 €
La cathédrale de Coutances, qui se dresse fièrement au coeur de la cité, est un des monuments religieux les plus prestigieux de Normandie. Édifiée au début du xiiie siècle, ce chef d’oeuvre de l’art gothique respecte pourtant certaines traditions architecturales qui ont façoné les éditices majestueux de l’art roman normand.
Les actes de ce colloque, qui s’est tenu dans le cadre prestigieux du Centre culturel international de Cerisyla- Salle en 2009, se proposent d’évoquer l’histoire de cette cathédrale, haut lieu de la foi chrétienne, qui est encore aujourd’hui le témoin de toutes les formes de dévotions qui y sont apparues au cours des siècles. Mais loin de réduire la cathédrale aux seuls aspects architecturaux et d’histoire de l’art, cet ouvrage aborde égalemet la dimension humaine et institutionnelle qui sous-tend la vie d’un pareil monument.
Le jugement que nous pouvons exprimer aujourd’hui sur la cathédrale de Coutances et l’admiration qu’elle suscite ne peuvent que s’enrichir d’un regard nouveau porté sur tous les aspects où manifeste la profonde originalité de cette éclatante réussite architecturale.
art & HistOirela cathédrale de Coutances
HISTOIREpATRIMOInE
9HSMILF*babdje+ISBN 978-2-8151-0139-4
www.orepeditions.com